octobre 2008


Grande bouffée d’émotion pour les vieux « soixante-huitards » ce vendredi, dans la Salle académique. Guy Quaden, Thierry Grisar, Pierre De Meyts dit « Chuck », étaient à l’honneur, mais on retrouvait aussi Philippe Gibbon, Xavier Seron et bien d’autres. Manquait incontestablement Ludo Wirix dont le souvenir planait sur l’événement tel une sorte Che Guevarra liégeois trop tôt disparu (si l’analogie peut paraître présomptueuse, elle n’est dans le fond, pas absurde). Se retrouver ainsi ensemble quarante ans après, sur les lieux mêmes où avait eu lieu la première occupation, le 24 octobre 1968 (il y en eut au moins une autre, au début de 1969, qui dura plusieurs jours et chacun se souvenait avec précision de l’endroit où il/elle avait dormi…) n’a laissé personne indifférent.

Bien évidemment, vue par d’autres que nous, cette « commémoration » avait de vrais relents de réunion d’anciens combattants. Et pourtant, ce n’était pas ce que nous voulions — aucun d’entre nous — je pense.

Car, en fait, ce ne fut pas un vrai combat, au sens « affrontement du danger pour sa vie ». De cela, il ne fut jamais question à l’époque, et c’était fort bien ainsi.

Mais cette soirée fut partagée avec des plus jeunes et, comme on s’en doute, on chercha les parallèles entre les revendications des étudiants d’alors et celles de ceux d’aujourd’hui. Aucun rapport. Non pas que nous ayons défendu des causes plus importantes, mais tout simplement, elle n’étaient pas les mêmes.

Notre malaise, en 1968, ne provenait pas de grandes inquiétudes sur les opportunités d’emploi, même si elles étaient incertaines, et notre insouciance semblait bien plus grande que celle des jeunes d’aujourd’hui. L’anxiété était plus globale, plus générale. On sortait d’une époque marquée par les angoisses de la bombe atomique, de la guerre froide, de la guerre de Corée, de la guerre d’Algérie et, plus récemment, de la guerre du Vietnam, qui battait son plein. C’était l’année du balayage systématique de toutes les causes auxquelles nous nous identifions alors, de tous les espoirs de changement dans le monde: l’année des assassinats de Martin Luther King et de Bob Kennedy, de l’écrasement soviétique du Printemps de Prague et de l’apogée de l’apartheid en Afrique du Sud. Sur les campus américains, comme dans les universités françaises, les incidents se multipliaient et la conviction d’une immense reprise en main de toutes les tentatives de libéralisation du monde commençait à nous gagner.

Notre revendication essentielle était la liberté d’expression et d’information dont les jeunes disposaient fort peu à l’époque. Au delà de ça, pas de grande cause à défendre, si ce n’est une vision très mondiale du pacifisme et une grande aspiration à une justice universelle. De grandes utopies en somme. Et tout cela dans une atmosphère palpable de libération des jeunes du carcan dans lequel toutes les générations précédentes avaient été enfermées. Nous avions le sentiment d’être les premiers adolescents à bénéficier d’une culture propre, symbolisée par la culture, musicale d’abord (le transistor faisait exploser les barrières de la radio), cinématographique ensuite. Tout bougeait très vite et très fort.

Ces avances-là sont acquises aujourd’hui. Il est moins facile de se trouver des causes. Et c’est probablement là que réside la différence essentielle.

Mais par dessus tout, on a retrouvé, pour un soir, les trois éléments les plus caractéristiques de la contestation étudiante liégeoise de ces années-là, comme du caractère liégeois de tout temps: l’autodérision, l’humour et la convivialité.

A lire, une remarquable interview de Stevan Harnad dans le blog des « Open Students », un groupe de jeunes étudiants convaincus de l’importance de l’accès libre à l’information scientifique aujourd’hui mais également demain, lorsqu’ils seront des chercheurs accomplis. L’interview résume avec clarté les arguments en faveur de l’Open Access.

J’ai exposé mon « Projet pour l’ULg » au Conseil Académique de ce 15 octobre et j’ai créé des sites webs qui permettent au personnel de l’ULg d’en prendre connaissance et d’y faire des commentaires ou de poser des questions.
Tous les liens utiles sont accessibles aux membres du personnel sur le blog intranet.

Toutes mes excuses aux lecteurs externes. Ils auront accès à ces informations lorsque le Projet sera public et largement diffusé.

