Après neuf ans, je mets un terme à ce blog. J’ai pris beaucoup de plaisir à l’écrire et il a été pour moi un excellent moyen de m’exprimer librement et, souvent, d’apporter une explication bien nécessaire à certaines prises de position ou certaines décisions difficiles. Il a aussi servi d’exutoire a plusieurs de mes colères ou de mes indignations. Il m’a rendu beaucoup de services et c’est avec un brin de nostalgie que je le quitte. J’en lance immédiatement un nouveau dont vous trouverez l’adresse ci-dessous.
Je remercie tous mes lecteurs pour leur fidélité et leur patience ainsi que pour les commentaires que certains ont mis en ligne.
Je souhaite bon vent à mon successeur et à mon université que je continuerai à servir de mon mieux.

Rendez-vous sur « Ouvertures immédiates ». Ceux qui me connaissent bien comprendront les divers intérêts (ouverture d’accès, ouverture d’esprit, ouverture focale, ouvertures musicales,…) qui me tiennent à cœur et auxquels ce nouveau titre fait allusion.

Par André Gérard

De bon matin…
…il avait pris le train.
D’abord en 2ème classe – comme tout l’monde –, il progressa bientôt vers le compartiment des premières (en belle compagnie, d’ailleurs), prit d’assaut la micheline de tête pour se retrouver un beau jour… Chef de Gare ! Mais pas une petite gare de province ou de cambrousse comme, par exemple, Chaumont-Gistoux, Hout-si-Ploût ou Tavarnelle. Non, non ! Une vraie grande gare à vocation internationale, rayonnant urbi et orbi et tutti quanti. Pas vraiment une sinécure, donc, comme nous le verrons tout-à-l’heure.

La tradition protocolaire veut que tout Chef de Gare nouvellement promu reçoive du précédant titulaire les insignes symboliques de sa charge : le képi, le sifflet et le petit drapeau. Il ne put échapper à la règle mais n’abusa ni de l’un ni des autres, ne revêtant la pompe sacerdotale qu’en de rares et précieuses occasions comme, par exemple, pour la remise du titre de Chef de Gare Honoris Causa à quelques pairs ou personnalités en marge de la voie ferrée mais très bien quand même. Sinon, il préféra la jouer soft, vu le chantier qui l’attendait…

Il avait hérité du rêve bucolique d’un lointain prédécesseur : installer les gares à la campagne ! Une grande gare à vocation universelle, c’est évidemment beaucoup de bâtiments et de matériel et pas n’importe lesquels. Faut de la place, faut du fiable, du beau, du qui en jette, du que l’on cite en exemple aux Beaux-Arts jusqu’au fin fond de la Syldavie… et la participation de vaches grasses. Mais quand celles-ci s’anémient au point de ne même plus voir passer les trains, c’est alors que le Chef de Gare doit faire preuve de conviction, d’habileté et de capacité à donner de la voix sur toutes les voies ! Fort heureusement, il disposait d’un bel organe.

Evidemment, toutes ces infrastructures ne font sens qu’en raison de celles et ceux qui les font vivre. Et c’est encore à notre Chef de Gare qu’il incombe de guider cette communauté ferroviaire de techniciens, conducteurs de locomotive, accompagnateurs, aiguilleurs – voire, de pédaleurs de fond quand l’énergie vient à manquer – mais aussi de manipuler lui-même la burette à huile. Sans oublier les passagers qui font la queue aux guichets ! Comment assurer ces derniers qu’ils recevront le juste ticket qui les mènera à bon port, ou, plus exactement, au port qui leur convient alors qu’eux-mêmes parfois n’en ont pas la moindre idée ? Et avec quels types de convoi ? Des petits tortillards de nos ancêtres ou de fougueux TGV ? Wagons-lits ou banquettes en bois ? Service à la carte ou potée pour tout le monde ? Et puis, que faire de ceux qui resteront sur le quai ? Devront-ils se résigner à prendre le 6h47 pour LLN ?
Ensuite, vocation universelle oblige, comment régler harmonieusement les différences d’écartement des voies, de hauteurs de quai ou de titres de transports entre soi et des territoires parfois lointains ?
Que dire encore de l’indispensable communication accompagnant ce bastringue ? Il ne s’agit pas seulement de veiller au bon fonctionnement des passages à niveau (ou des passerelles), des aiguillages, d’annoncer les changements de voie ou les retards mais encore de dialoguer avec ces autres grandes gares à vocation universelle, chacune – comme on le sait – s’efforçant de persévérer dans son être et toujours prête à vous tailler aimablement des croupières ?

