Politique interuniversitaire


Le test, dans sa deuxième année, se solde par un taux de succès catastrophique. Attention: les résultats concernent l’ensemble des universités francophones belges (et pas seulement l’ULg comme l’article le laisse erronément entendre!).

96% des 1.714 candidats au test de juillet 2014 n’atteignent pas la moyenne de 12/20 (90% l’an dernier, sur 1.065 candidats).
87% obtiennent un résultat inférieur à 10/20 (74% l’an dernier).

En 2014 le taux de participation est de 161% par rapport à celui de 2013, démentant ainsi radicalement l’effet de dissuasion dénoncé par la FEF.

L’interprétation pourrait en être très simple: la méfiance qui régnait vraisemblablement en 2013 vis à-vis du caractère strictement non contraignant du test et son absence absolue de conséquences à aujourd’hui disparu. En effet, parole a été tenue et le test est resté strictement indicatif. Il n’a nullement influencé le parcours de l’année académique 1013-14. Il n’a pas été communiqué aux encadrants du 1er Bac.

Ceci expliquerait le formidable bond en avant des candidatures cette année. En même temps, cet accroissement de représenterait pas un public du même niveau, ce qui expliquerait le taux deux fois moindre de réussite du test, quoiqu’il soit quasi-impossible de comparer les résultats de deux tests différents d’une année à l’autre. Mais cette chute peut également se comprendre si on admet que les candidats sont simplement venus chercher leur « ticket d’entrée », sans se préoccuper le moins du monde de réussir le test. C’est là le résultat quasi automatique de la non-contrainte…

Le test, dénué de la moindre conséquence, sert-il donc à quelque chose ?
Ne convient-il pas en effet de se poser des questions sur son utilité, quand on sait quelle formidable mise en œuvre il implique de la part de très nombreux enseignants et encadrants dans les 5 universités qui offrent une formation de base en Médecine…? Élaborer des questionnaires complexes et multidisciplinaires, différents à chaque session, adaptés aux exigences du 1er Bac et normalisés pour l’ensemble des institutions, mobiliser 5 staffs d’encadrement pour la préparation logistique du jour J, synchroniser très précisément l’événement dans les 5 institutions, corriger harmonieusement 1.714 copies dans un temps record, avec des questions ouvertes allant de l’usage de la langue française aux problèmes de physique, etc… Tout ceci est-il bien utile à l’heure où les universités sont dramatiquement sous-financées et n’arrivent déjà plus à remplir leurs diverses missions de manière satisfaisante ?

À mon avis, l’unique intérêt de ce test porte sur la (probablement hélas) petite fraction des candidats qui sont proches de la réussite (7 à 9/20), qui ont réellement essayé de réussir le test est auxquels la volonté ne manque pas. Ceux-là bénéficient d’un avertissement éclairant que personne ne peut nier. Si ceux-là en tirent les leçons et mettent en œuvre tout ce qu’ils peuvent pour favoriser leur propre réussite en 1er Bac, en s’y prenant assez tôt et en s’attelant d’emblée très sérieusement à la tâche, le coup de semonce aura été salutaire. Et je pense que ceux-là existent vraiment et que l’information est cruciale pour eux. Et après tout, c’est bien là la définition d’un test.

Paul Nihoul, Vincent Vandenberghe et Vincent Yzerbyt, professeurs à l’Université Catholique de Louvain (UCL), dans une carte blanche publiée par la Libre Belgique du 11 juin proposent une piste pragmatique et réaliste pour restaurer un financement de l’enseignement supérieur qui corresponde à une plus juste rétribution du travail fourni par les institutions et donc au minimum de moyens qu’elles réclament à cor et à cris depuis des années, tout en ne faisant pas porter la charge sur les enfants de contribuables de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB).

