mai 2006


L’article précédent « Accès libre » a suscité plusieurs réflexions (voir commentaires de l’article) et j’en remercie les auteurs.
Pour ne pas ajouter à la confusion en répondant à la suite de ces commentaires, je reprends ici les questions posées par certains pour tenter d’y répondre.

François Schreuer relève deux points faibles de mon argumentation :

« Un premier point, que vous n’abordez pas directement, est celui du financement des revues en accès libre. Sans doute des solutions pratiques sont envisageables (subventions publiques, prise en charge directement par les universités) sans trop de difficultés, mais je serais heureux de connaître celle que vous privilégiez. Ce point reste d’ailleurs un des arguments saillants des défenseurs du modèle propriétaire. D’autant qu’il me semble avoir lu à plusieurs reprises que le ‘peer reviewing’ est, dans un certain nombre de cas, rémunéré par les revues. »

En effet, ce problème n’est pas sans intérêt: on ne peut remplacer une solution coûteuse par une solution gratuite !

Il est clair que le principe de l’Open Access (OA) implique le transfert du paiement du lecteur à l’auteur. Et que, vu le nombre de lecteurs par rapport au nombre d’auteurs, on doit s’attendre à un flux financier bien moindre au total. Cependant, il ne faut pas négliger le fait que les lecteurs sont des auteurs, très généralement, et que cet effet est sans doute moins énorme qu’il n’y paraît à première vue.

Les responsables des revues actuellement disponibles en OA ont trouvé la parade en demandant aux auteurs de contribuer au coûts et en offrant aux universités la possibilité de prendre ces frais en charge pour leurs chercheurs, en pratiquant des prix réduits. C’est l’option que je préfère, dans la mesure où le passage à l’OA réduira les coûts de la documentation largement prise en charge aujourd’hui par les universités. Mais que les celles-ci participent ou non, il est simple de prévoir, dans les frais de recherche, des frais de publication. Cette nouvelle pratique doit être rapidement admise et encouragée par les bailleurs de fonds de recherche, au même titre que de l’argent de fonctionnement ou d’équipement. Elle contribuera d’ailleurs, on peut l’espérer, à une certaine responsabilisation du chercheur et à une diminution de la pléthore actuelle d’articles scientifiques inutiles ou redondants. Cette pléthore s’explique d’une part par la spirale infernale du « publish or perish » qui pousse les chercheurs, surtout les jeunes, à tenter de publier n’importe quoi, ce qui submerge les ‘reviewers’ et noie l’information importante, et d’autre part par la voracité de certaines maisons d’édition qui multiplient à l’infini les revues en raison de leur rentabilité démesurée.

Il va de soi que les versions ‘papier’ (pour ceux qui souhaitent encore, et c’est bien compréhensible, feuilleter réellement et non virtuellement les revues, les lire dans leur fauteuil chez eux ou, en tout cas, garder un rapport physique au texte écrit) doivent rester payantes par le lecteur.

Enfin, le ‘peer reviewing’ rémunéré reste une pratique rare et c’est heureux: le désintéressement est un des piliers de l’objectivité en matière de contrôle de qualité. Il n’est donc nullement souhaitable de voir cette pratique se généraliser et les chercheurs eux-mêmes doivent s’en défendre.

« Un second point est celui de l’impact des grandes revues qui ne va pas s’effondrer tout seul, loin s’en faut. Tant au niveau belge (là, des solutions sont sans doute possible à moyen terme si l’on y met une énergie conséquente) qu’au niveau international, la carrière des chercheurs et la réputation des universités dépendent largement des publications dans ces “grandes” revues. Si demain, tous les chercheurs de l’ULg cessent de publier dans ces revues, certes l’ULg remplira sans doute mieux son rôle de service public, contribuera au développement du sud et participera à la promotion d’un modèle alternatif,… mais verra en même temps sa cote internationale baisser. Et tout arbitraire et injuste que cela soit, ça ne sera pas sans conséquences très pratiques et très lourdes. »

Effectivement, c’est là un souci souvent mis en avant par les chercheurs eux-mêmes.
En fait, ce n’est qu’un mauvais moment à passer ! Plusieurs stratégies mutuellement compatibles sont en train de se mettre en place et la victoire est inéluctable. Elle n’est retardée que par un snobisme savamment entretenu qui repose sur des décennies de tradition dans le domaine de la publication scientifique. La difficulté, dans l’être pré-électronique, de mesurer l’impact réel d’un article de recherche sur la communauté scientifique a obligé les évaluateurs à emprunter un raccourci plein d’effets pervers: mesurer l’impact de la revue qui publie l’article (indice d’impact = nombre de fois que la revue est citée/nombre d’articles dans la revue). Cet indice a été inventé au départ pour permettre l’évaluation des revues et constituent toujours un outil utile pour les éditeurs. Etendre cet indice d’impact-là à un article en particulier est forcément fallacieux et ce l’est encore plus d’étendre cette évaluation à celle de l’auteur !
Une meilleure appréciation de l’impact d’un article est d’en mesurer le nombre de citations (élogieuses ou dénigrantes, peu importe, on parle ici d’impact sur la communauté scientifique). Très malaisée au début, et terriblement biaisée, comme les indices d’impact des revues d’ailleurs, par le monde anglo-saxon, cette évaluation des citations s’est vue grandement facilitée ces derniers temps par l’avènement de l’électronique. On voit donc aujourd’hui pourquoi on peut mesurer approximativement, mais de manière plus fiable néanmoins, le nombre de citations d’un article dans la littérature scientifique.
Et l’on voit aussi immédiatement pourquoi les articles publiés en OA sur internet permettent une consultation immédiate du contexte où l’article original est cité. On peut donc aujourd’hui suivre la « carrière » d’un article qu’on a publié et son influence sur la pensée scientifique, au jour le jour.
Juger l’importance de la contribution d’un chercheur est également grandement facilité par ces techniques modernes.

