Recherche


A l’approche de la mise en place des éléments du Projet pour l’ULg, et en particulier de la mise en place des Instituts de recherche qui, comme je l’ai souvent dit, seront essentiellement constitués chacun d’un Conseil de recherche « décentralisé » en quelque sorte, il était utile de se tourner vers les chercheurs. En effet, depuis plusieurs mois, je reçois des messages d’impatience par rapport à la mise en place de ces nouvelles structures et des demandes de pouvoir s’exprimer quant à l’orientation que chacun désire choisir.

Du 9 au 18 octobre, une enquête a été organisée par voie électronique auprès des membres permanents du personnel académique et scientifique de l’ULg et des permanents du FNRS. Les membres de la Communauté universitaire ont dès à présent un accès réservé à l’analyse détaillée de cette enquête sur le Blog Projet.

En résumé:
1. Le choix principal se porte généralement sur un des secteurs « de base » (Sc. du vivant 35%, Sc. de la matière 20%, Sc. humaines 35%). Le domaine de l’environnement n’est que rarement choisi en premier (10%). Par contre, il est largement majoritaire et disséminé sur l’ensemble des facultés en tant que deuxième ou troisième choix. Ces choix ne sont pas l’expression d’une préférence, mais de l’estimation par les chercheurs de la fréquence de soumission de leurs travaux ou de leur CV de recherche pour évaluation.
Il semble donc évident que le domaine de l’environnement, dans son aspect très largement multi-disciplinaire, correspond mal à un Institut au même titre que les trois autres, mais plutôt à un grand Centre de recherches.
2. On peut alors imaginer de créer trois Instituts et non quatre.
3. Dans ce cas, il convient de rééquilibrer les Instituts en en créant un pour les Sciences et Techniques et un pour les Sciences de la Santé aux côtés de celui des Sciences humaines. Ceci amènera un transfert, les Sciences et Techniques constituant un secteur plus large que les Sciences de la matière, et les Sciences de la Santé un domaine plus restreint que celui des Sciences du vivant.
4. Je propose également de remplacer le terme d’Institut par celui de Secteur de recherche, l’utilisation du premier amenant trop de difficultés et de confusion par rapport aux structures existantes.

ORBi a franchi aujourd’hui le cap des 20.000 publications répertoriées, dont 70% en « full text » (il va falloir être attentifs à ne pas descendre en dessous de cette proportion, l’idéal étant, évidemment, 100%) en avance sur la prédiction de septembre dernier, qui pariait sur mi-novembre. C’est un succès remarquable.

Dans la rubrique des statistiques d’ORBi, l’analyse des publications les plus consultées ou les plus téléchargées montre que, parmi celles-ci, on trouve une proportion importante de publications en sciences humaines. Certes, dans plusieurs domaines des sciences exactes ou des sciences de la vie, il existe des sites Internet spécialisés (PubMed par exemple) que les chercheurs du monde entier sont désormais habitués à consulter d’emblée et qui sont plus efficacement indexés que notre dépôt, en raison de leur richesse et de leur notoriété. Ceci induit donc un certain biais en faveur des autres domaines au sein d’ORBi. Mais en même temps, l’utilité dORBi pour la visibilité des domaines moins favorisés par l’évolution des dépôts thématiques internationaux devient tout-à-fait évidente. Je m’en réjouis.

Une belle manière de célébrer l’Open Access Week qui verra également une participation d’EOS à la grande conférence « ‘Working Together to Strengthen Research in Europe » qu’organise la Commission européenne et qui traitera, entre autres, de l’OA et des dépôts institutionnels. On peut s’attendre à l’exigence prochaine, de la part des Communautés, de la mise en accès direct des publications issues de la recherche financée par l’Europe. C’est, en tout cas, l’idée que nous défendrons. Avec Orbi, nos chercheurs auront d’emblée une longueur d’avance.

Nos approchons des 18.000 références dans ORBi, dont 72% en full text.

