mer 11 oct 2006
Personne ne s’est étonné de ne pas voir l’ULg parmi le « top 200″ des universités mondiales dans le classement du Times Higher Education Supplement. En effet, nous étions 296è l’an dernier et 344è en 2004 !
A notre demande d’informations complémentaires, le Times répond : « Thanks for your interest in our work. But I have tragic news ! Liege is 201 equal this year and is therefore the best university not cited ! »
http://www.topuniversities.com/worlduniversityrankings/2006/tables/201_520/
Au delà de la légitime satisfaction d’une telle évolution, je reste interpellé par l’effet médiatique de ces classements, comme on l’a constaté ces derniers jours. En effet, un dixième de point (le 200è a 27,9 et nous, 27,8 !) vous fait exister ou non dans une liste publiée dans le monde entier et qui repose, comme je l’ai déjà écrit il y a un an, sur des critères dont certains sont très subjectifs.
Quoi qu’il en soit, nous ne pouvons que nous réjouir de cette progression qui nous rapproche certainement de notre véritable niveau !
Je salue la progression de l’ULg: grâce à elle, la Communauté française aura bientôt ses trois universités complètes dans le Top 200 mondial, ce qui est tout à fait remarquable.
Bravo à tous.
Bernard Coulie
Commentaire de Bernard Coulie, le 13 oct 2006 à 19:27Recteur de l’UCL
Merci Bernard, pour ces encouragements confraternels !
Notre Communauté n’a pas à rougir de ses universités et il est vrai que si un facteur, à mon avis déterminant, était pris en compte, à savoir le rapport entre la qualité des services rendus par nos universités et le montant de leur financement, nos trois institutions seraient tout en haut du classement !
Cette fierté est légitime, mais risque fort d’être de courte durée sans une rapide prise de conscience de l’importance de l’enjeu…
Commentaire de Bernard Rentier, le 14 oct 2006 à 7:31En tant que Liégeois, je suis très heureux de constater que l’ULg se rapproche du soleil (le top 200). En tant que journaliste, je m’interroge sur le sérieux d’un classement qui fait gagner à une université 143 places en deux ans ! Qu’est-ce qui explique ce formidable bond ?
Commentaire de François LOUIS, le 16 oct 2006 à 8:53Il est bien évident qu’une université ne s’améliore pas en un an au point de gravir 95 places sur près de 300 !
Il faut donc chercher ailleurs la cause de ce bond en avant.
Pour moi, la progression est due à une considérable amélioration dans la manière de traiter les demandes d’informations émanant des responsables du classement. En effet, les années précédentes, les questionnaires ont été remplis trop vite, trop superficiellement et sans étude approfondie des questions posées. Ils étaient traités par une personne unique dont la maîtrise de l’anglais n’était pas la principale qualité, quelle que soit sa bonne volonté. Aujourd’hui, nous constituons une équipe qui recense les informations les plus à jour, constituée de plusieurs spécialistes des administrations, mon cabinet gère le travail, centralise les réponses et je revois personnellement l’ensemble. Qu’on ne se méprenne pas : il ne s’agit pas d’ »arranger » les données, mais de veiller à y répondre de manière complète et professionnelle, sans risque de confusion. Par exemple, à la question sur le nombre de » faculty », on peut envisager au moins trois réponses : le nombre de facultés comme le suggère la traduction littérale (ce serait » faculties » dans ce cas), le nombre de professeurs ( » faculty » dans certains pays anglo-saxons) ou le nombre d’encadrants, professeurs, chargés de cours, personnel scientifique (également » faculty » dans d’autres).
L’analyse minutieuse montre ainsi que de très nombreux éléments du questionnaire risquent de prêter à confusion, voire de pénaliser significativement une institution qui n’apporterait pas tout le soin nécessaire à le remplir.
