Personne ne s’est étonné de ne pas voir l’ULg parmi le « top 200″ des universités mondiales dans le classement du Times Higher Education Supplement. En effet, nous étions 296è l’an dernier et 344è en 2004 !

A notre demande d’informations complémentaires, le Times répond : « Thanks for your interest in our work. But I have tragic news ! Liege is 201 equal this year and is therefore the best university not cited ! »

http://www.topuniversities.com/worlduniversityrankings/2006/tables/201_520/

Au delà de la légitime satisfaction d’une telle évolution, je reste interpellé par l’effet médiatique de ces classements, comme on l’a constaté ces derniers jours. En effet, un dixième de point (le 200è a 27,9 et nous, 27,8 !) vous fait exister ou non dans une liste publiée dans le monde entier et qui repose, comme je l’ai déjà écrit il y a un an, sur des critères dont certains sont très subjectifs.

Quoi qu’il en soit, nous ne pouvons que nous réjouir de cette progression qui nous rapproche certainement de notre véritable niveau !

La Meuse annonce ce matin le rachat du Home Ruhl (boulevard d’Avroy) par une société privée. Il est clairement expliqué dans l’article, par ailleurs bien documenté, que c’est là l’exécution d’une décision très ancienne de l’Université, qui a pris beaucoup de temps à se réaliser parce que nous avons toujours voulu nous entourer de toutes les assurances concernant le maintien de la fonction de logement pour étudiants après notre renoncement au contrôle des activités. Nous avons aujourd’hui tous nos appaisements sur cette destination et sur les garanties offertes aux étudiants.

Par contre, un élément de cet article est complètement erronné : le Home du Sart Tilman n’a jamais été et N’EST PAS A VENDRE. L’acheteur du Home Ruhl a — assez logiquement — manifesté son intérêt pour l’ensemble, mais nous souhaitons conserver la propriété et la gestion de nos installations dans le domaine du Sart Tilman.

Ce fut une fort belle rentrée…

Tout d’abord par la qualité du débat qui a eu lieu le matin, ensuite par l’abondance du public, matin comme après-midi, excédant la contenance maximale de la salle, ce qui a valu à certains de suivre la séance sur écran géant. Enfin et surtout par la qualité de notre invitée du jour, Vaira Vike-Freiberga, certes peu ou pas connue de la plupart des personnes présentes, mais mise à l’honneur dans la presse par un hasard surprenant, durant la dizaine de jours qui ont précédé, dès que sa candidature au Secrétariat général de l’ONU a été annoncée.

C’est bien un discours de femme d’état qu’elle nous a délivré, en totale improvisation dans un français parfait, mais également un discours de femme dont l’expérience de vie est incomparable, un discours lucide mais optimiste, grave mais souriant, inquiétant mais plaisant. Ce fut un très grand moment pour tous ceux qui ont eu la chance de l’entendre dans cette prestation exceptionnelle.

J’ai reçu quantité de commentaires, tous élogieux (sauf un, concernant une suspicion d’antisémitisme, rapidement effacée par la lecture de ses déclarations et de ses prises de position courageuses à ce sujet. La Lettonie, comme les autres républiques baltes, souffre encore d’un antisémitisme chronique, mais le combat de sa Présidente contre l’oubli de l’holocauste lui a valu les éloges de la Communauté juive lettonne). La plupart de ces commentaires me sont arrivés par courrier ou par courriel, aucun sous forme de commentaire du blog. J’en épinglerai néanmoins un, qui me vient d’un collègue dont je préserverai évidemment l’anonymat ici, mais qui me semble représenter fort bien tous les autres :

« Monsieur le Recteur,
Bravo pour cette rentrée académique qui laissera des traces dans les mémoires!
Choix audacieux d’une personnalité hors pair qui nous a gratifiés d’un discours éclatant de sincérité.
Surprise tout en finesse d’une étudiante qui a symbolisé tout ce qu’il fallait symboliser en ce jour.
Vous semblez cultiver un certain goût du risque, mais ce sont ces risques-là que l’on aime vous voir prendre car ils tirent votre institution vers le haut.
Vraiment, ce fut une réussite. »

Cette nuit-là, nous avons appris que le veto russe l’empêcherait d’accéder à l’investiture suprême à l’ONU et, de ce fait, elle ne pouvait qu’élégamment jeter le gant, ce qu’elle fit dès mercredi. http://www.unsg.org/wordpress/archives/173/

Quel dommage de ne pas voir accéder une telle personnalité à ce poste aussi important pour la paix dans le monde. Ses idées et sa vision, mais aussi son autorité y auraient fait merveille.
Mais nous pouvons toujours rêver qu’elle accède un jour à la présidence de l’Union Européenne où, symboliquement et concrètement, elle rappellerait à chacun, par ses actes comme par son langage, quelles sont les valeurs profondes de notre société.