Le concept est simple: l’accès aux études est, chez nous, à la fois peu coûteux (835€ dans les universités, moins encore dans les autres établissements d’enseignement supérieur) et grand ouvert (pas de sélection sauf en Sciences appliquées). Le coût modéré pour l’étudiant en regard de l’allocation par étudiant investie par la FWB constitue un cadeau important qu’elle fait à sa jeunesse, même si cette allocation est notoirement insuffisante pour couvrir les frais réels d’une formation moderne. Par ailleurs, l’ouverture à tous sans sélection est un principe voulu et appliqué par la FWB. Si elle est tout-à-fait respectable, cette volonté impose à ceux qui l’exercent la mise à disposition de moyens permettant de faire face à l’énorme afflux que cela entraîne, y compris en provenance de l’extérieur de la FWB, nos voisins imposant des limitations chez eux. On le comprend, ces deux caractéristiques wallono-bruxelloises provoquent quasi-automatiquement une surcharge pour les institutions d’enseignement supérieur, mais entraînent de facto un financement significatif de la formation d’étudiants dont les parents ne contribuent pas en retour aux finances publiques locales.

La solution que les trois professeurs proposent est simple également: « augmenter les allocations familiales attribuées aux familles résidentes de la FWB pour les jeunes de plus de 18 ans inscrits dans un établissement d’enseignement et augmenter d’autant les droits d’inscription (le « minerval ») pour tous les étudiants du supérieur, résidents comme non résidents. Pour les étudiants de FWB, [cela constitue] une opération neutre et un horizon européen renforcé« .

Il reste à résoudre le problème des étudiants de plus de 25 ans ou ceux qui, pour toute autre raison, ne bénéficient pas des allocations familiales. Pour ceux-là, un mécanisme de bourses spécifiques pourrait compenser le surcoût.

« A titre d’illustration, une majoration des allocations familiales de 1.000€ et une augmentation équivalente du minerval permettraient, sur la seule base de l’apport complémentaire des non-résidents issus de l’Union, de refinancer notre enseignement supérieur à hauteur de 25 millions par an. Rien que dans les universités, cela ouvre la possibilité d’engager près de 150 professeurs supplémentaires ».

CQFD.

L’Enseignement supérieur est en constant définancement en Fédération Wallonie-Bruxelles, et singulièrement, les universités qui ont été oubliées lors du dernier réajustement en 2009.
En effet, le nombre d’étudiants universitaires a considérablement augmenté depuis 15 ans (+37%) alors que l’enveloppe financière des universités est « fermée », une mesure prise il y a près de 20 ans pour garantir les universités des effets néfastes d’une éventuelle chute du nombre d’étudiants, chute qui ne s’est jamais produite depuis lors. En outre, des décisions décrétales nouvelles comme, parmi d’autres, l’abolition du minerval pour le doctorat, mesure qui aggrave la situation sans créer d’économie pour le financement public, entraînent une diminution des ressources (-2 millions d’€ pour cette seule mesure). Chaque étudiant est donc de moins en moins subventionné (-16,2%) et la situation est devenue tout-à-fait alarmante.

Le Conseil des recteurs francophone (CRef) à publié jeudi un mémorandum qui fait le point sur cette situation devenue périlleuse pour la qualité de l’enseignement et de la recherche dans notre Communauté, en dénonce les effets pervers et revendique une priorité absolue au refinancement universitaire dans la prochaine législature, sachant que chacun s’accorde à dire que le redéploiement économique et social repose avant tout sur l’enseignement, la formation et la recherche.

Face aux difficultés croissantes auxquelles l’enseignement supérieur est confronté en FWB et, singulièrement, les universités, qu’un « définancement » constant depuis de nombreuses années menace dans leurs objectifs les plus fondamentaux, il est vital que le monde universitaire dans son ensemble, étudiants et personnel encadrant, se mobilisent activement en cette période électorale pour garantir le moyens indispensables à la qualité de l’enseignement Supérieur.

Le Conseil des Recteurs prépare un mémorandum pour un plan effectif de refinancement des universités. Il sera très prochainement largement distribué.

La FEF organise, ce mercredi 2 avril, une manifestation à Bruxelles en faveur d’un refinancement de l’Enseignement supérieur.

Il est essentiel que les universités, fassent toutes preuve d’une parfaite solidarité. En effet, le refinancement est l’affaire de tous. Il est inconcevable de nous atteler aux réformes nouvellement promulguées sans un financement décent, à la mesure des ambitions de ces nouveaux décrets.

Dans ces conditions et afin de rendre plus concret encore ce soutien, je recom mande au corps professoral et aux encadrants, dans la mesure du possible, de prévoir une suspension des cours ce mercredi 2 avril. En cas de force majeure, si des cours et activités pédagogiques doivent être maintenus, je les exhorte à faire preuve d’une très grande souplesse afin de n’entraver en rien la participation des étudiants à cette manifestation, voire d’y participer eux-mêmes.

