dim 19 fév 2006
En lisant le 15e Jour de février, on pourrait croire aujourd’hui que notre institution navigue un peu rapidement dans le brouillard, sans visibilité et d’aucuns ne manquent pas de s’en inquiéter. Nous manquerions apparemment d’idées directrices, d’objectifs clairs et bien définis, d’un schéma directeur précis. Nous créerions trop de structures de décision nouvelles dont les missions seraient imprécises. Nous risquerions un dangereux émiettement des pouvoirs.
Le seul fait que ces questions soient posées est intéressant et démontre que, quel que soit l’effort de transparence et d’information, les messages ne passent que très incomplètement.
Je vais donc tenter ici de reprendre les points forts de la politique que nous entendons mettre sur pied et que nous avons déjà entreprise, et tâcher de les rendre plus clairs encore.
1. Une vision ?
En premier lieu, avons-nous des idées directrices, des objectifs définis et un schéma directeur ?
Bien sûr que oui. Ce serait de la pure folie que d’en manquer.
Nous voulons que notre Université continue à rayonner dans son environnement car elle est devenue incontestablement l’atout majeur du redéploiement régional.
Dans ce cadre, elle joue un rôle essentiel dans l’enseignement et la formation des jeunes et elle devrait se positionner clairement dans la formation continuée des adultes.
Un élément clair de la politique institutionnelle est l’élargissement d’une image globalisée de l’offre d’enseignement supérieur dans le Sud-Est de la Belgique. Pour atteindre cet objectif, l’alliance du Pôle Mosan et celle de l’Académie Universitaire Wallonie-Europe sont des outils de première importance, des priorités institutionnelles.
Dans ce même cadre, l’ULg participe au développement économique régional par son apport en progrès scientifiques et technologiques innovateurs, par la création de pôles académico-industriels, par ses accords de partenariat avec les entreprises et par la création d’activités nouvelles génératrices d’emplois. L’essaimage de sociétés nées de l’Université participe à cet objectif. Le concours innovateur de l’ULg au redéploiement régional constitue une priorité institutionnelle.
Nous voulons que notre université ait un rayonnement plus international et prenne une dimension qui dépasse le cadre étriqué de notre Communauté. Une alliance avec les universités de l’Euregio constitue une première étape indispensable et, en pratique, en premier lieu avec l’Université de Maastricht (UM) avec laquelle nous avons, depuis le 6 juillet 2004, un accord cadre global impliquant 5 de nos facultés. Une intensification de notre collaboration avec l’UM constitue une priorité institutionnelle. L’objectif, à terme de 10 ans au maximum, plus rapidement si possible, est la création d’une grande université internationale de Liège-Maastricht, la première du genre, reconnue comme université européenne par l’Europe elle-même. Nous sommes sur la bonne voie et le processus, déclaré prioritaire par les autorités des deux institutions, devrait s’accélérer rapidement. Outre la bonne volonté et la motivation de tous, cette opération nécessite une bien meilleure pratique de la langue anglaise à Liège. L’attractivité de l’ensemble, dont bénéficie l’UM qui accueille énormément d’étudiants étrangers et particulièrement des allemands qui recherchent une formation en anglais, est à ce prix. L’effort en langues et spécialement en anglais ne vise pas tant à ce que nos cours se donnent en anglais, mais à ce que nous puissions accueillir des enseignants de grande valeur et de prestige international qui donneront leurs cours en anglais et devront être compris par nos étudiants. Cet effort tend également à une meilleure compréhension, un meilleur dialogue et une meilleure communication avec nos partenaires de l’UM.
La connaissance minimale de l’anglais permettant la conversation et l’échange d’idées est requise dans une université comme la nôtre et constitue, pour tout le personnel et les étudiants, une nécessité, donc une priorité institutionnelle.
Nous voulons que notre Université continue à assurer son rôle d’institution publique, pluraliste et complète.
Son existence-même et notre vigilance à préserver ses idéaux garantissent les deux premiers objectifs. Le troisième est de plus en plus menacé et l’objectivité nous force à admettre que nous ne sommes plus raisonnablement capables, faute de moyens financiers, d’en assurer la pérennité.