Madame Vaira Vike-Freiberga, présidente de la République lettonne, qui recevra cet après-midi les insignes de Docteur honoris causa de notre Université, a déposé officiellement sa candidature à la succession de Kofi Annan comme Secrétaire Général de l’ONU.
Septième et dernière candidate, elle est la seule femme en lice.

Lors d’un vote officieux ce vendredi, elle s’est trouvée d’emblée classée troisième, un succès impressionnant.
Le vote officiel aura lieu aujourd’hui, au moment-même où elle sera parmi nous aux Amphithéâtres de l’Europe au Sart Tilman !

La séance de Rentrée Académique sera diffusée en streaming sur l’internet et pourra être captée partout dans le monde: http://www.ulg.ac.be/segi/visio/index.html

Ce jeudi 28 septembre, une conférence-débat sera organisée à la Salle Académique de l’Université de Liège, à l’initiative du Centre Jean Gol et du CReF (Conférence des Recteurs francophones) sur le sujet préoccupant du financement des universités.
On ne trouvera personne, dans les universités, dans la presse, dans les cabinets ministériels ou dans les quartiers généraux des partis politiques pour nier que la dernière et désormais la seule véritable ressource de notre pays, de notre Communauté, est la matière grise, celle-là même qui nous permet de rester « dans le coup » de la compétition internationale, de la mondialisation des biens et des produits. Il ne se trouvera personne non plus pour nier que la vraie ressource n’est pas la matière grise brute, mais que celle-ci nécessite un raffinage, un processing qui la transforme en matière grise élaborée, capable de se hisser sur les épaules des fabricants du savoir qui nous ont précédé et de jouer un rôle réellement créatif, réellement innovant, réellement original. Chacun s’accordera également pour dire qu’il faut veiller à conserver ces innovations chez nous et les exploiter nous-mêmes et on admettra qu’il faut élaborer des systèmes de valorisation efficaces et parfaitement sécurisés.
Néanmoins, toute notre attention doit se porter sur l’étape de raffinage et de finition de la matière grise et ces procédés sont le fait de l’enseignement supérieur et, par excellence, de l’Université.

Le financement des universités, c’est donc exactement comme l’arrosage et l’épandage d’engrais sur des cultures précieuses : il doit être abondant et régulier. Et ces soins doivent être prodigués dans l’intérêt de tous. Croire qu’il s’agit là d’un luxe onéreux est tout simplement de la mauvaise gestion.

Pour accomplir leurs missions d’enseignement et de recherche (on ajoute souvent « de service à la communauté » mais l’enseignement et la recherche SONT des services à la communauté ! Ce sont les meilleurs services que nous puissions rendre, d’ailleurs !) les universités ont besoin d’un financement adéquat. Tous les spécialistes sont d’accord pour dire que le financement est insuffisant. Et il ne s’agit pas là de ma part d’un discours corporatiste primaire, mais de l’expression de l’intérêt général.

Au moindre souci budgétaire, au moindre frémissement financier, c’est immédiatement l’Université, la Recherche et la Culture qui sont en point de mire des réductions de budget. Or ce sont là les vraies originalités, les vraies spécificités d’une nation telle que la nôtre. Dans la plupart des autres domaines, nous faisons « comme tout le monde » et, en général, pour plus cher, ce qui nous met en position concurrentielle difficile. C’est donc la spécificité qu’il faut cultiver, la spécificité de recherche et d’innovation de même que la spécificité culturelle.

Et pourtant, l’article publié dans la Libre Belgique d’hier, mardi 26 septembre 2006 (p.20), confirme mon diagnostic en annonçant que la sixième phase des Pôles d’Attraction Interuniversitaires (PAI) qui est actuellement en discussion est dangereusement menacée, le Gouvernement fédéral, qui connaît à l’heure actuelle des difficultés de nature politique et budgétaire, envisageant de réduire, voire de supprimer le financement des PAI. Une telle décision, s’il ne s’agissait pas d’une simple rumeur, porterait un coup fatal à la recherche scientifique fondamentale dans nos universités.