Un phénomène nouveau se dessine. Qu’on aime ou non, les chercheurs aujourd’hui consultent plus volontiers la littérature qui les concerne sur l’internet que dans les bibliothèques. C’est un fait de plus en plus souvent remarqué. (Et je reste, bien sûr, conscient que ce phénomène s’observe surtout dans des domaines qui concernent les sciences dites exactes et les sciences de la vie, encore qu’on commence à me le signaler en sciences humaines également, seules les Lettres étant encore ‘épargnées’). Les articles cités commencent donc à être préférentiellement ceux qui sont publiés en OA et sur le Net. Cet effet ne va faire que progresser, par un phénomène d’auto-amplification simple à comprendre. Et c’est déjà une constatation: plusieurs journaux électroniques et plus particulièrement ceux qui publient en OA apparaissent aujourd’hui dans les tables d’indices d’impact et atteignent déjà des sommets inégalés. Alors, de deux choses l’une: soit les journaux électroniques en OA vont supplanter tout le reste en atteignant des valeurs astronomiques, soit le système de mesure de l’indice d’impact va disparaître, victime de son absurdité. Il a eu son temps et son intérêt, à condition d’être pris avec beaucoup de circonspection, il va devenir aujourd’hui obsolète et ne servira plus qu’à ce pourquoi il a été conçu: la mesure de l’impact des journaux, non des articles qu’ils contiennent et encore moins des auteurs.
Cet effet est spontané, lié à une plus grande facilité qu’ont les chercheurs de se référer à des sources facilement accessibles: la paresse naturelle prévaut toujours ! Mais il peut être également volontairement induit. J’en prends pour exemple la note de Jacques Dumont que j’ai reprise parmi les commentaires de mon article précédent, « Accès Libre »: les chercheurs commencent à réagir en citant préférentiellement les articles publiés en OA, afin d’accélérer délibérément le processus de promotion de ce moyen de communication scientifique largement ouvert.

« Alors, comme vous le dites, bien sûr, un rapport de force est à construire, mais cela suffira-t-il ? Des mesures législatives ne sont-elles pas nécessaires, de façon globale, notamment pour limiter l’inflation démesurée de la propriété intellectuelle, la dérive de modèle du droit d’auteur vers une conception strictement patrimoniale des droits sur les contenus, promouvoir des exceptions pédagogiques et scientifiques, etc. »

Tout-à-fait d’accord, bien que je ne sois pas un grand adepte du « tout légiférer ». Mais on assiste aujourd’hui à un grand éveil à la notion de propriété intellectuelle au sein des universités et l’ULg s’en préoccupe beaucoup. Peut-être est-ce la raison pour laquelle elle est en queue de peloton dans la problématique de la mise sur internet des thèses et mémoires, tant que la sécurité n’est pas assurée en matière de propriété intellectuelle, précisément. Mais il est incontestable que les exceptions pédagogiques et scientifiques doivent prévaloir.

Par ailleurs, dans le même esprit — celui qui consiste pour l’université à (re)gagner son indépendance vis-à-vis des pouvoirs économiques extérieurs –, ne serait-il pas souhaitable d’envisager de migrer l’informatique des universités vers des solutions libres ?

Très juste ! Et c’est bien ce qui est en train de se produire. Nous avançons dans cette voie, avec, bien sûr, la réticence compréhensible de nos chercheurs et de tout notre personnel. Mais il est clair que les logiciels libres font de plus en plus leur chemin dans nos ordinateurs et dans nos serveurs.

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Roberto Di Cosmo signale « qu’il ne faut pas sous-estimer l’énorme problème légal qui est constitué par la cession des droits d’auteur pour les publications en cours »

Effectivement, cette cession contrainte par les éditeurs n’existe encore qu’à cause d’une vieille tradition qui remonte à l’époque où les chercheurs ont confié à des professionnels, tout d’abord au sein des sociétés savantes, ensuite aux édteurs privés, la fonction d’éditer, de publier et de vendre leurs articles scientifiques. Le nouveau paradigme de l’OA fait disparaître cette nécessité et la rend même inacceptable dorénavant.

