sam 4 fév 2012
Réponse ouverte à Annick Stevens, chargée de cours démissionnaire à l’Université de Liège
Posté par Bernard Rentier dans Généralités40 Commentaires
NDLA: Ce document a fait l’objet d’amendements signalés en italique dans le texte.
Madame,
Vous m’avez écrit il y a quelques jours une lettre fort intéressante. J’y ai trouvé de nombreux arguments avec lesquels j’étais entièrement d’accord, un certain nombre auxquels je ne pouvais me ranger et également quelques contre-vérités.
Je me préparais donc à vous répondre lorsque je constatai que cette même lettre avait été diffusée à l’ensemble du personnel académique et scientifique de l’ULg, ce qui a créé un « buzz » médiatique sur les réseaux sociaux, dans les blogs un peu partout (en voici un en France…) et dans la presse, pénétré jusque dans les autres universités, ému les syndicats et jeté le trouble dans l’esprit de beaucoup de monde. C’était évidemment votre intention et, à cet égard, c’est un succès. J’apprends en outre que vous donnerez une conférence sur ce même sujet le 8 février prochain en fin de journée aux auditoires de l’Europe. Il se trouve que je suis en faveur du débat d’idées et que cette question précise me préoccupe, c’est donc fort bien. Oubliant ma première réaction face à la discourtoisie du procédé, j’ai décidé de vous répondre tout aussi publiquement que vous m’avez, disons, interpellé.
Le titre du document ne peut laisser indifférent: « Pourquoi je démissionne de l’université après 10 ans d’enseignement ».
Je pensais d’emblée que vous auriez l’honnêteté vis-à-vis de moi et la correction vis-à-vis de vos lecteurs de commencer par mentionner que vous avez depuis quelque temps déjà décidé de quitter Liège pour aller vivre à Marseille, une décision d’ordre familial parfaitement légitime et compréhensible. Fâcheuse omission.
NDLA: Madame Stevens dément cette affirmation, qu’elle considère comme diffamatoire. En effet, son déménagement résulte, assure-t-elle, du climat universitaire qu’elle juge insupportable. Cette décision n’est donc pas dictée par des motifs familiaux.
Qu’en second lieu, vous ayez tenu à profiter de ce départ pour manifester votre déception après dix ans d’enseignement et de recherche à l’université, je peux parfaitement le comprendre, même si je trouve la manœuvre moins épatante, du coup.
Car en effet, si la tromperie, ne fût-ce que partielle, sur la motivation de votre démission est pour le moins inélégante, je n’ai néanmoins aucun doute sur la sincérité de votre analyse. J’aime les gens qui vont au bout de leurs idées. C’est pourquoi je me réjouis de savoir si vous continuerez ou non une carrière académique dans une autre université après avoir démissionné de la nôtre et, dans ce cas, quels auront été vos critères de choix…
NDLA: Je retire les termes utilisés dans la phrase précédente. Madame Stevens assure n’avoir voulu tromper personne et je lui en accorde le crédit, a posteriori.
Sur le plan des détails (mais sont-ce des détails lorsqu’on les érige en principes?), je relèverai quelques erreurs, contre-vérités et incohérences dans votre lettre.
• « La menace de disparition des entités qui ne suivraient pas la course folle de la concurrence mondiale » n’existe, il me semble, que dans votre esprit et doit faire partie de fantasmes souvent remis en avant sans que nous n’en ayons jamais eu l’intention. Tout au plus a-t’on évoqué, il y a une dizaine d’années, un regroupement de petites sections à l’échelle de la Communauté française. L’ULg n’en a jamais supprimé, contrairement aux autres universités « complètes », il faut le lui accorder, et l’idée n’est plus à l’ordre du jour.
• « La frénésie d’évaluations » est certes dérangeante. Le principe de l’évaluation est cependant important, face à l’arrogance de l’universitaire convaincu qu’il sait et convaincu aussi qu’il fait tout bien, son enseignement comme sa recherche. Un peu d’humilité nous amène vite à comprendre l’utilité de l’évaluation. J’admets volontiers qu’évaluer n’est pas chose simple, que la valeur même des évaluateurs et leur ouverture d’esprit ne sont pas garanties et que, donc, l’évaluateur ne sait pas « tout » et ne sait pas forcément « mieux ». Mais tout dépend ce qu’on fait de l’évaluation, à quoi elle sert. En aucun cas chez nous (je défie quiconque de démontrer le contraire) elle ne sert à sanctionner. Elle sert à éclairer. Et si quelqu’un conteste la luminance de cet éclairage, libre à lui/elle. Pour les autres, les indications sont enrichissantes, c’est là tout l’intérêt.
• A propos du classement de Shanghaï, personne ne me contestera d’avoir été le premier (et le seul) recteur à clamer « Oublions les rankings! ». Malheureusement, s’ils restent aussi discutables dans leur fond et dans leur forme, ainsi que dans l’usage qui en est fait, ils continuent à régner et sur ce point, je vous rejoins. Cela dit, il est un peu simpliste d’assimiler dans une même phrase rankings et évaluation institutionnelle. On ne parle pas du tout de la même chose, mais ce serait un peu long de tout réexpliquer ici.
• La fuite des cerveaux que vous observez n’est pas celle que j’observe. Elle n’est pas corroborée par les statistiques les plus objectives. Et puis, certes, on ne s’attend pas à ce que tous ceux qui se risquent à affronter le doctorat le terminent (c’est là la sélectivité de l’épreuve), ni persistent à vouloir rester à l’université. Il n’y a rien là d’anormal. Quant aux « arrivistes à la pensée médiocre », il y en a toujours eu, j’ai même l’impression qu’il y en avait bien plus auparavant… Mais en disant cela, je me fais aussi subjectif que vous, j’éviterai donc de m’y égarer.
• Au moins avez vous la clairvoyance de dire que ces travers que vous dénoncez chez nous, ne nous sont pas spécifiques: « Partout, des collègues confirment les tendances générales ». Il faut en effet, pour changer l’université sans risquer de la saborder, changer le monde dans lequel nous vivons. J’espère que, de là où vous allez, vous pourrez le faire. Plus modestement ici, nous tenterons d’adapter l’université ensuite. Mais que cette remarque ironique ne crée pas de méprise: je suis conscient que c’est aussi des universités que doit partir le cri d’alarme, mais nous avons tous un différent son de voix.
• Le regard que vous portez sur vos collègues est sans complaisance et même féroce. Selon vous, la déliquescence de l’université conduit tout droit à la médiocrité et les recrues que nous accueillons sont de piètre qualité, ce qui vous apparaît comme suicidaire. « Pense-t’on pouvoir encore longtemps contenter le «client» [l'étudiant] en lui proposant des enseignants d’envergure aussi étroite? » dites-vous. Vos collègues apprécieront le «compliment». Mais de mon côté, je vous avoue être choqué par l’insultante arrogance de cette question.
• On retrouve cette arrogance tout au long de votre missive comme, par exemple, lorsque vous dites: « On constate (qui constate?) que toutes les disciplines sont en train de s’appauvrir (ah bon, c’est un fait établi?) parce que les individus les plus ‘efficaces’ qu’elles sélectionnent sont aussi les moins profonds, les plus étroitement spécialisés c’est-à-dire les plus ignorants, les plus incapables de comprendre les enjeux de leurs propres résultats ».
Et bien dites-donc, vous n’avez pas votre pareil pour envoyer par le fond bon nombre de professeurs d’université… Dommage que vos affirmations soient gratuites et qu’elles ne soient étayées par rien de concret. On peut se demander de quel droit vous vous permettez ainsi un jugement péremptoire sur vos collègues, sans savoir, vous qui récusez tout évaluation! Et c’est précisément cette même légèreté qui invalide votre affirmation suivante: « les disciplines à fort potentiel critique, la philosophie ou les sciences sociales […] » , démontrant ainsi la pauvreté de votre sens critique et l’ignorance affligeante dans laquelle vous vous trouvez quant à l’exigence d’esprit critique des autres domaines de la Science et, ne vous en déplaise, des Techniques. Ces préjugés sont consternants et anéantissent la crédibilité de votre argumentation.