Le communiqué de presse de la Ministre M.-D. Simonet commence par ceci: « Sur proposition de la Ministre de l’Enseignement supérieur, Marie-Dominique Simonet, le Gouvernement de la Communauté française a adopté ce vendredi 10 octobre une note visant à sécuriser la situation juridique des étudiants en médecine et dentisterie et à dégager des solutions pour le long terme ».

Attendez… vous dites « sécuriser la situation juridique » ?

Appelons un chat un chat.

En l’état, les universités peuvent-elles procéder à l’inscription en 2e année des étudiants inscrits en première année en 2005-2006, 2006-2007, 2007-2008 (médecine et dentisterie) qui ont obtenu les soixante crédits requis par le décret « Bologne »?
Non. Aucune autorisation officielle n’a été accordée aux universités étant donné que les textes de loi ne sont pas encore publiés. La décision revient donc aux Universités. A elles de se mettre en situation juridique non sécurisée et de prendre le risque d’inscrire les étudiants comme annoncé dans la presse… Et aux étudiants de signer une décharge indiquant qu’ils sont conscients de l’insécurité juridique qui plane sur leurs têtes.

Je salue la décision du gouvernement de mettre fin à cette histoire rocambolesque, mais je ne puis accepter qu’on laisse croire aux étudiants et au public que le problème est réglé et que la sécurité juridique est assurée. Elle ne l’est pas. Les étudiants doivent le savoir et il n’est pas normal que ce soient les universités qui, seules, aient à leur faire comprendre en dépit des déclarations de presse.

Les universités vont encore apparaître comme les grands méchants loups en cas de pépin, puisque tout était soi-disant verrouillé.
Je ne reproche pas au gouvernement l’incapacité de garantir quoi que ce soit tant que la Cour constitutionnelle ne s’est pas prononcée et qu’il n’a pas promulgué un nouveau décret, mais je trouve que parler de sécurité juridique donne des idées fausses aux gens concernés.

Pour notre part, nous procédons aux inscriptions en demandant à l’étudiant de signer un document attestant de sa connaissance des risques et du caractère provisoire de l’inscription. En outre, nous ne modifions pas son résultat de Bac 1.

Osé, mais que faire d’autre ?

La saga des « reçus-collés » se termine. L’absurdité de toute cette histoire prend une dimension qui serait comique, si elle n’était tragique dans beaucoup de cas.
Beaucoup d’étudiants de cette année dernière ont été durement secoués. Je ne sais pas si on s’en rend bien compte.

Pour certains, cela signifiait oublier une ambition pour laquelle ils s’étaient qualifiés, mais pas en ordre utile. et tout cela a pris tellement de temps que beaucoup sont inscrits dans d’autres sections, de second choix pour eux. Aujourd’hui, après un mois de cours, ils apprennent qu’ils peuvent, s’ils en font la demande, être accueillis en 2è année. Mais il faut leur dire bien clairement qu’il ne s’agit que d’une autorisation conditionnelle, sur laquelle plane toujours la menace de la Cour constitutionnelle, qui pourrait tout invalider. Après le naufrage, on leur a lancé une bouée mais les eaux à franchir pour atteindre la terre ferme sont encore dangereuses…

Pour d’autres, qui avaient satisfait aux exigences du « Décret Bologne » en 2006 et 2007, une annonce inimaginable et inespérée survient: s’ils le demandent, ils peuvent revenir en 2è bac. Non seulement ceux qui ont « failli passer » mais aussi ceux que n’étaient pas dans les conditions. Cela fait du monde. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts pour ceux-là. Ils ont dû réorienter leurs études depuis un an ou même deux. Certains voudront revenir quand même, d’autres renonceront. Deux années de perdues sans raison, c’est quand même lourd.

Sans compter les dentistes…

Cette semaine, il va donc se passer des choses étonnantes, de la joie au désespoir. Et pour pas mal de gens (voir le communiqué de presse de la Ministre).

Personnellement, je vis très mal tout ceci. D’abord parce que d’aucuns ont pensé, dit et écrit que l’Université se battait contre ses étudiants, et moi particulièrement. Ce n’était en rien le cas: on ne peut déposer un recours au Conseil d’Etat que pour contester une décision administrative de moins de 60 jours. Pour attaquer le numerus clausus aujourd’hui, alors qu’il est vieux de 3 ans, on ne peut s’en prendre qu’à sa mise en application la plus récente. D’où l’attaque contre l’Université qui a, conformément aux exigences du Décret, proclamé un ajournement. Le seul cas où j’ai contre-attaqué, c’est lorsqu’on a mis en cause le professionnalisme et la rigueur du jury pour gagner quelques fractions de points et changer de catégorie. Ca, c’était inadmissible. Et cela a pu donner l’impression que je changeais d’avis au cours de l’affaire.