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Stevan Harnad, dont je salue au passage le travail considérable et mondialement connu en tant que spécialiste de la documentation, me reproche de faire la part trop belle « au chemin « doré » envers le libre accès (LA) qu’est la publication dans les revues LA. Selon lui, « le chemin le plus rapide et le plus sûr envers le LA à 100% c’est le chemin « vert » — l’autoarchivage par l’auteur, dans son dépôt institutionel — de 100% des articles [2,5 millions par année] publiés dans toutes les revues [24000] (qu’elles soient LA [10%] ou non-LA [90%]). »

Voilà une proposition forte, à laquelle on ne peut qu’adhérer. Pour le moment, il me semble que nous ayions encore des contraintes en termes de droits d’auteurs auxquels nous avons explicitement renoncé, mais si la recommandation A1 de la Commission européenne est d’application, alors nous aurons un nouveau moyen de rendre l’accès à l’ensemble de la production scientifique tout à fait ouvert. C’est évidemment un « forcing » bien nécessaire si on ne veut pas attendre la conversion des 90% des revues qui ne sont pas encore en OA, ce qui pourrait encore prendre des décennies. Ceci demande de la part des universités et centres de recherche, un effort particulier, mais pourquoi pas ?

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Simon Daron rompt lui aussi une lance en faveur des logiciels libres et il se demande pourquoi « vous ne parlez pas par exemple des licences “publiques” (open content, creative commons, gpl, …).

Tout simplement parce que je ne puis ici couvrir l’entièreté de la question…!
Je vous reporte pour cela au près des spécialistes ! Mon intention n’était que d’attirer l’attention, en particulier de mon université, sur la problématique du coût des publications et de la voie de l’OA.

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Nicolas Pettiaux plaide « pour que ceci soit aussi développé plus largement dans le cadre de l’enseignement, pour développer des contenus libres de qualité (sous licences libres) » et je ne puis qu’être bien d’accord avec lui.

Le paradoxe

L’accès libre à l’information scientifique est l’un des enjeux les plus fondamentaux de la société de l’information telle que la façonnent les progrès de la science et des technologies, ainsi que de la communauté scientifique globale.

Toutefois, aujourd’hui, le monde de la recherche se trouve dans une situation pour le moins paradoxale:
- La plus grande partie de la recherche scientifique de haut niveau est financée par des établissements publics ou philanthropiques.
- Les chercheurs rendent compte de leurs résultats dans des articles qu’ils offrent gratuitement aux journaux scientifiques afin de faire connaître leurs travaux, de se faire connaître eux-mêmes et de parfaire leur curriculum vitæ. Pour ce faire, ils renoncent explicitement à leurs droits d’auteurs et donc à la propriété intellectuelle qui est la leur et celle de l’institution où ils travaillent.
- Ces mêmes auteurs assurent également la qualité des articles publiés par d’autres dans ces journaux en lisant et critiquant les articles soumis par leurs pairs.
- Ils achètent, quelquefois à prix d’or, les journaux en question pour y lire les articles de leurs pairs.
- Malgré ce travail énorme de production et d’assurance de qualité, les chercheurs ont perdu tout contrôle sur ce processus pourtant si intimement lié à leurs intérêts primordiaux, un processus qui ne pourrait exister sans eux à aucun niveau (production, contrôle de qualité, lecture). Le prix de vente des abonnements à la plupart des journaux scientifiques est extrêmement élevé, et ne cesse de grimper toujours plus haut, les rendant petit à petit inaccessibles aux scientifiques du monde entier.

L’information scientifique se trouve donc devant un fossé financier irrationnel, artificiel et de plus en plus infranchissable et devant cet extraordinaire paradoxe qui est qu’ils font tout, de la production à la consommation, et qu’ils paient à tous les niveaux. Et ils tirent de cette arnaque une telle fierté, une telle satisfaction d’ego, qu’ils se font piéger avec consentement, paient leurs frais de recherche, paient leur frais de publication de plus en plus souvent et de plus en plus cher, font le reviewing gratuitement et achètent les revues. En outre, de nos jours, on exige d’eux de fournir leurs manuscrits « camera ready », dégageant les éditeurs du travail typographique. Les efforts que font les institution de recherche pour acheter les revues (2,5 millions d’euro dans une université comme la nôtre) escamotent aux yeux des chercheurs une partie du coût réel de ce paradoxe et contribuent sans doute ainsi à la soumission générale, mais le paradoxe est quand même bien réel.

Le paradigme

Sans prétendre être la panacée, et sans vouloir nuire aux éditeurs honnêtes — ceux qui n’ont pas perdu le sens moral et savent se contenter d’un profit légitime et raisonnable — le mouvement pour les journaux en libre accès et les archives libres offre des approches pratiques qui permettent à l’information scientifique d’être librement accessible dans le monde entier, en accord avec les conceptions les plus nobles des scientifiques.
Le Libre Accès conduit, dans les pays industrialisés, à des économies considérables dont on a un besoin urgent pour maintenir un niveau raisonnable au financement de la recherche.
Le Libre Accès accorde aux pays en voie de développement et en transition un accès gratuit à la connaissance scientifique, ce qui constitue une condition absolue et fondamentale pour l’établissement d’un système éducatif efficace, et pour fournir la base d’un développement intellectuel et économique durable. Il aiderait également les pays émergents à constituer leurs propres journaux scientifiques. Seule l’inertie historique maintient la situation actuelle.

