Open Access


Quelques commentaires récents sur l’article original du 2 novembre viennent nourrir le débat sur les atouts de l’accès libre.

A voir: présentation courte de l’Open Access Map par Alma Swan.

La supériorité de l’Open Access (OA) en matière de citation d’articles a été démontrée par plusieurs études que l’on peut retrouver facilement grâce à l’Open Citation Project, Reference Linking and Citation Analysis for Open Archives.

Vous me direz: « Quoi de plus prévisible? » et vous aurez raison. Cela fait un bout de temps que, dans chacune de mes présentations sur le sujet, je mentionne la conviction intuitive que j’en ai. Mais il fallait que des chercheurs se décident à en faire la mesure, ce qui n’est pas chose facile car, méthodologiquement, la comparaison avec les articles en accès payant n’est guère simple à réaliser et sujette à de nombreuses critiques. La méthode la plus convaincante consiste à mesurer le succès, en termes de citations, des articles publiés dans un journal de renom et mis à disposition, dans la version finale de l’auteur après peer review dans la digithèque de son institution et le comparer à ceux qui ont été publiés dans le même journal, la même année. Le résultat est concluant.

La principale critique est qu’il ne s’agirait, en fait que d’un biais dû à le tendance des auteurs de ne rendre librement accessibles que leurs meilleurs papiers… On ne peut s’empêcher de penser à une certaine mauvaise foi, mais cela demande quand même à être scientifiquement examiné.

Pour ce faire, Y. Gargouri, C. Hajjem, V. Larivière, Y. Gingras, L. Carr, T. Brody et S. Harnad viennent de procéder à un examen scrupuleux, publié dans « PLoS One ». Ils ont comparé des auto-archivages auto-sélectifs à des auto-archivages imposés comme nous le faisons ici à Liège, sur un échantillon de 27.197 articles publiés entre 2002 et 2006 dans 1.984 journaux. Pour les défenseurs, comme je le suis, de l’approche de l’OA par le dépôt des articles en accès libre (dans la mesure du possible légal) dans un dépôt institutionnel (chez nous, ORBi), il est extrêmement intéressant que cette étude ait été réalisée précisément dans ces conditions.

L’article mérite d’être lu mais on peut le résumer en disant que la supériorité de l’OA sur le plan des citations concerne les articles les plus « citables », non pas en raison d’un biais qualitatif de la part des auteurs mais en raison d’un avantage qualitatif induit par les lecteurs qui choisissent ce qu’ils souhaitent lire et citer, en toute inépendance vis-à-vis des contraintes d’achat et de disponibilité liée au moyens alloués. Ceci renforce d’autant la logique de l’auto-archivage en accès libre et l’obligation qui en est faite par les autorités universitaires, celles des centres de recherche et celles des pouvoirs subsidiants.

Peter Suber diffuse aujourd’hui sur son site une réflexion très intéressante sur le « Principe de Garvey ». En 1979, à une époque où seule la publication scientifique sur papier prévalait, William D. Garvey affirmait, dans un ouvrage consacré à la publication scientifique, que, dans certaines disciplines, il s’avère plus aisé de procéder directement à une expérience que de déterminer si elle a déjà été réalisée (W.D. Garvey, Communication: The essence of science, Pergamon Press, Oxford 1979, p. 8.). Cette proposition découlait évidemment de la difficulté qu’éprouvait le chercheur Lambda à accéder à la totalité de la littérature scientifique publiée. En fait, il s’agissait d’un équilibre entre le coût de cet accès et le coût de l’expérience, équilibre très variable selon le domaine et les moyens du chercheur en termes de documentation et en termes d’équipement scientifique.

Selon Suber, on pourrait penser qu’aujourd’hui, à l’âge de la publication électronique, le principe de Garvey ne serait plus valide, mais peut-être ne le serait-il seulement que moins fréquemment qu’il y a trente ans, la « digitalisation » de la littérature scientifique la rendant beaucoup plus accessible. Cependant cet accès est loin de l’être complet aujourd’hui, en raison des embargos et limitations diverses imposés par les éditeurs commerciaux (ce qui suscite plus fréquemment de nos jours une dérobade du lecteur, déjà habitué à la lecture gratuite sur l’Internet) et dans le cas toujours possible où l’expérience est simple et rapide à effectuer. Enfin, il reste la possibilité de l’intérêt à refaire l’expérience malgré tout, pour d’excellentes raisons scientifiques (à ceci près que, s’il s’agit d’une répétition consciente, il n’y aura pas de duplication de publication). A l’avenir, la combinaison de moteurs de recherche de plus en plus performants et de la généralisation de l’accès libre (OA) permettra de périmer le principe de Garvey.

