Enseignement/Formation


Le débat lancé précédemment sur les festivités estudiantines a fait beaucoup de bruit, non seulement sur mon blog, mais également dans la presse. Outre les articles sur le sujet publiés par divers quotidiens, j’ai fait l’expérience intéressante d‘un « chat » en direct sur le site web de La Meuse.
Cette discussion a confirmé les questions fréquemment posées sur le sujet et, une fois encore, la diversité des opinions.
J’ai recopié (et mis en ordre, car les questions se bousculent sur le « chat ») l’ensemble de l’échange dans le commentaire ci-dessous.

Le débat sur le billet précédent ayant suscité des réactions-fleuve de lecteurs et des réponses-fleuve de ma part, voici un résumé de mes opinions sur la question:

1. Je n’ai rien contre les activités folkloriques pour autant qu’on y évite tout débordement. Les organisateurs doivent assumer leurs responsabilités.

2. Je n’ai rien contre les baptêmes pour autant qu’ils ne deviennent pas la condition de la réussite d’un étudiant et qu’ils évitent les comportements humiliants en public. Si de tels comportements sont subis avec consentement et qu’il ne s’agit clairement que d’un jeu bien compris par les « bleus », je n’y vois pas (trop) malice, mais je ne souhaite pas que ceci soit interprété au premier degré par un public non averti auquel un tel spectacle est donné malgré lui. Sans tomber dans l’hypocrisie, une certaine discrétion s’impose. En particulier, je suis opposé à de telles démonstrations qui entravent l’entrée principale du bâtiment central de l’Université. Mais je ne souhaite pas non plus qu’un confinement discret dissimule des comportement indignes.

3. Je sais que, quel que soit l’emplacement trouvé pour l’organisation de soirées ou d’événements culturels, on n’éliminera jamais complètement les dangers d’accident, ni au sein même de l’activité, ni sur le chemin du retour, ce n’est donc pas une raison pour bannir toute forme de divertissement. Le risque zéro n’existe pas.

4. Je suis d’accord de réfléchir sur un éventuel emplacement pour les festivités estudiantines. Il ne me semble cependant pas que l’université — qui peine à maintenir en bon état son patrimoine immobilier et qui, en douze ans n’a pu construire qu’un seul édifice: le nouveau restaurant — puisse se permettre de prendre à sa charge l’édification d’un « bunker à guindailles ». Au risque de paraître ennuyeux, je considère que de tels moyens seraient mieux utilisés pour améliorer les conditions d’étude, tant au Sart Tilman qu’en ville. Les étudiants universitaires ne représentent d’ailleurs qu’une partie du public étudiant concerné. Mais si les fonds sont disponibles par ailleurs, je suis prêt à discuter d’un emplacement éventuel.

5. Les comportements que je stigmatisais dans le billet précédent n’ont rien à voir avec le folklore estudiantin ni avec les soirées festives. Il ne faut donc pas faire d’amalgame. Tout au plus en sont-ils un dérapage incontrôlé,. Dans le cas de graves déprédations lors de vacances en groupe, ils n’ont strictement rien à voir, ni avec le folklore, ni avec le divertissement sain.

6. Je suis ouvert à la discussion sur tout. Le Conseil de la Vie Etudiante (CVE) récemment installé me semble constituer, au sein de l’ULg, le forum idéal pour aborder l’ensemble de ces sujets que je suis d’accord de ne pas amalgamer: cortèges folkloriques (St Nicolas, St Torè), soirées sous chapiteau, baptêmes et démonstrations publiques, conciliation entre activités estudiantines et image institutionnelle (cela peut être tout-à-fait compatible), lutte contre les assuétudes et en particulier l’alcoolisme; tout ceci indépendamment des autres sujets traités au CVE, tels que les logements, les transports, etc.

J’espère que ceci clarifie ma position.

Dans le charmant petit athénée champêtre où j’ai fait mes études secondaires, le directeur-préfet — un homme aux dehors bourrus mais chez qui plusieurs signes nous ont finalement indiqué qu’il avait plus grand cœur que ses attitudes martiales et autoritaires ne le laissaient penser — décida un jour qu’il était interdit de jouer au ballon dans la cour de récréation. Nul bris de vitre, nulle urgence à l’infirmerie n’avait précipité cette décision suprême… c’était comme ça, point final. La contravention ne se fit pas attendre: l’interdiction donnait même une attractivité particulière à un jeu pourtant négligé par beaucoup d’entre nous, en temps ordinaire, et nous inventâmes toutes sortes de jeux de balle clandestins qui eurent vite du succès. Non pas que nous ayons éprouvé une passion particulière pour ces jeux, mais nous détestions l’interdiction. Déjà, bien avant ’68. La sanction fut immédiate: tout le monde fut puni et nous dûmes passer l’heure de midi à tourner en carré, en rang par deux, dans la cour. Un professeur peu amène dont la satisfaction sadique éclairait le visage réjoui se trouva investi du rôle de garde-chiourme, planté au milieu de la cour, prêt à aggraver la peine de celui qui oserait rompre l’ordonnancement improvisé de cette belle manifestation de discipline. Après quelques minutes de ce manège qui en rappelait d’autres, bien plus graves, une dame toute menue, un professeur de morale, croisa les rangs et avança droit sur son collègue (que nous avions déjà, avec notre humour instantané de potache, traité à voix basse de « sauvage central »), se souleva sur la pointe de pieds et lui mit une claque bien sonnante en pleine figure en le traitant de « nazi ». Ceci eut pour effet de dissoudre le double rang et d’éparpiller tout le monde en une fin de récréation plutôt calme. Nous eûmes l’élégance de ne pas relancer de ballon…

