Généralités


A côté de la recherche et de l’enseignement qui sont les deux missions également importantes de l’universitaire, une notion souvent mal comprise est celle de « service à la communauté », la troisième mission.
En effet, nombreux sont ceux qui, au sein-même de l’Institution, pensent que les activités de prestation rémunérées pour tiers, travaux commandités, expertises et consultance, font partie de cette catégorie.
Pour moi, il n’en est rien. Ces activités sont une conséquence directe de la compétence du chercheur et constituent une application de son savoir ou de son savoir-faire. Elles peuvent plus rarement — mais parfois — découler de la mise en application de son expérience pédagogique. Quoi qu’il en soit, elles se rapportent à l’une des deux premières missions.

Qu’appelle-t-on alors « service à la communauté »?
Toute activité qui consiste à rendre un service désintéressé aux autres membres de la communauté, universitaire ou extra-universitaire, entre dans cette catégorie. C’est ainsi qu’exercer une fonction de doyen ou de président de département, de président de jury ou de commission, comité ou conseil dans l’université participe des services à la communauté (notez qu’être membre d’un jury relève strictement de la fonction d’enseignant). Etre membre de commission au FNRS, exercer une quelconque fonction dans une société savante ou une association à but scientifique ou culturel, faire partie de jurys appelés à juger de programmes de recherche régionaux, communautaires, fédéraux ou internationaux, tout celà constitue du service à la communauté.

Il est cependant évident que, dans de nombreux cas, la pratique d’une activité rétribuée pour des tiers, lorsqu’elle procède d’une expertise particulière et spécifique et ne peut donc être réalisée que par un expert universitaire chevronné, et lorsqu’elle est réalisée avec excellence, fait rejaillir sur l’Université le prestige de son auteur et, à ce titre, contribue indirectement à l’aura universitaire. On peut alors considérer qu’il s’agit d’un service à la communauté. Toutefois, dans un curriculum vitæ, je placerais cette activité dans la catégorie « Recherche » (ou « Enseignement » le cas échéant).

La troisième mission est donc une activité de service bénévole rendu pour le bon fonctionnement de la vie collective au sein de l’Université, au sein de la communauté scientifique au sens large ou dans le monde dans lequel nous vivons, pour autant qu’elle relève de nos compétences universitaires.

L’ULg se veut une université ouverte à toutes les idées et à tous les débats. On peut y parler de tout, y discuter de tout et aucun sujet n’y est inintéressant.
A aucun moment, je ne souhaiterais avoir à intervenir pour « censurer » quoi que ce soit (encore que je m’engage formellement à contrevenir à ce principe si une association, groupe ou parti antidémocratique ou violant les bonnes mœurs venait à vouloir s’exprimer dans nos murs, bien entendu).

Ce qu’il est important de bien comprendre, c’est que cette grande liberté, cette ouverture large ne doivent pas être perçues comme une caution accordée par l’Institution à tous les débats qui y sont organisés.

C’est ainsi qu’apprenant par un message intranet que le « Groupe Biblique Universitaire » organise à l’ULg un débat sur « Big Bang, Création, Evolution : Mythes ou réalités ? », je ne peux m’empêcher de réagir. Je ne connais ni les objectifs, ni le contenu du débat, et je ne fais de procès d’intention à personne. J’espère seulement que ce thème ne donnera pas à penser qu’en 2006, à l’ULg, on se pose encore la question de savoir si l’évolution est un mythe ou même une théorie !

L’ULg ne peut apparaître comme un refuge de l’obscurantisme. Nous vivons dans une université moderne et attachée aux valeurs de la science et du savoir, de la recherche rigoureuse et de l’objectivité. Bien sûr, on peut tout y débattre et je ne doute pas que le professeur à l’Université Pontificale de la Sainte-Croix (http://www.initiatives-sociales.org/usc.html ; http://www.dptn.org/universite.php), dont la présence est annoncée, soit aussi respectueux que nous de la séparation fondamentale entre Science et Religion…

Et s’il se trouve que les participants à cette séance reçoivent la révélation quant à l’issue de ce débat impossible, j’espère qu’ils nous en feront part !

J’écris ceci de Chicago, où je serais moins étonné de voir aborder ce genre de question qu’à Liège, je vous l’avoue !

« Monsieur le Recteur,

Nous avons eu hier une manifestation facultaire à Colonster et tous les participants, anciens enseignants, anciens étudiants et membres actuels ont été évidemment « traumatisés » par l’abattage des arbres…
Je sais que sur votre blog, vous nous demandez de faire confiance aux professionnels.
Je me permets toutefois de vous écrire, au nom d’un grand nombre des participants, pour vous demander si on ne pourrait pas avoir une réponse plus circonstanciée de ces professionnels.
Je crois que ce serait de nature à nous réconforter.
En vous remerciant de l’attention que vous porterez à la présente, je vous prie d’agréer, monsieur le Recteur, l’expression de mes sentiments respectueux.

France Schyns »

Voici. Pour ceux qui demandent plus d’informations sur l’abattage de la drève des érables de Colonster.

http://www.ulg.ac.be/ari/news/drevedeserables.html

Au cas où vous ne pourriez accéder à cette référence, qui est sur l’intranet de l’ULg, en voici le texte:

« Restauration de la drève des Erables à Colonster
Constatant la dégradation de l’état sanitaire et une extension de la mortalité des érables bordant l’accès au château de Colonster, l’université a introduit une demande de permis d’urbanisme en vue de remplacer cette drève. Les modalités d’intervention, définies en collaboration avec la Direction des Espaces Verts de la Région wallonne, prévoient une première phase comprenant l’abattage de 38 des 85 arbres et la plantation d’érables planes sur les tronçons les plus dégradés. Ceux-ci ont été déterminés de façon à limiter l’impact paysager en conservant des sections les plus franches et les plus homogènes possibles.

