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Reçu le 3/2, à propos du livre de Jacques Balthazart, sorti le 4 février 2010, « La biologie de l’homosexualité »:
[J'ai été choqué par un] article du Vif parlant des recherches du Dr. Balthazart appuyant ses « arguments » grâce à son nom de professeur de l’ULg.
Je ne suis pas convaincu qu’il ait estimé l’impact que peut avoir le titre de « professeur à l’ULg » dans un article de journal surtout quand celui-ci présente des HYPOTHESES et que celui-ci est destiné au grand public. L’impact qu’il a déjà dans les conversations autour de moi est effrayant… et dangereux, à mon sens.
Tout le monde émet des hypothèses sur l’homosexualité mais sa capacité à repérer les homosexuels grâce à des statistiques est hallucinante! Son « truc » des doigts de la main est proche de la mystification et de la Morphopsychologie et de ces autres fumisteries!!! Je suis homosexuel et mes doigts 2 et 4 ont la même taille… les statistiques ne font pas la Science!!!
Je m’emporte mais je suis sidéré de voir comme cette personne fait revenir une idée reçue que tous le monde essaye d’effacer, comme si l’homosexualité était une « tare génétique »… sans vouloir abuser du point Godwin, nous savons tous où ce genre d’idée peut mener à partir du moment où on identifiera un gène supposé responsable (ce qui devrait arriver grâce à ce genre de méthode scientifique douteuse).
Cordialement,

(Le message n’est pas anonyme pour ce qui me concerne, mais l’auteur ne l’ayant pas mentionné dans le texte, j’ai préféré ne pas le dévoiler, vu le côté délicat de ses affirmations. B.R.)

Monsieur,
Je voudrais tout d’abord vous suggérer de lire le livre plutôt que deux pages d’un magazine qui résument de façon schématique et partielle la thèse qui y est défendue. Par ailleurs, j’ai consulté M. Balthazart qui me dit ceci:
1) il ne s’appuie nullement sur un titre de professeur pour défendre les idées exposées dans le livre mais sur des résultats scientifiques largement admis par la communauté scientifique internationale;
2) le livre ne présente pas des hypothèses mais un faisceau d’arguments scientifiques qui conduisent logiquement à une conclusion, c’est ainsi que la Science avance;
3) le livre n’est pas centré sur des différences génétiques qui expliqueraient l’homosexualité mais sur des effets hormonaux prénataux, ce qui est très différent: en effet, cela veut dire que les homosexuels ne sont pas responsables de leur orientation sexuelle et une analyse génétique aussi poussée qu’elle soit ne peut permettre de le détecter, pas plus qu’aucune autre technique d’analyse;
4) contrairement à ce que vous dites, les statistiques font la Science! Elles seules démontrent l’existence d’un fait d’observation. Ceci dit, des écarts à la moyenne ne permettent aucune prédiction quant aux cas individuels, il ne s’agit donc pas ici de « repérage »;
5) pour faire bref, l’association d’un changement du rapport des longueurs des doigts 2 et 4 avec l’homosexualité ne se retrouve que chez les femmes homosexuelles, pas chez les hommes (comme indiqué correctement dans le Vif). Il n’est donc pas inattendu que vous ne retrouvez rien d’anormal au niveau de vos doigts (voir aussi point 4).
Quant aux conséquences sociales des recherches scientifiques et de leur divulgation, l’auteur s’en est clairement expliqué dans le Soir du 4 février. Vous trouverez des éléments d’information objectifs sur le blog de Luc Roger ou dans la discussion en cours sur le forum Yagg. En outre, le professeur Balthazart accepte d’être consulté par mail: jbalthazart@ulg.ac.be

B. Rentier

Le cap des 30.000 références indexées dans ORBi est franchi ! Dont 20.000 en full-text !
Je suis très fier de l’équipe qui a réussi cette performance et nous a donné un outil extrêmement précieux, dans toutes les disciplines, y compris un système performant de génération de liste de publications multi-usages que chacun peut utiliser comme il/elle l’entend.
Félicitations également à tous ceux qui ont installé ou fait installer leurs publications.
Ceci nous place, dans le catalogue ROAR, en 46e position sur près de mille dépôts institutionnels (Research Institutional or Departmental) en nombre total de références et 2ème en rapidité d’accroissement (high activity).
Si j’ajoute que le délai entre l’introduction d’une référence sur ORBi et son apparition sur Google est généralement de moins d’une heure, tout le monde comprendra que cet outil est un remarquable résonateur de la production scientifique de notre institution, magnifiquement inséré dans l’univers de la communication moderne. Et chacun pourra aussi juger de la fréquence de lecture de ses travaux grâce aux outils statistiques individuels récemment rendus accessibles à tous les auteurs.
Bravo !

