lun 13 déc 2010
La semaine dernière, après le décès tragique d’un étudiant d’une haute école liégeoise à la sortie d’une nuit de libations, organisée en prélude à la célèbre Saint Nicolas des étudiants par l’Association générale des étudiants liégeois (AGEL), un groupement indépendant de l’Université et qui compte des étudiants de toutes les institutions d’enseignement supérieur (et de plus en plus, secondaire), la presse n’a pas manqué de me demander mon avis ni ce que je comptais faire. Allais-je attendre un quatrième décès pour agir ?
En dehors du fait que je n’avais strictement rien à voir avec cet événement, je rappelais que, si je suis en faveur d’un site « en dur » et « sécurisé » pour les guindailles et autres activités « folkloriques », je suis dans l’impossibilité de faire des propositions financières ou immobilières et que j’ai par contre fait des propositions d’emplacement au Sart Tilman. L’AGEL ayant rejeté cette proposition, tout reposant maintenant sur un accord de l’AGEL avec la Ville.
Alors que je donnais une interview, les étudiants commençaient à arriver en cortège sur la place du 20 Août. L’ambiance bruyante, braillarde et joyeuse, pour laquelle j’ai, d’habitude, beaucoup de tolérance et de compréhension (n’ayant manqué moi-même aucune Saint Nicolas lors de mes études, je l’avoue), m’est apparue terriblement choquante, moins de 10 heures après le drame. J’ai donc exprimé mon sentiment d’indignation face à ce que je considérais comme un festoiement déplacé à ce moment-là. Je l’ai dit spontanément et je le maintiens. La décence impose, me semble-t-il, que la mort d’un participant entraîne l’annulation des festivités.
Certes, les mauvais exemples abondent, de la mort de Senna à celle des victimes du Heysel, l’indécence s’est banalisée et va aujourd’hui jusqu’à la considération qu’il est normal qu’un groupe — vaste et hétérogène, je le concède — prolonge ce qui n’est somme toute que réjouissances et festivités malgré la gravité suprême de l’accident survenu. Les justifications entendues sont toutes édifiantes : « l’argent investi ne peut être perdu » ou « il serait dangereux de lâcher en ville une horde d’étudiants frustrés par l’annulation de la fête ». Ou encore, le plus consternant : « le défunt, on ne le connaissait même pas, personnellement ». Ces excuses sont évidemment de mauvaises excuses, qui, toutes, mettent en lumière une terrible confusion des valeurs.
A quoi rime donc la fête, si elle ne solidarise pas ?
Que devient la fête, lorsqu’elle est instrumentalisée par des intérêts financiers divers, par ailleurs externes au monde strictement étudiant, et pour lesquels seul compte la rentabilité ?
Quel est le sens de la fête si elle n’est que pur plaisir égoïste du moment ?
La valeur argent, la valeur plaisir, la valeur « tout, tout de suite », la valeur « moi d’abord » ont-elles remplacé aujourd’hui la valeur de la vie humaine et du respect de celle-ci ?
La cerise sur le gâteau fut l’intervention du monde politique, ou, plus précisément, celui des jeunes engagés politiquement, avec un extraordinaire communiqué de presse émanant des « Ecolo J – ULg », des « Etudiants démocrates humanistes (Edh) de Liège » et des « Etudiants Libéraux Liégeois (FELU) » et fustigeant l’irresponsabilité d’un recteur qui a osé blâmer les fêtards pour ce qu’il appelle de l’indécence. Et d’expliquer pourquoi la décision de continuer la fête était parfaitement décente, responsable et appropriée. A ceci s’ajoute le commentaire sur Facebook de l’incontournable Michel Peters : « L’irresponsable, aujourd’hui, c’est le Recteur de l’Université de Liège ! Il serait peut-être temps qu’il arrête de parler de ce qu’il ne connaît pas. On ne peut pas être malin en tout ! ». Curieuse déclaration d’un conseiller communal dont, évidemment, on connaît l’engagement en faveur de la guindaille et du folklore étudiant, mais dont on attendrait qu’il sache ce qu’est réellement le sens des responsabilités, de l’éthique élémentaire et du savoir-vivre.
Enfin, dans l’énorme débat qui suivit le « buzz » toute la semaine, on vit à nouveau apparaître une totale confusion. Ma déclaration portait exclusivement sur le caractère inapproprié, selon moi, de la prologation de la fête dans l’immédiate période de deuil. Je fus néanmoins rapidement accusé de vouloir combattre la guindaille et liquider le folklore étudiant. Encore une fois, je réaffirme que je ne suis pas opposé aux distractions de la vie étudiante, que j’ai salué la qualité du maintien de l’ordre et de la sécurité, tant par les forces de l’ordre, massivement mobilisées cette nuit-là, que par l’organisation elle-même. J’ai reconnu que l’accident était survenu en dehors de la durée et du périmètre de responsabilité des organisateurs ou de la police. On ne peut reprocher à une organisation tout ce qui va se passer par après. Ca ne viendrait d’ailleurs à l’esprit de personne si ces soirées n’étaient copieusement arrosées, ce qui, évidemment, augmente les risques. Je ne jetais donc la pierre à personne pour l’organisation de soirées, du cortège ou de rassemblements quelconques. Je ne rejette pas la fête. Je pense seulement qu’il y a un temps pour tout et que, parfois, les événements réclament deux comportements honorables: réserve et dignité.