Lancé en 1987 par Guy Verhofstadt, alors Ministre de la Politique scientifique fédérale, ce programme de recherche ambitieux était conçu pour édifier des réseaux de recherche interuniversitaires au sein desquels travailleraient, en parfaite collaboration, les meilleurs chercheurs des Communautés francophone et néerlandophone sur des thématiques innovantes et extrêmement compétitives, et cela en bénéficiant de moyens comparables aux meilleures équipes mondiales.

Rapidement, le programme PAI prit son essor et remplit parfaitement son rôle, finançant les recherches de plus de 500 spécialistes au sein de 36 réseaux inter-universitaires, sévèrement triés sur le volet et leur permettant de dégager une production scientifique abondante et de grande qualité dans tous les domaines du savoir. Ces réseaux d’excellence sont pour beaucoup dans la réputation internationale de la recherche belge.

Cinq phases successives ont été accomplies de 1987 à 2006. En principe, la sixième phase devrait être lancée en janvier 2007. Plus de 80 projets ont été sélectionnés par des experts étrangers et on attend 143 millions d’€ à répartir sur une période de cinq ans (les recteurs des deux communautés ont demandé qu’on monte à 200 millions, en raison du nombre et de la qualité des projets).

L’article de la Libre laisse penser que certains envisageraient de retarder, ou même d’abandonner ce programme d’excellence, en contradiction avec le bon sens élémentaire d’un soutien aux efforts de recherche en Belgique et avec les déclarations et engagements du Comité Interministériel de la Recherche Scientifique et du Gouvernement fédéral.

Les recteurs, stupéfaits, se sont immédiatement concertés et ont pris contact avec l’ensemble des forces politiques fédérales, régionales et communautaires. En effet, une telle mesure menacerait la survie de nombreux laboratoires et groupes de recherche, beaucoup de chercheurs se retrouveraient rapidement sans emploi, et seraient ainsi amenés à chercher des opportunités à l’étranger, forts de la formation de qualité qu’ils ont acquise chez nous grâce à un investissement important des deniers publics.

Selon des informations obtenues ce matin, le Cabinet du Premier Ministre confirmerait le maintien du budget de la sixième phase des PAI et celle-ci prendrait bien cours le premier janvier prochain. On s’en doute, l’augmentation de 57 millions d’€ que le CReF et le VLIR (Conférence des recteurs néerlandophones) avaient demandée et que nous avions de bonnes raisons d’espérer, ne pourra hélas pas être honorée. Quoi qu’il en soit, c’est là quand même une excellente nouvelle qui ne manquera pas de rassurer tous ceux qui se sont émus à la lecture de cet article de presse alarmant.

Nous pouvons nous féliciter de la solidarité de tous les recteurs tant francophones que néerlandophones, ainsi que de la promptitude et de l’efficacité de leur réaction à une information déroutante qui, nous le savons maintenant, était fondée. Nous devons aussi remercier les services du CReF et du FNRS pour leur soutien dans le dénouement heureux de cet épisode.

Ce jeudi 21 septembre, j’ai présenté un exposé au « Grand Liège ».
Le texte est disponible dans la rubrique « Pages », à droite de l’écran.

Née à Riga, capitale de la Lettonie, en décembre 1937, à la veille de la seconde guerre mondiale et de l’occupation de son pays par l’Union soviétique, puis par l’Allemagne nazie, puis de nouveau par l’URSS, Vaira Vike-Freiberga vécut une enfance troublée par la guerre et ses conséquences. Le 1er janvier 1945, face à une nouvelle domination soviétique, ses parents émigrèrent dans les camps de réfugiés à Herrenwiek et à Lübeck en Allemagne, puis à Daourat et à Casablanca au Maroc.