C’est une ironie tragique qui nous accueille sur le site web de l’Université d’Etat de Haïti. Tout s’y passe comme si cette institution, avec laquelle nous avons de solides relations, avait échappé au désastre du 12 janvier. Il est exactement comme il était avant la première secousse, ses photos de bâtiments debout, ses accomplissements mis à l’honneur, ses projets fièrement annoncés…
Personne n’y a touché, à ce site. C’est très émouvant. Surtout lorsque l’on sait qu’il ne reste pas grand chose aujourd’hui, que tout est détruit, effondré, écrasé, anéanti.

C’était une université de taille comparable à celle de la nôtre: 20.000 étudiants, 1.500 enseignants et 800 autres membres du personnel.
Aujourd’hui, beaucoup de nos collègues ainsi que de très nombreux étudiants sont décédés. « Il ne se doutait pas que ce lieu qui avait abrité ses recherches durant près de trois décennies, ce havre de réflexion et de production intellectuelle, serait son tombeau. Comme celui de centaines d’enseignants et d’étudiants », lit-on sur le site de Montray Kréyol dans un superbe hommage au professeur Pierre Vernet, éminent linguiste créole, mort en plein cours, avec ses étudiants.
Autour de lui, le tremblement de terre a tué beaucoup d’autres intellectuels. Une grande partie du potentiel universitaire si essentiel pour l’avenir de ce pays — où 80% des gens sont analphabètes — a disparu en quelques secondes.
C’est un immense espoir de sortie de la misère, vécue comme une fatalité, qui est ainsi fauché, mais aussi une jeunesse porteuse de la conscience démocratique du pays.

Il importera désormais que les haïtiens prennent eux-mêmes en main leur reconstruction et que, dans ce cadre, ils le fassent avec un souci de qualité. Les organisations internationales déjà sur les lieux devront se préoccuper d’analyser les besoins immédiats, mais aussi les conditions de l’accès à des moyens d’existence pérennes et stables, en ce comprises les conditions d’une gouvernance politique équitable et moderne, et ceci en étroite collaboration avec les haïtiens eux-mêmes.

C’est exactement dans cet esprit que se développait jusqu’ici le projet de coopération institutionnelle de la C.U.D. francophone belge avec l’Université d’Etat de Haïti: « soutenir et développer sur place les capacités d’enseignement, de recherche et de gestion des institutions universitaires ». Nous avons donc, heureusement, une longueur d’avance sur les conséquences de la catastrophe et il faut absolument que Haïti en tire profit. Rapidement.

Au départ de ce projet, nos collègues haïtiens ont procédé à une analyse de leurs priorités de développement et des missions à assurer. Le programme est donc conçu sur base des choix stratégiques de l’institution partenaire elle-même. La gestion en est commune, en groupes de pilotage interuniversitaires et interdisciplinaires, dans une relation de confiance mutuelle. Les partenaires belges se mettent au service des projets en y apportant leur capacité de négocier, discuter, planifier et évaluer ensemble. Ils apportent une contribution plus spécifique quand elle est demandée (par exemple en accueillant des stagiaires, ou en donnant des cours là où une compétence est manquante). Ainsi, le projet s’articulait, à la demande des haïtiens, autour de l’amélioration de l’enseignement, de la recherche, mais aussi de la capacité de gouvernance de l’université.

Ce projet a, aujourd’hui, plus de sens que jamais. Il doit continuer. Il coûtera plus cher, bien évidemment. Même si nous n’avons pas la prétention de contribuer massivement à une reconstruction des infrastructures ni à un rééquipement, nos experts pourront apporter une aide à la formation des jeunes, à la conception des programmes de renouveau, à la relance des activités spécifiquement universitaires et au développement des compétences autonomes dont le pays va avoir immensément besoin.

