juin 2006


Le nouveau décret « résidents/non-résidents » de la CFWB est sorti.
Il vise à résoudre le problème de la pléthore d’étudiants étrangers dans certaines de nos filières d’études de l’Enseignement supérieur universitaire et non universitaire.

Une des filières les plus touchées par cette pléthore est la Médecine vétérinaire, où l’on sait que les étudiants français affluent en nombres tels qu’il est devenu quasi-impossible d’assurer la qualité des formations pratiques nécessaires aux étudiants des trois années supérieures. Cet état de fait faisait courir le risque aux vétérinaires de l’ULg de se voir privés de l’accréditation européenne dans ce domaine, référence importante pour cette formation.

Devant cette menace à notre enseignement réputé dans ce domaine, un premier décret a, il y a quelques années, créé un examen d’entrée assorti d’un numerus clausus. L’effet fut certes de ramener les étudiants à un nombre raisonnable, mais introduisit un biais considérable en faveur des étudiants français, globalement mieux préparés en raison de la qualité de leur formation dans l’enseignement secondaire et de l’année préparatoire que la majorité d’entre eux a généralement suivie en France.

Numériquement, le problème était résolu, mais il avait pour autre résultat que la Communauté française de Belgique subventionnait quasi-exclusivement des étudiants français et que sa faculté unique de Médecine vétérinaire ne formait quasi plus de belges ! Le souci de voir à l’avenir notre Communauté manquer sévèrement de vétérinaires se profilait très clairement à l’horizon, outre l’aberration de voir se fermer aux jeunes belges les portes d’une formation qui suscite de nombreuses vocations.

L’Europe ne permet pas de discrimination sur base de la nationalité. En limitant à 30 % l’accès à certaines filières, dont la Médecine vétérinaire, pour les étudiants non-résidents, le gouvernement a trouvé un moyen de freiner ce déséquilibre outrancier, tout en libérant complètement l’accès pour les résidents.

On peut discuter à perte de vue sur l’opportunité d’une telle mesure et sur certains de ses effets collatéraux (frein à la mobilité étudiante à une époque où « Bologne » l’encourage ouvertement, sélection des 30 % de non-résidents par tirage au sort, entre autres) mais c’est là un autre débat. La réaction, cette semaine, de nos collègues vétérinaires est, elle, liée à l’ouverture sans restriction des études à tous les résidents. Ils y voient l’effondrement d’un barrage qui risque de créer une nouvelle vague de pléthore, belge cette fois, à laquelle ils ne souhaitent plus avoir à faire face, alors qu’ils commençaient seulement à apercevoir le bout du tunnel.

Leur inquiétude est légitime, mais peut-être pas fondée, qui sait ? Le risque aujourd’hui de voir venir vers ces études une quantité de résidents supérieure à celle qui prévalait avant la pléthore française n’est pas démontré et l’alarme est peut-être inutile. Il semble sage d’attendre les inscriptions et d’en tirer les leçons alors.

Mais cet attentisme inquiète nos collègues et ils proposent la mise en place d’un concours qui sélectionnerait un nombre précis d’étudiants après la première année, réétablissant ainsi un numerus clausus, non plus préalablement à l’entrée aux études mais après une année. Cette mesure semble en effet prudente et mérite qu’on s’y intéresse.

Dans la perspective d’une première année expérimentale sans limitation et de l’absence de filtre en fin de première, nos collègues vétérinaires ont lancé lundi dernier un communiqué de presse annonçant qu’ils se verraient obligés de limiter à 200 le nombre d’étudiants pouvant obtenir l’accès aux cliniques de quatrième année.

Répercuté par Le Soir sous une forme très simplifiée qui en tronquait évidemment les nuances et n’en retenait que l’élément-choc, l’appel semblait émaner officiellement de l’ULg.

Ceci m’amenait donc à réagir en précisant que la position de l’ULg ne pouvait être de proposer une solution illégale et qu’à aucun moment, son Conseil d’Administration n’avait évoqué une telle limitation.

Ces entrefilets laissaient apparaître une soi-disant polémique entre les vétérinaires et moi, alors que le débat de fond était tout autre.

Bien évidemment, l’ULg soutiendra ses vétérinaires et j’ai demandé à être reçu dans les meilleurs délais par le Conseil de Faculté pour exposer mon point de vue, les mesures (légales) que j’envisage de prendre en fonction des événements et les pistes à explorer par la suite.

