sam 21 mar 2009
Un étrange et regrettable dérapage s’est produit cette semaine avec une partie de la représentation étudiante au C.A.
Dans un commentaire récent sur le « blog Projet », j’ai malencontreusement (!) utilisé le terme « représentativité » dans le sens de « reflet objectif de l’ensemble des opinions » des personnes dont on est le délégué, alors que pour certains, il signifie « légitimité électorale ». Lorsque j’ai voulu mettre en garde certains représentants étudiants contre une dérive qui risquait de leur faire perdre leur représentativité au sens où je l’entends, ils ont cru que je remettais en cause leur légitimité. Il n’y avait là, somme toute, rien qu’un léger malentendu sur lequel il eût été facile de s’expliquer. Je suis même arrivé à décoder cela tout seul.
Mais voilà que l’incident a pris des proportions démesurées et a suscité l’ahurissante décision de ces représentants de quitter en bloc le C.A. après lecture d’une déclaration dénonçant mon rejet de leur « légitimité d’expression », comme s’il s’agissait d’une goutte qui aurait fait déborder le vase… J’ai même été accusé, sur le blog d’un de ces étudiants, de vouloir « lancer une entreprise de démolition des représentants démocratiquement élus par les étudiants ».
Et pourtant, je n’avais pas perçu de signe avant-coureur. Ma rencontre avec ces mêmes représentants le 25 février avait duré plus de deux heures et s’était déroulée dans un excellent climat, courtois et même cordial. Cette rencontre s’était également révélée très constructive, me conduisant à amender mon Projet sur plusieurs points ayant trait à la représentation étudiante dans divers organes, au timing de l’adoption de la réforme universitaire que je propose par rapport à la prochaine élection rectorale, etc.
Une telle hypersensibilité est donc pour le moins surprenante. Elle m’inquiète quant aux possibilités de dialogue pourtant indispensable entre étudiants et autorités. Si, face aux invectives et aux propos insultants, un simple mot mal interprété peut déclencher un tel blocage, on ne voit pas bien comment on pourrait échanger des idées, se comprendre, se convaincre mutuellement, bref, mettre à profit tout ce qui constitue le dialogue constructif entre les différents corps qui partagent la gouvernance de l’Institution.
Dans un message déposé sur le blog Projet, un étudiant du même groupe « souhaite très sincèrement que cet épisode ne soit pas l’occasion d’une rupture de dialogue »! Cette candeur est presque touchante, je le dis sans aucune ironie. Comment peut-on quitter le Conseil d’administration en refusant ne fut-ce que l’écoute de la réponse à une déclaration à laquelle on s’associe, et tout à la fois espérer que cette rupture ne rompe rien ? Sauf à ne pas mesurer la portée exacte de ses actes.
Je voudrais ici réaffirmer mon rôle de recteur, qui n’est pas tant de dicter la conduite des choses que de veiller au fonctionnement harmonieux de l’Institution, en restant à l’écoute de chacun. Je tiens à assumer cette mission au mieux en clamant, une fois encore, que je ne me situe pas à une extrémité du monde universitaire ni à son sommet, les étudiants étant à l’autre extrémité ou tout en bas. Au contraire, je dois rester au centre d’un vaste ensemble et garder le contact avec chacun. Aucun membre de la communauté universitaire n’a intérêt à une perte de contact, nous sommes tous dans le même bateau et il est des enjeux importants et urgents à régler. On peut diverger sur l’urgence relative et même sur le bien-fondé des enjeux, mais on doit aussi apprendre à composer avec les autres passagers du bateau pour trouver un cap commun. Certes, je ne puis promettre à chacun que ses désirs seront exaucés, mais je dois pouvoir sentir la température de l’Université et de ses différents corps à tout moment et veiller à maintenir, pour cela, un dialogue ouvert avec tous.
C’est pourquoi je ne puis admettre l’affirmation que mon projet de réforme institutionnelle a été élaboré en cercle restreint, lors de rencontres entre privilégiés, ni qu’il aurait été vendu clé sur porte aux différents membres de la communauté universitaire, à la faveur de négociations obscures, maquillé en consultation démocratique. Il m’est difficile d’imaginer une plus vaste consultation que celle qui a conduit au Projet. Ce blog, tout comme celui du Projet, en est la preuve évidente s’il en était encore besoin.
Tout dialogue peut se trouver rapidement bloqué, non seulement par la désertion des lieux réservés à la discussion, mais aussi et surtout par l’agression verbale ou écrite, les affirmations et les accusations péremptoires, le mépris de l’autre.