C’est pourquoi, même si cela peut sembler dérisoire en comparaison avec le formidable élan de solidarité et l’aide internationale qui s’organise, nous avons voulu contribuer à notre façon, modestement, mais spécifiquement, à la relance universitaire, de partenaire à partenaire, d’université à université.

C’est ainsi que vous pouvez, dès à présent, que vous soyez membre de l’Université de Liège ou non, si vous croyez en l’utilité d’une entraide directe au niveau universitaire, effectuer un don au compte Haïti:

    340-1558036-60

ouvert pour l’occasion par l’Université de Liège.
C’est à ce programme, dans sa nouvelle forme, qu’il sera entièrement consacré.

Pour plus d’informations, consultez le site de l’ULg.

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Et voici un texte bouleversant, que nous avons reçu de la part du recteur Jacky Lumarque de l’Université Quisqueya de Haïti:

« Chers collègues et amis,
C’est mon premier contact avec l’internet depuis le séisme de mardi. Je m’excuse auprès des amis que mon silence a pu inquiéter; mais j’étais très concentré sur les opérations de récupération des survivants et l’aide aux familles sinistrées. Ma conviction était de ne jamais cesser les opérations de sauvetage avant d’avoir la confirmation que les personnes recherchées étaient bien mortes.
Voici la situation. J’ai arrêté définitivement depuis hier la recherche de survivants et je suis finalement en mesure de sortir des décombres les cadavres identifiés : 5 étudiants de la fac des sciences de l’éducation dont 2 abbés de la congrégation des Salésiens, un père et une sœur de la congrégation de Ste Croix, un professeur, un ingénieur et deux jardiniers. Nous saurons ce matin s’il y a d’autres victimes que les personnes identifiées.
Les cadavres sont en décomposition avancée et nous avons dû transformer rapidement une citerne en caveau, dans l’espace du jardin botanique. Ce lieu sera le mausolée dédié aux victimes du séisme. Mgr Dumas, les provinciaux des congrégations de Don Bosco et de Ste Croix diront une messe à midi pour les défunts. Ceux qui ne peuvent être physiquement présents nous accompagneront de leur pensée affectueuse.
Je remercie spécialement les étudiants et les jeunes volontaires (dont la plupart n’ont même pas fait leur certificat d’études primaires) pour le courage extraordinaire dont ils ont fait preuve en travaillant 48 heures d’affilée afin de sortir des décombres près d’une vingtaine de survivants, sans moyens techniques et au péril de leur vie. Ceux que nous avons vu mourir sous nos yeux sont morts faute de moyens et d’équipements pour écarter les poutres et les dalles entre lesquelles les corps se trouvaient coincés.
Tous nos bâtiments ont été détruits y compris le Musée qui accueillait une exposition consacrée au célèbre peintre américain d’origine haïtienne Jean Michel Basquiat et les trois appartements que nous avions dédié aux professeurs invités en mission d’enseignement pour Quisqueya et les autres universités haïtiennes reconnues par l’Etat. Nous devrons recommencer à zéro et je n’ai aucun doute sur notre capacité collective à trouver les moyens, l’énergie et la détermination pour le faire. Pour l’instant, Quisqueya se mobilise pour venir en aide aux familles sinistrées. Le campus du boulevard Harry Truman a été transformé en un centre d’accueil où 10,000 personnes sinistrées de Cité L’éternel sont déjà installées. Les Centres Gheskio et des médecins américains assistent les malades et les blessés. TOUS les étudiants finissants de la fac de Médecine de Quisqueya sont invités à venir nous assister dans l’organisation de la vie communautaire et la dispensation des soins de base. Nous attendons que l’enceinte soit sécurisée (les murs de clôture sont à remettre en place) avant d’entrer dans la distribution de nourriture, afin d’éviter les actes de pillage.
L’esplanade et le parking du campus de Turgeau seront également transformés en un centre de soins pour les sinistrés. Comme nous sommes installés tout près du réservoir principal de la Centrale métropolitaine d’eau potable, nous cherchons à mettre en place une petite usine de traitement d’eau afin de produire 3.000 gallons d’eau potable par jour, qui pourront desservir les résidents et les « colonies » des quartiers périphériques (Turgeau et Debussy). Nous attendons une aide de « Aide et Action » pour faire venir de la République Dominicaine les équipements pour l’installation du centre de traitement d’eau. Les étudiants de Quisqueya sont invités à se constituer en un réseau de solidarité universitaire. C’est en aidant les plus fragiles qu’ils trouveront en eux-mêmes l’énergie et l’inspiration pour organiser la reconstruction de leur vie personnelle et de l’espace collectif.
L’aide internationale est abondante mais mal coordonnée et les frustrations sont grandes. La population s’est spontanément organisée en « colonies » de quartiers ; il faut soutenir ces structures en les aidant à s’organiser de manière rationnelle, tout en canalisant les secours vers les plus nécessiteux.
Merci à tous nos amis pour l’expression de leur solidarité et de leur affection. Le plus dur est devant nous quand il faudra reconstruire et que les élans de solidarité spontanée et immédiate seront épuisés. Ce sera aux Haïtiens de s’organiser eux-mêmes avec l’aide de réseaux d’amis solidaires qui ne sont pas motivés exclusivement par la recherche de la visibilité médiatique ».