L’aide apportée par l’ULg aux vétérinaires spécifiquement pour faire face à la pléthore se monte déjà à plus de 12 millions d’Euro en cinq ans, on le sait trop peu. Mais il est vrai qu’un soutien financier, qui se traduit largement en personnel d’appui, ne suffit pas. En particulier, il ne résout en rien le simple problème du nombre de « patients » et du nombre de cas cliniques nécessaires pour la formation d’un tel nombre d’étudiants.

Et si le problème attendu se révèle vrai, je soutiendrai la proposition de nos collègues de mettre en place un dispositif de sélection après la première année, comme on l’a fait en Médecine récemment.

Je rappelle que la Médecine vétérinaire n’est pas seulement une spécificité de l’ULg en CFWB mais qu’elle en est un fleuron et qu’à ce titre, elle mérite toutes nos attentions, celles de l’ULg mais également celles de toute la Communauté.

Le 19 avril dernier, j’ai eu l’occasion, avec une petite délégation de responsables administratifs de l’ULg, de rendre visite aux universités de Nancy à l’invitation des trois présidents: Jean-Pierre Finance (Université Henri Poincaré), François Le Poultier (Université Nancy 2) et Louis Schuffenecker (Institut National Polytechnique de Lorraine).
Ces trois institutions viennent de s’associer en une fédération appelée « Nancy-Université »
(http://www.uhp-nancy.fr/universite/index.php?id_rub=1&id_t=1&id_st=132&inc=s/). Je salue cette initiative qui vise à donner une cohérence et une meilleure visibilité au paysage universitaire nancéen. Le principe qui gouverne ce regroupement tout en préservant les spécificités de chacune des institutions fédérées est en ligne parfaite avec ma conception de ce que devrait devenir le paysage universitaire francophone belge.
Je suis en effet convaincu qu’une structure fédérative constituera un jour, bientôt j’espère, la véritable solution à une bonne partie des soucis que rencontrent nos universités.

Par ailleurs, je sais gré à mes collègues présidents d’avoir voulu, au sortir de cette période complexe de l’établissement de leur Fédération, resserrer les liens avec nous. Je parle de resserrer les liens car ceux-ci existent bien, au travers de très nombreuses collaborations de recherche. Là également, il s’agit d’un positionnement sur le plan eurégional qui pourrait prendre une signification importante dans les mois et années qui viennent.

Lors de la visite de retour que nous ont rendu les trois présidents ce 9 juin dernier, il est apparu clairement que nous allons étoffer nos relations, tant au plan de la recherche en facilitant les échanges de chercheurs, qu’au plan de l’enseignement en analysant les possibilités de mise sur pied de masters communs, sanctionnés par des diplômes conjoints, tels que le nouveau décret de la CFWB le permet depuis mardi dernier. Nous examinerons également les possibilités de créer des masters complémentaires ainsi que des formations de troisième cycle voire même des écoles doctorales communes en jouant, là aussi, l’atout de la « codiplômation », comme disent nos amis québécois.
Il nous reste à lancer les groupes de travails adéquats, ce qui sera fait dans les prochaines semaines.

Attendons-nous donc à assister à une recomposition de l’enseignement universitaire dans lequel nous évoluons, avec nos voisins belges et frontaliers.

Dans le cadre de son engagement dans la politique d’ouverture du Libre Accès, notre université a pris ou s’apprête à prendre, dans les semaines qui viennent, une série de décisions importantes :

1. La mise en ligne sur Internet des thèses de doctorat défendues à l’ULg pour les rendre librement consultables. Cette initiative s’harmonisera avec les autres universités de la Communauté française de Belgique (BICTEL/e).

2. Le dépôt, sous forme électronique, de publications scientifiques des membres de l’ULg afin d’en permettre la diffusion libre par Internet. A l’heure actuelle, plusieurs centaines de documents scientifiques de membres de l’ULg sont déjà repris sur cet outil qui devrait être mis en production début 2007. Bien évidemment, certaines contraintes en matière de droits d’auteurs ou de renoncement à la propriété intellectuelle persistent, mais ce grand mouvement mondial auquel nous adhérons pleinement devrait bientôt envoyer les anomalies du passé au rayon des mauvais souvenirs.

3. La création d’un portail de publication de périodiques scientifiques de l’ULg qui permettra de mettre en ligne, en texte intégral et librement accessible, certains des périodiques édités en son sein (« PoPuPS ULg »).

Je tiens à féliciter notre Réseau des Bibliothèques pour ces initiatives parfaitement en phase avec notre combat pour l’accès libre à la documentation scientifique universelle et qui offrent à ce combat les armes nécessaires.