Cette anecdote me revient souvent à l’esprit, comme une belle démonstration de divers aspects importants de la relation d’autorité, en particulier l’inefficacité de l’abus de pouvoir stupide et l’injustice de la sanction collective disproportionnée.

Notre université a été récemment endeuillée par la noyade accidentelle d’un de nos étudiants lors d’une fête estudiantine organisée par une association d’étudiants de l’Enseignement supérieur dans un chapiteau dressé au Val Benoît. Nous en avons tous été très sincèrement consternés. Mon propos ici ne sera pas de chercher les responsabilités. Le monde est rempli d’endroits dangereux, les fêtes estudiantines sont toujours très arrosées, les jeunes adultes majeurs dont les actes sont habituellement responsables cèdent naturellement aux excès de ces soirées, il n’est donc pas surprenant que des accidents stupides arrivent. Le chapiteau est planté sur un terrain dont l’Université est encore propriétaire et les abords du fleuve qui coule à proximité ne sont guère sécurisés à cet endroit. Personne n’est satisfait de cet emplacement, dont nous avons souligné à maintes reprises les dangers: la voie rapide, la Meuse proche, etc. Par ailleurs, la Ville et l’Université ont reçu la demande d’autorisation de la part des organisateurs plus d’une semaine après le drame.

Suite à cet accident, j’ai reçu un abondant courrier, unanime quant à ma non-responsabilité, mais suggérant paradoxalement que je « fasse quelque chose ». On sent le malaise. Et revenait invariablement la notion d’interdiction, me rappelant ainsi l’anecdote de l’athénée. De toute façon, la seule chose que je puisse interdire à des majeurs en l’occurrence, c’est l’utilisation de l’emplacement. Tout le reste sort de ma compétence. Je ne puis interdire les « guindailles », baptêmes et autres libations et ce n’est pas, vous l’aurez compris, ma philosophie en cette matière. Je suis même tellement conscient de cette impuissance bien assumée, que j’ai proposé l’utilisation d’un terrain sécurisé dans le domaine du Sart Tilman. Je me sentais évidemment coincé comme un parent à qui sa fille demande si elle peut prendre « la pilule »: résolu à protéger mais pas vraiment prêt à admettre… On n’est jamais gagnant dans ce dilemme. Mais la proposition fut refusée car elle était « trop ULg » (la majorité des « guindailleurs » est non-universitaire) et puis elle ne réglait pas le moins du monde le problème des risques en les reportant au moment du retour vers la ville, on ne sait dans quel état ni par quels moyens…

Aujourd’hui, le chapiteau du Val Benoît est « sécurisé », entouré d’une haute grille qui lui donne des airs de centre fermé, ou de parc à bestiaux, mais que pouvait-on faire de mieux? Les abords de la Meuse sont également barricadés, et voilà. Un emplâtre sur une jambe de bois, mais c’est mieux que rien. Le bourgmestre a également ordonné une présence policière sur les lieux lors des « événements ». On comprend évidemment que tout ceci ne résout rien de manière définitive. D’autres villes universitaires ont joué le jeu de l’installation, à grands frais, de véritables bunkers destinés aux libations, avec les excès que cette sorte d’officialisation peut induire, les nuisances de quartier et les dangers du retour vers les lieux de résidence, quoi qu’il arrive.