(Merci à Isabelle Halleux pour sa contribution. Merci également à tous les membres de l’ULg qui travaillent avec l’UEH. Bon courage!)

Tant à l’ULg qu’au FNRS, les choses bougent en matière de recherche, avec une amélioration de l’adaptation aux standards internationaux actuels et respectant la Charte Européenne du Chercheur (pdf), particulièrement pour ce qui concerne l’évaluation des dossiers.

Au FNRS, les évaluations ex ante vont être dorénavant confiées à des évaluateurs étrangers et s’effectueront en deux étapes. Mercredi 16 décembre, à 12 heures, Madame Véronique Halloin, Secrétaire générale, viendra aux amphis de l’Europe au Sart Tilman faire une présentation des nouvelles procédures de demandes de bourses et mandats qui entreront en application dès 2010 et un aperçu de la nouvelle méthodologie d’évaluation. J’espère y voir nos chercheurs très nombreux.

A l’ULg, le C.A. du 9 décembre a constitué les conseils sectoriels de recherche qui, comme leur nom l’indique, prendront en charge les évaluations dans les 3 domaines sectoriels de recherche de l’Institution qui seront mis en place dès janvier 2010, conformément au Projet pour l’ULg.

Ces changements suscitent bien des questions et des inquiétudes. Cette semaine, une soirée d’information pour les membres des commissions du FNRS et deux journées de débat ont été organisées. Une nouvelle manière d’appréhender la gestion de la recherche se dessine. Elle devra, elle-même, être évaluée lorsqu’elle produira ses effets.

Monsieur le Recteur,

Peut-on connaitre la raison qui a fait que ce soit par le Spiegel qu’on ait appris ce qu’on peut appeler « l’aventure Rom Houben » qui a mis l’ULg au premier plan avec Coma Science Group et le docteur Steven Laureys?
Pourquoi l’ULg elle-même n’a-t-elle pas fait cette communication ? Il y avait là une magnifique occasion d’en montrer toute la qualité en matière de recherche.
Je vous remercie de l’attention que vous porterez à ma question et de la réponse que vous voudrez bien lui donner.
Je ne suis pas universitaire mais liégeois…

Xavier Jeangette
Liège

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Cher Monsieur,

Merci pour cette question judicieuse qui concerne un évènement médiatique sans précédent dans l’histoire de notre Institution, portant sur la découverte d’un état de conscience insoupçonné chez un patient déclaré en état végétatif depuis plus de 20 ans.

En réalité, la toute première raison pour l’apparente discrétion que vous relevez est que ni l’ULg, ni le CHU, n’ont souhaité communiquer trop tôt cette information, par souci du respect tant du secret médical que de la famille et des proches du patient. Ensuite, dans ce genre de circonstance, il est indispensable, en raison de l’effet que peut provoquer une telle information, de s’assurer qu’il ne s’agit pas d’un phénomène temporaire, et une multitude d’observations sont nécessaires avant de pouvoir en faire un communiqué de presse.