Le seul moyen d’y parvenir est la constitution d’alliances et, à travers celles-ci, la possibilité de maintenir l’universalité de l’offre sans avoir à l’organiser dans sa totalité chez nous. Pour cela, des accords avec les autres universités belges sont indispensables, mais il faut aussi tourner les yeux vers les universités de pays voisins, voire plus loin encore, et établir des consortiums au sein desquels nos étudiants et les étudiants des autres régions impliquées trouveront un large spectre de formations en allant chercher, dans un système parfaitement organisé, les enseignements et l’expertise dont ils ont besoin là où ils se trouvent.
La collaboration avec les institutions de l’Euregio et de la Grande Région Sarre-Lorraine-Luxembourg-Rhénanie Palatinat-Wallonie est une priorité institutionnelle.
A cette priorité urgente, j’ajouterai celle de notre collaboration avec l’Université de Sherbrooke au Québec, qui doit s’intensifier malgré la distance et l’océan qui nous sépare.
Nous voulons que notre Université rayonne dans le monde entier et qu’elle le fasse à travers la collaboration internationale. Mais là aussi, qui trop embrasse mal étreint, et nous devons définir nos priorités. Ce sera le rôle de la Cellule des Relations Internationale nouvelle formule dont la structure devrait être soumise au C.A. en mars prochain. Toutefois, certains axes ont déjà été définis : Pays européens, Québec, Brésil, Equateur, Tunisie, Vietnam, Afrique du Sud et République Démocratique du Congo (Lubumbashi en particulier). Des relations avec les autres pays restent souhaitables, mais la collaboration avec les pays mentionnés constitue une priorité institutionnelle.
Enfin, notre institution se différencie des autres universités de la CFWB par la présence d’une faculté de Médecine vétérinaire dont la réputation n’est plus à faire mais qui a été très menacée ces dernières années par la difficulté de parer à des circonstances extraordinaires liées à l’afflux d’étudiants étrangers. En particulier, la menace est grande de voir la faculté perdre son accréditation européenne. Cette difficulté a dû être affrontée par l’ULg seule, qui n’a pas reçu de soutien significatif pour le faire. Les mesures actuellement envisagées pourront régler partiellement le problème mais en réduisant le nombre d’étudiants par des mesures d’exclusion, à une époque et dans un contexte où nous prônons l’ouverture européenne, l’accueil des étrangers et la mobilité estudiantine dans l’esprit du processus de Bologne. On ne peut manquer de penser que le Gouvernement de la CFWB laisse ainsi s’échapper une opportunité de faire de sa faculté de Médecine vétérinaire le plus grand et le plus prestigieux centre européen de formation dans ce domaine. Le soutien à la faculté de Médecine vétérinaire de l’ULg est une priorité institutionnelle.
Dans la même logique, HEC-Ecole de Gestion de l’ULg mérite une attention particulière en vue d’obtenir son accréditation EQUIS, convoitée par toutes les grandes écoles de gestion européennes.
Voici donc énumérées, les priorités institutionnelles telles que définies aujourd’hui. Il en viendra d’autres, compatibles avec celles-ci et les renforçant. En particulier, des priorités à définir concernant l’enseignement et ses méthodes, la recherche et ses moyens, l’attractivité de l’ULg par des caractéristiques spécifiques à mettre en exergue, le bien-être de ses membres et de ses étudiants, etc.
Des moyens organisationnels ?
Les diverses structures consultatives que nous avons mises en place constituent-elles un émiettement du pouvoir ?
Bien sûr que non. Il serait irresponsable de vouloir ainsi disperser les niveaux décisionnels de l’Institution.
Le Conseil d’administration est l’organe de décision — et le seul — de l’Institution. Aucune autre instance ne décide quoi que ce soit sinon par délégation de ce Conseil. Il délègue ainsi au Recteur une partie de ses pouvoirs en rapport avec la gestion courante et la prise de décision immédiate, dans des limites strictement définies par la loi et par règlement interne. Il confie des missions à l’Administrateur, qui est chargé de la coordination de l’exécution des décisions. Le « pouvoir » du Recteur réside en ces délégations et surtout en sa présidence légale du C.A., qui lui permet de déterminer l’ordre du jour des réunions et d’en mener les débats.
