Nouveaux commentaires pour le billet du 25 février: « Archivage institutionnel et vitrine bibliographique ».

A lire également, sur le même sujet: On « Open Access » Publishers Who Oppose Open Access Self-Archiving Mandates. En résumé: « L’âge de l’internet a apporté beaucoup à la recherche, mais crée inévitablement un conflit entre les intérêts de l’industrie de l’édition de journaux de recherche et les chercheurs, les universités, les centres de recherche, les bailleurs de fonds de la recherche, la R&D industrielle, et les contribuables. L’Open Access est incontestablement un immense atout, que ce soit la publication en OA, ou l’auto-archivage en OA. On doit s’attendre à une résistance de la part des éditeurs qui ne pratiquent pas l’OA. Mais ce qui est particulièrement décevant et déplorable, est que des éditeurs qui pratiquent l’OA s’opposent à l’auto-archivage en OA. »

A noter, par ailleurs, que sur Cordis, dans le programme de l’Information Event On The First Calls For Proposals Under The E-Infrastructures Activity Of The ‘Capacities’ Specific Programme, FP7 qui a eu lieu en février, il est spécifié que l’Europe finance des projets dans le domaine des « Scientific Digital Repositories » et du « Deployment of e-Infrastructures for scientific communities ».

C’est aujourd’hui et demain qu’aura lieu à Berlin le lancement officiel en grandes pompes du Conseil Européen de la Recherche.
Il est intéressant de noter que l’optique dans laquelle ce Conseil a été créé est de financer la meilleure science, indépendamment des agendas régionaux et politiques !
Et ça commence fort: le premier appel aux candidatures pour des bourses sera consacré à de jeunes chercheurs dans le métier depuis deux ans au moins et neuf au plus. Et on nous laisse entendre qu’ils devront être très prometteurs, le but recherché étant ni plus ni moins de faire revenir les prix Nobel en Europe !

L’annonce n’est guère loquace en ce qui concerne les qualités véritables des candidats éventuels mais elle consacre plus de la moitié du texte à des précisions sur le fait qu’il sera autorisé des extensions à cette fourchette à condition qu’elles soient dûment justifiées en raison, par exemple, de maternités (la comptabilité du système prévoit généreusement un an par enfant né après l’obtention du doctorat), de paternités (congé moins bien précisé), de maladies de longue durée ou de service militaire ou civil. On ne manque pas de préciser que des congés pris pour des raisons liées à des obligations inévitables (celles-là !) comme l’acquisition de certifications cliniques pourront également être prises. Néanmoins, « la période cumulative d’éligibilité ne pourra en aucun cas excéder 12 années après la délivrance du diplôme de docteur ». Cerise sur le gâteau: aucune exception ne sera faite pour le travail éventuel à temps partiel, deux années à mi-temps comptant pour deux ans pleins !
On a beau dire, ça casse un peu le lyrisme de l’envolée initiale sur les nobélisables…

Plus sérieusement, les bourses, qui pourront avoir une durée de 5 ans, seront très généreuses: de 100,000 € à 400,000 € par an ! On pourra en faire seulement un millier au départ, mais on parle de cinq fois plus en 2013. Les experts opéreront la sélection sur la base du mérite, sans aucune référence à la nationalité du candidat. Ils évalueront la capacité de l’institution d’offrir un environnement idéal aux chercheurs: une bonne infrastructure et un entourage intellectuel stimulant.

Ce qui est particulièrement interpellant, comme le relève la revue Nature (445, 795-796, 2007) dans un article du 22 février dernier, c’est que les candidats sont encouragés à choisir leur institution d’accueil. Si leur université ne leur offre pas ce qu’ils attendent, ils sont invités à s’en choisir une autre ou un centre de recherche de leur choix. Nature rappelle que tous les pays n’ont pas la même souplesse quant aux conditions qu’ils autorisent leurs universités à concéder aux chercheurs qu’elles souhaitent attirer. On comprend donc que certaines universités seront plus attractives en raison de leur réputation préétablie, mais aussi de leur degré d’autonomie, des choix qu’elles pourront ou voudront faire et des priorités qu’elles vont se définir. Et comme l’accueil de ces boursiers de l’ERC deviendront rapidement un motif de fierté et, à plus long terme, un réel renforcement de la qualité scientifique, on imagine que la compétition va d’emblée se développer entre toutes les institutions.
Voici que revient déjà la hantise des effets que, malgré d’excellentes intentions, les initiatives européennes ne manquent pas de produire.

Mais voyons les choses du bon côté: les universités les plus adaptables recevront le plus de boursiers et verront le moins partir les leurs. C’est donc une véritable prime à la souplesse et c’est, quelque part, une excellente nouvelle, pour autant que les universités soient largement autonomes (qualificatif à acquérir, pour ce qui nous concerne…). Nature va au bout du raisonnement: « L’appel de l’ERC est en fait une sonnette d’alarme qui devra pousser les universités à se dégager de leurs chaînes et à devenir compétitives internationalement ». Et de fustiger l’Allemagne, l’Italie et la France, de même que les pays d’Europe de l’Est, qui ont une longue histoire de « paralysie académique institutionnalisée » et d’anti-élitisme mais tentent d’évoluer. Nature termine en rappelant que l’Initiative d’Excellence allemande, qui a pourvu une sélection d’universités de fonds de recherche extrêmement importants, a eu pour conséquence de stimuler par ricochet l’ensemble des universités allemandes. De là à penser que l’initiative de l’ERC aura le même effet sur l’ensemble des universités qui sauront se montrer à la hauteur, il n’y a qu’un pas.

Acceptons-en l’augure.