Ceci dit, je ne nie pas le caractère hautement imprécis d’une telle mesure. Ce n’est pas parce qu’on aboutit à une note avec décimale qu’on est précis ! J’ai souvent fustigé le caractère subjectif de ce classement. 40 % des points sont attribués à un sondage effectué auprès de milliers d’universitaires du monde entier, leur demandant quelles sont les meilleures universités, selon eux. Même d’une année à l’autre, on peut s’attendre à des variations considérables. Le top 20 ou 30 est attendu, mais pour le reste, l’imprécision devient énorme. L’Université de Liège ne mérite pas plus son ascension de 95 places que celle de Bruxelles ne mérite sa chute de quasi autant.
L’important, à mon sens est, d’une part, de prendre ces résultats avec beaucoup de circonspection et, d’autre part, de conclure que de se trouver dans les 200 ou 300 premières universités mondiales sur 3.000 répertoriées est une indication de qualité tout à fait honorable, ni plus ni moins.
Commentaire de Bernard Rentier, le 16 oct 2006 à 22:06Bonjour tout le monde,
En tant qu’un simple Universitaire Louvaniste d’origine chinoise, je souhaiterai faire quelques remarques concernant les rankings du TIMES que j’ai suivi avec intérêt depuis voici 3ans:
(N.B:Si mes propos offenceraient quelqu’un, veuillez m’en pardonner d’avance).
1. Comme le dit très bien Pr Rentier, les critères utilisés et surtout le % accordé à chaque critère sont primordiales. Il est nécessaire de dire que le fait d’être passé de 50% à 40% de 2004 à 2006 pour le critère de notoriété a donné plus de chances aux Universités de petites tailles. Car il est évident que les Universités plus réputées recevront plus de cotes que d’autres pour ce critère. En effet, je vous rappelle qu’il existe plus de 3000-4000 Universités à travers le monde entier, or pour ce crtière, on ne demande qu’à chaque académique de citer 30 Universités dans le domaine concerné, dès lors, il n’est pas étonnant que les Universités les plus connues d’oreille soient prononcées plus souvent que d’autres.
2. Pour ma part, je pense sincèrement que le critère ratio professeur/étudiant favorise largement les Universités de petites tailles ainsi qu’aux Universités ayant plus de moyens financiers (Si vous regardez le résultat de la VUB, vous comprendrez certainement ce que je veux dire). Toutefois, je ne pense pas qu’un critère puisse donner un résultat tout à fait objectif pour ce critère (20% commeme) dans la mesure où le TIMES ne connait que très peu les compétences réelles de chaque personnel académique et de leur capacité à enseigner ou encadrer un étudiant.
3. Les critières d’internalisation (étudiants+professeurs) donnent largement avantage aux Universités anglo-saxonnes. En effet, il est inutile de vous dire je crois que ce sont bien les pays anglo-saxons qui mènent la danse dans ce monde actuellement. Suite à cela, il n’est pas surprenant de constater que c’est l’anglais que l’on utilise le plus dans le monde académique, il est donc trivial de dire que la mobilité Pr-étudiant soit plus intense dans ces pays là. De plus, c’est un critère qui est naît avec la globalisation de l’économie, il est clair qu’on ne l’aurait certainement pas pris en compte si on se trouvait dans les années ’50.
4. Comme l’a très bien dit Pr Rentier, il s’agit bien du critère financier qui défavorise les Universités belges. Si nous disposions un peu plus de moyens financiers, disposerions nous peut-être de quelques prix nobels ou fields dans notre corps académique également(comme c’est le cas avec les grandes Universités américaines)? A propos de cela, je n’ai toujours pas compris pourquoi les propositions de quelques économistes Louvanistes d’augmenter le minverval aient été rejetter par l’Etat belge? D’ailleurs, un test d’entrée (non pas un test élitiste, mais plus un test pour mesurer le degré de motivation de l’étudiant) s’avère, je crois, nécessaire afin d’effectuer quelques économies supplémentaires sur le maigre compte bancaire des Universités belges.
