Open Access


Dans son blog The Occasional Pamphlet on scholarly communication, Stuart Shieber, le directeur de l’Office for Scholarly Communication de l’Université Harvard, artisan du dépôt bibliographique institutionnel obligatoire de la prestigieuse université, pose la question: « Allons-nous maintenir le statu quo qui implique le soutien exclusif à un modèle économique connu pour ses spirales inflationnistes incontrôlées, ou allons-nous expérimenter de nouveaux modèles potentiellement beaucoup plus raisonnables sur le plan économique et plus ouverts au développement? » Sa réponse:
The answer is simple: The only reason the uncontrolled inflation of journal subscription costs is a problem at all (and also the reason the upward spiral continues uncontrolled) is the planet’s universities’ inelastic demand and need for access to the journal articles.
Hence the solution is for universities — the universal providers of all those journal articles — to provide Open Access (free online access) to them by mandating that their peer-reviewed final drafts be deposited in their institutional repositories immediately upon acceptance for publication.
Universal OA self-archiving moots the problem of uncontrolled subscription-cost inflation by putting an end to the inelasticity of the demand: If your university cannot afford the subscription price for journal X, your users will still have access to the OA version.
There is no need for universities to try to reform journal economics directly now. What is urgently needed, universally reachable, and already long overdue is universal OA self-archiving mandates from universities. Focusing instead on reforming journal business models is simply distracting from and hence delaying the fulfillment of this pressing need.
Harvard should focus all its energy and prestige on universalizing OA self-archiving mandates rather than dissipating it superfluously on journal economics and OA funds.
Once OA self-archiving is universal, journal economics will take care of itself.

Sans vouloir lancer de cocorico, ces affirmations sont un agréable écho aux propos que je tiens depuis quelques années dans les lignes de ce blog.

Et à ce propos, si vous n’êtes pas passés récemment au site d’ORBi, faites-le, son évolution visuelle et informative vaut le détour.

Des études de plus en plus complètes démontrent aujourd’hui l’ « OA Advantage« , c’est-à-dire l’avantage objectif de la publication scientifique en accès libre. Et cet avantage est celui de la supériorité de l’OA en matière de lectorat et, par conséquent, de citations. On peut y déceler deux raisons: la première, évidente, est que la gratuité de la lecture augmente les chances d’être lu. La seconde (liée à la publication électronique en général) est que le décompte des citations est plus efficace et plus immédiat.

Un excellent article de Steve Hitchcock en fait la claire démonstration. En outre, cet article, publié pour la première fois en 2004, a fait l’objet de révisions régulières et la dernière date d’avril 2009, illustrant à merveille la révolution en matière de publications qu’est la « publication liquide » dont je vous parlais il y a un an. Ce principe est extraordinairement utile pour des publications qui analysent des situations hautement évolutives nécessitant des mises à jour quasi permanentes. Mais bien d’autres domaines que la bibliométrie sont ainsi exposés à une péremption rapide et bénéficieraient de la même technique.

J’ai certainement un peu précipité les choses en annonçant, la semaine dernière, le lancement du site web d’EOS. Le lendemain, nous avions une réunion importante des fondateurs du groupe international EOS que j’ai l’honneur de présider et nous y avons décidé que le site nécessitait encore un peu de travail, quelques améliorations, une mise à jour plus récente et une finalisation de l’Advisory Board. Ceci nous vaut une mise en panne du site pour quelques jours encore. Embarrassant, d’autant que les « grands » de l’Open Access s’étaient déjà emparés de la nouvelle (pourtant seulement disponible en français sur mon blog) et les demandes d’affiliation a EOS abondaient de toute part dès le premier jour! (lire l’enthousiasme de Peter Suber et de Stevan Harnad). Espérons que cet incident ne nuira pas à la participation de nombreuses universités lors du lancement définitif…

Le rôle du site EOS, en effet, sera essentiellement de rallier les dirigeants des universités du monde entier, de les convaincre d’installer des dépôts institutionnels et de les y aider. Son deuxième objectif est de persuader les bailleurs de fonds de l’importance de la mise en accès libre des publications des recherches qu’ils ont financées et de la nécessité de mettre au point des systèmes de récolte à partir des dépôts institutionnels. Chez nous, le FNRS, signataire de la « Déclaration de Berlin » sur l’accès libre, devrait se prononcer bientôt dans ce sens. Les trois « grandes » universités devraient héberger leurs dépôts et ceux de leur Académie. C’est déjà le cas pour l’ULg, l’UCL nous a rejoints récemment et l’ULB devrait suivre rapidement. La Belgique francophone pourrait ainsi devenir le premier « pays » à adopter ce système dans sa totalité, ce qui devrait servir la cause de nos chercheurs et leur notoriété.