Plus encore que le nombre d’entrées, c’est le nombre de textes complets qui importe. En effet, on pourrait se satisfaire d’une liste bibliographique qui permettrait à l’Université de disposer des titres et métadonnées simples de la production scientifique de ses chercheurs, mais on manquerait alors une formidable occasion de rendre accessible la vraie matière à tous ceux que ça intéresse. En effet, il est indispensable pour cela que le contenu soit complet, voire même agrémenté de données complémentaires de toutes sortes (données brutes, photos, films, enregistrements sonores, etc). Il faut également que les moteurs de recherche viennent retrouver les mots-clés au sein même des textes qui doivent donc être entièrement lisibles.

Nous pouvons être fiers de la technologie qui a été mise au point pour ORBi et de la large compréhension dont chacun a fait preuve même si, au début, beaucoup rechignaient à se plier à l’exercice. Ceux qui l’ont fait savent aujourd’hui combien il leur sera facile de continuer à alimenter le dépôt au fur et à mesure de la sortie de leurs publications.

Nous pouvons être fiers également du travail d’expert qui a été accompli par l’équipe du Réseau des Bibliothèques car cette qualité se fait nettement sentir. Contrairement à beaucoup d’autres universités qui ont confié l’encodage à des employés temporaires, à des étudiants jobistes et aux bibliothécaires qui s’acquittent de cette tâche sur base d’informations fournies par les chercheurs en format papier sans réel souci d’harmonisation préalable, nous avons fait reposer la rigueur sur les personnes les plus concernées (dès qu’elle ont compris qu’elle l’étaient!). Ces institutions atteignent donc à peine 20% de documents en full text, elle dépensent de lourdes sommes dans ce contexte pour un résultat décevant avec le risque d’essouflement des équipes et de découragement des chercheurs. Notre approche est certes, au départ, moins populaire auprès de ceux-ci, mais elle se révèle en définitive payante pour tout le monde, et efficace.

Le registre des dépôts en accès libre (Registry of Open Access Repositories, ROAR) nous place en 54è position pour le nombre total de références parmi les 802 répertoires institutionnels connus (c’est là un ranking objectif, basé sur un seul critère, donc acceptable! ;-) ).

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« It is one of the noblest duties of a university to advance knowledge and to diffuse it, not merely among those who can attend the daily lectures, but far and wide ».
(Daniel Coit Gilman, first President, Johns Hopkins University, 1878)

« An institutional repository …
• fulfils a university’s mission to engender, encourage and disseminate scholarly work;
• gathers a complete record of its intellectual effort;
• provides a permanent record of all digital output;
• acts as a research management tool;
• is a marketing tool for universities;
• provides maximum Web impact for the institution ».

(Alma Swan, Key Perspectives, 2009)

Tout le monde sait aujourd’hui que je tiens énormément à ce que les enseignants que l’ULg recrute en son sein ou au dehors aient, au préalable, effectué au moins un séjour de longue durée à l’étranger. C’est presque devenu une plaisanterie…

Ce n’est pourtant pas nouveau. Personne ne peut plus dire « on ne savait pas ». C’était déjà un objectif que nous nous étions fixés, le recteur Legros et moi, dès 1997, comprenant clairement que nous ne pouvions pas parler sérieusement d’internationalisation de l’université sans cela. Evidemment, nous ne disposions d’aucun moyen pour atteindre ce but. En effet, le C.A. ne peut se montrer plus exigeant que la Loi. Or un long séjour à l’étranger n’est pas légalement requis pour accéder à une charge de cours.
On ne peut donc placer l’exigence qu’ensuite, parmi les critères attendus pour une promotion. C’est évidemment trop tard. Lorsqu’une personne se voit confier une charge de cours, on attend d’elle, au moins dans les premières années, qu’elle soit très présente pour accomplir ses missions. C’est avant qu’il faut agir.

J’ai pris l’habitude de rencontrer personnellement les nouveaux chargés de cours qui n’ont pas effectué de long séjour professionnel de recherche à l’étranger. Dans la majorité des cas, s’ils ne l’ont pas fait, ils me confient que c’est parce qu’on ne leur en a pas laissé l’occasion. Les « patrons » semblent considérer que leurs jeunes collaborateurs leur sont plus utiles s’ils restent auprès d’eux, et sacrifient donc leur carrière à des contingences immédiates. Sans doute pensent-ils que cela n’a pas d’importance.