5. je pense aussi que le critère « historique » de l’Université soit également un critère important pour un bon classement de l’Université. Je me permets d’attirer votre attention sur le fait que parmi le TOP des Universités mondiales, l’Université la mieux classée de chaque pays est quasiment toujours l’institution la plus vielle de la nation (Harvard, Oxbridge, Pékin, Tokyo, Singapour, Australie, Louvain…). En effet, c’est une logique quoique indémontrable mais bien réelle et je pense pour ma part irréversible. Car en effet, ce sont des institutions qui ont toujours attiré des personnalités de renom durant leur existence, et comme la tradition le dit très bien: « les talents attirent les talents », dès lors, ces Universités n’ont fait qu’amplifier leur dominance, à travers le temps, sur les autres. (NB: je veux bien mettre ma main au feu que la Peking University ne se fera JAMAIS dépassée par une autre Université locale si l’on suit toujours la logique du classement TIMES)
et sur ce point là, je pense l’éditeur du TIMES Mr Martin Ince est du même avis que moi. Je vous fait un cut-past de mon email (ne faites pas attention aux fautes de cet email rapidement rédigé):
Dear Mr Ince,
I have just taken part the « World’s Top 200 Universities » published by THES.
Altough All the respect I owe to this ranking, to your team,yourself and
your fruitful work, I still feel some doubts about that kind of ranking:
1) Altough being a student of Louvain, I have noticed the « Free University
of Brussels (French) » plumjed more than 100 places to be at 165th. Even
its « sister University (the Flemish one) », always considered as smaller
and less well ranked in the country is in front of her. Even if its
overall score hasn’t changed from last year, the third criterion (Faculty
/ student) has changed very much. So I am just wondering, How in only 1
year this criterion can have so many changings, I mean how in 1 year the
teacher and student’s curve could have so many perturbations.
This notice is not only done for Brussels, but also for Louvain and other
Universities.
2) As far as the first criteria is concerned (peer review), I aslo wonder
how the 1300 experts around the world could have their opinions different
only in 1 year for « the best institutions in its field ».
In conclusion, I think the criterion you used are definitely right and
percentage for each part depends on the time and world’s situation (e.g
fifty years ago, we wouldn’t have taken in account the « international »
criteria). But what I have some doubts is your data, from where, why, who
you get all of that? are the 1300 experts the same each year? etc
Yours Faithfully
CB
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Dear Chen Bao
Thanks a lot for your interest in our work.
I think there are a number of factors at work here.
First, I think international opinion would probably rate the universities of
Louvain/Leuven ahead of those of Brussels. The rankings now show this and I
am therefore happier than before.
In particular, our citations data now matches the overall score, which is
encouraging.
I think that change in our sample is also a factor. We used a total of 3703
people this year, but got to this by aggregating data from three years in
such a way that nobody was counted twice. In future years we will not use
any data more than three years old.
Best wishes
Martin
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Bien sincèrement.
CB
Commentaire de CB, le 17 oct 2006 à 23:17En réponse au commentaire précédent: l’augmentation du minerval proposée par certains économistes (visant à le quadrupler, rien que ça) est inacceptable pour des raisons évidentes. D’une part, les étudiants n’ont pas à pallier les carences du financement public. D’autre part, le manque de moyens ne peut être prétexte à un retour à l’arachaïsme des universités élitistes. Augmenter le minerval, c’est empêcher l’accès aux études à des milliers de citoyens. Renoncer à cet outil de progrès social pour quelques Nobels et la une du Times me parait être une solution disproportionnée et dangereuse à ce qui n’est, au fond, qu’un problème de financement et (donc) de volonté politique.
Commentaire de Thomas L., le 20 oct 2006 à 17:04Je ne vois pas de quoi vous parlez…
Commentaire de Bernard Rentier, le 22 oct 2006 à 20:35Je n’ai pas connaissance d’une quelconque velléïté de quadruplement du minerval !
