Je n’ai pas l’intention de commencer ici une chronique régulière de nos discussions avec la Faculté agronomique, et encore moins d’en révéler la teneur. Toutefois, je ne puis laisser sans suite mon billet précédent. En effet, une réunion était prévue ce matin à Gembloux, malgré le Conseil d’administration important de cet après-midi qui décidait des promotions académiques et approuvait le budget 2009, sans parler de l’éventuel achat des cinémas Opéra! Et elle a bien eu lieu.

Je puis en dire qu’elle fut franche et cordiale et que bien des malentendus ont été aplanis des deux côtés. Du nôtre, ou plutôt du mien, devrais-je dire, il me faut modérer ma réaction courroucée quant à ce que je considérais comme une rupture de confidentialité de nos travaux de la part de « certains » négociateurs J’en ai reçu des explications rassurantes. D’autre part, j’ai eu tort de sembler insinuer qu’il y avait des ‘bons’ et des ‘méchants’ parmi ces négociateurs: le groupe gembloutois est homogène et sur une même longueur d’onde. Mais bien sûr, les personnalités et les caractères diffèrent, le fond est bien le même, c’est la forme qui varie! Chacun a donc reconnu ses écarts de langage ou d’écriture et nous avons retrouvé une grande sérénité pour nous plonger dans le vif du sujet.

Clairement, en travaillant sur un document de base que j’avais rédigé en fin de semaine dernière, les deux équipes en présence ce matin ont bien compris leurs points de vue respectifs et, simplement en définissant mieux les termes que nous employons et les concepts que nous défendons, nous avons pu percevoir rapidement la réelle convergence des deux démarches et la possibilité de concilier les points de vue.

Sans aller plus avant dans les détails, je dirais que les craintes des autorités de Gembloux — mais peut-être surtout des membres de la Faculté qu’elles représentent — sur le plan financier ont été aplanies. Des garanties ont été offertes sur l’autonomie de gestion, sur le processus d’évolution transitoire dans le temps, le respect de la culture et du mode de fonctionnement de la Faculté, l’objectif à atteindre ensemble et les nombreux terrains de coopération existants ou potentiels.

Le message est donc que les choses avancent à pas de géant (particulièrement aujourd’hui), que la solution complète est en vue (« terre, terre! ») et que tous ceux qui, à Gembloux comme à Liège, craignent que cette intégration ne soit pas l’occasion de saisir une formidable opportunité pour tout le monde peuvent dormir sur leurs deux oreilles. Ou plutôt peuvent continuer à mener leurs activités universitaires sans s’inquiéter d’un changement qui ne sera pas un bouleversement, mais une évolution dont les avantages vont progressivement apparaître à leurs yeux.

Septante-quatre kilomètres, cela peut paraître loin, même si c’est à peine plus que le diamètre de grandes agglomérations comme Londres, Paris ou Mexico, et moins que Pékin. Et pourtant, quelle distance sur le plan de la connaissance et de l’appréciation mutuelles!

Une anxiété compréhensible, mais sans objet

Il me revient que l’intégration de la FUSAGx dans l’ULg crée un sentiment très fort d’inquiétude dans le personnel de la Faculté, tous corps confondus. Les échos que je ne manque pas d’avoir concernant les réactions sur le blog du Recteur de la FUSAGx — un homme sage que je connais fort bien et dont j’apprécie le sens de l’ouverture et de l’écoute —m’inquiètent moi aussi, de mon côté. Tout se passe comme si certains étaient occupés à faire monter la pression et l’angoisse. On parle même, paraît-il, d’une manifestation à organiser sur la place du 20 août à Liège où l’on viendrait déverser des bennes de purin devant l’ULg… Outre l’effet désastreux d’un tel comportement sur les étudiants potentiels (surtout ceux de Gembloux qui ne pourront croire qu’à une seule chose: leur formation va en souffrir!), je doute qu’une telle manifestation donne au public, à la presse et au monde politique, une image de nos partenaires de Gembloux qui corresponde le moins du monde à celle d’une institution high-tech que pourtant elle mérite amplement.

Ce qui me chagrine le plus dans tout ceci, c’est d’apparaître comme un ogre sanguinaire, impatient d’avaler la FUSAGx toute crue et de la faire disparaître de la surface du globe le plus rapidement possible. Et de lui piquer son argent au passage. C’est vraiment mal nous connaître.

Comment a-t-on pu en arriver là ?