Ensuite, parce que rien n’est plus vexant que d’avoir raison trop tôt. Je me suis exprimé sur ce sujet, au terme de la première année, avec vigueur, dans un billet sur ce blog le 15 juillet 2006. On y lit clairement ce que je pensais à l’époque. En le relisant aujourd’hui, je n’y changerais pas une ligne.

Je prends connaissance du surprenant billet d’opinion publié dans la Libre Belgique du 9 octobre (p. 27) et relatif à l’affectation du subside fédéral à la recherche (ristourne sur le précompte chercheur), cosigné par un collectif dont la signataire liégeoise était manifestement mal informée de ce qui se passe chez nous (je ne peux témoigner sur ce qui se passe chez les autres) (*). Le subside fédéral pour la recherche (SFR) à l’ULg est effectivement utilisé à des fins de recherche et uniquement à cela. Il est choquant de lire que ce financement est “dévoyé”.

Le gouvernement fédéral précise, dans sa loi-programme de décembre 2002 qui réduit le précompte professionnel des chercheurs que doit verser leur employeur, que cette réduction doit donner à ce dernier « plus de capacité financière afin de recruter des chercheurs scientifiques supplémentaires ou pour augmenter le budget consacré à sa propre recherche scientifique. » Il ajoute que « les économies que la mesure engendre pour l’employeur profiteraient directement ou indirectement à la recherche scientifique de telle sorte qu’il n’existe aucune nécessité d’imposer des obligations complémentaires en ce qui concerne l’usage qui est fait du précompte professionnel non versé. »

C’est on ne peut plus clair: les universités gèrent cette ressource complémentaire « en bon père famille », à condition que le bénéficiaire en soit la recherche.

A l’ULg, nous menons une politique de recherche très dynamique, que ce subside nous permet d’encore renforcer. Je ferai le point de cette politique au Conseil académique du 15 octobre et j’y exposerai mes projets de restructuration de l’organisation institutionnelle en faveur de la recherche. C’est dans ce même esprit que la répartition du budget du SFR est organisée à l’ULg. Elle vise non seulement à augmenter le nombre de chercheurs, mais également à leur assurer les moyens d’accomplir dans des conditions optimales leur mission.

L’utilisation de ce subside se répartit de façon équilibrée entre des mesures en faveur du recrutement de chercheurs supplémentaires (post doctorants, bourses de doctorat, bourses de mobilité, bourses d’attente, personnel supplémentaire en bibliothèques, research manager) et des moyens accordés pour des appareillages et infrastructures de recherche, ainsi que pour du fonctionnement (bibliothèques, projet de recherche, subside aux promoteurs de doctorats, gros appareillages, infrastructures nouvelles dédiées à la recherche, crédit d’impulsion à Arlon).

Tout ceci fait l’objet, chaque année, de propositions motivées du Conseil de Recherche soumises à l’approbation du Conseil d’Administration.
J’ajoute qu’un rapport de l’utilisation des moyens est envoyé annuellement, via le CReF, au Ministre fédéral de la Politique Scientifique et ce, depuis le début de prise d’effet de cette mesure.

Il serait à tout le moins prudent de se renseigner avant de prendre la plume et de cosigner un article dans un grand quotidien national. Cela éviterait de ternir injustement l’image de notre institution .

(*) renseignements accessibles en permanence sur le site « Recherche » de l’ULg (Financements).

Comme annoncé, le numerus clausus en Médecine est mort.
En effet, même si elles ne sont pas définitives et dans l’attente d’une réponse de la Cour constitutionnelle à la question préjudicielle que lui pose le Conseil d’Etat, les récentes décisions de justice ont miné l’édifice au point de rendre inévitable son effondrement.
Dès aujourd’hui, la Ministre de l’Enseignement supérieur nous autorise à accueillir en 2è bac les étudiants « reçus-collés » qui ont obtenu une moyenne de 12 lors de la première ou de la 2è session sans avoir aucune note de moins de 10. Bien sûr, l’épée de Damoclès est toujours là: la Cour constitutionnelle pourrait rejeter ces décisions prises à titre conservatoire et nul ne sait quand elle pourrait le faire. Ce serait évidemment catastrophique pour ces étudiants déjà copieusement secoués tout l’été, mais un tel revirement serait étonnant.