Toutefois, les travaux de Steven Laureys et de son équipe ont été abondamment salués et reconnus dans le monde scientifique depuis des années. Ils ont d’ailleurs fait l’objet d’un article en septembre dernier dans notre revue de vulgarisation scientifique « Reflexions », l’ULg ayant pleinement conscience de l’importance de ces travaux étonnants.

En juillet dernier, les informations sur l’évolution du désormais célèbre Rom Houben, le fait extraordinaire qu’il ait appris à communiquer du fond de son « coma » et même d’entreprendre l’écriture d’un livre, le désir de ses proches de divulguer ces informations de manière large et l’assentiment du patient lui-même d’être porteur d’un témoignage sur le locked-in syndrome, ont conduit l’ULg et le CHU à révéler le « cas Rom Houben » à la presse. Sans effet…

Si ce n’est Der Spiegel qui a immédiatement saisi l’impact potentiel d’une telle découverte sur le plan médiatique, portant en elle la réminiscence du film bouleversant de Penny Marshall avec Robert De Niro et surtout Robin Williams: Awakenings (en français: « L’Eveil »). Les implications de cette révélation en matière de bioéthique apparurent immédiatement. Les mois qui suivirent furent nécessaires à une préparation physique et mentale du patient, de sa famille et de ses proches et, seulement lorsque toutes les conditions requises furent réunies, le Spiegel sortit l’information avec l’impact que l’on sait.

On peut donc tirer plusieurs leçons de cette histoire, même si je ne m’étends pas sur les aspects médicaux et éthiques, largement traités par ailleurs, et que je me focalise ici uniquement sur l’aspect médiatique.

1. L’ULg a cessé d’être inutilement discrète sur les trouvailles de ses chercheurs, elle essaie au contraire de les médiatiser au maximum. L’équipe de communication a été renforcée et restructurée, avec un impact sur notre présence dans les media parfaitement mesurable. C’est également une des utilités du magazine en ligne « Reflexions »: faire connaître la science (au sens le plus large) liégeoise au monde entier (« Reflexions » est diffusé également en version anglaise), une production lourde et complexe, entièrement au service de la recherche de l’ULg et du CHU. « Reflexions » attirait déjà l’attention travaux du Coma Group en novembre 2008 avec un très bel article intitulé « La Consience emmurée » et consacré précisément à ce même sujet. Le cas d’une patiente capable, dans son coma, de reproduire des images mentales de ce dont on lui parle (déambuler dans sa maison, jouer au tennis) y était déjà décrit et expliqué, sans que cela ait déclenché un ouragan médiatique comme cette fois-ci.

2. Si l’on veut bien me pardonner cette comparaison de mauvais goût, je dirais que malgré ses efforts de communication, l’ULg reste locked in, emmurée, dans le statut provincial que lui impose aujourd’hui la presse. La quasi absence de rédactions des journaux écrits, parlés ou télévisés appauvrit considérablement notre capacité de transmettre des messages d’intérêt général et confine neuf fois sur dix les scoops à une diffusion strictement locale. Ce n’est que rarement, lorsque l’information est, par chance, décodée et considérée comme suffisamment porteuse, que les pages « nationales » s’ouvrent. Cet emmurement, contre lequel beaucoup de liégeois se sont très justement et très souvent élevés, constitue un handicap qui fait que la presse ne rend que trop rarement justice aux talents liégeois, quels qu’ils soient.

3. Que l’information sur Rom Houben, Steve Laureys et le Coma Group doive son succès médiatique en raz-de-marée mondial à un grand journal allemand n’est pas du tout un camouflet imposé à la communication de l’ULg. Sans elle, le Spiegel n’en aurait jamais rien su! Mais c’en est un pour la presse belge qui n’a pas saisi l’importance de l’évènement et n’a pu que monter dans le train des grandes rédactions de la planète entière qui se sont donné rendez-vous au Cyclotron de l’ULg la semaine dernière. Mais soyons beau joueur: la reconnaissance n’est-elle pas plus grande encore comme cela…?