Annuler ou ne pas annuler ? Bien que cela puisse vous surprendre, M. Rentier, il est évident que les étudiants qui organisent la St-Nicolas (ou du moins certains événements qui la composent, dont ceux qui étaient visés par vos propos) se sont posés la question dès l’annonce du drame survenu en pleine nuit. Contrairement à ce que vous avancez de façon un peu rapide, les questions financières ne sont à aucun moment intervenues à l’heure du choix.
L’après-midi récréative qui se déroule place du XX août, pas plus que le cortège, n’est financièrement vitale pour l’Agel (qui est, rappelons-le, une asbl dont les activités sont organisées par et pour les étudiants). Et quand bien même ils le seraient, soyez sûrs que ses responsables n’auraient pas hésité à annuler le reste de la St-Nicolas s’ils avaient jugé que cette option était celle pour laquelle il convenait d’opter.
Pourquoi donc, dès lors, avoir choisi de maintenir les festivités ? Tout simplement car il nous a semblé qu’il était inutile de prendre le risque d’ajouter le chaos au drame. Voire même un nouveau drame à celui qui venait de se produire. Au risque de devoir subir des critiques morales et même si cette décision n’était pas aussi facile à prendre que vous semblez l’imaginer, nous avons fait un choix pragmatique et, nous semble-t-il, responsable, en choisissant de maintenir les festivités.
Vous évoquez la catastrophe du Heysel. Au delà de l’ampleur du drame, ainsi que des enjeux financiers sans aucun rapport avec ceux qui nous occupent (la guindaille n’a rien à voir avec le sport-business !), si le match a été maintenu, c’est aussi parce que les organisateurs et les forces de l’ordre ont jugé que l’annulation comportait des risques qu’il valait mieux ne pas prendre. Doit-on le rappeler, la St-Nicolas a déjà été le théâtre d’incidents plus ou moins importants par le passé (dégradations, etc). Notamment parce que les festivités ne bénéficiaient pas de l’encadrement actuel et ne pouvaient compter sur une association comme l’Agel qui donne aujourd’hui une certaine structure à l’événement.
Nous n’avions que peu de temps pour agir. Aucun moyen de prévenir efficacement les milliers d’étudiants attendus. Aucune envie de prendre le risque d’en voir une portion plus ou moins grande partir en ordre dispersé dans les rues de la ville. Mais nous avions surtout l’intime conviction que le maintien de notre organisation était le meilleur moyen de prévenir tout nouvel incident, voire accident. Car, rappelons-le, si les accidents qui ont hélas drapé de noir l’année 2010 nous poussent à remettre en question de façon urgente la localisation du chapiteau au Val-Benoît, l’organisation même des festivités par l’Agel a, depuis plusieurs années, et vous le reconnaissez vous-même, fait ses preuves.
Si nous avons choisi de maintenir les événements prévus, c’est aussi parce que nous pensons que l’annulation n’est pas la seule façon de marquer son respect de la vie humaine, ni de réfléchir sur la portée de ce drame. Bien entendu, ne soyons pas naïfs, certains ne se sentent pas concernés par le décès d’un de leurs semblables « parce qu’ils ne le connaissaient pas ». Ce n’est pas notre cas. La minute de silence organisée pendant le cortège a été l’occasion de partager le deuil avec un grand nombre d’étudiants. D’en discuter. De partager, pour ceux qui le connaissaient, quelques souvenirs du défunt et éventuellement aussi de les partager avec ceux qui n’avaient pas eu la chance de le rencontrer. Elle a pu aussi être l’occasion pour certains de tirer intérieurement quelques leçons de prudence pour de prochains retours de guindaille. La liste pourrait encore être longue. Mais une chose est sûre, à la fin de l’après-midi, plus personne n’ignorait ce qui s’était passé, ni qui était Timothée. Et, dans ce cadre, « faire la fête » était aussi, même si vous aurez sans doute du mal à le concevoir, une façon de rendre hommage au guindailleur qui venait de nous quitter.
Mais plus que le fond de vos déclarations, que nous pouvons comprendre et que nous respectons, dans la mesure où chacun est libre d’exprimer son opinion, c’est la forme que vous avez donnée à vos propos qui nous a surpris. Déçus également.
Exprimer votre avis de façon directe aux étudiants organisateurs, pourquoi pas en descendant les quelques marches qui les séparaient de votre bureau ce jour là pour, au minimum, écouter les raisons qui les ont poussés à maintenir la St-Nicolas et en débattre avec eux, au lieu d’exprimer votre indignation de façon aussi médiatique aurait été à nos yeux, monsieur Rentier, une attitude empreinte de plus de respect et de dignité que celle que vous avez choisi d’adopter en ces circonstances.
L’Association Générale des Etudiants Liégeois
En annexe à la réaction à votre billet, quelques points que nous souhaitons préciser :
Commentaire de Association Générale des Etudiants Liégeois, le 14 déc 2010 à 9:43- Contrairement à ce que vous affirmez (à notre grand étonnement vu que nous avons eu l’occasion récemment de vous présenter notre association), l’Agel ne compte en son sein aucun élève du secondaire. Il arrive que certains participent à nos activités, mais nous cherchons à les en dissuader dans la mesure du possible et ils n’ont rien à voir avec l’association en tant que tel. Pour rappel, voici la liste des comités qui la composent : Architecture, Philosopihe et Lettres, Sciences, Sciences Appliquées, Droit, Psychologie, Sciences de Gestion, Médecine, Pharmacie, Isepk, Informatique, Isil, Gramme et Barbou.