Reste-t-il des problèmes potentiels? Probablement. Un nombre respectable d’étudiants a obtenu une moyenne de 12 et une seule note en dessous de 10, ce qui constitue les conditions de réussite prévue par le processus de Bologne. Le décret numerus clausus n’autorisait pas le passage en seconde de ces « reçus-collés » de seconde catégorie, mais à partir du moment où le décret est contesté et suspendu par un moratoire sur la base d’une « apparence d’illégalité », c’est tout le mécanisme du contingentement qui est remis en cause par sa créatrice elle-même. On doit donc s’attendre à l’expression des revendications de cette seconde catégorie de « reçus-collés » qui, très souvent ont atteint une moyenne bien supérieure à ceux qui ont déjà été « sauvés » ou le sont aujourd’hui. Certains nous ont déjà interpellé. Toutefois, nous ne sommes pas autorisés à les accepter en seconde, puisqu’aucune ordonnance de justice n’a été formulée dans ce sens. Seul un nouveau décret abrogeant le précédent pourrait leur ouvrir la porte…

Comme annoncé dès le mois juillet, le mécanisme du numerus clausus est un véritable château de cartes. Il fallait, soit ne pas y toucher, soit l’abroger immédiatement. Vouloir y faire des aménagements, quels qu’ils soient, ne pouvait qu’entraîner un écroulement inexorable et complet, mais qui allait soumettre de bons étudiants à des chocs émotionnels interminables. Et ce n’est pas fini.

Tout compte fait, non. Nous avions dit “L’Université sera ouverte et, sauf incident, poursuivra ses activités normalement”. Les piquets de grève en ont décidé autrement.

Anecdote sur la solidité du front commun syndical: les délégués de la CSC m’attendaient à mon bureau pour me remettre leur cahier de revendication pendant que ceux de la CGSP me refusaient l’accès.

Je n’ignore pas que, sans les piquets, la grève est moins efficace. Mais il existe une mesure objective de l’action de grève, néanmoins, la seule possible, c’est la revendication a posteriori de celle-ci par ceux qui l’ont appliquée volontairement. Nous procéderons à l’enquête pour l’ULg dans les prochains jours.

Etonnant comme un message que nous croyions simple et clair, tel que celui que nous avons envoyé, l’Administrateur et moi, concernant la grève annoncée pour lundi, peut prendre aux yeux de certains une signification différente de celle qu’on a voulu lui donner et qu’ils y aient décelé une connotation menaçante alors qu’il n’y en avait aucune.

« La grève étant un droit, chacun est libre de suivre le mouvement à condition d’en informer officiellement sa direction ou son président de département et d’en assumer les conséquences. L’Université sera ouverte et, sauf incident, poursuivra ses activités normalement. »

Absolument rien qu’une simple rappel de l’évidence et un feu vert.

J’ai le plus profond respect pour le droit de grève qui est un droit fondamental. Il implique évidemment que chaque gréviste ait le courage de renoncer à son salaire pour les heures non-prestées: il ne s’agit pas de vacances gratuites. Il m’a toujours semblé que ce qui donne toute sa valeur à la grève, c’est le sacrifice qu’elle implique de la part du gréviste. En renonçant à sa rémunération, il défend son honneur et donne du poids à sa revendication. Il est hors de question qu’on lui enlève cela.
Par ailleurs, celui qui ne souhaite pas faire la grève, pour quelque motif que ce soit, doit également se voir préserver le droit à rejoindre son lieu de travail. C’est pourquoi nous signalions que les accès resteraient ouverts. En effet, nous avons reçu beaucoup de demandes à ce sujet, ce qui nous a incités à envoyer le message.

L’intranet que nous avons envoyé était, dans notre esprit, une autorisation claire accordée aux membres de l’ULg, comme c’est leur droit, de partir en grève ainsi qu’une confirmation à chacun qu’il peut faire ce que bon lui semble en cette circonstance, rien d’autre. C’était aussi un rappel que la grève n’a de valeur que si elle implique, de la part de chacun, une prise de responsabilités consciente et volontaire. La seule conséquence possible est le retrait de salaire pour la période concernée, et le respect des nécessités de certains services qui ne peuvent être interrompus. L’acte de grève implique également un avertissement préalable de l’entourage professionnel, cela va de soi. Enfin, il est important que, dans une institution d’enseignement, les étudiants sachent à quoi s’en tenir et que soient évitées au mieux les discriminations basées sur la nécessité, pour beaucoup d’entre eux, d’utiliser les transports en commun dont on annonce le débrayage massif.