Suber prolonge sa réflexion pour prendre en compte les situations où refaire l’expérience est de loin trop coûteux, voire tout simplement impossible ou contraire à l’éthique actuelle. Son analyse du premier cas (trop coûteux) aborde le sujet des domaines de recherche dont les implications financières sont colossales, un thème qu’il abordait déjà en 2008, tout comme le faisait le journaliste Richard Poynder. Lorsque le coût de l’expérience rend quasi-impossible sa reproduction mais qu’on en a besoin, pour tester une nouvelle théorie par exemple, il est indispensable de rendre accessible, sans aucune limitation, les données originales générées par l’expérience. C’est l’ »Open Data« , OD. Et l’accès doit être totalement libre et gratuit, puisque la coûteuse expérience a déjà été financée, généralement par des deniers publics. Mais l’OD ne suffit pas, il doit être accompagné d’OA, c’est-à-dire d’un accès libre et gratuit aux publications rédigées par les scientifiques qui ont eu le privilège de pouvoir réaliser l’expérience. Et ces principes jouent en faveur du progrès de la science qui est un processus cumulatif, comme le précise Rolf-Dieter Heuer du CERN, interviewé par Poynder. « Plus grand est le nombre de gens qui ont accès aux articles, qui les critiquent, qui les soumettent à l’épreuve de l’examen des données brutes et qui construisent leur propre contribution par dessus, plus vite émergeront de nouvelles solutions ou de nouvelles théories ». Les programmes de « Big Science » impliquent de vastes collaborations, une très grande ouverture internationale et également une maximalisation de l’usage qui peut en être fait. Il est stupide, dit Suber, de financer une expérimentation chère et de rendre coûteux l’accès aux résultats pour ceux qui veulent non seulement les connaître mais en tirer plus encore. Et cette logique s’étend d’une expérimentation individuellement coûteuse à un ensemble d’expérimentations collectivement coûteux.

C’est ici que l’on perçoit bien comment on ne peut que passer d’un raisonnement qui prône la mise à disposition large et gratuite des résultats obtenus (OD) pour des recherches très onéreuses et de l’interprétation qu’en font les chercheurs (OA) à un principe général qui veut que les recherches réalisées au moyen de fonds publics soient rendues accessibles aisément et gratuitement, quel que soit leur coût, aussi bien en tant que résultats bruts qu’en tant que documents interprétés et conclus. C’est là une exigence que devraient avoir tous les organismes finançant la recherche.

Ceux qui connaissent Peter Suber ne s’étonneront pas qu’il aille encore plus loin, défendant l’idée que non seulement ce libre accès porte tant sur les données brutes que sur les articles interprétatifs — donc aux progrès du savoir — mais qu’il s’applique également, avec une large diffusion:
- aux intentions de recherche, c’est-à-dire aux propositions que font les chercheurs en vue d’obtenir des fonds, à un moment où elles ne constituent encore que des hypothèses soumises à évaluation;
- aux propositions dont il a ensuite été démontré qu’elles étaient inopérantes;
- aux hypothèses dont il a ensuite été démontré qu’elles étaient fausses;
- aux observations vraies à l’époque de leur conception mais qu’un environnement évolutif a rendues obsolètes, voire erronées.

Il s’agit évidemment ici d’une ouverture intéressante vers un monde de la recherche très différent du nôtre aujourd’hui, un monde d’une extrême transparence, où ne prévaudraient plus les règles de la compétition, mais qui exacerberait la coopération ouverte et franche. Une sorte de vision, sans doute utopique, de la fraternité absolue de tous les chercheurs dans un but ultime, sympathique mais quelque peu naïf de recherche du bien commun, par dessus les intérêts particuliers… Une telle perspective appelle inévitablement un changement radical dans le mode d’évaluation de la recherche d’une part, des chercheurs d’autre part, évaluation qui valoriserait plus les contributions collectives que l’éclat individuel. Un très beau modèle. Mais notre société humaine est-elle suffisamment mûre pour remettre ses usages en question à ce point…?