Ce lundi, je rassemble à Bruxelles les principaux acteurs de EOS (Enabling Open Scholarship), une version mondiale de l’EurOpenScholar dont je vous parlais précédemment. L’objectif est le même, mais s’étend aujourd’hui de l’Europe à l’ensemble des universités de la planète : promouvoir la création de dépôts institutionnels (chez nous : ORBi) dans toutes les universités du monde afin de rendre accessible librement par le web l’accès aux publications scientifiques.
Une telle ambition passe par la conviction des dirigeants de toutes les universités de l’importance de ce nouveau paradigme de la diffusion du savoir et, en particulier, du savoir acquis grâce aux deniers publics. Le but est de grossir le nombre des institutions qui ont choisi cette méthode et l’ont rendue obligatoire pour leurs chercheurs.

Dans ce but, nous avons créé un nouveau site web hébergé par l’ULg, dont le but est d’informer les recteurs et présidents d’universités, de leur donner des arguments décisionnels, de leur fournir l’aide technique pour mettre sur pied ces dépôts et de les encourager à rendre ces dépôts obligatoires dans leur institution..

Encore une fois, je précise qu’il ne s’agit pas ici de n’importe quelle publication scientifique. Les dépôts doivent contenir (et, dans la mesure du possible, mettre en accès libre) la littérature scientifique « donnée librement ».

En effet, les chercheurs peuvent produire deux types de publications :
1. celles dont ils attendent un retour financier, telles que des ouvrages, des livres, dont la destinée commerciale prévoit des droits d’auteurs qui leur reviennent, bien entendu;
2. celles dont ils abandonnent les droits et pour lesquelles leur seul souhait est qu’elles soient lues, utilisées et citées.

L’accès libre dans les dépôts institutionnels concerne bien évidemment la deuxième catégorie.

Il était plus que nécessaire de fournir à chacun un véritable manuel de l’Open Access et de l’outil majeur qui permette de le rendre incontournable, nous espérons que ce sera dorénavant le cas.

La profondeur de mon silence sur ce blog est généralement en relation inverse avec le nombre et l’importance des événements qui marquent notre vie universitaire, malheureusement. Ces derniers jours en ont donné une nouvelle preuve.

Jane Goodall
La spécialiste mondiale des chimpanzés, véritable idole de très nombreux éthologistes et naturalistes du monde entier, était dans nos murs lundi dernier, pour une très belle conférence sur la conservation de la nature et le parcours qui l’a amenée à prendre fait et cause pour la défense de la planète. Immense succès puisque la Salle académique était archi-pleine et qu’il a fallu retransmettre la conférence en vidéo dans une seconde salle. Le Prince Laurent nous avait même gratifié d’une visite-surprise. Jane Goodall devait être des nôtres pour être faite docteur honoris causa de l’ULg le 26 mars prochain. Comme elle ne pourra être présente, j’ai eu l’honneur de lui remettre ses insignes avec un peu d’avance lors de cette séance très appréciée.

Dans un même ordre d’idées, je signale que le professeur Pachauri, prix Nobel 2007 pour le GIEC, docteur honoris causa de l’ULg en 2008, sera parmi nous le 31 mars prochain dans la matinée et qu’il donnera une conférence aux Amphis de l’Europe à 10h.