C’est de la défense de nos institutions qu’il s’agit et nul d’entre nous ne souhaite voir se dégrader plus encore nos universités dans lesquelles, aujourd’hui déjà, les restrictions imposent des mesures qui nuisent gravement à la qualité de l’enseignement et de la recherche.

J’espère vivement que chacun saura apporter son soutien à toute action de revendication en matière de réexamen en profondeur du financement de ce que chacun, personnalités politiques comprises, considère comme la source vitale d’une relance sociale et économique dans notre Communauté.

A lire, dans un article du blog du recteur de l’ULB intitulé « Le dangereux marketing de certaines universités », une mise en garde de pur bon sens à propos d’un article du Soir sur « Première médecine: les résultats à l’UCL s’améliorent ».
Outre les effets pervers de cet article dénoncés dans le billet du recteur Viviers, cette publicité tapageuse remet en question le contexte dans lequel se réalise le test à l’entrée des études de Médecine mis en place pour la première fois en 2013.
En effet, ce test a été organisé dans la concertation permanente entre les universités. Il était convenu que les responsables docimologues des 5 universités constituaient une cellule de recherche qui analyserait les résultats et les publierait. Nous avons même prévu un financement de cette activité au sein de l’enveloppe attribuée par le Ministre. Cette cellule s’est déjà réunie à plusieurs reprises et il y avait été proposé et accepté que ce travail pourrait constituer la base d’une thèse de doctorat.
Il est regrettable que le jury du test d’orientation ait été trompé et que son travail, conçu pour aider les étudiants à se situer et à « guider » leur étude, ait été utilisé à des fins de publicité, alors que c’est exactement la dérive que l’on voulait éviter. C’est en effet sur base de l’accord interuniversitaire unanime assurant qu’aucune autre utilisation que la guidance à apporter à l’étudiant et le feed back à fournir aux enseignants et au Gouvernement n’aurait lieu, que le test d’aptitude non-contraignant préalable aux études de Médecine a été mis en place…

C’est avec joie que nous apprenons que le Gouvernement fédéral, lors de son bouclage budgétaire final, a finalement décidé d’octroyer à la Coopération Universitaire au Développement (CUD) le financement qu’il avait gardé en suspens.

Nos interlocuteurs au plus haut niveau s’étaient montrés réservés, voire pessimistes, quant à cette éventualité d’octroyer aux universités le tiers manquant, ce qui avait amené la DGD à suspendre les bourses accordées aux ressortissants des pays du Sud (pour pouvoir suivre les cours internationaux spécialisés) et jeté l’émoi auprès des acteurs de la coopération.

Bonne nouvelle donc, et merci aux autorités fédérales pour cette sage décision.

La Faculté universitaire des Sciences agronomiques de Gembloux (FUSAGx) fait désormais partie de l’ULg. C’est la concrétisation d’une idée vieille de plus de 20 ans mais dont le processus définitif s’est mis en marche il y a 2 ans environ. Dès octobre 2009, l’entité gembloutoise se composera d’une Faculté et d’un Centre de recherche et prendra désormais le nom de « Gembloux AgroBioTech » (GABT) et sera dirigé par un vice-Recteur de site élu par le corps académique de la Faculté. La logique pour Gembloux est de se joindre à une université complète (c’est à l’ULg que se trouve la Faculté de Médecine vétérinaire de la CFB) à laquelle il ne manquait qu’une Faculté d’Agronomie. Outre un vaste ensemble de structures d’appui, GABT trouvera à l’ULg des collaborations dans les domaines les plus variés et un désir sincère de coopérer. La logique pour l’ULg, en dehors de l’accession au statut d’université complète, unique en CFB, réside dans l’extension géographique de l’Université, complétant ainsi le triangle centre-sud-est wallon: Gembloux-Arlon-Liège. Mais elle réside aussi dans la possibilité de réaliser, ensemble, des initiatives innovantes sur le site de Gembloux. Nos équipes vont travailler ensemble au développement de ces nouvelles idées.
J’ai été reçu mardi dernier par le Recteur A. Théwis à l’Assemblée générale de la FUSAGx pour exposer la vision liégeoise de l’intégration. La séance de questions-réponses qui a suivi fut très ouverte et a permis d’aborder beaucoup de points très intéressants. Ceci augure d’un excellent avenir pour l’Ulg et pour GABT dans leur nouvelle configuration.
Le 29 juin, la communauté universitaire liégeoise sera invitée à visiter la FUSAGx et à y rencontrer nos nouveaux collègues dans une ambiance conviviale et amicale. j’espère que nous y viendrons nombreux.