Lancé officiellement le 26 novembre 2008, ORBi entrepose aujourd’hui, 18 mois plus tard, plus de trente-cinq mille références dont vingt-trois mille avec texte intégral. J’ai déjà célébré cette performance qui fait de notre dépôt institutionnel un champion mondial de la croissance.
Tout le monde — y compris les observateurs étrangers — en convient, ce succès n’a été possible que pour deux raisons: 1) la qualité et l’efficacité de l’équipe en charge du projet; 2) la caractère obligatoire du dépôt.
Certes, au départ, il régnait un grand scepticisme quant à la capacité institutionnelle d’imposer le dépôt. En effet, comment obtenir une telle obéissance dans un monde académique, connaissant les contraintes de temps et les efforts à consentir? Ces contraintes pèsent en premier lieu sur le chercheur qui est souvent le seul, et en tout cas le plus à même d’effectuer un dépôt irréprochable. Le recul que nous avons aujourd’hui nous permet de conclure que lorsqu’un chercheur se décharge sur quelqu’un qui n’est guère familier avec la recherche et la publication, ses données sont entachées d’erreurs, parfois grossières. L’exemple le plus fréquent est la classification de publications à portée internationale dans la catégorie nationale. On observe également des classements défavorables quant à la revue par les pairs.

Cette année, un appel est lancé aux candidats potentiels à une promotion dans le corps académique, de même que, pour les scientifiques, à une confirmation au rang A. Comme décidé par le C.A. du 23 mai 2007, à partir du 1er octobre 2009, la seule bibliographie individuelle considérée comme valide pour l’analyse des dossiers est celle d’ORBi. C’est donc fort simple. Il m’est néanmoins revenu que certains candidats estimaient que la règle ne serait jamais vraiment appliquée dans la réalité et que, face à un dépôt vide ou fort incomplet, nul ne pourrait nier l’existence de publications par ailleurs… Ils se trompent fort. Chacun a eu largement, en trois ans, l’occasion de se rendre compte de notre détermination à cet égard, pour le bien de chaque chercheur et pour celui de l’Université.

Chacun peut donc aujourd’hui vérifier où il en est en extrayant très simplement son rapport ORBi personnel en quelques clics à partir de « MyORBi ». L’expérience est intéressante car elle met bien en évidence les anomalies qui ne sont pas toujours perceptibles dans le listing informatique d’ORBi. En outre, elle fournit des statistiques intéressantes à propose de chaque document déposé.

Rappelons aux candidats à une promotion que la date limite de dépôt de leur candidature est le 28 mai. Il n’est pas indispensable de fournir son propre rapport ORBi car les évaluateurs y auront accès directement eux-mêmes et ils le feront au moment de leur choix, évidemment après le 28 mai. La version qu’ils consulteront sera donc à jour. Les candidats pourront inclure dans leur dossier une note expliquant l’éventuelle différence entre le rapport ORBi et leur propre version de leur production scientifique mais, évidemment, la négligence ne pourra pas être prise en compte. Chacun pourra demander de l’aide grâce à la hot line d’ORBi, dans la mesure du possible, et une séance d’aide sera organisée le mercredi 19 mai à 15h30 (salle de formation des bibliothèques, Grands Amphithéâtres, B7a). Prière de s’inscrire à « orbi@misc.ulg.ac.be ».

C’est donc la première fois que cette nouvelle procédure sera d’application pour le travail des Conseils sectoriels de recherche qui auront la charge de l’évaluation du volet recherche des CV, un progrès attendu du Projet pour l’ULg.

La politique des dépôts bibliographiques obligatoires se développe. Un billet intéressant de Heather Morrison fait le point.
Elle y décrit un spectaculaire bond en avant des dépôts institutionnels ou parfois départementaux. En un an, les obligations de dépôt enregistrées dans ROARMAP ont triplé, particulièrement grâce aux 26 institutions finlandaises qui ont adhéré à cette politique!
Le nombre de journaux en accès libre augmente régulièrement avec 4.400 titres enregistrés dans DOAJ (2 nouveaux par jour cette dernière année!).
OpenDOAR recense plus de 1500 dépôts (il est vrai que moins de 8% d’entre eux jouent clairement le jeu de l’obligation, ce sont les mieux remplis). Scientific Commons, un projet d’accès à des contenus scientifiques en ligne en accès ouvert (archives ouvertes) dépasse maintenant les 32 millions de publications, avec une croissance de plus de 8 millions de documents en 2009 (soit 22.000 publications par jour!).

