Généralités


Un étrange et regrettable dérapage s’est produit cette semaine avec une partie de la représentation étudiante au C.A.

Dans un commentaire récent sur le « blog Projet », j’ai malencontreusement (!) utilisé le terme « représentativité » dans le sens de « reflet objectif de l’ensemble des opinions » des personnes dont on est le délégué, alors que pour certains, il signifie « légitimité électorale ». Lorsque j’ai voulu mettre en garde certains représentants étudiants contre une dérive qui risquait de leur faire perdre leur représentativité au sens où je l’entends, ils ont cru que je remettais en cause leur légitimité. Il n’y avait là, somme toute, rien qu’un léger malentendu sur lequel il eût été facile de s’expliquer. Je suis même arrivé à décoder cela tout seul.

Mais voilà que l’incident a pris des proportions démesurées et a suscité l’ahurissante décision de ces représentants de quitter en bloc le C.A. après lecture d’une déclaration dénonçant mon rejet de leur « légitimité d’expression », comme s’il s’agissait d’une goutte qui aurait fait déborder le vase… J’ai même été accusé, sur le blog d’un de ces étudiants, de vouloir « lancer une entreprise de démolition des représentants démocratiquement élus par les étudiants ».

Et pourtant, je n’avais pas perçu de signe avant-coureur. Ma rencontre avec ces mêmes représentants le 25 février avait duré plus de deux heures et s’était déroulée dans un excellent climat, courtois et même cordial. Cette rencontre s’était également révélée très constructive, me conduisant à amender mon Projet sur plusieurs points ayant trait à la représentation étudiante dans divers organes, au timing de l’adoption de la réforme universitaire que je propose par rapport à la prochaine élection rectorale, etc.

Une telle hypersensibilité est donc pour le moins surprenante. Elle m’inquiète quant aux possibilités de dialogue pourtant indispensable entre étudiants et autorités. Si, face aux invectives et aux propos insultants, un simple mot mal interprété peut déclencher un tel blocage, on ne voit pas bien comment on pourrait échanger des idées, se comprendre, se convaincre mutuellement, bref, mettre à profit tout ce qui constitue le dialogue constructif entre les différents corps qui partagent la gouvernance de l’Institution.

Dans un message déposé sur le blog Projet, un étudiant du même groupe « souhaite très sincèrement que cet épisode ne soit pas l’occasion d’une rupture de dialogue »! Cette candeur est presque touchante, je le dis sans aucune ironie. Comment peut-on quitter le Conseil d’administration en refusant ne fut-ce que l’écoute de la réponse à une déclaration à laquelle on s’associe, et tout à la fois espérer que cette rupture ne rompe rien ? Sauf à ne pas mesurer la portée exacte de ses actes.

Je voudrais ici réaffirmer mon rôle de recteur, qui n’est pas tant de dicter la conduite des choses que de veiller au fonctionnement harmonieux de l’Institution, en restant à l’écoute de chacun. Je tiens à assumer cette mission au mieux en clamant, une fois encore, que je ne me situe pas à une extrémité du monde universitaire ni à son sommet, les étudiants étant à l’autre extrémité ou tout en bas. Au contraire, je dois rester au centre d’un vaste ensemble et garder le contact avec chacun. Aucun membre de la communauté universitaire n’a intérêt à une perte de contact, nous sommes tous dans le même bateau et il est des enjeux importants et urgents à régler. On peut diverger sur l’urgence relative et même sur le bien-fondé des enjeux, mais on doit aussi apprendre à composer avec les autres passagers du bateau pour trouver un cap commun. Certes, je ne puis promettre à chacun que ses désirs seront exaucés, mais je dois pouvoir sentir la température de l’Université et de ses différents corps à tout moment et veiller à maintenir, pour cela, un dialogue ouvert avec tous.