On le voit par ces quelques exemples, notre Chef de Gare n’avait même plus le temps de taper le carton au Tultay ni de faire des courses de pots de Danone sur la Magrée.

C’est alors que, le 24 septembre 2014, notre Chef de Gare fit mine de descendre sur le quai en refilant la casquette, le sifflet et le petit drapeau à un homme de fer dans un habit de velours. Mais d’autres trains déjà lui faisaient les yeux doux…

« Que va-t-il se passer maintenant ? » se demande le lecteur haletant. « Partira-t-il vers d’autres aventures, flamberge au vent, ou prendra-t-il le temps de cueillir les pommes de son verger ? »

Sois sage, Oh bibliomane impatient, et tiens-toi bien tranquille ! Tu le découvriras bientôt en ne manquant pas notre prochain épisode et – compte tenu de l’homme – fort probablement sur ton écran.

- Tavier, le 25 septembre 2014 -

Le test, dans sa deuxième année, se solde par un taux de succès catastrophique. Attention: les résultats concernent l’ensemble des universités francophones belges (et pas seulement l’ULg comme l’article le laisse erronément entendre!).

96% des 1.714 candidats au test de juillet 2014 n’atteignent pas la moyenne de 12/20 (90% l’an dernier, sur 1.065 candidats).
87% obtiennent un résultat inférieur à 10/20 (74% l’an dernier).

En 2014 le taux de participation est de 161% par rapport à celui de 2013, démentant ainsi radicalement l’effet de dissuasion dénoncé par la FEF.

L’interprétation pourrait en être très simple: la méfiance qui régnait vraisemblablement en 2013 vis à-vis du caractère strictement non contraignant du test et son absence absolue de conséquences à aujourd’hui disparu. En effet, parole a été tenue et le test est resté strictement indicatif. Il n’a nullement influencé le parcours de l’année académique 1013-14. Il n’a pas été communiqué aux encadrants du 1er Bac.

Ceci expliquerait le formidable bond en avant des candidatures cette année. En même temps, cet accroissement de représenterait pas un public du même niveau, ce qui expliquerait le taux deux fois moindre de réussite du test, quoiqu’il soit quasi-impossible de comparer les résultats de deux tests différents d’une année à l’autre. Mais cette chute peut également se comprendre si on admet que les candidats sont simplement venus chercher leur « ticket d’entrée », sans se préoccuper le moins du monde de réussir le test. C’est là le résultat quasi automatique de la non-contrainte…

Le test, dénué de la moindre conséquence, sert-il donc à quelque chose ?
Ne convient-il pas en effet de se poser des questions sur son utilité, quand on sait quelle formidable mise en œuvre il implique de la part de très nombreux enseignants et encadrants dans les 5 universités qui offrent une formation de base en Médecine…? Élaborer des questionnaires complexes et multidisciplinaires, différents à chaque session, adaptés aux exigences du 1er Bac et normalisés pour l’ensemble des institutions, mobiliser 5 staffs d’encadrement pour la préparation logistique du jour J, synchroniser très précisément l’événement dans les 5 institutions, corriger harmonieusement 1.714 copies dans un temps record, avec des questions ouvertes allant de l’usage de la langue française aux problèmes de physique, etc… Tout ceci est-il bien utile à l’heure où les universités sont dramatiquement sous-financées et n’arrivent déjà plus à remplir leurs diverses missions de manière satisfaisante ?