En 1954, elle arrive au Canada à l’âge de 16 ans. Pendant un an, elle doit interrompre ses études et travailler dans une banque. Entrée à l’Université de Toronto à 17 ans, elle obtient un B.A. en 1958 et un M.A. en psychologie en 1960. Durant ses études elle travaille comme enseignante dans une école privée de jeunes filles et comme traductrice d’espagnol. Elle est engagée comme psychologue clinicienne à l’Hôpital psychiatrique de Toronto. Elle reprend ensuite des études et obtient un doctorat en psychologie expérimentale (Ph.D.) de l’Université McGill à Montréal en 1965. Elle parle le letton, le français‚ l’anglais‚ l’allemand et l’espagnol. Restée très attachée à son pays natal, elle s’est montrée toujours très active au sein de la communauté lettonne du Canada. Dès 1957, elle s’implique activement dans les activités de service communautaire portant surtout sur les questions d’identité et de culture lettone et de l’avenir politique des pays baltes.

Elle embrasse alors une carrière scientifique puis académique à l’Université de Montréal où elle enseignera jusqu’en 1998 comme professeur de psycho-pharmacologie et psycholinguistique. Elle consacrera ses travaux à la recherche sur les mécanismes de la mémoire et du langage ainsi qu’à l’étude de l’influence des drogues sur les processus cognitifs. Elle devient présidente de la « Canadian Psychological Association », de la « Social Science Federation of Canada », de l’ »Association for the Advancement of Baltic Studies », de l’Académie des Lettres et des Sciences Humaines à la « Royal Society of Canada ». Elle a également assuré la vice-présidence du « Canadian Science Council ». Elle fut présidente et représentante du Canada au « Human Factors Panel » du « NATO Science Program ».

En parallèle, elle poursuit des recherches sur la sémiotique, la poétique et la structure compositionnelle des textes des « Dainas », les chansons folkloriques lettonnes. Elle écrira neuf livres et environ 160 articles ou chapitres de livres et donnera plus de 250 communications scientifiques ou générales ­- publiées en anglais, français ou letton. En 2004, Vaira Vike-Freiberga deviendra membre de l’Union des Ecrivains de Lettonie. Elle est également membre de l’Académie lettonne des Sciences.

En 1998, elle reçoit le titre de Professeur émérite de l’Université de Montréal et elle se voit offrir la direction de l’Institut Letton, une institution toute neuve créée après la libération du joug soviétique et dont l’objectif est de faire connaître et de promouvoir la nouvelle République de Lettonie et les lettons dans le monde entier.

C’est dans un pays en plein effort pour s’ériger en une démocratie occidentale moderne, compétitive au sein de l’économie de marché qu’elle revient enfin et il ne faut même pas un an pour qu’elle soit élue Présidente de la République le 17 juin 1999. N’appartenant pas à une formation politique, elle fut choisie comme une candidate de compromis par la Saeima (le Parlement letton) qui ne pouvait départager les candidats politiques en course, en raison du respect que lui portaient ses compatriotes et malgré le peu de temps qu’elle ait vécu en Lettonie. A cette époque, la seule évocation de l’entrée de la Lettonie dans la Communauté européenne ou dans l’OTAN faisait sourire. La corruption régnait à un niveau qui faisait obstacle à son éventuelle candidature, de même qu’une grande répulsion chez beaucoup de lettons influents à entamer un processus de démocratisation. Enfin la discrimination institutionnelle envers la minorité d’origine russe était également inquiétante.

Aujourd’hui, après bientôt deux mandats de quatre ans pour Vaira Vike-Freiberga à la Présidence (elle a été réélue en 2003 par la Saeima avec 88 voix sur 96!), la Lettonie a changé du tout au tout. Très populaire dans son pays, elle y a instauré une vraie démocratie, une stabilité politique évidente et une croissance économique sans précédent. Une réforme legislative a été opérée en profondeur pour atteindre les pratiques du reste de l’Europe en un temps record et la Lettonie a rejoint la Communauté européenne en 2004. Très active sur le plan international, elle a même réussi à entamer avec la Russie un processus de détente. De ce fait, Vaira Vike-Freiberga a réussi à hisser son pays au niveau européen et à effacer en Lettonie un sentiment eurosceptique très répandu. Elle est membre du « Council of Women World Leaders » et elle a reçu en 2005 le Prix Hannah Arendt pour la pensée politique. Ses prix et distinctions internationales sont innombrables et elle est docteur honoris causa de 8 universités.

Elle a épousé un letton, Imants Freibergs, qui fut professeur d’informatique à l’UQAM et qui préside aujourd’hui l’Association Lettonne des Technologies de l’Information et de la Communication. Ils ont deux enfants.