La seconde phase, destinée au renouvellement d’ensemble, est programmée à une échéance de 10 ans minimum. La gestion des nouvelles plantations comprend également la suppression d’un arbre sur deux après 20 ans de manière à réduire la concurrence entre sujets et permettre un meilleur développement.

Parallèlement, l’université a également obtenu un permis d’urbanisme en vue du remplacement progressif des cerisiers du Japon plantés en 1970 dans le parking du château. Le développement de plusieurs pathologies a entraîné un dépérissement des cimes et une pourriture des troncs nécessitant ces travaux.

Ailleurs dans le domaine universitaire, des abattages d’arbres sont également réalisés dans le cadre de la gestion forestière. Il s’agit d’une part de coupes d’éclaircie ou de régénération, prévues dans le « plan d’aménagement des espaces verts du domaine universitaire du Sart Tilman » et destinées au maintien des forêts typiques du site, dominées par des espèces héliophiles (chênes, bouleaux, trembles,…). Cette zone boisée en gestion dirigée coexiste avec 220 ha de forêts classés en réserve naturelle intégrale, où la végétation est laissée à son évolution spontanée ce qui conduit au développement progressif de peuplements d’espèces dites sciaphiles (chênes, érable sycomore,…). Des travaux de sécurité sont réalisés d’autre part le long des lisières forestières, en bordure de voirie, de bâtiment, de voie ferrée, … Ils suivent un plan de gestion particulier qui prévoit, selon les situations, soit le maintien d’une végétation ligneuse jeune ou buissonnante, par recépage régulier, soit des coupes sélectives éliminant les arbres potentiellement dangereux (sujets séniles, tarés, présentant des fourches aigues avec inclusion d’écorce,…). L’ensemble de ces travaux respecte l’affectation forestière des terrains et ne comporte donc aucun déboisement. »

En entrant dans la magnifique allée conduisant au Château de Colonster, on ne peut être aujourd’hui que bouleversé par l’affligeant spectacle des ces arbres majestueux abattus en masse.
Malades, sans doute. Dangereux, peut-être, allez savoir.

Soyez gentils, ne me demandez plus pourquoi j’ai ordonné ce massacre ! C’est la décision de professionnels qui ont mesuré tous les tenants et aboutissants de cette opération. Faisons-leur confiance.

Mais quoi qu’il en soit, quelle tristesse…

Après la Rentrée académique, la séance de remise des insignes de Docteur honoris causa est « l’autre » grand événement solennel de l’année universitaire.
Traditionnellement, cette cérémonie est strictement consacrée à la célébration de l’excellence. Elle constitue, plus que toute autre occasion, un hommage à toutes les valeurs que revendique le monde universitaire.

Paradoxalement, la grandeur de cette symbolique est généralement mieux comprise en dehors de l’université qu’à l’intérieur. Force est de constater que, pour éviter que cette fête de l’esprit se déroule devant un auditoire clairsemé, on a été amené ces dernières années, à l’instar de ce qui se fait dans d’autres institutions, à s’assurer de l’intérêt du public et de la presse, mais aussi des universitaires eux-mêmes, par la présence, parmi les lauréats, de vedettes des media : des scientifiques largement vulgarisés ou vulgarisateurs eux-mêmes, des personnalités politiques belges ou étrangères, des stars du monde économique ou de grandes figures humanitaires. Sans diminuer les mérites de ces « faire-valoir », on ne peut s’empêcher de penser qu’ils sont là pour l’impact médiatique de la cérémonie et que leur présence obscurcit la gloire qu’on réserve aux autres personnalités moins populaires ou même peu connues, mais de grand mérite.
Or ce sont celles-ci qu’il importe de glorifier lors de la séance de remise des insignes de docteur honoris causa, en ce qu’elles représentent très exactement l’idéal universitaire. C’est à leur parcours et leurs accomplissements qu’il faut consacrer du temps. Les honorer nous honore, mais permet aussi de faire comprendre clairement au monde qui nous entoure, comme à nous-mêmes, à quoi sert l’Université, son enseignement, sa recherche, par une description attentive de modèles à suivre.

C’est aussi le moment de l’accueil, par l’Institution, de nouveaux membres de sa communauté académique, faits, sur proposition des Facultés et élection par le Conseil académique, docteurs de notre université. Ces nouveaux membres, d’où qu’ils viennent, doivent être reçus avec les fastes dus à leur distinction et retourner chez eux avec un sentiment d’appartenance à l’ULg dont ils deviendront de prestigieux ambassadeurs par les seuls commentaires qu’ils feront sur nous à l’avenir.

Souvent, on me parle d’un certain égarement des objectifs universitaires, du souci de plaire aux media et d’y paraître, de la perte du sens de l’excellence au bénéfice de la facilité, du superficiel, de la dérive populiste et de tous les amalgames. Bien des collègues me disent qu’aujourd’hui — mais est-ce bien neuf ? — la qualité scientifique n’est plus connue de personne et, partant, n’est plus reconnue à sa juste valeur, et que la notoriété ne se gagne que par des coups de bluff et des effets d’annonces, bien éloignés de la vraie qualité de fond.

J’espère que ceux-là même qui prononcent ces critiques trouveront ici une manifestation plus conforme à leur vision: la célébration la plus pure des idéaux universitaires.

La deuxième phase de l’évaluation institutionnelle par l’European University Association vient de se terminer. Les 4 experts internationaux venus de Suisse, de France et d’Espagne sont restés deux jours avec nous, ils reviendront du 25 au 28 juin prochains et ce n’est qu’à ce moment que nous aurons le résultat de leurs investigations et de leurs réflexions sur notre Institution.