- Il est exact que la Mel n’a, un moment, pas donné suite à une proposition qui lui a été faite au Sart-Tilman et qui ne correspondait pas aux besoins identifiés à l’époque. Néanmoins, la Mel est prête a reconsidérer cette piste, comme elle l’a signalé par courrier à M. le Vice-Recteur Corhay en date du 8 octobre 2010. Devons-nous en déduire que la communication n’est pas optimale dans vos services ? Nous attendons également toujours une réponse aux questions posées dans cette lettre. Nous espérons pouvoir profiter d’une rencontre dans un futur très proche pour aborder ce point avec vous et repasser en revue les propositions que vous pouvez nous faire au Sart-Tilman.
- Pour en revenir à notre étonnement quant à votre réaction dans les médias, nous avons eu contact à au moins trois reprises avec vos services, notamment communication, le lundi 6 décembre en matinée. Jamais on ne nous a fait part de réserves de votre part quant à la tenue des derniers événements de cette St-Nicolas 2010. Comme nous l’avons dit plus haut, il est regrettable que nous n’ayons pas eu l’occasion de discuter ensemble du sujet et de confronter nos points de vue avant toute sortie dans la presse. D’autant que, pour notre part, nous avions justement choisi d’avoir un échange avec votre service communication avant de sortir notre communiqué.
1. J’ai bien compris qu’il ne fallait pas ajouter le chaos au drame. Cela n’empêche pas la succession immédiate d’un décès et d’une festivité. Mais je me suis suffisamment exprimé là-dessus. Je ne voulais pas en faire un buzz.
2. Je ne conteste en aucun cas le rôle de l’AGEL dans l’organisation, le bon ordre et le souci de sécurité, bien au contraire. Ce n’est pas de cela que je parlais.
3. Sur le principe de « The show must go on », no comment.
4. L’explosion médiatique n’était pas de mon fait. Les journalistes qui m’interrogeaient, choqués eux-mêmes, m’ont posé la question et j’ai dit ce que je pensais. Que ça ait été répercuté à la manière d’un boom de presse n’était pas évident à ce moment là. Mais je vous laisse libre de votre opinion, cela va de soi.
5. Je n’ai pas dit qu’il y avait des membres de l’AGEL recrutés dans le secondaire, j’ai voulu dire que les festivités ouvertes sont fréquentées par des jeunes du secondaire, j’en connais. Si les entrées aux soirées sont adéquatement contrôlées, mon commentaire ne s’y applique pas, évidemment.
6. Pour ce qui est de la communication dans nos services, je ne jetterais pas la pierre au Premier Vice-Recteur. Nous sommes assaillis de demandes, propositions, suggestions, réclamations de toutes sortes pour la thématique guindaille et je reconnais que ce n’est pas notre priorité, beaucoup d’avancées devant encore être menées à bien dans l’intérêt des étudiants et de leurs études.
7. Comme je l’ai dit, ma déclaration sur la prolongation de la fête est venue spontanément lorsque mon interview sur RTL a été interrompu par le joyeux vacarme. A la RTBF, quelques minutes plus tôt, dans le calme, je n’y pensais pas encore. Belga a repris ma déclaration du 13h de RTL et c’est parti… Mon service de communication n’était donc pas au courant.
Commentaire de Bernard Rentier, le 14 déc 2010 à 10:06Monsieur le Recteur,
J’ai pris connaissance de votre message que je trouve, globalement positif.
Vous comprendrez cependant que j’y réagisse puisque vous me citez : Rassurer ceux qui sont responsables, c’est aussi un devoir moral pour le Recteur de l’Université de Liège
Mes études en histoire au sein de notre Université m’ont appris à vérifier mes sources, à les comparer, les torturer pour lever tout doute avant de pouvoir affirmer. L’Histoire n’est pas une Science comme la Biologie car elle ne peut aboutir à des lois, mais ses méthodes d’investigation et la critique des sources et documents que nous inculquent nos maîtres, tendent à lui donner l’apparence objective d’une science…
Vous m’avez avouez récemment que vous n’aviez pas de page Facebook ; je m’interroge dès lors sur vos sources et surtout sur leur objectivité.
Les propos que j’ai tenus l’ont été sur une page privée, sur laquelle je m’abstiens de faire le moindre commentaire ou la moindre publication politique. Pour éviter toute dérive « d’amis FB », il y est même indiqué : « A l’avenir, c’est sur ma page politique que ces débats se mèneront; mon profil perso étant réservé pour les conversations perso. Rejoignez moi sur : http://www.facebook.com/pages/Michel-Peters/67573752408?ref=ts ».
Permettez-moi dès lors d’être offusqué par l’assimilation faites de propos privés que vous mettez sous la plumes du conseiller communal que je suis par ailleurs. Lorsque je réagis en tant que conseiller, je n’ai aucune difficulté à signer mes propos.
Question sens des responsabilités, de l’éthique élémentaire et du savoir-vivre, Monsieur le Recteur, je dirai simplement « Balle au centre ».