Mais venons-en au fond du message lui-même en tâchant d’oublier les affirmations péremptoires, erronées et inutilement offensantes qui émaillent votre propos. Il n’est pas neuf, ce message, mais il n’en est pas moins intéressant. Depuis au moins 200 ans, l’utilitarisme appliqué aux institutions d’enseignement est pointé du doigt par des générations successives de contestataires. Plus récemment, le hasard a voulu que j’aie 20 ans en mai 68, époque où la contestation universitaire atteignait son paroxysme. J’ai donc vécu de longues soirées de débats sur la décadence du système et sur la perversion qu’induisait la société consumériste et utilitariste dans nos formations universitaires et je me suis enflammé pour ces idées. Quand j’ai constaté que la génération qui me suivait manifestait une indifférence, que je jugeais coupable, à ces questions, j’ai été très déçu. Un certain retour, depuis lors, à la remise en question des valeurs de l’enseignement supérieur m’ont rassuré sur ce plan. Et puis, l’utilitarisme a ses défenseurs et le débat est effectivement contradictoire. Mais si je rappelle que ce combat existe depuis fort longtemps et que des générations successives n’ont cessé de le mener, ce n’est pas pour en minimiser l’importance. Je pense sincèrement que la vigilance reste nécessaire.
Si toutefois le problème semble s’être aggravé – ce qui demanderait une vérification objective – c’est peut-être tout simplement en raison de la massification de l’enseignement universitaire. Ce n’est pas en soi une mauvaise chose, car c’est en réalité le reflet d’une démocratisation croissante de l’accès à ces études. Les universités ne sont donc plus des établissements auxquels accède une petite élite de personnes prêtes à se constituer une culture générale et un savoir désintéressé, elles sont devenues depuis longtemps, et il n’y a là rien de malsain, je pense, des lieux de formation en vue d’une accession à un milieu professionnel.
Je pense toutefois qu’aujourd’hui, le débat n’est plus là. Il reste crucial de savoir à quel point la formation universitaire doit fournir à la société des professionnels ‘prêts à l’emploi’ ou bien des individus aptes à s’adapter aux nécessités changeantes des professions. Là, il y a encore un combat à mener et, personnellement, j’ai la prétention de vouloir le mener, en tentant d’imposer la seconde vision et de résister à la première. Depuis que je m’occupe des affaires universitaires, je m’y emploie. Ce serait mal me rendre justice que de ne pas le reconnaître. Évidemment, on ne peut se contenter d’une formation qui ouvre les esprits et prépare à toutes les éventualités, dans chacune des filières de formation. Pour prendre un exemple qui ne se veut nullement péjoratif et que tout le monde comprendra fort bien, j’imagine mal que l’on puisse diplômer des dentistes qui ne seraient pas capables d’exercer leur profession immédiatement.
C’est donc un double but qu’il faut atteindre aujourd’hui si l’on veut éviter d’une part un utilitarisme abrutissant et d’autre part un élitisme intellectuel exagérément sélectif. Il s’agit de concilier formation spécialisée et ouverture d’esprit. C’est exactement la raison pour laquelle j’insiste depuis fort longtemps pour créer au maximum des percées transversales et interdisciplinaires. Pour y arriver, j’ai même voulu faire disparaître les facultés et recomposer une université avec des filières d’enseignement et des centres de recherche thématiques. J’ai échoué, je le reconnais, et je le regrette tous les jours. Mais voilà, comme vous le dénoncez, il n’est pas simple de lutter contre une forte résistance interne et d’imposer ses idées. Je peux vous confirmer que c’est très difficile, voire impossible, même pour un recteur. Cependant, je ne baisse pas les bras. Je sais qu’un jour, on arrivera à ce genre de décloisonnement salutaire et de formation digne de ce nom, et non plus une déformation ni, pire encore, une conformation. Je sais qu’on dira un jour que j’avais eu raison trop tôt. Maigre satisfaction. Seulement, j’ai décidé de continuer à œuvrer dans ce sens de l’intérieur même des structures dont je conteste l’utilité et que je trouve anachroniques, et donc de ne pas démissionner et retourner à mes chères recherches. C’est ce qui nous différencie. Je vous souhaite de trouver le lieu où vous pourrez, comme vous le dites, « fonder une tout autre institution [...] et faire grandir l’humanité« , lourde tâche…
Toutefois, dans votre cas, je n’ai pas eu vent votre combat jusqu’ici car, contrairement à ce que vous laissez croire dans votre texte, le dialogue n’était pas impossible. Le fait est que vous ne l’avez même pas sollicité, sinon je l’aurais accepté très volontiers. Il n’est donc guère courtois de laisser croire à vos lecteurs qu’à quelqu’occasion que ce soit, je vous ai opposé un refus. Peut-être pensiez-vous qu’un recteur ne pourrait qu’être déjà trop abîmé intellectuellement pour soutenir une discussion sur le sujet ?
Vous avez donc tiré sans sommation, Madame, et il m’est difficile, malgré toute la sympathie que j’ai pour vos idées, de ne pas vous en vouloir. Mais j’en resterai là. Sous d’autres rectorats, votre accès à l’Intranet institutionnel eût été coupé sous prétexte de l’avoir utilisé pour « cracher dans la soupe »… Pas avec moi. Dans mon université que vous décriez tant, au moins, l’expression est libre et elle est encouragée. C’est cette même liberté que j’utilise pour vous dire que je suis déçu par le procédé utilisé et surtout par les écarts à l’honnêteté intellectuelle que vous vous êtes permis, mais que j’apprécie tout autant l’intérêt du débat de fond que vous soulevez. Je puis vous assurer que, même si vous serez désormais loin de notre Maison, je veillerai à ce que ce débat se prolonge de façon active dans un cadre adéquat et ouvert.
NDLA: je retire l’expression « écarts à l’honnêteté intellectuelle », que je considère comme injuste, avec le recul.
Je désire ardemment que mon université reste, devienne ou redevienne (choisissez) un lieu de liberté absolue de la conscience de chacun, et que la confrontation des points de vue joue un rôle moteur dans son évolution.
Je vous souhaite plein succès et bon vent dans un nouvel univers forcément meilleur.
Suite à plusieurs questions, je dois préciser que la réforme à laquelle j’ai fait allusion en la présentant comme un échec est néanmoins en cours. La structuration de la recherche est largement entamée et les département sont fortement recentrés sur l’enseignement, les départements enseignement-recherche gardent les deux fonctions mais le flux de ressources pour chacune des missions est clairement identifié. La réforme que j’avais souhaitée est donc en marche et je suis convaincu qu’elle évoluera de plus en plus vers son objectif.
Commentaire de Bernard Rentier, le 5 fév 2012 à 19:30Ma remarque portait sur la relative lenteur avec laquelle les réformes, en général, se mettent en place.
Que ceux qui attendent des progrès concrets dans la gestion de l’enseignement et de la recherche grâce à cette réforme se rassurent, on progresse!
chaqu’un a le droit d’émettre une opinion en effet mais je trouve que c’est une faute professionnelle lors de sa démission, que de critiquer l’institution qui, pendant 10 ans, a permis à ce professeur (chargé de cours) d’évoluer et de se faire un nom dans cette société. Cette dame a profité pendant 10 ans de l’université et maintenant, elle s’en va vivre ailleurs (c’est elle après qui parle de départ des cerveaux alors qu’elle fait de même pour des raisons personnelles). Casser l’université de la sorte est honteux pour elle! Une lettre adressée directement au Recteur avec une vision positive pour l’avenir n’aurait elle pas été plus appropriée? N’aurait-elle pas permis à cette dame de partir la tête haute plutôt que de partir de la sorte? Belle philosophie pour cette prof!
Commentaire de Alexis, sur le blog interne.
Commentaire de Bernard Rentier, le 6 fév 2012 à 17:36Monsieur le Recteur,
Je pense comme vous que le débat doit être contradictoire.
Vous sera-t-il possible d’y participer ce mercredi ou de vous y faire représenter?
B. Mouvet
Sur le blog interne
Commentaire de Bernard Rentier, le 6 fév 2012 à 17:38Je ne serai pas présent, mais dans un auditorium tout proche, au 604, pour la remise d’un Doctorat honoris causa au Professeur Vallat, qui n’a pu être avec nous lors de la séance officielle du 10 octobre dernier. Je ne doute pas que vous serez nombreux à aller défendre votre point de vue.