A ce stade-ci aucun jugement n’est porté. Les experts ont reçu notre rapport d’auto-évaluation et une somme considérable de documents informatifs concernant l’ULg. Ils ont lancé quelques coups de sonde visant à comparer l’avis de diverses personnes et le rapport d’auto-évaluation, à déterminer les zones d’ombre éventuelles dans le rapport et les questions à creuser ainsi que les personnes à voir lors de leur prochaine visite en juin.
Le seul avis que nous ayons reçu pour le moment est leur appréciation de la qualité du travail préalable accompli par l’ULg à travers son comité de pilotage et celle de l’accueil qui leur a été réservé ainsi que l’infrastructure mise à leur disposition.

Pour cela, je tiens encore à remercier toutes les personnes impliquées qui se sont consacrées à cette tâche sans compter, en particulier Freddy Coignoul, Elise Boxus et Evelyne Dumont. En facilitant énormément la tâche des experts, ils les ont dégagés de toute contrainte inutile et de tout souci, pour les laisser entièrement à leur effort de compréhension de l’ULg (deux d’entre eux avaient déjà participé aux visites précédentes, ce qui simplifie grandement les choses) et du milieu dans lequel elle évolue, tant sur le plan socio-économico-culturel que sur le plan réglementaire et légal.

Il est donc inutile aujourd’hui de tenter d’en savoir plus, c’est prématuré, moi-même, j’en suis là également. Ce n’est que le 28 juin prochain que nous obtiendrons un rapport oral de leur part et, dans les semaines qui suivront, un rapport écrit. Le rapport oral est traditionnellement proposé au recteur seul, ou accompagné, selon son souhait. J’ai souhaité que le nôtre soit proposé aux autorités universitaires, aux membres du Conseil d’administration, aux conseillers, au doyens, aux directeurs d’administration et aux présidents de départements, dans la salle académique de l’Université, dans un souci permanent d’ouverture et de transparence.

Je suis personnellement très optimiste quant à ce rapport. Je pense qu’il nous renforcera dans notre conviction de ce que sont nos forces et nos opportunités et qu’il achèvera de nous convaincre de nos faiblesses à corriger. Il nous aidera considérablement à définir les stratégies à mettre en place pour nous améliorer dans les années qui viennent. J’espère que toute la communauté universitaire saura d’en inspirer et y trouver la source d’un dynamisme renouvelé.

Voici venus quelques jours qui, je l’espère, seront pour vous des jours de détente. Je souhaite à tous un excellent congé.

En lisant le 15e Jour de février, on pourrait croire aujourd’hui que notre institution navigue un peu rapidement dans le brouillard, sans visibilité et d’aucuns ne manquent pas de s’en inquiéter. Nous manquerions apparemment d’idées directrices, d’objectifs clairs et bien définis, d’un schéma directeur précis. Nous créerions trop de structures de décision nouvelles dont les missions seraient imprécises. Nous risquerions un dangereux émiettement des pouvoirs.
Le seul fait que ces questions soient posées est intéressant et démontre que, quel que soit l’effort de transparence et d’information, les messages ne passent que très incomplètement.
Je vais donc tenter ici de reprendre les points forts de la politique que nous entendons mettre sur pied et que nous avons déjà entreprise, et tâcher de les rendre plus clairs encore.

1. Une vision ?

En premier lieu, avons-nous des idées directrices, des objectifs définis et un schéma directeur ?
Bien sûr que oui. Ce serait de la pure folie que d’en manquer.

Nous voulons que notre Université continue à rayonner dans son environnement car elle est devenue incontestablement l’atout majeur du redéploiement régional.
Dans ce cadre, elle joue un rôle essentiel dans l’enseignement et la formation des jeunes et elle devrait se positionner clairement dans la formation continuée des adultes.
Un élément clair de la politique institutionnelle est l’élargissement d’une image globalisée de l’offre d’enseignement supérieur dans le Sud-Est de la Belgique. Pour atteindre cet objectif, l’alliance du Pôle Mosan et celle de l’Académie Universitaire Wallonie-Europe sont des outils de première importance, des priorités institutionnelles.

Dans ce même cadre, l’ULg participe au développement économique régional par son apport en progrès scientifiques et technologiques innovateurs, par la création de pôles académico-industriels, par ses accords de partenariat avec les entreprises et par la création d’activités nouvelles génératrices d’emplois. L’essaimage de sociétés nées de l’Université participe à cet objectif. Le concours innovateur de l’ULg au redéploiement régional constitue une priorité institutionnelle.

Nous voulons que notre université ait un rayonnement plus international et prenne une dimension qui dépasse le cadre étriqué de notre Communauté. Une alliance avec les universités de l’Euregio constitue une première étape indispensable et, en pratique, en premier lieu avec l’Université de Maastricht (UM) avec laquelle nous avons, depuis le 6 juillet 2004, un accord cadre global impliquant 5 de nos facultés. Une intensification de notre collaboration avec l’UM constitue une priorité institutionnelle. L’objectif, à terme de 10 ans au maximum, plus rapidement si possible, est la création d’une grande université internationale de Liège-Maastricht, la première du genre, reconnue comme université européenne par l’Europe elle-même. Nous sommes sur la bonne voie et le processus, déclaré prioritaire par les autorités des deux institutions, devrait s’accélérer rapidement. Outre la bonne volonté et la motivation de tous, cette opération nécessite une bien meilleure pratique de la langue anglaise à Liège. L’attractivité de l’ensemble, dont bénéficie l’UM qui accueille énormément d’étudiants étrangers et particulièrement des allemands qui recherchent une formation en anglais, est à ce prix. L’effort en langues et spécialement en anglais ne vise pas tant à ce que nos cours se donnent en anglais, mais à ce que nous puissions accueillir des enseignants de grande valeur et de prestige international qui donneront leurs cours en anglais et devront être compris par nos étudiants. Cet effort tend également à une meilleure compréhension, un meilleur dialogue et une meilleure communication avec nos partenaires de l’UM.
La connaissance minimale de l’anglais permettant la conversation et l’échange d’idées est requise dans une université comme la nôtre et constitue, pour tout le personnel et les étudiants, une nécessité, donc une priorité institutionnelle.