Après autant d’années de discussion bilatérale (j’ai retrouvé des textes que j’ai personnellement rédigés avec le Vice-recteur de Gembloux lors d’une mission exploratoire que nos recteurs respectifs nous avaient confiée, textes de 1998 à 2000 qui démontraient — toute modestie mise à part — une véritable vision d’avenir pour nos deux institutions, dans un profond respect mutuel et un sens aigu des opportunités et avantages pour les deux parties), je n’ai pas changé d’avis et aujourd’hui, je ne changerais pas une ligne à mes engagements d’il y a dix ans.

Je suis donc très profondément convaincu de l’intérêt de cette intégration pour tout le monde, mes partenaires en négociation le savent pertinemment bien. C’est pourquoi je suis si surpris d’apprendre que se fomente une révolte ou que se prépare une « résistance à l’envahisseur » d’une très grande vigueur alors même que les discussions sur l’élaboration d’une convention sont toujours en cours. Je pense que tout cela repose sur des malentendus et des interprétations erronées de propos en réalité anodins.

Pour moi, tant que les accords définitifs font encore l’objet de discussions bilatérales, chacun devrait s’en tenir à une attitude de discrétion élémentaire. Toutefois, devant la diffusion d’informations alarmistes par certains négociateurs eux-mêmes, je me vois obligé de rompre le silence que je m’étais imposé et remettre les choses au point.

Où en sommes-nous ?

Un décret a été voté à l’unanimité par le Parlement de la Communauté française qui intègre la FUSAGx dans l’ULg. Il annonce en outre la signature d’une convention qui réglera les détails pratiques et quotidiens du fonctionnement de la nouvelle entité.

Le texte du décret prévoit clairement la préservation d’une grande autonomie de la Faculté, qui prendra le nom souhaité par nos partenaires gembloutois: « Gembloux Agro Biotech », un Vice-recteur de site, « élu par le conseil académique de la Faculté universitaire des sciences agronomiques de Gembloux pour un mandat d’une durée de cinq ans, parmi les professeurs ordinaires relevant de cette faculté et y exerçant depuis deux ans au moins une fonction à charge complète », membre du Collège rectoral et du Conseil d’administration, un représentant des professeurs au C.A., l’ouverture du C.A. aux représentants des personnels scientifique et ATO ainsi qu’aux étudiants de Gembloux, un administrateur du site, et toute l’autonomie que permet la loi pour Gembloux Agro Biotech. Il faut en effet savoir que, ne formant plus qu’une seule entité juridique, certaines duplications ne seront plus possibles. Nous devrons donc avoir une comptabilité unique et une gestion centralisée du personnel. Mais ceci ne veut pas dire qu’il ne pourra pas y avoir de délégations en la matière, ni que les pratiques actuelles de la FUSAGx en matière de gestion des ressources seront automatiquement changées et calquées sur celles de Liège. Je n’ai jamais exigé ni même prétendu le contraire!

« L’intégration de la Faculté de Gembloux au sein de l’Université de Liège maintient un ensemble cohérent d’activités d’enseignement et de recherche dans le domaine des sciences agronomiques et d’ingénierie biologique sur le site de Gembloux » dit le décret, […] en maintenant définitivement au sein de l’Université de Liège une structure propre de gestion du site de Gembloux ainsi qu’une représentation spécifique de ce site au conseil d’administration ».

Le décret est donc particulièrement attentif à préserver les us et coutumes de la Faculté et rien dans sa rédaction ne pose de problème véritable.

Comment alors s’entretient l’anxiété ? Avec la future convention. Il est vrai que nous n’avons pas d’accord sur cette convention aujourd’hui mais nous devons d’abord nous entendre sur ce qui est légal ou non.

Pourquoi l’ULg a-t-elle l’air intraitable sur certains aspects de la convention ?

