dim 25 juin 2006
Le nouveau décret « résidents/non-résidents » de la CFWB est sorti.
Il vise à résoudre le problème de la pléthore d’étudiants étrangers dans certaines de nos filières d’études de l’Enseignement supérieur universitaire et non universitaire.
Une des filières les plus touchées par cette pléthore est la Médecine vétérinaire, où l’on sait que les étudiants français affluent en nombres tels qu’il est devenu quasi-impossible d’assurer la qualité des formations pratiques nécessaires aux étudiants des trois années supérieures. Cet état de fait faisait courir le risque aux vétérinaires de l’ULg de se voir privés de l’accréditation européenne dans ce domaine, référence importante pour cette formation.
Devant cette menace à notre enseignement réputé dans ce domaine, un premier décret a, il y a quelques années, créé un examen d’entrée assorti d’un numerus clausus. L’effet fut certes de ramener les étudiants à un nombre raisonnable, mais introduisit un biais considérable en faveur des étudiants français, globalement mieux préparés en raison de la qualité de leur formation dans l’enseignement secondaire et de l’année préparatoire que la majorité d’entre eux a généralement suivie en France.
Numériquement, le problème était résolu, mais il avait pour autre résultat que la Communauté française de Belgique subventionnait quasi-exclusivement des étudiants français et que sa faculté unique de Médecine vétérinaire ne formait quasi plus de belges ! Le souci de voir à l’avenir notre Communauté manquer sévèrement de vétérinaires se profilait très clairement à l’horizon, outre l’aberration de voir se fermer aux jeunes belges les portes d’une formation qui suscite de nombreuses vocations.
L’Europe ne permet pas de discrimination sur base de la nationalité. En limitant à 30 % l’accès à certaines filières, dont la Médecine vétérinaire, pour les étudiants non-résidents, le gouvernement a trouvé un moyen de freiner ce déséquilibre outrancier, tout en libérant complètement l’accès pour les résidents.
On peut discuter à perte de vue sur l’opportunité d’une telle mesure et sur certains de ses effets collatéraux (frein à la mobilité étudiante à une époque où « Bologne » l’encourage ouvertement, sélection des 30 % de non-résidents par tirage au sort, entre autres) mais c’est là un autre débat. La réaction, cette semaine, de nos collègues vétérinaires est, elle, liée à l’ouverture sans restriction des études à tous les résidents. Ils y voient l’effondrement d’un barrage qui risque de créer une nouvelle vague de pléthore, belge cette fois, à laquelle ils ne souhaitent plus avoir à faire face, alors qu’ils commençaient seulement à apercevoir le bout du tunnel.
Leur inquiétude est légitime, mais peut-être pas fondée, qui sait ? Le risque aujourd’hui de voir venir vers ces études une quantité de résidents supérieure à celle qui prévalait avant la pléthore française n’est pas démontré et l’alarme est peut-être inutile. Il semble sage d’attendre les inscriptions et d’en tirer les leçons alors.
Mais cet attentisme inquiète nos collègues et ils proposent la mise en place d’un concours qui sélectionnerait un nombre précis d’étudiants après la première année, réétablissant ainsi un numerus clausus, non plus préalablement à l’entrée aux études mais après une année. Cette mesure semble en effet prudente et mérite qu’on s’y intéresse.
Dans la perspective d’une première année expérimentale sans limitation et de l’absence de filtre en fin de première, nos collègues vétérinaires ont lancé lundi dernier un communiqué de presse annonçant qu’ils se verraient obligés de limiter à 200 le nombre d’étudiants pouvant obtenir l’accès aux cliniques de quatrième année.
Répercuté par Le Soir sous une forme très simplifiée qui en tronquait évidemment les nuances et n’en retenait que l’élément-choc, l’appel semblait émaner officiellement de l’ULg.
Ceci m’amenait donc à réagir en précisant que la position de l’ULg ne pouvait être de proposer une solution illégale et qu’à aucun moment, son Conseil d’Administration n’avait évoqué une telle limitation.
Ces entrefilets laissaient apparaître une soi-disant polémique entre les vétérinaires et moi, alors que le débat de fond était tout autre.
Bien évidemment, l’ULg soutiendra ses vétérinaires et j’ai demandé à être reçu dans les meilleurs délais par le Conseil de Faculté pour exposer mon point de vue, les mesures (légales) que j’envisage de prendre en fonction des événements et les pistes à explorer par la suite.
L’aide apportée par l’ULg aux vétérinaires spécifiquement pour faire face à la pléthore se monte déjà à plus de 12 millions d’Euro en cinq ans, on le sait trop peu. Mais il est vrai qu’un soutien financier, qui se traduit largement en personnel d’appui, ne suffit pas. En particulier, il ne résout en rien le simple problème du nombre de « patients » et du nombre de cas cliniques nécessaires pour la formation d’un tel nombre d’étudiants.
Et si le problème attendu se révèle vrai, je soutiendrai la proposition de nos collègues de mettre en place un dispositif de sélection après la première année, comme on l’a fait en Médecine récemment.