En signant la Déclaration de Berlin ainsi que la pétition pour l’accès libre aux résultats des recherches effectuées avec des fonds publics européens, notre université s’est en même temps résolument engagée dans la voie de l’auto-archivage de ses publications.
Il faut en effet aller jusqu’au bout de la logique de l’accès libre et jouer le jeu de la mise en ligne des publications universitaires. De nombreuses institutions dans le monde (des consortiums d’universités comme celles de Californie et leur eScholarship Repository ou un seul département comme celui des Sciences informatiques de l’Université de Southampton par exemple) s’y sont lancées avec succès et cette initiative leur apporte un surplus de notoriété incontestable.

Entendons-nous bien: quand on parle d’archivage, il ne s’agit pas de remiser dans un grenier l’ensemble de nos publications, mais au contraire de les rendre librement accessibles sous forme électronique à tout le monde.
La constitution de ce répertoire institutionnel qui placera en OA (Open Access) le plus grand nombre possible de publications réalisées par des membres de l’ULg aura plusieurs effets complémentaires:
- elle assurera aux publications électroniques de l’ULg (éditées ou non par l’ULg) une pérennité qui ne nous rendra dépendants de personne;
- elle impliquera une négociation entre les auteurs et leurs éditeurs quant au délai minimal de mise en ligne d’un article publié;
- elle contribuera au rayonnement de l’Institution en permettant l’accès libre au fruit de ses recherches et en élaborant ainsi une vitrine exaustive et consultable par tous de la recherche à l’ULg.

Par ailleurs, elle permettra d’élaborer conjointement un instrument objectif d’évaluation de la production scientifique des chercheurs de l’ULg par l’élaboration d’une véritable bibliographie institutionnelle reprenant la liste complète des publications des membres de l’ULg.

Une telle décision, si elle doit avoir du sens, impliquera nécessairement le caractère obligatoire de la contribution de chacun à la Bibliographie Institutionnelle.

Comment cette obligation sera-t-elle respectée ? Très facilement: à partir de l’année académique 2007-2008, les seules listes de publications des membres de l’ULg prises en compte officiellement dans tout processus d’évaluation interne, quel que soit son but, seront celles que générera la Bibliographie Institutionnelle.
Et c’est ici que s’ajoute un effet positif supplémentaire: les listes de publications seront normalisées et rendues comparables, enfin structurées et classées de manière logique, débarrassées de tout effet « gonflant » dû au mélange des genres qui rend souvent très indigeste et fastidieuse l’analyse comparative des CV…

Avant l’été, le Réseau des Bibliothèques de l’ULg organisera une grande séance d’information ouverte à tous sur les nouveautés liées à l’OA et en particulier:
- l’auto-archivage recommandé des publications au sein du Répertoire Institutionnel (le projet pilote est déjà lancé depuis un an et demi et comporte déjà 500 dépôts, nos partenaires de la FUSAGx nous y ont rejoint, donnant au projet une dimension qui est celle de l’Académie);
- la mise en ligne des CV grâce à la Bibliographie Institutionnelle;
- PoPuPS : le nouveau Portail de Publication de Périodiques Scientifiques de l’ULg;
- BICTEL/e, le programme de mise en ligne en OA des thèses (15 déjà accessibles et 15 autres en cours d’incorporation).

A propos de l’intérêt de l’initiative de la Bibliographie Institutionnelle en relation avec le Répertoire Institutionnel, je vous recommande vivement la lecture d’un remarquable article (de 2003!) en OA par Stevan Harnad, Les Carr, Tim Brody et Charles Oppenheim publié dans le magazine électronique Ariadne sur les mesures à prendre pour l’amélioration de l’impact et de l’évaluation de la recherche au Royaume-Uni par la mise en ligne obligatoire des curricula vitæ en lien avec les archives électroniques des universités.
A méditer et, surtout, à appliquer chez nous rapidement.

Un nouveau venu est arrivé dans le monde des « rankings » universitaires: University Metrics.
Il risque de faire un malheur car il joue sur des principes qui font l’immense succès du moteur de recherche Google et de son algorithme original: il est basé sur le nombre de liens vers l’université en question trouvés sur les sites d’autres universités sélectionnées comme les meilleures du monde… Les auteurs en vantent la puissance en lui attribuant des vertus de peer review puisque, disent-ils, les universités ont toutes beaucoup de réticence à indiquer, sur leur propre site, une référence à une autre université !

C’est donc avec fierté que je vous annonce la présence de l’ULg dans le top 300, en 249è position derrière l’ULB (226è) et la KUL (140è) et devant Gand (260è), Anvers (262è) et l’UCL qui ferme la marche (300è, son récent changement d’adresse web de UCL à UCLouvain n’est sûrement pas sans conséquence), seuls représentants de la Belgique universitaire.

Bien sûr, c’est avec un grand clin d’œil qu’il faut prendre cette nouvelle ! Elle n’a de valeur que pour ce qu’elle mesure et il serait ridicule d’en tirer des leçons qui iraient au delà du strict dénombrement des liens sur des sites web !

Mais elle attire notre attention sur la facilité du dérapage que les soi-disant mesures objectives du rang occupé par les universités peut entraîner si on n’y prend garde. Le mythe de l’évaluation rapide et chiffrée d’entités aussi complexes que des universités subsiste et ne fait que croître et embellir, mais il faut impérativement s’en méfier et veiller à n’en tirer que les conclusions très fragmentaires et très limitées qu’on est en droit d’en tirer.

En période de carnaval, on peut se permettre le clin d’œil !