Après l’accident, j’ai immédiatement mis cette question à l’ordre du jour de notre Conseil d’administration de février. Nous y avons décidé de discuter de ce sujet au nouveau Conseil de la Vie Etudiante, qui est notre organe officiel de concertation. Je l’ai également fait mettre à l’ordre du jour de notre prochaine réunion de contact Ville de Liège-Université. Le Premier Vice-Recteur a déjà organisé une rencontre avec les étudiants du C.A. pour devancer les échéances en ce qui concerne les « guindailles » et le bal. Par ailleurs, l’Administration de l’Enseignement et des Etudiants avait lancé depuis plusieurs années avec l’aide de mon conseiller à la santé des campagnes de sensibilisation des étudiants aux assuétudes, tabac, alcool, drogues. Elle distribue des publications sur le sujet, mais nous ne pouvons tout interdire, pas plus que de jouer au ballon dans la cour…

Et que dire des excès dénoncés dans la presse ces derniers jours, de la part d’étudiants partis aux sports d’hiver et qui, lors de beuveries imbéciles, se livrent à de véritables déprédations. La presse ne parle pas de simples jeunes gens, citoyens adultes et supposés responsables. Elle parle d’étudiants de HEC-ULg, comme si la faculté devait porter une quelconque responsabilité, ne fut-ce que morale dans ces dérives scandaleuses. Ne doit-on pas s’interroger sur l’ensemble des responsables éducatifs qui accompagnent les enfants vers l’âge adulte où ils deviennent responsables d’eux-mêmes, à commencer par les parents? Récemment, des étudiants, plusieurs heures après la fin de l’autorisation qui leur avait été donnée d’organiser une « fête » au Sart Tilman, ont fait irruption dans un amphithéâtre et ont vidé un extincteur sur le professeur, en plein cours. Malheureusement pour eux, l’un d’eux avait filmé la scène en video. Devant la gravité des événements et le coût exorbitant des dommages causés, le caméraman prit peur et livra son document. Le responsable fut convoqué, admonesté et exclu de l’université (de manière temporaire mais entravant sérieusement la suite de ses études). Il était le seul du groupe à être étudiant à l’ULg.

A ce propos, la seule sanction dont je dispose en dehors de la simple admonestation, c’est l’exclusion, ce qui compromet l’année d’études voire l’ensemble des études si elle est définitive (et il s’agit alors d’une décision du Conseil d’administration). Je le regrette car ce sont des sanctions qui entravent les études, ce qui est aux antipodes de notre mission. Je milite donc pour pouvoir prescrire des peines dites alternatives. En clair, je pense que ce garnement (dommage de devoir dire cela d’un majeur) aurait pu recevoir une bien meilleure leçon que celle d’un échec universitaire forcé en étant, par exemple, contraint de nettoyer complètement les toilettes que sa joyeuse bande d’écervelés avait souillés au delà de toute description.

Du coup, on déborde sur le sempiternel sujet des baptêmes estudiantins et de leur expression dérangeante en public dans les rues de la ville, jusque sur les marches du bâtiment central. Je ne puis interdire les baptêmes, tout au plus puis-je les interdire sur les propriétés universitaires. Mais ce qui me dérange vraiment, au point de l’interdire formellement sous peine de sanctions graves, ce n’est pas tant la beuverie et les risques qu’elle comporte, ni l’endroit où elles se déroulent, que l’humiliation qu’infligent à des êtres humains d’autres êtres humains sur la seule base de leur ancienneté dans l’Institution. C’est là que la gifle au prof traité de « nazi » me revient en mémoire. C’est là que l’abus de pouvoir me heurte car je ne puis me résoudre à admettre qu’une telle soif de pouvoir sur l’autre au delà de toute décence et de toute humanité puisse être inscrite dans nos gènes au point qu’elle ne puisse être empêchée. Et c’est là que je franchis la barrière que je m’impose en matière d’interdiction. En particulier lorsque l’humiliation — que les défenseurs des baptêmes me disent acceptée par des « bleus » consentants — se dévoile comme une épreuve discriminatoire, toutes sortes de privations de droits élémentaires sanctionnant son refus par un nouveau venu. Là, c’en est trop. Il s’agit en fait d’un harcèlement moral caractérisé, qui n’a pas sa place dans notre université. Point final. Certes, les aficionados du bizutage me renverront à mon anecdote, mais ici, il ne s’agit plus de jeu de ballon dans une cour de récréation, il s’agit de droits humains élémentaires et d’abus d’autorité, même ci celle-ci reste occulte. J’aime beaucoup le vieux slogan soixante-huitard « il est interdit d’interdire » mais la liberté des uns s’arrête lorsqu’elle atteint celle des autres. Nous interdirons donc.

J’en terminerai par une note envoyée par le recteur aux étudiants, il y a… quelque temps:

