septembre 2007


Dès le lendemain de la cérémonie de Rentrée académique, je me suis envolé pour le Mexique, à Monterrey où se déroule actuellement le Forum Universal de las Culturas, un événement mondial de très grande dimension (80 jours, plus de 150 évènements). L’Université de Sherbrooke y a organisé cette semaine une rencontre entre ses partenaires internationaux principaux: les Universités de Montpellier 1 et 2, le Pôle interuniversitaire européen de Montpellier et du Languedoc-Roussillon (France), l’Università degli Studi di Trento (Italie), l’Université de Liège et l’Universidad Autonoma de Nuevo Leon à Monterrey.
Nous y avons signé un accord pour la fondation du réseau LATINUS (les langues latines sont notre point commun le plus évident, mais il y en a beaucoup d’autres).

Les partenaires du Réseau « désirent réaffirmer, dans le cadre du Forum Universel des Cultures 2007, l’importance de promouvoir et de soutenir la diversité culturelle qui constitue une valeur fondamentale du développement humain. Le groupe ainsi constitué reflètera la richesse de cette diversité au sein du monde latin et mettra en valeur l’apport de cette latinité dans tous les secteurs de l’activité humaine ».
Sans se refermer sur nous mêmes, nous restons ouverts aux autres langues tout en contribuant à préserver le patrimoine culturel d’origine latine dans sa diversité.

La prochaine réunion plénière du Réseau aura lieu à Liège le 26 novembre 2007, afin de faire progresser les projets concrets qui seront entérinés à Montpellier le 25 juin 2008.

Cet accord entre dans le droit fil de la politique de relations internationales que nous avons définie: travailler le plus possible en petits réseaux d’institutions comparables qui partagent les mêmes objectifs et ambitions au plan international constituer ainsi des réseaux de réseaux.
A cet égard, nous avons déjà constitué d’autres alliances multipartites: l’une avec l’Université du Kwazulu Natal de Durban (Afrique du sud) et l’Université de Lubumbashi (RDC) en vue du redéveloppement de cette dernière, l’autre, en cours de formation, avec l’Universidade Federal do Amazonas à Manaus (Brésil) et l’Universidade Central del Ecuador à Quito (Equateur).

A côté des séances de travail remarquablement organisées par nos collègues mexicains et la chaleur vibrante, non seulement du climat, mais de l’accueil, vivre un match de football entre l’équipe de l’Université et celle de la ville, toutes deux en première division, dans un stade de 50.000 places rempli par les étudiants qui ont un sens aigu de l’appartenance à leur Alma Mater, dans un pays où ce sport est roi, est, même pour quelqu’un de peu versé en matière de ballon rond, une expérience visuelle et sonore inoubliable…

La polémique fait rage dans les commentaires sur mon billet « Fumeux« .
Intéressant.

Mon blog a cependant cette caractéristique qui le distingue de beaucoup d’autres: je ne publie ni les messages anonymes, ni les messages orduriers, ni les épanchements de frustrations personnelles. Une grande institution comme la nôtre recèle inévitablement rancœurs et amertumes. Elles sont, je pense, très minoritaires. Exposer publiquement les rancunes personnelles serait une déformation de la réalité et resterait stérile. Quant aux agressifs de l’extérieur, je ne puis non plus les accueillir et, d’ailleurs, je ne saisis pas réellement leurs motivations. J’accueille volontiers la critique, si elle est courtoise et constructive.

Ce blog a été conçu comme un lieu de débat ouvert entre gens de bonne compagnie (désolé pour cette discrimination affirmée à l’égard des hargneux et des anonymes) et non en tant que lieu public de règlement de comptes ou porte-voix pour aigris.

Je pourrais difficilement cacher ma fierté à propos du site REFLEXIONS de l’ULg, qui rend hommage aux chercheurs de notre Université et, à travers eux, à la recherche scientifique en général.
C’est, à ma connaissance, le premier site francophone du genre et il est d’une classe et d’une qualité exceptionnelles.
Reflexion, sans accent pour les anglophones (le site est entièrement bilingue) et avec un x pour les francophones, il en faut pour tout le monde.
Reflexion, pour le double sens de réfléchir (penser, chercher à comprendre) et réfléchir (être le reflet de ce qui se fait à l’université).