La guerre est déclarée

La «Déclaration de Berlin sur le Libre Accès à la Connaissance en Sciences exactes, Sciences de la vie, Sciences humaines et sociales», signée le 22 Octobre 2003 par les agences allemandes et françaises de recherche est vraiment une étape majeure en faveur du Libre Accès qui a véritablement déclenché un changement de paradigme partout dans le monde, en ce qui concerne l’édition scientifique. De nombreuses agences de recherches dans divers autres pays ont, depuis, signé cette déclaration. Il se dessine donc une nouvelle dynamique vers le Libre Accès, reconnue dans la déclaration de principe qui dit ceci:
«Nous nous efforçons de promouvoir un accès universel, avec égalité des chances pour tous aux connaissances scientifiques ainsi que la création et la vulgarisation des informations scientifiques et techniques, y compris les initiatives favorisant l’accès libre aux publications scientifiques».
En fait, il s’agit bien, pour les chercheurs et quel que soit leur domaine de recherche, de reprendre en mains un processus qui leur a malencontreusement échappé.

Il faut que chacun comprenne bien la lutte sans merci que nous avons décidé de mener contre des procédés commerciaux inacceptables qui se pratiquent à nos dépens et que nous ne pouvons plus tolérer.
En allant aussi loin, les « éditeurs prédateurs » ont poussé à bout les responsables des bibliothèques et de tous les outils de documentation, leur ont donné la rage de réagir violemment et de combattre. Cette colère atteint aujourd’hui les chercheurs qui, bien qu’au centre du débat, l’ignoraient jusqu’ici largement, puisque rarement au courant de la réalité de la flambée des prix par ce processus insidieux de dissociation des tâches que je mentionnais plus haut.
En outre, ils ont permis la démonstration que, plus qu’une solution de défense, la publication en accès libre est un véritable progrès technique et fonctionnel et qu’il n’y aura pas de retour en arrière.

La guerre est déclarée. Elle se combattra par beaucoup de moyens, mais puisqu’il s’agit d’un Goliath contre une multitude de petits David, ceux-ci doivent s’unir et utiliser les avancées technologiques à leur disposition pour se battre.
De toute évidence, la guerre implique un blocus, un boycott complet des éditeurs sans scrupules, tant à l’achat, donc la lecture, qu’à la production, donc la publication, en passant par l’assurance de qualité du produit, donc le reviewing. Il faut que les chercheurs comprennent bien cela: ce sont eux qui sont pris au piège, pas les bibliothécaires. Et ce sont justement eux qui ont les armes, mais il faut qu’ils s’en servent !

Alors, commençons aujourd’hui, en bons scientifiques, par analyser froidement la situation et examinons les pistes qui s’offrent à nous.

Qu’est-ce qui importe ?

L’objectif de la publication est que le chercheur puisse relater ses travaux de telle manière que le plus grand nombre possible d’autres chercheurs puissent en prendre connaissance. Si l’accès à cette publication est peu coûteux, rapide et si la diffusion en est large, le chercheur a atteint son véritable but. L’Internet permet un accès gratuit, immédiat et universel, il constitue donc le moyen idéal de diffuser les informations scientifiques.

Dans la déclaration de l’IFLA (International Federation of Library Associations and Institutions; http://www.ifla.org/) sur l’Accès libre à la littérature scientifique et à la documentation de recherche, on trouve : L’accès libre garantit l’intégrité du système de communication scientifique en assurant que toute recherche et connaissance est disponible à perpétuité pour un examen illimité et, si nécessaire, pour un développement ou une réfutation.

On peut penser qu’un tel mode de diffusion a déclenché aussitôt un grand enthousiasme dans le monde scientifique, mais ce n’est pas encore vraiment le cas, bien que les choses évoluent vite.

Quels sont les freins à la généralisation de ce système ?

1. La pérennité de mes publications est-elle assurée ?
2. Trouverai-je un journal électronique dans lequel cadreront mes recherches ?
3. Comment la qualité scientifique du contenu de mes publications sera-t-elle contrôlée ?
4. Comment assurerai-je un bon niveau de facteur d’impact si je ne publie plus dans des revues cotées ?

Les réponses à ces inquiétudes sont simples:

1. Techniquement, la stabilité des contenus n’est pas plus précaire parce qu’elle est électronique. Il ne s’agit que de reproduire suffisamment de versions de l’original pour éviter toute perte définitive, de transposer les contenus sur de nouveaux supports lorsque les standards évoluent et de conserver des tirages papier dans des bibliothèques, si l’on croit plus à la pérennité du papier qu’à celle des supports électroniques. Beaucoup d’universités, comme la nôtre, envisagent d’entreposer une version électronique et une version papier des toutes les publications de ses chercheurs.

