dim 19 mar 2006
En entrant dans la magnifique allée conduisant au Château de Colonster, on ne peut être aujourd’hui que bouleversé par l’affligeant spectacle des ces arbres majestueux abattus en masse.
Malades, sans doute. Dangereux, peut-être, allez savoir.
Soyez gentils, ne me demandez plus pourquoi j’ai ordonné ce massacre ! C’est la décision de professionnels qui ont mesuré tous les tenants et aboutissants de cette opération. Faisons-leur confiance.
Mais quoi qu’il en soit, quelle tristesse…
Consternation… pour le phytopathologue que je suis. M’étant rendu au Sart-tilman tout proche pour y expertiser 3 autres arbres en mai 2006, je suis resté incrédule face à ce carnage dendrologique n’ayant constaté aucune pourriture significative des souches. Les excuses classiques sont avancées pour justifier cet acte radiacal : maladie (?), danger (?),… Ô vilains arbres ! Où peut-ont en trouver les preuves scientifiques de telles allégations ?
Commentaire de FX Carlier, le 9 juin 2006 à 8:45Or, il faut savoir qu’à l’heure actuelle, il existe des outils de diagnostic très performants capables de fournir une véritable « écographie » des troncs pour évaluer les risques de rupture éventuels. Par ailleurs, il existe de multiples alternatives à l’abattage d’alignements entiers. Il est donc regrettable qu’une contre-expertise n’ait pu être envisagée. En attendant, c’est le patrimoine arboré wallon qui se dilapide.
Réponse de Christian Evens, Directeur de l’Administration des Ressources Immobilières :
Monsieur,
Le Recteur m’a transmis votre message que je reproduis ci-dessous, dont la forme et le fond m’étonnent quelque peu.
Ce texte révèle une profonde méconnaissance du fonctionnement de l’Université de Liège et de ses valeurs.
Notre Université est en effet pleinement consciente de la valeur du « patrimoine arboré » du Sart Tilman et deux soucis majeurs et, parfois, contradictoires sont à la base de la gestion des espaces verts du domaine : la conservation du site et la responsabilité. Jamais nous n’abattons « pour le plaisir ». Cela n’aurait pas de sens. C’est toujours après avoir pesé le pour et le contre qu’une telle décision est prise. Elle fait l’objet de débat lors des réunions du Conseil Scientifique des sites et d’une autorisation délivrée par les autorités compétentes. Devant l’évidence, ces dernières
n’ont pas jugé utiles de demander une contre-expertise dans le cas qui nous occupe.
Ainsi, le « carnage » dont vous parlez est l’aboutissement d’une décision prise il y a deux ans par le Conseil scientifique des Sites du Sart Tilman, qui avait constaté l’état sanitaire préoccupant des arbres de la Drève des Erables. La Commission Provinciale des Monuments, Sites et Fouilles avait elle-même attiré l’attention sur le problème un an auparavant.
Un permis d’urbanisme pour l’abattage de 34 sujets regroupés en 3 tronçons (auxquels s’ajoutent quelques sujets isolés présentant problèmes) a été délivré sur avis de la Région Wallonne (Direction des Espaces Verts et Division du Patrimoine), et après consultation de la Commission Royale des Monuments, Sites et Fouilles, du Collège des Bourgmestre et Echevins de la
Ville de Liège et de la Direction Générale des Ressources Naturelles et de l’Environnement. C’est dans le contexte de ce permis qu’il nous a été demandé d’abattre certains sujets sains, dans le cadre de la restauration de la drève. Il s’agit peut-être des souches que vous avez vues…
Comme vous pouvez le constater, ce que vous appelez les « excuses habituelles », balayant ainsi d’avance toute justification sérieuse, sont en fait le résultat de la concertation d’un ensemble de personnes qualifiées qui n’ont aucune envie d’abattre sauvagement des arbres pour le plaisir.
Vous pouvez consulter utilement la page d’information qui a été diffusée au sujet de la restauration de la drève sur le site de l’Université, à l’adresse http://www.ulg.ac.be/ari/news/drevedeserables.html
Pour terminer, je me permets de m’étonner de votre remarque concernant les échographies des troncs. C’est en effet à la demande de l’Administration des Ressources Immobilières de l’Université de Liège que vous avez été envoyé en mission par votre société en mai 2006 pour l’expertise de trois hêtres.
Cette seule constatation devrait suffire à démontrer que nous utilisons les possibilités techniques les plus récentes pour appuyer et justifier nos décisions en cas de besoin.
Bien à vous,
Christian EVENS
Commentaire de Bernard Rentier, le 12 juin 2006 à 21:21