Il y a quelques années, l’idée m’était venue que, si les missions majeures de l’université étaient la recherche et l’enseignement, c’est-à-dire la création du savoir et sa transmission, nous devrions mieux faire connaître les travaux de nos chercheurs, dans un langage compréhensible par tous et avec des outils d’explication modernes. De plus, on devrait pouvoir donner ces explications à différents niveaux pour un public très varié. L’internet se prête parfaitement à cet exercice.
Bien évidemment, ceci ne remplace en rien la publication ciblée pour les spécialistes du domaine et la communauté scientifique avertie et compétente.

On dira que cela confine chez moi à l’obsession, mais je suis convaincu que REFLEXIONS s’inscrit très exactement dans la ligne de la diffusion des résultats de la recherche en accès libre pour chacun, il est le parfait exemple « grand public » de l’Open Access.
Et c’est bien normal. La très grande majorité des recherches fondamentales réalisées dans une institution comme la nôtre le sont grâce à des subventions publiques. Il est donc normal que le contribuable qui a, même sans le savoir, subventionné nos recherches, puisse être informé clairement et de manière compréhensible, sur ce qui est advenu de sa contribution.
C’est le principe même de l’OA, sans doute encore plus compréhensible dans ce cas.

Le travail est gigantesque et, même en l’état actuel, suscite l’admiration. C’est pourquoi je rends ici hommage à Henri Dupuis et à son équipe, car nous avons voulu qu’un site aussi important pour nous que celui-là repose à la fois sur l’expertise des chercheurs et sur celle de professionnels du journalisme de vulgarisation. J’encourage d’autres chercheurs et d’autres journalistes à se lancer dans l’aventure. Quoi de plus enthousiasmant pour un chercheur ou une équipe de recherche que de voir ses recherches exposées de la sorte et comprises par tous, au moins dans ses principes et dans la mesure où elles contribuent utilement au progrès des connaissances, non seulement des spécialistes, mais de tout le monde ?

Mais ce qui vous convaincra le mieux de l’intérêt de ce site, c’est encore d’y aller vous-même.

Certains me reprochent gentiment de défendre mon université comme un tigre ses petits. Sans doute n’ont-ils pas tort. Il serait bien dommage qu’il n’en fût point ainsi.

Mais si je suis prompt à embrocher l’un ou l’autre chercheur d’une autre université qui tire de ses travaux des conclusions hâtives ou excessives, ou l’un ou l’autre journaliste qui fait écho à de telles études sans grand discernement — ça m’est arrivé quelques fois ces derniers temps, je le reconnais ! — je dois aussi savoir réagir lorsque des énormités émanent de ma propre Institution.

Ce vendredi, annonce-t-on, le Vif/L’Express sortira un article basé sur les calculs d’un chercheur de l’ULg qui a passé son temps à évaluer la quantité de CO2 qui sera émise dans l’atmosphère lors du Grand Prix de Formule 1 à Francorchamps ce week-end : 8.500 tonnes selon lui.

On aime ou on n’aime pas la F1, peu importe. Mais ici encore, que penser de la rigueur scientifique d’une étude qui jette en pâture au public des données qui mélangent allègrement les émissions de gaz par les bolides en course et celle des spectateurs venus sur le site en voiture. Ceux-ci produiraient à eux seuls 82 % de ce montant…
Si l’on enlève de ce qui reste les émissions de la presse et ses 500 journalistes (7,4 % du total) et les équipes techniques (5,9 %), la course de F1 proprement dite ne rejettera que… 0,64 %. Dérisoire.

Soyons clair : je ne remets pas en question la rigueur éventuelle du calcul, mais comme chaque fois, l’usage qui en est fait et le propos qu’on lui fait servir. Je me réjouis de lire l’article. Ou je me trompe fort, ou il fustigera les nuisances de la F1. Car exprimé en tonnes, moins de 1 % peut faire grosse impression.

Mais peut-être au contraire posera-t-il judicieusement la question de savoir quelles sont, par comparaison, les émissions lors du passage d’une étape du tour de France ou lors d’un match Standard-Anderlecht ou d’un concert des Rolling Stones… Ou sur l’autoroute de la mer par un beau week-end ensoleillé.

Tout problème mal posé génère des réponses inutiles. La vraie question est celle de l’automobile de chacun, la course elle-même ne polluant même pas 100 fois moins que le public qui vient la voir !

Et pour être complet, notre chercheur a-t-il compté l’électricité dépensée par le demi milliard de téléviseurs qui vont être allumés à cette occasion et diffuser dans le monde entier une image positive de la Wallonie ?