Bel hommage à ORBi de la part Marc Couture, de l’UQÀM, dans American Scientist Open Access Forum:
« I see (but it may be highly subjective) more progress on the general front of Gold OA with, for instance, successes like PLoS, two journals appearing every day in DOAJ, etc. Somewhat paradoxically, the feeling that this flavour (colour?) of OA is indeed accelerating gives me the impetus to keep on putting much energy in Green OA where, as far as the repository I contributed to create is concerned, progress is slow, if not illusory…
But I must admit that we see also interesting advances on the Green-OA front, with mandates piling up, albeit at a modest pace.
By the way, I saw recently that at Université de Liège’s, which adopted a mandate, the repository ORBi went from 178 full-text documents in July 2008 to… no less than 15 000 documents (mostly articles) 15 months later (source: http://orbi.ulg.ac.be/stats).
Now that’s some success… »

En effet, l’analyse du professeur Couture, père du dépôt institutionnel de l’UQÀM, Archipel, démontre, si c’était encore nécessaire, que seul le caractère obligatoire du dépôt garantit son remplissage avec des documents en full text. D’où sa déception de n’avoir pu convaincre les autorités de son université de prendre les mesures nécessaires.
Aujourd’hui, seules un peu plus de 100 institutions dans le monde (106 pour être précis) ont adopté une politique d’obligation et une soixantaine d’entre elle ont pris de réelles mesures d’application incitatives de cette obligation. Cette politique apparaît certes comme très impopulaire au premier abord parce qu’elle exige, dans un premier temps, des efforts qui semblent superflus. Mais je peux témoigner que ce mécontentement est de courte durée. Dès que les chercheurs réalisent que le dépôt, via les moteurs de recherche, offre à leurs publications récentes un public élargi et à leur anciennes productions un nouveau public, leurs réticences s’estompent. De plus, si l’effort initial est énorme, la suite est beaucoup plus légère, au fil des publications ultérieures.

D’autre part, si mécontentement il y a, celui-ci est d’autant moindre que le travail a effectuer est rendu plus simple et plus court. C’est, là aussi, et comme l’exprime Marc Couture dans un second billet cette nuit, une caractéristique du système ORBi, dont la manipulation a été rendu aussi intuitive que possible. Et d’inviter chacun à se rendre sur le site pour les explications fonctionnelles en francais et en anglais et en comprendre l’immense éventail de possibilités et la richesse des informations. La lecture de cette seule page web devrait donner à chacun la réponse à toutes ses inquiétudes et inciter tout chercheur à déposer ce qu’il a, j’imagine, de plus cher professionnellement, et qui constitue le reflet précis de son travail quotidien: ses publications.

Je viens d’avoir l’occasion de voir, en primeur, les tirages qui seront produits automatiquement à partir d’ORBi dans quelques jours pour les procédures d’évaluation: ils sont en tout point remarquables. On y trouvera la réponse à bien des critiques qui me sont parvenues quant à l’information qu’ils allaient fournir, certains s’interrogeant sur ce que j’attendais de ces rapports automatisés, quelques uns se déclarant sûrs que je n’accepterais que les publications internationales revues par les pairs. C’est pourtant simple: le dépôt institutionnel, ORBi, peut (et devrait) contenir toute la production de recherche de chacun, pas seulement les publications internationales revues par les pairs. C’est dans la distinction claire des catégories que réside tout l’intérêt du système. Il faut qu’on puisse faire la part des choses facilement. Tout le problème des listes de publications et d’activités scientifiques, actuellement, est dans l’inextricable confusion des catégories, même si les intitulés des différentes sections de la liste-type des publications est claire. C’est aux experts sollicités et aux Conseils de recherche des futurs Secteurs qu’il appartiendra de décider ce qu’ils souhaitent prendre en compte et quel poids ils voudront donner aux différents éléments. Il est évident que la diversité de la composition des Conseils assurera l’équité de l’évaluation. Comme je le dis souvent, je fais le pari de l’intelligence. Dans une université de qualité, cela devrait n’inquiéter personne.

Ces derniers jours, on a beaucoup parlé et écrit sur le podcast à l’Université. Perçu par beaucoup comme un gadget de plus, il n’a pas été facile de le faire apparaître pour ce qu’il est: un véritable outil de remédiation.