Un accord
Les autorités de l’ULg et de la FUSAGx ont finalement conclu un accord sur les principes de base qui doivent servir à la rédaction d’une convention telle que prévue par le décret d’intégration. Ces principes mettent en évidence les avantages mutuels d’une intégration bien comprise, tels que je les ai déjà décrits dans ce blog. La FUSAGx conservant son nom au sein de l’ULg (même si l’ensemble enseignement-recherche de Gembloux s’appellera désormais « Gembloux Agro-Bio Tech »), gardera la visibilité qui est la sienne et son appartenance à une université complète comme l’ULg ne pourra qu’augmenter cette visibilité. Le non-recouvrement de la plupart des domaines d’activité et d’enseignement (hormis quelques champs de recherche et d’enseignement qui concordent et qui feront donc l’objet d’accords particuliers où l’intérêt premier des étudiants sera prioritaire) efface immédiatement toute inquiétude en matière de concurrence ou de rationalisation. La complémentarité des deux institutions apportera à l’ULg les ressources intellectuelles nécessaires pour devenir la plus complète des universités francophones belges. Chacun y trouve ainsi son avantage. Mais ces évidences, même estompées sous une couche de méfiance initiale, étaient bien connues, souvent réaffirmées et constituaient la base-même du concept d’intégration. Si on ajoute à cela les nombreuses possibilités de fertilisation croisée entre les agronomes et les vétérinaires, les ingénieurs, les biologistes, les chimistes, les géologues, les géographes, les architectes, les économistes/gestionnaires, les sociologues, les juristes et j’en passe, on comprendra facilement que de nouvelles avenues peuvent être tracées et témoigner d’une grande originalité dans l’assemblage des compétences. C’est là que la créativité de nos chercheurs et de nos enseignants pourra le mieux se concrétiser et s’épanouir. Car enfin, ce n’est pas en revendiquant un monopole sur une formation particulière qu’on assure le mieux son avenir, c’est en développant, en saine concurrence avec d’autres universités, des formations dont la qualité découle immédiatement de celles de l’ensemble des enseignants impliqués et s’avère ainsi compétitive.

Un degré d’autonomie
Un autre point d’inquiétude que j’ai déjà mentionné à propos de nos amis de Gembloux est le degré d’autonomie que la FUSAGx conservera après l’intégration et la durée de la période transitoire indispensable pour l’harmonisation, dans tous ses détails, des deux entités. En effet, elles sont très proches à bien des égards puisqu’elles sont toutes deux des institutions publiques (ex-d’Etat) et que les personnels ont les mêmes statuts. Mais malgré cela, il existe de subtiles différences dans la « culture d’entreprise », le degré d’autonomie des unités d’enseignement et de recherche, qui, à Gembloux, ont encore le degré d’indépendance que nous avons connu dans le passé à l’ULg. Si, pour l’ULg, une telle « féodalité » était, vu la taille de l’institution, devenue ingérable avec l’évolution des principes et des techniques de gestion et la réduction relative et persistante des ressources, les dimensions de la FUSAGx lui permettaient encore de fonctionner de cette manière. La période transitoire devra servir à définir les principes de fonctionnement de la nouvelle entité. Il ne faut toutefois pas voir l’évolution de l’ULg vers le système actuel comme une régression, ou une perte de liberté et d’autonomie des anciens « services ». Chacun y a, en fait, gagné en solidarité institutionnelle, un principe auquel je tiens beaucoup. Un exemple : le lancement d’un programme pour lequel les ressources financières attendues ne sont pas encore là reste une impossibilité dans le système des unités indépendantes et autonomes, forcément. Ce handicap a disparu à l’ULg. La période transitoire servira également à faire prendre conscience à nos collègues de Gembloux, de l’intérêt des mesures en place chez nous. L’accord de ce 16 décembre permettra à la FUSAGx de juger des avantages et des inconvénients d’un alignement sur l’ULg et prévoit le maintien d’un système distinct éventuel.

