Au moment précis où chacun appelle l’innovation et la créativité au secours de l’économie et de la vie sociale, le FNRS voit son financement réduit par le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB). La saignée se monte à 12 millions d’€, soit près de 10% des moyens du fonds. Il s’agit là d’une catastrophe sans précédent en 84 ans d’activité du Fonds, témoignant d’une profonde incompréhension du principe qui veut que la recherche soit le dernier domaine auquel il faut appliquer de l’austérité en période de crise. Certes, il est normal qu’une politique gouvernementale veille à appliquer l’austérité à tous, de manière équitable. Mais là n’est pas la question. Plus encore que le souci des chercheurs pour leur emploi, pour leur avenir, le cri que pousse aujourd’hui le FNRS n’a rien a voir avec un réflexe corporatiste que ferait des chercheurs des citoyens à part. Il rappelle en réalité ce que chacun devrait savoir: la recherche scientifique, et en particulier la recherche fondamentale, dans quelque domaine que ce soit, est le socle sur lequel la relance repose entièrement.

Face à cette amputation, plus importante que la récolte de fonds du Télévie, le Conseil d’Administration du FRS-FNRS a choisi de ne pas privilégier la voie pourtant prudente qui consisterait, pour la première fois de son histoire, à n’accorder aucun mandat de chercheur cette année (ce qui compenserait 11 des 12 millions de reduction) mais plutôt de répartir le choc sur l’ensemble des mesures dont il a la charge. Moins douloureuse mais plus risquée, cette solution va certainement estomper le caractère dévastateur de la mesure. Néanmoins, elle fera mal un peu partout, au niveau des mandats, qu’il faudra bien réduire d’une trentaine d’unités, des crédits de fonctionnement, des bourses de recherche, du soutien au retour de nos chercheurs actuellement à l’étranger, des fonds d’équipement…

L’avenir et la qualité de la recherche fondamentale belge francophone sont plus sérieusement menacés qu’ils ne l’ont jamais été. Il est devenu indispensable que les citoyens de la FWB en prennent conscience et réalisent que l’émotion ne concerne pas que les chercheurs, mais qu’elle doit être partagée par tous ceux qui comprennent que c’est l’avenir de notre société en ce qu’elle a de meilleur qui risque d’être compromis.

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Le communiqué du C.A. du FRS-FNRS:

Un Conseil d’Administration de crise au F.R.S.-FNRS ce vendredi 27 avril 2012

Chaque année, le Conseil d’Administration du F.R.S.-FNRS détermine, dans le courant du mois d’avril, les montants qu’il pourra consacrer au financement de chacun des instruments (mandats, fonctionnement, projets, équipements, etc.) qui financent une large part de la recherche fondamentale en Fédération Wallonie-Bruxelles.
Ce financement tient compte des engagements pris antérieurement (notamment en raison d’engagements pluriannuels qui caractérisent la plupart des mandats et projets octroyés), mais aussi des prévisions que l’on peut raisonnablement faire quant à un financement stable de la recherche en Fédération Wallonie-Bruxelles.

Or, cette année, la situation s’est vue compliquée par deux décisions récentes du Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, l’une d’ordre structurel, l’autre d’ordre budgétaire.

D’une part, la création d’un « Fonds » distinct et destiné à la recherche en Sciences humaines et sociales — demande répétée du FNRS depuis plusieurs années — s’est opérée, non pas par accroissement du budget de la recherche, mais par transfert interne au sein même du budget du FNRS. Cette décision a eu pour effet de réduire le volume du financement disponible pour les instruments « traditionnels » du FNRS. Cette diminution n’a pu être entièrement compensée par un apport nouveau du Fonds de la recherche de la Région wallonne et plus de 5,2 millions d’euros restent à trouver, à la fois pour les dépenses engagées sur le budget 2012 et pour les nouveaux projets.

D’autre part, en prévision d’une croissance inférieure à 0.10%, le Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a souhaité constituer une « réserve » en réduisant de 3.8% les crédits facultatifs qui, dans le cas du FNRS et de ses fonds associés, s’élèvent à quelque 60 M€ par an. Cette réduction est d’autant plus difficile à rencontrer qu’elle impacte le financement de nombreux mandats pluriannuels, voire à durée indéterminée, et vient s’ajouter à une autre difficulté, que le FNRS connaît depuis plusieurs années déjà. Ces mandats connaissent en effet une indexation salariale qui n’est pas entièrement compensée par l’accroissement de la subvention des pouvoirs publics.

Alors que la Communauté française avait entamé un refinancement substantiel du FNRS et de ses fonds associés à partir de 2003, cet écart entre l’indexation des salaires et celle de la subvention est tel que l’on enregistre une baisse de presque 10% de la subvention à euro constant sur les dernières années.

Aussi, si la situation s’avère délicate en temps normal, elle devient catastrophique dès lors que cette subvention, en plus de ne pas suivre l’évolution des salaires, est de surcroît réduite du fait d’une décision gouvernementale.

Si l’on cumule ainsi la réduction des sommes disponibles pour le financement des instruments traditionnels (suite à la diminution de certaines lignes budgétaires du FNRS pour la création d’un nouveau Fonds) et une diminution d’une part significative de la subvention du FNRS, c’est alors une coupe de 12 millions d’euros que le Conseil d’Administration a dû se résigner à faire subir au volume du financement de ses appels à crédits, projets et mandats en 2012, par rapport à ceux lancés en 2011.