Madame,
Mademoiselle,
Monsieur,

Vous vous inscrivez pour la première fois à l’Université de Liège. Je vous souhaite la bienvenue, et plein succès dans vos études.
Sans doute serez-vous sollicité prochainement pour participer au rituel du baptême étudiant. Je tiens à cet égard à vous faire les commentaires suivants.
Les baptêmes constituent des manifestations privées, totalement étrangères à l’Université, qui n’assume dès lors aucune responsabilité à ce sujet. Ils ne peuvent avoir lieu dans ses locaux ni impliquer en aucune façon son personnel. Dès lors, ils n’ont, bien entendu, aucun caractère obligatoire.
Les baptêmes ne peuvent avoir aucune conséquence, quelle qu’elle soit, sur le déroulement des études. Ceci signifie que tous les étudiants, baptisés ou non, doivent bénéficier des mêmes conditions d’accès aux locaux, aux cours et aux syllabus.
Tout étudiant qui estimerait faire l’objet de mesures discriminatoires à cet égard est en droit d’en avertir le Recteur, qui pourra prendre les dispositions qui se révéleraient nécessaires.
Par ailleurs, vous devez savoir que de telles discriminations ainsi que certains excès dans les contenus des épreuves imposées aux candidats au baptême sont passibles des sanctions de droit commun.
En résumé, vous êtes un adulte libre d’accepter ou non de participer à ces rituels et dont la décision ne peut avoir aucune conséquence dommageable.
Bien conçu, le baptême doit rester un mode sympathique d’accueil et d’intégration des étudiants.

Arthur BODSON
Recteur

Que du bon sens. Pas une ligne à changer, 20 ans après… Je l’ai donc renvoyé aux étudiants… l’an dernier…

Samedi dernier avait lieu la première Journée des Jeunes Diplômés à laquelle on a donné le surnom de « ULg J+1″, par analogie avec la journée “ULg J-1″ qui accueille les nouveaux entrants en 1er Bac, non sans une pointe d’humour mais avec une intention symbolique évidente. L’ULg est là pour accueillir ses étudiants avant même qu’ils n’entrent, elle est aussi là pour les accompagner lorsqu’ils sortent.

On a pu estimer à plus de 400 le nombre de diplômés au long de cette belle journée chaude et ensoleillée d’arrière-saison, durant laquelle furent organisées des tables rondes sur la recherche d’un emploi, sur l’enseignement, sur la recherche, sur la fonction publique et sur le travail en tant qu’indépendant. Les recruteurs étaient 26 malgré la crise qui frappe l’emploi, de même que 13 organismes spécialisés dans l’emploi et la formation et 2 offrant des bourses et des stages.

Les recruteurs se sont dit enchantés des profils rencontrés, se sont constitué des réserves de recrutement ou ont pourvu des postes, ce qui était évidemment un but majeur de l’opération.

Tout s’est fort bien passé dans une très bonne humeur. Je tiens à en remercier et féliciter l’équipe de Monique MARCOURT qui a préparé et organisé depuis de nombreuses semaines cet évènement: Elisabeth WALTREGNY, Fabienne MICHEL, Elena CHANE-ALUNE et Joëlle KINON, les étudiants de la « Promo » ainsi que toutes les personnes qui se sont mobilisées pour le succès de cette initiative, le personnel de gestion des salles, le personnel de la Promotion de l’Enseignement de l’AEE et toutes celles et tous ceux qui ont activement participé et consacré un samedi de beau temps à cette « J+1″.

J’en profite pour signaler à tous nos diplômés que, comme on l’a expliqué samedi, ils peuvent aujourd’hui convertir leur adresse mail « N…@student.ulg.ac.be » en une adresse « N…@alumni.ulg.ac.be » qui leur est offerte définitivement. Il suffit pour cela de se rendre sur le portail « Alumni » où on trouve toutes les explications. Cette adresse permettra à chacun de rester en contact avec l’Alma Mater, en recevoir régulièrement des nouvelles, des informations, une newsletter électronique et une multitude d’avantages intéressants. Et attention: ceci vaut pour tous les diplômés, même les très anciens!

Un simple clic et on reste branché ULg.

La conférence de presse sur le podcasting de cours à l’ULg (UniCast) que nous avons donnée vendredi a eu un succès très large, comme on pouvait s’y attendre pour une première en Belgique.
L’analyse qu’en font les media est suffisamment complète pour que je doive y revenir ici. Je tiens toutefois à insister sur certains aspects. Le principal est qu’il ne s’agit nullement d’un simple gadget.

Une technologie de pointe, conviviale et efficace

L’utilité pour un étudiant de se repasser le « film » du cours, assorti des insertions de dias de présentation en haute qualité (réellement intégrés électroniquement dans le podcast et non pas simplement inclus dans le champ de la caméra), en vue de mieux comprendre, est incontestable. Pouvoir en profiter aussi facilement (grâce au génial portail « myULg ») que des résumés, des syllabi ou des présentations de type PowerPoint qui étaient déjà accessibles de la même manière depuis plusieurs années, constitue une incroyable facilité. Peu de gens savent que le système actuel en est arrivé à la visualisation de 120 millions de pages par an et au téléchargement de 10 Teraoctets (dix mille milliards) par les étudiants de l’ULg. Il ne faut donc pas craindre que cette nouveauté s’avère inutile!