À mon avis, l’unique intérêt de ce test porte sur la (probablement hélas) petite fraction des candidats qui sont proches de la réussite (7 à 9/20), qui ont réellement essayé de réussir le test est auxquels la volonté ne manque pas. Ceux-là bénéficient d’un avertissement éclairant que personne ne peut nier. Si ceux-là en tirent les leçons et mettent en œuvre tout ce qu’ils peuvent pour favoriser leur propre réussite en 1er Bac, en s’y prenant assez tôt et en s’attelant d’emblée très sérieusement à la tâche, le coup de semonce aura été salutaire. Et je pense que ceux-là existent vraiment et que l’information est cruciale pour eux. Et après tout, c’est bien là la définition d’un test.

Paul Nihoul, Vincent Vandenberghe et Vincent Yzerbyt, professeurs à l’Université Catholique de Louvain (UCL), dans une carte blanche publiée par la Libre Belgique du 11 juin proposent une piste pragmatique et réaliste pour restaurer un financement de l’enseignement supérieur qui corresponde à une plus juste rétribution du travail fourni par les institutions et donc au minimum de moyens qu’elles réclament à cor et à cris depuis des années, tout en ne faisant pas porter la charge sur les enfants de contribuables de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB).

Le concept est simple: l’accès aux études est, chez nous, à la fois peu coûteux (835€ dans les universités, moins encore dans les autres établissements d’enseignement supérieur) et grand ouvert (pas de sélection sauf en Sciences appliquées). Le coût modéré pour l’étudiant en regard de l’allocation par étudiant investie par la FWB constitue un cadeau important qu’elle fait à sa jeunesse, même si cette allocation est notoirement insuffisante pour couvrir les frais réels d’une formation moderne. Par ailleurs, l’ouverture à tous sans sélection est un principe voulu et appliqué par la FWB. Si elle est tout-à-fait respectable, cette volonté impose à ceux qui l’exercent la mise à disposition de moyens permettant de faire face à l’énorme afflux que cela entraîne, y compris en provenance de l’extérieur de la FWB, nos voisins imposant des limitations chez eux. On le comprend, ces deux caractéristiques wallono-bruxelloises provoquent quasi-automatiquement une surcharge pour les institutions d’enseignement supérieur, mais entraînent de facto un financement significatif de la formation d’étudiants dont les parents ne contribuent pas en retour aux finances publiques locales.

La solution que les trois professeurs proposent est simple également: « augmenter les allocations familiales attribuées aux familles résidentes de la FWB pour les jeunes de plus de 18 ans inscrits dans un établissement d’enseignement et augmenter d’autant les droits d’inscription (le « minerval ») pour tous les étudiants du supérieur, résidents comme non résidents. Pour les étudiants de FWB, [cela constitue] une opération neutre et un horizon européen renforcé« .

Il reste à résoudre le problème des étudiants de plus de 25 ans ou ceux qui, pour toute autre raison, ne bénéficient pas des allocations familiales. Pour ceux-là, un mécanisme de bourses spécifiques pourrait compenser le surcoût.

« A titre d’illustration, une majoration des allocations familiales de 1.000€ et une augmentation équivalente du minerval permettraient, sur la seule base de l’apport complémentaire des non-résidents issus de l’Union, de refinancer notre enseignement supérieur à hauteur de 25 millions par an. Rien que dans les universités, cela ouvre la possibilité d’engager près de 150 professeurs supplémentaires ».

CQFD.

Mesdames et Messieurs,

De toutes les manifestations qui émaillent l’année académique, celle-ci est sans conteste la plus purement universitaire.

En effet on parle aujourd’hui de séance académique, de rentrée académique, dans bien des endroits et dans bien des circonstances. Si la pompe et le cérémonial sont parfois un peu plus imposants ici que dans d’autres établissements, les différences ne sont guère sensibles au delà des détails.

Par contre, une cérémonie qui célèbre l’attribution de diplômes de docteur est strictement réservée aux universités.