En 2005, elle a été nommée Ambassadrice Spéciale du Secrétaire Général de l’ONU pour la réforme de l’organisation. Une partie de la presse internationale la voit succéder à Kofi Annan, les élections se déroulant ce mois-ci.

A lire la tracé de ce parcours exceptionnel, on comprendra que nous ayons souhaité rendre hommage à une telle personnalité, à un moment ou, plus que jamais, le monde — et donc notre université — s’interroge sur la place de la femme dans la société, sur l’élargissement de l’Europe avec ses difficultés financières et ses richesses culturelles, sur le sort des minorités, sur la problématique des migrations et des déportations forcées, sur les enjeux des guerres en général et sur l’entente entre les peuples. Nous serons fiers de recevoir cette grande dame à notre tribune le 2 octobre prochain.

En honorant à la fois quelqu’un qui représente un symbole vivant de tous ces questionnements, une présidente de République en activité, une candidate crédible à la plus haute fonction pour la paix dans le monde qui fut également une grande chercheuse et une enseignante universitaire de grande qualité, nous sommes sûrs que cette Rentrée Académique 2006 restera à tout jamais un très grand moment de l’Histoire de notre Université.

Hier était inauguré, à la Cité Internationale située à l’ULg, en présence des ministres Arena et Marcourt, le programme EXPLORT financé par le Plan Marshall de la Région Wallonne, qui vise à donner aux demandeurs d’emploi, diplômés universitaires ou autres, jeunes ou moins jeunes, une formation rapide et efficace en matière de langues étrangères (en priorité l’anglais et les deux autres langues nationales belges, mais également l’espagnol, l’arabe, le chinois, etc) et de commerce international. Celle-ci se donnera sous les auspices de l’AWEX et du FOREM-Formations, à Liège et à Charleroi. Huit stages seront déjà dispensés en 2006.

Bien qu’à ce stade, l’ULg n’intervienne que très marginalement dans ces programmes, on peut concevoir qu’elle s’y implique de plus en plus à l’avenir. L’hébergement de la partie liégeoise du projet par la Cité Internationale à l’ULg (pour rappel, une initiative conjointe avec l’AWEX), donc la proximité, dans des locaux voisins, des formations en Français langue seconde de l’Institut Supérieur des Langues Vivantes (ISLV) de l’ULg d’une part et de l’Institut Confucius de la Communauté Française Wallonie-Bruxelles d’autre part, permettra des synergies fructueuses et porteuses de développement.

Ce programme, comme tous ceux qui seront développés à la Cité Internationale, allie astucieusement les aspects linguistiques, culturels et commerciaux, donnant ainsi à l’ensemble de ces formations une connotation pragmatique et moderne qui ne manquera pas d’intéresser, outre les demandeurs d’emploi, les entreprises désireuses de conquérir des marchés en Flandre ou à l’étranger.

Une trentaine d’inscrits, déjà, indiquent l’intérêt réel pour ces formations. De quoi répondre aux idées préconçues de certains démagogues nombrilistes qui se persuadent qu’il faut être doté de circonvolutions cérébrales particulièrement développées pour apprendre leur langue…

Pour la première fois, les étudiants de 1er « bac » en Médecine et en Dentisterie ont eu à franchir, en Communauté Française de Belgique, une « année-concours ». Celle-ci remplace la sélection du numerus clausus qui était effectuée en fin de troisième année.

Certes, cette méthode-là était la pire qu’on puisse imaginer. Elle coupait l’élan d’étudiants après trois années réussies et les obligeait à se réorienter sans que rien ne soit prévu pour eux. Aucune expérience n’est jamais inutile, mais celle-ci ressemblait fort, pour l’étudiant malheureux qu’on empêchait ainsi de continuer son parcours pourtant honorable, à trois années perdues, tout simplement. Qu’on soit débarrassé de ce système inepte est évidemment une bonne chose.

Malheureusement, le nouveau système n’est qu’à peine plus sympathique. Il amène à une sélection en fin de première année (on en gagne déjà deux!) mais laisse sur le carreau des étudiants de qualité, qui ont réussi leur année mais pas leur année-concours car ils sont classés au delà du quota autorisé par université. On suggère aimablement à ceux-ci de recommencer leur 1er bac sans pouvoir faire valoir le moindre crédit pourtant parfaitement régulièrement obtenu ou on leur présente une liste d’autres filières d’études dans lesquelles ils peuvent valoriser les soixante crédits qu’ils ont obtenus. Les crédits ont donc une valeur différente (en fait, tout ou rien) selon l’usage qu’on veut en faire… Qui donc peut adhérer à un tel concept ? La preuve est claire que le problème n’est pas la mesure des compétences, rôle de l’Université, mais le contrôle de l’accès à une profession. Je n’arrive pas à me résoudre à abdiquer ainsi de nos prérogatives légitimes pour nous en voir imposer d’autres, qui n’ont rien à voir avec nous, ni avec notre fonction. Par ailleurs, tous les régimes planificateurs ont toujours montré leurs limites.