Trois phases
L’accord est passé le 18 décembre devant le C.A. de la FUSAGx qui l’a approuvé. Il sera proposé au C.A. de l’ULg pour approbation le 21 janvier 2009. La convention organisant l’intégration des deux institutions sera soumise aux deux Conseils d’administration au mois de mars 2009 sur base des principes énoncés ci-dessus. Elle sera rédigée par un organe paritaire qui aura également pour rôle de prévoir et d’accompagner le phasage et les modalités de mise en œuvre de l’intégration d’ici à fin 2013, en d’en référer au C.A. de l’ULg — seul C.A. restant à partir d’octobre 2009 — chaque année. Trois périodes transitoires sont prévues : 1) l’année 2009, 2) la période 2010-2014 et 3) la période 2015-2019.

Les deux institutions devenant une seule entité juridique, la première période verra l’intégration de certaines fonctions telles que la comptabilité afin d’établir le compte de résultats et le bilan de Gembloux Agro-Bio Tech en tant qu’entité, le régime TVA (tout en garantissant à Gembloux Agro-Bio Tech le retour TVA lié à ses opérations), le paiement du personnel et la représentation syndicale (CCB, Sécurité et hygiène). Pourront également être discutés, durant la première période, une délégation du contrôle des engagements de certaines dépenses selon des modalités à définir dans la convention, les modalités d’inscription des étudiants de la FUSAGx à Gembloux, les divers processus électoraux à mettre en œuvre dans les délais requis. On pourra également envisager de transférer des activités en relation avec la gestion de l’informatique, les bibliothèques, les marchés de fournitures et de services, la sécurité et la bio-sécurité, ainsi que la valorisation, après évaluation des avantages et des inconvénients de part et d’autre.

Les deux périodes suivantes verront l’intégration progressive se poursuivre et se terminer avec, comme date butoir, le 31.12.14 avec l’intégration complète du financement par la Communauté française, Gembloux Agro-Bio Tech conservant l’ensemble des moyens dont la FUSAGx dispose aujourd’hui.

Voici, en gros, les termes de l’accord signé par les deux recteurs le 16 décembre 2008. Rédiger la Convention ne présentera pas de grandes difficultés, les assurances étant données de part et d’autre. Seule une accélération du processus à la demande expresse de Gembloux Argo-Bio Tech pourrait modifier le cours des évènements. C’est le vœu que je forme, à l’aube de cette importante année 2009 pour nos institutions, celui que ce processus se révèle une telle réussite que les partenaires les plus réticents trouvent que, tout compte fait, cela ne va pas assez vite.

Je n’ai pas l’intention de commencer ici une chronique régulière de nos discussions avec la Faculté agronomique, et encore moins d’en révéler la teneur. Toutefois, je ne puis laisser sans suite mon billet précédent. En effet, une réunion était prévue ce matin à Gembloux, malgré le Conseil d’administration important de cet après-midi qui décidait des promotions académiques et approuvait le budget 2009, sans parler de l’éventuel achat des cinémas Opéra! Et elle a bien eu lieu.

Je puis en dire qu’elle fut franche et cordiale et que bien des malentendus ont été aplanis des deux côtés. Du nôtre, ou plutôt du mien, devrais-je dire, il me faut modérer ma réaction courroucée quant à ce que je considérais comme une rupture de confidentialité de nos travaux de la part de « certains » négociateurs J’en ai reçu des explications rassurantes. D’autre part, j’ai eu tort de sembler insinuer qu’il y avait des ‘bons’ et des ‘méchants’ parmi ces négociateurs: le groupe gembloutois est homogène et sur une même longueur d’onde. Mais bien sûr, les personnalités et les caractères diffèrent, le fond est bien le même, c’est la forme qui varie! Chacun a donc reconnu ses écarts de langage ou d’écriture et nous avons retrouvé une grande sérénité pour nous plonger dans le vif du sujet.

Clairement, en travaillant sur un document de base que j’avais rédigé en fin de semaine dernière, les deux équipes en présence ce matin ont bien compris leurs points de vue respectifs et, simplement en définissant mieux les termes que nous employons et les concepts que nous défendons, nous avons pu percevoir rapidement la réelle convergence des deux démarches et la possibilité de concilier les points de vue.