Par ailleurs, l’extrême facilité d’utilisation pour l’enseignant (enregistrement, traitement et diffusion sont automatiques) efface toutes les contraintes (si ce n’est, dans un premier temps, celle de trouver une salle équipée pour l’ensemble de ses cours tout au long de l’année, mais nous allons nous y employer!). La convivialité est le maître mot.

Ces deux caractéristiques principales font d’UniCast une petite merveille de technologie, loin des systèmes bricolés qui règnent dans beaucoup d’universités dans le monde, loin des improvisations d’enregistrement de médiocre qualité réalisés (clandestinement ou non) par certains étudiants eux-mêmes. Je rends hommage aux qualités de l’équipe en charge de ce développement au SeGI et, en particulier à son inventivité et à son perfectionnisme. Une université doit pouvoir faire usage des technologies les plus avancées mais elle doit aussi pouvoir innover et ajouter sa note personnelle de créativité dans le développement d’un concept aussi porteur de progrès.

Inquiétudes

Il est vrai que des dérives sont possibles et que les enseignants pourraient perdre une partie de leur spontanéité dans la crainte de voir leurs lapsus transformés en gags sur le web. C’est évidemment un risque, mais il ne contre-balance pas les avantages de la technique en termes d’aide à la réussite.

Une autre crainte est de voir les étudiants déserter les cours. Ce serait, de leur part, une erreur, pour une multitude de raisons que tout le monde peut comprendre. Dans ce cas, ce ne serait pas une aide à la réussite, mais un instrument de l’échec. Le risque existe donc. Mais on a dit la même chose de la mise à disposition de syllabi il y a 40 ans ou de celle des transparents il y a 20 ans. Les auditoriums ne se sont cependant jamais vidés…

Troisième inquiétude: cette technologie est-elle abordable pour tout le monde? Une enquête menée dans le cadre de l’opération « ULg-université numérique » en 2008 a montré qu’à l’époque, 80% des étudiants possédaient ou avaient accès personnellement à un ordinateur. D’autre part, les baladeurs MP3 ou vidéo abondent et sont devenus très accessibles, rares sont les étudiants qui n’en disposent pas. Pour ceux-ci, un accès à des ordinateurs est organisé dans des dizaines de salles informatisées à l’ULg.

Engouement

Dès à présent (et pourtant l’information est sortie dans la presse avant de faire vraiment l’objet d’une diffusion en interne), nombreux sont les enseignants qui se disent désireux d’expérimenter ce système. L’intérêt est beaucoup plus grand que ce que nous pouvons gérer actuellement. Il faudra donc nous adapter rapidement. Après tout, ce fut aussi le cas avec les projecteurs de dias il y a quarante ans et les projecteurs data il y a dix ans… On s’en est sortis!

On me signale que l’inénarrable Harun Yahya fait référence dans son blog au billet que j’avais affiché dans le mien, consacré à une critique de son livre « L’Atlas de la Création » distribué gratuitement à tous les établissements d’enseignement du monde.

J’y relève essentiellement trois malhonnêtetés évidentes:

1. l’absence de guillemets, qui jette la confusion sur qui parle. Quand j’écris « L’auteur explique », on peut croire que l’auteur c’est moi et ainsi m’attribuer des propos que je me contente de citer;
2. l’hyper-lien apparent vers mon blog mais inactif, qui empêche une vérification aisée de mes propos;
3. la reprise exclusive de mon introduction, hors contexte, en évitant soigneusement d’évoquer mes critiques.

En fait, il s’agit là d’une parfaite démonstration en réduction du procédé général utilisé par ce personnage, dans cet entrefilet comme dans ses livres : tronquer les faits et éluder l’évidence.
Que pouvait-on attendre d’autre…?

Tout le monde sait aujourd’hui que je tiens énormément à ce que les enseignants que l’ULg recrute en son sein ou au dehors aient, au préalable, effectué au moins un séjour de longue durée à l’étranger. C’est presque devenu une plaisanterie…

Ce n’est pourtant pas nouveau. Personne ne peut plus dire « on ne savait pas ». C’était déjà un objectif que nous nous étions fixés, le recteur Legros et moi, dès 1997, comprenant clairement que nous ne pouvions pas parler sérieusement d’internationalisation de l’université sans cela. Evidemment, nous ne disposions d’aucun moyen pour atteindre ce but. En effet, le C.A. ne peut se montrer plus exigeant que la Loi. Or un long séjour à l’étranger n’est pas légalement requis pour accéder à une charge de cours.
On ne peut donc placer l’exigence qu’ensuite, parmi les critères attendus pour une promotion. C’est évidemment trop tard. Lorsqu’une personne se voit confier une charge de cours, on attend d’elle, au moins dans les premières années, qu’elle soit très présente pour accomplir ses missions. C’est avant qu’il faut agir.