The Scientist
Le célèbre magazine américain des sciences du vivant a fait une enquête auprès de ses lecteurs et leur a demandé quelle université ou centre de recherches leur avait semblé le meilleur pour y réaliser un « post-doc ». Il publie la liste des dix premiers hors-USA et l’ULg se trouve en 9è position mondiale.
Evidemment, je suis très mal placé pour pousser un cocorico puisque j’ai toujours critiqué le principe-même des « rankings » d’universités ! Mes critiques s’articulaient sur trois points : le caractère subjectif qu’induit le principe de notoriété, le biais introduit par la possibilité de lobbying de l’institution (ne serait-ce que parce qu’elle doit apporter des données chiffrées aux enquêteurs) et surtout le nombreuses anomalies et aberrations dans la méthodologie générale des classements.
Alors, aujourd’hui, lorsque l’ULg est incroyablement bien classée, serais-je plus clément ? Donnerai-je raison à ceux qui me reprochaient d’être contre les classements parce que nous étions mal classés ? (nous ne sommes jamais mal classés, mais toujours assez loin parmi les belges).
Bien sûr que non. Je dirai simplement qu’ici, c’est un test qui porte exclusivement sur la subjectivité et qui est donc hautement critiquable à cet égard. Il n’est basé que sur ceux qui ont répondu à l’appel, ce qui biaise évidemment le test. Il est cependant ciblé sur une catégorie étroite de gens (ceux qui ont fait un post-doc à l’étranger) et il ne repose que sur l’avis de ces chercheurs, non sur des données collectées auprès de l’institution… On ne peut donc rester insensible au compliment adressé à l’ULg par ceux qui y sont passés. Merci à eux !
J’ajouterai que les efforts consentis par notre université pour rassembler de manière efficace ses forces vives en matière de sciences du vivant ne sont probablement pas sans rapport avec la bonne impression des chercheurs.
Maintenant, il nous reste à affronter la nuée de candidatures de post-docs venant de partout… !

Une de mes interviews peut être réentendue en podcast sur Cocktail Curieux (RTBF « La Première ») du 4 mars 2009.

Uppsala-Cracovie-Liège
Au cas où l’UCL perdrait son C*, nous pourrions revendiquer le sigle pour notre nouvelle association tripartite entre l’Université d’Uppsala en Suède, l’Université Jagiellone de Cracovie en Pologne et l’Université de Liège. Lors de la rencontre des trois recteurs (cinq si on y ajoute la rectrice des universités agro-vétérinaires d’Uppsala et de Cracovie) à Colonster jeudi dernier, les nombreuses similitudes et complémentarités entre nos institutions sont apparues clairement et nous avons convenu de prolonger l’effort pour établir une relation triangulaire forte entre nous. Une prochaine rencontre devrait avoir lieu en Pologne dans quelques mois.
*Tout compte fait, pour le sigle, c’est non : il faudrait aussi que l’University of Central London abandonne une lettre… ;-)

Assises de la recherche
Le bilan de la recherche en CFB et les perspectives d’avenir, qui faisaient l’objet des Assises de la Recherche de la Ministre M.-D. Simonet, ont recueilli un succès certain et une grande affluence qui rendait ainsi hommage aux efforts incontestables que la Ministre a déployé durant les 5 années de la législature pour améliorer le soutien à la recherche. Affluence qui contrastait avec la présence d’un journaliste isolé lors du point-presse qui précédait l’évènement… La recherche n’intéresse encore que les chercheurs et, heureusement, quelques politiques.

Restaurant
Pas de première pierre depuis douze ans à l’ULg… C’est dire l’importance de l’évènement de vendredi dernier, même si la pierre n’était que virtuelle et symbolique. Peu importe, ce qui compte, c’est que les travaux ont commencé et que le nouveau restaurant « écologique » sera accessible à la rentrée de 2010 et qu’il fera partie d’un vaste réaménagement de toute la zone Nord du Domaine du Sart Tilman (bâtiment d’accueil à l’entrée, voies piétonnes et cyclistes, cafétarias, agrandissement du B52 Ingénieurs, etc). Enfin, ça bouge !

Séance des FNRS
Sympathique accueil, devenu maintenant traditionnel chez nous, des nouveaux chercheurs FNRS par les anciens, cette année en présence de la nouvelle Secrétaire générale, Véronique Halloin, qui s’est déplacée pour partager ces moments de convivalités avec « ses » chercheurs.

« C’est notre terre »
Une magnifique exposition est à voir absolument dans les souterrains Tour & Taxis à Bruxelles si vous ne l’avez déjà fait. Elle convient à tous les âges et fait preuve d’un talent pédagogique exceptionnel qui ne nous étonnera pas puisqu’un des deux scénaristes n’est autres qu’Henri Dupuis qui est aussi le rédac’ chef de notre magazine web Reflexions. La contribution scientifique liégeoise y est massive comme en témoigne la liste des spécialistes consultés et les crédits de prêt de pièces scientifiques. Je vous recommande chaudement cette visite.