Sans aller plus avant dans les détails, je dirais que les craintes des autorités de Gembloux — mais peut-être surtout des membres de la Faculté qu’elles représentent — sur le plan financier ont été aplanies. Des garanties ont été offertes sur l’autonomie de gestion, sur le processus d’évolution transitoire dans le temps, le respect de la culture et du mode de fonctionnement de la Faculté, l’objectif à atteindre ensemble et les nombreux terrains de coopération existants ou potentiels.

Le message est donc que les choses avancent à pas de géant (particulièrement aujourd’hui), que la solution complète est en vue (« terre, terre! ») et que tous ceux qui, à Gembloux comme à Liège, craignent que cette intégration ne soit pas l’occasion de saisir une formidable opportunité pour tout le monde peuvent dormir sur leurs deux oreilles. Ou plutôt peuvent continuer à mener leurs activités universitaires sans s’inquiéter d’un changement qui ne sera pas un bouleversement, mais une évolution dont les avantages vont progressivement apparaître à leurs yeux.

Septante-quatre kilomètres, cela peut paraître loin, même si c’est à peine plus que le diamètre de grandes agglomérations comme Londres, Paris ou Mexico, et moins que Pékin. Et pourtant, quelle distance sur le plan de la connaissance et de l’appréciation mutuelles!

Une anxiété compréhensible, mais sans objet

Il me revient que l’intégration de la FUSAGx dans l’ULg crée un sentiment très fort d’inquiétude dans le personnel de la Faculté, tous corps confondus. Les échos que je ne manque pas d’avoir concernant les réactions sur le blog du Recteur de la FUSAGx — un homme sage que je connais fort bien et dont j’apprécie le sens de l’ouverture et de l’écoute —m’inquiètent moi aussi, de mon côté. Tout se passe comme si certains étaient occupés à faire monter la pression et l’angoisse. On parle même, paraît-il, d’une manifestation à organiser sur la place du 20 août à Liège où l’on viendrait déverser des bennes de purin devant l’ULg… Outre l’effet désastreux d’un tel comportement sur les étudiants potentiels (surtout ceux de Gembloux qui ne pourront croire qu’à une seule chose: leur formation va en souffrir!), je doute qu’une telle manifestation donne au public, à la presse et au monde politique, une image de nos partenaires de Gembloux qui corresponde le moins du monde à celle d’une institution high-tech que pourtant elle mérite amplement.

Ce qui me chagrine le plus dans tout ceci, c’est d’apparaître comme un ogre sanguinaire, impatient d’avaler la FUSAGx toute crue et de la faire disparaître de la surface du globe le plus rapidement possible. Et de lui piquer son argent au passage. C’est vraiment mal nous connaître.

Comment a-t-on pu en arriver là ?

Après autant d’années de discussion bilatérale (j’ai retrouvé des textes que j’ai personnellement rédigés avec le Vice-recteur de Gembloux lors d’une mission exploratoire que nos recteurs respectifs nous avaient confiée, textes de 1998 à 2000 qui démontraient — toute modestie mise à part — une véritable vision d’avenir pour nos deux institutions, dans un profond respect mutuel et un sens aigu des opportunités et avantages pour les deux parties), je n’ai pas changé d’avis et aujourd’hui, je ne changerais pas une ligne à mes engagements d’il y a dix ans.

Je suis donc très profondément convaincu de l’intérêt de cette intégration pour tout le monde, mes partenaires en négociation le savent pertinemment bien. C’est pourquoi je suis si surpris d’apprendre que se fomente une révolte ou que se prépare une « résistance à l’envahisseur » d’une très grande vigueur alors même que les discussions sur l’élaboration d’une convention sont toujours en cours. Je pense que tout cela repose sur des malentendus et des interprétations erronées de propos en réalité anodins.

Pour moi, tant que les accords définitifs font encore l’objet de discussions bilatérales, chacun devrait s’en tenir à une attitude de discrétion élémentaire. Toutefois, devant la diffusion d’informations alarmistes par certains négociateurs eux-mêmes, je me vois obligé de rompre le silence que je m’étais imposé et remettre les choses au point.

Où en sommes-nous ?

Un décret a été voté à l’unanimité par le Parlement de la Communauté française qui intègre la FUSAGx dans l’ULg. Il annonce en outre la signature d’une convention qui réglera les détails pratiques et quotidiens du fonctionnement de la nouvelle entité.