Si certains ont pu penser que nous faisons allusion, dans ce petit texte, à d’obscures menaces de représailles, ils se sont totalement trompés. D’autant plus qu’il se trouve que j’adhère complètement à la revendication de cette grève. Si j’ai des doutes sur l’effet qu’elle pourra avoir, je n’en suis pas moins solidaire du message qu’elle véhicule: le pouvoir d’achat du citoyen belge a considérablement diminué en peu de temps. C’est un énorme problème pour les universités qui ont, simultanément et en conséquence perdu de la considération qu’on leur doit et de l’attractivité qu’elles doivent conserver pour engager des professeurs étrangers ou, tout simplement, pour éviter la fuite de leurs cerveaux. Personnellement, j’encouragerais, au delà de la grève elle-même, le lancement d’une pétition qui, sur un tel sujet, ne pourrait que recueillir un nombre impressionnant de signatures, c’est certain.

Avec ce message Intranet, nous n’avions d’autre but que de faire comprendre à tous les membres de la communauté universitaire qu’ils travaillent dans une institution profondément respectueuse de toutes les libertés, individuelles et collectives.

Abondamment pressé d’expliquer plus clairement ce qui se passe dans la saga des « reçus-collés », je romps le silence que je m’étais imposé à cause du désagréable sentiment que j’avais de ne plus jamais parler que de la même chose.

Dernier feuilleton (j’en profite pour rétablir les chiffres variablement repris dans la presse, chiffres qui, ici, ne concernent que l’ULg):

• Juillet: 130 étudiants satisfont aux exigences universitaires, 90 attestations sont délivrées, comme prévu par le décret dit « du numerus clausus« .
• Après la délibération: ajout de 22 (=112) par un arrêté ministériel, le Jury redélibère et les accorde.
• Août: le Conseil d’Etat ordonne la délivrance de 16 attestations supplémentaires (=128), à prélever sur la quota de 2008-2009; le Jury redélibère et les accorde. Il reste 2 « reçus-collés ».
• Onze étudiants satisfont aux exigences universitaires en 2è session. Ils sont automatiquement « reçus-collés ». Donc 13 en tout.

L’idée annoncée par des hautes personnalités politiques de faire en sorte qu’il n’y ait pas de « reçus-collés » cette année n’est que très partiellement réalisée, d’autant que le même phénomène se produit à l’UMH, à l’ULB et aux FUNDP. Seule l’UCL, où le taux d’échec est suffisamment élevé, échappe aux reçus-collés et fait cadeau de ses attestations surnuméraires aux FUNDP, membres de son académie, comme le décret le prévoit, sans toutefois arriver à les « sauver » tous.

Des « reçus-collés » à Mons, Bruxelles, Namur et Liège intentent des actions et introduisent des recours dans les tribunaux de Première Instance ou au Conseil d’Etat contre leurs universités et contre la CFB. La cible de ces recours est en réalité le principe-même du numerus clausus.

On attend.

Puis voici les premières salves: l’auditeur du Conseil d’Etat donne raison à deux étudiants de Namur, le président du tribunal de première instance de Liège donne raison à une étudiante, sur base d’une « apparence d’illégalité » du décret imposant le numerus clausus. On verra ce que le jugement sur le fond décidera. En attendant, elle est en 2è bac. Quant au Conseil d’Etat, il a confirmé aujourd’hui l’analyse de son auditeur et s’est clairement prononcé, cette fois-ci, sur l’illégalité du numerus clausus au regard de la Constitution et du Pacte international de New York en 1966 (il renvoie toutefois la question préjudicielle à la cour constitutionnelle).

Soyons lucides: aujourd’hui le numerus clausus au début des études de Médecine en CFB est mort. Qu’il repose en paix. Et tant mieux pour les étudiants capables de vaincre les épreuves universitaires, qui se sont battus contre eux-mêmes et non contre les autres. Je m’en réjouis.

Cependant, au terme (?) de cette épopée, j’aurai au moins appris que, dans notre pays, on n’a pas le droit (sous peine de condamnation) d’appliquer un décret si on lui trouve une « apparence d’illégalité ou d’anticonstitutionnalité » ou simplement si on le trouve « inefficace ». Mon étonnement révèle sans doute l’étendue de mon ignorance en matière juridique, mais je suis sûr de ne pas être le seul à m’étonner. Je n’ose imaginer le désastre auquel la stricte application de ce principe pourrait mener…