J’ai pris l’habitude de rencontrer personnellement les nouveaux chargés de cours qui n’ont pas effectué de long séjour professionnel de recherche à l’étranger. Dans la majorité des cas, s’ils ne l’ont pas fait, ils me confient que c’est parce qu’on ne leur en a pas laissé l’occasion. Les « patrons » semblent considérer que leurs jeunes collaborateurs leur sont plus utiles s’ils restent auprès d’eux, et sacrifient donc leur carrière à des contingences immédiates. Sans doute pensent-ils que cela n’a pas d’importance.

C’est cette indifférence que je souhaite ébranler, en faisant en sorte que chacun prenne conscience que le séjour de longue durée (pour moi, 1 an minimum, mais depuis quelques années, on transige hélas à 6 mois…) à l’étranger n’est en rien remplacé par de nombreux séjours de trois jours ou d’une semaine, ni par la participation à des colloques et des congrès, ni par des collaborations actives avec des équipes étrangères. C’est un état d’esprit, une véritable expérience, une épreuve en quelque sorte.

Croyez-le ou non, je reçois encore des plaidoyers (pas tellement de la part des intéressés, mais plutôt de leurs « patrons » ou de collègues qui soutiennent leur candidature) arguant que dans telle ou telle branche, le séjour à l’étranger ne se justifie pas. Cet argument s’applique généralement aux cas où la matière étudiée est soi-disant locale! Mais le séjour à l’étranger vise à acquérir l’expérience irremplaçable de l’adaptation au travail dans un autre environnement, pas nécessairement à avancer dans la recherche qu’on a réalisée jusque là. A la limite, il vaut même mieux changer de sujet, ne serait-ce que temporairement, pour des raisons évidentes d’élargissement du champ d’expertise et/ou de réflexion.
A côté de cette sotte excuse, on en trouve aussi souvent une autre: « qui va encadrer les stages ou les TP si untel s’en va un an ? » Pire: « Dans notre domaine, la présence ici est indispensable ».
Entendre cela, dans une université comme la nôtre, n’est plus acceptable.

Aussi ai-je demandé au C.A. le 3 juillet de me donner carte blanche pour élaborer un règlement précis sur les exigences s’appliquant à l’accès à une fonction académique, avec pour accord de principe de rendre cette exigence incontournable pour les promotions. Cette nouvelle réglementation sera soumise à un prochain C.A. Et je ne désespère pas d’arriver un jour à placer cette exigence avant la primo-nomination, là où elle doit opérer une sélection.
Aujourd’hui, 45% des nouveaux chargés de cours n’ont jamais séjourné en dehors de l’ULg au moins 6 mois. C’est trop. Nous devons encourager les séjours post-doctoraux à tout prix.

La mobilité et l’internationalisation sont des notions qui focalisent actuellement les objectifs des universités du monde entier. Et elles entraînent, sans surprise, beaucoup de confusions et de malentendus. En particulier, l’internationalisation évoque, chez beaucoup de gens, l’idée de l’exportation commerciale des formations universitaires vers des pays demandeurs, non seulement pour asseoir la renommée de l’institution, mais surtout pour en tirer un profit considérable sur le plan financier. Voilà pourquoi, dans les slogans de la contestation étudiante, on trouve mélangés les termes d’internationalisation, de globalisation et de mondialisation, dans ce qu’ils ont de plus menaçant. Je comprends cette inquiétude, mais il est important de préciser encore une fois que lorsqu’on parle d’internationalisation à l’ULg, on évoque simplement les relations internationales, qui sont une enrichissement intellectuel et culturel majeur, indispensable dans une université aujourd’hui comme hier et de tout temps. L’ULg a conduit, sans grande coordination, différents programmes d’enseignement dans divers pays du monde, à l’initiative de professeurs ou de départements, sans le moindre esprit de lucre, mais dans le seul but de contribuer au développement et à la coopération internationale. Aujourd’hui, cet esprit se fédère et commence à se coordonner dans le cadre de LUIS (Liège University International School). Ce projet concrétise de nombreuses actions (Vietnam, Equateur, Tunisie, RDC) qui ont permis la mise en place de cursus d’études conjoints, dont plusieurs formations de master, sans autre but que de contribuer à l’essor d’institutions amies et comme seuls retours une ouverture agrandie sur le monde de certains de nos enseignants ainsi qu’un respect et une fidélité envers notre université sur d’autres continents.

Bien sûr, LUIS n’est pas, dans un premier temps, un moteur de mobilité étudiante, mais bien une opportunité de mobilité professorale.
Notre ambition est plus réaliste en matière de mobilité étudiante. Elle s’est certes développée par le programme Erasmus/Socrates, par les réseaux d’échange auxquels nous appartenons en Europe, ainsi qu’au travers de nos relations internationales à plus longue distance et là, bien évidemment, les échanges restent l’affaire d’un petit nombre, peu significatif en regard de la volonté institutionnelle de mobilité extensive.