Le Conseil d’Administration n’a pas souhaité suivre l’option la plus prudente, qui aurait consisté à ne pas octroyer de nouveaux mandats de chercheurs en 2012. Une telle décision aurait atteint au cœur le dynamisme de la recherche en Fédération Wallonie-Bruxelles. Ce sont les crédits et projets qui subiront le plus grand choc (38% de la réduction) en voyant la libération des sommes octroyées en 2012 reportée de 6 mois pour les projets, de manière à maintenir approximativement le même niveau de fonctionnement cette année. Mais tous les autres instruments subiront également une diminution de leur volume de financement, y compris les mandats de chercheurs (8,5% de la réduction, ce qui correspond au même pourcentage de réduction de la masse financière disponible). Concrètement, c’est une petite trentaine de mandats en moins pour l’appel 2012.

Le financement de la recherche en physique des particules, l’un des fleurons de la Fédération Wallonie-Bruxelles, se voit réduit, quant à lui, de 50% par rapport à 2011 (ceci correspondant à environ 8,5% de l’effort de réduction du financement global).

Cette situation doit attirer l’attention de la communauté des chercheurs, tout comme de l’ensemble de la population, sur le danger qu’encourt notre recherche fondamentale si l’on ne veille pas à restaurer au plus vite deux conditions essentielles au maintien de sa qualité : un niveau de financement réel au moins stable et la plus grande souplesse de décision pour le Conseil d’Administration. La recherche fondamentale constitue, en temps de crise, un élément de relance indispensable sur le long terme. Réduire son financement, c’est compromettre son avenir. Un avenir dont la gestion doit être la plus souple et la plus autonome possible, car qui mieux que le monde scientifique lui-même peut tenter de répondre aux besoins essentiels de la recherche fondamentale, surtout quand on lui impose des réductions budgétaires qui en compromettent le bon fonctionnement ?

La démission évoquée dans le billet précédent et la discussion qui s’en est suivie ont eu des rebondissements. On se souviendra que j’avais formé le vœu qu’il en soit ainsi. Je renonçais à modérer le débat, faute de temps, mais je souhaitais qu’il se prolonge, car le questionnement qui était formulé me semblait important.

Aujourd’hui, on voit surgir plusieurs manifestations de résistance à l’accélération d’un processus que certains identifient comme une « marchandisation » de l’Université en général, à tout le moins une dérive irrépressible vers un utilitarisme excessif.
D’autres ne partagent pas cet avis et pensent qu’il faut faire preuve de réalisme et permettre à l’Université de trouver dans le monde des affaires et dans les entreprises une opportunité de financement qui compense le flagrant sous-financement public.
On peut encore relever, dans une troisième catégorie, ceux qui pensent que, même si les collaborations avec le monde extérieur n’avaient pas de vocation lucrative, elles présenteraient un intérêt certain, en amenant les étudiants à prendre connaissance du milieu où ils évolueront un jour, voire à côtoyer des employeurs potentiels. Il va sans dire que cette revendication suscite une opposition farouche des premiers. Utilitarisme et « employabilité » sont des notions qu’ils réprouvent énergiquement.
Il va de soi qu’un juste milieu est souhaitable. Mais surtout, il me semble évident que l’Université n’est pas homogène, qu’on y trouve des formations très fondamentales, relativement peu orientées vers la préparation à une profession déterminée, mais aussi de formations conduisant tout droit, sauf exception, à une profession bien précise, même si elle comporte des variantes.

• Faut-il faire table rase de la formation qualifiante? Je ne pense pas. Dans beaucoup de domaines, sinon dans tous, il est nécessaire d’acquérir des connaissances de base, parfois relativement poussées, outre la nécessité d’apprendre à apprendre et de se doter d’une grande autonomie dans l’acquisition du savoir.

• Est-il indécent de s’orienter plus aujourd’hui vers une mesure de l’acquisition de compétences? Je ne pense pas. Certes, une telle mesure peut laisser penser que l’objectif est de se positionner au mieux en termes d’ »employabilité », pour utiliser un vilain néologisme. Mais à bien y réfléchir, l’acquisition de compétences est exactement au cœur de l’apprentissage moderne, en rupture avec l’ingurgitation de connaissances du siècle précédent. Tout est dans la définition des compétences et dans l’usage que l’on souhaite en faire.

Après l’appel à la « désexcellence » de chercheurs de l’ULB et l’apologie de la « Slow Science » est apparu la semaine dernière un manifeste lancé par le « Collectif Université en Débat », lancé au niveau européen francophone, et qui réclame des universités un retour aux valeurs fondamentales de l’enseignement supérieur afin de se hisser à la hauteur de leurs missions. L’appel s’adresse aussi aux gouvernements car il est évident que ce retour, ainsi que le coup de frein drastique que cela implique par rapport à la course à l’étudiant, aux publications et aux subventions — qui toutes distraient l’enseignant-chercheur de ses vraies missions — nécessitent une révision complète du financement des universités. Personnellement, je l’ai souvent affirmé, je suis favorable à cette vision et, comme chaque fois, je réplique à nos dirigeants politiques que l’excuse du « il n’y a plus de sous » est une mauvaise excuse, le tout étant une question de priorités. Non pas la priorité de celui qui se fait le plus entendre, mais la priorité, dans nos pays, de la formation la plus complète possible. La valeur la plus sûre chez nous est, on le répète depuis des décennies, celle de la matière grise, tout le monde le sait et le répète, sans grand succès cependant.