Pour ceux qui souhaient être convaincus, voici l’évolution des prix des périodiques ces dernières années :

En 14 ans, pour une augmentation de l’index de 30 %, les coûts des revues scientifiques ont augmenté de 257,8 % !
Cette augmentation de x 2,5 a été atteinte en 2005 déjà pour les revues de Sciences et de Médecine, elle est plus lente en Sciences humaines, mais reste non négligeable dans ces matières.
Ces chiffres sont calculés en tenant compte de tous les éditeurs, y compris ceux qui n’ont pas opté pour une exploitation éhontée de la recherche. Les grands exploiteurs pratiquent donc des augmentations de prix encore plus spectaculaires.
Devant une telle absence de vergogne, seul un combat organisé peut sauver la diffusion du savoir.

Ce mardi les universités belges signeront la Déclaration de Berlin sur le Libre Accès (Open Access, OA) aux résultats de la recherche publique.
Pourquoi un tel engagement ?
Parce que les universités souhaitent assurer à la recherche faite par leurs membres une diffusion et un impact aussi larges que possible.
Et c’est maintenant dans l’air du temps.

Des organismes finançants et des universités adhèrent

Aux Etats-Unis, les National Institutes of Health ont annoncé leur politique en la matière (Public Access Policy) en mai 2005. La faiblesse de leur proposition est toutefois qu’ils n’en font pas une véritable obligation et qu’en outre ils autorisent une année d’embargo protégeant les éditeurs avant que l’accès aux articles soit libéré. Par ailleurs, ils recommandent l’archivage dans PubMed Central, qu’ils ont contribué à fonder, et non dans des archives de l’Institution où le chercheur travaille (l’un n’empêche pas l’autre, en fait). L’avenir dira s’il s’agit là d’une force ou d’une faiblesse.
Au Royaume-Uni, le Wellcome Trust a émis un « Position Statement in Support of Open and Unrestricted Access to Published Research » en octobre 2005, qui recommande également la publication des recherches qu’il finance en OA et requiert leur archivage en OA dès 6 mois après la publication.
Le Research Council UK essaie de mettre en œuvre une politique d’OA (Policy on Access to Research Outputs) exigeant l’auto-archivage immédiat. S’il y arrive, la moitié des recherches produites dans les universités du Royaume-Uni deviendra accessible librement grâce aux dépôts institutionnels. Contrairement aux deux organismes précédents qui se consacrent à la recherche biomédicale, il s’agit ici de l’ensemble des disciplines de recherche.
Le Canadian Social Sciences and Humanities Research Council s’est engagé dès 2004 à promouvoir l’OA auprès des chercheurs canadiens, mais les résultats sont encore partiels et il publie en 2006 une étude de faisabilité (en PDF).
En avril 2006, la Commission Européenne publiait son étude « Study on the Economic and Technical Evolution of the Scientific Publication Markets in Europe » (en PDF) dans laquelle elle se prononçait clairement: « Research funding agencies should establish a European policy mandating published articles arising from EC-funded research to be available after a given time period in open access archives »
• En mai 2006 paraît l’US Federal Research Public Access Act (FRPAA) qui rend obligatoire aux USA l’auto-archivage des résultats des recherches effectuées avec des fonds publics, j’en ai parlé dans ce blog à l’époque. Il réduit à 6 mois le délai d’accès public dans tous les cas et s’étend à tous les domaines de la recherche. Enfin, l’auto-archivage est décentralisé et peut résider dans l’Institution de l’auteur.
En 2005, seize universités hollandaises on lancé DAREnet, les Digital Academic Repositories qui comptent aujourd’hui plus de 69 000 articles

Comment une telle action se justifie-t-elle ?

Les recherches ayant été effectuées avec des fonds publics, les contribuables peuvent attendre un accès à leurs résultats.
D’autre part, même ceux qui ne lisent pas d’articles scientifiques peuvent exiger que leur argent contribue directement et sûrement à la formation des spécialistes dont ils attendent la compétence.

Pourquoi les universités signent-elles la Déclaration de Berlin ?

Afin d’affirmer leur volonté de gérer la communication scientifique (publications et auto-archivage) d’une « autre façon »: plus largement, plus démocratiquement, plus rapidement et plus efficacement. Aujourd’hui, 90 pourcents des journaux qui font appel à la revue par des pairs ont approuvé l’auto-archivage sous une forme ou sous une autre. Dix pourcents de ces journaux sont aujourd’hui en OA.
Afin d’exprimer leur détermination dans leur combat contre ceux qui, parmi les éditeurs, privilégient le profit à la diffusion du savoir (pour une analyse détaillée de la valse échevelée des prix des périodiques, rendez-vous sur Library Journal).
Afin de donner un signal fort aux universitaires et les emmener dans un mouvement de dimension mondiale en faveur de l’OA.
Afin d’atteindre un consensus entre les universités, les organisations finançantes et les personnalités politiques pour développer des solutions de remplacement et une nouvelle organisation efficace de diffusion de la science.
Afin de rappeler aux chercheurs les voies de publication en OA.
Afin de soutenir la création de nouveaux journaux en OA ou le passage en OA des journaux existants.
Afin de promouvoir les répertoires institutionnels thématiques des publications en OA.
Afin de soutenir les bibliothécaires dans leurs actions en faveur de l’OA.
Afin, en Belgique de convaincre les membres des commissions du FNRS et du FWO de reconnaître les publications en OA comme références valides dans les curricula vitæ et en outre comme gage de citoyenneté.
Afin de contribuer utilement à la diffusion du savoir généré par la recherche dans les pays en développement.
Afin d’apporter aux chercheurs de partout un accès large aux résultats de la recherche publiés dans des journaux auxquels leurs universités ne sont pas abonnées car elles ne peuvent s’abonner à tout, surtout quand les revues les plus prestigieuses font exploser les prix.
Afin d’apporter au grand public des informations scientifiques contrôlées et sérieuses permettant de contrer au mieux la masse d’informations fantaisistes accessibles aujourd’hui sur la « toile ». Les informations rigoureuses doivent pouvoir apparaître rapidement lors de recherches sur des « moteurs » généralistes (Google, Yahoo, Altavista, etc), mais aussi plus spécifiquement et à coup sûr grâce à des moteurs spécialisés (Directory of Open Access Journals, OAIster, Citebase, Citeseer, Scirus, Scientific Commons, Google Scholar, par exemple).