Nous voulons que notre Université continue à assurer son rôle d’institution publique, pluraliste et complète.
Son existence-même et notre vigilance à préserver ses idéaux garantissent les deux premiers objectifs. Le troisième est de plus en plus menacé et l’objectivité nous force à admettre que nous ne sommes plus raisonnablement capables, faute de moyens financiers, d’en assurer la pérennité.
Le seul moyen d’y parvenir est la constitution d’alliances et, à travers celles-ci, la possibilité de maintenir l’universalité de l’offre sans avoir à l’organiser dans sa totalité chez nous. Pour cela, des accords avec les autres universités belges sont indispensables, mais il faut aussi tourner les yeux vers les universités de pays voisins, voire plus loin encore, et établir des consortiums au sein desquels nos étudiants et les étudiants des autres régions impliquées trouveront un large spectre de formations en allant chercher, dans un système parfaitement organisé, les enseignements et l’expertise dont ils ont besoin là où ils se trouvent.
La collaboration avec les institutions de l’Euregio et de la Grande Région Sarre-Lorraine-Luxembourg-Rhénanie Palatinat-Wallonie est une priorité institutionnelle.
A cette priorité urgente, j’ajouterai celle de notre collaboration avec l’Université de Sherbrooke au Québec, qui doit s’intensifier malgré la distance et l’océan qui nous sépare.

Nous voulons que notre Université rayonne dans le monde entier et qu’elle le fasse à travers la collaboration internationale. Mais là aussi, qui trop embrasse mal étreint, et nous devons définir nos priorités. Ce sera le rôle de la Cellule des Relations Internationale nouvelle formule dont la structure devrait être soumise au C.A. en mars prochain. Toutefois, certains axes ont déjà été définis : Pays européens, Québec, Brésil, Equateur, Tunisie, Vietnam, Afrique du Sud et République Démocratique du Congo (Lubumbashi en particulier). Des relations avec les autres pays restent souhaitables, mais la collaboration avec les pays mentionnés constitue une priorité institutionnelle.

Enfin, notre institution se différencie des autres universités de la CFWB par la présence d’une faculté de Médecine vétérinaire dont la réputation n’est plus à faire mais qui a été très menacée ces dernières années par la difficulté de parer à des circonstances extraordinaires liées à l’afflux d’étudiants étrangers. En particulier, la menace est grande de voir la faculté perdre son accréditation européenne. Cette difficulté a dû être affrontée par l’ULg seule, qui n’a pas reçu de soutien significatif pour le faire. Les mesures actuellement envisagées pourront régler partiellement le problème mais en réduisant le nombre d’étudiants par des mesures d’exclusion, à une époque et dans un contexte où nous prônons l’ouverture européenne, l’accueil des étrangers et la mobilité estudiantine dans l’esprit du processus de Bologne. On ne peut manquer de penser que le Gouvernement de la CFWB laisse ainsi s’échapper une opportunité de faire de sa faculté de Médecine vétérinaire le plus grand et le plus prestigieux centre européen de formation dans ce domaine. Le soutien à la faculté de Médecine vétérinaire de l’ULg est une priorité institutionnelle.
Dans la même logique, HEC-Ecole de Gestion de l’ULg mérite une attention particulière en vue d’obtenir son accréditation EQUIS, convoitée par toutes les grandes écoles de gestion européennes.

Voici donc énumérées, les priorités institutionnelles telles que définies aujourd’hui. Il en viendra d’autres, compatibles avec celles-ci et les renforçant. En particulier, des priorités à définir concernant l’enseignement et ses méthodes, la recherche et ses moyens, l’attractivité de l’ULg par des caractéristiques spécifiques à mettre en exergue, le bien-être de ses membres et de ses étudiants, etc.

Des moyens organisationnels ?

Les diverses structures consultatives que nous avons mises en place constituent-elles un émiettement du pouvoir ?
Bien sûr que non. Il serait irresponsable de vouloir ainsi disperser les niveaux décisionnels de l’Institution.

Le Conseil d’administration est l’organe de décision — et le seul — de l’Institution. Aucune autre instance ne décide quoi que ce soit sinon par délégation de ce Conseil. Il délègue ainsi au Recteur une partie de ses pouvoirs en rapport avec la gestion courante et la prise de décision immédiate, dans des limites strictement définies par la loi et par règlement interne. Il confie des missions à l’Administrateur, qui est chargé de la coordination de l’exécution des décisions. Le « pouvoir » du Recteur réside en ces délégations et surtout en sa présidence légale du C.A., qui lui permet de déterminer l’ordre du jour des réunions et d’en mener les débats.

Le Collège rectoral, constitué de 7 conseillers, tous professeurs, entoure le Recteur et le Vice-Recteur. L’Administrateur et le Directeur général sont invités à ses réunions. Le rôle des conseillers est simple à comprendre. Il leur est demandé d’éclairer les Autorités sur un certain nombre de matières, en utilisant toutes les ressources disponibles, principalement les ressources administratives, de préparer des dossiers qui doivent nourrir la réflexion sur des options stratégiques et conduire à la prise de décision. Ces dossiers sont débattus au Collège et peuvent subir diverses itérations avant d’être finalement adoptés par le Recteur et proposés au Conseil d’administration. Selon l’ampleur du sujet et la relation ou l’impact qu’ils peuvent avoir sur la vie facultaire, ces dossiers peuvent être soumis au Conseil des Doyens préalablement à leur passage au C.A.
Des exemples de dossiers ? La réforme du Conseil de la recherche et de sa procédure de nomination, la structuration d’une Cellule des relations internationales, l’élaboration d’un grand « projet pour l’ULg », la création d’un observatoire de l’enseignement, l’élaboration d’un plan financier respectueux des nécessités académiques, le développement de l’Université sur son domaine au Sart Tilman et en ville et la politique de mobilité par transport public ou privé, la lutte contre le tabagisme et l’alcoolisme, la prévention des maladies cardio-vasculaires chez les étudiants et le personnel, etc. Certains de ces dossiers ont déjà abouti à des décisions du C.A., les autres sont prévus à l’ordre du jour de prochaines séances. A ce moment, il sera plus clair qu’ils sont élaborés dans le cadre des grands objectifs que j’ai définis plus haut.
A aucun moment, les Conseillers ne disposent d’un pouvoir de décision. Ils ont un pouvoir d’avis et de conseil et débattent avec les Autorités des moyens pour atteindre les objectifs.
Il n’y a donc aucune dilution du pouvoir rectoral, qui reste en fait le pouvoir du C.A. dont le Recteur est président, par une quelconque délégation aux Conseillers. Leur influence est manifeste et elle est voulue. C’est pour cette raison qu’il est important que, si leur désignation est approuvée par le C.A., et c’est bien normal, ils doivent être choisis par le Recteur qui s’entoure ainsi de personnalités auxquelles il fait confiance et qu’il juge apte à exercer ces fonctions. Ce choix est rendu légitime par le C.A., mais reste et doit rester celui du Recteur.