C’est cette indifférence que je souhaite ébranler, en faisant en sorte que chacun prenne conscience que le séjour de longue durée (pour moi, 1 an minimum, mais depuis quelques années, on transige hélas à 6 mois…) à l’étranger n’est en rien remplacé par de nombreux séjours de trois jours ou d’une semaine, ni par la participation à des colloques et des congrès, ni par des collaborations actives avec des équipes étrangères. C’est un état d’esprit, une véritable expérience, une épreuve en quelque sorte.

Croyez-le ou non, je reçois encore des plaidoyers (pas tellement de la part des intéressés, mais plutôt de leurs « patrons » ou de collègues qui soutiennent leur candidature) arguant que dans telle ou telle branche, le séjour à l’étranger ne se justifie pas. Cet argument s’applique généralement aux cas où la matière étudiée est soi-disant locale! Mais le séjour à l’étranger vise à acquérir l’expérience irremplaçable de l’adaptation au travail dans un autre environnement, pas nécessairement à avancer dans la recherche qu’on a réalisée jusque là. A la limite, il vaut même mieux changer de sujet, ne serait-ce que temporairement, pour des raisons évidentes d’élargissement du champ d’expertise et/ou de réflexion.
A côté de cette sotte excuse, on en trouve aussi souvent une autre: « qui va encadrer les stages ou les TP si untel s’en va un an ? » Pire: « Dans notre domaine, la présence ici est indispensable ».
Entendre cela, dans une université comme la nôtre, n’est plus acceptable.

Aussi ai-je demandé au C.A. le 3 juillet de me donner carte blanche pour élaborer un règlement précis sur les exigences s’appliquant à l’accès à une fonction académique, avec pour accord de principe de rendre cette exigence incontournable pour les promotions. Cette nouvelle réglementation sera soumise à un prochain C.A. Et je ne désespère pas d’arriver un jour à placer cette exigence avant la primo-nomination, là où elle doit opérer une sélection.
Aujourd’hui, 45% des nouveaux chargés de cours n’ont jamais séjourné en dehors de l’ULg au moins 6 mois. C’est trop. Nous devons encourager les séjours post-doctoraux à tout prix.

Encore un magnifique succès hier soir pour l’opération Télévie, qui récolte 8.162.543 euros (plus encore que les 8.117.840 € de l’année dernière!), dépassant ainsi, en 21 ans, les 100 millions d’€ cumulés.
J’en suis d’autant plus fier que l’ULg (avec le CHU de Liège) arrive confortablement en tête des universités pour la récolte de fonds, avec 70.100 €, record largement battu. Bravo et merci à tous les volontaires qui se sont donnés au maximum pour cette cause.

J’en profite pour faire une petite mise au point bien nécessaire, suite à une analyse réalisée il y a quelques mois par un magazine du groupe de Test Achats dénommé Budget et Droit qui déclarait, sans avoir consulté personne, qu’on ne pouvait pas savoir ce que devenaient les fonds de cette opération annuelle. En tant que Président du FRS-FNRS, je ne puis laisser cette affirmation continuer à courir (comme on le retrouve dans des commentaires aujourd’hui) sans réagir vigoureusement. Un simple coup de fil aurait permis à ce journal de recevoir toute la documentation nécessaire (qui lui a été envoyée depuis) qui démontre que, depuis que le Télévie existe, chaque centime des sommes récoltées est versé au FNRS et que, là, la totalité de la somme est affectée au financement de la recherche médicale sur le cancer. Cet apport considérable de plus de 8 millions rebondit sur la Recherche en général, puisqu’il permet d’affecter des moyens considérables à cette recherche sans trop priver les autres domaines importants de possibilités d’avancer. A cet égard, la rigueur absolue de RTL-TVi et sa formidable implication dans l’opération doivent être chaudement saluées au nom de toute la communauté scientifique de Belgique francophone.