La question est donc bien posée: doit-on continuer à courir en avant, tête baissée, sans prendre le temps de vérifier quoi que ce soit d’autre que la vitesse relative des « concurrents »? Ou peut-on s’arrêter un peu, réfléchir et se demander si nous sommes dans le bon…?
C’est précisément ce que j’ai prôné (avec des réactions en tous sens!) lors de la journée du 7 décembre dernier. A l’occasion d’une journée de grève syndicale de solidarité avec les travailleurs d’Arcelor-Mittal à Liège, sans appeler à la grève, je proposais une journée d’arrêt de travail à l’ULg en vue d’entamer une réflexion et des débats sur la place de l’Université dans la vie publique. L’idée était bien, comme dans le manifeste, « d’alimenter la réflexion des sociétés sur elles-mêmes, en particulier sur leur modèle de développement ». Par ailleurs, le 3 juin 2007, je publiais sur ce blog un billet intitulé « Oublions les Rankings », tant leur méthodologie était (et est restée) contestable. Néanmoins, aujourd’hui, nous n’avons pas pu nous en débarrasser et toute tentative pour en créer d’autres, plus sérieuses, a échoué. Après tout, c’est sans doute tant mieux, cela n’aurait constitué qu’un pis-aller.
Enfin, quant aux facteurs d’impact et autres fallacieuses mesures de la qualité scientifique, je ne suis pas suspect de ne pas les avoir dénoncés, en particulier dans un article de ce blog en 2008.

Je suis donc bien en phase avec les trois missions décrites dans le manifeste. Ce n’est pas le choix de l’ULg de devenir une instance d’un maximum de production en un minimum de temps, c’est évidemment la contrainte externe. Mais je sais, ce n’est pas une excuse aux yeux des signataires. « L’Université n’a qu’à refuser de poursuivre cette voie ». D’accord, mais en mesure-t-on bien les conséquences? Décider de ne pas jouer la concurrence dans un monde concurrentiel est évidemment suicidaire. A moins de déclarer qu’on n’a pas besoin de moyens, ce qui serait stupide dans une institution dont 80% de l’allocation publique est consacrée aux salaires. On peut, bien sûr, envisager de fonctionner avec moins de personnel, moins d’étudiants, tout en maintenant l’ensemble des orientations d’études possibles… Rapidement, la spirale de la diminution du nombre d’étudiants s’enclencherait, au point de compromettre l’existence même de l’Institution, cela va de soi.

Tout ceci pour dire que, si je suis d’accord sur les prémisses, je pense néanmoins ce n’est pas l’Université qu’il faut réformer en premier lieu, mais les mentalités et le mode de fonctionnement du monde qui nous entoure. C’est donc bien sur un plan politique, et à l’échelle de la planète, que cette réforme s’impose.

Pour autant, j’admets volontiers que l’Université ne peut jouer un rôle séminal dans cette évolution qu’en s’instituant comme le lieu de départ d’une réflexion globale — et c’est tout l’intérêt que je vois dans ce manifeste — plutôt que de se saborder en montrant seule l’exemple du ralentissement. Historiquement, beaucoup de grands bouleversements de société sont nés dans les universités, pour autant que la prise de conscience y ait été suffisamment forte.

NDLA: Ce document a fait l’objet d’amendements signalés en italique dans le texte.

Madame,

Vous m’avez écrit il y a quelques jours une lettre fort intéressante. J’y ai trouvé de nombreux arguments avec lesquels j’étais entièrement d’accord, un certain nombre auxquels je ne pouvais me ranger et également quelques contre-vérités.

Je me préparais donc à vous répondre lorsque je constatai que cette même lettre avait été diffusée à l’ensemble du personnel académique et scientifique de l’ULg, ce qui a créé un « buzz » médiatique sur les réseaux sociaux, dans les blogs un peu partout (en voici un en France…) et dans la presse, pénétré jusque dans les autres universités, ému les syndicats et jeté le trouble dans l’esprit de beaucoup de monde. C’était évidemment votre intention et, à cet égard, c’est un succès. J’apprends en outre que vous donnerez une conférence sur ce même sujet le 8 février prochain en fin de journée aux auditoires de l’Europe. Il se trouve que je suis en faveur du débat d’idées et que cette question précise me préoccupe, c’est donc fort bien. Oubliant ma première réaction face à la discourtoisie du procédé, j’ai décidé de vous répondre tout aussi publiquement que vous m’avez, disons, interpellé.

Le titre du document ne peut laisser indifférent: « Pourquoi je démissionne de l’université après 10 ans d’enseignement ».

Je pensais d’emblée que vous auriez l’honnêteté vis-à-vis de moi et la correction vis-à-vis de vos lecteurs de commencer par mentionner que vous avez depuis quelque temps déjà décidé de quitter Liège pour aller vivre à Marseille, une décision d’ordre familial parfaitement légitime et compréhensible. Fâcheuse omission.

NDLA: Madame Stevens dément cette affirmation, qu’elle considère comme diffamatoire. En effet, son déménagement résulte, assure-t-elle, du climat universitaire qu’elle juge insupportable. Cette décision n’est donc pas dictée par des motifs familiaux.