Foire du Livre
Succès dimanche pour le livre de Nicolas Ancion Retrouver ses facultés à la Foire du Livre de Bruxelles. La présence de l’auteur au débat intitulé « Peut-on rire de l’Université ? » et sans doute surtout celle de Pierre Kroll, illustrateur du livre, étaient sans doute pour beaucoup dans ce succès de foule et la longue file à la signature d’autographes !
Oui, on peut aussi rire de l’université, comme de tout d’ailleurs, du moment qu’on ne blesse personne, mais en publiant l’ouvrage, les Editions de l’ULg ont montré que rien n’est plus percutant (et surprenant, pour beaucoup) que l’auto-dérision.

J’ai souvent fustigé sur ce blog la voracité des grands éditeurs de revues scientifiques qui s’exerce aux dépens de la recherche. C’est le caractère déraisonnable et très largement exagéré de cette rapacité qui a déclenché le vaste mouvement de l’Open Access dont les dépôts institutionnels sont à la fois un élément constitutif et une étape obligée.

On constate aujourd’hui le progrès des éditions en accès libre de type « BMC », BioMed Central, dont la série grandissante des revues « en ligne » devient très populaire dans le monde des sciences du vivant. D’autre part une large majorité des éditeurs admet aujourd’hui que les articles publiés soient rendus accessibles librement dans les dépôts électroniques thématiques, nationaux, régionaux et/ou institutionnels.

Il reste néanmoins des récalcitrants intraitables. Le champion toutes catégories, Elsevier, qui pratique l’exploitation la plus scandaleuse et la plus intransigeante, continue à bien se porter malgré la crise, merci pour lui.
Pour plus d’informations, lisez les résultats financiers préliminaires de Reed Elsevier pour 2008. La seule division Elsevier du consortium a ainsi vu ses rentrées croître de près de 12% de 2007 à 2008 pour atteindre 1,7 milliard de £ (1,9 milliard d’€) avec un bénéfice net en augmentation de 16% et se montant à 568 millions de £ (645 millions d’€). Tout cela grâce à une clientèle captive. Comme le suggère le célèbre blog « The Imaginary Journal of Poetic Economy », l’éditeur, en se contentant d’un confortable profit net de 13%, pourrait alléger ses prix de 20%. Mais nous ne sommes ni dans l’imaginaire, ni dans l’économie poétique…

Evidemment, il n’y a rien d’illégal dans ces pratiques: tout est basé sur l’acceptation volontaire des chercheurs qui n’ont jamais entrepris de boycotter la maison d’édition ni pour leurs publications ni pour leurs lectures, en raison du prestige des périodiques qu’elle édite. En effet, personne ne vous oblige à fréquenter un restaurant hors de prix, c’est votre choix. Là où les choses se gâtent, c’est si ce n’est pas vous qui payez, mais l’Institution où vous travaillez. Et c’est ce qui se passe dans les universités. Les chercheurs attendent de leur Institution qu’elle prenne en charge l’achat de la plupart des revues.

C’est sur ce principe que j’ai pris l’initiative, il y a quelques années, de faire prendre en charge par l’Université les frais de publication dans les revues en Open Access. Hormis le fait que BMC commence à pratiquer une politique des prix de publication exponentielle et inquiétante (on dépasse aujourd’hui les 1.000 € par article, l’appât du gain se retrouve partout!), il est évident que cette politique ne tient la route que si elle s’accompagne d’un renoncement aux revues coûteuses. Rassurez-vous, il en existe beaucoup qui restent très abordables.

En clair, comme nous voulons continuer à prendre en charge la publication dans des revues en accès libre et que de plus en plus de nos chercheurs y publient, nous allons mettre fin à l’achat institutionnel des revues les plus hors de prix, c’est d’une parfaite logique. Une consultation large va devoir être mise en œuvre afin que cette mesure soit largement comprise et consentie au sein de l’Institution.

[Merci à DigitalKoans]

Recommended: a remarkable and very complete review of OA by Peter Suber.

The “Green Open Access (OA)” solution, providing free access to research publications in Institutional Repositories (IRs) via the Web, is certainly the best one, but sooner or later it will face a new wave of centralised thematic or funder repositories (CRs).