Discours d’accueil de la séance de remise des insignes de docteur honoris causa de l’ULg ce 26 mars 2009

La longue tradition des doctorats honoris causa se perpétue aujourd’hui, comme chaque année. C’est le moment où l’Université marque une pause dans la vie trépidante qui lui est trop lourdement imposée. Elle s’arrête quelques instants de courir après les contrats, les conventions, les financements, les crédits, les subventions. Elle s’arrête quelques instants de courir pour attirer plus d’étudiants, puis pour arriver à les encadrer efficacement, pour améliorer ses méthodes pédagogiques, pour faire vivre son campus et l’animer, pour trouver de l’espace en ville et l’aménager, pour résoudre ses problèmes asphyxiants de mobilité. Elle s’arrête quelques instants de courir pour produire des publications, pour être présente dans le reste du monde, rivaliser ou coopérer avec ses sœurs universités voisines et lointaines. Elle s’arrête quelques instants de courir pour valoriser ses recherches, prendre des brevets, concéder des licences, créer des spin-offs. Elle s’arrête quelques instants de courir en essayant de comprendre le paysage de l’enseignement supérieur dont elle fait partie dans sa région, sa communauté, l’Europe et le vaste monde, comme on essaie de comprendre sa planète, son système solaire et sa galaxie, voire ce qui existe au delà, jusqu’au grand commencement, en se demandant ce que celà même veut dire…

Elle s’arrête quelques instants de courir et se pose une vraie bonne question: «pour quoi faire?».
Et la meilleure réponse lui vient des autres, de ceux-là qui nous donnent au moins l’illusion que là où ils travaillent, les choses sont différentes. Ce n’est qu’une illusion, bien sûr, la vie est trépidante partout, mais lorsqu’on se penche sur la beauté de l’œuvre de nos collègues lointains, il n’y paraît pas. C’est certainement l’impression qu’ils ont, eux aussi, à notre égard, et c’est une partie importante du caractère fondamental de la cérémonie d’aujourd’hui: le regard vers les autres, dans un moment de calme et de sérénité.

En effet, le chercheur, comme l’artisan — et sans doute comme tout le monde — a besoin de maîtres, d’exemples et de repères. Il a besoin de personnalités qui lui servent de référence, de balise, de guide d’une certaine façon. Il est facile de se considérer soi-même comme excellent, mais il faut savoir se confronter à deux mesures essentielles : le jugement par ses pairs et la recherche de l’exemple. La première, on l’affronte lorsqu’on décide de publier ses travaux, la seconde, lorsqu’on s’inspire de ceux des autres. Et de cette deuxième mesure naît quelquefois l’admiration, celle-là même qui se traduit un jour par le bonheur d’inviter son modèle et de le faire adopter comme un des siens par sa communauté académique tout entière, puisque le corps académique nomme les docteurs honoris causa à l’exigeante majorité des 2/3. L’acceptation par le lauréat est, elle aussi, une épreuve à franchir, puisqu’elle implique qu’il accepte de faire désormais partie de l’université qui l’accueille et d’en devenir membre d’honneur.

Décerner ainsi ce diplôme à une personnalité de grand calibre consiste à l’honorer, c’est évident, et c’est ce que nos docteurs honoris causa ne manquent jamais de nous dire, mais nous devons avant tout retenir que ce sont eux qui nous honorent et que nous en tirons fierté.

C’est pourquoi je me réjouis aujourd’hui d’accueillir nos hôtes et je demanderai, dans quelques instants, à leurs «parrains» liégeois de les présenter et donc de tenter l’impossible : expliquer, en quelques mots et de manière compréhensible pour tous, les qualités et les accomplissements de nos lauréats de ce jour.

La profondeur de mon silence sur ce blog est généralement en relation inverse avec le nombre et l’importance des événements qui marquent notre vie universitaire, malheureusement. Ces derniers jours en ont donné une nouvelle preuve.

Jane Goodall
La spécialiste mondiale des chimpanzés, véritable idole de très nombreux éthologistes et naturalistes du monde entier, était dans nos murs lundi dernier, pour une très belle conférence sur la conservation de la nature et le parcours qui l’a amenée à prendre fait et cause pour la défense de la planète. Immense succès puisque la Salle académique était archi-pleine et qu’il a fallu retransmettre la conférence en vidéo dans une seconde salle. Le Prince Laurent nous avait même gratifié d’une visite-surprise. Jane Goodall devait être des nôtres pour être faite docteur honoris causa de l’ULg le 26 mars prochain. Comme elle ne pourra être présente, j’ai eu l’honneur de lui remettre ses insignes avec un peu d’avance lors de cette séance très appréciée.

Dans un même ordre d’idées, je signale que le professeur Pachauri, prix Nobel 2007 pour le GIEC, docteur honoris causa de l’ULg en 2008, sera parmi nous le 31 mars prochain dans la matinée et qu’il donnera une conférence aux Amphis de l’Europe à 10h.