Ce qui paralyse le dialogue, ce sont les préjugés. Mais le meilleur remède contre les préjugés, c’est le dialogue.
Préservons-le, il est le prérequis de la compréhension mutuelle et du progrès collectif.
Monsieur le Recteur,
Je n’ai pas l’habitude de m’exprimer sur votre blog ou sur tout autre support lu par la communauté universitaire, et en ces temps, il est bon d’être concis, sans laisser entrevoir une seule ambigüité sémantique, propice aux malentendus. Je vais donc essayer de passer cet exercice difficile avec une bonne moyenne.
Pour ceux qui l’ignore, je suis représentant au conseil étudiant et au conseil d’administration, mais je ne suis pas membre du CA de la Fédé cependant élu démocratiquement par notre conseil étudiant, qui est en pratique également l’assemblée générale de la Fédé.
Il me parait important cette fois, de faire partager mon opinion dans la communauté pour plusieurs raisons. La première est que, même si le conseil étudiant est pour moi le lieu de débat qui convient, ce dernier a visiblement largement débordé sur la place publique, et que donc, à défaut d’être exhaustif, il est bon de mettre en exergue d’autres avis démontrant une certaine pluralité du conseil.
De plus, quelques uns de ces avis (avec lesquels je suis en désaccord) interrogent les lecteurs quant à la fameuse REPRÉSENTATIVITÉ des étudiants au sein de l’organe officiel qu’est ce conseil étudiant, OU comme vous le précisez justement, le “reflet objectif de l’ensemble des opinions”.
Votre précision sémantique est d’une importance capitale me semble-t-il, vous avez en effet bien identifié le nœud du malaise qui a en urgence provoqué le courroux des représentants étudiants. Ce nœud porte le nom de Désaccord, posté sur le blog de votre projet ce mercredi 18 mars en réponse à la sollicitation des étudiants vétérinaires.
Bien que souvent considéré parmi une certaine opposition d’opinion car non issu de la liste oxygène, je ne peux que confirmer ce qu’Hugues Renard soutient, à savoir que les représentants vétérinaires se trompent quant ils disent ne pas avoir été consultés, et confirmer aussi que le texte à été approuvé à l’unanimité lors du conseil du 9 février. Même s’il eut s’agit d’une majorité simple, les représentants VT ne pouvaient que se plier face à la majorité et/ou faire part de leur divergence sans toutefois remettre en cause le bon fonctionnement démocratique du conseil étudiant. Par ailleurs, je n’ai aucune souvenance d’intervention de leur part à ce conseil.
Cependant, je déplore à la fois l’attitude de Monsieur Lesuisse d’exprimer sur son blog personnel ses pulsions de mort, et votre utilisation de son commentaire comme représentatif d’un représentant des étudiants. Il n’est pas bon d’amener de l’huile là où il n’en faut pas, et de temps en temps il vaut mieux s’abstenir de rendre publique des propos idiots à caractère personnel lorsque l’on a une fonction représentative, comme celle de trésorier de la Fédé.
Ceci étant précisé, j’ai décidé de me rallier à la majorité des étudiants administrateurs en appuyant le geste symboliquement fort que de quitter le CA non seulement par solidarité mais aussi par désaccord complet avec votre post nommé « Désaccord ». Je soutiens aussi que cette désapprobation totale en l’état n’est pas du ressort que des représentants Oxygène ou de moi-même mais également d’autres élus du conseil étudiant pouvant être qualifiés de non-oxygène ou de non CA Fédé. Ainsi, je regrette que la représentation au CA de l’université se soit montrée tronquée.
Et c’est exactement là que votre précision de ce jour prend tout son sens, comme vous l’avez décodé tout seul.
Je souhaite à présent, comme vous monsieur le Recteur, que les discussions reprennent pour ensemble faire grandir l’université en ayant trouvé des convergences pour servir les étudiants, les chercheurs, et plus généralement l’ensemble de la communauté.
J’invite chacun, comme vous, à outrepasser les préjugés et à redémarrer du bon pied, dans la direction du dialogue pour, par exemple mettre en place rapidement le conseil des affaires sociales et étudiantes (CASE).
Veuillez croire, Monsieur le Recteur, à mon meilleur sentiment.
Laurent Schoysman, étudiant-administrateur.
Commentaire de Laurent Schoysman, le 21 mar 2009 à 16:25