Le Conseil des Doyens, organe informel créé il y a quelques années, est maintenant devenu un organe officiel. On pourrait dire qu’il s’agit là d’une couche nouvelle ajoutée à l’ensemble des lieux de décision mais il n’en est rien. Le Conseil des Doyens est l’organe qui permet au Recteur de percevoir le pouls des facultés, leur avis, sur les diverses options à prendre. C’est aussi le lieu où se décident les grands équilibres facultaires, l’endroit et le moment où les Doyens apprennent à se connaître et à vivre dans une meilleure compréhension et un meilleur respect les uns des autres. C’est le lien entre les facultés. Il fallait officialiser ce Conseil, fixer la fréquence de ses réunions et en faire un passage nécessaire précédant la prise de décision en bien des matières concernant les facultés, donc la plupart des sujets de débat de l’Institution.

Le Collège des Directeurs a pour rôle de coordonner et d’harmoniser le fonctionnement des administrations dont la structure est historiquement relativement cloisonnée et dont le décloisonnement ne peut se faire aujourd’hui que par une communication transversale beaucoup plus fluide. Les décisions du C.A. y sont analysées sous l’angle de la mise en pratique avec, à chaque fois, une distribution des rôles et des missions, afin d’assurer une exécution idéale parfaitement coordonnée à tous les niveaux. Tout défaut de communication, tout dysfonctionnement, tout frein à la mise en œuvre y est analysé et les solutions y sont dégagées.
Ce Collège veille à une grande efficacité des diverses administrations et une réelle coordination entre elles ainsi qu’avec l’Administrateur, le Directeur général et le Cabinet du Recteur, au service de la mise en œuvre fidèle et rapide des décisions du C.A., ainsi que de l’exécution des tâches administratives régulières.

Petite réforme complémentaire : j’ai décidé de constituer un Cabinet du Recteur, composé d’un Chef de Cabinet et d’un secrétariat. Le Chef de Cabinet prendra en charge divers aspects de la charge administrative rectorale, supervisera le secrétariat du Recteur et ses relations publiques, intérieures et extérieures et secondera directement le Recteur et le Vice-Recteur dans leurs tâches relationnelles et administratives. Cette nouveauté est la réponse naturelle à l’inflation régulière de la charge rectorale ces dernières années et à l’énormité de ses tâches quotidiennes, tant à l’intérieur de l’Institution qu’au dehors (1). Bien sûr, là aussi, il n’y a pas de délégation de pouvoir, mais un soutien absolument nécessaire dans l’accomplissement de ses missions, dans la préparation minutieuse et dans l’assurance d’un suivi de chaque activité du Recteur — et du Vice-Recteur qui peut être à tout moment amené à le remplacer — ainsi que la coordination et le flux d’informations entre eux.

Le Conseil Général des Etudes et le Conseil de la Recherche se sont vus attribuer des rôles d’avis importants en matière d’enseignement et de recherche. Leurs propositions sont généralement suivies par le C.A., mais le pouvoir de décision appartient à ce dernier. Le futur Observatoire de l’Enseignement aura une mission opérationnelle de veille et sera chargé de documenter le suivi de l’évolution de l’enseignement afin de nourrir objectivement la réflexion en cette matière.

Le Conseil Académique est l’organe de décision lors de l’élection du Recteur, du Vice-Recteur et des Docteurs Honoris Causa. Il est dommage qu’on se limite à cela. Depuis longtemps, il n’a plus été convoqué que pour accomplir ses deux premières missions (tous les 4 ans !), la troisième, plus fréquente, s’accomplissant par correspondance. Je compte bien réunir le Conseil Académique pour communiquer directement avec l’ensemble de mes collègues sur des grands thèmes intéressant l’Institution. Je suis conscient de la difficulté de tenir un débat dans de telles circonstances (nous sommes près de 500 !) mais je pense qu’il est nécessaire de créer, au sein de la Maison, un lieu et un moment où l’on peut se réunir afin d’aborder les grandes réflexions institutionnelles. Je regrette que la loi rende cet organe aussi exclusif. J’envisage de chercher un moyen d’y associer, ne fut-ce qu’en les y invitant, les maîtres et directeurs de recherche du FNRS, voire même tous les membres permanents du personnel scientifique.
Il nous manque encore un forum incluant l’ensemble des membres de l’Institution, quel que soit le corps auquel ils appartiennent, académique, scientifique ou PATO.

Le Comité de pilotage de l’évaluation institutionnelle ou « EvalULg » a été constitué de manière temporaire pour prendre en charge tout le processus d’auto-évaluation de l’ULg dans le cadre de l’évaluation institutionnelle par l’European University Association. Il est constitué d’un éventail très large de représentants de l’Institution qui ont sacrifié un temps important à cette mission ponctuelle. Mon souhait est que ce comité, contrairement à son caractère transitoire originel, assure, avec un rythme moins exigeant bien sûr, un suivi de l’évaluation et se préoccupe de la vigilance nécessaire si l’on veut éviter que ces efforts tombent dans l’oubli.