The Scientist
Le célèbre magazine américain des sciences du vivant a fait une enquête auprès de ses lecteurs et leur a demandé quelle université ou centre de recherches leur avait semblé le meilleur pour y réaliser un « post-doc ». Il publie la liste des dix premiers hors-USA et l’ULg se trouve en 9è position mondiale.
Evidemment, je suis très mal placé pour pousser un cocorico puisque j’ai toujours critiqué le principe-même des « rankings » d’universités ! Mes critiques s’articulaient sur trois points : le caractère subjectif qu’induit le principe de notoriété, le biais introduit par la possibilité de lobbying de l’institution (ne serait-ce que parce qu’elle doit apporter des données chiffrées aux enquêteurs) et surtout le nombreuses anomalies et aberrations dans la méthodologie générale des classements.
Alors, aujourd’hui, lorsque l’ULg est incroyablement bien classée, serais-je plus clément ? Donnerai-je raison à ceux qui me reprochaient d’être contre les classements parce que nous étions mal classés ? (nous ne sommes jamais mal classés, mais toujours assez loin parmi les belges).
Bien sûr que non. Je dirai simplement qu’ici, c’est un test qui porte exclusivement sur la subjectivité et qui est donc hautement critiquable à cet égard. Il n’est basé que sur ceux qui ont répondu à l’appel, ce qui biaise évidemment le test. Il est cependant ciblé sur une catégorie étroite de gens (ceux qui ont fait un post-doc à l’étranger) et il ne repose que sur l’avis de ces chercheurs, non sur des données collectées auprès de l’institution… On ne peut donc rester insensible au compliment adressé à l’ULg par ceux qui y sont passés. Merci à eux !
J’ajouterai que les efforts consentis par notre université pour rassembler de manière efficace ses forces vives en matière de sciences du vivant ne sont probablement pas sans rapport avec la bonne impression des chercheurs.
Maintenant, il nous reste à affronter la nuée de candidatures de post-docs venant de partout… !

Une de mes interviews peut être réentendue en podcast sur Cocktail Curieux (RTBF « La Première ») du 4 mars 2009.

Uppsala-Cracovie-Liège
Au cas où l’UCL perdrait son C*, nous pourrions revendiquer le sigle pour notre nouvelle association tripartite entre l’Université d’Uppsala en Suède, l’Université Jagiellone de Cracovie en Pologne et l’Université de Liège. Lors de la rencontre des trois recteurs (cinq si on y ajoute la rectrice des universités agro-vétérinaires d’Uppsala et de Cracovie) à Colonster jeudi dernier, les nombreuses similitudes et complémentarités entre nos institutions sont apparues clairement et nous avons convenu de prolonger l’effort pour établir une relation triangulaire forte entre nous. Une prochaine rencontre devrait avoir lieu en Pologne dans quelques mois.
*Tout compte fait, pour le sigle, c’est non : il faudrait aussi que l’University of Central London abandonne une lettre… ;-)

Assises de la recherche
Le bilan de la recherche en CFB et les perspectives d’avenir, qui faisaient l’objet des Assises de la Recherche de la Ministre M.-D. Simonet, ont recueilli un succès certain et une grande affluence qui rendait ainsi hommage aux efforts incontestables que la Ministre a déployé durant les 5 années de la législature pour améliorer le soutien à la recherche. Affluence qui contrastait avec la présence d’un journaliste isolé lors du point-presse qui précédait l’évènement… La recherche n’intéresse encore que les chercheurs et, heureusement, quelques politiques.

Restaurant
Pas de première pierre depuis douze ans à l’ULg… C’est dire l’importance de l’évènement de vendredi dernier, même si la pierre n’était que virtuelle et symbolique. Peu importe, ce qui compte, c’est que les travaux ont commencé et que le nouveau restaurant « écologique » sera accessible à la rentrée de 2010 et qu’il fera partie d’un vaste réaménagement de toute la zone Nord du Domaine du Sart Tilman (bâtiment d’accueil à l’entrée, voies piétonnes et cyclistes, cafétarias, agrandissement du B52 Ingénieurs, etc). Enfin, ça bouge !