C’est pourquoi je ne puis admettre l’affirmation que mon projet de réforme institutionnelle a été élaboré en cercle restreint, lors de rencontres entre privilégiés, ni qu’il aurait été vendu clé sur porte aux différents membres de la communauté universitaire, à la faveur de négociations obscures, maquillé en consultation démocratique. Il m’est difficile d’imaginer une plus vaste consultation que celle qui a conduit au Projet. Ce blog, tout comme celui du Projet, en est la preuve évidente s’il en était encore besoin.

Tout dialogue peut se trouver rapidement bloqué, non seulement par la désertion des lieux réservés à la discussion, mais aussi et surtout par l’agression verbale ou écrite, les affirmations et les accusations péremptoires, le mépris de l’autre.

Ce qui paralyse le dialogue, ce sont les préjugés. Mais le meilleur remède contre les préjugés, c’est le dialogue.

Préservons-le, il est le prérequis de la compréhension mutuelle et du progrès collectif.

La profondeur de mon silence sur ce blog est généralement en relation inverse avec le nombre et l’importance des événements qui marquent notre vie universitaire, malheureusement. Ces derniers jours en ont donné une nouvelle preuve.

Jane Goodall
La spécialiste mondiale des chimpanzés, véritable idole de très nombreux éthologistes et naturalistes du monde entier, était dans nos murs lundi dernier, pour une très belle conférence sur la conservation de la nature et le parcours qui l’a amenée à prendre fait et cause pour la défense de la planète. Immense succès puisque la Salle académique était archi-pleine et qu’il a fallu retransmettre la conférence en vidéo dans une seconde salle. Le Prince Laurent nous avait même gratifié d’une visite-surprise. Jane Goodall devait être des nôtres pour être faite docteur honoris causa de l’ULg le 26 mars prochain. Comme elle ne pourra être présente, j’ai eu l’honneur de lui remettre ses insignes avec un peu d’avance lors de cette séance très appréciée.

Dans un même ordre d’idées, je signale que le professeur Pachauri, prix Nobel 2007 pour le GIEC, docteur honoris causa de l’ULg en 2008, sera parmi nous le 31 mars prochain dans la matinée et qu’il donnera une conférence aux Amphis de l’Europe à 10h.

The Scientist
Le célèbre magazine américain des sciences du vivant a fait une enquête auprès de ses lecteurs et leur a demandé quelle université ou centre de recherches leur avait semblé le meilleur pour y réaliser un « post-doc ». Il publie la liste des dix premiers hors-USA et l’ULg se trouve en 9è position mondiale.
Evidemment, je suis très mal placé pour pousser un cocorico puisque j’ai toujours critiqué le principe-même des « rankings » d’universités ! Mes critiques s’articulaient sur trois points : le caractère subjectif qu’induit le principe de notoriété, le biais introduit par la possibilité de lobbying de l’institution (ne serait-ce que parce qu’elle doit apporter des données chiffrées aux enquêteurs) et surtout le nombreuses anomalies et aberrations dans la méthodologie générale des classements.
Alors, aujourd’hui, lorsque l’ULg est incroyablement bien classée, serais-je plus clément ? Donnerai-je raison à ceux qui me reprochaient d’être contre les classements parce que nous étions mal classés ? (nous ne sommes jamais mal classés, mais toujours assez loin parmi les belges).
Bien sûr que non. Je dirai simplement qu’ici, c’est un test qui porte exclusivement sur la subjectivité et qui est donc hautement critiquable à cet égard. Il n’est basé que sur ceux qui ont répondu à l’appel, ce qui biaise évidemment le test. Il est cependant ciblé sur une catégorie étroite de gens (ceux qui ont fait un post-doc à l’étranger) et il ne repose que sur l’avis de ces chercheurs, non sur des données collectées auprès de l’institution… On ne peut donc rester insensible au compliment adressé à l’ULg par ceux qui y sont passés. Merci à eux !
J’ajouterai que les efforts consentis par notre université pour rassembler de manière efficace ses forces vives en matière de sciences du vivant ne sont probablement pas sans rapport avec la bonne impression des chercheurs.
Maintenant, il nous reste à affronter la nuée de candidatures de post-docs venant de partout… !

Une de mes interviews peut être réentendue en podcast sur Cocktail Curieux (RTBF « La Première ») du 4 mars 2009.

