Enseignement/Formation


La semaine dernière, après le décès tragique d’un étudiant d’une haute école liégeoise à la sortie d’une nuit de libations, organisée en prélude à la célèbre Saint Nicolas des étudiants par l’Association générale des étudiants liégeois (AGEL), un groupement indépendant de l’Université et qui compte des étudiants de toutes les institutions d’enseignement supérieur (et de plus en plus, secondaire), la presse n’a pas manqué de me demander mon avis ni ce que je comptais faire. Allais-je attendre un quatrième décès pour agir ?

En dehors du fait que je n’avais strictement rien à voir avec cet événement, je rappelais que, si je suis en faveur d’un site « en dur » et « sécurisé » pour les guindailles et autres activités « folkloriques », je suis dans l’impossibilité de faire des propositions financières ou immobilières et que j’ai par contre fait des propositions d’emplacement au Sart Tilman. L’AGEL ayant rejeté cette proposition, tout reposant maintenant sur un accord de l’AGEL avec la Ville.

Alors que je donnais une interview, les étudiants commençaient à arriver en cortège sur la place du 20 Août. L’ambiance bruyante, braillarde et joyeuse, pour laquelle j’ai, d’habitude, beaucoup de tolérance et de compréhension (n’ayant manqué moi-même aucune Saint Nicolas lors de mes études, je l’avoue), m’est apparue terriblement choquante, moins de 10 heures après le drame. J’ai donc exprimé mon sentiment d’indignation face à ce que je considérais comme un festoiement déplacé à ce moment-là. Je l’ai dit spontanément et je le maintiens. La décence impose, me semble-t-il, que la mort d’un participant entraîne l’annulation des festivités.

Certes, les mauvais exemples abondent, de la mort de Senna à celle des victimes du Heysel, l’indécence s’est banalisée et va aujourd’hui jusqu’à la considération qu’il est normal qu’un groupe — vaste et hétérogène, je le concède — prolonge ce qui n’est somme toute que réjouissances et festivités malgré la gravité suprême de l’accident survenu. Les justifications entendues sont toutes édifiantes : « l’argent investi ne peut être perdu » ou « il serait dangereux de lâcher en ville une horde d’étudiants frustrés par l’annulation de la fête ». Ou encore, le plus consternant : « le défunt, on ne le connaissait même pas, personnellement ». Ces excuses sont évidemment de mauvaises excuses, qui, toutes, mettent en lumière une terrible confusion des valeurs.

A quoi rime donc la fête, si elle ne solidarise pas ?
Que devient la fête, lorsqu’elle est instrumentalisée par des intérêts financiers divers, par ailleurs externes au monde strictement étudiant, et pour lesquels seul compte la rentabilité ?
Quel est le sens de la fête si elle n’est que pur plaisir égoïste du moment ?
La valeur argent, la valeur plaisir, la valeur « tout, tout de suite », la valeur « moi d’abord » ont-elles remplacé aujourd’hui la valeur de la vie humaine et du respect de celle-ci ?

La cerise sur le gâteau fut l’intervention du monde politique, ou, plus précisément, celui des jeunes engagés politiquement, avec un extraordinaire communiqué de presse émanant des « Ecolo J – ULg », des « Etudiants démocrates humanistes (Edh) de Liège » et des « Etudiants Libéraux Liégeois (FELU) » et fustigeant l’irresponsabilité d’un recteur qui a osé blâmer les fêtards pour ce qu’il appelle de l’indécence. Et d’expliquer pourquoi la décision de continuer la fête était parfaitement décente, responsable et appropriée. A ceci s’ajoute le commentaire sur Facebook de l’incontournable Michel Peters : « L’irresponsable, aujourd’hui, c’est le Recteur de l’Université de Liège ! Il serait peut-être temps qu’il arrête de parler de ce qu’il ne connaît pas. On ne peut pas être malin en tout ! ». Curieuse déclaration d’un conseiller communal dont, évidemment, on connaît l’engagement en faveur de la guindaille et du folklore étudiant, mais dont on attendrait qu’il sache ce qu’est réellement le sens des responsabilités, de l’éthique élémentaire et du savoir-vivre.

Enfin, dans l’énorme débat qui suivit le « buzz » toute la semaine, on vit à nouveau apparaître une totale confusion. Ma déclaration portait exclusivement sur le caractère inapproprié, selon moi, de la prologation de la fête dans l’immédiate période de deuil. Je fus néanmoins rapidement accusé de vouloir combattre la guindaille et liquider le folklore étudiant. Encore une fois, je réaffirme que je ne suis pas opposé aux distractions de la vie étudiante, que j’ai salué la qualité du maintien de l’ordre et de la sécurité, tant par les forces de l’ordre, massivement mobilisées cette nuit-là, que par l’organisation elle-même. J’ai reconnu que l’accident était survenu en dehors de la durée et du périmètre de responsabilité des organisateurs ou de la police. On ne peut reprocher à une organisation tout ce qui va se passer par après. Ca ne viendrait d’ailleurs à l’esprit de personne si ces soirées n’étaient copieusement arrosées, ce qui, évidemment, augmente les risques. Je ne jetais donc la pierre à personne pour l’organisation de soirées, du cortège ou de rassemblements quelconques. Je ne rejette pas la fête. Je pense seulement qu’il y a un temps pour tout et que, parfois, les événements réclament deux comportements honorables: réserve et dignité.

Pour clore le débat public sur l’opération d’extinction de toute discrimination à la FMV (voir billets précédents), et sachant que l’action continue pour veiller à en faire disparaître toute trace, j’ai le plaisir d’annoncer qu’avant même que le délai accordé à la commission que j’appellerai « d’assainissement éthique » de la Faculté, ses membres se sont déjà fermement engagés dans la bonne voie et des mesures sont déjà prises, en pratique.
Comme je l’ai beaucoup dit, il faut en outre modifier l’état d’esprit de certains individus que j’espère relativement rares et je me réjouis, à cet égard, de l’attitude constructive et proactive de la Société générale des Etudiants en Médecine vétérinaire de l’ULg (SGEMV), souvent mise en cause, et qui publie son engagement solennel sur son site web. J’applaudis des deux mains aux déclarations qui y sont faites et à l’attitude progressiste et volontariste qui y est encouragée.