Puisque vous m’y inciter, je vais réagir :
- Oui Monsieur le Recteur, vous avez été inconséquent, irresponsable dans votre réaction « à chaud » au sujet de la poursuite des festivités après le très triste et dramatique accident d’un étudiant de l’ISIL ;
- Oui je trouve que la plupart de vos « sorties » relatives au folklore estudiantin sont « décalées » (mais vous allez encore dire que l’on ne vous comprend pas et que l’on confond tout) ;
- Oui vous ne pouvez, à l’égal de tout homme, maitrisez parfaitement toute chose et la sociologie du folklore, notamment estudiantin, mériterait à elle seule une thèse de doctorat.
Je ne vais pas revenir sur les mille raisons qui plaidaient pour le maintien des activités encadrées par l’AGEL, elles ont largement été développées par les uns et les autres. Je suis convaincu qu’avec plus de recul, c’est-à-dire par exemple si cet accident était survenu quelques jours avant la Saint-Nicolas, l’AGEL aurait annulé les festivités. Il y a un peu plus de 10 ans, le décès du trésorier AGEL aux 24 heures vélo à Louvain-la-Neuve avait eu pour conséquence l’annulation, en signe de deuil, du Bal des Bleus programmé une semaine plus tard. Une semaine plus tard, c’était gérable et l’information pouvait être diffusée. Le jour même, c’est impossible.
Mais ce qui est plus grave, Monsieur le Recteur, c’est que du haut de votre autorité morale, vous semez par vos déclarations un certain doute sur la responsabilité des gestionnaires de l’Association Générale des Etudiants Liégeois et des Comités de Baptême. Ce trouble avait déjà été répandu par les autorités communales, Bourgmestre en tête, mais jamais par le Recteur de l’Université !
A l’heure où la jeunesse pense plus à ses « acquis », où l’aiguille de la balance entre devoirs et droits penche allègrement du côté de ces derniers, vous faites passer un triste message, vous encouragez, contrairement à ce que vous affirmer, l’égoïsme, le repli sur soi et l’indifférence.
J’ai vu le 6 décembre au soir, oui je les ai vus car moi, je me suis déplacé pour les voir, sacrifiant ainsi un peu de ma vie familiale, une présidente et un président AGEL éplorés. « Michel, que fallait-il faire ? » et je les ai rassuré sur leurs choix. Les apaiser, c’est peut-être ce qu’ils étaient en droit d’attendre du Recteur de leur Université. Car ces étudiants qui s’investissent tant et tant pour un folklore presque aussi vieux que l’ULg, ce sont vos étudiants, ceux-là mêmes qui réussissent leurs études et deviendront demain d’excellents spécialistes médicaux, de brillants architectes, des professeurs motivés.
Aujourd’hui, dans toutes les organisations, il est difficile de trouver des responsables dévoués et bénévoles, des personnes qui s’investissent pour les autres, qui gèrent des activités qui drainent des milliers de participants, qui coordonnent avec les autorités communales et policières. Le monde estudiantin n’échappe pas à ce constat hélas et vos critiques compliqueront peut-être d’autant la succession au sein de l’AGEL.
Permettez-moi enfin de revenir sur une autre de vos démarches que, personnellement, je désapprouve fortement.
C’est probablement le vieux libéral que je suis qui s’inquiète de votre intervention dans le fait associatif quant vous souhaitez « imposer » une sorte de Charte de bonne conduite aux Comités de Baptême.
Que vous les rencontriez en leur suggérant de se réunir et de réfléchir à un texte commun fédérateur, pourquoi pas ? Mais que vous les invitiez à Colonster pour leur présenter votre projet de Charte, ça ne va pas.
Je me bornerais à vous rappeler l’article 27 de notre « très libérale » Constitution : Les Belges ont le droit de s’associer ; ce droit ne peut être soumis à aucune mesure préventive.
Michel Péters
Commentaire de Michel Péters, le 14 déc 2010 à 11:09Cher Monsieur Peters,
Merci de trouver mon message positif, c’est ce que je souhaite, dans ce tumulte.
1. La Biologie est comme l’Histoire, je vous rassure, elle a besoin « de vérifier les sources, de les comparer, de les torturer pour lever tout doute avant de pouvoir affirmer ». C’est exactement la même démarche.
Mais voilà, nous ne sommes ici ni dans l’une ni dans l’autre, nous sommes dans l’émotionnel, le ressenti, le sens de ce qui heurte ou de ce qui touche. Je n’ai pas la prétention d’utiliser la démarche scientifique en chaque instant, je vous le concède.
2. SI vous croyez encore à la confidentialité, que ce soit dans Facebook ou n’importe où ailleurs, j’admire votre candeur. Sincèrement. Cela dit, je n’aurais pas dû utiliser vos propos indiscutablement privés sur un blog public (?). Veuillez m’en excuser, je suis parfois assez sanguin.
3. Je n’ai pas la prétention de tout connaître, ni même de tout comprendre, loin de la. Nous en avons la preuve aujourd’hui. Mon message, résumé en une seule phrase, était: « je ne comprends pas ». On ne peut être plus clair.
Par ailleurs, oubliez cette idée qu’un recteur sait tout ou croit tout savoir.
4. J’ai bien entendu les mille raisons qui faisaient que sagesse et dignité imposaient qu’on continue à s’amuser après le drame. J’en prends bonne note. Que voulez-vous que je dise ?