Le Collège rectoral, constitué de 7 conseillers, tous professeurs, entoure le Recteur et le Vice-Recteur. L’Administrateur et le Directeur général sont invités à ses réunions. Le rôle des conseillers est simple à comprendre. Il leur est demandé d’éclairer les Autorités sur un certain nombre de matières, en utilisant toutes les ressources disponibles, principalement les ressources administratives, de préparer des dossiers qui doivent nourrir la réflexion sur des options stratégiques et conduire à la prise de décision. Ces dossiers sont débattus au Collège et peuvent subir diverses itérations avant d’être finalement adoptés par le Recteur et proposés au Conseil d’administration. Selon l’ampleur du sujet et la relation ou l’impact qu’ils peuvent avoir sur la vie facultaire, ces dossiers peuvent être soumis au Conseil des Doyens préalablement à leur passage au C.A.
Des exemples de dossiers ? La réforme du Conseil de la recherche et de sa procédure de nomination, la structuration d’une Cellule des relations internationales, l’élaboration d’un grand « projet pour l’ULg », la création d’un observatoire de l’enseignement, l’élaboration d’un plan financier respectueux des nécessités académiques, le développement de l’Université sur son domaine au Sart Tilman et en ville et la politique de mobilité par transport public ou privé, la lutte contre le tabagisme et l’alcoolisme, la prévention des maladies cardio-vasculaires chez les étudiants et le personnel, etc. Certains de ces dossiers ont déjà abouti à des décisions du C.A., les autres sont prévus à l’ordre du jour de prochaines séances. A ce moment, il sera plus clair qu’ils sont élaborés dans le cadre des grands objectifs que j’ai définis plus haut.
A aucun moment, les Conseillers ne disposent d’un pouvoir de décision. Ils ont un pouvoir d’avis et de conseil et débattent avec les Autorités des moyens pour atteindre les objectifs.
Il n’y a donc aucune dilution du pouvoir rectoral, qui reste en fait le pouvoir du C.A. dont le Recteur est président, par une quelconque délégation aux Conseillers. Leur influence est manifeste et elle est voulue. C’est pour cette raison qu’il est important que, si leur désignation est approuvée par le C.A., et c’est bien normal, ils doivent être choisis par le Recteur qui s’entoure ainsi de personnalités auxquelles il fait confiance et qu’il juge apte à exercer ces fonctions. Ce choix est rendu légitime par le C.A., mais reste et doit rester celui du Recteur.
Le Conseil des Doyens, organe informel créé il y a quelques années, est maintenant devenu un organe officiel. On pourrait dire qu’il s’agit là d’une couche nouvelle ajoutée à l’ensemble des lieux de décision mais il n’en est rien. Le Conseil des Doyens est l’organe qui permet au Recteur de percevoir le pouls des facultés, leur avis, sur les diverses options à prendre. C’est aussi le lieu où se décident les grands équilibres facultaires, l’endroit et le moment où les Doyens apprennent à se connaître et à vivre dans une meilleure compréhension et un meilleur respect les uns des autres. C’est le lien entre les facultés. Il fallait officialiser ce Conseil, fixer la fréquence de ses réunions et en faire un passage nécessaire précédant la prise de décision en bien des matières concernant les facultés, donc la plupart des sujets de débat de l’Institution.
Le Collège des Directeurs a pour rôle de coordonner et d’harmoniser le fonctionnement des administrations dont la structure est historiquement relativement cloisonnée et dont le décloisonnement ne peut se faire aujourd’hui que par une communication transversale beaucoup plus fluide. Les décisions du C.A. y sont analysées sous l’angle de la mise en pratique avec, à chaque fois, une distribution des rôles et des missions, afin d’assurer une exécution idéale parfaitement coordonnée à tous les niveaux. Tout défaut de communication, tout dysfonctionnement, tout frein à la mise en œuvre y est analysé et les solutions y sont dégagées.
Ce Collège veille à une grande efficacité des diverses administrations et une réelle coordination entre elles ainsi qu’avec l’Administrateur, le Directeur général et le Cabinet du Recteur, au service de la mise en œuvre fidèle et rapide des décisions du C.A., ainsi que de l’exécution des tâches administratives régulières.