Le décret dit: « L’Université de Liège succède aux droits et obligations de la Faculté universitaire des sciences agronomiques de Gembloux. Le principe de continuité de gestion est d’application. La liste des biens immeubles ainsi transférés est arrêté au 31 décembre 2009 par le Gouvernement. Les créances et les obligations fondées sur les contrats en cours relatifs à la Faculté universitaire des sciences agronomiques de Gembloux, à la date d’entrée en vigueur de la présente disposition, sont transférées à l’Université de Liège. Ces cessions et transferts sont opposables de plein droit aux cocontractants et aux tiers, sans autre formalité. Ils incluent tous les droits et obligations liés aux procédures pendantes et futures. »
Et « Le Patrimoine de l’Université de Liège devient l’employeur des membres du personnel scientifique, administratif, technique et ouvrier engagés par le Patrimoine de la Faculté universitaire des sciences agronomiques de Gembloux ; ils y conservent leur grade et leur ancienneté. La liste des membres des personnel à la date du 31 décembre 2009, ventilée en personnel enseignant, scientifique et administratif, technique et ouvrier, est arrêtée par le Gouvernement. Le conseil d’administration de l’Université de Liège devient l’organe compétent de décision à l’égard des membres des personnels s […][CFB]. »

Chacun comprendra aisément que ces éléments du décret rendent les autorités de l’ULg responsables des créances et obligations ainsi que du personnel. On ne plaisante pas avec ça. Mais j’ai personnellement toujours été clair sur le fait que la gestion resterait, durant la période de transition, la prérogative de la FUSAGx, pour autant que les administrations centrales (finances et ressources humaines) aient accès à l’information. Le décret prévoit cette possibilité, ainsi qu’une latitude de gestion pendant la période transitoire.
Mais mon pari est qu’au bout de cette période, ou peut-être même avant, l’avantage de s’intégrer dans une grande structure bien rodée et efficace (ce dont doute un majorité de gembloutois aujourd’hui) deviendra une évidence, comme elle l’est devenue pour nos collègues vétérinaires qui, tous, se réjouissent d’avoir été intégrés à l’ULg, même si, au départ, la plupart freinait des quatre roues pour ne pas se joindre à nous (leur intégration impliquait leur déménagement à Liège, ce qui n’est en aucune manière le cas de Gembloux car ce serait une aberration monumentale pour des raisons tant politiques que scientifiques: géostratégie et qualité du terrain d’activité). HEC-Ecole de Gestion de l’ULg ne peut pas non plus se plaindre de l’intégration, notre soutien est très important. L’ex-FUL à Arlon non plus: nous avons fait pour elle plus que nous avions promis.
Pourquoi cette » générosité »? Tout simplement parce que l’ULg a intérêt à ce que chacune de ses composantes resplendisse de tous ses feux, et il en sera de même pour Gembloux. Je m’y suis engagé depuis le début et je tiens toujours parole.

Quel impact l’intégration aura-t-elle sur le personnel ?

A la lecture du décret, on comprend que les verrous sont serrés en ce qui concerne l’avenir du personnel et de son statut (il faut savoir que notre « fusion » est la plus simple de toutes: nos statuts sont identiques!). C’est très bien.

Mais qu’en est-il des emplois ? « Toute restructuration entraîne des réductions d’emplois! ». C’est en tout cas ce que tout le monde pense! Il se fait que j’ai annoncé depuis trois ans ma volonté de ne pas réduire d’une seule unité les emplois à Gembloux pendant la période transitoire. Après cela, s’il s’avère raisonnable de revoir les fonctions en se basant sur l’évolution de la Faculté et de ses besoins, nous n’évoluerons que par départs naturels et en bonne concertation. Et que l’on comprenne bien que l’évolution du personnel sera qualitative et que, quantitativement, il ne s’agira pas, sauf nécessité reconnue de tous, de réduction mais, je l’espère, d’augmentation.

Quel impact l’intégration aura-t-elle sur les étudiants dans leurs études et sur les chercheurs dans leur recherche ?

Aucun, si ce n’est une opportunité que nos enseignants feront bien de saisir de part et d’autre pour créer des nouveautés et exploiter l’interdisciplinarité. L’ULg est une université complète, la seule à avoir une faculté de médecine vétérinaire, et elle dispose des compétences en matière d’ingéniérie, de biologie, de chimie, de biochimie, de santé, de nutrition, de sociologie, d’environnement, de droit, de gestion, et j’en oublie certainement. Ne pas profiter de cette aubaine serait une immense erreur pour les deux institutions ainsi que pour leurs étudiants et les chercheurs. Seulement pour cela, il faut que les commissions bilatérales qui ont commencé à travailler ensemble il y a un an soient autorisées à continuer et à aller au bout de leur travail dont je puis dire qu’il était prometteur, si ce n’est que les autorités de Gembloux, inquiètes de l’évolution du décret et de la convention leur ont imposé un moratoire. Ce moratoire, il faut le lever le plus tôt possible.

Que veut dire période transitoire ?