Le Comité de pilotage du « Projet pour l’ULg » ou « Comité du Projet » sera constitué pour, s’inspirant du rapport d’auto-évaluation, procéder à une enquête détaillée auprès des membres de l’ULg et de milieux extérieurs significatifs, en tirer des conclusions et proposer un projet institutionnel fort et les moyens d’y parvenir. La logique de son interaction avec le Comité EvalULg et avec le Collège rectoral est évidente.

On le voit, aucun de ces collèges, conseils, comités et commissions ne participe à une dispersion du pouvoir décisionnel qui reste de la compétence du rectorat et du C.A, ce qui est, je pense, une bonne chose sur le plan du fonctionnement de l’Institution, et souligne l’importance de l’enjeu de l’élection rectorale et le caractère obsolète de la soi-disant absence de candidats et de programme électoral.
Mais ces instances multiples ne sont pas nées par hasard, ni pour créer un écran de fumée ou réduire le pouvoir du C.A. Elles ont pour vocation de prendre la température de l’Institution et de faire en sorte que les décisions finales soient prises après consultation aussi large que possible. Elles jouent également un rôle important dans le processus de mise au courant et de transmission de l’information au plus grand nombre, pour atteindre une très grande transparence dans la gouvernance de l’Université.

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(1) Le Recteur préside le Conseil d’administration de l’Université. A ce titre, il établit l’ordre du jour de chaque séance du C.A. qui comporte généralement entre 30 et 45 points. Il y présente les dossier et dirige les débats. A ce titre, aucun sujet concernant l’Université ne doit lui être étranger. Il préside également le Bureau exécutif du C.A. et y exerce les mêmes fonctions. Il préside le pôle Mosan, préside ou vice-préside alternativement l’Académie Wallonie-Europe. Il préside de nombreuses commissions et conseils au sein de l’Institution, comme les différents collèges et conseils dont il est question ci-dessus. Il est membre du CReF, du CIUF et du C.A. du FNRS et préside, en tournante annuelle avec ses homologues des deux autres universités complètes, l’une de ces trois instances (actuellement, je préside le FNRS). Il est membre du Conseil régional de la Politique Scientifique et de nombreux organes régionaux, communautaires et fédéraux, il pilote la représentation universitaire dans des commissions de coopération avec la Ville de Liège, la Province de Liège, la Province de Luxembourg. Il représente l’Institution dans toutes ses activités protocolaires de relations publiques, lors des réceptions de personnalités universitaires, politiques ou culturelles belges ou étrangères. Il la représente également à l’extérieur lors de visites auprès d’universités belges ou étrangères. Il mène les négociations de l’ULg avec les autres universités et avec les Hautes Ecoles. Il est la voix officielle de l’Institution auprès des media. Il accueille et procède à l’ouverture ou à la clôture de nombreux colloques et réunions d’envergure au sein de l’Institution. Il préside l’Interface ainsi que le C.A. de diverses sociétés liées à l’ULg telles que Gesval s.a. ou SpinVenture s.a. et de diverses asbl. En dehors des conseils, il rencontre souvent les Doyens de faculté et de nombreux collègues. Son agenda de rendez-vous individuels ou en petits groupes est très chargé, en raison du nombre de personnes qui, dans l’Institution ou au dehors, souhaitent le rencontrer et ces entrevues nécessitent généralement toutes un suivi. Il est sollicité pour s’exprimer plusieurs fois par semaine dans d’innombrables cercles, associations et groupement divers.
Il peut être remplacé par le Vice-Recteur dans chacune de ces tâches.

Comme promis sur ce blog le 17 décembre dernier, le rapport d’auto-évaluation de l’ULg est dès à présent accessible « en ligne » sur l’Intranet à l’adresse:

http://www.evalulg.ulg.ac.be/

Il est donc rendu public et est ainsi disponible pour tous ceux qui veulent en prendre connaissance, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’Institution.
C’est là un choix délibéré de ma part, après concertation avec le Comité d’Auto-évaluation, le Collège Rectoral et le Conseil des Doyens.
En effet, en tant qu’institution universitaire publique, nous n’avons rien à cacher, rien dont nous devrions rougir, rien à passer sous silence.
L’exercice-même de l’auto-évaluation se révèle être extrêmement instructif pour tous ceux qui y ont participé et, cette année, la participation a été encore plus générale qu’auparavant. L’analyse présentée dans ce rapport est sans concession. Elle se veut même résolument sévère car c’est de la pleine conscience de nos insuffisances que nous pourrons tirer l’inspiration qui nous amènera à y remédier au mieux, et tous ensemble.
Chacun se sentira visé, ou à tout le moins concerné, par l’une ou l’autre critique et pourra ainsi se pencher sur les moyens de s’améliorer.

Mais l’exercice peut aussi présenter de l’intérêt pour des personnes extérieures à l’ULg. En effet, dans un deuxième temps — car il ne s’agit ici que de la première phase du processus d’évaluation, qui doit se prolonger à présent par deux visites d’experts internationaux, la première ce mois-ci et la seconde en mai — nous allons élaborer un « Projet de l’ULg » pour l’automne prochain, et pour celà, nous ferons appel à tous, y compris à des regards extérieurs. Il est donc normal que nous rendions public un tel document, même à ce stade, comme nous rendrons publics les divers rapports ultérieurs.
La Presse, en particulier, s’intéresse beaucoup à notre évaluation. Il est bon qu’elle puisse en parler en connaissance de cause et non sur base de bruits divers et incontrôlés, ou de fragments (mal) choisis et sortis de leur contexte. A cet égard, le préambule des Professeurs Coignoul et Delruelle est précieux et très explicatif. J’espère que tout lecteur du rapport prendra le temps de lire tout d’abord ce bref avertissement.