Uppsala-Cracovie-Liège
Au cas où l’UCL perdrait son C*, nous pourrions revendiquer le sigle pour notre nouvelle association tripartite entre l’Université d’Uppsala en Suède, l’Université Jagiellone de Cracovie en Pologne et l’Université de Liège. Lors de la rencontre des trois recteurs (cinq si on y ajoute la rectrice des universités agro-vétérinaires d’Uppsala et de Cracovie) à Colonster jeudi dernier, les nombreuses similitudes et complémentarités entre nos institutions sont apparues clairement et nous avons convenu de prolonger l’effort pour établir une relation triangulaire forte entre nous. Une prochaine rencontre devrait avoir lieu en Pologne dans quelques mois.
*Tout compte fait, pour le sigle, c’est non : il faudrait aussi que l’University of Central London abandonne une lettre… ;-)

Assises de la recherche
Le bilan de la recherche en CFB et les perspectives d’avenir, qui faisaient l’objet des Assises de la Recherche de la Ministre M.-D. Simonet, ont recueilli un succès certain et une grande affluence qui rendait ainsi hommage aux efforts incontestables que la Ministre a déployé durant les 5 années de la législature pour améliorer le soutien à la recherche. Affluence qui contrastait avec la présence d’un journaliste isolé lors du point-presse qui précédait l’évènement… La recherche n’intéresse encore que les chercheurs et, heureusement, quelques politiques.

Restaurant
Pas de première pierre depuis douze ans à l’ULg… C’est dire l’importance de l’évènement de vendredi dernier, même si la pierre n’était que virtuelle et symbolique. Peu importe, ce qui compte, c’est que les travaux ont commencé et que le nouveau restaurant « écologique » sera accessible à la rentrée de 2010 et qu’il fera partie d’un vaste réaménagement de toute la zone Nord du Domaine du Sart Tilman (bâtiment d’accueil à l’entrée, voies piétonnes et cyclistes, cafétarias, agrandissement du B52 Ingénieurs, etc). Enfin, ça bouge !

Séance des FNRS
Sympathique accueil, devenu maintenant traditionnel chez nous, des nouveaux chercheurs FNRS par les anciens, cette année en présence de la nouvelle Secrétaire générale, Véronique Halloin, qui s’est déplacée pour partager ces moments de convivalités avec « ses » chercheurs.

« C’est notre terre »
Une magnifique exposition est à voir absolument dans les souterrains Tour & Taxis à Bruxelles si vous ne l’avez déjà fait. Elle convient à tous les âges et fait preuve d’un talent pédagogique exceptionnel qui ne nous étonnera pas puisqu’un des deux scénaristes n’est autres qu’Henri Dupuis qui est aussi le rédac’ chef de notre magazine web Reflexions. La contribution scientifique liégeoise y est massive comme en témoigne la liste des spécialistes consultés et les crédits de prêt de pièces scientifiques. Je vous recommande chaudement cette visite.

Foire du Livre
Succès dimanche pour le livre de Nicolas Ancion Retrouver ses facultés à la Foire du Livre de Bruxelles. La présence de l’auteur au débat intitulé « Peut-on rire de l’Université ? » et sans doute surtout celle de Pierre Kroll, illustrateur du livre, étaient sans doute pour beaucoup dans ce succès de foule et la longue file à la signature d’autographes !
Oui, on peut aussi rire de l’université, comme de tout d’ailleurs, du moment qu’on ne blesse personne, mais en publiant l’ouvrage, les Editions de l’ULg ont montré que rien n’est plus percutant (et surprenant, pour beaucoup) que l’auto-dérision.

Les élections au Conseil d’administration de l’ULg approchent à grands pas.
Comme tous les corps, les étudiants vont voter et il est important qu’ils le fassent. Et qu’ils présentent en nombre leur candidature également.
Persuader les étudiants de participer aux élections en votant ou, mieux encore, en étant candidat, n’est généralement pas chose facile. Les exhortations des autorités académiques n’ont que peu d’effet. La « Fédé » a plus de chance de convaincre et elle s’y emploie. En particulier, elle y a consacré la plus grande partie du dernier numéro de son journal, le P’tit Torè.
Comment ne pas être désarçonné , dès lors, par le choix de l’illustration en couverture ?