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Commentaire de Jan Haspeslagh, le 3 juin 2006 :

Je suis très content de voir que le support pour l’Open Access en Belgique évolue dans la bonne direction. En effet, ce n’est qu’au moment où les responsables des universités commencent à regarder dans la même direction qu’on peut penser à discuter et organiser les moyens pour aboutir au but essentiel: libre accès à la production scientifique complète de la Belgique. Même si la situation dans notre pays ne favorise pas réellement la coopération entre les régions, je crois que le temps est venu pour les recteurs de se contacter et de s’organiser ensemble. J’espère que l’Open Access en Belgique sera un projet commun des universités et institutions scientifiques flamandes, wallonnes et bruxelloises.

Cordialement,

Jan Haspeslagh
Bibliothécaire
Vlaams Instituut voor de Zee
Flanders Marine Institute
Wandelaarkaai 7
Oostende, Belgium
http://www.vliz.be/
Nos archives libre-accès: http://www.vliz.be/EN/Marine_Library/Library_OMA/

D’autres avis ou liens utiles :

http://newsletters.afnet.fr/LLA/20060522932/1148286012713
http://www.pps.jussieu.fr/~dicosmo/MyOpinions/atom.php?type=co
http://civicaccess.ca/pipermail/civicaccess-discuss_civicaccess.ca/2006-May/000614.html
http://www.domainepublic.net/sommaire.php3
http://openaccess.inist.fr/

Sites généraux d’information sur l’Open Access Initiative et l’Open Archives Initiative :

http://www.soros.org/openaccess/
http://www.biomedcentral.com/openaccess/www/?issue=4
http://www.earlham.edu/~peters/fos/boaifaq.htm
http://www.openarchives.org/
http://www.eprints.org/openaccess/self-faq/

Le saumon est de retour !

Disparu de nos eaux douces depuis 1942, le saumon atlantique est revenu dans la Meuse, mais ce n’est pas un hasard. L’idée a germé en 1983 dans l’esprit d’un spécialiste de l’écologie des poissons à l’ULg, Jean-Claude Philippart. A force de persévérance dans son travail scientifique en collaboration avec des collègues de Namur et à force d’obstination vis-à-vis des pouvoirs publics pour le financement de ses recherches et pour la mise en œuvre de travaux de très grande envergure (remise en état d’ancienne échelles à poissons et création de nouvelles, assainissement des eaux de rivières dans la région, participation active des autorités régionales, provinciales et communales ainsi que des entreprises), il a mené à bien une entreprise considérable et incroyablement complexe : le retour du saumon.
Certes, le retour de cette espèce-phare n’est qu’indicatif de la restauration de la qualité de nos eaux, mais il en est aussi la preuve éclatante. Le reste de la faune aquatique, moins délicat, en bénéficie d’autant plus.

Ce matin, nous avons signé avec le Ministre de l’Agriculture, de la Ruralité, de l’Environnement et du Tourisme de la Région Wallonne et les Facultés Universitaires Notre-Dame de la Paix à Namur une convention de recherche qui perpétue la suite des conventions ainsi signées depuis 1987, année européenne de l’Environnement.

Je me plais à saluer ici la persévérance des chercheurs qui ont cru à leur projet et l’ont mené à bien jusqu’à sa réussite. Réussite qui devra maintenant être poursuivie avec le réempoissonnement en saumon des rivières affluentes de la Meuse, grâce aux élevages réalisés dans des salmonicultures telles que celle d’Erezée, une très belle installation où nous avons symboliquement signé la convention. Je salue également la collaboration interuniversitaire dans ce programme et la collaboration fructueuse et bien intégrée avec divers ministères de la RW, dont le MET, pour les infrastructures de rivières.

Un très beau succès collectif. Un bel exemple qui peut frapper, peut-être plus que d’autres, les esprits et aider à montrer combien aujourd’hui, science, technique et gouvernance citoyenne sont intimement liées. Une occasion également de saluer tous les programmes moins visibles pour le grand public, mais tout aussi utiles et qui ne pourraient voir le jour sans la participation des chercheurs universitaires et leur capacité d’intégrer le savoir et le savoir-faire, mais aussi leur remarquable aptitude à convaincre. Celle-ci apporte un très grand crédit à l’inventivité de nos chercheurs, en général.

La semaine dernière, j’ai eu l’occasion de découvrir deux instruments de grande dimension que l’ULg utilise et dans lesquels elle pourrait s’impliquer plus encore.