2. Les « journaux » électroniques sont aujourd’hui toujours plus nombreux. Dans le Directory of Open Access Journals, 2235 journaux sont répertoriés (une soixantaine il y a quatre ans) et leur table des matières et souvent les résumés d’articles sont accessibles. Parmi eux, 638 journaux permettent la lecture complète des articles, actuellement, 97.820 articles sont disponibles (http://www.doaj.org/)

3. Le peer reviewing est lié à la volonté des chercheurs de garantir la qualité de leurs publications. On peut aussi bien soumettre à l’avis des pairs une publication électronique qu’une publication traditionnelle.

4. La mesure de l’impact d’un article électronique est bien plus précise (l’impact peut être celui de l’article lui-même et non celui de la revue qui le publie) et plus immédiate que la mesure d’impact devenue classique. Par ailleurs, l’impact véritable, c’est-à-dire le nombre de ses lecteurs, est bien plus grand avec ce type de diffusion par internet et, partant, les opportunités d’être cité par ses pairs sont beaucoup plus grandes. Ainsi, un article publié cette semaine (électroniquement!) par Gunther Eysenbach (« Citation Advantage of Open Access Articles ») expose clairement les atouts de la publication électronique en accès libre : http://biology.plosjournals.org/perlserv/?request=get-document&doi=10%2E1371%2Fjournal%2Epbio%2E0040157#AFF1/. La revue édite par ailleurs un commentaire sur cet article : http://biology.plosjournals.org/perlserv/?request=get-document&doi=10.1371/journal.pbio.0040157/ Il en ressort que les articles en accès libre sont plus rapidement lus et cités, démontrant bien la thèse que nous défendons depuis plusieurs années et qui affirme que la publication en libre accès favorise et accélère la diffusion des connaissances, le dialogue entre les chercheurs et qu’elle devrait donc se généraliser le plus rapidement possible.

Pour cela, il importe que les jurys et commissions qui sont appelés à juger de la qualité scientifique d’un chercheur ou d’une équipe de chercheurs accordent tout le crédit qu’elles méritent à ces publications.

La recherche universitaire, service public

Un dernier élément entre en compte : les recherches réalisées avec des deniers publics ne doivent-elles pas être rendues accessibles à tous ?

Les Etats Unis d’Amérique viennent de franchir ce pas, par l’adoption du Federal Research Public Access Act qui exige de toute agence fédérale dont le budget dépasse 100 millions de dollars qu’elle mette en œuvre une politique d’accès libre assurant la mise sur Internet de tout article résultant d’une recherche subventionnée par cette agence au plus tard six mois après sa publication. L’agence doit obtenir de chaque chercheur qu’il dépose une version électronique de son article accepté pour publication dans un journal revu par des pairs. Elle doit assurer la préservation durable du manuscrit sous forme électronique et son accès permanent, libre et gratuit pour tous.
http://cornyn.senate.gov/index.asp?f=record&lid=1&rid=237171/.

La Communauté européenne se penche actuellement sur l’identification d’un moyen d’arriver au même objectif : rendre au public ce qui a été obtenu avec des deniers publics.
http://europa.eu.int/rapid/pressReleasesAction.do?reference=IP/06/414/.

Enfin, quand on considère bien tous les éléments positifs de la publication en libre accès (rapidité, efficacité, universalité du lectorat potentiel, référence rapide par lien électronique, utilisation de techniques inapplicables à la publication sur papier telles que les animations, les films, etc; connaissance permanente des documents où nos propres travaux sont cités), on comprend que la voie est tracée, que le mouvement est irréversible et que désormais, les scientifiques vont se tourner vers ce nouveau mode de publication. Un nouveau paradigme est né, et avec lui une nouvelle ère de la recherche scientifique.

Plusieurs « sans-papiers » hébergés au Val Benoît sont en grève de la faim. Leur état s’aggrave, certains ont été hospitalisés.
La suite me semble claire : ils vont suivre, les uns après les autres, la même voie et cette triste histoire se terminera faute de combattants…

Une fois encore, notre position est d’offrir à ces gens des conditions acceptables le temps qu’il faudra sans nous immiscer dans le fond de la polémique. Nous n’avons pas à nous prononcer sur leur régularisation, même si on peut trouver que les décisions tardent à être prises à leur sujet. Nous n’avons évidemment pas non plus participé à leur décision d’entamer une grève de la faim. Nous tenons seulement à ce qu’ils passent cette période difficile dans de « bonnes » conditions, que, le moment venu, leur état soit évalué de manière appropriée et qu’ils soient conduits immédiatement si nécessaire vers des établissement de soins qui les prendront en charge. C’est ce qui est en train de se dérouler.