Y a-t-il un risque à signer la déclaration de Berlin ?

« Publier en OA va m’empêcher ou empêcher mon université de valoriser ma recherche »
– Non, évidemment. En matière de valorisation, tout se passe AVANT la publication. C’est elle qui marque la fin de la confidentialité. Qu’elle soit en OA ou non ne change strictement rien à l’affaire.

« Publier en OA risque de me priver de mes droits d’auteur »
– Non, évidemment. C’est dans le mode d’édition classique (non-OA) que les droits d’auteurs sont pratiquement toujours cédés par l’(les) auteur(s), pratique contre laquelle nous nous battons d’ailleurs, même si sa raison d’être est compréhensible: elle empêche l’auteur de republier les mêmes informations ailleurs ou de les réutiliser ultérieurement dans des revues générales, par exemple. Rien dans la procédure de l’OA ne prive l’auteur de ses droits. Et si c’était le cas exceptionnellement, cela ne serait en rien différent de ce qui se passe aujourd’hui et qui semble accepté par la grande majorité des chercheurs.

« Auto-archiver mes publications en OA risque de me priver de mes droits d’auteur ou de la valorisation de ma recherche »
– En aucun cas. L’auto-archivage en OA est une forme de publication et doit être considéré comme tel. Les questions d’antériorité sont identiques à celle de la publication. Il importe que les auteurs se mettent d’accord sur le cours des évènements et ne compromettent pas par une mise en réseau trop précoce leur potentiel de valorisation.

« Qui décide de l’option OA ? »
– Les universités, centres de recherches, bibliothèques et organismes finançants ont leurs propres raisons de favoriser l’option OA mais seuls les auteurs peuvent faire le choix de soumettre leurs publications aux journaux OA, de les déposer en auto-archivage, de transférer éventuellement leurs droits, en accord avec la politique de leur institution. Il est important qu’ils comprennent bien l’enjeu collectif et les bénéfices qu’eux-mêmes peuvent tirer de l’OA, en quoi il améliore l’impact de leur recherche. De même, ils doivent bien comprendre la compatibilité entre l’auto-archivage en OA et la publication dans des journaux non-OA.

C’est pleinement conscients de ces enjeux et de ces implications que les recteurs des universités belges rejoindront les signataires de la Déclaration de Berlin ce mardi.

Que d’effervescence autour des fusions d’universités !
Nous en avons eu notre lot, depuis une semaine !

Reprenons rapidement.

Premier épisode.
• 25 janvier, « Le Soir » : L’UCL examinerait un projet de fusion avec les FUNDP, les FUSL et la FUCaM.
• 27 janvier, « Le Soir » : Le projet de fusion des quatre universités catholiques belges francophones pourrait voir le jour d’ici à 2015.
• 29 janvier : même sujet dans « Le Jour-Verviers », « Le Soir » et « La Meuse ».
• 31 janvier : « La Libre Belgique », « Le Soir » et « L’Écho » : Bernard Coulie, recteur de l’UCL, a confirmé la possibilité d’une fusion entre les universités de l’Académie Louvain d’ici à 2015 lors d’une rencontre avec la presse consacrée à la présentation de l’offre de masters à la prochaine rentrée académique.

Deuxième épisode.
• 1er février, « Le Soir » : Un avant-projet de décret sur une fusion de la Faculté universitaire des Sciences agronomiques de Gembloux avec l’ULg est à l’étude au cabinet de la ministre de l’enseignement supérieur.

Décodons.

Premier épisode. Une « fuite » a dévoilé à la presse namuroise l’existence de négociations « secrètes » entre les quatre institutions de l’Académie Louvain : l’Université Catholique de Louvain, les Facultés Universitaires Notre-Dame de la Paix de Namur, la Faculté Universitaire Catholique de Mons et les Facultés Universitaires Saint-Louis de Bruxelles. Cette nouvelle a ensuite fait traînée de poudre dans la presse francophone du pays.
Quoi de plus naturel pourtant si les membres d’une Académie entament des discussions exploratoires dans l’optique d’une éventuelle fusion ? Ce n’est tout de même pas extravagant lorsqu’on se reporte au décret du 31 mars 2004 qui ouvre la possibilité pour les universités de la Communauté Française de Belgique de s’associer, dans le respect de l’identité de chacune d’elles, en Académies. Il y est explicitement prévu que cette mesure portera jusqu’en 2015. N’est-il pas sage, dès lors, de réfléchir à ce que pourrait devenir le paysage universitaire à partir de cette date ?
Beaucoup de gens s’agitent à ce sujet autour de moi et m’interrogent sur mon calme face à cette (r)évolution.
A ceux-là, je réponds : certes, la constitution d’un bloc homogène d’universités catholiques risque fort de cliver la Belgique francophone en deux, surtout si cette alliance à quatre appelle la formation d’une autre alliance à cinq, à savoir l’ULg, l’ULB, l’UMH, la FPMs et la FUSAGx, les institutions non confessionnelles, soit les deux autres Académies. Laïcité contre catholicisme, nous voilà revenus aux tristes jours de la guerre scolaire et dans un contexte fâcheux de fracture nette de l’enseignement universitaire.
On me rétorquera, au sein de l’Académie Louvain, que ses universités membres n’ont plus rien de catholique si ce n’est leur nom et qu’il est loin le temps où elles se revendiquaient d’une mission confessionnelle. A cela, je rétorque que les quatre membres de l’Académie Louvain ne peuvent avoir le point commun d’être catholiques que par pur hasard.
Mais là n’est pas le débat, à mon avis — même si c’est bien là qu’il est encore, pour beaucoup de monde !—. Le débat est réellement de savoir si notre enseignement universitaire est destiné à se cliver ou à s’unir.