The latest initiative comes from the very active EUROHORCs (European Association of Heads of Research Funding Organisations and Research Performing Organisations), well known for its EURYI prizes and for its prominent influence on European thinking in the research area. EUROHORCs is working to convince the European Science Foundation (ESF) to set up, through a large subsidy from the EC, a centralised repository (CR) which would be both thematic (Biomedical) and local (European). The concept is inspired by PubMed Central, among others.

The EUROHORCs initiative is very well-intentioned. It is based on an awareness that many of us share: It is of the utmost importance that science funded by public money should be made freely and easily accessible to the public (OA). But the initiative also reveals a profound misunderstanding about what OA and researchers’ real needs are all about.

The vision underlying the EUROHORCs initiative is that research results should be deposited directly in a CR. However, if research results are not OA today, this is not because of the lack of a CR to deposit them in, but rather because most authors are simply not yet depositing their articles at all, not even in an IR.

Creating a new repository is hence not the solution for making research OA. The solution lies in universal deposit mandates, from both institutions and funding agencies. If this task is left to large funders such as the European Community, their central repositories will only contain publications of the research they have funded. From this it is easy to see that researchers will ultimately have to deposit their publications in as many repositories as there are funders supporting their research. Not only is this not practical, it is needlessly cumbersome.

The obvious solution is that both research institutions and funding agencies should jointly require IR deposit. Once that systematic coordination has been successfully implemented, if CRs are desired, they can easily be created and filled using compatible software for exporting or harvesting automatically from IRs to CRs.

What is worrisome is the needless double investment in creating two distinct kinds of repositories for direct deposit. This trend seems to rest on the naive notion that, in the Internet era, it is somehow still necessary to deposit things centrally. But in reality, the centralising tool is the harvester, and its search engine. Google Scholar, for example, is quite efficient in finding articles in any repository, institutional or central, yet no one deposits articles directly in Google Scholar. The perceived need for direct-deposit CRs is groundless, technically speaking. Such CRs even run the risk of serving as hosts for only the publications funded by a single funder. IRs guarantee OA webwide for all research output, in all disciplines, from all institutions, regardless of where (or whether) it has been funded.

It is understandable that funders may wish to host a complete collection of the research they have funded, but nowadays that can easily be accomplished by importing it automatically from the more complete collections of the distributed IRs — since institutions are the universal providers of all research output, funded and unfunded — as long as funders collaborate with institutions in first ensuring that all the IRs are filled with their own institutional research output.

Besides, the OA philosophy is global. It cannot be reduced to a single continent. Science is universal.

Giving priority to creating more CRs for direct deposit today is not only a waste of time: it is also counterproductive for the growth of convergent funder and institutional mandates. It would generate multiple competing loci of primary deposit for authors — most of whom, we must not forget, are still not depositing at all.

In conclusion, it seems far more efficient to focus first on filling IRs at this time; once that is accomplished, if it is judged useful, CRs can be configured to collect their data from IRs rather than being used as divergent points of direct deposits themselves.

The potential success of OA, without conflicting head-on with publishers, rests on the deposit of authors’ own final drafts of their published articles, through a one-time, simple action on the part of the author. All research is generated from research institutions: IRs are hence the natural locus for author deposit, providing optimal proximity, convenience and congruence with the mission of the author’s own institution. The rest is merely technical: a matter of automated data transfer to external CRs.

The EUROHORCs proposal is only worthwhile if it contributes to the secondary harvesting of data from primary IRs. Otherwise, it is missing the point of OA.

ORBi wins its challenge

U. Liège’s IR « ORBi » (Open Repository and Bibliography) is fulfilling its promise: over 4,000 references have already been filed since November 26th and, in a happy surprise, 79% of these articles turn out to be full text. This is thus ahead of schedule for our institutional Green OA Mandate (announced in March 2007 to take effect in October 2009): « Whenever the university reviews faculty publications for promotion, tenure, funding, or any other internal purpose, the review will be based exclusively on full texts deposited in the IR. »

The graph below shows clearly how the IR contents are growing. And yet a quick calculation also reminds us that we are still far from capturing the actual number of papers published yearly by our university authors.

A lire: une remarquable revue très complète de l’OA par Peter Suber.