J’aimerais juste apporter une petite précision. Jamais je n’ai considéré que LES professeurs ou LES maîtres de stages étaient tous coupables ni même tous suspects. A tout moment, j’ai eu la prudence de dire que, dans les témoignages bien étayés déposés auprès du Centre pour l’Egalité des Chances et la Lutte contre le Racisme, que je connais puisque j’étais en copie d’emblée au moins de certains d’entre eux (il y en a eu un, en effet, puis plusieurs autres), je suis en droit de penser que certains ont fait preuve d’un comportement de ségrégation ou de favoritisme flagrant. C’est de ceux-là que je parle, et en aucun cas je ne fais d’amalgame. J’ai énormément de respect pour tous mes collègues, mais personne ne m’empêchera de juger avec sévérité ceux d’entre eux à propos desquels une dérive inacceptable serait avérée, démontrée et reconnue. Loin de moi l’idée même d’une chasse aux sorcières et je ne voudrais pas que l’on imagine que je suis persuadé que ces cas sont nombreux. Je l’ai déjà dit: rien ne me réjouirait plus que de savoir que ces dérives n’existent pas et, si c’est le cas, je serai le premier à le faire savoir haut et clair.

Les étudiants sont déterminés à mettre de l’ordre chez eux, les encadrants aussi et moi-même
également. Ensemble, nous y arriverons.

Je souhaite à présent clore le débat sur mon blog concernant la question de la discrimination des non-baptisés en Faculté de Médecine vétérinaire. Je pense qu’avec l’abondance des commentaires apportés à mes billets précédents, nous sommes aujourd’hui suffisamment informés pour bien comprendre les thèses qui s’affrontent. Les nouveaux messages qui affluent n’apportent plus rien de neuf. Soit ils confirment ce qui a déjà été dit (et je suis sûr qu’on pourrait continuer ainsi longtemps), soit ils dégénèrent en bataille rangée et je n’ai pas pour objectif d’attiser des rancunes personnelles, ni d’étaler aux yeux de tous des chamailleries sans intérêt.
Je présente donc mes excuses à ceux qui continuent à m’envoyer des prises de bec, ou des témoignages déjà décrits et dont j’ai décidé de ne plus publier les messages.

Je tiens toutefois à préciser que je reste personnellement à l’écoute de chacun et que je lis et écoute tous les témoignages qu’on m’envoie ou qu’on vient me présenter. En effet, la concordance de certains d’entre eux est troublante et apporte réellement de la précision à mon objectif d’en finir avec des comportements inacceptables. Mon attention reste donc pleine et entière, même si je n’alimente plus le blog avec de nouvelles interventions. A cet égard, je ne serai jamais suffisamment informé.

On peut résumer les différents points de vue de la manière suivante (je fais l’impasse sur le baptême lui-même, dont j’ai déjà dit ce que je pensais et que je n’envisage pas de remettre en question à ce stade, mais je reste demandeur d’une charte qui s’applique à toute l’Université, en accord avec toutes les Facultés):

• Des étudiants ayant décidé de ne pas faire leur baptême, ce qui reste leur droit le plus strict, je le rappelle, dénoncent des attitudes plus ou moins dures de ségrégation par ceux qui sont baptisés. Si cette attitude discriminatoire est largement le fait d’autres étudiants, on en reste à des querelles de cour de récréation. Si cette attitude est également le fait de personnel encadrant, ceci devient inacceptable. Des noms reviennent régulièrement et cela ne peut être simplement l’effet du hasard. Il est évident que j’aurai un entretien personnel avec ceux et celles qui sont la cible de ces accusations.

• Parmi les accusations, on trouve des niveaux de gravité différents. Je pense être capable de faire la distinction entre taquinerie et harcèlement, tout en étant conscient du fait que ce qui est perçu comme un harcèlement par une personne pourra parfaitement être interprété comme une taquinerie par une autre. Il convient aussi de faire la part des choses entre ambiance désagréable et handicap à la réussite. La première est regrettable, le second ne peut être toléré.

• Sans nier les faits, beaucoup de baptisés nous disent qu’ils ont le droit de former un club. C’est vrai. Que ce club peut être réservé à ses membres, comme un club privé. C’est vrai. Que l’appartenance à ce club peut donner droit à une entraide significative. C’est vrai. Le reproche qui est fait, cependant, est non pas l’esprit d’entraide qui est louable, mais le rejet de l’autre avec l’expression d’un mépris et d’un manque total de respect. L’indifférence serait navrante mais non répréhensible, l’agressivité l’est.

Voilà, il me semble, la palette des éléments importants à dégager dans cette affaire.

Tout cela laisse penser que le chemin vers une meilleure acceptation des différences — une vraie valeur que je prône avec force pour mon Institution, une valeur que j’aimerais voir transmise à nos étudiants — n’est peut-être pas si escarpé, si tout le monde veut y mettre du sien, pour le bien d’une Faculté dont je ne dirai jamais assez combien elle excelle, combien elle a réussi à imposer internationalement sa réputation de qualité et combien il me chagrinerait (le mot est faible) de voir la réputation ternie par des comportements aussi primitifs, voire barbares. Lutter contre cet état de chose et l’éradiquer (je réutilise le terme parce que c’est le bon: éradiquer des comportements, bien sûr, pas des gens!) est dans la mission de chacun, à son niveau et à la mesure de sa bonne volonté. Je réitère mon appel à la raison et à la contribution de chacun à cette guérison, qui repose sur une prise de conscience commune de l’intérêt général par delà l’esprit de castes qui ne doit en aucun cas avoir cours dans un établissement universitaire digne de ce nom.

