Il est toujours impressionnant de constater, dans les pays émergents, le contraste entre les conditions dramatiques de financement des universités et la qualité de l’enseignement qui y est dispensé. Cette observation est vraie pour la Chine, la Corée du Sud ou le Mexique, par exemple, et tout particulièrement pour le Vietnam. L’expérience de l’Inde tient de la même observation, mais avec ses caractéristiques propres.

En arrivant dans ce pays gigantesque d’un milliard deux cent millions d’habitants — près d’un cinquième de l’humanité — au moment même où il envoie avec succès un engin sur la lune, où les immenses complexes ultramodernes hébergeant des géants de l’informatique mondiale ou des sociétés de consultance multimilliardaires côtoient les villages de huttes ou les bidonvilles crasseux, il faut un moment pour comprendre où on est et ce qui s’y passe. Soixante pourcents de la population ont moins de 25 ans et le défi est, bien sûr, la formation. Six cent mille ingénieurs sont formés chaque année: une seule promotion suffirait à combler l’immense retard de l’Europe dans ce domaine car c’est exactement le nombre qui nous manque… On comprend donc pourquoi on ne peut qu’être rempli d’effroi, ici peut-être plus encore que dans les autres pays émergents, en se disant que s’il ne se passe pas très vite quelque chose qui ramène nos jeunes en grand nombre vers des études scientifico-techniques, ce n’est plus chez nous qu’on assurera le progrès technologique global, mais ailleurs. Tout particulièrement en Inde.