Séance des FNRS
Sympathique accueil, devenu maintenant traditionnel chez nous, des nouveaux chercheurs FNRS par les anciens, cette année en présence de la nouvelle Secrétaire générale, Véronique Halloin, qui s’est déplacée pour partager ces moments de convivalités avec « ses » chercheurs.

« C’est notre terre »
Une magnifique exposition est à voir absolument dans les souterrains Tour & Taxis à Bruxelles si vous ne l’avez déjà fait. Elle convient à tous les âges et fait preuve d’un talent pédagogique exceptionnel qui ne nous étonnera pas puisqu’un des deux scénaristes n’est autres qu’Henri Dupuis qui est aussi le rédac’ chef de notre magazine web Reflexions. La contribution scientifique liégeoise y est massive comme en témoigne la liste des spécialistes consultés et les crédits de prêt de pièces scientifiques. Je vous recommande chaudement cette visite.

Foire du Livre
Succès dimanche pour le livre de Nicolas Ancion Retrouver ses facultés à la Foire du Livre de Bruxelles. La présence de l’auteur au débat intitulé « Peut-on rire de l’Université ? » et sans doute surtout celle de Pierre Kroll, illustrateur du livre, étaient sans doute pour beaucoup dans ce succès de foule et la longue file à la signature d’autographes !
Oui, on peut aussi rire de l’université, comme de tout d’ailleurs, du moment qu’on ne blesse personne, mais en publiant l’ouvrage, les Editions de l’ULg ont montré que rien n’est plus percutant (et surprenant, pour beaucoup) que l’auto-dérision.

Après une période d’essai pilote puis de pré-production, ORBi est lancé en production générale avec succès. Je tiens à en féliciter les responsables qui ont accompli un travail tout-à-fait remarquable en un temps record (si on compare aux expériences similaires dans le monde).

Nous disposons à présent de plus de 1.200 références archivées sur ORBi dont près de 80% sont accompagnées d’un texte complet (un peu plus de la moitié en accès libre, l’autre moitié restant temporairement inaccessible sauf via une demande d’obtention du tiré à part par courriel). Dans les 24 heures qui ont suivi mon annonce par Intranet, plus de 110 références ont été ajoutées. Il faut ajouter à cela plus de 1.000 références en cours de dépôt… C’est donc bien parti.

Je suis convaincu que cet outil va rendre un signalé service aux chercheurs de notre institution et à la réputation de celle-ci en recherche.

Nous n’avons reçu que deux interpellations négatives, ce qui est remarquable quand on pense après tout à la charge de travail fastidieux que cela comporte, tout au moins la première fois…

La première provient de chercheurs qui se plaignent d’erreurs d’encodage. Il faut savoir que ces erreurs viennent de ceux qui encodent, évidemment, donc des chercheurs eux-mêmes. Ici, ce n’était pas le cas parce que, pour limiter la charge de travail des auteurs, notre équipe d’ORBi a pré-importé plus de 20.000 références issues de Web of Science et de Pubmed! Pour chacune de celles-ci, un appariement automatique a été opéré avec le système de répertoire de l’université, procédure qui laisse effectivement passer des erreurs dans le cas d’homonymes ou pseudo homonymes, de noms d’épouses, etc…. En automatique, il n’est évidemment pas possible d’aller plus loin. Il appartient alors à l’auteur de faire la correction avec le système de liste associée au LDAP, ce qui est très rapide.

La seconde émane d’un chercheur qui trouve la charge trop lourde. Je publie ici la réponse que je lui fais, c’est le plus simple et cela pourra servir pour tous ceux qui auraient le même avis.

« Cher Monsieur,

J’ai souhaité la mise en place d’ORBi dans un double but: l’intérêt de l’Institution (visibilité de la recherche) et celui du chercheur (visibilité de son travail). Bien sûr, on y croit ou on n’y croit pas, mais personnellement, je pense que c’est une vitrine de première importance. Le « Southampton Phenomenon » le démontre (l’université de Southampton se place parmi les mieux citées du Royaume-uni, contre toute attente, mais elle est parmi les premières à avoir créé un dépôt institutionnel).