Qu’en second lieu, vous ayez tenu à profiter de ce départ pour manifester votre déception après dix ans d’enseignement et de recherche à l’université, je peux parfaitement le comprendre, même si je trouve la manœuvre moins épatante, du coup.

Car en effet, si la tromperie, ne fût-ce que partielle, sur la motivation de votre démission est pour le moins inélégante, je n’ai néanmoins aucun doute sur la sincérité de votre analyse. J’aime les gens qui vont au bout de leurs idées. C’est pourquoi je me réjouis de savoir si vous continuerez ou non une carrière académique dans une autre université après avoir démissionné de la nôtre et, dans ce cas, quels auront été vos critères de choix…

NDLA: Je retire les termes utilisés dans la phrase précédente. Madame Stevens assure n’avoir voulu tromper personne et je lui en accorde le crédit, a posteriori.

Sur le plan des détails (mais sont-ce des détails lorsqu’on les érige en principes?), je relèverai quelques erreurs, contre-vérités et incohérences dans votre lettre.

• « La menace de disparition des entités qui ne suivraient pas la course folle de la concurrence mondiale » n’existe, il me semble, que dans votre esprit et doit faire partie de fantasmes souvent remis en avant sans que nous n’en ayons jamais eu l’intention. Tout au plus a-t’on évoqué, il y a une dizaine d’années, un regroupement de petites sections à l’échelle de la Communauté française. L’ULg n’en a jamais supprimé, contrairement aux autres universités « complètes », il faut le lui accorder, et l’idée n’est plus à l’ordre du jour.

• « La frénésie d’évaluations » est certes dérangeante. Le principe de l’évaluation est cependant important, face à l’arrogance de l’universitaire convaincu qu’il sait et convaincu aussi qu’il fait tout bien, son enseignement comme sa recherche. Un peu d’humilité nous amène vite à comprendre l’utilité de l’évaluation. J’admets volontiers qu’évaluer n’est pas chose simple, que la valeur même des évaluateurs et leur ouverture d’esprit ne sont pas garanties et que, donc, l’évaluateur ne sait pas « tout » et ne sait pas forcément « mieux ». Mais tout dépend ce qu’on fait de l’évaluation, à quoi elle sert. En aucun cas chez nous (je défie quiconque de démontrer le contraire) elle ne sert à sanctionner. Elle sert à éclairer. Et si quelqu’un conteste la luminance de cet éclairage, libre à lui/elle. Pour les autres, les indications sont enrichissantes, c’est là tout l’intérêt.

• A propos du classement de Shanghaï, personne ne me contestera d’avoir été le premier (et le seul) recteur à clamer « Oublions les rankings! ». Malheureusement, s’ils restent aussi discutables dans leur fond et dans leur forme, ainsi que dans l’usage qui en est fait, ils continuent à régner et sur ce point, je vous rejoins. Cela dit, il est un peu simpliste d’assimiler dans une même phrase rankings et évaluation institutionnelle. On ne parle pas du tout de la même chose, mais ce serait un peu long de tout réexpliquer ici.

• La fuite des cerveaux que vous observez n’est pas celle que j’observe. Elle n’est pas corroborée par les statistiques les plus objectives. Et puis, certes, on ne s’attend pas à ce que tous ceux qui se risquent à affronter le doctorat le terminent (c’est là la sélectivité de l’épreuve), ni persistent à vouloir rester à l’université. Il n’y a rien là d’anormal. Quant aux « arrivistes à la pensée médiocre », il y en a toujours eu, j’ai même l’impression qu’il y en avait bien plus auparavant… Mais en disant cela, je me fais aussi subjectif que vous, j’éviterai donc de m’y égarer.

• Au moins avez vous la clairvoyance de dire que ces travers que vous dénoncez chez nous, ne nous sont pas spécifiques: « Partout, des collègues confirment les tendances générales ». Il faut en effet, pour changer l’université sans risquer de la saborder, changer le monde dans lequel nous vivons. J’espère que, de là où vous allez, vous pourrez le faire. Plus modestement ici, nous tenterons d’adapter l’université ensuite. Mais que cette remarque ironique ne crée pas de méprise: je suis conscient que c’est aussi des universités que doit partir le cri d’alarme, mais nous avons tous un différent son de voix.

• Le regard que vous portez sur vos collègues est sans complaisance et même féroce. Selon vous, la déliquescence de l’université conduit tout droit à la médiocrité et les recrues que nous accueillons sont de piètre qualité, ce qui vous apparaît comme suicidaire. « Pense-t’on pouvoir encore longtemps contenter le «client» [l'étudiant] en lui proposant des enseignants d’envergure aussi étroite? » dites-vous. Vos collègues apprécieront le «compliment». Mais de mon côté, je vous avoue être choqué par l’insultante arrogance de cette question.

• On retrouve cette arrogance tout au long de votre missive comme, par exemple, lorsque vous dites: « On constate (qui constate?) que toutes les disciplines sont en train de s’appauvrir (ah bon, c’est un fait établi?) parce que les individus les plus ‘efficaces’ qu’elles sélectionnent sont aussi les moins profonds, les plus étroitement spécialisés c’est-à-dire les plus ignorants, les plus incapables de comprendre les enjeux de leurs propres résultats ».