Petite réforme complémentaire : j’ai décidé de constituer un Cabinet du Recteur, composé d’un Chef de Cabinet et d’un secrétariat. Le Chef de Cabinet prendra en charge divers aspects de la charge administrative rectorale, supervisera le secrétariat du Recteur et ses relations publiques, intérieures et extérieures et secondera directement le Recteur et le Vice-Recteur dans leurs tâches relationnelles et administratives. Cette nouveauté est la réponse naturelle à l’inflation régulière de la charge rectorale ces dernières années et à l’énormité de ses tâches quotidiennes, tant à l’intérieur de l’Institution qu’au dehors (1). Bien sûr, là aussi, il n’y a pas de délégation de pouvoir, mais un soutien absolument nécessaire dans l’accomplissement de ses missions, dans la préparation minutieuse et dans l’assurance d’un suivi de chaque activité du Recteur — et du Vice-Recteur qui peut être à tout moment amené à le remplacer — ainsi que la coordination et le flux d’informations entre eux.
Le Conseil Général des Etudes et le Conseil de la Recherche se sont vus attribuer des rôles d’avis importants en matière d’enseignement et de recherche. Leurs propositions sont généralement suivies par le C.A., mais le pouvoir de décision appartient à ce dernier. Le futur Observatoire de l’Enseignement aura une mission opérationnelle de veille et sera chargé de documenter le suivi de l’évolution de l’enseignement afin de nourrir objectivement la réflexion en cette matière.
Le Conseil Académique est l’organe de décision lors de l’élection du Recteur, du Vice-Recteur et des Docteurs Honoris Causa. Il est dommage qu’on se limite à cela. Depuis longtemps, il n’a plus été convoqué que pour accomplir ses deux premières missions (tous les 4 ans !), la troisième, plus fréquente, s’accomplissant par correspondance. Je compte bien réunir le Conseil Académique pour communiquer directement avec l’ensemble de mes collègues sur des grands thèmes intéressant l’Institution. Je suis conscient de la difficulté de tenir un débat dans de telles circonstances (nous sommes près de 500 !) mais je pense qu’il est nécessaire de créer, au sein de la Maison, un lieu et un moment où l’on peut se réunir afin d’aborder les grandes réflexions institutionnelles. Je regrette que la loi rende cet organe aussi exclusif. J’envisage de chercher un moyen d’y associer, ne fut-ce qu’en les y invitant, les maîtres et directeurs de recherche du FNRS, voire même tous les membres permanents du personnel scientifique.
Il nous manque encore un forum incluant l’ensemble des membres de l’Institution, quel que soit le corps auquel ils appartiennent, académique, scientifique ou PATO.
Le Comité de pilotage de l’évaluation institutionnelle ou « EvalULg » a été constitué de manière temporaire pour prendre en charge tout le processus d’auto-évaluation de l’ULg dans le cadre de l’évaluation institutionnelle par l’European University Association. Il est constitué d’un éventail très large de représentants de l’Institution qui ont sacrifié un temps important à cette mission ponctuelle. Mon souhait est que ce comité, contrairement à son caractère transitoire originel, assure, avec un rythme moins exigeant bien sûr, un suivi de l’évaluation et se préoccupe de la vigilance nécessaire si l’on veut éviter que ces efforts tombent dans l’oubli.
Le Comité de pilotage du « Projet pour l’ULg » ou « Comité du Projet » sera constitué pour, s’inspirant du rapport d’auto-évaluation, procéder à une enquête détaillée auprès des membres de l’ULg et de milieux extérieurs significatifs, en tirer des conclusions et proposer un projet institutionnel fort et les moyens d’y parvenir. La logique de son interaction avec le Comité EvalULg et avec le Collège rectoral est évidente.
On le voit, aucun de ces collèges, conseils, comités et commissions ne participe à une dispersion du pouvoir décisionnel qui reste de la compétence du rectorat et du C.A, ce qui est, je pense, une bonne chose sur le plan du fonctionnement de l’Institution, et souligne l’importance de l’enjeu de l’élection rectorale et le caractère obsolète de la soi-disant absence de candidats et de programme électoral.
Mais ces instances multiples ne sont pas nées par hasard, ni pour créer un écran de fumée ou réduire le pouvoir du C.A. Elles ont pour vocation de prendre la température de l’Institution et de faire en sorte que les décisions finales soient prises après consultation aussi large que possible. Elles jouent également un rôle important dans le processus de mise au courant et de transmission de l’information au plus grand nombre, pour atteindre une très grande transparence dans la gouvernance de l’Université.