Deuxième épisode. La fusion Liège-Gembloux apparaît en fait sous deux petites lignes d’un avant-projet de décret portant sur tout autre chose, une restructuration spécifiquement montoise et correspond également à une « fuite ». On se demande ce que cette fusion vient faire là. Ce n’est en tout cas pas une manœuvre du Recteur de l’ULg, contrairement à ce que d’aucuns peuvent penser. L’Académie Wallonie-Europe (ULg-FUSAGx) se porte bien, merci. Elle a d’emblée fonctionné parfaitement bien et une fusion entre ces deux institutions n’apporterait, à première vue, d’avantage à personne. Mais ceci n’exclut pas l’intérêt éventuel qu’il pourrait y avoir à trouver des avantages à une fusion, on y reviendra sûrement dans les mois qui viennent.
Il y a donc une similitude dans ces deux cas : la transformation des Académies en universités agrandies et multi-sites. On peut en attendre deux effets : une perte d’autonomie relative et une certaine rationalisation, donc une diminution de coût. A quel prix…?
La question d’une fusion au sein de notre Académie n’était pas à l’ordre du jour. Le décret de 2004 prévoyait explicitement que les fusions d’institutions au sein des Académies devraient être l’aboutissement de négociations entre elles et ne pourraient se faire que sur une base d’accord solide entre les parties. C’est évidemment dans ces conditions que nous l’envisagerons. Le mérite de cet incident est de poser clairement la question.

Réfléchissons.

L’union au sein des académies est normale mais est-ce là l’ultime phase ? Est si c’est le cas, est-ce l’idéal ?
L’enseignement universitaire francophone en Belgique compte moins de 70.000 étudiants, soit le nombre qu’on trouve dans bien des universités de taille moyenne à grande.
Ne pourrait-on se pencher utilement, plutôt que sur l’éventualité d’une « guerre » des réseaux, sur celle d’une fédération de l’existant ? Au moment où nous sommes tous d’accord pour dire que le mal des universités francophones belges vient de l’âpre compétition que la législation a créée entre elles depuis 35 ans, n’essaierions-nous pas d’au moins atténuer celle-ci et de la remplacer par une saine émulation, toujours salutaire ? Bâtir la coopération pour réduire la compétition et préserver l’identité pour stimuler l’émulation, n’est-ce pas là l’autre choix ?
Je l’avais déjà suggéré lors de ma première Rentrée Académique en tant que Recteur, en septembre 2005 : « Si l’on veut bien ouvrir les yeux, on ne peut manquer de s’apercevoir que notre paysage universitaire francophone en Belgique manque de rationalité, de logique et partant, d’efficacité. Un gaspillage considérable de forces vient tout simplement d’impératifs politiques et régionaux ou plus exactement sous-régionaux. Et pourtant, on peut également voir qu’il n’est nul besoin de fermer des institutions pour résoudre ce problème et que l’efficacité ne naît pas nécessairement de la centralisation à outrance —ce ne sont pas nos amis français qui me démentiront ! —. Certaines institutions sont petites, mais toutes sont de qualité, avec leurs spécificités propres. Je prétends qu’il est possible de maintenir les universités et les centres universitaires ou les facultés isolées dans leur situation géographique et leur proximité locale, dont on comprend l’importance, tout en réexaminant leurs statuts et en organisant leur fédération. Ouvrons les yeux : A neuf, nous représentons un potentiel universitaire tout à fait remarquable.
[Je plaide] donc pour une Université francophone de Belgique unie et solidaire, dans le respect de son incomparable diversité de pouvoirs organisateurs, de réseaux, de tendances, de valeurs et d’implantations géographiques, une Université qui apparaîtra à la face du monde comme une grande Fédération, diversifiée mais homogène, parlant d’une même voix, fière de la position à laquelle ses synergies la feront immanquablement accéder parmi les meilleures institutions de la planète dans les classements internationaux désormais incontournables, fière d’apporter à sa communauté, à ses régions et à son pays un label de qualité et de prestige international. »

Je n’ai pas changé d’un iota sur ce plaidoyer.

Une solution définitive ?

Nous en revenons ainsi au concept d’une « Confédération des Universités Francophones de Belgique » dans laquelle tous les sites actuels seraient préservés, dans neuf campus répartis sur le territoire, dix avec celui d’Arlon. Les formations dites « de proximité », à savoir celles des bacheliers, seraient maintenues en place et les maîtrises et doctorats se répartiraient en fonction des compétences spécifiques. La duplication des formations de maîtrise ne serait pas interdite, mais mûrement réfléchie et une distribution rationnelle des compétences se mettrait assez naturellement en place.
Une gouvernance générale serait nécessaire. La transversalité inter réseaux briserait un véritable tabou belge alors qu’elle semble représenter, aujourd’hui encore, un obstacle insurmontable.

Une confédération dont l’objectif serait l’excellence par la coopération des compétences, l’optimalisation des moyens et l’émulation réciproque, n’est-ce pas là le vrai défi collectif que devraient s’imposer des universités qui visent à apparaître comme un point fort aux yeux du monde ?