Et bien dites-donc, vous n’avez pas votre pareil pour envoyer par le fond bon nombre de professeurs d’université… Dommage que vos affirmations soient gratuites et qu’elles ne soient étayées par rien de concret. On peut se demander de quel droit vous vous permettez ainsi un jugement péremptoire sur vos collègues, sans savoir, vous qui récusez tout évaluation! Et c’est précisément cette même légèreté qui invalide votre affirmation suivante: « les disciplines à fort potentiel critique, la philosophie ou les sciences sociales […] » , démontrant ainsi la pauvreté de votre sens critique et l’ignorance affligeante dans laquelle vous vous trouvez quant à l’exigence d’esprit critique des autres domaines de la Science et, ne vous en déplaise, des Techniques. Ces préjugés sont consternants et anéantissent la crédibilité de votre argumentation.

Mais venons-en au fond du message lui-même en tâchant d’oublier les affirmations péremptoires, erronées et inutilement offensantes qui émaillent votre propos. Il n’est pas neuf, ce message, mais il n’en est pas moins intéressant. Depuis au moins 200 ans, l’utilitarisme appliqué aux institutions d’enseignement est pointé du doigt par des générations successives de contestataires. Plus récemment, le hasard a voulu que j’aie 20 ans en mai 68, époque où la contestation universitaire atteignait son paroxysme. J’ai donc vécu de longues soirées de débats sur la décadence du système et sur la perversion qu’induisait la société consumériste et utilitariste dans nos formations universitaires et je me suis enflammé pour ces idées. Quand j’ai constaté que la génération qui me suivait manifestait une indifférence, que je jugeais coupable, à ces questions, j’ai été très déçu. Un certain retour, depuis lors, à la remise en question des valeurs de l’enseignement supérieur m’ont rassuré sur ce plan. Et puis, l’utilitarisme a ses défenseurs et le débat est effectivement contradictoire. Mais si je rappelle que ce combat existe depuis fort longtemps et que des générations successives n’ont cessé de le mener, ce n’est pas pour en minimiser l’importance. Je pense sincèrement que la vigilance reste nécessaire.

Si toutefois le problème semble s’être aggravé – ce qui demanderait une vérification objective – c’est peut-être tout simplement en raison de la massification de l’enseignement universitaire. Ce n’est pas en soi une mauvaise chose, car c’est en réalité le reflet d’une démocratisation croissante de l’accès à ces études. Les universités ne sont donc plus des établissements auxquels accède une petite élite de personnes prêtes à se constituer une culture générale et un savoir désintéressé, elles sont devenues depuis longtemps, et il n’y a là rien de malsain, je pense, des lieux de formation en vue d’une accession à un milieu professionnel. 

Je pense toutefois qu’aujourd’hui, le débat n’est plus là. Il reste crucial de savoir à quel point la formation universitaire doit fournir à la société des professionnels ‘prêts à l’emploi’ ou bien des individus aptes à s’adapter aux nécessités changeantes des professions. Là, il y a encore un combat à mener et, personnellement, j’ai la prétention de vouloir le mener, en tentant d’imposer la seconde vision et de résister à la première. Depuis que je m’occupe des affaires universitaires, je m’y emploie. Ce serait mal me rendre justice que de ne pas le reconnaître. Évidemment, on ne peut se contenter d’une formation qui ouvre les esprits et prépare à toutes les éventualités, dans chacune des filières de formation. Pour prendre un exemple qui ne se veut nullement péjoratif et que tout le monde comprendra fort bien, j’imagine mal que l’on puisse diplômer des dentistes qui ne seraient pas capables d’exercer leur profession immédiatement.

C’est donc un double but qu’il faut atteindre aujourd’hui si l’on veut éviter d’une part un utilitarisme abrutissant et d’autre part un élitisme intellectuel exagérément sélectif. Il s’agit de concilier formation spécialisée et ouverture d’esprit. C’est exactement la raison pour laquelle j’insiste depuis fort longtemps pour créer au maximum des percées transversales et interdisciplinaires. Pour y arriver, j’ai même voulu faire disparaître les facultés et recomposer une université avec des filières d’enseignement et des centres de recherche thématiques. J’ai échoué, je le reconnais, et je le regrette tous les jours. Mais voilà, comme vous le dénoncez, il n’est pas simple de lutter contre une forte résistance interne et d’imposer ses idées. Je peux vous confirmer que c’est très difficile, voire impossible, même pour un recteur. Cependant, je ne baisse pas les bras. Je sais qu’un jour, on arrivera à ce genre de décloisonnement salutaire et de formation digne de ce nom, et non plus une déformation ni, pire encore, une conformation. Je sais qu’on dira un jour que j’avais eu raison trop tôt. Maigre satisfaction. Seulement, j’ai décidé de continuer à œuvrer dans ce sens de l’intérieur même des structures dont je conteste l’utilité et que je trouve anachroniques, et donc de ne pas démissionner et retourner à mes chères recherches. C’est ce qui nous différencie. Je vous souhaite de trouver le lieu où vous pourrez, comme vous le dites, « fonder une tout autre institution [...] et faire grandir l’humanité« , lourde tâche…

Toutefois, dans votre cas, je n’ai pas eu vent votre combat jusqu’ici car, contrairement à ce que vous laissez croire dans votre texte, le dialogue n’était pas impossible. Le fait est que vous ne l’avez même pas sollicité, sinon je l’aurais accepté très volontiers. Il n’est donc guère courtois de laisser croire à vos lecteurs qu’à quelqu’occasion que ce soit, je vous ai opposé un refus. Peut-être pensiez-vous qu’un recteur ne pourrait qu’être déjà trop abîmé intellectuellement pour soutenir une discussion sur le sujet ?