Le premier est la station scientifique et l’observatoire du Jungfraujoch, dans les Alpes suisses bernoises. Depuis bientôt soixante ans, à l’instigation du professeur Migeotte, visionnaire de l’astronomie, l’Université de Liège y réalise des observations solaires passionnantes. Depuis une vingtaine d’années, le soleil s’y est également transformé en source lumineuse permettant d’observer la composition des couches élevées de l’atmosphère: la haute troposphère au dessus de 4.000 m et la stratosphère. Dans ces couches s’accumulent des gaz à effet de serre et des produits de dégradation de substances générées par l’activité humaine dont les effets peuvent s’avérer délétères pour le climat global. Les appareillages et méthodes développés par le GIRPAS (Groupe Infrarouge de Physique Atmosphérique et Solaire) de l’ULg sont en constante évolution et permettent des observations qui sont considérées comme la référence en matière d’observation atmosphérique, ce qui donne aux résultats et à leur évolution inquiétante au cours des deux dernières décennies, un relief tout particulier. Il est clair que ces mesures de plus en plus fines, combinée à des données satellitaires moins précises mais extra-stratosphériques, y compris sur des observations rétrospectives portant sur de nombreuses années de présence constante sur le site, doivent être poursuivies, dans l’intérêt de la planète tout entière et de la vie à sa surface.

Le Jungfraujoch (Col de la Jungfrau) est situé entre les sommets de la Jungfrau et du Mönch dans un massif qui comprend aussi l’Eiger (la légende veut que le ‘moine’ protège la ‘jeune fille’ de l’ ‘ogre’ !). La station y fut créée en 1931 et le FNRS y participe depuis lors. La dernière coupole d’observation fut installée en 1966 avec un télescope de 76 cm. En altitude (3.580 m) et proche d’un glacier, l’observatoire est idéalement situé en atmosphère sèche, sans pollution locale.

L’aide précieuse de la Politique Scientifique Fédérale (ex-Services fédéraux des affaires scientifiques, techniques et culturelles, SSTC) et du Fonds National de la Recherche Scientifique (FNRS) ainsi que de nombreuses collaborations à des programmes belges, européens et internationaux assurent la durabilité de ce programme d’observation. L’ULg, et en particulier son département AGO (Astrophysique-Geophysique-Océanographie), doit réserver à cette activité des moyens humains et matériels dignes de l’intérêt qu’elle y porte, pour autant que l’intérêt académique et scientifique qu’y porte le département se concrétise dans un avenir proche.

http://sunset.astro.ulg.ac.be/girpas/gir4proe.htm


La Jungfrau (à gauche) vue de Wengen. L’observatoire situé au col est masqué par le contrefort montagneux à l’extrême gauche.

Le second instrument est le Synchrotron Européen de Grenoble, grand accélérateur de particules de l’ESRF (European Synchrotron Research Facility) flanqué du réacteur nucléaire de l’ILL (Institut Laue-Langevin), outils de très grande qualité fournissant aux chercheurs de toute l’Europe des flux de neutrons ou de rayons X d’une finesse et d’une intensité considérables. Ceux-ci permettent des observations microscopiques irréalisables sans eux, la recherche d’éléments très dilués, l’analyse médicale d’organes sous doses rayonnement moindres mais qualitativement et quantitativement plus précises ou encore le suivi de réactions chimiques ou biologiques de durée extrêment brève, sans compter les applications déjà connues en physique ou en géologie. C’est ainsi que les neutrons se révèlent extrêmement utiles pour les études de structure de la matière, y compris la matière organique: la cellulose des végétaux, les complexes protéo-lipidiques du sang, les enzymes et leur fonctionnement, les membranes cellulaires, les molécules responsables de la captation lumineuse chez les plantes, les nanoparticules du lait ou les microfibrilles musculaires lors de leur contraction, pour ne citer que celles-là.

L’Ulg est bien présente sur ce site, mais pourrait l’utiliser encore mieux, d’autant que l’accès y est gratuit (la Belgique participe financièrement), voyage et hébergement compris, et la sélection s’opère sur la qualité des projets. Le développement récent dans le domaine des « objets mous » et de la biologie étend encore les domaines d’application de ces faisceaux qui ne demandent qu’à être utilisés au mieux par nos chercheurs, probablement encore trop peu conscients aujourd’hui de l’usage qu’ils peuvent faire de ce mode d’expérimentation.

http://www.esrf.fr
et
http://www.ill.fr


Le site de l’ESRF (anneau) et de l’ILL (dôme) et les infrastructures conjointes entre Isère et Drac, vus de la colline de la Bastille.