Le texte du décret prévoit clairement la préservation d’une grande autonomie de la Faculté, qui prendra le nom souhaité par nos partenaires gembloutois: « Gembloux Agro Biotech », un Vice-recteur de site, « élu par le conseil académique de la Faculté universitaire des sciences agronomiques de Gembloux pour un mandat d’une durée de cinq ans, parmi les professeurs ordinaires relevant de cette faculté et y exerçant depuis deux ans au moins une fonction à charge complète », membre du Collège rectoral et du Conseil d’administration, un représentant des professeurs au C.A., l’ouverture du C.A. aux représentants des personnels scientifique et ATO ainsi qu’aux étudiants de Gembloux, un administrateur du site, et toute l’autonomie que permet la loi pour Gembloux Agro Biotech. Il faut en effet savoir que, ne formant plus qu’une seule entité juridique, certaines duplications ne seront plus possibles. Nous devrons donc avoir une comptabilité unique et une gestion centralisée du personnel. Mais ceci ne veut pas dire qu’il ne pourra pas y avoir de délégations en la matière, ni que les pratiques actuelles de la FUSAGx en matière de gestion des ressources seront automatiquement changées et calquées sur celles de Liège. Je n’ai jamais exigé ni même prétendu le contraire!

« L’intégration de la Faculté de Gembloux au sein de l’Université de Liège maintient un ensemble cohérent d’activités d’enseignement et de recherche dans le domaine des sciences agronomiques et d’ingénierie biologique sur le site de Gembloux » dit le décret, […] en maintenant définitivement au sein de l’Université de Liège une structure propre de gestion du site de Gembloux ainsi qu’une représentation spécifique de ce site au conseil d’administration ».

Le décret est donc particulièrement attentif à préserver les us et coutumes de la Faculté et rien dans sa rédaction ne pose de problème véritable.

Comment alors s’entretient l’anxiété ? Avec la future convention. Il est vrai que nous n’avons pas d’accord sur cette convention aujourd’hui mais nous devons d’abord nous entendre sur ce qui est légal ou non.

Pourquoi l’ULg a-t-elle l’air intraitable sur certains aspects de la convention ?

Le décret dit: « L’Université de Liège succède aux droits et obligations de la Faculté universitaire des sciences agronomiques de Gembloux. Le principe de continuité de gestion est d’application. La liste des biens immeubles ainsi transférés est arrêté au 31 décembre 2009 par le Gouvernement. Les créances et les obligations fondées sur les contrats en cours relatifs à la Faculté universitaire des sciences agronomiques de Gembloux, à la date d’entrée en vigueur de la présente disposition, sont transférées à l’Université de Liège. Ces cessions et transferts sont opposables de plein droit aux cocontractants et aux tiers, sans autre formalité. Ils incluent tous les droits et obligations liés aux procédures pendantes et futures. »
Et « Le Patrimoine de l’Université de Liège devient l’employeur des membres du personnel scientifique, administratif, technique et ouvrier engagés par le Patrimoine de la Faculté universitaire des sciences agronomiques de Gembloux ; ils y conservent leur grade et leur ancienneté. La liste des membres des personnel à la date du 31 décembre 2009, ventilée en personnel enseignant, scientifique et administratif, technique et ouvrier, est arrêtée par le Gouvernement. Le conseil d’administration de l’Université de Liège devient l’organe compétent de décision à l’égard des membres des personnels s […][CFB]. »