Vous avez donc tiré sans sommation, Madame, et il m’est difficile, malgré toute la sympathie que j’ai pour vos idées, de ne pas vous en vouloir. Mais j’en resterai là. Sous d’autres rectorats, votre accès à l’Intranet institutionnel eût été coupé sous prétexte de l’avoir utilisé pour « cracher dans la soupe »… Pas avec moi. Dans mon université que vous décriez tant, au moins, l’expression est libre et elle est encouragée. C’est cette même liberté que j’utilise pour vous dire que je suis déçu par le procédé utilisé et surtout par les écarts à l’honnêteté intellectuelle que vous vous êtes permis, mais que j’apprécie tout autant l’intérêt du débat de fond que vous soulevez. Je puis vous assurer que, même si vous serez désormais loin de notre Maison, je veillerai à ce que ce débat se prolonge de façon active dans un cadre adéquat et ouvert.

NDLA: je retire l’expression « écarts à l’honnêteté intellectuelle », que je considère comme injuste, avec le recul.

Je désire ardemment que mon université reste, devienne ou redevienne (choisissez) un lieu de liberté absolue de la conscience de chacun, et que la confrontation des points de vue joue un rôle moteur dans son évolution.

Je vous souhaite plein succès et bon vent dans un nouvel univers forcément meilleur.

Long discussions concerning the best way to reach full OA for the scientific literature have flourished on the various Internet fora. However, things can also be said simply. This is what Stevan Harnad just did in an advice to the funding agencies:

The bare minimum essentials are to mandate (require) that:
(i) the fundee’s peer-reviewed, revised, accepted final draft
(ii) of every peer-reviewed journal article resulting from [publicly] funded research

must be

(iii) deposited immediately upon acceptance for publication
(iv) in the fundee’s institutional repository.
(v) Access to the deposit must be made gratis OA (online access free for all) immediately (no OA embargo) wherever possible (over 60 % of journals already endorse immediate gratis OA self-archiving).

For details and nuances about what could be encouraged beyond the bare minimum essentials (e.g., no embargo, libre OA, copyright reservation), see this.

I would simply add that funders may also have their own repositories but should harvest the material directly from the IRs, for the sake of standardization and efficiency, and so contribute to the success of individual IRs.

University leaders can also find advice on ID/OA (immediate deposit/optional access) here and on the EOS website.

La journée de réflexion solidaire « Eveil citoyen » du 7 décembre 2011 à l’ULg a été un succès par la qualité des activités qui ont été organisées.

Le compte rendu est disponible sur le site de l’Université.

Ce n’était évidemment que l’amorce d’un véritable programme qui sera imaginé et élaboré par un groupe désigné ce mercredi par le Conseil d’Administration. Je souhaite que ce soit l’occasion pour notre Institution de se positionner clairement et ouvertement comme un moteur essentiel de l’essor nouveau de notre région et j’en remercie chaleureusement tous les acteurs.

On ne dit pas l’indicible. Plus de 120 victimes dont 4 morts dans un acte de pure folie, que dire?
Sans pouvoir être plus précis, nous dénombrons 7 étudiants de l’ULg frappés mardi et hospitalisés. L’une d’entre eux est toujours aux soins intensifs. Elle devrait en sortir aujourd’hui et être amenée en chambre d’hospitalisation dans le courant de la journée.
L’incompréhension est très grande. Elle fait naître hélas bien des excès dans les réactions et, en particulier, des expressions racistes inquiétantes et injustifiées.
J’ai adressé via le site web de l’ULg un message de sympathie aux victimes et à leurs proches ainsi que de raison à l’ensemble de la Communauté universitaire.

Les activités de substitution pour la journée du 7 décembre à l’ULg se sont remarquablement organisées. Le programme en est riche et varié et il s’etend à nos sites de Gembloux et d’Arlon.

Autant l’idée d’une grève en signe de solidarité passe mal chez beaucoup de membres de la communauté universitaire (ceux qui n’ont toujours pas compris que ce n’est pas de cela qu’il s’agit restent virulemment opposés), à commencer par moi-même, autant celle d’une solidarité qui s’exprime symboliquement par un remplacement des activités par une réflexion collective et spécifiquement universitaire remporte un très grand succès. Je parle ici d’un grand succès en termes de propositions d’actions et de créativité de la part de nombreux collègues. Reste à voir quel sera le succès auprès des deux groupes essentiellement visés: le personnel et les étudiants. On le saura demain.

Plusieurs demandes me sont parvenues de la part de collègues qui souhaitent maintenir l’une ou l’autre activité prévue de longue date et impliquant des invités étrangers ou s’adressant à des étudiants étrangers en partance. Dans tous ces cas, l’expression d’une adhésion à l’idée de la journée de réflexion était claire. Comme annoncé précédemment, je considère que les activités indispensables au fonctionnement des services doivent être maintenues et, dans une optique logique par rapport à cela, ce maintien peut être étendu aux cas de force majeure. Je suis conscient du flou qu’implique cette notion, mais je compte sur l’ouverture d’esprit de chacun pour limiter ces cas au strict nécessaire.