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(1) Le Recteur préside le Conseil d’administration de l’Université. A ce titre, il établit l’ordre du jour de chaque séance du C.A. qui comporte généralement entre 30 et 45 points. Il y présente les dossier et dirige les débats. A ce titre, aucun sujet concernant l’Université ne doit lui être étranger. Il préside également le Bureau exécutif du C.A. et y exerce les mêmes fonctions. Il préside le pôle Mosan, préside ou vice-préside alternativement l’Académie Wallonie-Europe. Il préside de nombreuses commissions et conseils au sein de l’Institution, comme les différents collèges et conseils dont il est question ci-dessus. Il est membre du CReF, du CIUF et du C.A. du FNRS et préside, en tournante annuelle avec ses homologues des deux autres universités complètes, l’une de ces trois instances (actuellement, je préside le FNRS). Il est membre du Conseil régional de la Politique Scientifique et de nombreux organes régionaux, communautaires et fédéraux, il pilote la représentation universitaire dans des commissions de coopération avec la Ville de Liège, la Province de Liège, la Province de Luxembourg. Il représente l’Institution dans toutes ses activités protocolaires de relations publiques, lors des réceptions de personnalités universitaires, politiques ou culturelles belges ou étrangères. Il la représente également à l’extérieur lors de visites auprès d’universités belges ou étrangères. Il mène les négociations de l’ULg avec les autres universités et avec les Hautes Ecoles. Il est la voix officielle de l’Institution auprès des media. Il accueille et procède à l’ouverture ou à la clôture de nombreux colloques et réunions d’envergure au sein de l’Institution. Il préside l’Interface ainsi que le C.A. de diverses sociétés liées à l’ULg telles que Gesval s.a. ou SpinVenture s.a. et de diverses asbl. En dehors des conseils, il rencontre souvent les Doyens de faculté et de nombreux collègues. Son agenda de rendez-vous individuels ou en petits groupes est très chargé, en raison du nombre de personnes qui, dans l’Institution ou au dehors, souhaitent le rencontrer et ces entrevues nécessitent généralement toutes un suivi. Il est sollicité pour s’exprimer plusieurs fois par semaine dans d’innombrables cercles, associations et groupement divers.
Il peut être remplacé par le Vice-Recteur dans chacune de ces tâches.
Monsieur le Recteur,
C’est toujours avec beaucoup d’intérêt que je m’attarde sur les informations qu’au travers de votre blog, vous diffusez au sein de la communauté universitaire. Le principe de base de ce nouveau système de communication est bien entendu qu’il suppose la genèse de réactions diverses, la lumière ne pouvant finalement naître que du choc des contraires.
C’est donc en toute liberté académique que je me permets de réagir à l’un des passages « chauds » qu’il comporte, à savoir celui relatif à la faculté de médecine vétérinaire.
La lecture des 179 mots que comporte ce passage soulève interrogation, inquiétude et amertume.
Interrogation tout d’abord puisque vous écrivez « …qui a été très menacée… ». J’ignorais que l’avenir s’annonçait meilleur que le présent. Cela ne semble pas être le cas si j’en crois tout au moins les échos de l’entrevue récente de notre doyen avec Mme Simonet.
Inquiétude ensuite puisqu’en effet, à vous lire, on a l’impression que vous n’adhérez pas aux mesures « d’exclusion » prises par la ministre (entendez le quota de 30 % d’étudiants français). Or, on sait bien les conséquences que ce choix politicien va malgré tout avoir sur le nombre d’étudiants en médecine vétérinaire au cours des prochaines années. De toutes manières, il me semble que l’on va d’exclusion en exclusion, le concours est une forme d’exclusion, permettre l’accès à une formation à un trop grand nombre d’étudiants sans donner à, ceux qui sont les seuls à l’organiser en CFW, les moyens matériels et humains de le faire est une autre forme d’exclusion d’accès à un enseignement pratique de qualité. Je vous rejoins quand vous faites état de votre manque de soutien significatif de la part je suppose des autres établissements d’enseignement supérieur. Ce particularisme supplémentaire de notre communauté française (4 institutions offrent la possibilité de suivre les enseignements de baccalauréat mais une seule ceux de maîtrise) n’est pas de nature à faciliter ni une utilisation optimale des moyens, clientélisme oblige, ni d’ailleurs une organisation étale sur 6 années des contenus de formation.