La formule des dépôts institutionnels permettant la libre consultation de publications de recherche par l’Internet est certes la meilleure, mais elle est, tôt ou tard, menacée par une nouvelle tendance visant à créer des dépôts thématiques ou des dépôts gérés par des organismes finançant la recherche.

La dernière initiative provient de la très active association EUROHORCs (European association of the heads of research funding organisations and research performing organisations), bien connue pour ses prix EURYI et dont l’influence sur la réflexion européenne en matière de recherche est considérable. Elle tente de convaincre l’European Science Foundation (ESF) de mettre sur pied, grâce à une subvention considérable des Communautés européennes, un dépôt centralisé qui serait à la fois thématique (sciences biomédicales) et localisé (Europe) sur base du principe qui a conduit à la création de PubMed Central, par exemple.

L’idée part d’un bon sentiment. Elle est née d’une prise de conscience que nous partageons tous: il est impératif que la science financée par les deniers publics soit rendue publique gratuitement et commodément. Mais en même temps, elle est fondée sur une profonde méconnaissance de l’Open Access, de l’Open Access Initiative et des besoins réels des chercheurs et des pouvoirs subsidiants.

La notion qui sous-tend cette initiative est que les résultats de la recherche doivent être déposés directement dans un dépôt centralisé. Mais si les résultats de la recherche ne sont pas aujourd’hui en accès libre et ouvert, ce n’est pas parce qu’il manque des dépôts centralisés, c’est tout simplement parce que la plupart des auteurs ne déposent pas leurs articles du tout, même pas dans un dépôt institutionnel.

La solution n’est donc pas de créer un nouveau dépôt. Elle est dans l’obligation pour les chercheurs de déposer leur travail dans un dépôt électronique, cette obligation devant être exigée par les universités et institutions de recherche ainsi que par les organismes finançant la recherche. Si l’on se contente de laisser faire les grands pourvoyeurs de fonds tels que l’Union européenne, on ne disposera dans le dépôt central que des publications de la recherche qu’ils ont financée. On comprend donc qu’àterme, le chercheur sera amené à encoder ses publications dans autant de dépôts différents qu’il bénéficiera de fonds d’origine différente. Ce n’est pas pratique, c’est même inutilement lourd.

Comme les institutions de recherche la produisent (avec ou sans financement public, dans toutes les disciplines, dans tous les pays, dans toutes les langues), la solution qui saute aux yeux est qu’ensemble, les institutions de recherche et les organismes finançants doivent encourager la mise en place de dépôts institutionnels. Ensuite, si l’on tient à réaliser des dépôts centralisés, on pourra toujours le faire, en redondance, et ce sera facile si les logiciels sont compatibles.

Ce qui est inquiétant, c’est l’investissement, redondant à ce stade, qu’implique la création de dépôts centralisés. En fait, ceci correspond à une vision naïve qui laisse penser qu’à l’heure de l’Internet, il faille encore centraliser quoi que ce soit. L’élément centralisateur, c’est le moteur de recherche. Prenons Google Scholar: il est parfaitement efficace pour retrouver les articles dans l’ensemble des dépôts institutionnels, aussi bien que dans un dépôt central. L’utilité des dépôts centralisés n’est donc pas justifiable sur le plan technique. Le risque est même qu’ils ne solidifient uniquement que le dépôt des travaux faits avec les fonds d’un seul bailleur de fonds. Les dépôts institutionnels assurent la présence sur le web de tous les travaux scientifiques quels qu’ils soient, peu importe comment ils sont financés.

On peut comprendre que les bailleurs de fonds et organismes finançants aient envie de disposer d’un répertoire complet des travaux qu’ils subsidient, mais il est logique alors qu’ils collectent les données — c’est maintenant très aisé techniquement et cela nécessite juste un peu d’organisation pour être systématique — à partir des dépôts institutionnels plus complets ou que ces derniers leur communiquent automatiquement l’information.

Par ailleurs, la philosophie qui sous-tend l’Open Access est planétaire. Elle ne peut se confiner à une dimension européenne. La science est plus universelle que cela.

La création de dépôts centralisés n’est pas seulement une perte de temps, elle est aussi contre-productive pour la généralisation du dépôt obligatoire car elle multiplie, pour des chercheurs qui résistent déjà à déposer ne fût-ce qu’une fois leurs travaux, elle multiplie les endroits où ils doivent les déposer !

