Mercredi 3 mai 2006


Je ne puis répondre individuellement à l’avalanche de courriels qui me sont arrivés aujourd’hui (voir commentaires), suite à mon message à la communauté universitaire ce matin concernant l’hébergement de « sans-papiers » à l’ULg. Néanmoins, je souhaite témoigner ma gratitude toutes celles et tous ceux qui m’ont adressé leurs félicitations pour cette action et leurs remerciements pour l’information argumentée que j’ai diffusée. Cela réchauffe le cœur de constater l’élan d’enthousiasme que suscite cette opération humanitaire auprès des membres de notre Institution.
Je tiens aussi à remercier tous ceux qui, extrêmement rapidement, se sont mis au travail pour veiller à ce que cet accueil se fasse dans les meilleures conditions. Je pense à MM. Christian Evens, directeur de l’ARI, Mouhazab Sahloul (ARI), le Doyen de la Faculté de Médecine Gustave Moonen et les médecins du CHU, les professeurs Christian Mormont et Benoit Dardenne de la Faculté de Psychologie qui se tiennent prêts à intervenir en cas de besoin, les corps de métiers qui sont rapidement intervenus ainsi que notre département des Relations extérieures, Relations publiques, Presse et Communication.

Encore une fois, cette opération est exclusivement humanitaire et n’engage en aucun cas l’Université ni son recteur sur le fond de la question de la régularisation des sans-papiers. Il me semble cependant que notre Institution peut se prononcer sur le souhait de voir s’accélérer les procédures de décision sur le sort à réserver à ces personnes, à ces familles, afin d’éviter que des années s’écoulent avant qu’une décision ne soit prise à leur sujet.

En attendant, il est bien dans l’esprit de notre université d’offrir, dans la mesure où elle peut se le permettre et moyennant des conditions strictes convenues avec les représentants des sans-papiers, un gîte décent, minimalement équipé pour la durée de leur manifestation. C’est la conception que nous avons des engagements que doit assumer une université publique et pluraliste.

L’actualité nous rappelle la précarité de la situation des « sans-papiers » dans notre pays. En région liégeoise, l’église Notre-Dame des Lumières à Glain est occupée depuis plusieurs jours par quelques dizaines d’étrangers vivant dans l’attente d’une reconnaissance officielle, et souhaitant, par cette action, exposer publiquement leurs problèmes et
manifester leurs revendications.

L’église de Glain devenant trop petite pour accueillir les sans-papiers et devant être partiellement libérée, un appel a été lancé pour trouver d’autres lieux d’hébergement. Sollicité personnellement à ce propos, j’ai décidé, après diverses consultations en interne, de répondre favorablement à cette demande, plaçant ainsi l’Université de Liège dans la continuité de l’accueil qu’elle avait déjà réservé aux sans-papiers en 1999 dans les anciens locaux de Pharmacie et de Botanique de la rue Fusch.

Il doit être clair que cette décision ne signifie nullement un soutien politique de l’Université de Liège à la cause des sans-papiers. Ce n’est pas là le rôle de l’université. Elle n’a pas à prendre position dans ce débat. Ce sont seulement des raisons humanitaires qui nous poussent à accueillir dans nos locaux ces personnes et ces familles. En effet, leur angoisse, leur détresse morale parfois mais aussi leur détermination sont bien réelles et ne peuvent manquer de nous interpeller.

Plus généralement, il faut certainement s’interroger sur le fait que, dans l’esprit collectif, les universités apparaissent comme des lieux de refuge potentiel dès lors que des hommes veulent se protéger ou s’élever publiquement contre des situations qu’ils estiment injustes. J’y vois la traduction tangible de la réputation de l’ULg en tant que lieu de tolérance et d’écoute, d’espace de multiculturalité favorable au respect, aux échanges et au dialogue.

Ce week-end, une trentaine de sans-papiers viendront s’installer dans d’anciens locaux du génie civil au Val Benoît. L’Université de Liège a pris des dispositions pour les accueillir dans des conditions acceptables et sécurisées. En outre, elle s’est proposée d’assurer un suivi médical et psychologique auprès des personnes qui en auraient besoin. Enfin, les locaux sont mis à la disposition des sans-papiers pour une durée limitée, jusqu’à la fin juin.

Voilà la signification de l’acte posé aujourd’hui par l’Université de Liège.