Je suis parfaitement conscient de la surcharge de travail que ceci implique. S’il ne s’agissait que d’une promotion de l’université, j’admettrais que l’effort soit complètement à charge de cette dernière, mais je suis intimement convaincu que les premiers bénéficiaires de cette opération sont les chercheurs eux-mêmes.

Ceci dit, il est évident que nous avons en place une équipe capable de rendre bien des services. Mais en raison du nombre de chercheurs à l’ULg, il serait impossible de demander à celle-ci de faire le travail à la place des auteurs qui sont de plus mieux à même que quiconque de garantir l’exactitude de ce qu’ils rendent public. La contribution de chacun est donc demandée.

Certes, vous dites que vous envoyez « personnellement un email au premier auteur and that’s it », d’accord, c’est simple, mais ceci implique que vous soyez informé au préalable de l’existence dudit article. L’objectif ici est que l’article puisse aussi être repéré par des moteurs de recherche sur base de mots-clés et ainsi rayonner bien plus efficacement.

Dans votre secteur de recherche, PubMed permet déjà un accès à l’information que ne connaissent pas d’autres domaines de la science, il est vrai, mais le « full text » n’est pas toujours disponible, contrairement aux dépôts institutionnels. Par ailleurs, l’existence de vos articles dans PubMed rend incomparablement simple leur transfert dans ORBi. Enfin, si actuellement vous envoyez personnellement un mail aux auteurs pour obtenir copie de leurs articles, certains de ceux-ci font sans doute de même avec vous pour vos propres articles, ce qui génère également un trafic sur votre boite mail (vous vous plaignez que nous l’encombrions!), trafic qui sera considérablement réduit lorsque vos articles seront immédiatement accessibles en OA sur ORBi.

Si chaque institution procède de même, l’accès à l’information sera significativement facilité et accéléré. C’est le but même de l’OA. Il suppose néanmoins un effort initial de chacun. C’est pourquoi je me mobilise, chaque fois que j’en trouve le temps, pour convaincre mes collègues responsables des universités en Europe et dans le monde, en faveur de l’installation d’un dépôt institutionnel dans chaque établissement de recherche.

Croyez bien que tout ce processus est réfléchi dans l’intérêt des chercheurs et de l’Université et n’est aucunement une tracasserie « administrative » supplémentaire vide de sens, un « nonsense ». Il entraîne un léger « encombrement » des boîtes mails qui restera occasionnel en vitesse de croisière, en fonction de votre production scientifique. Je suis convaincu que vous mesurerez bientôt l’avantage considérable de cet outil face aux quelques désagréments bien réels qu’il occasionne. La publication (au sens de « rendre accessible ») de nos recherches est la manifestation tangible de notre activité de recherche et chaque chercheur est logiquement motivé à rendre son œuvre aussi largement publique que possible. C’est là le pari que nous prenons avec cette opération qui demande à l’ULg un effort considérable en ressources financières et humaines.

Merci de votre compréhension. »

Mais en général, ceux qui s’y sont frottés sont ravis et plusieurs ont eu la gentillesse d’exprimer leur satisfaction. Deux exemples sympathiques:
« Malgré mes réserves par rapport à l’idée d’un « chercheur transparent », je dois avouer que le programme est confortable et pratique, compliment aux responsables! »
«  Tout d’abord « félicitations ++++ » pour ORBI, un formidable outil. Je vais donc y archiver tout mon CV. »

Où se situe le Président-élu des USA en matière d’éducation et de recherche ?

De toute évidence, son principal souci est de rendre plus accessible l’enseignement supérieur dont on sait combien, sur le plan financier, il est difficilement accessible dans ce pays. Par accessible, il entend formation préalable suffisante, prix démocratique, recherche de qualité pour alimenter la formation, contribution au développement économique et compétitivité internationale. Déjà entendu ça quelque part ?

A titre d’exemple, il faut lire ses engagements sur son site web, New America Foundation ou Inside Higher Education.

En ce qui concerne la recherche, il annonce un assouplissement de certaines contraintes éthiques (cellules-souches), il promet de « mener la recherche américaine vers une nouvelle ère d’innovation scientifique. » Pour cela, il envisage de « doubler l’investissement fédéral dans la recherche fondamentale afin de faire face aux grands défis du 21è siècle« , ce qui lui a valu le soutien officiel de 61 Prix Nobel. S’il tient ses promesses, il mettra fin à l’idée généralement répandue que les présidents républicains, contrairement à ce qu’on pourrait croire, sont généralement plus généreux que les démocrates dans l’investissement en recherche. Ce nouvel espoir pour un essor de la recherche aux USA transparaît également dans un article du Nouvel Observateur du 4 novembre, jour de l’élection.