A la demande des organisations étudiantes, pour ceux que cela intéresse, voici les sites qui peuvent être visités: celui de la SGEMV et celui du CLV

Dans le très abondant courrier que je reçois concernant la discrimination des étudiants en Médecine vétérinaire non baptisés — dits les « chroniques » ou les « chros » — (voir les billets précédents et les commentaires qu’ils ont suscités) je reçois également bon nombre de messages anonymes.
J’ai pour principe de ne pas afficher de commentaires dont les auteurs ne sont pas identifiables. Certes, tout le monde peut inventer un faux nom, mais ceci permet quand même de limiter les débordements.
Mon second principe est de ne pas afficher les commentaires orduriers, injurieux, haineux ou par trop stupides. Question de tenue.
Dans toute cette histoire, je n’ai pas dû éliminer beaucoup de commentaires anonymes ou déplacés.

Par contre, je suis confronté à un phénomène inhabituel: les anonymes qui me supplient de préserver leur anonymat, généralement encore étudiants. Leur témoignage est souvent étonnant, mais facilement vérifiable, et il en dit long sur le climat maffieux que font régner certains étudiants baptisés dans la Faculté. Je précise certains car je ne veux pas qu’une fois de plus, on pense que je mets tout le monde dans le même sac (les autres étudiants baptisés, le personnel scientifique ou académique, les maîtres de stage, etc.), je réalise que la discrimination est entretenue par une catégorie précise de personnes. Si ces anonymes tiennent à le rester, ils souhaitent néanmoins me faire part de leur témoignage et ils ne sont donc pas anonymes à mon égard. Je dispose de leurs coordonnées et ils se tiennent à ma disposition si je souhaite les interroger. Je ne manquerai évidemment pas de le faire. En attendant, je mets quelques uns de ces témoignages en commentaire de ce billet, pour que chacun puisse juger.

Pour moi, l’objectif se précise. Je l’ai dit, la cible n’est pas le baptême en soi, ni la liberté de sélection des maîtres de stages dont on sait qu’ils doivent héberger les stagiaires chez eux, au sein de la famille, nourris, logés, et auxquels on doit laisser une grande liberté de choix (on peut cependant regretter que ce choix se fasse sur le critère « baptisé », il y en a d’autres, bien plus acceptables et justifiés, même s’ils restent subjectifs). La cible n’est pas les membres du corps professoral ni les autres encadrants, sauf s’il s’avérait indiscutablement que l’un d’eux dérape en cette matière. Non, la cible est un noyau dur d’étudiants qui perpétue le harcèlement et les représailles sont telles ou les menaces de représailles sont telles que d’autres étudiants inscrits à l’ULg, qui ont tous les mêmes droits et devoirs, n’osent pas se découvrir. Ca glace les sangs. Je pense néanmoins que nous aurons bientôt suffisamment d’éléments pour identifier les responsables et les inviter à plus de respect de l’autre…

Comme toujours, lorsqu’on parle du problème évoqué dans le billet précédent, on s’éloigne vite du propos précis.

1) Je rappelle qu’il ne s’agit pas de remettre en question le baptême estudiantin, pour autant qu’il soit pratiqué indépendamment de toute conséquence injuste et discriminatoire. A ceux qui ont compris que mon propos était anti-baptême estudiantin, je dis: relisez calmement, je n’ai jamais dit ça, même si j’ai dit que, dans les activités soi-disant folkloriques, je réprouvais les attitudes humiliantes.

2) Je précise que, si j’ai dit que des étudiants, des assistants, des professeurs et des maîtres de stages ont, ou ont eu un comportement que je réprouve, je n’ai certainement jamais voulu généraliser et je suis prêt à entendre qu’ils sont en infime minorité (ce que je pense), voire inexistants aujourd’hui. Je m’en réjouirais. Si certains ont trouvé mon propos trop énergique (j’ai entendu parler de « karchérisateur » à mon sujet!), j’en suis désolé. Croyez que je n’assimile pas tout le monde à ce profil-là et que je sais pertinemment que ce comportement n’est pas courant, ni même toléré dans la Faculté, mais je ne puis ignorer les plaintes et je dois donc en avoir le cœur net.

3) Quant aux sanctions que j’ai annoncées, il va de soi (mais ça me semblait clair) qu’elles ne seront appliquées qu’à ceux dont la culpabilité serait avérée, bien entendu.

Mon vœu le plus cher est que la mobilisation que je constate au sein de la Faculté — et j’en félicite sincèrement tous ses membres — produise des effets bénéfiques, même si la tempête ne se déchaîne que dans un verre d’eau. Au moins aura-t-on saisi une opportunité intéressante.

D’autre part, le Doyen de la Faculté de Médecine vétérinaire a rencontré ses étudiants ce jeudi et les choses évoluent dans le bon sens, comme en témoigne le billet radio sur Vivacité.

Néanmoins, vous verrez dans le commentaire de ce billet qu’avec certains maîtres de stage, nous n’en sommes pas encore sortis…
Affirmer qu’il n’existe pas de discrimination reste encore un peu prématuré.

Il y a quelques semaines, le Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme (CECLR) me faisait savoir qu’il était saisi d’une plainte d’un étudiant en Médecine vétérinaire dénonçant une discrimination systématique des étudiants non-baptisés. Le « baptême » estudiantin est en effet une tradition séculaire chez les vétérinaires, comme d’ailleurs dans d’autres facultés telles que les Sciences appliquées, la Médecine, la Philosophie-et-Lettres ou l’Agronomie.