5. Je redis, au risque de devenir lassant, combien j’ai de l’estime pour les étudiants qui se donnent à fond dans une tâche bénévole au service des autres. Là n’est absolument pas la question. Quand je pense qu’un de mes enfants fait une c….rie, je lui dit ma façon de penser. Il n’aime pas ça, mais je le fais quand même. Et je ne l’en aime pas moins. Merci de bien vouloir me laisser la spontanéité de mes réactions. C’est à ça que sert un blog. Evidemment, la presse, c’est plus délicat, je vous l’accorde.
6. Je n’ai jamais, moi, parlé d’irresponsabilité. J’ai parlé de décence et de dignité. Ce n’est pas du tout la même chose. Jamais je n’ai eu l’intention de miner l’autorité et la responsabilité de l’Association Générale des Etudiants Liégeois et des Comités de Baptême. Quand vous serez plus calme, vous comprendrez l’absurdité de l’accusation que vous me faites d’ « encourager le repli sur soi et l’indifférence »!!!
7. Qu’il soit aujourd’hui, comme toujours, d’ailleurs, « difficile de trouver des responsables dévoués et bénévoles, des personnes qui s’investissent pour les autres », je vous l’accorde volontiers. Il en est cependant beaucoup qui se donnent entièrement pour toutes sortes de causes. Je les salue tous pour leur dévouement et je les assure que mon propos n’était pas celui-là, d’où le titre du billet sur le blog, qui visait justement à expliquer qu’il ne faut pas tout confondre.
8. Au vieux libéral, je répondrai que ses informations sont fausses. Jamais une Charte des Baptêmes n’a été imposée, ni même proposée, je n’en ai pas. J’ai seulement voulu que les Comités de Baptêmes en rédigent une, précisément pour apaiser les milliers de parents qui m’écrivent à ce sujet chaque année et pour pouvoir leur dire que les choses sont organisées de façon responsable. Ce sont les mêmes personne, plus beaucoup d’autres, qui ont été indignées le jour le la St Nicolas et n’ont pas manqué de me le faire savoir.
Mon objectif n’est pas de tuer le folklore ni de combattre la fête. C’est de veiller à ce qu’ils respectent un certain nombre de règles et de normes qui feront cesser l’angoisse et calmeront l’indignation. C’est, je pense, le meilleur service que je puisse rendre à ces activités.
Chaque année, à l’accueil des nouveaux étudiants de 1er bachelier, je dis: « Travaillez dès maintenant, travaillez bien, travaillez dur, mais n’oubliez pas de faire la fête et de vous changer les idées, c’est salutaire. Se cultiver, guindailler et faire du sport sont des activités indispensables, même si elles ne doivent pas occuper tout votre temps ».
Commentaire de Bernard Rentier, le 14 déc 2010 à 15:40Monsieur le Recteur,
Je ne veux ménager ni la chèvre, ni le chou.
Je peux comprendre l’émoi que le drame du 6 très tôt le matin a pu suscité.
Je peux comprendre que vous soyez interpellé par la poursuite, ou pas des manifestations (vous remarquerez que je n’utilise plus le terme de festivités).
Je peux comprendre que les très jeunes responsables aient hésité, se soient posé des questions, aient contacté vos services.
En toute humilité, j’ai participé aux organisations de la St Nicolos, la St Torè, et autres …
J’ai aussi fait partie de la police fédérale où j’ai occupé un poste à responsabilité.
La manière la plus raisonnable de gérer une crise est de s’éloigner de l’émotionnel. Et dans cette crise, car lundi, aux abords du chapiteau, au PC de la police et des secours, on parlait bien de crise, des jeunes gens bien seuls on écouté les autorités et on fait parlé le bon sens.
On annule une manifestation quand on dispose des délais nécessaires pour avertir les participants et permettre de revoir les dispositifs d’encadrement et de sécurité. On peut suspendre ou arrêter une manifestation en cours sur un site car les participants sont alors partie prenante à la crise. Par contre, la façon le plus rationnelle et raisonnable de gérer la situation que nous avons connue le 6 est de maintenir l’évènement tout en respectant la dignité des victimes et de leurs proches.
L’émotion qui régnait lors de l’instant de recueillement, où tous se sont tu et où on eu énormément de respect et de dignité, était intense. j’ai vu des larmes couler, des frissons …
Ils sont nombreux ceux qui ont pris conscience qu’on venait de perdre un membre de la communauté, de la famille estudiantine. Ce que l’annulation pure et simple n’aurait pas permis.
J’ai vu place du 20 août des jeunes filles et des jeunes gens épuisés par l’émotion, la fatigue et le doute … Michel, d’autres et moi n’avons de cesse de les encourager.
Je n’ose imaginer le chaos qu’aurait engendrer l’annulation sans le moindre encadrement. Bien que je ne doute des capacités de mon amis Dominique à organiser les maintiens de l’ordre, je n’ose imaginer le casse-tête que la suppression de l’évènement aurait suscité.
Malgré leur douleur, leur(s) angoisse(s), leur fatigue, ils étaient tous au poste et on pris la seule et unique décision qui s’imposait. Seules la lâcheté et la facilité auraient pu les guider dans l’abandon de leurs postes et la fuite de leurs responsabilités.
Votre première réaction émotionnelle dans la presse m’a déçu. Je m’attendais à ce que ces « gamins » soient contacté par le service social, qu’ils soient encadrés afin d’évacuer le stress post traumatique, que l’université et les autorités communales les remercient d’avoir pris les responsabilités. Un moment, j’ai pensé qu’il s’agissait de sensationnalisme facile, de récupération aisée …
Je m’attendais à une réaction beaucoup plus fraternelle et humaine.