Les messages nombreux que je reçois m’ont l’air d’aller unanimement dans le même sens, ce que Madame Stevens ne manquera pas de dénoncer, personne ne semblant comprendre qu’elle a forcément raison. Je suis sûr que cela ne fera que la conforter dans la certitude que l’Université va à sa perte et que nous nous y précipitons tous comme les lemmings courent au suicide collectif.
Commentaire de Bernard Rentier, le 6 fév 2012 à 17:39Je me réjouis de cette « mise au point » apportée par le Recteur Rentier. Cette lettre diffusée à toutes et tous était en effet de nature à interpeller et susciter le débat, mais comme beaucoup de collègues auxquels j’en ai parlé, elle était également choquante et inutilement provocatrice pour tous ceux qui oeuvrent honnêtement jour après jour à améliorer le système.
Durant les 30 années passées à l’Université, je n’ai constaté que des améliorations dans l’état d’esprit de notre maison.
Au contraire de ce qui a été décrit, on a vu l’intégration progressive de nombreuses matières permettant aux étudiants et à nos chercheurs de développer leur esprit critique et leur capacité d’analyse et de mise en perspective de leurs travaux. La place accordée aux sciences humaines par exemple, dans les études d’ingénieurs/de bioingénieurs n’a jamais été aussi grande.
De même, les procédures de sélection et de promotion ont perdu le caractère « confidentiel » (avec tous les abus que l’on peut supposer!) qu’elles connaissaient quand j’ai commencé ma carrière.
Ayant eu l’occasion de « tâter » du monde industriel (grâce à une mise en disponibilité), j’ai pu encore mieux réaliser comment et pourquoi l’Université, malgré tous ses défauts, reste un lieu unique pour y développer librement sa pensée.
Tiens, çà me donne l’envie d’écrire : Pourquoi je suis rentré à l’Université après 20 ans d’expérience !
Bruno Schiffers
Sur le blog interne
Commentaire de Bernard Rentier, le 6 fév 2012 à 17:40Comme professeur émérite de notre Institution, je suis ravi que notre Recteur ait pris la peine de rédiger une réponse percutante et remarquablement argumentée à la lettre interpellante de madame Stevens.
Albert Pissart
Sur le blog interne
Commentaire de Bernard Rentier, le 6 fév 2012 à 18:43Surpris par le procédé de Mme Stevens, je suis heureux de la réponse de notre recteur et d’accord avec ses arguments. J’ai cependant constaté, en accord partiel avec des arguments de la plaignante, que l’Université (au sens de toutes)a parfois tendance a perdre une part de son âme, de sa vocation universaliste, d’un esprit de débat constructif. Je pense que c’est dû surtout au processus de recherche actuel, chapeauté par des grandes revues assez cadenassées contre des courants minoritaires. Pour le reste je suis en désaccord avec elle.
Commentaire de colson gérard, le 6 fév 2012 à 22:17Chargé de cours honoraire.
« Vanitas vanitatum, omnia vanitas… »
Merci, Monsieur le Recteur, pour votre réponse à cette « picrate » à laquelle cette locution me semble seoir.
Bien que la forme en ait annihilé le fond, vous avez choisi d’y répondre sans faux fuyants… ni aigreur.
La justesse de votre propos n’en est que plus grande.
Un ancien étudiant…
Commentaire de Frédéric Minne, le 7 fév 2012 à 0:24Monsieur,
Vous mettez en doute la motivation de ma démission, ce qui est très grave puisque vous m’accusez de malhonnêteté, et ce à partir d’informations fausses. Mon déménagement à Marseille est la conséquence, non la cause de ma décision de démissionner, qui ne date pas d’hier mais d’il y a trois ans. J’ai commencé par prendre un congé sans solde en 2009-2010, par besoin urgent de fuir le climat épouvantable que je subissais à l’université. Ensuite, j’ai décidé de postposer mon départ effectif pour pouvoir mener à son terme la direction d’une thèse de doctorat, mais en réduisant au minimum ma charge de cours (1/3 temps cette année), seul l’éloignement me permettant de supporter tout ce que je décris dans mon texte. Ma motivation est donc exactement celle que je vous ai dite, et c’est ma famille qui m’a suivie, non l’inverse. Et bien entendu il est hors de question que je m’engage dans une autre université, où je trouverais exactement la même chose.
Concernant le reste de votre réponse, c’est à chacun de juger; je tenais seulement à rectifier les informations fausses que vous avez répandues publiquement sur ma vie privée.
J’ajoute à destination de tous qu’aucun débat ni conférence n’aura lieu mercredi mais une réunion de réflexion constructive rassemblant l’ensemble des collègues qui éprouvent le besoin de réagir au constat de dégradation des universités européennes.
Annick Stevens
Commentaire de Annick Stevens, le 7 fév 2012 à 7:58Réponse à Annick Stevens.
Je me réjouis, dans un sens, de cette précision. Elle ne fait, par contre, qu’augmenter ma perplexité quant à la souffrance que vous décrivez. Celle-ci m’étonne d’autant plus que jamais je n’en ai été averti, ni par vous-même, ni indirectement. C’est dommage. Ma porte est pourtant ouverte aux membres de l’Institution et je peux toujours me rendre disponible pour une discussion.
Cela dit, ne vous méprenez pas sur mon message. Mon irritation ne portait que sur certains aspects formels de votre message, et nullement sur le fond. Je l’ai dit, les problèmes que vous soulevez sont intéressants et méritent un débat au sein de l’Institution. Je me rejouis de la réunion de réflexion que vous organisez et j’espère qu’elle rassemblera de nombreux collègues.
Commentaire de Bernard Rentier, le 7 fév 2012 à 10:02Il est dommage de constater à nouveau, dans le discours des autorités académiques, l’idée selon laquelle l’université telle qu’elle est est la seule possible. Ce pragmatisme résigné tue toute critique et refuse systématiquement l’innovation.
Commentaire de Matthieu Peltier, le 7 fév 2012 à 16:50Par ailleurs, les commentaires de professeurs publiés ici me glacent (« merci monsieur le recteur… bravo monsieur le recteur »). On retrouve cette terrible froideur (oserais-je dire machiste?) sans pitié qui caractérise le milieu de l’institution.
Recadrer le débat sur la transformation de l’université
La transformation de l’université est une réalité très ancienne qui remonte à la création même de ce que l’on a pu qualifier d’institution universitaire. Au gré des histoires politiques, économiques et sociales, l’université a toujours été un fait social total manifestant les spécificités de son environnement.
Il y en a d’autres. En revanche, ce qui rend l’université unique, c’est sa relation à la au savoir, à ce matériau particulier qui sert à l’exercice de l’intelligence, qui fonde la culture et les relations des hommes entre eux, leurs rapports à la nature, au pouvoir… A ce titre, le savoir est l’enjeu d’intérêts souvent contradictoires selon les conceptions du monde qu’il alimente. Cette forme particulière de savoir qu’on appelle « science », qui se conserve, se conçoit et s’enseigne dans l’université, n’est d’ailleurs pas non plus sans ambiguïté. La tenace illusion scientiste d’un progrès infini malgré ses errements et de multiples récupérations en est un exemple. Qu’on parle de savoir, de connaissances ou de science, ces notions prennent place aujourd’hui dans un contexte bien différent de celui qui a vu émerger le modèle de l’université humboldtienne au 19e siècle. Au-delà du contexte très particulier de son apparition, celui-ci n’a finalement survécu en tant que tel qu’à travers son idéalisation.
Dans les faits, l’université a poursuivi son adaptation aux contingences particulières de la révolution industrielle européenne, d’une part, et de l’affirmation des Etats-Unis comme puissance politique et économique, d’autre part. L’université du plus fort étant en apparence la meilleure, le « modèle » anglo-saxon dans sa déclinaison nord-américaine est devenu (logiquement ?) dominant.
Mais cette domination est avant tout celle d’un type de société dont bien des caractéristiques ont évolué voire ont été remises en question avec la globalisation. Celle-ci a entraîné une redistribution du pouvoir politique et économique qui n’est plus tant déterminée par les frontières des états-nations que par la maîtrise des leviers techno-scientifiques appliqués à la communication et à l’information.