Première hypothèse: les étudiants responsables n’ont jamais entendu parler du personnage, ils ont juste sélectionné la photo d’un brave citoyen (en képi, il est vrai) en train de voter. Cela m’étonnerait, connaissant leur érudition politique.

Deuxième hypothèse: ils ignorent tout du bilan de l’homme, la dictature totalitaire, le Goulag, la Sibérie, les déportations massives des coréens, des polonais, des allemands de la Volga, des baltes, des tchétchènes, des tatars de Crimée, des kalmouks, des ukrainiens, entre autres. Il n’ont pas eu vent des séquestrations arbitraires, du placement forcé de centaines de milliers d’enfants en orphelinat, du Politburo, des purges systématiques, des rafles quotidiennes et de la terreur permanente. Cela m’étonnerait tout autant, pour la même raison. Ils devraient également ignorer les pratiques électorales connues du monde entier sous le nom de « vote stalinien » et ce serait encore plus surprenant.

Troisième hypothèse: tout ceci n’est qu’un énorme clin d’œil, certes de mauvais goût, mais relevant d’un humour au second degré. Dans ce cas, on devrait en trouver la clé quelque part dans ce même numéro du journal. J’en ai nourri l’espoir mais il n’en est rien, j’ai bien cherché…

Quatrième hypothèse: l’allusion est intentionnelle. Le sympathique « petit père des peuples » est bien une référence honorable pour l’éditeur responsable du P’tit Torè (la Fédé), il est une icone montrant à tous le chemin à suivre et les méchancetés que l’on raconte sur son compte ne sont que malveillance. J’espère de tout cœur qu’un tel révisionnisme n’a pas cours dans notre université.

Une cinquième hypothèse m’échappe? Dites-moi que oui!

On me dira que je m’inquiète pour quelque chose de bien anodin mais, sans rire, ce n’est pas mon avis. Et si j’étais étudiant à l’ULg en 2009, je me poserais quand même sérieusement la question de savoir qui me demande d’adhérer et à quoi…

La préparation au lancement du nouveau Projet de l’ULg avance bien.
Après le Conseil académique du 15 octobre 2008 (élargi au personnel scientifique définitif et aux mandataires permanents du FNRS) où j’ai présenté pour la première fois le Projet, celui-ci a fait l’objet de remarques et critiques constructives nombreuses et diverses. Je l’ai également exposé au CUPS et il le sera prochainement à une assemblée générale du personnel, comme je l’ai annoncé mercredi dernier lors des vœux à la Communauté universitaire. En outre, en décembre et janvier, le Vice-recteur, la Directrice générale et moi-même nous sommes rendus dans les neuf Conseils de Facultés, Ecole et Institut, où nous avons rectifié certains malentendus et précisé les intentions de fond. Je me rendrai prochainement à Gembloux pour y faire le même exercice, mais là il s’y ajoutera un très large volet sur les conditions et le phasage de l’intégration de la Faculté agronomique dans l’ULg.
Durant ce périple, je n’ai pas ressenti d’opposition claire et nette aux objectifs et aux principes généraux du Projet, juste une assez profonde inquiétude quant aux modalités d’exécution. Beaucoup de gens anticipent des lourdeurs, des charges supplémentaires, parfois même une épée de Damoclès que serait l’évaluation pour leur avenir ou leur carrière, un coût excessif, voire même une dédain de l’enseignement conduisant à son atrophie. J’ai abondamment expliqué pourquoi nous prévoyions tous ces effets pervers et indiqué que nous prenions les mesures pour les prévenir.
L’année « tampon » 2009-2010 verra l’installation des processus nouveaux et, en premier lieu, leur évaluation afin que les défauts résiduels puissent être repérés et corrigés avant la mise en application générale qui devrait intervenir avec la rentrée 2010.