Voilà une contribution qui n’engage que moi mais que j’avais envie de partager.
Didier Digneffe
Commentaire de DDGF, le 14 déc 2010 à 21:22Monsieur le Recteur, soyez remercié pour vos réponses.
Michel Péters
Commentaire de Michel Péters, le 14 déc 2010 à 22:15Voilà les deux commentaires que je me suis permis de faire à ce sujet et je n’en retire rien
Commentaire de bosquart, le 15 déc 2010 à 9:38« Je salue avec ferveur et sobriété le « courage politique » de Mr le Recteur de l’ ULg avec cette déclaration qui l’honore, même si elle ne manquera pas de lui valoir des « propos peu amènes » de la part de nombre d’étudiants et de non étudiants. Il n’est que de lire certains des commentaires pour en avoir confirmation !Je suis comme lui atterré, mais pas vraiment surpris, de la position adoptée par la Présidente de l’ A.G.E.L.; déjà lors du décès accidentel par chute d’un étudiant après une guindaille ( » Roi des bleus »), il y a quelques semaines, ses propos sur RTL INFO m’avaient « étonné ».Que le Recteur prenne position à ce sujet, bravo; et si certains ont un avis différent, eh bien, c’est aussi cela la démocratie.
Moi aussi, je pense qu’il eût été » honorable » de surseoir aux festivités prévues, mais là encore j’admets tout à fait qu’on ne soit pas de cet avis !
A chacun selon sa conscience et selon sa place concrète dans la situation du moment ! »
« @manu1987
mon précédent propos ne visait pas à juger de la pertinence ou de l’impertinence des attitudes estudiantines dans ce nouveau drame; je réagissais juste à la réaction du Recteur qui, à mon avis, avait toute autorité pour donner SON sentiment sur ce nouveau drame humain en marge d’ »activités folkloriques » auxquelles il a à de nombreuses reprises manifesté son attachement; simplement il aurait souhaité de la part des organisateurs étudiants une décision plus courageuse et plus franche qui aurait consisté à « suspendre » la fête de la Saint Nicolas…..bon c’est son point de vue. Vous n’avez pas le même point de vue; mais vous n’êtes pas en position de Recteur, donc de responsable en titre de ce qui touche de près ou de loin à l’ Université.
Vous dites que l’étudiant est finalement le bouc émissaire, que, quoi qu’il fasse, on le lui collera sur le dos, qu’il est le mal-aimé, etc, etc…Moi j’ai plus souvent l’impression à lire les commentaires, que l’Université est responsable, que la Ville est responsable, en gros que les Adultes sont d’abord responsables. Ce ne serait pas plutôt eux les boucs émissaires tout trouvés ? Moi j’attends aussi que les associations étudiantes, les comités, les cercles, l’ AGEL, la FEDE « balaient » aussi devant leur propre porte….qu’ils/elles acceptent de se remettre en question, de s’interroger, de réfléchir à ce qui se passe ou s’est passé, sans pour cela » rentrer dans le rang » ni » chausser des pantoufles de vieillards » !!!!
Quand à deux reprises un drame survient , quel qu’il soit, » en responsabilité » on met les choses sur la table et puis on agit pour que cela ne se reproduise plus. Voilà mon avis. »
A propos de confusion, permettez-moi de rebondir sur un sujet/objet annexe, évoqué par Monsieur le Recteur, celui des libations très arrosées lors des manifestations et festivités estudiantines. Il me semble que la prise d’alcool chez les jeunes adultes étudiants constitue un nouveau défi sociétal qui doit nous concerner tous. Ce n’est pas tout à fait neuf, mais cependant son extension et sa banalisation devraient interroger responsables académiques et politiques. Au « problème » de l’ALCOOL, j’associerai volontiers celui de l’ARGENT disponible ou nécessaire. Et ici pour les besoins de mon argumentation, j’aimerai « convoquer » quelques chiffres :
1/est-il ou non exact que 28.000 litres de bière sont vendus à une Saint-Toré ? est-il ou non vrai que la Brasserie Inbev (ou Interbrau) vend 3.000 fûts de bière annuellement à l’ A.G.E.L. avec des ristournes ?
2/je dispose de deux évaluations pour la location du chapiteau par l’ A.G.E.L. ; j’ai lu quelque part 20.000 euros de location pour une Saint-Toré ; ailleurs j’ai obtenu le chiffre de 35.000 euros de coût annuel d’un chapiteau par la même A.G.E.L.
Si quelqu’un a des informations plus sérieuses, plus fiables que les miennes à ce sujet, je suis preneur. Alors me direz-vous, pourquoi cela ? Eh bien parce qu’il me semble que les difficultés, les problèmes, la plupart des drames qui se produisent proviennent d’une consommation excessive d’alcool ! Alors me direz-vous, rien de bien nouveau ; certes ; sauf que si on établit un lien, une connexion entre surconsommation d’alcool, alcool disponible en larges quantités, alcool vendu à des conditions « trop » avantageuses et, last but not least, tolérance si ce n’est encouragement envers l’alcool par acceptation tacite du corps social dans son ensemble, alors on a affaire à quelque chose de singulier, de particulier.