C’est dans ce contexte que l’université est amenée à se redéfinir : par rapport à des pouvoirs qui changent de nature (ex. poids de l’économique / financier), à des enjeux qui se déplacent (ex. puissances émergentes), à une image du monde radicalement différente de celle qu’elle était encore il y a trente ans. Notons que cette redéfinition s’enracine bien en amont des transformations structurelles, des réorganisations administratives, des changements règlementaires, des directives, des processus, des recettes et des discours. Elle touche à ce que devient le savoir, ce à quoi il est censé servir, aux choix auxquels il peut contribuer au niveau de tensions grandissantes (local vs. global ; communautarisme vs. universalisme ; progrès techniques vs. inégalités sociales…). Penser l’université, qu’on le veuille ou non, ramène tôt ou tard aux idées aussi générales qu’essentielles de démocratie, de politique, de liberté, de bonheur, de progrès avec tout ce qu’elles recouvrent.
C’est en ce sens que la question du devenir de l’université est complexe, car elle appelle à prendre en considération des paramètres de plus en plus nombreux et interdépendants. Le débat est d’autant plus important que, traditionnellement, l’université qui étudie tout de ce qui l’entoure, a souvent brillé par la méconnaissance d’elle-même. Poussée au « changement » pour de bonnes et parfois de moins bonnes raisons, un de ses plus grands défis est de pouvoir adopter à son propre égard l’attitude critique qu’elle professe dans son travail d’enseignement et de recherche.
Abstraction faite de prises de position plus ou moins militantes et plus ou moins épidermiques, la doxa qui stigmatise l’inadaptation de l’université aux réalités du XXIe siècle a en fin de compte été peu analysée et encore moins discutée au sein des institutions, des raisons de ce relatif silence étant à chercher à la fois dans leur mode de fonctionnement et leur structure. L’hétérogénéité des facultés en particulier, leurs dissemblances en matière de représentation de la science et de ses destinations n’ont certainement rien facilité. Sur le plan de la compréhension des choses et de l’élaboration des connaissances, les clivages disciplinaires et méthodologiques hérités de la modernité sont dépassés. On peut penser qu’il en ira de même avec les chapelles et les bibles de l’hyperspécialisation et de l’expertise à courte vue. Un monde complexe requiert la reconfiguration de la manière de l’appréhender et de le connaître.
C’est à cette exigence que l’université doit se donner les moyens de répondre, à charge pour elle de reprendre l’initiative du débat et de la réflexion critique face aux recettes toutes faites et aux discours simplificateurs.
Jean-François Bachelet
Commentaire de Bernard Rentier, le 7 fév 2012 à 21:45sur le blog interne
Je ne fréquente pas les blogs et ne compte pas y paresser ce coup-ci, mais quand même:
- et si Madame Stevens n’avait pas (complètement) tort?
- et si aucun d’entre nous ne pouvait connaître/préjuger du nombre de ceux qui partagent son analyse (arguments ad feminam exclus)?
- et si sa lettre nous offrait une occasion d’un débat de fond et paisible?
- et si chacun de nous était recteur, que ferait-il?
… Et peut-être faut-il que je le dise: j’aime mon université, je suis honorée qu’elle ait accepté de me compter dans les rangs de ses professeurs… mais elle n’est plus mon université rêvée
Bernadette Mouvet
sur le blog interne
Commentaire de Bernard Rentier, le 7 fév 2012 à 21:51Réponse à B. Mouvet:
- et si Madame Stevens n’avait pas (complètement) tort?
Je pense que A.S. n’a pas complètement tort. J’espère que personne ne résume ma réponse à cela. Je partage même beaucoup ses points de vue, évidemment. Ce que je ne peux cautionner, c’est le mépris des autres, l’assurance que seule la philosophie et la sociologie sont des domaines où s’exerce l’esprit critique (le penser démontre le contraire). Par ailleurs, je suis pour l’utopie, mais si elle est à la barre de l’institution, bonjour les récifs!!!
- et si aucun d’entre nous ne pouvait connaître/préjuger du nombre de ceux qui partagent son analyse (arguments ad feminam exclus)?
Jusqu’à présent, quelques dizaines de mails, plutôt que des réactions visibles directement sur le blog. Pas de problème avec ça, mais cela reste confidentiel entre celui qui réagit et moi… Et j’ai pour principe de ne pas publier les mails sur le blog. Quoi qu’il en soit, les réactions sont toutes en faveur de ma réaction, ce qui ne veut pas dire en opposition avec les idées d’A.S. Seulement en opposition avec la forme de son discours. Et, évidemment, une grande indignation face à sa méconnaissance de la légitimité des autres domaines, hormis la Philosophie…
- et si sa lettre nous offrait une occasion d’un débat de fond et paisible?
C’est mon vœu le plus cher.
- et si chacun de nous était recteur, que ferait-il?
Bon courage!
Mais vous n’en avez élu qu’un. Deux fois. Il doit donc assumer.
Relisez bien ce qu’il écrit: aucune condamnation des idées, seulement des préjugés.
… Et peut-être faut-il que je le dise: j’aime mon université, je suis honorée qu’elle ait accepté de me compter dans les rangs de ses professeurs… mais elle n’est plus mon université rêvée
Petite note toute personnelle, Bernadette: je crois me souvenir qu’elle l’était encore moins avant…!!!
Mais ce doit être là que réside le secret de l’éternelle jeunesse d’esprit ! (aucune ironie, je le pense vraiment).
Lançons le débat !!!
Commentaire de Bernard Rentier, le 7 fév 2012 à 21:53Bernard,donc, et même si tu « le » penses vraiment,
J’aurais voulu que les choses ne se posent pas entre « adversaires » (ce qui peut sembler de ton portrait des thèses d’AS)ou « alliés » (ce que tu « implicites » de propos que j’ai tenus in illo tempore)… mais bon, 3 choses:
- je pense que, contraintes obligent, tu poursuis un mouvement engagé avant toi et que j’ai réprouvé dès l’origine;
- finalement et sur le fond, ce n’est pas une mauvaise idée de dénombrer les alliés de l’une ou l’autre thèses dans la mesure où cela permet de mettre au jour leurs intérêts et enjeux;
- je tiens, dans la suite des débats, à ce que nous nous positionnions à notre juste place: amis oui, mais tu es recteur et moi prof et notre amitié, précisément, nous servira à débattre en vérité, pas à reprocher à l’autre des propos ou positions antérieures – ici je te rejoins, c’est le secret de l’éternelle jeunesse.
Bernadette Mouvet
Commentaire de Bernard Rentier, le 7 fév 2012 à 22:01sur le blog interne
À Bernadette Mouvet.
Je pense que la vigueur de ma réaction sur la forme escamote le fait que, pour moi, il n’y a pas, sur le fond, d’adversaires ni d’alliés. Il existe une problématique qu’il est intéressant de prendre en compte et d’examiner en profondeur.
Mon seul souci est de ne pas lancer inconsidérément notre Institution dans un mouvement de résistance au processus de Bologne et à diverses autres dérives utilitaristes. Je plaide pour la prudence, mais aussi pour la réflexion.
Commentaire de Bernard Rentier, le 7 fév 2012 à 22:08Monsieur le Recteur,
Chers collègues,
Si je devais donner un intitulé à ce message ce serait: « J’ai mal à mon université ».
Je suis étonné par le ton quelque peu passionnel, si ce n’est personnel, qui a été apporté au débat. Naïvement peut être, là où j’ai assisté impuissant à une immolation intellectuelle, d’autres ont jugé la lettre de Madame Stevens comme un acte de trahison. Là où j’ai cru lire une analyse critique de l’évolution générale de « l’université » dans la société, d’autres y ont vu une attaque « nombrilistique » envers notre institution. Là où certains se sont sentis méprisés, je n’ai rien ressenti d’autre qu’un appel d’air frais ventant les bienfaits de l’altruisme. Là où certains ont vu un éloge à la philosophie au détriment des autres disciplines, je n’ai constaté qu’un appel au secours envers la pluridisciplinarité. Là où certains ont jugé cette initiative comme celle d’une « sale gamine trop gâtée », je n’y ai entendu qu’un cri de désespoir partagé par des acteurs de nombreuses universités.
Balayer tout cela du revers d’une main blessée, ferait mentir la vocation pluraliste de l’université de Liège.
J’ai n’ai rien apporté au débat, si ce n’est que la sensibilité de chacun mérite d’être respectée et les petites phrases assassines n’ont pas leur place ici.
Seuls les naufragés jettent des bouteilles à la mer. En espérant que la tempête passée, elle arrive à bon port.