Aujourd’hui nous allons le faire à deux titres: nous honorons les docteurs à thèse de l’université couronnés durant cette dernière année académique, et d’autre part nous attribuerons la distinction de docteur honoris causa à neuf personnalités particulièrement remarquables du monde universitaire international.

L’idée d’organiser cette manifestation de façon conjointe nous est venue il y a quelques années et il est apparu immédiatement que la symbolique de cette manifestation s’avérait extrêmement forte.

Il est en effet particulièrement impressionnant pour les nouveaux diplômés de s’entendre proclamer devant un parterre aussi prestigieux de sommités dans tous les domaines du savoir. Par ailleurs, il m’est revenu que nos docteurs honoris causa appréciaient généralement particulièrement bien d’être associés à la proclamation des nouveaux docteurs.

C’est donc avec une joie et une fierté toutes particulières que je procède à cette célébration qui est pour nous la fête du savoir et de la recherche.

Je m’adresse tout d’abord ici aux nouvelles et nouveaux docteurs. Vous avez accompli un parcours long et difficile, ponctué de moments de découragement et de moments d’enthousiasme. Vous avez appris la rigueur du chercheur, ses joies et ses angoisses, vous avez rencontré des phases de certitude et des phases de doute. Peut-être vous êtes-vous interrogés sur la finalité même de ce parcours, sur sa nécessité, sur les contraintes que vous vous imposiez. Mais ce qui est sûr, c’est que vous êtes arrivés au bout de cet accomplissement et que vous pouvez en être fiers.

Aujourd’hui, vous savez en quoi vous avez contribué au progrès du savoir. Vous savez modestement que c’est peu de chose, mais vous comprenez aussi que ce progrès est constitué de petites pierres ajoutées à un édifice qui est e qui sera toujours en construction. Et vous pouvez être fiers, en prenant un peu de recul, de repérer votre pierre dans ce grand édifice.

Aujourd’hui, vous savez aussi combien cette construction est menacée, combien ce progrès, dans son ensemble, est menacé de paralysie.

Il faut que vous contribuiez dès à présent à faire comprendre à la société dans laquelle nous vivons que la formation qui a été la vôtre doit rester accessible à ceux qui vont vous suivre et que c’est dans les moments de crise, dans les périodes de difficultés financières et de pénurie de moyens que, précisément, des choix cruciaux s’imposent, et que la recherche doit rester libre tout en se voyant accorder un soutien plein et entier de la part de la société tout entière. La recherche, même si elle coûte cher, n’est pas un luxe, c’est une nécessité. La survie du relatif confort dans lequel nous vivons dans cette partie du monde en dépend, sans doute plus que jamais.

Le soutien à la recherche est donc un enjeu majeur pour notre société, et je dirais même pour notre civilisation. Elle est le garant de la liberté de pensée et du progrès de l’humanité. D’autres mondes comme l’Inde ou la Chine l’ont parfaitement compris et ont pris résolument le parti de la recherche. Il sont en train de passer avec volontarisme d’une industrie de l’imitation et de la copie à une industrie de l’innovation et de la créativité. Et souvenons-nous que l’humanité est plus nombreuse dans cette petite partie du monde que sur tout le reste de la planète et que les moins de 20 ans y sont majoritaires. Veillons donc à ne pas disparaître dans un grand tourbillon de progrès auquel nous ne pourrions accéder, faute de moyens. C’est, comme je le disais, un enjeu majeur pour notre pays, notre région, notre communauté, mais c’est aussi un enjeu pour cette Europe que tout le monde décrie et qui est pourtant notre seule chance de continuer à exister sur l’échiquier du monde.

Mon message vous semble certainement bien pessimiste pour un jour de fête et de la part d’un indécrottable optimiste… Mais bien des signes nous montrent à quel point il faut être vigilant et à quel point celles et ceux qui ont eu le privilège de recevoir une formation aussi complète que la vôtre doivent faire entendre la voix de la raison et convoyer un sentiment d’urgence et de nécessité.