J’invite les membres de la Communauté ULg à se rendre sur le blog du Projet institutionnel pour y trouver les ajouts récents qui découlent largement de ces nombreuses consultations.

Tous les deux ans revient la saison des promotions dans le corps enseignant. Entre St Nicolas et Noël, cela fait un peu distribution de cadeaux. C’est ainsi que ce mercredi, le Conseil d’administration de l’ULg est descendu dans quelques cheminées professorales.

Mais la comparaison s’arrête très vite là. Contrairement au grand Saint ou au petit Papa, le C.A. ne peut pas essayer de faire plaisir à tout le monde. Il ne peut même pas, et c’est plus grave et plus frustrant, récompenser les méritants. En effet, face à de nombreuses candidatures (plus de deux cents), il ne peut en accorder « que » 24 comme professeur ordinaire, 32 comme professeur et 4 comme professeur à temps partiel. Soit un petit 30% des demandes dont plus de 90% sont parfaitement fondées.

L’analyse des mérites est confiée à une commission facultaire qui classe les candidats et motive son classement. Les classements facultaires sont ensuite juxtaposés par une commission présidée par le recteur et composée des doyens ainsi que de représentants du personnel scientifique, qui est amenée à proposer au C.A. un nombre limité de promotions par grade (PO, P, Ptp) et par Faculté, sans toutefois modifier l’ordre de la liste et en respectant non seulement les mérites des uns et des autres, mais également les proportions facultaires. En effet, aucune de ces entités ne peut se retrouver déficitaire dans un quelconque de ces grades.

Gymnastique difficile, donc ? Non. Mission impossible.
Tout le monde sait aujourd’hui ce que je pense des classements, surtout lorsqu’il s’agit de classer des pommes et des poires et que le classement doit reposer sur la comparaison de nombreux critères très différents. Et c’est exactement le cas ici.

En pareille saison, je reçois évidemment des lettres de remerciement, comme s’il s’agissait d’une décision personnelle et non pas collective, — mais c’est ainsi que je les interprète: elles sont, sciemment ou non, adressées à la collectivité que je représente.
Mais je reçois aussi, et surtout, des lettres qui expriment une grande déception, un profond découragement et une immense incompréhension.

On voit donc les limites d’un système qui vise à récompenser et à encourager en reconnaissant des mérites, mais qui tombe trop court en créant au contraire, dans la grande majorité des cas, des désillusions, voire une démobilisation. Pire: la sensation très nette que la non-promotion serait un message clair des Autorités qui sanctionnerait un travail mal fait ou une implication insuffisante dans la vie universitaire, bref, qui refléterait une volonté délibérée de ne pas reconnaître le dévouement à l’Institution et la passion du métier. Ce que j’en dis ici à propos du corps académique est également vrai des autres corps, scientifique, administratif, technique et ouvrier.

Les promotions sont toujours injustes parce que trop peu nombreuses. Evidemment, nous prenons la responsabilité de nos choix, mais les différentes étapes du processus limitent considérablement le champ de décision du Conseil, et même celui de la commission rectorale. C’est sans doute mieux ainsi, car cela laisse une large autonomie à ceux qui s’expriment les premiers: les membres des commissions facultaires, plus proches des gens et mieux à même de juger, mais malheureusement aussi trop proches, donc souvent partiaux ou manifestant une compréhension variable du poids des critères. Le respect absolu de l’ordre du classement des commissions facultaires amène donc à la disparition d’un degré important de liberté dans la décision finale, il verrouille largement le système d’emblée. La commission rectorale n’a pour seule latitude que de limiter le nombre de candidats retenus dans chaque groupe en fonction des disponibilités. Certes, le C.A. vote nominativement pour chacun des individus et n’est pas obligé de se conformer aux propositions de la commission rectorale, mais la pratique nous montre que ce n’est jamais le cas.

S’il est tentant de vouloir réformer le processus de décision en matière de promotions, c’est risqué. Lui laisser un caractère démocratique est essentiel, mais comme toujours dans les processus démocratiques, il convient de savoir se pencher sur des traditions et éventuellement les remettre en cause, tout en ne les réformant qu’avec sagesse et après mûre réflexion.