L’intensité et les exigences quelque peu démesurées de ce « baptême » me posent problème, personnellement. Les attitudes d’humiliation des « bleus » par les baptisés me sont terriblement antipathiques car je déteste le manque de respect et l’avilissement délibéré, même lorsque la victime est consentante. Toutefois, si j’appelle au calme et à la mesure, je ne souhaite pas aller jusqu’à l’interdiction des baptêmes. Comment, d’ailleurs, le pourrais-je? Des adultes majeurs peuvent se livrer à tout ce qui leur passe par la tête dans un contexte privé sans que je dispose du moindre moyen de les en empêcher, et c’est très bien ainsi. Après tout, personne n’est obligé de se soumettre à ce à quoi il ou elle répugne, dire non reste son droit le plus fondamental.

Seulement voilà: il faut évidemment que cette dernière phrase soit vraie. Là où on sort carrément des clous, c’est lorsque le refus de se soumettre aux épreuves du baptême estudiantin conduit à des représailles de la part d’étudiants baptisés, de la part de membres du personnel scientifique baptisés ou de la part de professeurs baptisés — et ce n’est pas moins grave lorsqu’il s’agit de maîtres de stages extérieurs à l’Institution —, qui pratiquent l’abus de pouvoir, donc le harcèlement. A ce moment-là, que les représailles tiennent de l’intimidation, du rejet, ou de n’importe quelle forme d’entrave à la poursuite sereine des études, cela devient de la discrimination et c’est bien évidemment interdit par la loi — que nul n’est sensé ignorer —, tout autant que par l’éthique la plus élémentaire. De tels comportements seront sanctionnés par l’ULg qui dispose, pour cela, des organes nécessaires.

Une rencontre a donc été organisée le 6 octobre entre le Conseil de la Faculté, deux représentantes du CECLR, mes collaborateurs des affaires académiques, étudiantes et juridiques et moi-même. De cette rencontre est née la décision claire et déterminée du Doyen et des membres du Conseil de Faculté de veiller à mettre bon ordre à cet état de choses en suivant mes recommandations: créer une commission chargée d’enquêter sur ces anomalies et rédiger une charte de déontologie précisant les limites des activités estudiantines et de la discrimination qu’elles induisent. Cette charte sera d’application dans toute l’Université.

Ayant « eu vent » de cette rencontre, le 12 octobre, la RTBF a diffusé un billet dans son journal télévisé de 19h30. Assez logiquement, d’autres media ont suivi et ont donné de l’ampleur à un problème que j’aurais souhaité régler sereinement. Mais c’est la loi du genre. Plusieurs autres plaintes me sont parvenues depuis lors ainsi qu’au CECLR, et elles sont sorties enfin de l’anonymat. Le lendemain, j’ai convoqué à nouveau le Conseil de Faculté afin de le presser de finaliser la constitution de la commission et la rédaction de la charte. J’ai en outre fixé la date du 15 novembre pour l’accomplissement de cette mission, ainsi qu’un autre objectif: celui de proposer un ensemble de valeurs moralement acceptables sur lesquelles pourraient se fonder l’esprit d’équipe, l’esprit de corps, le sens de l’entraide et la solidarité qui font aujourd’hui la fierté de la Faculté et qui remplacera la valeur désormais inacceptable que véhiculent les épreuves du baptême. J’entends bien que cette vision utile et innovante s’installe dans tous les esprits au sein de la Faculté, ainsi que chez ses anciens diplômés, afin d’en finir avec une sélection basée sur le rejet de groupes qui rappelle étrangement les rejets fondés sur des discriminations ethniques ou religieuses, un ostracisme maintenant puni dans tous les pays qui partagent notre culture (à l’exception notable et heurtante de certaines expulsions ethniques qui suscitent l’indignation dans toute l’Europe).

Pour ma part, je recevrai dès à présent les témoignages de toutes les personnes qui le souhaitent, pour autant que ces témoignages relatent des faits réellement vécus et non des informations indirectes, des rumeurs ou des fantasmes collectifs. En effet, nous nous attaquons ici à un sujet qui prête à toutes sortes de commentaires et je ne désire pas que mon écoute — que je promets pleine et entière — soit polluée par des racontars sans fondement. La tâche sera donc très difficile. Je me ferai aider par nos spécialistes en matière juridique, éthique et de qualité de la vie étudiante, ainsi que par des psychologues experts. J’entendrai également les organisations d’étudiants.

Je sais que changer les mentalités exige un travail de fond long et difficile ainsi qu’une adhésion très large de l’ensemble des acteurs à tous les niveaux et que, par conséquent, il serait illusoire d’espérer tout transformer en un claquement de doigt. Mais si j’entends bien ce que la Faculté me dit, ces délits ne sont plus aujourd’hui que le fait de quelques personnes, peut-être inconscientes du caractère délictueux de la discrimination qu’elles exercent, même si c’est difficile à croire. Il faut alors que ces personnes soient, en toute justice, identifiées et qu’elles soient informées des risques qu’elles prennent au regard de la loi et de la justice, en plus des sanctions internes qu’elle encourent. Il est évident que, plutôt que d’êtres mues par la peur du gendarme, je préférerais qu’elles prennent réellement conscience de la nature abjecte et inacceptable, voire répréhensible et condamnable de leur comportement.

Cela ne m’empêche pas d’être pressé, car je tiens à ce que cette année académique soit la dernière où la Faculté de Médecine vétérinaire se trouve entachée par cette réputation nauséabonde. Mon objectif est que, dès l’année 2011, qui marquera les célébrations du 175è anniversaire de la Faculté de Médecine vétérinaire et le 20è du déménagement de Cureghem à Liège, celle-ci soit définitivement désinfectée.