Nous sommes donc en présence d’une initiative de très bonne volonté, qui a du sens pour l’ESF, mais qui est un peu maladroite. Il eût été préférable de développer le principe que les dépôts centralisés soient des récoltants d’informations à partir des dépôts institutionnels et non des endroits de dépôt direct. Le principe même des dépôts thématiques (par sujet, par domaine de la science, par nationalité, par continent, par source de financement, etc.) ne peut qu’ajouter à la confusion dans un domaine qui n’est déjà pas facile à mettre en place et où le succès le plus complet est lié à la proximité du niveau de pouvoir et d’exigence. Les dépôts thématiques (ici, il serait doublement sectoriel: Europe & Biomédecine) ont beaucoup de sens, mais doivent rester secondaires par rapport à l’exigence fondamentale du « tout accessible ».

En d’autres termes, le succès de l’Open Access, sans se heurter de front aux éditeurs, repose sur les dépôts d’articles publiés par ailleurs et sur l’exigence d’un travail unique pour l’auteur. Le plus simple et le plus efficace pour cela est le dépôt institutionnel. Toute recherche provient d’institutions: le dépôt idéal le plus efficace et le plus complet ne peut donc être qu’institutionnel. Le reste est technique: ce n’est plus qu’une affaire de récolte d’informations.

La proposition de l’ESF n’est donc intéressante que si elle se situe au niveau de la récolte secondaire des données à partir des dépôts institutionnels primaires. Dans sa présentation actuelle, elle manque son but.

ORBi gagne son pari

Notre dépôt institutionnel ORBi tient ses promesses: il a dépassé cette semaine les 4.000 références et surtout, 79% sont accompagnées d’un texte intégral et il est donc en avance sur le planning prévu. Le graphique ci-dessous indique clairement combien la croissance des encodages est rapide. Et pourtant quelques coups de sonde dans le catalogue par noms d’auteurs montrent bien que nous sommes encore loin du compte par rapport au nombre réel de publications issues de l’Institution !

Un message a été envoyé aux conseillers scientifiques éminents de Barack Obama par l’Electronic Publishing Trust. L’accès libre et par Internet à la littérature scientifique est devenu une nécessité absolue dans le cadre du développement. Il plaide pour une double approche: celle de la multiplication des publications revues par des pairs et en accès libre et la constitution, dans les institutions de recherche, de dépôts institutionnels des textes intégraux de leur production scientifique (tels que notre ORBi, lancé le 26 novembre dernier et déjà épinglé internationalement par le Registry of Open Access Repositories, ROAR).

Après une période d’essai pilote puis de pré-production, ORBi est lancé en production générale avec succès. Je tiens à en féliciter les responsables qui ont accompli un travail tout-à-fait remarquable en un temps record (si on compare aux expériences similaires dans le monde).

Nous disposons à présent de plus de 1.200 références archivées sur ORBi dont près de 80% sont accompagnées d’un texte complet (un peu plus de la moitié en accès libre, l’autre moitié restant temporairement inaccessible sauf via une demande d’obtention du tiré à part par courriel). Dans les 24 heures qui ont suivi mon annonce par Intranet, plus de 110 références ont été ajoutées. Il faut ajouter à cela plus de 1.000 références en cours de dépôt… C’est donc bien parti.

Je suis convaincu que cet outil va rendre un signalé service aux chercheurs de notre institution et à la réputation de celle-ci en recherche.

Nous n’avons reçu que deux interpellations négatives, ce qui est remarquable quand on pense après tout à la charge de travail fastidieux que cela comporte, tout au moins la première fois…

La première provient de chercheurs qui se plaignent d’erreurs d’encodage. Il faut savoir que ces erreurs viennent de ceux qui encodent, évidemment, donc des chercheurs eux-mêmes. Ici, ce n’était pas le cas parce que, pour limiter la charge de travail des auteurs, notre équipe d’ORBi a pré-importé plus de 20.000 références issues de Web of Science et de Pubmed! Pour chacune de celles-ci, un appariement automatique a été opéré avec le système de répertoire de l’université, procédure qui laisse effectivement passer des erreurs dans le cas d’homonymes ou pseudo homonymes, de noms d’épouses, etc…. En automatique, il n’est évidemment pas possible d’aller plus loin. Il appartient alors à l’auteur de faire la correction avec le système de liste associée au LDAP, ce qui est très rapide.