Décodons ensemble quelques signaux caractéristiques, quelques indicateurs, comme on dit aujourd’hui, révélateurs d’une sorte d’ensablement dangereux pour l’avenir.

Je vais choisir quelques exemples très concrets, parmi beaucoup d’autres.

En subissant des réductions de financement qui atteignent 15, 20, parfois 30 pourcents, les universités ne parviennent plus à assurer leurs missions d’enseignement et de formation aussi bien qu’elles le devraient. Et si elles font des efforts démesurés pour continuer à assurer leurs missions, elles s’époumonent, elles épuisent leurs forces et cela ne pourra plus durer longtemps. Si on veut éviter qu’à leur corps défendant, elles se résolvent à s’ouvrir à des financements qui les privent de leur liberté d’enseigner et de chercher, il faut les soutenir. C’est la teneur même du mémorandum des recteurs paru le mois dernier et sur lequel que ne reviens pas ici, il était suffisamment clair.

Prenons des exemples concrets, tant au niveau communautaire, régional ou fédéral qu’au niveau européen.

Dans le cadre de ce qu’on appelle les clôtures mensuelles d’Eurostat, excusez le caractère technique de mon exemple, l’Institut des Comptes Nationaux nous contraint désormais à fournir nos comptes sur base mensuelle dès le mois de septembre prochain. Cela semble anodin, mais cela va créer une surcharge administrative énorme qui va nécessiter du personnel supplémentaire dans les départements financiers de nos institutions universitaires. Le moment est vraiment mal choisi, puisque nous sommes déjà aux limites de l’encadrement que nous permettent nos moyens financiers en constante réduction. Cela veut dire également que les investissements des universités seront dorénavant traités comme des dépenses de l’année, alors que nos programmes de recherche sont pluriannuels. Ce paradoxe va entraîner des difficultés supplémentaires, des complications administratives lourdes, un gaspillage de moyens sans précédent et des retards considérables dans la dynamique de recherche.

Autre exemple, très technique également mais c’est la réalité concrète à laquelle nous devons faire face quasi quotidiennement: la récupération du précompte des chercheurs par les universités est une excellente mesure fiscale mise en œuvre depuis quelques années par le gouvernement fédéral et dont nous nous réjouissons. Une nouvelle décision européenne impose aujourd’hui la récupération de cet incitant non plus par les universités mais par les sources de financement. C’est ainsi que le Fonds Social Européen va dorénavant récupérer à son profit le précompte salarial des chercheurs non seulement sur les sommes qu’il finance, ce qui n’est déjà pas drôle, mais sur les montants que cofinancent les universités elles-mêmes, venant ainsi se servir dans notre poche et prélever leur dîme sur les moyens octroyés par l’Etat fédéral. On croit rêver ! Dans la foulée, la Région Wallonne nous indique qu’elle envisage également de refuser l’éligibilité de ce précompte. En d’autres termes, moins hermétiques, l’incitant fiscal élaboré par l’Etat fédéral est en train de disparaître pour les universités, ce qui représente, pour l’ensemble d’entre elles, une réduction financière de plusieurs dizaines de millions d’€ du jour au lendemain, et c’est demain.

Dans le genre « comment faire compliqué lorsqu’on peut faire simple », une autre mesure va nous être imposée lors du prochain train de financement par les fonds structurels européens: l’obligation d’obtenir 3 offres pour l’éligibilité de tout achat, même en dessous de 8.500 €, ce qui va bien au-delà de ce que prévoient tant la directive européenne que la loi belge sur les marché publics. Que de tracasseries inutiles, quelle surcharge inconsidérée, sans parler de l’ambiance de suspicion permanente…

Voici donc deux mesures récentes qui indiquent combien il est difficile de faire face à une accumulation croissante de complications administratives dont on à peine à discerner le fondement et qui nous imposent une surcharge fonctionnelle très handicapante. À une époque où le financement de la recherche devrait augmenter, où les contraintes devraient être allégées et où les incitants devraient se multiplier, à une époque où notre société devrait investir dans sa recherche en la libérant de tous ses freins, une telle accumulation de mesures contrariantes (et je n’ai mentionné que les deux exemples les plus récents parmi bien d’autres) va exactement à l’opposé de l’objectif qu’on entend néanmoins dans tous les discours politiques aujourd’hui: c’est la recherche, temple de la créativité et de l’innovation, qui doit être la première activité soutenue par la société, surtout en temps de crise.