Dans le nouveau mode de fonctionnement de l’Université que je préconise, le processus de consultation de base ne serait pas supprimé, il serait simplement subdivisé en deux organes chargés d’estimer les trois missions. Cette réforme élargit donc le mode d’évaluation dès le début et définit mieux l’appréciation qui est faite de chacun des critères. Les commissions mixtes seront ainsi amenées à juger des mérites scientifiques d’une part, des mérites et charges pédagogiques d’autre part et, ensemble, des services rendus à la communauté. Loin de proposer que le niveau où se fait l’examen des mérites remonte vers des caucus plus restreints, la nouvelle organisation permettra d’élargir l’évaluation par les pairs à la base même du processus.

Je suis conscient du fait qu’aucun système n’enlèvera jamais le caractère largement subjectif du choix des promotions, ni n’établira une vraie justice qui n’existe sans doute pas, quoi qu’on fasse. Tant que la pyramide existera — mais faut-il en contester le principe? je ne pense pas — il y aura des déçus. Une majorité de déçus. Espérons seulement que l’effet pervers de ces déceptions, la démobilisation, ne nuise pas au bon fonctionnement de l’Institution, quoi qu’il arrive.

Parallèlement aux promotions, il faut trouver d’autres moyens de témoigner à nos collègues méritants la reconnaissance de l’Institution pour leurs efforts et leurs sacrifices. C’est cela le message qui doit passer et que ne peuvent occulter les promotions. Facile à dire, M. le Recteur…

Vue depuis l’Inde, la victoire de Barack Obama crée un enthousiasme qui semble quasi unanime dans le monde.

Pour les universités, c’est une perspective d’ouverture, d’intelligence et de clairvoyance. Espérons qu’elle s’accomplira. En tout cas, on peut dès à présent constater que, contrairement au « ticket » McCain-Palin, le duo Obama-Biden est le premier de l’histoire des Etats-Unis où les deux élus et leurs épouses ont rempli des missions professionnelles, académiques ou administratives, dans des universités, comme le signale aujourd’hui The Chronicle of higher education. Une chance, probablement, pour le monde de l’enseignement supérieur, une sorte de garantie contre l’obscurantisme qui regagne du terrain dans ce pays.

L’Inde, un monde en soi, grande comme l’Europe, avec 2 fois plus d’habitants, 3 fois plus de religions et 4 fois plus de langues… où 600 millions de personnes n’ont pas l’électricité, où la lutte pour une vie décente est la première priorité, mais où ces populations dans le dénuement côtoient les plus hautes technologies, où l’enseignement et la formation sont en expansion jusqu’à des niveaux très élevés, voilà où nous sommes, éberlués malgré tout ce qu’on nous en avait dit et tout ce que nous en avions lu.

Au moment où un nouveau président des USA se profile, où les défis les plus immenses sont devant lui, on comprend la vanité de la crise financière et l’absurdité des guerres bushiennes, et l’urgence de la prise en main du sort de la planète tout entière, à commencer par l’affrontement de la réalité des désastres écologiques qui s’annoncent.

La coïncidence de l’annonce de la victoire électorale d’Obama en pleine séance d’un excellent colloque sur la dérive écologique mondiale et les pistes de remèdes qui se tenait à l’Institut TERI de New Delhi ce matin, en présence de R.K. Pachauri, président du GIEC et docteur honoris causa 2008 de l’ULg, est apparue à tous comme très symbolique. Connaissant le mauvais exemple systématique offert par les USA en ces matières, la mauvaise foi du président sortant et les handicaps mondiaux que cela entraînait, espérons qu’un profond changement soit en vue là aussi.