La seconde émane d’un chercheur qui trouve la charge trop lourde. Je publie ici la réponse que je lui fais, c’est le plus simple et cela pourra servir pour tous ceux qui auraient le même avis.

« Cher Monsieur,

J’ai souhaité la mise en place d’ORBi dans un double but: l’intérêt de l’Institution (visibilité de la recherche) et celui du chercheur (visibilité de son travail). Bien sûr, on y croit ou on n’y croit pas, mais personnellement, je pense que c’est une vitrine de première importance. Le « Southampton Phenomenon » le démontre (l’université de Southampton se place parmi les mieux citées du Royaume-uni, contre toute attente, mais elle est parmi les premières à avoir créé un dépôt institutionnel).

Je suis parfaitement conscient de la surcharge de travail que ceci implique. S’il ne s’agissait que d’une promotion de l’université, j’admettrais que l’effort soit complètement à charge de cette dernière, mais je suis intimement convaincu que les premiers bénéficiaires de cette opération sont les chercheurs eux-mêmes.

Ceci dit, il est évident que nous avons en place une équipe capable de rendre bien des services. Mais en raison du nombre de chercheurs à l’ULg, il serait impossible de demander à celle-ci de faire le travail à la place des auteurs qui sont de plus mieux à même que quiconque de garantir l’exactitude de ce qu’ils rendent public. La contribution de chacun est donc demandée.

Certes, vous dites que vous envoyez « personnellement un email au premier auteur and that’s it », d’accord, c’est simple, mais ceci implique que vous soyez informé au préalable de l’existence dudit article. L’objectif ici est que l’article puisse aussi être repéré par des moteurs de recherche sur base de mots-clés et ainsi rayonner bien plus efficacement.

Dans votre secteur de recherche, PubMed permet déjà un accès à l’information que ne connaissent pas d’autres domaines de la science, il est vrai, mais le « full text » n’est pas toujours disponible, contrairement aux dépôts institutionnels. Par ailleurs, l’existence de vos articles dans PubMed rend incomparablement simple leur transfert dans ORBi. Enfin, si actuellement vous envoyez personnellement un mail aux auteurs pour obtenir copie de leurs articles, certains de ceux-ci font sans doute de même avec vous pour vos propres articles, ce qui génère également un trafic sur votre boite mail (vous vous plaignez que nous l’encombrions!), trafic qui sera considérablement réduit lorsque vos articles seront immédiatement accessibles en OA sur ORBi.

Si chaque institution procède de même, l’accès à l’information sera significativement facilité et accéléré. C’est le but même de l’OA. Il suppose néanmoins un effort initial de chacun. C’est pourquoi je me mobilise, chaque fois que j’en trouve le temps, pour convaincre mes collègues responsables des universités en Europe et dans le monde, en faveur de l’installation d’un dépôt institutionnel dans chaque établissement de recherche.

Croyez bien que tout ce processus est réfléchi dans l’intérêt des chercheurs et de l’Université et n’est aucunement une tracasserie « administrative » supplémentaire vide de sens, un « nonsense ». Il entraîne un léger « encombrement » des boîtes mails qui restera occasionnel en vitesse de croisière, en fonction de votre production scientifique. Je suis convaincu que vous mesurerez bientôt l’avantage considérable de cet outil face aux quelques désagréments bien réels qu’il occasionne. La publication (au sens de « rendre accessible ») de nos recherches est la manifestation tangible de notre activité de recherche et chaque chercheur est logiquement motivé à rendre son œuvre aussi largement publique que possible. C’est là le pari que nous prenons avec cette opération qui demande à l’ULg un effort considérable en ressources financières et humaines.

Merci de votre compréhension. »

Mais en général, ceux qui s’y sont frottés sont ravis et plusieurs ont eu la gentillesse d’exprimer leur satisfaction. Deux exemples sympathiques:
« Malgré mes réserves par rapport à l’idée d’un « chercheur transparent », je dois avouer que le programme est confortable et pratique, compliment aux responsables! »
«  Tout d’abord « félicitations ++++ » pour ORBI, un formidable outil. Je vais donc y archiver tout mon CV. »

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