La créativité et l’innovation ne sont pas que des slogans faciles. Ni l’une ni l’autre ne se décrète. C’est dans le processus complexe de la recherche, spécialité des universités, que ces qualités émergent et trouvent leur espace d’épanouissement, avant de rejaillir sur l’ensemble de la société, celle-là même qui aura eu la volonté délibérée de s’engager sur ce terrain.

Vous qui êtes nouvellement devenus des chercheurs diplômés, portez autour de vous ce message, pour que le processus dont vous avez bénéficié continue et que nous puissions assurer à de nouvelles générations l’opportunité de suivre votre voie, comme vous suivez vous-mêmes celle des personnalités exceptionnelles et exemplaires que nous célébrons en même temps que vous aujourd’hui, nos docteurs honoris causa.

Nous comptons sur vous pour devenir les défenseurs acharnés du savoir et de progrès de celui-ci.

Je vous félicite pour le parcours accompli et vous souhaite un avenir passionnant, au service de la société tout entière.

Je vous remercie.

Lors de l’élection rectorale, la possibilité de voter « à personne » n’est pas neutre, ce n’est pas une abstention, c’est un refus explicite de chaque candidature.
C’est ainsi que le vote « à personne » peut peser fortement sur le résultat et empêcher chaque candidat d’atteindre les 50% nécessaires pour être élu, ce qui relancerait tout le processus électoral.
Cette option a évidemment sa raison d’être mais il faut bien en mesurer la signification.

Je me suis promis de ne pas intervenir dans la campagne de l’élection rectorale et je compte bien respecter cet engagement.

Juste deux points.

1) Je ne puis que réagir lorsque j’entends dire que la situation financière de l’Université est mauvaise et qu’il faut prendre des mesures d’assainissement.
Le problème que rencontre actuellement l’ULg, et que d’autres encore se sont autorisés à qualifier de « fiasco », n’a rien à voir avec une difficulté financière, comme je l’ai expliqué en long et en large il y a quelques mois lors des séances d’information sur les mesures d’austérité. En effet, les mesures que nous avons dû prendre (réduction du nombre de temporaires, remplacement de 3 par 2) sont des mesures liées à l’excès de personnel rémunéré sur l’enveloppe de l’allocation de la Communauté française. Cet excès s’est constitué en réponse à l’augmentation du nombre d’étudiants à encadrer et sans tenir compte de réductions de financement totalement imprévisibles, même encore en 2013. Doit-on considérer que vous gérez mal votre budget familial si, par exemple, vous prenez des engagements correspondant à votre salaire et que, subitement, on vous le rabote de 20% ?
Les mesures que nous avons décidé de prendre résolvent le problème pour 2014 et 2015, sans le moindre licenciement. Je quitterai donc l’ULg sans la laisser en déficit financier. Elle pourrait s’y trouver un jour, comme le pourraient toutes les universités si on n’y prend garde et si on n’arrête pas l’hémorragie du financement. Mais aujourd’hui, « difficulté financière » n’est pas du tout le bon terme. Et comme, contrairement aux universités libres, une université publique ne peut recourir à des moyens propres, même si elle en a, pour combler cet écart salarial, elle est la première touchée par un mal qui va les frapper toutes: un vrai problème de financement. C’est pour cela qu’il faut se battre pour un refinancement. L’enjeu sera donc crucial pour le prochain recteur, mais l’enjeu est un financement décent, pas une meilleure gestion.