Il est donc normal de se tourner vers les universités géographiquement proches, à commencer par celles des régions frontalières.
Nous appartenons à deux ensembles politiques établis:
- l’ « Euregio Meuse-Rhin » comprenant les provinces de Liège, du Limbourg belge et du Limbourg hollandais ainsi que du land de Rhénanie du Nord-Westphalie,
- la « Grande Région » comprenant , la Lorraine, le Grand-Duché de Luxembourg, les länder de Sarre et de Rhénanie-Palatinat ainsi que la Région Wallonne/Communauté française/Communauté germanophone.

Au sein de l’Euregio Meuse-Rhin, on trouve le consortium d’universités « ALMA » (Aachen, Liège, Maastricht, Hasselt).
Au sein de la Grande Région, on trouve le consortium de la « Charte universitaire de la Grande Région » (Liège, Luxembourg, Metz, Nancy 1, 2 & 3, Saarbrücken, Kaiserslautern et Trêves, universités auxquelles il faut ajouter diverses hautes/grandes écoles, 13 établissements d’enseignement supérieur en tout).

Au sein de la Charte, à la présidence de laquelle j’ai été installé vendredi, les 7 universités partenaires ont obtenu un financement européen visant à mettre en place « l’Université de la Grande Région » (UGR), un rassemblement virtuel des 7 partenaires en une seule université, dans un effort de mobilité entre les différents sites et de visibilité par la complémentarité.

Dans ces ensembles, il est évident que la proximité relative permet d’envisager une mobilité à coût réduit et c’est bien cela l’idée, mais il ne faut pas se cacher que les coûts de la mobilité, même dans ce contexte restreint, sont énormes pour la plupart des familles de nos étudiants.
Lorsqu’on écoute le mouvement étudiant « Respact » pour un allégement des coûts des études (ils demandent même la gratuité, sur base du pacte de New York en 1966), on se rend compte que même les minervals pratiqués dans nos pays (et particulièrement bas en Belgique) sont encore trop élevés et constituent encore un motif d’éloignement des études supérieures, on comprend que le coût additionnel d’une mobilité, même dans un rayon limité, soit rébarbatif.

C’était l’objet des manifestations de Louvain (qui faisait l’objet d’un encadrement musclé par les forces de l’ordre) lors du sommet des ministres de l’enseignement supérieur des pays signataires du processus de Bologne

ou plus bon-enfant à Saarbrücken lors du lancement de l’UGR.

Il est dommage d’entendre alors que les revendications ne se limitent pas à une demande de réduction des coûts, mais qu’elles jettent le bébé avec l’eau du bain et dénoncent toute velléité de mobilité, un discours terriblement rétrograde que j’avais déjà entendu clamer à Barcelone l’an dernier: « A quoi bon la connaissance des langues et des autres pays? Nous voulons des études chez nous et un boulot chez nous ensuite. »

Si nous voulons que nos étudiants, au moins à un moment de leur parcours, s’aèrent l’esprit et se l’ouvrent au monde, il faut abolir ces confusions. Il faut éviter qu’ils ne considèrent la mobilité comme un privilège réservé aux nantis et que cela n’entraîne chez eux un rejet du concept-même des études réalisées partiellement à l’étranger.

Pour cela, on ne peut compter sur le porte-monnaie des familles ni sur les faibles moyens des universités (la nôtre consacre toutefois un budget d’un million d’€ à la mobilité sous tous ses aspects, doublant ainsi les moyens mis à sa disposition à cet effet). On doit pouvoir attendre de la Communauté française un support massif à ce qu’elle devrait considérer comme un atout majeur à accorder à ses jeunes. Il ne suffit pas que les institutions comprennent, que les enseignants comprennent, que les étudiants comprennent, il faut aussi que les autorités politiques comprennent qu’il n’en va pas seulement de l’intérêt des uns ou des autres, mais aussi de l’intérêt général pour la Communauté. En passant d’une aide de 70 K€ en 2007 à 1 million en 2008 et 1,7 millions en 2009, le Gouvernement a montré qu’il progressait, mais on voit aisément qu’on n’en est pas encore à un ordre de grandeur qui puisse rassurer les étudiants sur la levée de cet obstacle financier.

Appel au prochain gouvernement de la CFB et à son ministre de l’enseignement supérieur: reprenez le flambeau, il reste un gros effort à faire…

Il y a trois ans déjà, nous accueillions des « sans-sapiers » dans nos locaux désaffectés du Val-Benoît. Cette occupation s’était bien déroulée, si ce n’est qu’il y avait parmi eux des grévistes de la faim et que ce n’avait pas été de tout repos en raison de l’inquiétude qu’on pouvait avoir pour l’évolution dramatique de l’état de santé de ces personnes.