« En vue de la gestion de l’institution, il est instauré une période transitoire s’étendant du 1er octobre 2009 au 30 septembre 2014″.

Il est donc clair que la période transitoire sera de cinq ans. Elle ne pourra être une période d’immobilité. Elle devra voir se développer l’interaction et la collaboration pour atteindre un rythme de croisière dès 2015. Les dernières propositions que je fais et qui seront discutées le 10 décembre devraient recevoir l’accord général. Elles rencontrent les exigences gembloutoises et définissent le mode de fonctionnement à partir de ce moment. Il nous reste à définir l’allure de la progression de l’intégration durant ces cinq ans.

Conclusions

Les deux institutions peuvent s’accorder dans un intérêt mutuel très rapidement. Et elles doivent le faire vite, avant que cette valse-hésitation ne puisse exercer un effet négatif sur notre image commune.

Il faut que cessent la suspicion et les procès d’intention. Ils sont hors de propos. L’ULg n’essaie pas de « rouler » Gembloux. Elle s’associe avec un partenaire respectable et respecté et entend, malgré la différence de taille, être considérée comme un interlocuteur loyal et une future « maison-mère » consciente des atouts de chacune de ses parties et désireuse de les aider à les développer. Et si on ne peut, par méfiance excessive, croire en sa sincérité, on doit au moins comprendre que c’est son intérêt.

Après une période d’essai pilote puis de pré-production, ORBi est lancé en production générale avec succès. Je tiens à en féliciter les responsables qui ont accompli un travail tout-à-fait remarquable en un temps record (si on compare aux expériences similaires dans le monde).

Nous disposons à présent de plus de 1.200 références archivées sur ORBi dont près de 80% sont accompagnées d’un texte complet (un peu plus de la moitié en accès libre, l’autre moitié restant temporairement inaccessible sauf via une demande d’obtention du tiré à part par courriel). Dans les 24 heures qui ont suivi mon annonce par Intranet, plus de 110 références ont été ajoutées. Il faut ajouter à cela plus de 1.000 références en cours de dépôt… C’est donc bien parti.

Je suis convaincu que cet outil va rendre un signalé service aux chercheurs de notre institution et à la réputation de celle-ci en recherche.

Nous n’avons reçu que deux interpellations négatives, ce qui est remarquable quand on pense après tout à la charge de travail fastidieux que cela comporte, tout au moins la première fois…

La première provient de chercheurs qui se plaignent d’erreurs d’encodage. Il faut savoir que ces erreurs viennent de ceux qui encodent, évidemment, donc des chercheurs eux-mêmes. Ici, ce n’était pas le cas parce que, pour limiter la charge de travail des auteurs, notre équipe d’ORBi a pré-importé plus de 20.000 références issues de Web of Science et de Pubmed! Pour chacune de celles-ci, un appariement automatique a été opéré avec le système de répertoire de l’université, procédure qui laisse effectivement passer des erreurs dans le cas d’homonymes ou pseudo homonymes, de noms d’épouses, etc…. En automatique, il n’est évidemment pas possible d’aller plus loin. Il appartient alors à l’auteur de faire la correction avec le système de liste associée au LDAP, ce qui est très rapide.

La seconde émane d’un chercheur qui trouve la charge trop lourde. Je publie ici la réponse que je lui fais, c’est le plus simple et cela pourra servir pour tous ceux qui auraient le même avis.

« Cher Monsieur,

J’ai souhaité la mise en place d’ORBi dans un double but: l’intérêt de l’Institution (visibilité de la recherche) et celui du chercheur (visibilité de son travail). Bien sûr, on y croit ou on n’y croit pas, mais personnellement, je pense que c’est une vitrine de première importance. Le « Southampton Phenomenon » le démontre (l’université de Southampton se place parmi les mieux citées du Royaume-uni, contre toute attente, mais elle est parmi les premières à avoir créé un dépôt institutionnel).

Je suis parfaitement conscient de la surcharge de travail que ceci implique. S’il ne s’agissait que d’une promotion de l’université, j’admettrais que l’effort soit complètement à charge de cette dernière, mais je suis intimement convaincu que les premiers bénéficiaires de cette opération sont les chercheurs eux-mêmes.

Ceci dit, il est évident que nous avons en place une équipe capable de rendre bien des services. Mais en raison du nombre de chercheurs à l’ULg, il serait impossible de demander à celle-ci de faire le travail à la place des auteurs qui sont de plus mieux à même que quiconque de garantir l’exactitude de ce qu’ils rendent public. La contribution de chacun est donc demandée.