Chacun sait que le meilleur apprentissage est celui qui bénéficie d’une répétition. C’est comme cela qu’il faut le prendre, pas comme un incitant au « séchage » des cours, évidemment (question la plus fréquente).
Si le podcast permet de pallier les inconvénients d’une absence momentanée, compter sur lui pour s’absenter systématiquement ou même à plusieurs reprises serait prendre de très gros risques, à commencer par celui de l’incapacité de tout revoir dans les délais.
Par contre, revoir un cours auquel on vient d’assister, et tenter d’ainsi éclaircir des éléments qui n’ont pas été compris d’emblée, revoir les projections dans de bonnes conditions, assorties des commentaires de l’enseignant, peut constituer une véritable remédiation immédiate et spécifique.

La deuxième question la plus fréquente est « comment les professeurs vont-ils prendre cette innovation? Ne seront-ils pas « bloqués » par l’idée d’être filmés et de ce qu’on pourrait faire de ce document par la suite? »
Tout d’abord, l’usage du podcast n’est en rien obligatoire. L’utiliseront ceux qui se sentent décontractés face à lui. Ensuite, l’envoi de l’enregistrement se fait via MyULg, il est donc précisément ciblé, ce qui limite les dérives éventuelles sans toutefois les empêcher complètement. Nous devrons donc être vigilants, quoi qu’il arrive. Par ailleurs, aujourd’hui, les étudiants enregistrent déjà les cours, en audio mais aussi en video, dans des conditions bien moins bonnes. Mieux vaut leur offrir des documents de qualité optimale pour cet usage.

Enfin, la troisième question est « l’ULg n’exagère-t-elle pas dans une espèce de course à l’informatisation à outrance de ses enseignements? »
Je ne le pense pas. Tout ce qui est aujourd’hui à la disposition des étudiants leur est potentiellement utile, évidemment selon l’usage qu’ils en font. MyULg est une mine de potentialités. Il est déjà en place depuis plusieurs années et fonctionne fort bien. C’est par lui que les enseignants peuvent fournir aux étudiants leurs notes, des informations pratiques, des illustrations, leurs présentations. Le podcast n’est qu’un élément de plus, sur la même base.

Enfin, à l’argument qui repose sur la fracture sociale informatique, la réponse est dans la mise à disposition de plus de 650 ordinateurs sont disponibles dans 45 salles. L’outil informatique est utilisé par 90% des étudiants et ils en sont demandeurs.
L’autre réponse se trouve dans un article de Guy Ménant dans le dernier numéro de la revue Futuribles. Il y expose que, dans un contexte d’accélération de l’évolution des techniques de communication et de la nécessité grandissante d’une maîtrise de ces techniques pour de très nombreux emplois aujourd’hui, c’est lors de la formation de base que doit s’acquérir cette capacité. Les TIC font donc partie de la mission éducative de l’enseignement en général, du supérieur en particulier. Par ailleurs, il attire l’attention sur le fait que les TIC offrent des possibilités accrues d’accéder à l’information et que les systèmes éducatifs ne peuvent plus ignorer ce fait. « Et si l’École n’est certes pas à même de supprimer le fossé numérique entre les élèves ayant un accès aisé aux nouvelles technologies et ceux n’en ayant pas les moyens, elle a en revanche un rôle essentiel à jouer pour qu’il ne se creuse pas davantage, en permettant à tous d’acquérir les compétences de base de leur utilisation ».

J’ai apporté quelques précisions au niveau des conclusions de l’enquête, expliquant mieux les raisons du rééquilibrage des secteurs et la suite de la procédure. C’est ça la publication liquide, un texte peut toujours évoluer!

L’ULg se distingue en étant la première université partenaire de la nouvelle Carte Jeunes, offrant ainsi une multitude d’avantages à ses étudiants en Belgique mais aussi dans de très nombreux pays étrangers. Une belle première.

Le but, ce n’est pas le bout du chemin, c’est le cheminement.

(Eric-Emmanuel Schmitt, Le sumo qui ne pouvait pas grossir, Albin Michel, 2009)

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