Voir aussi les commentaires récents à mon article du 25 mars dernier

Dans le sillage de la Rentrée académique, durant laquelle j’avais lancé un appel solennel à la Communauté française pour un refinancement lié à l’accroissement inouï du nombre d’étudiants, tout particulièrement en médecine et en sciences dentaires, le Conseil des Recteurs francophones (CRef) a relayé l’appel dans un communiqué réclamant une attention particulière à cette question, qui préoccupe cinq de nos universités. Cet appel a été entendu.
Nous avons rencontré hier soir le Ministre de l’Enseignement supérieur, Jean-Claude Marcourt, qui apporte une aide d’au moins trois millions d’Euros pour l’année 2011. Cette somme permettra de renforcer significativement l’encadrement des facultés concernées.
Avec cette aide, ponctuelle bien sûr, nous pourrons faire face à l’urgence, en clair, la situation que nous vivons actuellement dans nos facultés de Médecine. Mais elle devra également servir à prévoir l’avenir, et un avenir pas tellement lointain, qui pose la question cruciale: que faire pour améliorer les conditions d’apprentissage dans ces études malgré l’envahissement de nos institutions.
Un pari est pris sur l’auto-régulation de l’accès aux études de médecine et de dentisterie, avec l’établissement d’un test permettant à chaque futur étudiant de s’évaluer. Ce test doit être validé et fiable. Il doit également se prolonger, pour ceux qui ne le réussissent pas, par une offre de remise à niveau adaptée à l’amplitude du déficit. Une telle approche est très coûteuse, on le comprend, mais nous sommes décidés, avec les moyens nouveaux, à la mettre en œuvre.

Comme l’indique le communiqué ministériel: « Ces propositions doivent inscrire davantage le processus d’orientation progressive des étudiants au cœur d’une politique de la réussite, sachant qu’il est vain de laisser les étudiants les moins bien préparés s’engager sans accompagnement spécifique dans des études longues et difficiles ».

On reconnaîtra ici la préoccupation que je décrivais dans mon discours.

Aujourd’hui, les recteurs ne cachent pas leur satisfaction d’avoir reçu une écoute débouchant sur une action concrète. Les étudiants en sont également heureux, à l’unisson des recteurs. Il est suffisamment rare que les étudiants soutiennent notre action pour que cela soit souligné! ;-)

Tout le monde est d’accord que l’on n’est pas au bout d’un réel refinancement, mais pour l’instant ne boudons pas notre plaisir et mettons-nous à l’œuvre sans tarder: le temps presse et il y a beaucoup de choses à faire.

J’essaie généralement de ne pas bondir sur mon blog lorsqu’un émoi médiatique implique l’ULg. En particulier, je ne le fais pas lorsque le sujet est élogieux. J’ai plus de mal à me contenir lorsqu’il est négatif. Je n’y arrive pas quand il est faux et injuste. Même si ce n’est qu’une tempête dans un verre d’eau.

Les faits objectifs

Rudy Aernoudt, coprésident du récent Parti Populaire, donne depuis trois ans, en tant que suppléant, un cours en néerlandais intitulé « Inleiding tot goed bestuur » (Introduction à la bonne gouvernance), aux étudiants de 3è Bac en Droit et de 2è Bac en Sciences politiques. Pas une seule critique de la part des étudiants en trois ans. Seule, une attaque dans la presse il y a deux ans, suite à la très médiatisée éviction de M. Aernoudt du Cabinet de la ministre Fientje Moerman et de la démission subséquente de celle-ci. J’y réponds en arguant que je pense qu’il est bon pour nos étudiants d’être confronté avec des avis aussi divers que possible, que c’est exactement cela, le pluralisme que revendique chèrement l’ULg et dont je me fais l’ardent défenseur. Le soufflé retombe.

En 2009-2010, le Département de Science politique se soumet à une évaluation communautaire AEQES et tire les conclusions de cette évaluation en mettant sur pied une réforme de ses programmes qui a été adoptée au Conseil de la Faculté de Droit et de Science politique le 5 mai, puis au Conseil d’Administration de l’ULg le 19 mai. Seules des préoccupations d’ordre pédagogique ont donc guidé ces modifications de programme. Personnellement, à ce moment, je ne réalise même pas que le cours de M. Aernoudt n’est plus au programme.

Le 24 juin, sans prévenir personne ni poser de question à quiconque, le Mouvement des Jeunes Socialistes, dont « les membres, de par leurs idées progressistes contribuent à la formation à la vie politique de leurs pairs et organisent des activités dans le but de mobiliser et de sensibiliser au maximum leurs concitoyens », sort un communiqué Belga dénonçant le fait que M. Aernoudt donne cours à l’ULg et utilise comme référence son livre, « Comment l’Etat gaspille votre argent » co-écrit avec Alain Destexhe.

Renseignement pris, je constate que le cours en question ne sera pas renouvelé, qu’il ne fera plus partie des cours donnés à la Faculté de Droit et de Science politique en 2010-2011 suite à la réforme dont je viens de parler. Je réagis immédiatement dans un communiqué et je pense naïvement calmer le jeu en disant que M. Aernoudt est maître de conférences invité, qu’il ne fait donc pas partie du corps académique de l’ULg, que son enseignement n’a jamais suscité de réaction ni de plainte de la part des étudiants, qu’il a été décidé de remplacer ce cours dès l’année académique 2010-2011, et que par conséquent, le contrat de suppléance de cours de M. Aernoudt s’achèvera au 30 septembre 2010.

Mais le débat, le buzz comme on dit aujourd’hui, s’étend et se bipolarise. Il y a:
- ceux qui pensent que telle ou telle personnalité ne devrait pas s’exprimer en milieu universitaire, sur base d’une très étonnante censure que le Recteur devrait sans doute appliquer en utilisant son propre jugement, ce qui me semble particulièrement dangereux;
- ceux qui croient que la non reconduction de M. Aernoudt est un limogeage et que celui-ci a éte « ordonné » par une autorité politique à laquelle l’ULg serait soumise et à laquelle le Recteur ne pourrait résister, ce qui me semble totalement fantaisiste.

Je répondrai donc aux tenants de ces deux extrêmes, à savoir le MJS et Rudy Aernoudt.