Grande bouffée d’émotion pour les vieux « soixante-huitards » ce vendredi, dans la Salle académique. Guy Quaden, Thierry Grisar, Pierre De Meyts dit « Chuck », étaient à l’honneur, mais on retrouvait aussi Philippe Gibbon, Xavier Seron et bien d’autres. Manquait incontestablement Ludo Wirix dont le souvenir planait sur l’événement tel une sorte Che Guevarra liégeois trop tôt disparu (si l’analogie peut paraître présomptueuse, elle n’est dans le fond, pas absurde). Se retrouver ainsi ensemble quarante ans après, sur les lieux mêmes où avait eu lieu la première occupation, le 24 octobre 1968 (il y en eut au moins une autre, au début de 1969, qui dura plusieurs jours et chacun se souvenait avec précision de l’endroit où il/elle avait dormi…) n’a laissé personne indifférent.

Bien évidemment, vue par d’autres que nous, cette « commémoration » avait de vrais relents de réunion d’anciens combattants. Et pourtant, ce n’était pas ce que nous voulions — aucun d’entre nous — je pense.

Car, en fait, ce ne fut pas un vrai combat, au sens « affrontement du danger pour sa vie ». De cela, il ne fut jamais question à l’époque, et c’était fort bien ainsi.

Mais cette soirée fut partagée avec des plus jeunes et, comme on s’en doute, on chercha les parallèles entre les revendications des étudiants d’alors et celles de ceux d’aujourd’hui. Aucun rapport. Non pas que nous ayons défendu des causes plus importantes, mais tout simplement, elle n’étaient pas les mêmes.

Notre malaise, en 1968, ne provenait pas de grandes inquiétudes sur les opportunités d’emploi, même si elles étaient incertaines, et notre insouciance semblait bien plus grande que celle des jeunes d’aujourd’hui. L’anxiété était plus globale, plus générale. On sortait d’une époque marquée par les angoisses de la bombe atomique, de la guerre froide, de la guerre de Corée, de la guerre d’Algérie et, plus récemment, de la guerre du Vietnam, qui battait son plein. C’était l’année du balayage systématique de toutes les causes auxquelles nous nous identifions alors, de tous les espoirs de changement dans le monde: l’année des assassinats de Martin Luther King et de Bob Kennedy, de l’écrasement soviétique du Printemps de Prague et de l’apogée de l’apartheid en Afrique du Sud. Sur les campus américains, comme dans les universités françaises, les incidents se multipliaient et la conviction d’une immense reprise en main de toutes les tentatives de libéralisation du monde commençait à nous gagner.

Notre revendication essentielle était la liberté d’expression et d’information dont les jeunes disposaient fort peu à l’époque. Au delà de ça, pas de grande cause à défendre, si ce n’est une vision très mondiale du pacifisme et une grande aspiration à une justice universelle. De grandes utopies en somme. Et tout cela dans une atmosphère palpable de libération des jeunes du carcan dans lequel toutes les générations précédentes avaient été enfermées. Nous avions le sentiment d’être les premiers adolescents à bénéficier d’une culture propre, symbolisée par la culture, musicale d’abord (le transistor faisait exploser les barrières de la radio), cinématographique ensuite. Tout bougeait très vite et très fort.

Ces avances-là sont acquises aujourd’hui. Il est moins facile de se trouver des causes. Et c’est probablement là que réside la différence essentielle.

Mais par dessus tout, on a retrouvé, pour un soir, les trois éléments les plus caractéristiques de la contestation étudiante liégeoise de ces années-là, comme du caractère liégeois de tout temps: l’autodérision, l’humour et la convivialité.

Tout compte fait, non. Nous avions dit “L’Université sera ouverte et, sauf incident, poursuivra ses activités normalement”. Les piquets de grève en ont décidé autrement.

Anecdote sur la solidité du front commun syndical: les délégués de la CSC m’attendaient à mon bureau pour me remettre leur cahier de revendication pendant que ceux de la CGSP me refusaient l’accès.

Je n’ignore pas que, sans les piquets, la grève est moins efficace. Mais il existe une mesure objective de l’action de grève, néanmoins, la seule possible, c’est la revendication a posteriori de celle-ci par ceux qui l’ont appliquée volontairement. Nous procéderons à l’enquête pour l’ULg dans les prochains jours.