Il est également important de savoir que, lorsque l’European University Association, l’EUA, procède à une évaluation, elle demande que l’Institution concernée choisisse un nombre restreint de thèmes. Pour notre part, nous avons décidé d’évaluer la Gouvernance institutionnelle (l’ensemble des processus de décision et des mécanismes mis en œuvre à cet effet, à tous les niveaux), l’Enseignement et la Recherche. Le lecteur ne trouvera donc pas, ou guère, d’auto-évaluation à propos d’autres aspects de l’activité universitaire. Nous pensons cependant que ces trois thèmes sont les plus importants à examiner et que pratiquement tout le reste en dépend.

Enfin, la grande nouveauté de cette évaluation 2006 étant la totale transparence des analyses, servie par la meilleure communication interne possible et par une consultation externe franche et ouverte, nous avons ouvert une adresse électronique à laquelle chacun peut poser ses questions et faire ses commentaires. Utilisez-là, elle est là pour vous, qui que vous soyez: evalulg@ulg.ac.be

Le passage à l’an 2006 semble un bon moment pour examiner rapidement ce qui vient d’être accompli mais surtout pour définir les grands chantiers de l’Institution au cours de la nouvelle année.

Qu’avons-nous fait ?

Les accomplissements consistent en :
- une réforme de l’administration ;
- une révision extensive des procédures de fonctionnement de la gouvernance ;
- une action très importante en faveur de la recherche ;
- un soutien significativement accru aux bibliothèques ;
- une réactivation des recrutements de personnel scientifique permanent ;
- un accroissement du nombre d’assistants et d’étudiants-moniteurs ;
- une réactivation de l’engagement dans le PATO en excès des départs et une relance des promotions ;
- une réflexion sur la vie étudiante et sur la vie universitaire en général qui conduit aujourd’hui à la construction d’un nouveau restaurant et à la création d’une Maison des étudiants ;
- la mise en place de l’Institut de Formation et de Recherche en Enseignement Supérieur (IFRES) ;
- le lancement de nombreux projets et réflexions qui porteront leurs fruits en 2006.

Qu’allons-nous faire ?

Les grands projets ont été abondamment annoncés. Ils peuvent se résumer par l’énoncé des pistes suivantes :
- Formation des nouvelles générations par l’enseignement et la recherche ;
- Contribution à l’essor économique régional ;
- Application de méthodes de formation favorisant mieux l’esprit d’entreprise et d’innovation ;
- Harmonisation au sein de l’Académie Wallonie-Europe et réalisation de ses grands objectifs ;
- Constitution d’un grand pôle éducationnel avec les hautes écoles, le Pôle Mosan, et l’associer activement à l’Académie Wallonie-Europe ;
- Négociations pour une entente avec les autres académies ;
- Mise en œuvre d’une formation permanente structurée ;
- Maîtrise des langues étrangères ;
- Mobilité et ouverture vers le monde…

Qui sommes-nous ?

Mais au delà de ces voies toutes tracées, il nous reste un exercice important à faire : celui de définir réellement qui nous sommes, dans toute notre complexité et toute notre diversité. Chacun d’entre nous a son idée là-dessus, mais personne n’a — ni n’a jamais eu, je pense — la réponse définitive. Aussi est-il temps de nous en préoccuper car cette question devient fondamentale quant à déterminer notre place en Wallonie, en Belgique, en Europe et dans le monde…
- Sommes-nous une université de recherche ou d’enseignement ?
- Nos structures organisationnelles et décisionnelles sont-elles en rapport avec ce que nous voulons être ?
- En quoi nos associations (Pôle mosan, Académie, ALMA, etc) renforcent-elles notre image et nos aspirations ?
- Qu’impliquent nos aspirations à l’internationalisation en coûts, en efforts humains, en temps consacré ?
- Enfin et peut-être surtout, nous n’arrêtons pas de nous proclamer Université complète, publique et pluraliste : qu’est-ce que ça veut dire ici et aujourd’hui ? En percevons nous bien le sens, les avantages et les contraintes ?

Ce travail est amorcé par le comité d’autoévaluation présidé par le professeur F. Coignoul, dont j’ai déjà salué le travail dans un message précédent (« EvalUlg », 17.12.05).
Cette interrogation sur nous mêmes est importante et elle doit faire participer toute la communauté universitaire liégeoise, ainsi que des anciens et des personnalités extérieures. Elle se reflètera dans le rapport du comité — dont j’ai souhaité qu’il soit accessible dès la fin du mois de janvier 2006 — ainsi que ses annexes et les documents de support, sur notre intranet, dans un souci de transparence, mais également dans le but de stimuler l’interactivité de la part des membres de l’Institution. De la même manière, le verdict des évaluateurs étrangers de l’EUA sera rendu public pour les membres de l’ULg et nous servira de guide. Je ne prétends pas que nous suivrons nécessairement à la lettre les recommandations, mais nous nous en inspirerons au mieux. C’est bien là l’intérêt d’un guide comme on en utilise en voyage : de bonnes suggestions, à suivre éventuellement !

Toutefois, si le diagnostic est important, sans nul doute, la thérapeutique l’est aussi. Cette analyse doit conduire à une réflexion et à des propositions. C’est la tâche qui a été confiée au Collège rectoral et plus particulièrement au Conseiller à l’Image institutionnelle, le professeur Edouard Delruelle. Son travail va conduire notamment à l’organisation de tables rondes et de forums de discussion impliquant tous les membres de la communauté universitaire qui le souhaitent et à l’envoi d’un questionnaire — un de plus, je sais — qui nous donnera des éléments importants et sur lesquels nous comptons vivement. Il donnera les grandes lignes et la philosophie de son action dans le prochain numéro du 15e Jour.
Je prévois de réunir le Conseil académique dans quelques mois pour consulter mes collègues de manière plus directe, plus personnelle. Je rencontrerai également le personnel scientifique et les représentants du PATO et des étudiants.
Je compte enfin publier un « Projet de l’ULg » à la rentrée prochaine, basé sur ces enquêtes, audits et travaux divers qui indiquera les grandes directions que l’Institution aura elle-même définies, et c’est ce « elle-même » qui me paraît important.
A ce moment, nous disposerons de grandes directives auxquelles chacun pourra se référer pour ses propres actions. Je compte beaucoup sur l’ensemble de ces procédures pour corriger bon nombre de critiques et orienter le destin de notre université dans une direction qui convient au plus grand nombre d’entre nous.