Aux membres du MJS

Je suis affligé par votre réaction qui ne reflète pas l’opinion des étudiants qui reçoivent ce cours. Elle me semble refléter une incompréhension de votre part vis-à-vis d’une philosophie de l’enseignement en Science politique et en Droit administratif qui expose nos étudiants à des interlocuteurs extérieurs les plus divers. S’il est bien un domaine où cela s’impose, c’est celui-là. Sachez que je souhaite, comme beaucoup, que nos étudiants bénéficient d’occasions multiples et variées d’exercer leur esprit critique et ceci, c’en était une. On aime les idées de M. Aernoudt ou on ne les aime pas. On aime les idées socialistes ou on ne les aime pas. Mais je me refuse à voir nos étudiants tenus à l’écart des réalités bien tangibles de la vie et à les maintenir dans un cocon comme s’ils étaient des nourrissons. En fait, Mesdemoiselles et Messieurs du MJS, vous me semblez vous faire une idée de l’étudiant de 2è ou de 3è bachelier bien éloignée de la réalité.

L’un d’entre eux écrivait avec beaucoup de maturité, en commentaire à un article en ligne sur ce sujet:
« Je suis un des 13 étudiants suivant le cours de Mr Aernoudt cette année. Je voudrais clarifier certaines choses: 1) ce cours est dispensé en langue néerlandaise en parallèle au cours en langue anglaise sur la bonne gouvernance européenne. Logique non? 2) le cours est supprimé car le département de sciences politiques privilégie les cours de langue suite à un souhait des étudiants. 3) A 20 ans, on est pas endoctriné, on est tous capable de faire la part des choses, on a tous une opinion que chacun défend lors des débats sur les différents sujets du livre que nous avons lors de chaque cours. 4) pourquoi ne pas dispenser ce cours en néerlandais? serait-il préférable de ne pas en parler ou de ne pas apprendre le flamand? Je voudrais terminer en vous invitant à lire son livre et à penser à nous 13 demain entre 14h et 17h30 car nous passerons successivement l’examen oral sur cette matière! »

Un organe de presse s’interrogeait: « Le cours donné par Rudy Aernoudt à l’Ulg est-il neutre? » Mais qui veut des cours neutres? L’ULg ne se dit pas neutre mais pluraliste, c’est très différent. Elle n’est pas incolore, elle est multicolore! C’est la spécificité qu’elle veut affirmer.

Sachez que notre université accueille comme maîtres de conférences des personnalités de tous bords et de tous les partis. Vous les retrouverez assez simplement en consultant les programmes de cours de l’ULg, elles sont nombreuses. Elles sont choisies pour l’expérience qu’elles peuvent communiquer à nos étudiants indépendamment de leurs convictions ou de leurs engagements. Priver nos étudiants de cette richesse équivaudrait à demander à la presse de ne pas donner la parole à tel ou tel parti, à telle ou telle personne. Il n’y a pas qu’elle qui doit se voir garantir la liberté d’expression dans un pays démocratique, les universités y ont droit aussi.

Bien sûr, ces invitations sont, par essence, temporaires et les facultés doivent pouvoir les arrêter quand elles le souhaitent. C’est encore mieux si elles le font dans les formes. Mais elles doivent aussi résister à des pressions extérieures, que celles-ci soient guidées politiquement ou philosophiquement, et garder le cap qu’elles se sont donné collégialement et démocratiquement.

A Rudy Aernoudt

Je regrette la manière dont les choses se sont passées. Vous auriez dû recevoir l’information de la non-reconduction de votre cours l’année prochaine beaucoup plus tôt, puisque l’adoption, par le Conseil d’Administration de l’ULg, du nouveau programme de cours date du 19 mai. On peut même penser que vous auriez dû en être averti plus tôt encore. Et c’était bien le ou les Départements concernés qui auraient dû vous en parler. J’accepte donc toutes les critiques sur ce manque de délicatesse.

Par contre, je trouve votre réaction, si j’en comprends la colère, déplacée parce qu’inexacte et là, votre rigueur scientifique m’inquiète.

On vous prête beaucoup de qualités. Je les ai moi-même appréciées lorsque vous étiez chef de Cabinet d’un ministre régional wallon, M. Kubla. On vous trouve également de gros défauts, en particulier celui d’être populiste, simplificateur, voire poujadiste. Et c’est bien ce défaut qu’on retrouve dans votre réaction de ces derniers jours. Le poujadisme est essentiellement basé (et c’est ce qui fait son relatif succès auprès des personnes mal informées) sur la création artificielle et volontaire d’un lien de cause à effet entre des faits qui n’en ont aucun. Dans ce cas-ci, vous clamez sur tous les toits que vous avez été « viré » parce que vous n’êtes pas socialiste. Vous dites l’avoir été par un recteur qui est inféodé aux politiques qui le tiennent par l’argent. Vous affirmez perfidement que je n’en peux rien, qu’il faut bien comprendre qu’en Wallonie, c’est comme ça, et que ma marge de manœuvre en cette matière est réduite. Ces divers dérapages indiquent que, malgré votre expérience de la gouvernance publique, vous méconnaissez considérablement le fonctionnement des universités en général et celui des universités publiques en particulier. Sachez que, si je suis à l’écoute de mes étudiants et de leurs avis, je ne suis pas homme à me laisser dicter des consignes par qui que ce soit, et certainement pas par les membres d’un quelconque groupement idéologique. Il ne s’agit donc en aucun cas d’une éviction suite à des pressions. Sachez aussi que l’idée que je puisse, en quelques minutes, décider de mettre fin à un contrat de suppléance est impossible puisque je n’en ai tout simplement pas le droit et qu’une procédure rigoureuse exige le passage en Conseil de Département, puis en Conseil de Faculté, puis en Conseil d’Administration. Lourd, mais bien sécurisé. En Wallonie! Ca vous étonne?