Si tout ceci se confirme, les nouvelles sont bonnes. Certains, en Europe, ont pu se réjouir du ban américain sur l’utilisation des cellules-souches qui donnait une longueur d’avance aux chercheurs et aux médecins européens sur leurs « concurrents » du pays de l’oncle Sam. En fait, c’est un mauvais calcul pour deux raisons: d’abord parce que la recherche est universelle et que c’est ainsi que chacun en profite et ensuite parce que, si compétition il doit y avoir (je dirais émulation), ce n’est pas comme cela que nous voulons en relever le défi, non pas en tentant de profiter des entraves aux mouvements de nos partenaires, mais en parvenant à convaincre nos pouvoirs politiques, à tous les niveaux, de la nécessité absolue de subventionner généreusement la recherche fondamentale, celle qui alimente tout le reste — y compris l’économie — dans un monde globalisé.

Je prends connaissance du surprenant billet d’opinion publié dans la Libre Belgique du 9 octobre (p. 27) et relatif à l’affectation du subside fédéral à la recherche (ristourne sur le précompte chercheur), cosigné par un collectif dont la signataire liégeoise était manifestement mal informée de ce qui se passe chez nous (je ne peux témoigner sur ce qui se passe chez les autres) (*). Le subside fédéral pour la recherche (SFR) à l’ULg est effectivement utilisé à des fins de recherche et uniquement à cela. Il est choquant de lire que ce financement est “dévoyé”.

Le gouvernement fédéral précise, dans sa loi-programme de décembre 2002 qui réduit le précompte professionnel des chercheurs que doit verser leur employeur, que cette réduction doit donner à ce dernier « plus de capacité financière afin de recruter des chercheurs scientifiques supplémentaires ou pour augmenter le budget consacré à sa propre recherche scientifique. » Il ajoute que « les économies que la mesure engendre pour l’employeur profiteraient directement ou indirectement à la recherche scientifique de telle sorte qu’il n’existe aucune nécessité d’imposer des obligations complémentaires en ce qui concerne l’usage qui est fait du précompte professionnel non versé. »

C’est on ne peut plus clair: les universités gèrent cette ressource complémentaire « en bon père famille », à condition que le bénéficiaire en soit la recherche.

A l’ULg, nous menons une politique de recherche très dynamique, que ce subside nous permet d’encore renforcer. Je ferai le point de cette politique au Conseil académique du 15 octobre et j’y exposerai mes projets de restructuration de l’organisation institutionnelle en faveur de la recherche. C’est dans ce même esprit que la répartition du budget du SFR est organisée à l’ULg. Elle vise non seulement à augmenter le nombre de chercheurs, mais également à leur assurer les moyens d’accomplir dans des conditions optimales leur mission.

L’utilisation de ce subside se répartit de façon équilibrée entre des mesures en faveur du recrutement de chercheurs supplémentaires (post doctorants, bourses de doctorat, bourses de mobilité, bourses d’attente, personnel supplémentaire en bibliothèques, research manager) et des moyens accordés pour des appareillages et infrastructures de recherche, ainsi que pour du fonctionnement (bibliothèques, projet de recherche, subside aux promoteurs de doctorats, gros appareillages, infrastructures nouvelles dédiées à la recherche, crédit d’impulsion à Arlon).

Tout ceci fait l’objet, chaque année, de propositions motivées du Conseil de Recherche soumises à l’approbation du Conseil d’Administration.
J’ajoute qu’un rapport de l’utilisation des moyens est envoyé annuellement, via le CReF, au Ministre fédéral de la Politique Scientifique et ce, depuis le début de prise d’effet de cette mesure.

Il serait à tout le moins prudent de se renseigner avant de prendre la plume et de cosigner un article dans un grand quotidien national. Cela éviterait de ternir injustement l’image de notre institution .

(*) renseignements accessibles en permanence sur le site « Recherche » de l’ULg (Financements).

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