Par ailleurs, l’opération visait au départ à héberger des sans-papiers, non des grévistes de la faim. Pour les non-grévistes, les lieux mis à disposition leur permettent de se faire entendre sans incommoder qui que ce soit. Je pense qu’un combat comme le leur ne doit pas nécessairement être dérangeant pour la population voisine et qu’il y a d’autres façons de se faire entendre. La dignité peut aussi être un moyen efficace de pression et de conviction.

Enfin, je dois constater que cet hébergement à l’ULg a eu, auprès de beaucoup de gens, un certain retentissement, et les a amenés à se poser des questions. C’est surtout cet effet-là qui me semble avoir de l’importance et justifier, plus que toute autre chose, notre décision de mettre des locaux à disposition. Une université doit aussi contribuer à faire réfléchir chacun sur les problèmes de son temps.

Il est parfois amusant de suivre le parcours des idées qu’on développe sur un blog. Elles prennent leur indépendance et vivent leur vie propre au travers des commentaires que d’autres en font. C’est exactement ce qui se passe avec nos publications scientifiques, mais la magie de l’internet, c’est précisément qu’il est plus simple d’accompagner ses écrits et d’en analyser le devenir, car des outils pratiques permettent de le faire (ce sera bientôt le cas également pour les publications et ce l’est déjà pour certaines, accessibles et/ou répertoriées sur internet).

C’est ainsi que mes commentaires du 6 novembre dernier sur les classements des universités ont contribué à nourrir une discussion dont je vous rapporte ici quelques éléments que l’on peut trouver sur :
http://www.expertsrt.net/forum/viewtopic.php?t=454&start=75&sid=a8fd83ca8ccd05f33f8bd5a62a9c2c46/

Commentaire de « Esopo » :

The Times Higher Education Sumplement is a UK based respectable publication.
You may be able to come up with a different list, but you can’t take credit away from the one
the THES publishes. it is widely recognized.

http://www.thes.co.uk/site_information/about_the_thes/

Réponse de « VGR Mentor Editor » :

Not really. It is widely accepted in the anglo-saxon world, but it brings up a lot of negative reactions in the rest of the world.

You can find reactions from a big Belgian university , ULg (ranked 196th) here : http://recteur.blogs.ulg.ac.be/
Quoting (and translating) :
« Rien ne fait de ce classement un passage obligé. Les critères qu’il utilise sont très contestables et particulièrement biaisés. Le succès des universités australiennes est très suspect (13 dans les 161 premiers !), de même que celui des universités de Hong Kong ou de Singapour. Il se trouve que je connais personnellement quelque peu l’Université de Novosibirsk, sa 169è position laisse rêveur… (Nothing makes this classement an obliged passage. Criteria it does use are very contestable and particularly biased. The success of australian universities (13 in the first 161 ! ) is very suspect, as are the one of universities from Hong Kong or Singapour. It happens that I know personally the university of Novosibirsk. its 169th position leaves me wondering…) »

The recteur from that liegean university details how the T.H.E.S. ranking is built, and points out that it is composed : (2004 study, the 2005 doesn’t ask for the Nobel or Fields stuff).
First it has been conducted by a London-based private firm called QS on behalf of the T.H.E.S.
That company begun by collecting data about each institution :
1. A « Peer review score », ie a notoriety study. It is conducted by asking a panel of 1300 scholars of 88 countries on all continents which were the most prestigious universities in their field. This amounts for 50% in the final calculation.
2. A measure of the impact of research, calculated on the basis of the number of quotes of the members of those institutions in « Essential Science Indicators » (published by Thomson Scientific, ex-ISI). A criterium favorishing indiscutably anglo-saxon and « hard » sciences. This amounts for 20%.

On the basis of those two elements, QS made a selection of the first 300 after elmiminating specialized institutions that made less than 5000 publications over the year (a fast search with « Scholar Google » detects 27.778 for l’ULg in 2004, but by counting 2.530 publications for the CHU de Liège which « forget » to mention the ULg, 658 attached to the Centre hospitalier universitaire de Liège and 2.600 of the l’University Hospital of Liège !).

Then, QS searched an information complement in the databases like the one from ISI, on the web sites, and by email or phone to the institutions themselves. The questions asked :

3. Le rapport d’encadrement (20 %) (staffing report?)
4. La proportion d’encadrants étrangers (5 %) (foreign staffing)
5. La proportion d’étudiants étrangers (5 %) (foreign students)

Also taken into account :

6. Number of laureates from Prix Nobel or Médaille Fields
7. Number and ratio of personnel belgian and internationals
8. Number and ratio of students belgian and internationals
(excepted-Erasmus)
9. student mobility in exchange networks
10. number of students in 2nd and 3rd cycle
11. Le montant moyen du minerval pour les étudiants internationaux de 2è cycle et de 3è cycle [that's typically Belgian IMHO]
12. total of spendings for libraries.

Clearly, if you want my opinion, this states why I think this T.H.E.S. isn’t serious at all.