Aujourd’hui, nous sommes sollicités de toutes parts pour nous manifester en tant qu’institution universitaire. On nous presse de joindre notre voix à celles qui proclament qu’il est plus que temps de cesser de lanterner ces personnes qui sont plongées parfois depuis très longtemps dans une incertitude complète quant aux critères qu’elles pourraient peut-être remplir pour bénéficier d’une régularisation. Certes, on ne peut imaginer qu’elles soient toutes dans ces conditions mais au moins doivent-elles savoir si c’est oui ou non. En outre, la détention de certaines d’entre elles, dont des enfants, dans des centres fermés pour des périodes prolongées dérange ce que les universités ont de plus profond: leur attachement aux droits inaliénables de la personne humaine.

Comment allier le désir de s’exprimer, le désir de prendre part à la question et le souhait de ne pas vivre à nouveau une occupation passive et non sans risques, avec la sensation de l’inutilité du geste ?

Tout simplement en faisant ce que nous savons faire et, généralement, faire bien: utiliser nos compétences pour attirer le regard des citoyens, de la presse et des personnalités politiques; créer un événement tout à la fois médiatique et utile: un rassemblement-débat où des spécialistes (juristes, sociologues, psychologues, philosophes, politologues, etc.) pourront communiquer leur analyse du problème, voire suggérer des solutions et faire avancer les choses par la réflexion collective plus que par la simple manifestation d’humeur. Ma proposition est une manifestation active, positive et réellement progressiste, faisant usage de nos meilleures capacités. Ce sera aussi le moment de mobiliser nos étudiants et de les sensibiliser à la question. Cet événement pourra se poursuivre au travers d’ateliers auxquels les « sans-papiers » seront invités à participer. C’est donc d’une « occupation » active, positive et créative qu’il s’agira, avec un encadrement compétent.

Venez donc nombreux le mercredi 18 mars de 12h à 14h, au même moment que les autres manifestations notamment à Bruxelles et à Liège, place du Marché, aux Amphis de l’Europe (Sart Tilman) et amenez-y du monde. J’espère que mes collègues professeurs encourageront vivement leurs étudiants à y assister. La prise de conscience citoyenne, c’est aussi un apprentissage indispensable qui fait partie de nos missions.

Les élections au Conseil d’administration de l’ULg approchent à grands pas.
Comme tous les corps, les étudiants vont voter et il est important qu’ils le fassent. Et qu’ils présentent en nombre leur candidature également.
Persuader les étudiants de participer aux élections en votant ou, mieux encore, en étant candidat, n’est généralement pas chose facile. Les exhortations des autorités académiques n’ont que peu d’effet. La « Fédé » a plus de chance de convaincre et elle s’y emploie. En particulier, elle y a consacré la plus grande partie du dernier numéro de son journal, le P’tit Torè.
Comment ne pas être désarçonné , dès lors, par le choix de l’illustration en couverture ?

Première hypothèse: les étudiants responsables n’ont jamais entendu parler du personnage, ils ont juste sélectionné la photo d’un brave citoyen (en képi, il est vrai) en train de voter. Cela m’étonnerait, connaissant leur érudition politique.

Deuxième hypothèse: ils ignorent tout du bilan de l’homme, la dictature totalitaire, le Goulag, la Sibérie, les déportations massives des coréens, des polonais, des allemands de la Volga, des baltes, des tchétchènes, des tatars de Crimée, des kalmouks, des ukrainiens, entre autres. Il n’ont pas eu vent des séquestrations arbitraires, du placement forcé de centaines de milliers d’enfants en orphelinat, du Politburo, des purges systématiques, des rafles quotidiennes et de la terreur permanente. Cela m’étonnerait tout autant, pour la même raison. Ils devraient également ignorer les pratiques électorales connues du monde entier sous le nom de « vote stalinien » et ce serait encore plus surprenant.

Troisième hypothèse: tout ceci n’est qu’un énorme clin d’œil, certes de mauvais goût, mais relevant d’un humour au second degré. Dans ce cas, on devrait en trouver la clé quelque part dans ce même numéro du journal. J’en ai nourri l’espoir mais il n’en est rien, j’ai bien cherché…

Quatrième hypothèse: l’allusion est intentionnelle. Le sympathique « petit père des peuples » est bien une référence honorable pour l’éditeur responsable du P’tit Torè (la Fédé), il est une icone montrant à tous le chemin à suivre et les méchancetés que l’on raconte sur son compte ne sont que malveillance. J’espère de tout cœur qu’un tel révisionnisme n’a pas cours dans notre université.

Une cinquième hypothèse m’échappe? Dites-moi que oui!

On me dira que je m’inquiète pour quelque chose de bien anodin mais, sans rire, ce n’est pas mon avis. Et si j’étais étudiant à l’ULg en 2009, je me poserais quand même sérieusement la question de savoir qui me demande d’adhérer et à quoi…

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