Amertume enfin. C’est un fait avéré et reconnu. Le personnel de la faculté, qu’il soit académique, scientifique ou technique et administratif, a fait énormément d’efforts de réflexions et mis en place diverses solutions les unes plus astucieuses que les autres pour malgré tout essayer de maintenir un niveau minimal de formations pratiques, théoriques et cliniques. C’est l’ancien président de la commission réforme des doctorats qui se permet de l’écrire. Mais trop c’est trop. On se rend de plus en plus compte de l’inanité de ces efforts non point dans le contexte de l’attribution d’un diplôme mais dans celui plus fondamental de l’organisation d’une formation de qualité. Plus encore, fort de l’horizon qui semblait se dégager, mise en place du concours oblige, fort aussi de la nécessité bien normale de revoir les contenus du cursus de la formation vétérinaire, réponse au plan stratégique institutionnel, notre doyen a créé une commission chargée de la réforme (encore une) des enseignements en médecine vétérinaire. Je fais toujours partie de cette commission. Au sein de notre département des sciences cliniques, j’ai mis en place au travers d’une grille d’analyse des besoins, une réflexion de fond et de forme des divers enseignements qu’il organise. Cette démarche était et notamment conduite par la possibilité d’avoir en doctorats 200 voire 250 étudiants par année. La courbe exponentielle que risque de reprendre dans les années futures le nombre de nos étudiants risque de réduire à néant cette démarche puisqu’elle va se heurter à une inadéquation évidente entre objectifs et moyens. A moins que ….
Le 6 juin 2001, c’était il y a 4 ans déjà (comme le temps passe vite…), j’adressais au CF un message par lequel je lui faisais déjà part de mon inquiétude d’enseignant. J’y rappelais la nécessité de définir des objectifs de formation et de mettre en place des moyens garantissant un apprentissage de qualité à savoir, comme le précisaient en 1994 Nightingale & O’Neil, un savoir qui développerait chez les étudiants les capacités de retenir de manière durable un ensemble de savoirs, d’appréhender des savoirs de manière autonome, d’établir des liens entre ses connaissances antérieures et de nouveaux savoirs, de se créer son propre savoir, d’appliquer ce savoir dans la résolution de problèmes, de communiquer ce savoir à d’autres, de vouloir apprendre de nouveaux savoirs tout au long de sa vie. On peut rêver…Je faisais également mention de notre collègue Javeau qui, en 1998, dans son livre « Masse et impuissance, le désarroi des Universités » écrivait que l’université est « un lieu où des spécialistes de champs divers et variés transmettent à des disciples venus s’inscrire pour cette raison (et non à des clients en quête de tuyaux pour l’emploi) les savoirs à la création desquels ils oeuvrent constamment (ce qui s’appelle la recherche) ». Cette transmission suppose néanmoins le respect de certaines conditions et notamment que « la recherche soit possible en termes financiers, en termes moraux et en terme de temps ; que l’enseignement soit étroitement lié à la recherche, ce qui implique que les tâches qu’il comporte ne soient pas trop encombrantes ni alourdies par des contraintes bureaucratiques ; et enfin que le cadre matériel et intellectuel des études soit engageant, convenablement géré et protégé des querelles administratives ».