Etonnant comme un message que nous croyions simple et clair, tel que celui que nous avons envoyé, l’Administrateur et moi, concernant la grève annoncée pour lundi, peut prendre aux yeux de certains une signification différente de celle qu’on a voulu lui donner et qu’ils y aient décelé une connotation menaçante alors qu’il n’y en avait aucune.

« La grève étant un droit, chacun est libre de suivre le mouvement à condition d’en informer officiellement sa direction ou son président de département et d’en assumer les conséquences. L’Université sera ouverte et, sauf incident, poursuivra ses activités normalement. »

Absolument rien qu’une simple rappel de l’évidence et un feu vert.

J’ai le plus profond respect pour le droit de grève qui est un droit fondamental. Il implique évidemment que chaque gréviste ait le courage de renoncer à son salaire pour les heures non-prestées: il ne s’agit pas de vacances gratuites. Il m’a toujours semblé que ce qui donne toute sa valeur à la grève, c’est le sacrifice qu’elle implique de la part du gréviste. En renonçant à sa rémunération, il défend son honneur et donne du poids à sa revendication. Il est hors de question qu’on lui enlève cela.
Par ailleurs, celui qui ne souhaite pas faire la grève, pour quelque motif que ce soit, doit également se voir préserver le droit à rejoindre son lieu de travail. C’est pourquoi nous signalions que les accès resteraient ouverts. En effet, nous avons reçu beaucoup de demandes à ce sujet, ce qui nous a incités à envoyer le message.

L’intranet que nous avons envoyé était, dans notre esprit, une autorisation claire accordée aux membres de l’ULg, comme c’est leur droit, de partir en grève ainsi qu’une confirmation à chacun qu’il peut faire ce que bon lui semble en cette circonstance, rien d’autre. C’était aussi un rappel que la grève n’a de valeur que si elle implique, de la part de chacun, une prise de responsabilités consciente et volontaire. La seule conséquence possible est le retrait de salaire pour la période concernée, et le respect des nécessités de certains services qui ne peuvent être interrompus. L’acte de grève implique également un avertissement préalable de l’entourage professionnel, cela va de soi. Enfin, il est important que, dans une institution d’enseignement, les étudiants sachent à quoi s’en tenir et que soient évitées au mieux les discriminations basées sur la nécessité, pour beaucoup d’entre eux, d’utiliser les transports en commun dont on annonce le débrayage massif.

Si certains ont pu penser que nous faisons allusion, dans ce petit texte, à d’obscures menaces de représailles, ils se sont totalement trompés. D’autant plus qu’il se trouve que j’adhère complètement à la revendication de cette grève. Si j’ai des doutes sur l’effet qu’elle pourra avoir, je n’en suis pas moins solidaire du message qu’elle véhicule: le pouvoir d’achat du citoyen belge a considérablement diminué en peu de temps. C’est un énorme problème pour les universités qui ont, simultanément et en conséquence perdu de la considération qu’on leur doit et de l’attractivité qu’elles doivent conserver pour engager des professeurs étrangers ou, tout simplement, pour éviter la fuite de leurs cerveaux. Personnellement, j’encouragerais, au delà de la grève elle-même, le lancement d’une pétition qui, sur un tel sujet, ne pourrait que recueillir un nombre impressionnant de signatures, c’est certain.

Avec ce message Intranet, nous n’avions d’autre but que de faire comprendre à tous les membres de la communauté universitaire qu’ils travaillent dans une institution profondément respectueuse de toutes les libertés, individuelles et collectives.

Lors de cette rentrée académique, j’ai abordé dans mon discours plusieurs sujets dont je reprends ci-dessous trois aspects principaux: le numerus clausus en Médecine et en Sciences dentaires dont je ne pouvais éviter de faire part en raison des événements chaotiques de ces derniers mois; l’évolution du paysage de l’enseignement supérieur dans notre Communauté et l’implication de l’ULg dans la recherche et l’enseignement dans le domaine de l’Environnement. Les extraits concernant ces trois sujets sont repris ci-dessous.

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