Also, take into account that the Jiao Tong University of Shanghai also produces a classement, with very different results from T.H.E.S. and this is a clear text about why it doesn’t apply to us fairly : http://www.boivigny.com/index.php?action=article&id_article=225084

Quoting (and translating) :

Les médias anglais se sont réjouis de voir Cambridge se positionner au deuxième rang
mondial, juste derrière Harvard. Le quotidien « Guardian » parle ainsi de la « respected
Shanghai Jia Tong » qui a su classer 11 universités britanniques dans le top 100 mondial, alors
même que les établissements anglais travaillent avec « des moyens considérablement
inférieurs à ceux des universités américaines », qui dominent le classement.
En Italie, le quotidien « La Repubblica » a salué la performance de « La Sapienza » de Rome qui s’est classée 97ème, devant toutes les autres universités italiennes. Le journal s’interroge toutefois sur la pertinence du classement alors que « La Bocconi » de Milan, considérée comme l’un des meilleurs établissements transalpins, ne trouve même pas sa place dans le classement chinois.
Les résultats obtenus par les universités françaises sont mauvais – 22 universités classées, dont quatre seulement parmi les cent premières : Paris VI est 46ème, Paris IX, 61ème, Strasbourg I 92ème. Ce palmarès ne correspond pas aux logiques hexagonales: les grandes écoles sont quasiment oubliées (hormis l’ENS Ulm en 93ème position). Il est vrai qu’il donne une prime aux très grands établissements (en terme quantitatif) à forte composante scientifique. Les grandes écoles françaises sont donc trop petites pour y figurer en bonne place.
(English media rejoyced from seeing Cambridge ranked 2nd in the world, just behind Harvard. The quotidian « Guardian » thus writes about the « respected Shanghai Jia Tong » that managed to rank 11 britannic universities in the world’s top 100, while they have « considerable less means than american universities », which dominate the classement. In Italy, the quotidian « La Repubblica » saluted the performance of « La Sapienza » of Rome which ranked 97th, ahead of all italian universities. The newspaper wonders nevertheless on the pertinence of the classement as the « La Bocconi » of Milan, considered as one of the best transalpine institutions, is not even ranked in the chinese classement.
Results obtained by French universities are bad – 22 universités ranked, with only 4 in the best 100 : Paris VI is 46th, Paris IX 61th, Strasbourg I 92th. This palmares doesn’t correspond to hexagonal [France's] logics : « les grandes écoles » are almost completely forgotten (except the ENS Ulm in 93th position). It’s true that it advantages a lot big institutions (in quantitative terms) with a strong scientific component. the french « grandes écoles » are thus too small to enter the ranking).

Quality hasn’t anything to do with quantity…

Also, in the Financial Times there is an other classement which ranks the « écoles de commerce » (the 25 best MBAs, masters in management, in Europe). Those French « grandes écoles » rank respectively 1st (HEC), ESCP-EAP (2nd), Essec (7th), Grenoble EM (8th), EM Lyon (9th), Edhec (12th) and Audencia (16th).

So you see, « international ranking » doesn’t summarize in T.H.E.S. and T.H.E.S. only.

Réponse de « COBOLdinosaur – ERT.com Admin – Site Builder – Mentor » :

All such rankings are automaticlly biased as soon as you determine the selection criteria. It is not possible to determine a set of factors, and weighting without bias. The best you can expect to do is get some rating of how things rank for a narrow definition of « quality ».
Expecting a rating system for universities to be acceptable accross all cultures and systems of education is no different than expecting culturally different groups to act the same way and agree on the same things when setting priorities.

It is called diversity, and we should be glad we have it. It would be boring if we all did things the same way, thought the same way and agreed on what is important in the world.

Réponse de « VGR – Mentor – Editor »

Yes… but if I compare North-America’s culture with a fictive, idealized and average low-denominator « european culture », It could be said we share a reasonably-broad basis ; from that common ground, the current differences of culture are difficult to understand (by me, at least)
For example, don’t we share a society governed by a formal Law based on the formal Decalogue (Ten Commandments) ? Civil Rights derived from the universal declaration of human rights etc ?

In both, murder is evil, jealousy and greed are sins, charity is a virtue and your neighbour is your brother… no ?
I like diversity ; I only want to understand.

Réponse de « nicholassolutions – ERT.net Admin – Site Builder – Mentor »

The whole idea of ranking schools is in general silly.

On le voit ici encore, à moins que l’on accorde une confiance inconditionnelle au THES sur base de la solide réputation du Times, il est assez naturel de mettre en cause la validité de tels classements et peut-être surtout leur réelle raison d’être. En effet, peut-on comparer valablement des universités qui appartiennent à des cultures et à des systèmes éducationnels différents ?