Je reviens à la confusion par laquelle je démarrais mon propos ; de laquelle s’agit-il ? A mon sens, il est entretenu une confusion entre faire la fête ensemble et « être dans les vignes du Seigneur » ( bourré), entre s’amuser ensemble et « s’enivrer », entre guindailler et boire sans retenue, etc, etc..
Doit-on, peut-on y réagir, y faire quelque chose ? Comment ? Là est pour moi une des questions nombreuses à se poser et à poser!
A. Bosquart
Commentaire de bosquart, le 17 déc 2010 à 11:59Dommage que le recteur filtre autant les réactions. Dommage qu’on ne puisse les lire toutes… Censure…
Commentaire de Hugues, le 20 déc 2010 à 11:59Comme je l’ai toujours dit dès le commencement de ce blog, il y a plus de 5 ans, je ne censure absolument rien, si ce n’est deux sortes de commentaires: les orduriers et les anonymes. La règle est simple et c’est juste une question de savoir-vivre (on peut me trouver vieillot, mais quand on lit les commentaires anonymes et souvent insultants des journaux en ligne, on comprend à quoi je fais allusion).
Depuis 5 ans, j’ai renoncé à afficher moins de 10 commentaires non signés, ou signés de pseudonymes évidents. L’un d’entre eux était signé John Doe, ce qui correspond, en anglais américain à Tartempion et m’était très favorable. Et je n’en ai gardé sur le côté qu’un seul qui tenait des propos insultants, pas tant pour moi-même, mais surtout pour d’autres.
Dans ce malheureux débat qui nous occupe ici, je n’ai gardé en réserve qu’un seul commentaire, que je sache (à moins qu’un envoi n’ait pas abouti, mais ce serait étonnant). Il n’est pas le moins du monde ordurier, mais il est anonyme en ce sens qu’un simple prénom ne suffit pas. Je pense que, m’étant engagé à n’exercer de représailles sur personne, tout le monde peut donner son identité. Ce que vous appelez « censure » est très rare et n’a pas de relation avec le contenu du commentaire.
Une seule exception à cela: votre commentaire, Monsieur Hugues. Je connais, par votre adresse mail, votre nom de famille et je ne le révèlerai pas, mais je fais une entorse à mes principes, je publie votre message, qui me donne l’occasion de remettre clairement les choses au point.
Commentaire de Bernard Rentier, le 20 déc 2010 à 18:03Poursuivons si vous le voulez bien dans cette optique de la confusion ; ainsi l’on a fini par tout confondre, tout amalgamer, alors que distinguer, discriminer, séparer permettrait à coup sûr de mieux définir, mieux comprendre, mieux appréhender ce qui est à rejeter, ce qui est à conserver, ce qui est à « toiletter », ce qui est à changer en profondeur.
Commentaire de bosquart, le 21 déc 2010 à 11:55Ainsi du folklore estudiantin : et si l’on acceptait de différencier baptêmes et bleusailles des guindailles et charivaris ? et si l’on séparait rites de passage ou d’intronisation par les anciens et réelles festivités et kermesses étudiantes ? Car enfin qu’y a –t-il de commun entre ces deux « commémorations » ?
Il me semble que si les unes sont controversées, critiquées, interrogées, les autres ne font l’objet d’aucun rejet a priori, sauf à bien les baliser afin qu’elles ne gênent pas les autres composantes de la société. Dans cette perspective, je préconiserai que les premières soient effectuées dans un cadre « privé », à l’abri des regards extérieurs, avec évidemment les sécurités qui s’imposent, tandis que les autres seraient davantage publiques, car appartenant à tous et profitant par leur esprit et leur dimension exclusivement festive, à toute la communauté universitaire et citadine.
Pourquoi cette distinction, parce que régulièrement on assimile les unes aux autres et on sème la confusion ; ainsi participer des « gueules en terre » propres aux bleusailles, car elles se déroulent sur la voie publique, est devenu franchement inacceptable pour notre sensibilité « démocratique » d’aujourd’hui ; par contre être partie prenante et participante de charivaris étudiants bonhommes et bon enfant, en public, ne procure aucune gêne ni aucun blâme. Pourquoi obliger le public quel qu’il soit à participer même passivement aux « déballages » souvent ineptes et injurieux des baptêmes , alors que justement ceux-ci revendiquent le fait d’être « privés », « privatifs », voire carrément « secrets », initiatiques pour les impétrants ? Il faut un peu de COHERENCE dans tout cela selon moi.
Et si le risque existe que cela puisse mener à terme à l’extinction des susdits, eh bien cela prouvera qu’ils n’étaient plus « dans l’air du temps »……………
Quelques mots pour Mr Peters et les responsables de l’ AGEL : c’est très très « joli » de se draper dans un manteau sans tache, démocratique, fait de tolérance et d’ouverture, mais il ne faudrait quand même pas penser que toutes/tous celles/ceux qui souhaitent une évolution dans les mentalités par rapport aux « traditions estudiantines aussi vieilles que l’ ULg » seraient des castrateurs en puissance, à savoir qu’ils souhaiteraient la fin et l’extinction des fêtes étudiantes ! Non Mr Peters ; non Mesdames/Messieurs les responsables de l’ AGEL, ce n’est pas cela que nous pouvons souhaiter ; simplement souhaiter que soit mis un terme aux dérives, aux incivilités, aux bêtises et excès divers et variés auxquels il arrive que nous assistions de plus en plus d’année en année. A ce propos, bien sûr il est légitime que l’on ait le droit de s’associer librement, mais que je sache, le fait de s’associer librement ne confère pas tous les droits, et notamment le fait de se permettre tout et n’importe quoi dans l’ espace public ! De même, ce n’est pas parce que les comités de baptême s’adossent à la Tradition et se revendiquent de l’Alma Mater que pour autant, ils sont quittes des devoirs qui leur incombent et des dérives qui peuvent être les leurs. ( cf. la SGEMV en Médecine vétérinaire juste à titre d’exemple).