Bien à vous toutes et tous.
Bonne journée.
Philippe Steemans
Commentaire de Bernard Rentier, le 7 fév 2012 à 22:10sur le blog interne
À Philippe Steemans.
Je souhaite que ma réaction ne soit pas comprise comme une volonté d’étouffer le débat ni d’y mettre le point final.
Commentaire de Bernard Rentier, le 7 fév 2012 à 22:12J’espère au contraire que nous pouvons le prolonger de façon plus large, à condition de le faire dans le respect des uns et des autres, sans invectives et sans préjugés.
@B. Mouvet
Madame, Puisque vous m’interpellez, je souhaite réagir en disant qu’effectivement, elle a le droit de donner son avis et de dire ce qui ne va pas mais pas au mépris de ses confrères et collègues. De plus, comme j’ai dit, je trouve qu’il s’agit là d’une faute professionnelle que de dénigrer son employeur au moment du départ.
Quant à vous, j’ai l’impression, ne vous en déplaise, que ce qui vous intéresse c’est le débat plus que le fond. A plusieurs reprise vous essayez d’inciter notre Recteur à participer à un débat qui ne ferait qu’alimenter je pense l’effet Buzz de cette dame.
Pour ma part, je trouve que Monsieur Rentier a bien eu raison de répondre publiquement à ses attaques mais ne devrait pas aller plus loin car comme vous dites, c’est l’opinion de cette dame et faisons en sorte qu’il le reste.
Vous voulez créer des débats sur ce sujet? Pas de problème, libre à vous mais pour moi, les choses ont été dites. Comme dit Monsieur le Recteur, Bon vent à elle pour sa carrière qui sera, j’en suis sûr, meilleure ailleurs pour elle.
Alexis
Commentaire de Bernard Rentier, le 7 fév 2012 à 22:15sur le blog interne
Bonjour à tous,
Il serait impossible, pour mon humble part, de me résumer sans perdre une certaine nuance primordiale sur un tel sujet. Je ne me prononcerais donc pas ici sur le fond.
J’écris pour vous suggérez que le débat prenne une forme de question-réponse par écrite et aie un relais dans la presse. Ne serait-il pas bon qu’au quotidien ces questions importantes soient relayées à grande échelle ? J’apprécierais que ce débat ne s’arrête pas là.
Commentaire de Simon, le 8 fév 2012 à 12:37Quelle inconvenance de déballer la vie privée de cette dame pour la faire passer pour malhonnête ! Je suis stupéfait par la teneur du début de votre réponse. C’est d’une parfaite indignité et vous auriez dû éviter cela. Pour le reste, admettez que vous pratiquez avec beaucoup de malice la langue de bois. Nous ne pourrons pas nous asseoir bien plus longtemps entre deux chaises. Oui pour le débat, mais oui surtout pour plus de courage aussi. Utopie ou pas, nous nous sommes déjà heurtés à un récif qui est celui du néolibéralisme. Certaines disciplines s’en trouvent renforcées et florissantes, d’autres agonisent. Il me semble que cela était en substance le constat de la plaignante, ce qu’elle sous-entend sur la nature même de ces disciplines perverties ouvre ce débat courageux : que fait la raison néolibérale des improductifs et de la contemplation ? Je pense qu’elle les déloge d’un bel établissement pour lui substituer un locataire plus rentable…
Commentaire de Gauthier Delobelle, le 9 fév 2012 à 0:18A la Communauté universitaire,
Si l’on fait exception des propos concernant « les habiles médiocres » qui jettent inutilement et aveuglément le discrédit sur une partie indiscernable de la communauté scientifique, force est de constater que les observations d’Annick Stevens sont frappées au coin de la lucidité. Le régime « stakhanoviste » de la productivité intellectuelle à la pression duquel sont soumis les jeunes chercheurs (formation doctorale de 60 crédits; conception et rédaction d’une thèse en 3 ans, course folle aux publications et aux participations aux colloques, etc.) engendre des effets déplorables dont les moindres ne sont pas le risque d’abaissement de la qualité de cette production hâtive et le découragement poussant certains d’entre eux à quitter prématurément le navire. Quant aux procédures multiples d’évaluation dont les vagues successives déferlent (et continueront de déferler) sur les entités d’enseignement, elles comportent des indices de qualité dont la pré-définition et la standardisation sont mal adaptées à apprécier à leur juste mesure la diversité et la spécificité des disciplines qu’elles sont censées passer au crible de leur grille d’analyse. Sans parler ici de leur retentissement néfaste sur le temps consacré à l’enseignement lui-même et sur la motivation des enseignants qui voient leur activité de plus en plus rongée par la bureaucratisation. Sans parler non plus du point de savoir si leur finalité véritable réside dans le soutien aux départements ou, au contraire, dans leur contrôle.
Commentaire de Rudy Steinmetz, le 9 fév 2012 à 12:04C’est le mérite d’Annick Stevens d’attirer une fois de plus notre attention sur la nature de l’excellence que nous recherchons non moins que sur la nécessité d’évaluer l’évaluation à laquelle nous sommes contraints.
Rudy Steinmetz
Chargé de cours au Département de philosophie
Ce blog n’a pas pour vocation de devenir un forum de discussion. Comme je le gère personnellement, je peux difficilement suivre sans mécontenter les impatients.
Par ailleurs, je reçois — malheureusement — un certain nombre de messages insultants, voire injurieux, pour moi-même ou pour madame Stevens. Je ne souhaite pas que cet échange sur mon blog prenne cette direction.
Je précise immédiatement, à ceux qui me considèrent comme dépassé, que je sais pertinemment que ce n’est pas la règle des forums Internet, des chats ou des blogs, de modérer les discussions. C’est néanmoins le parti que j’ai pris dès le lancement de mon blog il y a 6 ans et je m’y maintiens. Question de décence.
Je prie celles et ceux que j’ai ainsi éconduits de m’excuser, et je mets fin à cette discussion qui, j’espère, se poursuivra sur d’autres forums, plus adéquats. Merci également à tous les contributeurs.
Commentaire de Bernard Rentier, le 9 fév 2012 à 14:36Quel intéressant débat, vu depuis l’extérieur (Nice, France) en tout cas! Je reste cependant dubitatif quant à la possibilité d’échanges apaisés et constructifs en lisant dans la réponse de votre Recteur à cette Lettre, dont certains passages sont qualifiés (non sans fondement) par ce dernier d’arrogants: « Je sais qu’on dira un jour que j’avais eu raison trop tôt. »
Commentaire de Philippe Pognonec, le 14 fév 2012 à 14:44Heureux ceux qui détiennent la vérité! Au moins, ils ne sont pas troublés par le risque de se tromper…
Monsieur le recteur,
« Ce blog n’a pas pour vocation de devenir un forum de discussion. Comme je le gère personnellement, je peux difficilement suivre sans mécontenter les impatients. »
Et l’on peut dès lors se poser des questions sur l’impartialité dont vous faites preuve dans la sélection des messages reçus…
A lire votre blog, je constate deux choses. Tout d’abord, avant d’adresser toute réponse à Mme Stevens, vous la dénigrez avec des termes tels que « contre-vérités », « jeté le trouble dans l’esprit de beaucoup de monde. C’était évidemment votre intention », ou encore « discourtoisie du procédé », qui ne sont étayés sur aucun argument ou fait vérifiable. On peut dès lors se demander si votre réponse a été rédigée sous le coup du ressentiment plutôt que dans une démarche de dialogue.
La première pierre de votre argumentaire se présente sous la forme d’une dénonciation, accusant Mme Stevens de malhonnêteté en n’informant pas ses lecteurs qu’elle déménageait vers d’autres horizons professionnels. Peut-on reprocher à quelqu’un de ne quitter la sécurité d’un emploi qu’une fois assurée la suite de son avenir professionnel? La tournure de la phrase utilisée (« Je pensais [...] que vous auriez l’honnêteté [...] et la correction [...] de commencer par mentionner que vous avez depuis quelque temps déjà décidé de quitter Liège pour aller vivre à Marseille, une décision d’ordre familial parfaitement légitime et compréhensible. Fâcheuse omission »). Il vous revient d’expliquer en quoi cette information, d’ordre privé, est critique quant à l’interprétation du texte de Mme Stevens. Si c’est là votre premier argument, la suite de votre propos n’est pas de nature à élever le niveau de votre réplique.