Certes, vous dites que vous envoyez « personnellement un email au premier auteur and that’s it », d’accord, c’est simple, mais ceci implique que vous soyez informé au préalable de l’existence dudit article. L’objectif ici est que l’article puisse aussi être repéré par des moteurs de recherche sur base de mots-clés et ainsi rayonner bien plus efficacement.

Dans votre secteur de recherche, PubMed permet déjà un accès à l’information que ne connaissent pas d’autres domaines de la science, il est vrai, mais le « full text » n’est pas toujours disponible, contrairement aux dépôts institutionnels. Par ailleurs, l’existence de vos articles dans PubMed rend incomparablement simple leur transfert dans ORBi. Enfin, si actuellement vous envoyez personnellement un mail aux auteurs pour obtenir copie de leurs articles, certains de ceux-ci font sans doute de même avec vous pour vos propres articles, ce qui génère également un trafic sur votre boite mail (vous vous plaignez que nous l’encombrions!), trafic qui sera considérablement réduit lorsque vos articles seront immédiatement accessibles en OA sur ORBi.

Si chaque institution procède de même, l’accès à l’information sera significativement facilité et accéléré. C’est le but même de l’OA. Il suppose néanmoins un effort initial de chacun. C’est pourquoi je me mobilise, chaque fois que j’en trouve le temps, pour convaincre mes collègues responsables des universités en Europe et dans le monde, en faveur de l’installation d’un dépôt institutionnel dans chaque établissement de recherche.

Croyez bien que tout ce processus est réfléchi dans l’intérêt des chercheurs et de l’Université et n’est aucunement une tracasserie « administrative » supplémentaire vide de sens, un « nonsense ». Il entraîne un léger « encombrement » des boîtes mails qui restera occasionnel en vitesse de croisière, en fonction de votre production scientifique. Je suis convaincu que vous mesurerez bientôt l’avantage considérable de cet outil face aux quelques désagréments bien réels qu’il occasionne. La publication (au sens de « rendre accessible ») de nos recherches est la manifestation tangible de notre activité de recherche et chaque chercheur est logiquement motivé à rendre son œuvre aussi largement publique que possible. C’est là le pari que nous prenons avec cette opération qui demande à l’ULg un effort considérable en ressources financières et humaines.

Merci de votre compréhension. »

Mais en général, ceux qui s’y sont frottés sont ravis et plusieurs ont eu la gentillesse d’exprimer leur satisfaction. Deux exemples sympathiques:
« Malgré mes réserves par rapport à l’idée d’un « chercheur transparent », je dois avouer que le programme est confortable et pratique, compliment aux responsables! »
«  Tout d’abord « félicitations ++++ » pour ORBI, un formidable outil. Je vais donc y archiver tout mon CV. »

Il est toujours impressionnant de constater, dans les pays émergents, le contraste entre les conditions dramatiques de financement des universités et la qualité de l’enseignement qui y est dispensé. Cette observation est vraie pour la Chine, la Corée du Sud ou le Mexique, par exemple, et tout particulièrement pour le Vietnam. L’expérience de l’Inde tient de la même observation, mais avec ses caractéristiques propres.

En arrivant dans ce pays gigantesque d’un milliard deux cent millions d’habitants — près d’un cinquième de l’humanité — au moment même où il envoie avec succès un engin sur la lune, où les immenses complexes ultramodernes hébergeant des géants de l’informatique mondiale ou des sociétés de consultance multimilliardaires côtoient les villages de huttes ou les bidonvilles crasseux, il faut un moment pour comprendre où on est et ce qui s’y passe. Soixante pourcents de la population ont moins de 25 ans et le défi est, bien sûr, la formation. Six cent mille ingénieurs sont formés chaque année: une seule promotion suffirait à combler l’immense retard de l’Europe dans ce domaine car c’est exactement le nombre qui nous manque… On comprend donc pourquoi on ne peut qu’être rempli d’effroi, ici peut-être plus encore que dans les autres pays émergents, en se disant que s’il ne se passe pas très vite quelque chose qui ramène nos jeunes en grand nombre vers des études scientifico-techniques, ce n’est plus chez nous qu’on assurera le progrès technologique global, mais ailleurs. Tout particulièrement en Inde.