Comme on pouvait s’y attendre, les grandes maisons d’éditions scientifiques ont senti le vent du boulet de l’Open Access et elles construisent leur contre-offensive.

Le monde de l’édition scientifique (au sens large) se compose de quelques grands éditeurs mondiaux et d’une constellation de maisons plus petites, voire très petites. Je m’en voudrais de les mettre tous dans le même sac. La guerre entre les chercheurs et les éditeurs implique les grandes maisons, beaucoup moins les moyennes et généralement pas les petites. Malheureusement, depuis quelques années, les grands poissons mangent les petits et deviennent de plus en plus gros. Ceci a pour conséquence que les intérêts financiers grandissent démesurément en regard des moyens dont disposent les chercheurs pour publier. Deux mondes fondamentalement différents s’affrontent: celui de la recherche globalement sous-financée et celui du grand profit.

Impact

Les « facteurs d’impact » ont permis longtemps de faire croire à l’existence d’une méthode pratique de mesure de la qualité d’un article scientifique (alors qu’ils indiquent en réalité l’impact du journal !). On a même étendu leurs vertus à la mesure de la qualité d’un chercheur ! Leur invention et leur diffusion ont offert aux éditeurs peu scrupuleux, avec la complicité naïve des chercheurs eux-mêmes, un moyen de les « fidéliser », en fait de les rendre parfaitement captifs.
Le prestige de publier dans un journal bien coté est indéniable, mais l’intérêt principal est d’être lu et d’ainsi contribuer activement à la progression du savoir. Dès que chacun aura compris que ses chances d’être lu sont plus grandes s’il publie dans des revues à accès électronique et qu’elles deviennent infiniment plus grandes encore si la publication est en accès libre, la perception sera toute différente.

Le bout du tunnel ?

Pour ceux d’entre nous qui se sont engagés résolument dans ce combat, les choses ont bien changé et nous voyons notre cause gagner du terrain tous les jours. Nous ne sommes pas opposés à l’existence de maisons d’éditions, elles sont fort utiles, nous sommes opposés au racket qui, hélas, lorsqu’il est question de gros sous, se met en place en situation de monopole.

La preuve du succès de la campagne de l’Open Access est double: d’une part la croissance exponentielle des journaux électroniques en accès libre et d’autre part la montée en puissance de la réplique des éditeurs.

Le Pit Bull

La dernière indication claire de la mise en place d’une contre-offensive organisée nous est révélée par la revue anglaise Nature qui annonce que les principaux grands éditeurs scientifiques se sont groupés pour charger une « boîte de com » d’assurer leur campagne contre le mouvement pour l’information libre. Ils en ont choisi une, tristement célèbre pour sa consultance auprès d’Enron ou d’Exxon au secours de causes peu recommandables à défendre par tous les moyens contre l’opinion publique. Le directeur de cette firme est connu sous le sobriquet du « Pit Bull », ce qui en dit long sur ses méthodes.

Sa stratégie est simple. Elle repose sur un adage que j’ai déjà cité dans un autre contexte: « Dites un mensonge, il en restera toujours quelque chose ». On peut en effet faire passer dix grosses contrevérités plus rapidement et plus efficacement qu’une seule idée vraie, scientifiquement démontrée et présentée avec toutes les nuances que l’honnêteté nous impose. Comme le dit avec beaucoup de cynisme la porte-parole de l’éditeur Wiley: « Un message médiatique n’est pas un débat intellectuel ».

Le Pit Bull a immédiatement identifié le problème: jusqu’ici la stratégie des grands éditeurs contre le mouvement de l’Open Access est simplement trop défensive et trop attachée à ne reposer que sur des déclarations précises et exactes, par peur que les scientifiques, que l’on sait rigoureux, ne démontent les arguments. Or, selon lui, peu importe qu’on démonte ses arguments, c’est leur effet premier qui compte. On doit donc être approximatif, voire inexact ou grossièrement mensonger, et percutant. Ca marche sur le grand public, même éduqué, pourquoi cela ne marcherait-il pas sur les scientifiques? Personne ne lira les réfutations ennuyeuses. Tout le monde aura compris le message immédiat et le retiendra.

Selon Nature, la stratégie du Pit Bull pour la campagne des éditeurs sera basée sur les idées-forces suivantes: « L’accès public, c’est la porte ouverte à la censure gouvernementale ». On joue là sur le légitime désir de liberté d’expression du chercheur en lui faisant croire que ce système permet la censure alors que c’est indéniablement le contraire qui se produit. Un autre argument consiste à dire « l’accès libre, c’est la mort du peer review, imaginez le monde de la Science sans peer review! ». Scandaleux mensonge donc, puisque l’accès libre repose précisément sur la revue par les pairs. Mais on joue ici habilement sur la confusion qu’a créé le fait que le libre accès n’est imaginable que pour une diffusion électronique par internet et que l’internet a la réputation — méritée — de véhiculer des milliards d’informations totalement incontrôlées et dépourvues de la moindre rigueur. C’est méconnaître le fait que si l’internet est vaste et incontrôlable, il peut parfaitement contenir des sites bien contrôlés et dignes de confiance, où les chercheurs eux-mêmes assurent la qualité de ce qui est publié par leurs pairs.

Attendons-nous donc au pire lors de cette contre-offensive. Nous allons lire et entendre beaucoup d’énormités et il faudra y faire face. Je reste convaincu que tout cela ne pourra que retarder l’échéance, à condition que nous n’abaissions pas notre garde et surtout que, tous ensemble, nous assurions l’installation pour toujours d’un autre principe de diffusion des informations scientifiques, moins cher, plus juste, plus efficace, plus ouvert, bref, plus généreux.

