Les activités de substitution pour la journée du 7 décembre à l’ULg se sont remarquablement organisées. Le programme en est riche et varié et il s’etend à nos sites de Gembloux et d’Arlon.

Autant l’idée d’une grève en signe de solidarité passe mal chez beaucoup de membres de la communauté universitaire (ceux qui n’ont toujours pas compris que ce n’est pas de cela qu’il s’agit restent virulemment opposés), à commencer par moi-même, autant celle d’une solidarité qui s’exprime symboliquement par un remplacement des activités par une réflexion collective et spécifiquement universitaire remporte un très grand succès. Je parle ici d’un grand succès en termes de propositions d’actions et de créativité de la part de nombreux collègues. Reste à voir quel sera le succès auprès des deux groupes essentiellement visés: le personnel et les étudiants. On le saura demain.

Plusieurs demandes me sont parvenues de la part de collègues qui souhaitent maintenir l’une ou l’autre activité prévue de longue date et impliquant des invités étrangers ou s’adressant à des étudiants étrangers en partance. Dans tous ces cas, l’expression d’une adhésion à l’idée de la journée de réflexion était claire. Comme annoncé précédemment, je considère que les activités indispensables au fonctionnement des services doivent être maintenues et, dans une optique logique par rapport à cela, ce maintien peut être étendu aux cas de force majeure. Je suis conscient du flou qu’implique cette notion, mais je compte sur l’ouverture d’esprit de chacun pour limiter ces cas au strict nécessaire.

Quoi qu’il en soit et qu’elle que soit la nature de l’exception, vu les conditions que l’on nous annonce concernant le transport d’une part, l’accès aux bâtiments de l’université d’autre part, il ne peut être question de sanctionner un étudiant sur base de son absence, ni un membre du personnel empêché. Il n’y a là rien de différent par rapport aux précédentes grèves générales. Je demande néanmoins à chacun de manifester sa volonté de rester actif en participant aux événements prévus pour cette journée plutôt qu’à prendre une journée de congé. Quelques rares critiques me sont parvenues et (hormis celles qui reposent sur un réel malentendu et qui me reprochent d’inciter à la grève) elles portent plutôt sur l’irréalisme voire la naïveté de ma décision, prévoyant que chacun restera tranquillement chez soi. Nous verrons bien si je me trompe, mais je reste convaincu, en raison des nombreux échos qui me sont revenus et des commentaires qui m’ont été faits directement, que l’esprit de ma démarche a été compris et qu’elle sera largement suivie.

C’est une opportunité idéale pour notre université de se distinguer comme une institution réellement humaniste, ouverte au débat d’idées, consciente de sa place dans sa région et fière de la dynamique qu’elle peut y insuffler. Notre université n’entend pas se joindre au « layez m’ plorer »(*) trop souvent dénoncé dans notre environnement. Elle doit et veut être la source de l’innovation qu’exige une vraie reconversion socio-économique. Elle souhaite montrer, par une action forte, par un hommage à l’intelligence et à la créativité, qu’elle entend participer pleinement au redéploiement régional.

Que ce soit par son enseignement au sein duquel réside la responsabilité d’une formation qui ne soit pas que technique ou disciplinaire, mais également citoyenne, que ce soit par sa recherche qui doit contribuer à développer des innovations utiles tant sur le plan technologique que sur le plan humain, ou que ce soit par les services qu’elle rend à la société, l’Université, dont ce sont les trois missions, peut se donner les moyens d’assurer le rôle que sa région attend d’elle.

(*) « Laissez-moi pleurer », expression wallonne liégeoise décrivant une attitude défaitiste et un pessimisme ambiant.