Quoi qu’il en soit et qu’elle que soit la nature de l’exception, vu les conditions que l’on nous annonce concernant le transport d’une part, l’accès aux bâtiments de l’université d’autre part, il ne peut être question de sanctionner un étudiant sur base de son absence, ni un membre du personnel empêché. Il n’y a là rien de différent par rapport aux précédentes grèves générales. Je demande néanmoins à chacun de manifester sa volonté de rester actif en participant aux événements prévus pour cette journée plutôt qu’à prendre une journée de congé. Quelques rares critiques me sont parvenues et (hormis celles qui reposent sur un réel malentendu et qui me reprochent d’inciter à la grève) elles portent plutôt sur l’irréalisme voire la naïveté de ma décision, prévoyant que chacun restera tranquillement chez soi. Nous verrons bien si je me trompe, mais je reste convaincu, en raison des nombreux échos qui me sont revenus et des commentaires qui m’ont été faits directement, que l’esprit de ma démarche a été compris et qu’elle sera largement suivie.

C’est une opportunité idéale pour notre université de se distinguer comme une institution réellement humaniste, ouverte au débat d’idées, consciente de sa place dans sa région et fière de la dynamique qu’elle peut y insuffler. Notre université n’entend pas se joindre au « layez m’ plorer »(*) trop souvent dénoncé dans notre environnement. Elle doit et veut être la source de l’innovation qu’exige une vraie reconversion socio-économique. Elle souhaite montrer, par une action forte, par un hommage à l’intelligence et à la créativité, qu’elle entend participer pleinement au redéploiement régional.

Que ce soit par son enseignement au sein duquel réside la responsabilité d’une formation qui ne soit pas que technique ou disciplinaire, mais également citoyenne, que ce soit par sa recherche qui doit contribuer à développer des innovations utiles tant sur le plan technologique que sur le plan humain, ou que ce soit par les services qu’elle rend à la société, l’Université, dont ce sont les trois missions, peut se donner les moyens d’assurer le rôle que sa région attend d’elle.

(*) « Laissez-moi pleurer », expression wallonne liégeoise décrivant une attitude défaitiste et un pessimisme ambiant.

Le 7 décembre prochain, une journée de grève sera organisée par un front commun syndical suite à la décision d’Arcelor-Mittal de mettre fin à l’activité sidérurgique à chaud dans le bassin liégeois. Comme à chaque action de grève générale, notre université sera confrontée à de délicates prises de décision face à la participation d’une partie de ses agents à la grève, ce qui :
- déséquilibre le fonctionnement , voire provoque des dysfonctionnements,
- oblige à réaliser un inventaire des absences,
- génère une surcharge administrative en raison des formulaires de déclaration de journée non prestée, donc non payée,
sans compter les affrontements avec les éventuels piquets de grève et les désagréables conséquences que cela comporte.

Pluraliste, l’Université de Liège ne prend pas officiellement position dans les controverses d’ordre philosophique ou politique. Elle ne s’associe pas en tant que telle aux actions de grève quoi qu’elle essaie généralement de permettre à chacun d’assumer ses propres choix. Cependant, conformément au « Projet pour l’ULg » que j’avais soumis et qu’elle a adopté en 2009, elle s’est donné des valeurs et des principes auxquels elle peut aisément se référer:

« L’Université de Liège aspire à figurer parmi les meilleures universités, afin de préparer ses étudiants à devenir d’excellents citoyens du monde. Elle promeut les valeurs d’une société aussi équitable que durable et mène des travaux de recherche de grande qualité au service de Liège, de la Région wallonne et de l’humanité tout entière.
L’Université de Liège veut fournir à ses étudiants, aux membres de son corps professoral et à tout son personnel les ressources et les conditions idéales pour la formation et pour la recherche. Elle veut créer un environnement de travail dédié à l’excellence, l’équité et le respect mutuel. Elle coopère avec les gouvernements fédéral, régional et communautaire, les entreprises, l’industrie et les professions libérales, ainsi qu’avec les autres établissements d’enseignement et avec la collectivité, poursuivant l’objectif de découvrir, diffuser et appliquer de nouvelles connaissances et de préparer ses étudiants à la carrière de leur choix. Elle vise à améliorer la qualité de la vie et à nourrir ses enseignements grâce à une recherche de qualité.
L’ULg souhaite que ses étudiants apprennent à développer un esprit analytique solide, par la résolution de problèmes et la réflexion critique, qu’ils reçoivent une excellente formation en recherche et en communication, qu’ils soient bien informés, adaptables et innovants. En tant que membres responsables de la société, les diplômés de l’ULg doivent avoir été familiarisés à la diversité, au travail avec et pour leurs communautés. Ils doivent devenir des agents de changement positif, conscients de leurs obligations en tant que citoyens du monde, et œuvrer à assurer un développement durable et un avenir équitable pour tous ».

Sans tomber dans le travers d’une grève qui n’aurait aucun sens pour l’Université dans ce cas précis, nous pouvons néanmoins marquer notre soutien aux victimes et à leurs familles par une action spectaculaire mais spécifiquement universitaire. c’est aussi la demande formulée par les étudiants administrateurs siégeant au C.A. de l’ULg et adoptée, dans son principe général, par celui-ci le 16 novembre dernier.