Je rappelle que la Médecine vétérinaire n’est pas seulement une spécificité de l’ULg en CFWB mais qu’elle en est un fleuron et qu’à ce titre, elle mérite toutes nos attentions, celles de l’ULg mais également celles de toute la Communauté.
[Déposé sur le blog interne]
15 août 2006.
Force est de reconnaître la rationalité de ces propos, néanmoins, le problème vétérinaire subsiste depuis tant d’années qu’il parait étrange qu’un concours “conditionnel” (rappelons qu’il ne s’appliquerai pas en cas d’absence de pléthore) soit aussi difficile à mettre en place.
Il semble étrange, après l’issue proposée par la ministre aux organes législatifs, que finalement un concours à double entrée n’ait pas vu le jour d’autant que les infrastructures étaient en place, il suffisait d’en changer les modalités de réussite.
Nous sommes bien sur tous conscients que le temps politique n’est pas le temps universitaire, étant lui-même très différent du temps facultaire et eux tous bien insaisissables pour le temps étudiant.
Je me permets de remémorer un peu ce temps étudiant, fugace car il ne dure que six ans, mais suffisamment long pour gagner un combat contre les temps politique et universitaire à l’époque. Il est très complexe de concevoir que la mise en place des “digues” contre les marées tumultueuses de la pléthore soient en partie dues à des initiatives étudiantes puissantes, mais que parallèlement, l’université reste -trop- souvent cantonnée à son rôle de bayeur de fond et d’organisateur.
Il m’avait semblé que derrière notre faculté sourdrait une volonté puissante du chef de notre institution d’en faire “le fleuron de l’ULg”. Nous avons “manqué le coche” de la mise en place de cette grande faculté européenne de médecine vétérinaire, mais qui est ce “nous”?
Evidemment, c’est plus facile à dire lorsque l’on a les mains libres -propres au temps étudiant. Néanmoins, il subsiste au palais de trop de participants au débat un arrière goût métallique caractéristique des défaites martiales.
Perdu une bataille? Oui, c’est certain car l’inadéquation entre le temps facultaire et universitaire vient de révéler une complète défaite stratégique.
Perdu la guerre? Assurément non, car cette nouvelle Europe et la sauce “Bolognaise” dispensée sur nos universités sont des victoires pour tous les participants et je suis admiratif de l’augmentation des échanges entre les différents « temps », la cohérence de l’enseignement en est divinement améliorée. Seulement, cette réflexion n’a de sens à la seule condition que l’on apporte une réponse censée à l’harmonisation des cursus supérieurs, et que l’on en maîtrise les flux migratoires.
Vous étiez tous partants pour faire de cette faculté un centre européen de la médecine vétérinaire, en réserver l’accès pour en redorer la formation est extrêmement simple pour des résultats quasi immédiats (au temps universitaire). Alors pourquoi persister à rappeler les investissements à titre d’argument alors que l’appui logistique est étrangement dispensé?
Notre faculté possède une caractéristique propre (à l’inverse de vos propos et de ceux de certains de nos enseignants) car nous possédons une infrastructure double parmi les services qui font de cette faculté un “fleuron et une spécificité”. Certains des services sont absolument liés aux missions d’enseignement et de recherche de type paracliniques, mais on compte également parmi les départements oeuvrant pour la “spécificité” des services cliniques
Services où la mission de « service à la communauté » est primordiale car elle constitue le coeur et l’influx nécessaires à la vie de la mission d’enseignement et de recherche. Inutile de préciser que ces services contiennent une partie indispensable de l’enseignement vétérinaire européen : Les sciences cliniques et la médecine. Certes, cet apprentissage de la diagnose médicinale n’est pas différent de celui de la recherche fondamentale et appliquée, il en est même un principe indispensable. Il reste néanmoins que l’exercice qu’il suppose s’applique à un matériel dont la disponibilité est mise à mal par l’incohérence entre les admissions universitaires et les capacités d’accueil dans les cliniques de la faculté.
Cela étant, si l’on suggère que ces services devraient être autosuffisants au niveau financier, il faut pouvoir néanmoins assurer la formation des étudiants car finalement ce “fleuron” de l’ULg n’est pas une grande clinique vétérinaire de rayonnement international dirigée par des praticiens hautement expérimentés, ce sont avant tout des centres de formations pratique de premier ordre. Il est évident que quel que soit les quantités d’argent investies dans la pléthore facultaire, aucun budget ne peut efficacement ramener des animaux malades dans nos murs (à moins évidement, comme l’a humoristiquement constaté notre doyen, de casser nous-mêmes les membres de ces animaux).
Pour en terminer, j’ai admiré vos projets pour cette faculté, néanmoins, on peut regretter que ce concours conditionnel n’ai pas reçu autant d’appui qu’il aurait du en “temps” voulu pour éviter de voir morceler ce dossier en plusieurs années d’essais.
PS: La suite donnée confirme nos espérances, mais nous resterons vigilants…
Léonard THERON, étudiant.
Commentaire de Bernard Rentier, le 19 août 2006 à 16:43