Par ailleurs, je tiens par dessus tout au pluralisme de mon Institution. Je ne puis que déplorer les approximations et inexactitudes, voire l’absence de recoupement d’information de la part de certains médias, ainsi que l’opportunisme de ceux qui en profitent pour faire parler d’eux et pour se poser en martyrs.

A la Communauté universitaire, éventuellement émue par ce débat…

On peut en effet s’émouvoir de cette soudaine agitation et, si on ne détient pas tous les éléments objectifs du problème, on peut facilement croire ce qu’on lit et ce qu’on entend, en tirer des conclusions hâtives et se forger une opinion biaisée. C’est pourquoi j’ai voulu intervenir rapidement, au vu de la tournure que prennent les choses. En effet, au delà des médias professionnels et des commentaires de lecteurs, le buzz s’est propagé dans les blogs et dans les forums et, ce matin, je découvrais même une pétition pour la restauration du cours de Rudy Aernoudt à l’ULg!

J’espère que le calme va revenir, que chacun reprendra ses esprits et que l’incident sera clos. Toute personne un peu sensée ne peut qu’en convenir, me semble-t-il.

« Monsieur le Recteur,

J’ai terminé mes études de Médecin vétérinaire en 2004. J’ai ensuite réalisé une thèse de doctorat dans le laboratoire des Professeurs Lekeux et Bureau, thèse que j’ai défendue l’année passée. J’effectue actuellement un post-doctorat à la Harvard Medical School, d’où je peux continuer à suivre ce qui se passe dans mon Institution d’origine, notamment grâce à votre blog.

J’ai eu le bonheur d’être porte-drapeau (2002), trésorier (2003) et président (2004) de la Société Générale des Etudiants en Médecine Vétérinaire et je ne peux donc pas vous cacher que je suis profondément scandalisé par certains commentaires écrits sur votre blog. J’ai tenté d’y publier une réponse mais je n’y suis pas parvenu, peut-être est-elle trop longue? Je vous l’envoie donc, légèrement modifiée, par courrier électronique (ainsi qu’en copie à Monsieur le Doyen de la Faculté de Médecine vétérinaire). En guise de préambule, je tiens à préciser que ma réaction n’a pas pour but d’attaquer quelqu’un en particulier mais juste d’apporter une réponse à des commentaires et des sous-entendus maintes fois évoqués lorsqu’est initié un débat sur les baptêmes, particulièrement le nôtre. Il s’avère également que certains représentants de l’AGEL n’hésitent pas à utiliser la calomnie. Je constate d’ailleurs que l’attitude de ceux-ci n’a guère évolué depuis que j’ai terminé mes études, mais cela ne me surprend pas… Veuillez donc avoir l’obligeance d’excuser le ton un peu provocateur qui ne vous est évidemment pas destiné. »