Dans cet esprit, j’ai demandé à la Communauté universitaire de suspendre ses activités ordinaires le 7 décembre (hormis, bien entendu, les activités qui ne peuvent souffrir d’interruption pour les nécessités du service ou le maintien de l’outil) et non pas en faire un jour de congé mais une journée d’activités universitaires en relation avec le renouveau économique tant attendu dans notre région. Ce sera une journée entièrement consacrée à une réflexion citoyenne sur des thématiques en relation avec la manifestation. Divers éléments nous interpellent: l’évolution économique régionale dans une économie mondiale chancelante, la réaction de repli sur soi et d’individualisme à outrance, l’indifférence au sort des autres, l’effort permanent pour tirer son épingle du jeu et maximiser les mécanismes de profit. Mais sans doute ne faut-il pas condamner sans connaître, sans tenter de comprendre, ni mettre tout le monde dans le même sac. Sans doute faut-il échanger les idées et les points de vue, peser le pour et le contre de chaque opinion et se faire la sienne avec un maximum d’information de tous bords. Dialogue et rencontres. Notre université regorge de compétences les plus variées, elle peut en outre inviter des personnalités extérieures à nous communiquer leur manière de voir, leurs réflexions personnelles, leurs craintes et leurs aspirations. Cet évènement devrait être également pérennisé afin de rappeler périodiquement qu’il s’git d’un objectif important et permanent à l’ULg.

La journée du 7 décembre (l’initiative pourrait devenir annuelle) sera donc, à l’ULg, la « Journée de l’Eveil Citoyen ». Nous comptons sur toutes les compétences et toutes les bonnes volontés pour animer cette journée importante.

À Washington se tient Berlin 9, la neuvième édition du rassemblement annuel des signataires de la Déclaration de Berlin sur l’Open Access (OA), étendu aujourd’hui à un public très large, y compris des sociétés d’édition.
Hier à eu lieu la journée de pré-conférence à laquelle j’étais invité à décrire ORBi, notre dépôt institutionnel,  l’historique de la mise en place de ce bel outil et la stratégie développée en interne pour y arriver ainsi que les éléments qui me font penser que c’est un succès.

À l’étranger, ORBi est connu et considéré comme un modèle du genre. Les spécialistes en ont fait le type 1 de la typologie développée pour décrire les différents systèmes existant aujourd’hui.
ROAR (Registry of Open Access Repositories) qui effectue des « rankings » (tres objectifs, ceux-là) classe ORBi en première position mondiale en termes d’activité moyenne (médium). On ne trouve une autre université qu’en huitième position, et non la moindre: l’Université de Southampton, pionnière mondiale des dépôts institutionnels en OA. Pendant la période de croissance qui a suivi la lancement d’ORBi, nous avons même occupé la première place de la catégorie « activité haute » mais nous y sommes redescendus à la 27e place depuis que nous sommes en vitesse de croisière pour les dépôts: 63 par jour en moyenne (nous avions atteint la moyenne de 75).

Le succès est en grande partie lié au caractère « obligatoire » du dépôt. En fait, il n’a rien d’obligatoire (la nuance est d’importance dans la guerre permanente qui nous oppose à certains éditeurs-requins) puisque la stratégie à l’ULg n’est autre que l’ignorance, dans tout processus d’évaluation, des articles non déposés dans ORBi. À chacun de décider ce qu’il ou elle veut faire. Il n’y a donc pas d’obligation formelle. Je sais que ceci fera sourire, mais la précision à tout son poids.

Aujourd’hui, au sein de l’institution, le caractère plutôt coercitif de la mesure est globalement bien compris et surtout, les avantages d’ORBi pour les chercheurs eux-mêmes n’est plus à démontrer. Nous le faisons néanmoins à l’aide d’évaluations statistiques probantes.

Le modèle ORBi, de type 1, est donc devenu le modèle de référence. Il ne lui manque plus qu’un élément pour devenir la référence absolue: la cession par chaque auteur de ses droits, non plus à l’éditeur comme aujourd’hui encore, mais à l’Université. Celle-ci pourra alors détenir un vaste portefeuille de droits qui constituent un atout majeur dans les négociations difficiles avec certains éditeurs opiniâtrément attachés à leurs gigantesques profits et qui n’hésitent pas à intimider les chercheurs en interagissant avec eux individuellement. La cession des droits n’a rien d’inconvenant: les universités détiennent déjà actuellement les droits de propriété intellectuelle des chercheurs, ce qui les met en première ligne pour la valorisation des recherches. Cette appropriation des droits d’auteur (je le répète: actuellement concédés aux éditeurs et qui sera librement consentie) dans des conditions bien spécifiées trop longues à exposer ici (telles que la possibilité de rétrocession à l’auteur, etc.) constitue maintenant la prochaine étape à laquelle je souhaite faire participer la communauté universitaire de la recherche à l’ULg.

C’est, avec URBi (University Repository of Biographies, le futur dépôt institutionnel des CV), le prochain objectif institutionnel en matière de production scientifique. Ces initiatives mettent notre université en lumière au niveau international et je m’en réjouis.

Ma présentation à Washington est disponible sur… ORBi bien sûr!

175e anniversaire de la Faculté de Médecine vétérinaire francophone de Belgique

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