Le combat sera dur, inégal, sans concessions. Mais ce sera vérité contre mensonge, connaissance collective contre profits particuliers. Voilà au moins une guerre nécessaire, pour une fois, un vrai défi à relever. Le monde de la recherche en a la capacité, mieux que quiconque. Il doit aussi en avoir la clairvoyance et la volonté.

(Pour rappel, signez la pétition pour l’accès libre aux résultats des recherches effectuées avec des fonds publics européens)

Reçu le 19 janvier par courriel d’une lectrice qui a souhaité garder l’anonymat lorsque je lui ai demandé son accord pour afficher son message sur le blog.
En principe, je ne publie pas de message anonyme, mais je pense que celui-ci vaut la peine d’être lu car il révèle bien les incompréhensions que risque toujours de provoquer une information transmise par la radio et les inexactitudes qui, à travers les media, prennent auprès du public une totale crédibilité.

Monsieur le Recteur,

Etant moi-même germaniste de l’Université de Liège, j’ai été très surprise en entendant votre intervention hier matin à la radio Bel RTL. La tempête d’hier ayant tout à fait éclipsé ce sujet dans les journaux télévisés du soir, j’ai fait une recherche sur Internet ce matin, et l’information que vous avez donnée hier matin semble être tout à fait passée inaperçue et n’a pas été relayée par les médias que j’ai consultés sur le Net ce matin.

Je souhaiterais donc vous poser quelques questions.
- Ces 300h de langues seront-elles bien dans les programmes de cours des différentes facultés (et dans toutes les universités francophones) dès l’année prochaine, comme vous l’avez annoncé ?
- Comment et avec quel argent allez-vous organiser ces cours et où trouverez-vous les professeurs de langues capables de les assurer puisqu’en ce qui concerne les langues germaniques, l’offre de professeurs disponibles sur le marché de l’emploi n’est certainement pas pléthorique ?
- Vous ne l’avez pas mentionné explicitement, mais je suppose que ces heures de cours ne couvriront l’apprentissage que d’une seule langue puisque votre objectif est que les étudiants universitaires soient tous bilingues à la fin de leurs études.

Je vous serais reconnaissante de bien vouloir me répondre car suite à vos propos, j’ai abordé ce sujet avec mes élèves de 5ème et 6ème et je pense qu’ils sont en droit de savoir à quoi s’attendre lors de la prochaine rentrée académique.

Je tiens également à vous donner mon avis de germaniste dans l’enseignement depuis 20 ans. Je pense que 6h de langues par semaine dans des filières scientifiques, c’est beaucoup trop. De plus, ces heures de langues ne permettront jamais à quiconque de devenir parfait bilingue* car je suppose que les cours ne seront pas donnés à de petits groupes d’étudiants. Le véritable problème, en ce qui concerne l’apprentissage des langues étrangères et qui explique le niveau très bas de certains élèves à la fin du secondaire, est le peu d’importance accordée à la langue « pure », à savoir la grammaire (surtout) et le vocabulaire. En effet, certains élèves sortant de rhétorique sont incapables d’écrire une phrase correcte en anglais parce qu’ils sont bons en compréhension à l’audition et à la lecture et ont donc toujours « réussi !!! » avec environ 50% des points dans les langues germaniques.

De plus, les élèves « réussissent » leur année scolaire même quand ils ratent un ou deux examens. Les élèves bénéficient trop souvent de faveurs lorsqu’ils n’ont qu’un ou deux échec(s). (NB : dans les textes, le redoublement d’une année dans le secondaire doit rester exceptionnel s’il n’y a qu’un échec et beaucoup d’élèves traînent de grosses lacunes dans une branche pendant toute leur scolarité).

Tant que nos inspecteurs et notre ministre ne comprendront pas cela, le niveau de certains élèves sortant du secondaire restera ce qu’il est. Un autre exemple représentatif est la médiocrité de l’orthographe de la plupart des élèves en français… et pourtant les collègues romanistes sont ceux qui mettent le moins d’échecs aux élèves.

Dans l’attente de votre réponse, je vous prie de croire, Monsieur le Recteur, à mon profond respect.

Un Professeur d’anglais

* : Seuls les non-linguistes galvaudent toujours ce terme de parfait bilinguisme, qui n’est à ma connaissance accessible que dans deux cas :
- enfant élevé dès son plus jeune âge par des parents dans deux langues différentes
- séjour de LONGUE durée (au moins 4 ou 5 ans) à l’âge adulte qui permet d’acquérir la langue comme un « native speaker ».
Heureusement, le parfait bilinguisme n’est pas nécessaire pour s’exprimer aisément. Une bonne connaissance de la langue est tout à fait suffisante.

J’étais une étudiante brillante, j’ai toujours aimé les langues. J’adore l’anglais et je le pratique maintenant depuis 30 ans. Je considère que j’ai une excellente connaissance de l’anglais mais en aucun cas, je ne me considère comme « parfaite bilingue » !

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Chère Madame,

Merci pour votre courriel d’hier.

Je tiens à rectifier ou à préciser quelques points.

Je commencerai par dire que je n’ai pas entendu ma propre intervention sur Bel RTL et que, par conséquent, je ne puis être certain de tous les termes que j’ai pu employer. Il s’agissait malheureusement, comme c’est hélas souvent le cas, d’une interview faite au pas de course, par gsm, sans préparation et dans l’urgence journalistique qu’on connaît.