« A tous,
Personnellement, j’ai un peu de mal à comprendre comment un tragique accident survenu au cours d’une soirée organisée par l’AGEL (c’est-à-dire l’organisation encadrant les activités des comités de baptême de Liège, à l’exception des vétérinaires) peut dévier aussi rapidement sur le « fameux » baptême vété. Une diversion? Un exutoire? Certains imaginent peut-être échapper à leur propre autocritique en cherchant un bouc-émissaire facile (juste une hypothèse formelle, bien entendu)? « Quoi un problème de sécurité dans nos activités? mais mon bon monsieur, tout cela est évidemment de la faute de ces abominables baptisés de Cureghem! »
Et bien soit, parlons un peu de ce baptême alors. La sécurité, d’abord. Qui peut nier que depuis de nombreuses années, les responsables étudiants vétérinaires prennent des initiatives significatives afin d’améliorer celle-ci. Entre autres, et à titre d’exemples, les forfaits « bob » (avec contrôle associé), les nombreux lifts gratuits mis à disposition, et plus récemment encore, les contrôles d’alcoolémie obligatoires lors des activités de baptême afin d’être autorisé reprendre sa voiture… A moins que les choses aient bien changé depuis que j’ai terminé mes études, quelle autre comité, à Liège ou ailleurs, peut en dire autant?
Quant au baptême en lui-même, je ne chercherai pas en brosser un portrait idyllique mais simplement à rétablir certaines vérités. Les baptisés non vétérinaires se délectent à mettre en avant le caractère exigeant du « baptême Cureghem ». En interne, nous sommes plutôt fiers d’autres caractéristiques. Une structure hiérarchisée et organisée avec un règlement strict, accompagné de sanctions sévères en cas d’éventuels dérapages… Un accès au parrainage qui, lui, est particulièrement exigeant : l’obligation d’être en dernière année, une sélection organisée par les comités pour écarter les individus potentiellement dangereux et enfin un investissement humain et financier considérable pendant les 3 semaines d’activités de bleusaille. Je rappelle que les bleus vétés ne paient ni les activités (folkloriques mais aussi bien souvent bowlings, cinémas ou encore week-end aventure) ni leur nourriture ni leurs boissons pendant cette période. Il est tellement plus facile de faire boire quelqu’un qui doit payer lui même ses consommations… Aucune activité pouvant être, à tort, assimilée à une humiliation n’est organisée en public. Et enfin, contrairement à de nombreux baptêmes liégeois ou autres (à moins, encore une fois, que ceux-ci n’aient fortement évolué), aucune, absolument aucune activité à connotation sexuelle n’est tolérée à «  »Cureghem »! Quant aux activités pouvant être cataloguées de « dégoûtantes », croyez-moi, celles-ci sont très vite relativisées quand vous êtes amenés à autopsier un animal mort depuis plusieurs jours ou à réaliser une embryotomie sur un veau putréfié…
Je crois qu’il est bon également de rappeler ici le but ultime d’un baptême étudiant. Il ne s’agit ni d’ingurgiter le plus de bières possibles, ni d’avoir un nouveau couvre-chef pour parer aux mauvaises conditions climatiques ou encore moins d’acquérir le droit de hurler sur de pauvres victimes l’année suivante. Il existe bien sûr un aspect initiatique à un réel folklore dans le baptême étudiant, mais il s’agit surtout de rencontrer et d’apprendre à connaître un maximum de personnes. A mes yeux, le baptême doit donc être organisé afin de faciliter cet objectif (pas inutile dans des amphis de parfois plusieurs centaines d’étudiants). Il s’agit donc d’atteindre un pourcentage d’intégration suffisamment élevé pour être efficace. Ceci est particulièrement vrai chez nous. J’en profite pour récuser l’accusation selon laquelle nos bleus seraient particulièrement martyrisés. J’ai eu l’opportunité, pendant mes études, de participer à diverses activités folkloriques, que ce soit dans d’autres facultés à Liège, Bruxelles, Louvain-la-Neuve, Mons, Huy, Gembloux ou Gand et, bien qu’il soit difficile, même pour un baptisé, de juger le degré de difficulté d’un baptême que l’on ne connait pas entièrement, je n’ai jamais eu l’impression que nos activités étaient particulièrement éprouvantes. Pensez-vous que ce baptême soit si inhumain alors qu’il intègre (et je pense de loin) le plus grand nombre et le plus grand pourcentage d’étudiants en Belgique? Mais j’entends déjà certains jaloux avancer leurs arguments nauséeux alors je souhaite insister sur un point crucial: les étudiants vétérinaires ayant choisi de ne pas faire leur baptême n’ont absolument pas moins de droit que tout autre étudiant de l’ULg. L’accès aux activités organisées par l’Université, aux TPs, aux TDs, aux cours, aux élections à des conseils représentatifs au sein de l’Institution, aux syllabi (imprimés bénévolement par des étudiants baptisés, ce qui leur demande un investissement en temps considérable) est évidemment un droit pour tout étudiant et est clairement garanti pour tous. Comment peut-on, ne fut-ce qu’un instant, réellement imaginer qu’il en soit autrement? Dès lors, il n’existe aucun inconvénient pour ses études à choisir de ne pas faire son baptême à la FMV. Par contre, il est évident, que les étudiants ayant choisi de s’intégrer via le baptême vont bénéficier de certains avantages… Mais est-il illégitime, lorsque l’on organise, parfois plusieurs mois à l’avance, une activité privée de choisir qui sera invité? Est-il illégitime, lorsque l’on passe de nombreuses soirées à rédiger une version personnelle d’un syllabus ou à collecter certains « tuyaux », de choisir qui peut bénéficier du fruit de son travail? Si c’est le cas, alors je crois que nous vivons tout simplement dans des mondes différents et nous ne pourrons jamais nous comprendre. Il me paraît donc clair que les non baptisés ne souffrent d’aucune discrimination dans le cadre de leurs études… Néanmoins, je n’ai aucun tabou vis-à-vis des mots de la langue française, alors si vous souhaitez, à tout prix, continuer à associer le mot discrimination au baptême vété, il est plus correct de parler de discriminations positives à l’égard de ceux qui ont choisi de faire leur baptême mais en aucun cas d’évoquer des discriminations négatives envers ceux qui ont fait le choix contraire car ceux-ci, j’enfonce le clou, bénéficient des mêmes droits que tout autre étudiants à l’ULg! A titre personnel, je trouve qu’il est d’ailleurs bien symptomatique de notre société actuelle de consommation, que certains estiment avoir le droit de tout recevoir sans jamais faire d’efforts ou investir un peu de temps et d’énergie pour les autres…
Enfin, n’étant plus membre du personnel scientifique de l’ULg, je me sens moins tenu par un devoir de réserve vis-à-vis des étudiants de l’Institution, et je terminerai donc en émettant une opinion certainement plus polémique. Il nous a été (et est toujours je crois) souvent reproché que les représentants étudiants vétérinaires aux différents conseils de l’Université sont très majoritairement baptisés. Je pense qu’il s’agit d’une approche erronée du problème… J’ai, moi, toujours été étonné que les candidats à des élections, ouvertes à tous et annoncées en amphi, soient presque exclusivement constitués d’étudiants baptisés. Quelqu’un aurait-il un début de piste? Je peux même ajouter qu’il est régulièrement arrivé que les responsables baptisés prennent l’initiative de contacter des étudiants non baptisés afin de les sensibiliser à la problématique de la représentation étudiante et de les persuader de se porter candidat pour que tout le monde se sente vraiment représenté au sein des différents conseils et, par la même occasion, éviter de subir un reproche facile mais surtout faux…
Voilà, je suis bien conscient d’avoir été particulièrement long mais ce sujet me tenait à cœur. Je vous remercie de m’avoir lu et vous prie de pardonner un ton peut-être parfois un peu agressif assez difficile à éviter lorsque l’on débat d’un sujet passionnel.

Denis Bedoret.
Ancien président, trésorier et porte-drapeau de la Société Générale des Etudiants en Médecine Vétérinaire. »

« Persuadé que vous saurez restaurer la vérité dans ce débat, je vous prie d’agréer, Monsieur le Recteur, l’expression des mes salutations distinguées.

Denis Bedoret »

En 2009, l’équipe de Reflexions a mis en ligne 85 articles « A la une », 15 « Science en s’amusant » (dont 5 Doc’cafés) et 10 « Décryptages ». Le site va mettre en ligne son 200e article « A la une » en un peu plus de 2 ans de fonctionnement, dressant le portrait de près de 230 chercheurs et enrichissant son glossaire de 575 termes. Depuis un an, il a reçu plus de 160.000 visites de 158 pays, soit 13.000 par mois, 18.000 environ ces deux derniers mois.
C’est un remarquable succès, qui fait de Reflexion un outil exceptionnel de documentation scientifique dans tous les domaines, utile pour les étudiants et enseignants du secondaire, les étudiants universitaires et tous ceux qui le souhaitent. C’est également une très belle vitrine de la recherche à l’ULg.

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