Je suis parfois sidéré de lire ou d’entendre dans la presse des affirmations, des accusations et quelquefois des calomnies sur notre Institution. Souvent, nous n’exerçons pas, dans ces cas regrettables, notre droit élémentaire de réponse, pour éviter d’envenimer les choses inutilement et aussi parce que je doute terriblement de l’efficacité de telles réponses quand le mal est fait. Car, comme le dit si bien la sagesse populaire: « Dites un mensonge, il en restera toujours quelque chose ».
Et la semaine dernière fut fertile en exemples.

Tout a commencé par une mise en cause directe de l’Université et plus particulièrement d’un de ses services d’architecture, le LEMA, par Maître Misson, l’avocat bien connu des riverains des nouvelles constructions du Palais de Justice de Liège. Celui-ci n’a pas hésité à laisser entendre sur RTC et dans « La Meuse », que la décision d’annulation du permis d’urbanisme par le Conseil d’état (Arrêt 164.589 du 9 novembre 2006) était fondée sur une erreur de mesures de la largeur de la rue dans une étude effectuée par le LEMA en 1992. En réalité, l’intervention de ce dernier (qui n’est même pas partie à la cause) n’avait consisté qu’en une étude d’ensoleillement du projet que le Conseil d’état ne critique absolument pas en tant que telle.
Qu’un avocat juge bon, lors d’une procédure judiciaire, de tenter d’accuser un expert de s’être trompé, c’est son droit, mais qu’il diffuse publiquement des informations inexactes en nuisant à la réputation scientifique d’une institution et à la crédibilité de la presse, c’est évidemment beaucoup plus interpellant.

Jeudi, c’était la Libre Belgique-Gazette de Liège qui, sous la plume de Paul Vaute, exhumait un incident très insignifiant survenu il y a de nombreux mois : la « mise au pilon », selon l’expression consacrée, d’exemplaires surnuméraires de publications internes à l’ULg, notamment de thèses et mémoires. Il s’agit là d’un exercice parfaitement normal auquel se livrent périodiquement toutes nos bibliothèques dans un souci légitime de gestion des collections et de l’espace, non sans avoir dûment prévenu les intéressés comme il se doit. Cet article infère que les « autorités académiques », peu soucieuses du bien des bibliothèques universitaires (on a déjà entendu le même discours non fondé, sous la même plume, en décembre 2005) se comporteraient en barbares incultes et feraient procéder à de véritables autodafés au mépris du savoir et de la culture universitaires.
Personne ne s’étonnera de mon agacement face à une telle méconnaissance des fondements de cette décision, et plus généralement de mon étonnement face à des publications basées sur une source unique.
En l’espèce, cette source préfère rester dans l’anonymat car, selon elle, « on risque gros dans cette maison en rompant l’omerta ». Outre l’inélégance du procédé et l’erreur patente d’appréciation de la situation, cette affirmation est tout à fait fausse. J’apprécie et ne manque jamais de susciter les débats contradictoires et je m’interdis d’exercer des représailles envers qui que ce soit pour l’expression de ses opinions, sauf si celles-ci sont diffamatoires.

Sans vouloir polémiquer d’avantage, je ne peux cependant résister à la tentation de saisir la belle opportunité que me fournit mon contradicteur anonyme de démontrer, par l’absurde, ce que j’entends par « esprit institutionnel » et par « sentiment d’appartenance ». En effet, la méthode employée aux fins exclusives de faire état de rancœur personnelle ruine à elle seule les efforts incessants des membres de l’Institution qui se dévouent sans compter pour la promotion de notre université et dont ce regrettable incident me donne l’occasion de saluer le travail et la loyauté.