Tout le monde sait aujourd’hui que je tiens énormément à ce que les enseignants que l’ULg recrute en son sein ou au dehors aient, au préalable, effectué au moins un séjour de longue durée à l’étranger. C’est presque devenu une plaisanterie…

Ce n’est pourtant pas nouveau. Personne ne peut plus dire « on ne savait pas ». C’était déjà un objectif que nous nous étions fixés, le recteur Legros et moi, dès 1997, comprenant clairement que nous ne pouvions pas parler sérieusement d’internationalisation de l’université sans cela. Evidemment, nous ne disposions d’aucun moyen pour atteindre ce but. En effet, le C.A. ne peut se montrer plus exigeant que la Loi. Or un long séjour à l’étranger n’est pas légalement requis pour accéder à une charge de cours.
On ne peut donc placer l’exigence qu’ensuite, parmi les critères attendus pour une promotion. C’est évidemment trop tard. Lorsqu’une personne se voit confier une charge de cours, on attend d’elle, au moins dans les premières années, qu’elle soit très présente pour accomplir ses missions. C’est avant qu’il faut agir.

J’ai pris l’habitude de rencontrer personnellement les nouveaux chargés de cours qui n’ont pas effectué de long séjour professionnel de recherche à l’étranger. Dans la majorité des cas, s’ils ne l’ont pas fait, ils me confient que c’est parce qu’on ne leur en a pas laissé l’occasion. Les « patrons » semblent considérer que leurs jeunes collaborateurs leur sont plus utiles s’ils restent auprès d’eux, et sacrifient donc leur carrière à des contingences immédiates. Sans doute pensent-ils que cela n’a pas d’importance.

C’est cette indifférence que je souhaite ébranler, en faisant en sorte que chacun prenne conscience que le séjour de longue durée (pour moi, 1 an minimum, mais depuis quelques années, on transige hélas à 6 mois…) à l’étranger n’est en rien remplacé par de nombreux séjours de trois jours ou d’une semaine, ni par la participation à des colloques et des congrès, ni par des collaborations actives avec des équipes étrangères. C’est un état d’esprit, une véritable expérience, une épreuve en quelque sorte.

Croyez-le ou non, je reçois encore des plaidoyers (pas tellement de la part des intéressés, mais plutôt de leurs « patrons » ou de collègues qui soutiennent leur candidature) arguant que dans telle ou telle branche, le séjour à l’étranger ne se justifie pas. Cet argument s’applique généralement aux cas où la matière étudiée est soi-disant locale! Mais le séjour à l’étranger vise à acquérir l’expérience irremplaçable de l’adaptation au travail dans un autre environnement, pas nécessairement à avancer dans la recherche qu’on a réalisée jusque là. A la limite, il vaut même mieux changer de sujet, ne serait-ce que temporairement, pour des raisons évidentes d’élargissement du champ d’expertise et/ou de réflexion.
A côté de cette sotte excuse, on en trouve aussi souvent une autre: « qui va encadrer les stages ou les TP si untel s’en va un an ? » Pire: « Dans notre domaine, la présence ici est indispensable ».
Entendre cela, dans une université comme la nôtre, n’est plus acceptable.

Aussi ai-je demandé au C.A. le 3 juillet de me donner carte blanche pour élaborer un règlement précis sur les exigences s’appliquant à l’accès à une fonction académique, avec pour accord de principe de rendre cette exigence incontournable pour les promotions. Cette nouvelle réglementation sera soumise à un prochain C.A. Et je ne désespère pas d’arriver un jour à placer cette exigence avant la primo-nomination, là où elle doit opérer une sélection.
Aujourd’hui, 45% des nouveaux chargés de cours n’ont jamais séjourné en dehors de l’ULg au moins 6 mois. C’est trop. Nous devons encourager les séjours post-doctoraux à tout prix.