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Signature, avec JP Jaspart (à dr.), d’un accord de coopération avec l’IIT (Indian Institute of Technology) dans le domaine des constructions métalliques, le 7 novembre 2008 à Mumbai (Bombay)

Où se situe le Président-élu des USA en matière d’éducation et de recherche ?

De toute évidence, son principal souci est de rendre plus accessible l’enseignement supérieur dont on sait combien, sur le plan financier, il est difficilement accessible dans ce pays. Par accessible, il entend formation préalable suffisante, prix démocratique, recherche de qualité pour alimenter la formation, contribution au développement économique et compétitivité internationale. Déjà entendu ça quelque part ?

A titre d’exemple, il faut lire ses engagements sur son site web, New America Foundation ou Inside Higher Education.

En ce qui concerne la recherche, il annonce un assouplissement de certaines contraintes éthiques (cellules-souches), il promet de « mener la recherche américaine vers une nouvelle ère d’innovation scientifique. » Pour cela, il envisage de « doubler l’investissement fédéral dans la recherche fondamentale afin de faire face aux grands défis du 21è siècle« , ce qui lui a valu le soutien officiel de 61 Prix Nobel. S’il tient ses promesses, il mettra fin à l’idée généralement répandue que les présidents républicains, contrairement à ce qu’on pourrait croire, sont généralement plus généreux que les démocrates dans l’investissement en recherche. Ce nouvel espoir pour un essor de la recherche aux USA transparaît également dans un article du Nouvel Observateur du 4 novembre, jour de l’élection.

Si tout ceci se confirme, les nouvelles sont bonnes. Certains, en Europe, ont pu se réjouir du ban américain sur l’utilisation des cellules-souches qui donnait une longueur d’avance aux chercheurs et aux médecins européens sur leurs « concurrents » du pays de l’oncle Sam. En fait, c’est un mauvais calcul pour deux raisons: d’abord parce que la recherche est universelle et que c’est ainsi que chacun en profite et ensuite parce que, si compétition il doit y avoir (je dirais émulation), ce n’est pas comme cela que nous voulons en relever le défi, non pas en tentant de profiter des entraves aux mouvements de nos partenaires, mais en parvenant à convaincre nos pouvoirs politiques, à tous les niveaux, de la nécessité absolue de subventionner généreusement la recherche fondamentale, celle qui alimente tout le reste — y compris l’économie — dans un monde globalisé.

Vue depuis l’Inde, la victoire de Barack Obama crée un enthousiasme qui semble quasi unanime dans le monde.

Pour les universités, c’est une perspective d’ouverture, d’intelligence et de clairvoyance. Espérons qu’elle s’accomplira. En tout cas, on peut dès à présent constater que, contrairement au « ticket » McCain-Palin, le duo Obama-Biden est le premier de l’histoire des Etats-Unis où les deux élus et leurs épouses ont rempli des missions professionnelles, académiques ou administratives, dans des universités, comme le signale aujourd’hui The Chronicle of higher education. Une chance, probablement, pour le monde de l’enseignement supérieur, une sorte de garantie contre l’obscurantisme qui regagne du terrain dans ce pays.

L’Inde, un monde en soi, grande comme l’Europe, avec 2 fois plus d’habitants, 3 fois plus de religions et 4 fois plus de langues… où 600 millions de personnes n’ont pas l’électricité, où la lutte pour une vie décente est la première priorité, mais où ces populations dans le dénuement côtoient les plus hautes technologies, où l’enseignement et la formation sont en expansion jusqu’à des niveaux très élevés, voilà où nous sommes, éberlués malgré tout ce qu’on nous en avait dit et tout ce que nous en avions lu.

Au moment où un nouveau président des USA se profile, où les défis les plus immenses sont devant lui, on comprend la vanité de la crise financière et l’absurdité des guerres bushiennes, et l’urgence de la prise en main du sort de la planète tout entière, à commencer par l’affrontement de la réalité des désastres écologiques qui s’annoncent.

La coïncidence de l’annonce de la victoire électorale d’Obama en pleine séance d’un excellent colloque sur la dérive écologique mondiale et les pistes de remèdes qui se tenait à l’Institut TERI de New Delhi ce matin, en présence de R.K. Pachauri, président du GIEC et docteur honoris causa 2008 de l’ULg, est apparue à tous comme très symbolique. Connaissant le mauvais exemple systématique offert par les USA en ces matières, la mauvaise foi du président sortant et les handicaps mondiaux que cela entraînait, espérons qu’un profond changement soit en vue là aussi.

