Etonnant comme un message que nous croyions simple et clair, tel que celui que nous avons envoyé, l’Administrateur et moi, concernant la grève annoncée pour lundi, peut prendre aux yeux de certains une signification différente de celle qu’on a voulu lui donner et qu’ils y aient décelé une connotation menaçante alors qu’il n’y en avait aucune.

« La grève étant un droit, chacun est libre de suivre le mouvement à condition d’en informer officiellement sa direction ou son président de département et d’en assumer les conséquences. L’Université sera ouverte et, sauf incident, poursuivra ses activités normalement. »

Absolument rien qu’une simple rappel de l’évidence et un feu vert.

J’ai le plus profond respect pour le droit de grève qui est un droit fondamental. Il implique évidemment que chaque gréviste ait le courage de renoncer à son salaire pour les heures non-prestées: il ne s’agit pas de vacances gratuites. Il m’a toujours semblé que ce qui donne toute sa valeur à la grève, c’est le sacrifice qu’elle implique de la part du gréviste. En renonçant à sa rémunération, il défend son honneur et donne du poids à sa revendication. Il est hors de question qu’on lui enlève cela.
Par ailleurs, celui qui ne souhaite pas faire la grève, pour quelque motif que ce soit, doit également se voir préserver le droit à rejoindre son lieu de travail. C’est pourquoi nous signalions que les accès resteraient ouverts. En effet, nous avons reçu beaucoup de demandes à ce sujet, ce qui nous a incités à envoyer le message.

L’intranet que nous avons envoyé était, dans notre esprit, une autorisation claire accordée aux membres de l’ULg, comme c’est leur droit, de partir en grève ainsi qu’une confirmation à chacun qu’il peut faire ce que bon lui semble en cette circonstance, rien d’autre. C’était aussi un rappel que la grève n’a de valeur que si elle implique, de la part de chacun, une prise de responsabilités consciente et volontaire. La seule conséquence possible est le retrait de salaire pour la période concernée, et le respect des nécessités de certains services qui ne peuvent être interrompus. L’acte de grève implique également un avertissement préalable de l’entourage professionnel, cela va de soi. Enfin, il est important que, dans une institution d’enseignement, les étudiants sachent à quoi s’en tenir et que soient évitées au mieux les discriminations basées sur la nécessité, pour beaucoup d’entre eux, d’utiliser les transports en commun dont on annonce le débrayage massif.

Si certains ont pu penser que nous faisons allusion, dans ce petit texte, à d’obscures menaces de représailles, ils se sont totalement trompés. D’autant plus qu’il se trouve que j’adhère complètement à la revendication de cette grève. Si j’ai des doutes sur l’effet qu’elle pourra avoir, je n’en suis pas moins solidaire du message qu’elle véhicule: le pouvoir d’achat du citoyen belge a considérablement diminué en peu de temps. C’est un énorme problème pour les universités qui ont, simultanément et en conséquence perdu de la considération qu’on leur doit et de l’attractivité qu’elles doivent conserver pour engager des professeurs étrangers ou, tout simplement, pour éviter la fuite de leurs cerveaux. Personnellement, j’encouragerais, au delà de la grève elle-même, le lancement d’une pétition qui, sur un tel sujet, ne pourrait que recueillir un nombre impressionnant de signatures, c’est certain.

Avec ce message Intranet, nous n’avions d’autre but que de faire comprendre à tous les membres de la communauté universitaire qu’ils travaillent dans une institution profondément respectueuse de toutes les libertés, individuelles et collectives.