Ce vendredi, Réseau ULG, l’association des amis de l’Université de Liège, invitait les anciens de l’ULg vivant en France à des retrouvailles à Paris. William Ancion, diplômé de l’ULg, ancien Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche de la Communauté Wallonie-Bruxelles et actuel Délégué général de cette même Communauté en France, nous y a accueillis avec chaleur, l’Administrateur François Ronday, la Directrice générale Monique Marcourt et moi-même, ainsi qu’une centaine d’anciens de l’Université résidant actuellement en France.
Illuminée par une conférence de Robert Halleux en harmonie avec l’exposition de Marly sur les Maîtres de l’Eau où Liège tient la vedette, cette rencontre fut un moment privilégié, comme nous devrions en revivre dans tous les pays où notre institution a essaimé ses diplômés, et comme nous l’avions fait il y a deux ans à Montréal.
L’esprit d’appartenance passe par ces opportunités d’interaction et de partage de souvenirs, mais aussi et surtout par cette reprise de contact.
Les prochaines fois, nous essaierons de venir plus nombreux pour ne pas seulement enrichir les échanges entre diplômés de l’ULg à l’étranger, mais également entre eux et les universitaires liégeois.

Je ne puis répondre individuellement à l’avalanche de courriels qui me sont arrivés aujourd’hui (voir commentaires), suite à mon message à la communauté universitaire ce matin concernant l’hébergement de « sans-papiers » à l’ULg. Néanmoins, je souhaite témoigner ma gratitude toutes celles et tous ceux qui m’ont adressé leurs félicitations pour cette action et leurs remerciements pour l’information argumentée que j’ai diffusée. Cela réchauffe le cœur de constater l’élan d’enthousiasme que suscite cette opération humanitaire auprès des membres de notre Institution.
Je tiens aussi à remercier tous ceux qui, extrêmement rapidement, se sont mis au travail pour veiller à ce que cet accueil se fasse dans les meilleures conditions. Je pense à MM. Christian Evens, directeur de l’ARI, Mouhazab Sahloul (ARI), le Doyen de la Faculté de Médecine Gustave Moonen et les médecins du CHU, les professeurs Christian Mormont et Benoit Dardenne de la Faculté de Psychologie qui se tiennent prêts à intervenir en cas de besoin, les corps de métiers qui sont rapidement intervenus ainsi que notre département des Relations extérieures, Relations publiques, Presse et Communication.

Encore une fois, cette opération est exclusivement humanitaire et n’engage en aucun cas l’Université ni son recteur sur le fond de la question de la régularisation des sans-papiers. Il me semble cependant que notre Institution peut se prononcer sur le souhait de voir s’accélérer les procédures de décision sur le sort à réserver à ces personnes, à ces familles, afin d’éviter que des années s’écoulent avant qu’une décision ne soit prise à leur sujet.

En attendant, il est bien dans l’esprit de notre université d’offrir, dans la mesure où elle peut se le permettre et moyennant des conditions strictes convenues avec les représentants des sans-papiers, un gîte décent, minimalement équipé pour la durée de leur manifestation. C’est la conception que nous avons des engagements que doit assumer une université publique et pluraliste.

L’actualité nous rappelle la précarité de la situation des « sans-papiers » dans notre pays. En région liégeoise, l’église Notre-Dame des Lumières à Glain est occupée depuis plusieurs jours par quelques dizaines d’étrangers vivant dans l’attente d’une reconnaissance officielle, et souhaitant, par cette action, exposer publiquement leurs problèmes et
manifester leurs revendications.

L’église de Glain devenant trop petite pour accueillir les sans-papiers et devant être partiellement libérée, un appel a été lancé pour trouver d’autres lieux d’hébergement. Sollicité personnellement à ce propos, j’ai décidé, après diverses consultations en interne, de répondre favorablement à cette demande, plaçant ainsi l’Université de Liège dans la continuité de l’accueil qu’elle avait déjà réservé aux sans-papiers en 1999 dans les anciens locaux de Pharmacie et de Botanique de la rue Fusch.

Il doit être clair que cette décision ne signifie nullement un soutien politique de l’Université de Liège à la cause des sans-papiers. Ce n’est pas là le rôle de l’université. Elle n’a pas à prendre position dans ce débat. Ce sont seulement des raisons humanitaires qui nous poussent à accueillir dans nos locaux ces personnes et ces familles. En effet, leur angoisse, leur détresse morale parfois mais aussi leur détermination sont bien réelles et ne peuvent manquer de nous interpeller.

Plus généralement, il faut certainement s’interroger sur le fait que, dans l’esprit collectif, les universités apparaissent comme des lieux de refuge potentiel dès lors que des hommes veulent se protéger ou s’élever publiquement contre des situations qu’ils estiment injustes. J’y vois la traduction tangible de la réputation de l’ULg en tant que lieu de tolérance et d’écoute, d’espace de multiculturalité favorable au respect, aux échanges et au dialogue.

Ce week-end, une trentaine de sans-papiers viendront s’installer dans d’anciens locaux du génie civil au Val Benoît. L’Université de Liège a pris des dispositions pour les accueillir dans des conditions acceptables et sécurisées. En outre, elle s’est proposée d’assurer un suivi médical et psychologique auprès des personnes qui en auraient besoin. Enfin, les locaux sont mis à la disposition des sans-papiers pour une durée limitée, jusqu’à la fin juin.

Voilà la signification de l’acte posé aujourd’hui par l’Université de Liège.