Enfin, je suppose que quand on n’a vraiment rien à craindre, on s’invente des dangers…!
Nos étudiants sont aujourd’hui dans des conditions vraiment extraordinairement favorables, jamais rencontrées jusqu’ici par tous leurs prédécesseurs. Cela laisse sûrement un sentiment de nostalgie à ceux qui auraient aimé mener un combat difficile !
En 2003, des professeurs de l’UCL avaient suggéré d’élever le minerval à 4000 ou 6000 euros (soit entre 5 et 8 fois le montant du minerval plein actuel). L’article de l’époque est disponible ici: http://www.fef.be/page1151.html
Il ne s’agissait que d’une proposition qui heureusement n’a pas connu de suite, mais qui a tout de même été formulée. Pas de nostalgie donc, simplement de la vigilance…
Respectueusement,
Commentaire de Thomas L., le 26 oct 2006 à 21:04Dans ce cas, je comprends, mais rassurez-vous, il existe des tas de propositions délirantes et les universités n’ont, elles, aucune intention de fermer leurs portes aux moins nantis, bien au contraire. Le combat étudiant doit, comme le nôtre, être celui de la sélection par la qualité et les compétences, contre la discrimination par les moyens financiers.
Commentaire de Bernard Rentier, le 28 oct 2006 à 1:04Mais le meilleur, et même le seul moyen de défendre cet idéal est la réalisation par la population, donc par ses dirigeants, de l’absolue nécessité d’une formation de qualité, adaptée et efficace, donc plus coûteuse que ce que l’on imagine actuellement.
Un petit voyage en Chine remet parfaitement les idées en place !
Mr le Recteur,
Commentaire de Caroline, le 16 nov 2006 à 23:20Je suis d’accord pour dire qu’un classement aussi serré n’est certainement pas très « représentatif » mais : Est-ce que le système d’obtention du grade « Satisfaction » établit à 60,00% et d’une côte strictement supérieure à 8/20 pour être admis n’est pas du même acabis? En effet, à quoi se joue l’avenir d’un étudiant qui est ajourné pour un dixième de % ou pour 1 point dans une matière? Je serai heureux de connaitre votre point de vue.
Meilleures salutations à tous.
Nous ne parlons pas, hélas, de la même chose ! Ce que je conteste, à propos du classement des universités par le THES est le classement au dixième de pourcent alors que l’étude sur laquelle il repose est très largement subjective car basée essentiellement sur la notoriété. Rien ne peut être plus subjectif que cela…
J’ose espérer que l’atribution d’une note à un étudiant par un professeur (si elle ne peut éliminer toute subjectivité, soyons réalistes) est quand même d’une précision nettement meilleure et plus fiable !
Par ailleurs, je comprendrais mieux votre commentaire à propos des concours universitaires. Satisfaire à un examen n’est pas la même chose qu’être gagnant à un concours car il n’y a pas de compétition lors d’un examen.
Ceci dit, je reconnais que, dans les deux cas, il y a une barre à franchir et qu’il est vexant d’échouer pour un dixième de pourcent ! Mais il faut bien mettre la barre quelque part. Y déroger ensuite ouvre la porte à tous les excès et toutes les injustices.
Commentaire de Bernard Rentier, le 19 nov 2006 à 11:02Les classements dont on parle sont faits par des anglo-saxons selon des méthodes anglo-saxones et en langue anglaise.
Rien n’empêche les francophones, de faire eux aussi un classement MONDIAL des universités, selon des méthodes francophones en langue française, qui est une langue toute aussi mondiale que l’anglais.
Pourquoi accepter des outils de mesures partiaux ?
Quitte à prendre des outils de mesures non objectifs, autant prendre nos propres outils.
Quand arrêtera t-on de se laisser flageller par les anglo-saxons ?
Commentaire de Dido, le 14 fév 2007 à 11:23