Si je ne suis qu’en partie d’accord avec Madame Stevens (que je ne connais ni des lèvres, ni des dents), vous ne m’avez pas convaincu du tout, ni par votre style vengeur ni par le fonds de votre pensée, pas plus que les messages de soutien courtisans que vous avez sélectionnés et publiés.
Pour vous citer enfin: « Il se trouve que je suis en faveur du débat d’idées »
La seule preuve de courage dont vous pourriez faire preuve dans cette triste affaire serait de publier un message tel que le mien.
Chiche.
Commentaire de Hugo Lorentini, le 17 fév 2012 à 14:50Réponse à Hugo Lorentini:
J’ai reçu ce message, parmi d’autres, positifs et négatifs.
Faisant exception à la règle que j’ai énoncée (unilatéralement, je le reconnais, mais c’est MON blog ) et qui met fin au forum, j’ai décidé de le publier, probablement parce que je résiste mal à un défi, et surtout parce que je n’ai rien à cacher. J’ai clôturé la discussion parce que, comme je l’ai dit, je n’ai pas le temps matériel de la modérer et je n’ai aucune envie de la confier à qui que ce soit. Pour moi, le blog est et doit rester personnel. C’est pour moi une manière de communiquer avec ma communauté universitaire et vers l’extérieur également, mais cela ne peut devenir un « vrai » forum internet.
Et l’on peut dès lors se poser des questions sur l’impartialité dont vous faites preuve dans la sélection des messages reçus…
Exact. Il faut bien me faire confiance. Je dis que je ne sélectionne pas les messages, même si j’arrête le jeu à un certain point. Je n’élimine que les commentaires anonymes ou orduriers. Ce n’est sans doute pas la règle de l’Internet, mais c’est la mienne. A part cela, je joue honnêtement le jeu et je peux me regarder dans le miroir sans honte.
A lire votre blog, je constate deux choses. Tout d’abord, avant d’adresser toute réponse à Mme Stevens, vous la dénigrez avec des termes tels que « contre-vérités », « jeté le trouble dans l’esprit de beaucoup de monde. C’était évidemment votre intention », ou encore « discourtoisie du procédé », qui ne sont étayés sur aucun argument ou fait vérifiable. On peut dès lors se demander si votre réponse a été rédigée sous le coup du ressentiment plutôt que dans une démarche de dialogue.
C’est assez vrai. Et, comme je l’ai écrit, j’ai eu deux sentiments face à cette lettre. Une profonde compréhension sur le fond (si, si, c’est possible) et une impression désagréable de me retrouver face à des omissions , voire des contre-vérités, je le répète. Ce deuxième aspect n’aurait sans doute pas dû dominer ma réponse. J’ignore si il l’a fait, ce n’est pas l’avis de très nombreux membres du corps enseignant de l’ULg qui m’ont écrit pour me le dire, mais ce l’est peut-être pour d’autres personnes et, dans ce cas, je le regrette.
La première pierre de votre argumentaire se présente sous la forme d’une dénonciation, accusant Mme Stevens de malhonnêteté en n’informant pas ses lecteurs qu’elle déménageait vers d’autres horizons professionnels. Peut-on reprocher à quelqu’un de ne quitter la sécurité d’un emploi qu’une fois assurée la suite de son avenir professionnel?
Jamais je n’ai voulu lui reprocher son départ. J’ai juste mentionné qu’elle avait mis mes services administratifs au courant de son futur départ il y a déjà plusieurs mois, pour raisons familiales et l’adresse du domicile de Mme Stevens est déjà à Marseille. Rien de mal à cela, mais il m’a semblé que ne pas le dire faussait le débat. Car en effet, le malaise dont elle parle et qu’elle dénonce encore cette semaine dans le journal Le Soir n’est pas, me dit-on, ressenti le moins du monde par l’immense majorité des professeurs de cette université. Le miroir déformant apporté par sa bruyante sortie existe donc bien et je pense qu’on doit tout prendre en compte. Cela n’enlève rien à la gravité de la dérive des universités qu’elle met en lumière, ni au fait que je sois assez d’accord avec elle.
La tournure de la phrase utilisée (« Je pensais [...] que vous auriez l’honnêteté [...] et la correction [...] de commencer par mentionner que vous avez depuis quelque temps déjà décidé de quitter Liège pour aller vivre à Marseille, une décision d’ordre familial parfaitement légitime et compréhensible. Fâcheuse omission »). Il vous revient d’expliquer en quoi cette information, d’ordre privé, est critique quant à l’interprétation du texte de Mme Stevens. Si c’est là votre premier argument, la suite de votre propos n’est pas de nature à élever le niveau de votre réplique.
Ce n’est pas mon premier argument. C’est un constat qui venait en effet en préambule, avant que j’explique pourquoi je suis d’accord avec certaines critiques et en désaccord avec d’autres. Une fois cela mis au point, on pouvait commencer.
Cela dit, Madame Stevens s’est expliquée et défendue sur ce point et j’ai bien évidemment publié sa réponse in extenso.
Si je ne suis qu’en partie d’accord avec Madame Stevens (que je ne connais ni des lèvres, ni des dents), vous ne m’avez pas convaincu du tout, ni par votre style vengeur ni par le fonds de votre pensée, pas plus que les messages de soutien courtisans que vous avez sélectionnés et publiés.
Vous me faites un méchant procès d’intention. Je n’ai, comme je l’ai dit, rien sélectionné et j’ai publié les contre comme les pour, à l’exception de deux messages injurieux, un pour moi, l’autre pour Madame Stevens et un message anonyme à l’auteur duquel (j’avais son adresse mail, j’ai donc pu lui écrire) j’ai demandé le complément d’information, qui m’a donné son vrai nom mais n’a plus voulu que je publie sa note, même sous un simple prénom (le seul fait qu’il me donne son nom, peut-être même le vrai (!), suffisait à ce que je publie son commentaire, mais à ce moment-là, il m’a dit que je ne jouais pas le jeu de l’internet et qu’il ne voulait pas participer à un forum où on ne jouait pas le jeu. Vous voyez que je n’ai rien à cacher). A part cela, aucune sélection.
Pour vous citer enfin: « Il se trouve que je suis en faveur du débat d’idées »
La seule preuve de courage dont vous pourriez faire preuve dans cette triste affaire serait de publier un message tel que le mien.
Chiche.
Voilà.
Commentaire de Bernard Rentier, le 17 fév 2012 à 18:31Bonjour,
Je comprends votre réaction épidermique.
Ceci étant pour apporter ma pierre : je suis une ancienne étudiante de l’Ulg, je vous ai d’ailleurs eu comme professeur. L’un des meilleurs cours que j’ai eu soit dit en passant. Pas pour son fond mais pour les quelques pépites hypercritiques que vous nous avez transmis à cette occasion, ce qui est loin d’être le cas dans tous les cours. Je comprends d’autant plus votre réaction : vous partagiez déjà en partie les points de vue d’AS à cette époque il me semble.
Si j’ai adoré étudier au sens large (et pas uniquement à l’université !!!), j’ai su très vite que le monde universitaire et académique ressemblait clairement en grande partie au monde de requin « du privé » (pour employer un gros mot), opportuniste, utilitariste et « technoscientiste » et était très loin de la vue humaniste idéalisée que j’en avais.
J’ai refusé de faire un doctorat, pour ne pas entrer dans la valse de la recherche de subsides, des revues à facteur d’impact, du l’obligation de faire de la recherche appliquée et bafouer mes valeurs. J’ai refusé pour des raisons similaires de travailler dans de grosses boîtes privées. J’ai travaillé qqs années dans une autre université belge pour constater que la situation était globalement la même et pour la quitter totalement démotivée. De plus, je travaillais sur des dossiers me permettant de constater que l’université suivait cette voie dans le monde entier.
Je suis infiniment reconnaissante à AS pour cette lettre de démission, publique, qui m’est arrivée via les réseaux sociaux. Ce n’est à mon sens ni vous, ni l’ULg ni vos collègues qui sont visés dans cette lettre mais bien une certaine évolution des universités susceptible de blesser ceux qui sont fortement attachés aux valeurs qu’elles défendaient et à leur rôle dans la société. Le fait que AS soit de l’Ulg n’est pour moi qu’un détail géographique.