« L’acte d’apprendre est en effet plus une construction qu’une transmission, nécessite des interactions humaines, est un acte social qui s’inscrit dans un contexte, inspire la décision et l’action, est enfin porté par un projet qui lui donne un sens. Les connaissances ne sont pas des objets à exhiber pour dominer l’autre mais des instruments au service de la formation d’autrui ». Il est vraisemblable que la majorité des enseignants de notre faculté s’inscrivent en droite ligne dans l’objectif une fois encore rappelé par le recteur après sa récente réélection à savoir : « atteindre un niveau d’excellence dans l’enseignement mais … sans espérer une augmentation des moyens pour y parvenir ». Aussi il nous semble que le choix est clair quoique cornélien : ou bien nous continuons d’assurer notre fonction administrative, dispenser des diplômes ou bien nous nous donnons les moyens pour assurer une formation universitaire digne de ce nom à ceux qui, à tort ou à raison, nous ont et nous feront confiance. De toute manière, on ne peut pas se contenter de ne pas agir ni de tolérer plus longtemps un statut quo sous peine de se voir reprocher cette inaction dans les prochaines années par d’innombrables futurs vétérinaires. Il est vrai que diverses actions ont déjà été entreprises. Les contacts se sont multipliés aux divers niveaux académiques, politiques et professionnels. Des lettres ouvertes ont été rédigées. L’université a consenti un réel effort financier pour notre faculté. Cependant, force est de reconnaître qu’à ce jour ces efforts risquent de rester vains, c’est-à-dire sans effets à long terme car il est impossible d’associer quantité et qualité. Aussi, nous semble-t-il indispensable de poursuivre notre réflexion pour réformer le contenu et le contenant de nos études de médecine vétérinaire mais aussi et de manière plus urgente pour mettre en place une politique visant à réduire le nombre d’étudiants inscrits dans notre faculté et de se donner les moyens de pression pour y arriver. Dans l’un et l’autre cas, il y va de notre crédibilité académique.
Ces phrases ont été écrites il y a bientôt 5 ans. Les relisant aujourd’hui, il me semble une fois encore que l’histoire est un éternel recommencement.
Un blog ne peut être un mur des lamentations. Liège n’est pas Jérusalem.
L’interrogation inquiète et amère dont j’ai fait état peut et doit céder la place à davantage de positivité. Les raisons existent. Vous avez mentionné que le soutien à la faculté de médecine vétérinaire était une priorité institutionnelle. L’écrire c’est bien mais en expliciter les moyens serait mieux encore. Par ailleurs, il est vrai que la faculté peut compter sur des enseignants de qualité et motivés. Mais comment leur donner les conditions honorables d’assurer leurs responsabilités ? L’ouverture aux autres au travers des échanges Erasmus et la collaboration internationale Est-Ouest mais aussi Nord Sud est attractive et doit être encouragée mais comment organiser une meilleure répartition des tâches et de leur valorisation ?
J’ai pris plaisir Monsieur le Recteur à vous adresser ces quelques lignes. J’espère vous le voir partager en me répondant. Je vous adresse Monsieur le Recteur l’expression de mes sentiments les meilleurs.
Sursum corda.
Christian Hanzen
Commentaire de Christian Hanzen, le 24 fév 2006 à 8:27« J’ignorais que l’avenir s’annonçait meilleur que le présent. »
Pour ma part, j’ai coutume de considérer que l’avenir est meilleur que le présent! Sinon, la vie serait déprimante!
Plus sérieusement, je pense que nous allons vivre des périodes plus calmes, même si, avec l’arrêt du concours, on s’attend à un nouvel afflux mal contrôlé d’étudiants en Médecine vétérinaire. J’espère que nous avons vécu le pire.
« A vous lire, on a l’impression que vous n’adhérez pas aux mesures « d’exclusion » prises par la ministre (entendez le quota de 30 % d’étudiants français). »
Personnellement, je trouve l’initiative astucieuse et louable.
Mais je ne peux m’empêcher de réprouver les mesures d’exclusion. Je ne puis m’associer aux considérations qui différencient étrangers et belges, même si on utilise la nuance « résident ». Tout, dans mes convictions, réprouve cette distinction dans un contexte d’ouverture européenne. Je comprends les mesures, mais elles ne peuvent me convaincre totalement.
Je n’ai pas parlé de manque de soutien significatif de la part des autres établissements d’enseignement supérieur. Ce dont j’ai parlé, c’est du manque de soutien de notre pouvoir organisateur face à la pléthore.
Je ne comprends pas l’amertume. Je respecte les efforts du personnel de la faculté, académique, scientifique, technique et administratif. Je salue leurs réflexions et leur esprit inventif.
J’ai effectivement dit que le soutien à la faculté de Médecine vétérinaire était une priorité institutionnelle. En exposer la stratégie est effectivement plus complexe. Je ne prétends pas détenir la solution. Je désire seulement qu’on ne laisse pas ce problème dans un tiroir et qu’on s’en occupe. Je suis évidemment prêt à entendre toutes les suggestions de solutions.
Commentaire de Bernard Rentier, le 24 fév 2006 à 21:48Good site… Nice design
Commentaire de century21-xt, le 27 mar 2006 à 16:07