On me rétorquera que je suis contre la sélection pour les médecins alors que je suis pour une limitation des vétérinaires…
En fait, les choses sont très différentes: la limitation du nombre d’étudiants en Médecine vise à contingenter la profession. Elle est et devrait rester extra-universitaire. Celle des étudiants en Médecine vétérinaire vise à freiner une réelle pléthore d’étudiants, non de professionnels, par rapport à la capacité de formation de qualité dans les universités, en particulier au niveau des cliniques. Il n’y a pas de pléthore d’étudiants dans les cliniques de Médecine humaine, bien au contraire.
Mon propos n’est pas de rejeter toute sélection, loin s’en faut, mais d’attirer l’attention sur le caractère étriqué de celle-ci, en l’occurence.

A L’ULg, nous avons mis en place un dispositif renforcé d’aide aux étudiants de 1er bac en Médecine et Dentisterie, comprenant :
- un encadrement significativement augmenté grâce à la création de postes de didacticiens spécifiques;
- un soutien logistique et pédagogique accru avec intégration de cours préparatoires à la gestion des examens;
- un effort tout particulier de la part de l’ensemble du personnel encadrant pour renforcer la motivation des étudiants;
- la création d’un module interdisciplinaire transversal éveillant l’intérêt des étudiants pour leur futur métier.

Grâce à cet ensemble de mesures, on a pu maintenir le niveau de qualité de cette formation et atteindre un niveau remarquable de réussite dès la première session (34,4 % en Médecine, 24,3 % en Dentisterie). Ce succès dépasse de loin les résultats des autres universités (Médecine, ULB: 12,8 %; UCL: 11,4 %; FUNDP: 15,9 %; UMH: 20,8 % – Dentisterie, ULB: 5,0 %; UCL: 6,9 %).
Nous en sommes fiers. C’est davantage le rôle des universités d’entraîner les étudiants plutôt que de les éliminer ou de les décourager.

Malheureusement, ce succès est dévasté par la limitation : alors que les autres institutions, en raison du faible taux de réussite, ne remplissent guère leur quota, à l’ULg, 26 étudiants en médecine et 3 en dentisterie se voient cette année privés de l’accès en 2ème bac (116 réussites sur 337 en médecine, le quota étant fixé à 90; 20 réussites sur 70 en dentisterie, le quota étant à 17). Ce sont les « reçus-collés », pour reprendre l’expression utilisée en France, où l’on connaît ce système et ses défauts. Et aux autres, la seconde session ne pourra apporter que des crédits transférables à valoriser dans une autre section…

Mais à quoi diable cette sélection peut-elle servir ?
A limiter l’offre médicale dans notre pays. Tout le monde comprend la nature corporatiste de cette mesure mais le monde politique y adhère en prétextant le déficit de la sécurité sociale, faisant implicitement le lien entre le nombre de médecins prescripteurs et la consommation médicale, ce qui mérite discussion.

Cependant, il n’existe pas que des médecins prescripteurs. Beaucoup d’activités médicales n’ont aucun impact sur l’INAMI, sans compter les débouchés innombrables dans le monde où la pénurie médicale est immense. L’absurde atteint son comble lorsque, comme le dénonçait dans sa carte blanche au Soir le 7 juillet dernier Jean-Jacques Rombouts, doyen de la Faculté de Médecine de l’UCL, on réalise l’attrait que représente notre Communauté pour les médecins du tiers-monde, vidant ainsi celui-ci de ses propres ressources médicales !

Combien de temps continuerons-nous à nous priver de nos propres ressources en cassant les vocations de nos jeunes, en créant une pénurie criante de médecins chez nous et en contribuant, en pays nanti, à la pénurie médicale dans le monde ?
Et tout cela en acceptant procéder à des sélections injustifiées et forcément injustes?

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