Ce que vous avez pris pour de la hargne et/ou des attaques personnelle ou de la mauvaise foi, je l’ai pris comme une immense déception, une immense tristesse un aveu d’impuissance et un appel au secours. Et je les partage totalement ainsi que bon nombre de « collègues » de valeur, voire de très grande valeur, qui ont quitté l’université de grès ou de force ou qui y sont encore, mais pour combien de temps ? Non ce discours n’est pas isolé, en tout cas à l’extérieur des universités.
Je serais probablement là le 1er mars. http://www.barricade.be/spip.php?article323
Bien à vous,
Commentaire de G. Lauters, le 22 fév 2012 à 15:23avec toute ma reconnaissance pour hier, et aussi pour aujourd’hui.
»
Un garant de l’autorité
Et de la sécurisante stabilité
Dos au mur se retrouve acculé
Par un acte lucide et perçant
L’obligeant désespérément
A tenter vainement de remanier
Ses arguments dépassés et déplacés
Pour redresser le navire agité
En ces eaux de plus en plus tourmentées
Qui d’un même écho font trembler
La certitude toute relative de ses pensées
Prouvant ainsi l’iceberg du bon sens touché
Mais il n’en peut rien et n’est pas à blâmer
Car ce qu’il n’a pas encore compris
Ou refuse de voir et de croire est ceci:
C’est un système tout entier
Qui nécessite d’être changé
La brèche est ouverte et la faille dessinée
…
»
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Recteur, mes sentiments les meilleurs en espérant que vous ferez preuve de la maturité suffisante pour publier ces quelques vers volontairement anonymes, loin d’être un signe de lâcheté tant la facilité à trouver ma véritable identité est affligeante. Un jour, je l’espère, peut-être vous comprendrez.
Norbert Bear
Commentaire de Bear, le 2 mar 2012 à 19:33Merci pour la leçon de maturité, mais je pense qu’en faire preuve, ce serait d’écrire sous votre vrai nom.
Je publie donc votre message car mous me mettez au défi de le faire. C’est très injuste, l’immense majorité des avis étant plus mesurés (voire à l’opposé du vôtre) ne passant pas, puisque j’ai annoncé que c’était terminé. Nouvelle exception, la dernière.
Merci à tous de votre compréhension.
Commentaire de Bernard Rentier, le 2 mar 2012 à 21:59Monsieur le Recteur,
Je suis heureux de recevoir et lire votre message.
Je suis heureux de lire que vous n’êtes pas de ces personnes blasées et désillusionnées avec le poids des années et des épreuves.
Je suis heureux de lire et de constater une telle ouverture.
Je suis heureux de pouvoir imaginer que, sans pour autant qu’il y ait un soutien ouvert et total de la part de personnes d’un tel calibre que vous face à l’éventualité d’un changement de grande ampleur, il n’y aura pas non plus pour autant une opposition si ce projet se veut être le plus humaniste possible.
Je suis par ailleurs triste de constater cette condescendance et ce détachement cherchant à ridiculiser mon action… mais je ne vous en veux nullement car je comprends le sentiment « d’agression » que vous pouvez ressentir. Toutefois, j’espère que vous aurez compris que c’est le symbole auquel je m’attaque et non l’homme (vous en l’occurence) en lui-même.
Concernant votre défense pour justifier vos propos vis-à-vis de Madame Stevens, j’ai pu constater un malaise au sein de vos messages après réactions d’autres personnes qui vous mettaient face à la critique, et ai ainsi constaté un remaniement de vos propos. Mais une fois de plus, je ne vous en veux nullement.
Je serais heureux de pouvoir contribuer d’une quelconque manière à ces ateliers, l’université semblant être l’un des axes incontournables à tout changement d’ampleur.
Je suis heureux que vous m’ayez expliqué un peu plus encore au travers de cet email votre position.
Je suis heureux qu’un dialogue soit possible.
Je suis heureux de vous comprendre.
Je suis également heureux de vous toucher.
Enfin, je suis heureux de tonnes d’autres choses, mais je m’égarerais si je vous en parlais.
Pour ce qui est de mon « impatience », j’ai simplement constaté la disparition pure et simple de la mise en attente de mon message « en attente de modération », raison pour laquelle j’ai conclu (peut-être trop rapidement) à une fermeture de votre part.
Les changements passeront par toutes et tous, qui que ce soit… et au plus une personne a du pouvoir, au plus elle a la possibilité d’avoir un impact.
Je vous souhaite un bon tout pour tout.
ps: je ne vous en voudrai pas de ne pas publier ce message, je n’arrive simplement pas à vous l’envoyer sur votre adresse depuis la mienne, raison pour laquelle je réutilise votre blog pour vous le faire parvenir.
Norbert Bear
Commentaire de Bear, le 2 mar 2012 à 22:26Je vous remercie du fond du coeur.
Olivier Lennerts
Commentaire de Bear, le 2 mar 2012 à 22:29Chers collègues lointins, bonjour:
D´abord, je m´excuse de fautes en français. Je vous écris du sud du Brésil. J´ai pris connaissance de la lettre de démission de Mme Annick Stevens, envoié para les amies de l´Alliance International Terre Citoyenne (soutenu para la Fondation Charles Léopold Mayer). Je suis chercheur dans le domaine de l´Éducation à une petite université communautaire et je m´intéresse et travaille, dernièrement, sur les rapports entre le système de posgrade (au Brésil ce sont les masters et doctorats) et la société. Je trouve un grand domage que l´éclaircissant propos de Mme Stevens est glissé vers de commentaires sur les atitudes des uns et des autres, au lieu de plonger sur les problèmes sérieux qu´elle dénonce. Plus encore deçus je suis que l´animateur du blog, Recteur de l´Université (de liège, si j´ai bien compris) ferme la discussion, au moment où elle pourrait quitter la dimension personnelle, pour dévenir une discussion académique qui porte grand intéret.
L´université est dévenu otage du capital, elle est désorienté, elle ne sait plus qu´elle est sa fonction, e la dinamique frénetique du monde globalisé empêche le temps de la réfletion. Une gigantesque machine à non penser. Si jamais qq un dentre vous lisez le portugais, je vous invite à lire un article que j´ai publié en 2011 avec un collègue sur e sujet.
Monsieur le Recteur: avec mon respect, au nome de la gradiosité de l´institution Université, presque millenaire, j´aimerai que votre blog accueille cette discussion.
http://rae.fgv.br/sites/rae.fgv.br/files/artigos/10.1590_S0034-75902011000300004.pdf
Ana Maria Netto Machado
Commentaire de ANA MARIA NETTO MACHADO, le 18 mar 2012 à 12:36Programa de Pós-graduação em Educação
Universidade do Planalto Catarinense/UNIPLAC
Bonjour à tous,
Je suis un ancien étudiant, c’est en tant que tel que je réagis à la sortie de Mme Stevens.
Il ne faut pas opposer qualité et quantité, excellence et utilitarisme, comme elle le fait, c’est un faux débat. On dirait que Mme Stevens snobe le monde réel celui de l’emploi, celui que les étudiants affrontent une fois sortis des auditoire.
Dualiste dans sa vision des choses, elle semble préférer le monde des idées, celui de l’excellence, au monde réel soumis à la dure loi de la productivité. Déformation professionnelle sans doute.
Je dénonce cette idéologie qui n’aboutit à rien. Il y a tout à fait moyen pour l’ULG de garder son indépendance et de faire des ponts avec les milieux économiques, ce qui fera le plus grand bien à notre région sinistrée. Cela s’appelle du pragmatisme ou encore du bon sens.
D’autre part on ne règle pas ses comptes comme elle l’a fait, c’est puéril, ce n’est pas digne d’un prof d’unif, d’ailleurs où sont les arguments dans cette lettres ?
Charles Voisin, ancien étudiant de 1ier Bac Philo.
Commentaire de Charles Voisin, le 5 avr 2012 à 0:15Que chacun émette son point de vue.
Très bien.
Mais que cela se transforme en ronds de jambe …
Que de vent sur la « forme » alors que l’essentiel c’est le « fond ».
Or ce « fond » touche incontestablement tous les jours à l’aliénation des gens qui dirigent, conçoivent ou appliquent tout autant en corollaire dans l’orientation de l’enseignement donné.