Grande bouffée d’émotion pour les vieux « soixante-huitards » ce vendredi, dans la Salle académique. Guy Quaden, Thierry Grisar, Pierre De Meyts dit « Chuck », étaient à l’honneur, mais on retrouvait aussi Philippe Gibbon, Xavier Seron et bien d’autres. Manquait incontestablement Ludo Wirix dont le souvenir planait sur l’événement tel une sorte Che Guevarra liégeois trop tôt disparu (si l’analogie peut paraître présomptueuse, elle n’est dans le fond, pas absurde). Se retrouver ainsi ensemble quarante ans après, sur les lieux mêmes où avait eu lieu la première occupation, le 24 octobre 1968 (il y en eut au moins une autre, au début de 1969, qui dura plusieurs jours et chacun se souvenait avec précision de l’endroit où il/elle avait dormi…) n’a laissé personne indifférent.

Bien évidemment, vue par d’autres que nous, cette « commémoration » avait de vrais relents de réunion d’anciens combattants. Et pourtant, ce n’était pas ce que nous voulions — aucun d’entre nous — je pense.

Car, en fait, ce ne fut pas un vrai combat, au sens « affrontement du danger pour sa vie ». De cela, il ne fut jamais question à l’époque, et c’était fort bien ainsi.

Mais cette soirée fut partagée avec des plus jeunes et, comme on s’en doute, on chercha les parallèles entre les revendications des étudiants d’alors et celles de ceux d’aujourd’hui. Aucun rapport. Non pas que nous ayons défendu des causes plus importantes, mais tout simplement, elle n’étaient pas les mêmes.

Notre malaise, en 1968, ne provenait pas de grandes inquiétudes sur les opportunités d’emploi, même si elles étaient incertaines, et notre insouciance semblait bien plus grande que celle des jeunes d’aujourd’hui. L’anxiété était plus globale, plus générale. On sortait d’une époque marquée par les angoisses de la bombe atomique, de la guerre froide, de la guerre de Corée, de la guerre d’Algérie et, plus récemment, de la guerre du Vietnam, qui battait son plein. C’était l’année du balayage systématique de toutes les causes auxquelles nous nous identifions alors, de tous les espoirs de changement dans le monde: l’année des assassinats de Martin Luther King et de Bob Kennedy, de l’écrasement soviétique du Printemps de Prague et de l’apogée de l’apartheid en Afrique du Sud. Sur les campus américains, comme dans les universités françaises, les incidents se multipliaient et la conviction d’une immense reprise en main de toutes les tentatives de libéralisation du monde commençait à nous gagner.

Notre revendication essentielle était la liberté d’expression et d’information dont les jeunes disposaient fort peu à l’époque. Au delà de ça, pas de grande cause à défendre, si ce n’est une vision très mondiale du pacifisme et une grande aspiration à une justice universelle. De grandes utopies en somme. Et tout cela dans une atmosphère palpable de libération des jeunes du carcan dans lequel toutes les générations précédentes avaient été enfermées. Nous avions le sentiment d’être les premiers adolescents à bénéficier d’une culture propre, symbolisée par la culture, musicale d’abord (le transistor faisait exploser les barrières de la radio), cinématographique ensuite. Tout bougeait très vite et très fort.

Ces avances-là sont acquises aujourd’hui. Il est moins facile de se trouver des causes. Et c’est probablement là que réside la différence essentielle.

Mais par dessus tout, on a retrouvé, pour un soir, les trois éléments les plus caractéristiques de la contestation étudiante liégeoise de ces années-là, comme du caractère liégeois de tout temps: l’autodérision, l’humour et la convivialité.

A lire, une remarquable interview de Stevan Harnad dans le blog des « Open Students », un groupe de jeunes étudiants convaincus de l’importance de l’accès libre à l’information scientifique aujourd’hui mais également demain, lorsqu’ils seront des chercheurs accomplis. L’interview résume avec clarté les arguments en faveur de l’Open Access.

J’ai exposé mon « Projet pour l’ULg » au Conseil Académique de ce 15 octobre et j’ai créé des sites webs qui permettent au personnel de l’ULg d’en prendre connaissance et d’y faire des commentaires ou de poser des questions.
Tous les liens utiles sont accessibles aux membres du personnel sur le blog intranet.

Toutes mes excuses aux lecteurs externes. Ils auront accès à ces informations lorsque le Projet sera public et largement diffusé.

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