2) Notre université est aujourd’hui au milieu d’un processus nouveau d’élection rectorale. Le vote, même s’il est pondéré, est universel. Cet élargissement du corps électoral, quoi qu’on puisse en penser, constitue un réel progrès démocratique. Ne pas utiliser cette possibilité lorsqu’on se la voit offrir, c’est négliger une opportunité d’exprimer ses choix et ses aspirations. S’abstenir, c’est donner du poids à un vote dont on se prive soi-même. C’est aussi courir le risque de l’aventure d’un troisième tour qui impose, je le rappelle, une remise générale à zéro et un nouvel appel à candidatures. L’enjeu vaut bien un moment d’attention à consacrer aux informations nombreuses mises aujourd’hui à disposition de l’électeur. Si vous en êtes un, faites usage de votre droit et quel que soit votre choix: votez !

A propos du « post » précédent, interview dans le nouveau journal on line « Dayly Science ».

L’Enseignement supérieur est en constant définancement en Fédération Wallonie-Bruxelles, et singulièrement, les universités qui ont été oubliées lors du dernier réajustement en 2009.
En effet, le nombre d’étudiants universitaires a considérablement augmenté depuis 15 ans (+37%) alors que l’enveloppe financière des universités est « fermée », une mesure prise il y a près de 20 ans pour garantir les universités des effets néfastes d’une éventuelle chute du nombre d’étudiants, chute qui ne s’est jamais produite depuis lors. En outre, des décisions décrétales nouvelles comme, parmi d’autres, l’abolition du minerval pour le doctorat, mesure qui aggrave la situation sans créer d’économie pour le financement public, entraînent une diminution des ressources (-2 millions d’€ pour cette seule mesure). Chaque étudiant est donc de moins en moins subventionné (-16,2%) et la situation est devenue tout-à-fait alarmante.

Le Conseil des recteurs francophone (CRef) à publié jeudi un mémorandum qui fait le point sur cette situation devenue périlleuse pour la qualité de l’enseignement et de la recherche dans notre Communauté, en dénonce les effets pervers et revendique une priorité absolue au refinancement universitaire dans la prochaine législature, sachant que chacun s’accorde à dire que le redéploiement économique et social repose avant tout sur l’enseignement, la formation et la recherche.

Face aux difficultés croissantes auxquelles l’enseignement supérieur est confronté en FWB et, singulièrement, les universités, qu’un « définancement » constant depuis de nombreuses années menace dans leurs objectifs les plus fondamentaux, il est vital que le monde universitaire dans son ensemble, étudiants et personnel encadrant, se mobilisent activement en cette période électorale pour garantir le moyens indispensables à la qualité de l’enseignement Supérieur.

Le Conseil des Recteurs prépare un mémorandum pour un plan effectif de refinancement des universités. Il sera très prochainement largement distribué.

La FEF organise, ce mercredi 2 avril, une manifestation à Bruxelles en faveur d’un refinancement de l’Enseignement supérieur.

Il est essentiel que les universités, fassent toutes preuve d’une parfaite solidarité. En effet, le refinancement est l’affaire de tous. Il est inconcevable de nous atteler aux réformes nouvellement promulguées sans un financement décent, à la mesure des ambitions de ces nouveaux décrets.

Dans ces conditions et afin de rendre plus concret encore ce soutien, je recom mande au corps professoral et aux encadrants, dans la mesure du possible, de prévoir une suspension des cours ce mercredi 2 avril. En cas de force majeure, si des cours et activités pédagogiques doivent être maintenus, je les exhorte à faire preuve d’une très grande souplesse afin de n’entraver en rien la participation des étudiants à cette manifestation, voire d’y participer eux-mêmes.

C’est de la défense de nos institutions qu’il s’agit et nul d’entre nous ne souhaite voir se dégrader plus encore nos universités dans lesquelles, aujourd’hui déjà, les restrictions imposent des mesures qui nuisent gravement à la qualité de l’enseignement et de la recherche.

J’espère vivement que chacun saura apporter son soutien à toute action de revendication en matière de réexamen en profondeur du financement de ce que chacun, personnalités politiques comprises, considère comme la source vitale d’une relance sociale et économique dans notre Communauté.

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