Tout d’abord, je n’ai jamais parlé (là, j’en suis sûr !) de 300 heures de cours de langues.
D’abord parce qu’il ne s’agit pas nécessairement de cours mais de formations. La nuance est importante, elle laisse toute liberté aux formateurs quant à la méthode à utiliser.
Ensuite parce que j’ai annoncé 5 crédits ECTS par an, soit un douzième du volume des enseignements d’une année de cours (60 crédits ECTS). C’est donc de l’ordre de 40 à 50 heures maximum par an, ce qui est très différent !

Comment et avec quel argent je vais réaliser cet objectif, c’est évidemment mon problème et cela ne regarde que moi ! Néanmoins, je vous remercie de votre sollicitude. Soyez rassurée, je gère sagement mon institution !
De même, pour ce qui est de la disponibilité d’encadrants, j’ai mes assurances. On m’a rapporté que la journaliste avait parlé d’engagement de professeurs, c’est inexact. Mon intention est de recruter des encadrants compétents, pas des professeurs, bien évidemment.
Je dois préciser que nous avons déjà à ce jour 191 formations en langues qui sont intégrées dans nos cursus d’études (années-filières), ce qui démontre la faisabilité du projet que je lance, puisqu’il est déjà largement en place. Je ne m’aventure donc pas dans des propositions inconsidérées.

Il s’agira en effet d’une seule langue, laissée au choix de l’étudiant et sur recommandation du conseil des études de la filière concernée. On peut en outre penser qu’un étudiant qui, au sortir du secondaire, connaîtrait bien une langue (parcours en immersion par exemple) puisse souhaiter en acquérir une autre, et ce serait fort bien. Les moins ambitieux profiteront peut-être de leur avance en langue pour choisir celle qu’il ont déjà apprise et consacrer plus de temps au reste de leur formation…

Enfin, je ne pense pas avoir utilisé le terme de « parfait bilingue », mais comme je vous l’ai signalé, je peux me tromper car n’ai pu « relire » mon interview.
En tout cas, je n’ai utilisé ce terme ni dans l’annonce orale que j’ai faite à la communauté universitaire le 12 janvier, ni dans l’article de mon « blog » qui y est consacré et que vous pouvez consulter.
Et ceci pour une simple raison. Comme vous, j’aime et je pratique l’anglais (depuis près de 50 ans maintenant dans mon cas !), j’ai vécu 5 ans aux Etats-Unis et je prétends parler couramment l’anglais (ou l’américain, comme vous voudrez !), mais je ne prétends pas être parfait bilingue non plus. C’est donc un terme que j’évite sciemment, mais ça a pu m’échapper.

Ce que je souhaite, ce n’est rien de plus qu’offrir à tous les étudiants de l’ULg l’assurance de sortir de notre université avec la capacité de comprendre, à un simple niveau usuel, une langue qui n’est pas leur langue maternelle, et d’arriver à se faire comprendre dans cette langue. Ce n’est pas le cas pour tous aujourd’hui. Mon ambition n’est donc pas considérable mais elle est justifiée, je pense. On ne peut faire moins.

J’ajouterai qu’il s’agit d’une initiative du recteur de l’ULg, totalement indépendante de ce qui se fait ou ne se fait pas dans les autres universités francophones belges. Je pense, en fait, que cela donnera à l’ULg une avance sur les autres institutions à cet égard.

En vous remerciant pour vos questions et commentaires, recevez, chère Madame, l’expression de mes sentiments les meilleurs.

Bernard Rentier

**********

Monsieur le Recteur,

Suite à votre long courriel, je tiens à vous remercier d’avoir pris la peine de répondre clairement et en détail à mes questions.
Une fois de plus, on est amené à se poser de multiples questions sur le respect et la transformation des propos d’un interlocuteur par les médias. Après avoir lu votre lettre, j’en viens même à me demander si je n’ai pas rêvé mais je n’ai pourtant pas inventé les chiffres qui ont été cités par le (ou la … je ne sais plus) journaliste.

Vu l’importance du projet dont il avait été question à la radio, je me demandais d’où les crédits allaient venir pour le réaliser mais je n’étais pas consciente qu’il y avait déjà autant de formations existantes en langues à l’Université de Liège. Nulle n’était mon intention de me mêler de ce qui ne me regardait pas et je suis confuse si vous l’avez pris de cette façon. Je tiens à m’en excuser.

Grâce à votre courriel, je pourrai rassurer certains élèves (les faibles en langues surtout !) qui étaient plutôt angoissés à l’idée de continuer à avoir 5 ou 6 heures de langues à l’université.

Je vous prie de croire, Monsieur le Recteur, à mon profond respect.

Le 4 décembre dernier, je faisais allusion, dans un article de ce blog intitulé « Esprit Maison », à des déclarations faites par Me Misson qui portaient atteinte à la réputation d’un excellent service universitaire, le LEMA.

Un commentaire fort intéressant m’a été envoyé par Réginald Ratz. Je l’ai affiché dans les commentaires de l’article, mais, vu le temps écoulé, il risque de ne pas être lu spontanément. J’attire donc l’attention du lecteur afin qu’il y retourne.

On peut encore lire l’interview de Me Misson sur RTC ou en regarder la video.

Preuve de la nuisance de telles déclarations inexactes : les déclarations du Ministre André Antoine, plus agressif encore vis-à-vis du LEMA, puisqu’il ne parle plus « d’erreur commise » mais d’étude « très discutable » et « critiquée » sur le plan scientifique ! (fichier video également disponible).

Enfin, Réginald Ratz attire notre attention sur deux exemples de contributions de l’ULg au dossier, particulièrement éclairantes sur le plan de « l’urbanisme citoyen », parues dans le 15e Jour et sur le site Geoeco et je l’en remercie très sincèrement.

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