L’Etat comme ses sujets n’ont rien d’une abstraction. Ils sont la courroie de transmission des intérêts dominant la société dans laquelle il fonctionne mais il arrive que certains de ses sujets, plus audacieux dans la geste et l’analyse, contestent.
Une Université n’échappe pas à la règle bien au contraire puisque dispensant le « savoir » au plus haut niveau et que c’est dans la cime de l’arbre qu’en premier, le vent se fait sentir ;
C’est en tous cas ce que j’ai compris comme essentiel dans la démarche de « fond » de Madame Stevens que je ne connais point mais me semble ne point manquer de courage voir d’audace face à l’ordre établi et son establishment.
Claude THIRY
Courtier Assureur-Conseil honnoraire
Redacteur de RIPOSTE
Baneux, 2
Commentaire de Thiry, le 14 août 2012 à 13:164990 Lierneux
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Affilié Skype sous Claude Thiry – Mail fc734699@skynet.be
C’est sûr que l’université de Liège est de bas niveau et médiocre, je pourrais le montrer en trois cents pages si j’en avais le temps et que la tâche ne serait pas menée à perte, en partant de mon expérience très personnelle ; plusieurs professeurs n’ayant p. ex. pas supporté la critique (pourtant bien amenée, balancée et à propos) m’ont puni dans les points, ce qui est extrêmement grave.
Chaque année, des bancs d’étudiants (et je connais la question pour relire des mémoires depuis des années) qui n’ont aucune syntaxe, une orthographe catastrophique (nous pesons nos mots) et qui se trouvent de facto dans l’impossibilité de formuler quelque pensée un peu rigoureuse que ce soit, sont pourtant diplômés.
Je ne parle même pas de l’extrême pauvreté philosophique, de l’étroitesse critique des formations en « sciences humaines et sociales » ou d’une option telle que « gestion des ressources humaines », dans laquelle les étudiants cons comme des fruits secs, n’ayant pas le niveau pour écrire ou pour penser, deviennent à peine des techniciens (souvent d’ailleurs, paradoxalement, moins bien formés que les étudiants de véritables écoles techniques, celles qui disent leur nom sans le fard de la prétention).
L’université de Liège est particulièrement connue, en sus (!), pour jalouser ses talents, les rejeter, être misérable sinon une usine à cons. Je l’ai connu très intimement. Implacable nivellement par le bas et certains professeurs foncièrement incultes et abrutis.
Cordialement.
Commentaire de François Nisse, le 22 juil 2014 à 23:22Ma première réaction au message précédent était de ne pas l’afficher. En effet, quel intérêt, et pour qui, de lire un tel déversement de rancœur et d’amertume qui compromet ipso facto l’objectivité de l’auteur? Chacun peut avoir connu une expérience désagréable, une frustration. De là à considérer que tout le monde à l’ULg est infiniment stupide, professeurs comme étudiants, il y a une distance qui relève plus de la paranoïa que d’un jugement sain, c’est évident. En outre, mélanger, dans le même commentaire, une critique de la capacité de pensée et de rédaction de ses anciens condisciples et une réflexion aussi biaisée dans un langage aussi peu élégant me semble particulièrement contradictoire. Mais sans doute ne suis-je encore qu’un de ces universitaires incapables d’entendre des récriminations pourtant « bien amenées, balancées et à propos »?
Commentaire de Bernard Rentier, le 23 juil 2014 à 6:13Toutefois, ne pas afficher ce texte n’aurait pu qu’aggraver la sensation de rejet et le complexe de persécution. C’est pourquoi, outre le fait que je déteste censurer, je le poste, mais j’en resterai évidemment là afin que ce blog ne devienne pas le carrefour de toutes les amertumes.
Je suis français. Ingénieur bientôt en retraite, amateur de philosophie, admiratif et séduit par les prestations de mme Stevens sur You Tube.
Ô combien je comprends sa position.
Et combien je connais le type d’arguments qu’on lui oppose : la forme, le manque d’élégance, toujours les mêmes arguments quand on n’a rien à dire sur le fond. Pour « asservir » sa cour, Louis XIV exigeait des signes d’allégeance dans la forme : courbettes, préséances etc… Un salarié « à bout », qui se débat, ne peut y mettre les formes ! demander à quelqu’un en perdition (en train de se noyer par exemple) de mettre les formes dans son appel au secours, est-ce bien raisonnable ? Ce procédé disqualifie son auteur ; de même que faire état de sa magnanimité en publiant – quelle grande ouverture – les réactions ne respectant pas ces codes de savoir vivre.
Outre les formes, il faut savoir garder les dehors de la modestie. Et malheur à celui qui n’insère pas dans ses revendications la marque de reconnaissance envers tous ceux qui ne pensent pas comme lui, sinon couic : il tombe sous le chef d’inculpation de « prétentieux ».
Pour le fond, mme Stevens ne fait que constater ce que l’on constate partout : la main-mise de la technocratie productiviste sur tous les îlots de libre pensée encore restant. La pensée productiviste a les moyens de trouver des supporters (l’arriviste cherche le statut plus que le contenu). Je la soutiens de toutes mes forces.
Commentaire de Jannie, le 8 fév 2016 à 14:30Janny.
Au fond de moi je ne saurais faire autrement qu’être d’accord avec toute la critique de mme Stevens vis-à-vis les Universités. En 2016 cela m’apparait évidant que nous sommes à un point dans l’histoire où le capitalisme est enfin parvenu à marchandiser le monde dans sa totalité, les hommes, les savoirs, techniques, relations, etc,. De sorte que l’université est devenue un espace de faux savoirs, remplie de gens qui jouent, dans un élan d’errance narcissique, au jeu de faire semblant. Ils font miroiter qu’ils oeuvrent en faveur d’un accroissement de la culture, alors qu’ils n’ont d’yeux que pour leurs propres intérêts individuels et financiers.
Commentaire de Alexandre St-Louis, le 22 juin 2016 à 11:39Ne connaissant aucun des protagonistes mais ayant regardé certains cours forts intéressants de Mme Stevens sur Youtube, je ne peux y voir que le prolongement dans le réel d’une philosophe éprise au moins par Schopenhauer et Nietzsche. Sa missive lui aura permis de s’envoler encore plus énergiquement et sûrement vers de nouveaux horizons certainement plus bienveillants.
Commentaire de Bob Lepuy, le 24 jan 2017 à 15:03Je remercie donc sa prise de décision qui a permis à beaucoup de l’écouter à l’université populaire de Marseille et de continuer cette transmission précise sur internet. Par ailleurs, un bravo à Mr Rentier qui me semble exceller dans l’art de la synthèse.
Je suis étonné et déçu du ton avec lequel le recteur de l’université répond quand il daigne le faire. Il y a bien là à souligner une tonalité d’arrogance à peine voilée par une pensée de soi simplement (ou stupidement ?) décomplexée.
Ce n’est pas l’homme qui me déçoit tant mais le fait qu’il ne se porte pas à la hauteur. Je ne doute pas de sa reconnaissance, il ne se lasse d’ailleurs pas de nous rappeler qu’à ce niveau « tout va bien », mais simplement ce qui fait débat ici, sa manière de communiquer.
Répondre du tac au tac, « par gout du défi », cela se fait souvent dans le forum du journal La Meuse ou ailleurs. On peut y apprendre ce dans quoi il ne faudrait pas tomber.
Chacun peut dévaler, chacun dévale même ; faut-il pourtant s’y abandonner ?
Trop de complaisance monsieur le recteur, dans votre attitude générale. J’ai pourtant aimé étudier dans votre institution.
Nous manquons tous d’humilité, ça arrive, c’est habituel. Ayons au moins la force de le reconnaitre.
Que dire des propos de mme Stevens ? Et que dire de sa démarche ? Pour ma part, je me serais abstenu de relever comme vous l’avez fait à mainte reprise, ce qu’il pouvait y avoir de… J’aurais attaqué ma lettre en soulignant d’abord ce qui s’impose à ma conscience en des termes constructifs (voir même progressistes) et ensuite j’aurais apporté quelques nuances d’usage afin de garder la face nécessaire à la pénible tâche de capitaine du navire.
Bref. C’est une peu la leçon que je vous fais là. Je n’ai pas 40 ans, c’est vrai, mais vous me semblez la mériter.
Pour le meilleur de chacun,
Commentaire de Samuel Nicolaï, le 7 déc 2017 à 17:13Samuel