Chacun comprendra aisément que ces éléments du décret rendent les autorités de l’ULg responsables des créances et obligations ainsi que du personnel. On ne plaisante pas avec ça. Mais j’ai personnellement toujours été clair sur le fait que la gestion resterait, durant la période de transition, la prérogative de la FUSAGx, pour autant que les administrations centrales (finances et ressources humaines) aient accès à l’information. Le décret prévoit cette possibilité, ainsi qu’une latitude de gestion pendant la période transitoire.
Mais mon pari est qu’au bout de cette période, ou peut-être même avant, l’avantage de s’intégrer dans une grande structure bien rodée et efficace (ce dont doute un majorité de gembloutois aujourd’hui) deviendra une évidence, comme elle l’est devenue pour nos collègues vétérinaires qui, tous, se réjouissent d’avoir été intégrés à l’ULg, même si, au départ, la plupart freinait des quatre roues pour ne pas se joindre à nous (leur intégration impliquait leur déménagement à Liège, ce qui n’est en aucune manière le cas de Gembloux car ce serait une aberration monumentale pour des raisons tant politiques que scientifiques: géostratégie et qualité du terrain d’activité). HEC-Ecole de Gestion de l’ULg ne peut pas non plus se plaindre de l’intégration, notre soutien est très important. L’ex-FUL à Arlon non plus: nous avons fait pour elle plus que nous avions promis.
Pourquoi cette » générosité »? Tout simplement parce que l’ULg a intérêt à ce que chacune de ses composantes resplendisse de tous ses feux, et il en sera de même pour Gembloux. Je m’y suis engagé depuis le début et je tiens toujours parole.

Quel impact l’intégration aura-t-elle sur le personnel ?

A la lecture du décret, on comprend que les verrous sont serrés en ce qui concerne l’avenir du personnel et de son statut (il faut savoir que notre « fusion » est la plus simple de toutes: nos statuts sont identiques!). C’est très bien.

Mais qu’en est-il des emplois ? « Toute restructuration entraîne des réductions d’emplois! ». C’est en tout cas ce que tout le monde pense! Il se fait que j’ai annoncé depuis trois ans ma volonté de ne pas réduire d’une seule unité les emplois à Gembloux pendant la période transitoire. Après cela, s’il s’avère raisonnable de revoir les fonctions en se basant sur l’évolution de la Faculté et de ses besoins, nous n’évoluerons que par départs naturels et en bonne concertation. Et que l’on comprenne bien que l’évolution du personnel sera qualitative et que, quantitativement, il ne s’agira pas, sauf nécessité reconnue de tous, de réduction mais, je l’espère, d’augmentation.

Quel impact l’intégration aura-t-elle sur les étudiants dans leurs études et sur les chercheurs dans leur recherche ?

Aucun, si ce n’est une opportunité que nos enseignants feront bien de saisir de part et d’autre pour créer des nouveautés et exploiter l’interdisciplinarité. L’ULg est une université complète, la seule à avoir une faculté de médecine vétérinaire, et elle dispose des compétences en matière d’ingéniérie, de biologie, de chimie, de biochimie, de santé, de nutrition, de sociologie, d’environnement, de droit, de gestion, et j’en oublie certainement. Ne pas profiter de cette aubaine serait une immense erreur pour les deux institutions ainsi que pour leurs étudiants et les chercheurs. Seulement pour cela, il faut que les commissions bilatérales qui ont commencé à travailler ensemble il y a un an soient autorisées à continuer et à aller au bout de leur travail dont je puis dire qu’il était prometteur, si ce n’est que les autorités de Gembloux, inquiètes de l’évolution du décret et de la convention leur ont imposé un moratoire. Ce moratoire, il faut le lever le plus tôt possible.

Que veut dire période transitoire ?

« En vue de la gestion de l’institution, il est instauré une période transitoire s’étendant du 1er octobre 2009 au 30 septembre 2014″.

Il est donc clair que la période transitoire sera de cinq ans. Elle ne pourra être une période d’immobilité. Elle devra voir se développer l’interaction et la collaboration pour atteindre un rythme de croisière dès 2015. Les dernières propositions que je fais et qui seront discutées le 10 décembre devraient recevoir l’accord général. Elles rencontrent les exigences gembloutoises et définissent le mode de fonctionnement à partir de ce moment. Il nous reste à définir l’allure de la progression de l’intégration durant ces cinq ans.

Conclusions

Les deux institutions peuvent s’accorder dans un intérêt mutuel très rapidement. Et elles doivent le faire vite, avant que cette valse-hésitation ne puisse exercer un effet négatif sur notre image commune.

Il faut que cessent la suspicion et les procès d’intention. Ils sont hors de propos. L’ULg n’essaie pas de « rouler » Gembloux. Elle s’associe avec un partenaire respectable et respecté et entend, malgré la différence de taille, être considérée comme un interlocuteur loyal et une future « maison-mère » consciente des atouts de chacune de ses parties et désireuse de les aider à les développer. Et si on ne peut, par méfiance excessive, croire en sa sincérité, on doit au moins comprendre que c’est son intérêt.

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