Et je me permets de rebondir sur ce dernier exemple pour parler de la fameuse charte ; s’il a été nécessaire d’en arriver là pour la FMV, c’est bien parce que des abus, des discriminations sans équivalent se sont produits à la Faculté de Médecine Vétérinaire. Pourquoi donc le comité de baptême vétérinaire n’est-il pas regroupé au sein de l’AGEL ? Pourquoi nous a-t-il fallu interpeller le Centre pour l’ Egalité des Chances et la Lutte contre le Racisme au titre des discriminations honteuses perpétrées au sein de cette Faculté ? J’attends votre avis sur ce sujet, même si cela fait partie comme le rappelle le Recteur d’un « malheureux débat » ! ( en partie, je suis d’accord , et puis de fait, il est révélateur d’un malaise.)
Enfin et ce sera tout pour le moment, cher Monsieur Peters, convoquer la sociologie du folklore estudiantin avec pour prétention la possibilité de soutenance d’une thèse à ce sujet ne fera que provoquer le sourire des plus crédules ; quant aux autres moins crédules ou plus objectifs ou plus informés, je vous assure qu’ils attendent de vous en bon vieil historien de formation que vous êtes, que vous souteniez cette thèse dès maintenant ! L’urgence est là !
envoyé le 29.12 : je me désespère d’enfin lire la suite des commentaires ; en attendant je vous soumets quelques propos venus d’autres « planètes intellectuelles » qui, vous y réagirez, ne sont pas éloignées de nos échanges, et si c’est le cas, vous me le direz ou me corrigerez.
Puisqu’il est question de tenter d’y voir un peu clair dans cette CONFUSION, que penseriez-vous d’un extrait d’un essai paru chez Actes Sud en 2008 (ce qui devrait plaire à Mr le Recteur, si mes informations sont bonnes !) sous la plume de N. Huston, intitulé « L’espèce fabulatrice » ? Je vous en propose les quelques lignes suivantes :
« Accueillir un enfant c’est, à travers des histoires, lui ménager une place à l’intérieur de plusieurs cercles concentriques : famille/ethnie/Eglise/clan/tribu/pays…
Pour qu’advienne son je, on doit le faire exister au milieu de plusieurs nous. Avec toujours, plus ou moins proches et menaçants, des ils.
Tu es des nôtres. Les autres c’est l’ennemi. Voilà l’Arché-texte de l’espèce humaine, archaïque et archipuissant. Structure de base de tous les récits primitifs, depuis La guerre du feu jusqu’à La guerre des étoiles.
Osons une tautologie : un groupe est un groupe. Pour sa cohésion et sa survie, il tendra spontanément à se percevoir comme le groupe, et à valoriser sa culture comme la culture. Venant plus tard, les éléments des autres cultures seront automatiquement mis en relation avec celle-ci.
Comme tous les primates mais plus encore, les humains—fragiles, menacés –ont appris à survivre en s’attachant fortement au nous et en percevant tous les eux comme des ennemis potentiels.
Oui, car elle est dure, la vie humaine ; et nous avons peur. La peur est la réaction normale de tout animal menacé de mort ; mais le fait de savoir d’avance qu’on va mourir, et de vivre dans la narrativité, change tout.
Cela rend notre espèce, en un mot, parano.
La paranoïa, maladie de la surinterprétation, est la maladie congénitale de notre espèce.
A l’époque de nos ancêtres lointains, cette structure paranoïaque a sans doute été indispensable. Elle ne l’est plus ; elle est même devenue contre-productive ; mais, gravée à même nos circuits cérébraux, elle perdure. »
A chacun d’«associer » comme il l’entend, à chacun de « saisir du sens » là où cela lui apparaît le plus « parlant », mais « faire le détour », « faire un pas » du côté où du SENS tente de frayer une voie, ne me paraît pas totalement vain ou superflu.
Un peu plus loin, à la page 178, elle écrit : « Etre primitif, c’est coller à son identité comme à une réalité inamovible et s’identifier exclusivement à ceux qui vous ressemblent. »
Là encore, vous pouvez «associer » autour de ce qui est au cœur du propos du Recteur Rentier.
Enfin pour terminer, les propos de P-P Gossiaux, Professeur d’anthropologie des Systèmes symboliques, tenus en Décembre 2000 dans Le 15ème JOUR : « Avilir pour avilir, affirmer le pouvoir des anciens sur les plus jeunes, ça n’a rien d’un véritable rite de passage, lequel a pour mission de transformer la psyché de l’individu et de l’intégrer ainsi dans le groupe. Dans les baptêmes d’étudiants actuels, le caractère rituel est resté certes, mais son contenu en est absent : c’est une enveloppe sans lettre. »
Commentaire de bosquart, le 29 déc 2010 à 19:38