Pour la troisième fois en huit ans, notre institution va être évaluée en février prochain par des experts externes mandatés par l’European University Association (EUA).
Le caractère éminemment instructif des deux premières évaluations ne pouvait que nous amener à poursuivre l’expérience et à nous livrer régulièrement à cet effort.

Comme à chaque fois, nous sommes conscients de l’importance primordiale de l’auto-évaluation qui nous est demandée en préalable à la visite des experts. En effet, cet exercice est extrêmement informatif. Il demande, de la part des membres de l’Institution et surtout de la part des membres de la Commission d’Evaluation: EvalUlg, un travail considérable qui, s’il est effectué en profondeur et sans pudeur inutile — et c’est le cas — permet de révéler toutes les forces et les faiblesses de l’Université, de dégager des lignes stratégiques institutionnelles, de corriger des aberrations et de combler des lacunes. Ce rapport préliminaire constitue le socle dont va dépendre l’ensemble de l’évaluation. Il doit être réaliste, analytique et objectif et faire l’objet d’une réflexion collective, bien dans l’esprit de collégialité que je souhaite insuffler à l’ULg.

A cet égard, je désire féliciter et remercier chaleureusement tous les membres de la Commission présidée aussi magistralement que courtoisement par le Professeur Freddy Coignoul, qui travaillent d’arrache-pied à la rédaction du rapport d’auto-évaluation. Celui-ci deviendra pour nous une référence d’une qualité exceptionnelle. Ils n’ont pas ménagé leurs efforts, se rencontrant chaque semaine depuis le mois de septembre (après quelques rencontres en juin) et prenant tous en charge des chapitres de cette rédaction, recevant des invités pour les familiariser avec des aspects moins connus. La rigueur et la persévérance dont cette commission a fait preuve jusqu’ici — et ce n’est pas terminé! — sont tout simplement exemplaires.

Pour qu’une évaluation institutionnelle de cette ampleur soit de qualité et réellement utile, plusieurs conditions doivent être remplies, dont deux sont primordiales:
(1) le soutien ferme et inconditionnel des Autorités de l’Université et en particulier celui du Recteur;
(2) une transparence totale de la procédure et des conclusions vis-à-vis de la communauté universitaire.

C’est pourquoi j’ai décidé:
- de faire moi-même partie de la Commission et de participer à la totalité de ses travaux, dans la mesure de mes disponibilités, en plus du Vice-recteur, de l’Administrateur et du Directeur général;
- de mettre à la disposition de la Commission tous les moyens financiers, logistiques et de personnel dont elle pourrait avoir besoin;
- d’offrir à la commission un accès illimité à tous les documents, archives et dossiers divers qu’elle souhaiterait consulter;
- d’accorder à la Commission la primeur des intentions que je puis avoir pour l’Institution, en accord avec le Vice-recteur et le Collège rectoral;
- de publier largement et in extenso tous les documents: le rapport d’auto-évaluation, les rapports intermédiaires ainsi que le rapport final de l’audit lorsqu’il sera disponible. C’est là d’ailleurs l’utilité principale et le rôle du site web qui sera bientôt ouvert par EvalUlg.

Enfin, je désire rassurer la Communauté universitaire sur le caractère constructif de toute cette opération et lever toute crainte que chacun pourrait avoir sur ses conséquences à titre individuel. Il n’est point question de sanctionner ni réprimer, mais d’examiner sereinement une situation actuelle, par ailleurs en perpétuelle évolution, et d’en tirer des conclusions pour une amélioration de notre fonctionnement, de nos objectifs et des moyens que nous y consacrons. Bien sûr, il faudra mettre en œuvre des changements qui nous permettront de corriger nos manquements et nos défaillances, mais nous pourrons aussi accorder un soutien accru aux initiatives qui auront reçu une appréciation favorable. Je vois cet événement comme une étape très positive dans notre développement collectif et également comme un véritable incitant pour le travail de chacun.

Au delà de cet événement ponctuel, je souhaite ardemment que notre institution s’inscrive dans un processus d’évaluation permanente et acquière une véritable culture de la qualité. Bien sûr, le terme de qualité ne doit pas être compris ici comme celui d’excellence académique — cette culture-là, nous l’avons depuis toujours — mais de qualité au sens où ce mot est entendu dans le monde actuel où la rigueur et la fiabilité, où une garantie de constance et de reproductibilité sont attendues de tous les professionnels quel que soit leur domaine d’activité. Il n’y a aucune raison que l’Université échappe à cette demande universelle. Sans verser dans les normes ISO, il demeure que nos partenaires universitaires, institutionnels ou industriels, nos bailleurs de fonds les plus divers, les parents de nos étudiants et nos étudiants eux-mêmes, sont en droit d’attendre de nous que nous offrions un service dont la constance de qualité est garantie et répond à des normes strictes que nous annonçons et respectons tous. Ce principe du « on fait exactement ce qu’on dit et on dit exactement ce qu’on fait » doit prévaloir chez nous, pénétrer nos mentalités et devenir une règle incontournable dans toutes nos actions.

Ce n’est qu’avec cette tournure d’esprit, le courage de l’autocritique et l’acceptation de la critique, le respect strict de nos propres règles et engagements et une réelle volonté d’amélioration que nous ferons de notre Université une institution respectable et respectée, par la qualité de nos actes bien plus que par l’auto-proclamation de notre grandeur.

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