ORBi a franchi aujourd’hui le cap des 20.000 publications répertoriées, dont 70% en « full text » (il va falloir être attentifs à ne pas descendre en dessous de cette proportion, l’idéal étant, évidemment, 100%) en avance sur la prédiction de septembre dernier, qui pariait sur mi-novembre. C’est un succès remarquable.

Dans la rubrique des statistiques d’ORBi, l’analyse des publications les plus consultées ou les plus téléchargées montre que, parmi celles-ci, on trouve une proportion importante de publications en sciences humaines. Certes, dans plusieurs domaines des sciences exactes ou des sciences de la vie, il existe des sites Internet spécialisés (PubMed par exemple) que les chercheurs du monde entier sont désormais habitués à consulter d’emblée et qui sont plus efficacement indexés que notre dépôt, en raison de leur richesse et de leur notoriété. Ceci induit donc un certain biais en faveur des autres domaines au sein d’ORBi. Mais en même temps, l’utilité dORBi pour la visibilité des domaines moins favorisés par l’évolution des dépôts thématiques internationaux devient tout-à-fait évidente. Je m’en réjouis.

Une belle manière de célébrer l’Open Access Week qui verra également une participation d’EOS à la grande conférence « ‘Working Together to Strengthen Research in Europe » qu’organise la Commission européenne et qui traitera, entre autres, de l’OA et des dépôts institutionnels. On peut s’attendre à l’exigence prochaine, de la part des Communautés, de la mise en accès direct des publications issues de la recherche financée par l’Europe. C’est, en tout cas, l’idée que nous défendrons. Avec Orbi, nos chercheurs auront d’emblée une longueur d’avance.

Je vous annonçais hier la naissance d’EOS (Enabling Open Scholarship) et de son site web.

Il s’agit donc d’un groupement qui vise avant tout à fédérer les universités du monde entier (c’est pourquoi nous avons changé le nom de « EurOpenScholar » utilisé en 2007 en « Enabling Open Scholarship »), dans un effort de généralisation de l’obligation faite à leurs chercheurs de déposer la version complète (full text) de leurs publications dans un dépôt institutionnel (chez nous: ORBi).

EOS est basé sur le raisonnement suivant:

1. Le coût des publications (articles de journaux scientifiques) est devenu exorbitant. Il a entraîné une réaction qui s’est traduite par l’émergence du concept de l’Open Access (OA). Comme tout a un coût, aller au bout du concept veut dire « payer pour publier au lieu de payer pour lire ».

2. Aujourd’hui, on constate que les journaux qui ont adopté la politique de l’OA et qui ont attiré les chercheurs avec des prix de publication raisonnable, sont en train de pervertir l’idée et ont triplé et parfois même quadruplé leurs prix (c’est le cas de BMC et, avec un léger décalage dans le temps, de PLOS qui n’a encore « que » doublé!).

3. Comment s’expliquer ces dérives, si ce n’est par l’appât du gain ? Et, sans aucun doute par le rachat de BMC par un grand groupe d’édition…
Tout simplement par le le principe du tiers payant. Jusqu’aujourd’hui, ce sont les universités qui prennent en charge l’achat des revues, les abonnements, les « packages » divers. Elles se regroupent de plus en plus souvent en consortiums pour le faire. Et elles achètent ainsi la documentation dont leurs chercheurs ont besoin, sous forme papier ou électronique ou — le plus souvent maintenant — les deux. Ceci a pour conséquence de déconnecter le chercheur de la réalité du coût de ses lectures. Et cette déconnection est encore plus réelle pour l’électronique (qui a l’apparence de la gratuité, habitués que nous sommes à la quasi-gratuité de l’Internet) que pour le papier.

4. On a tout d’abord pensé, avec les pionniers de l’OA comme Peter Suber, que le fait que le chercheur paie pour publier — et qu’il le fasse à l’aide de ses budgets de recherche — allait, en supprimant le tiers payant, forcer un véritable contrôle des prix de l’OA.

5. Logiquement, on a étendu le raisonnement et on a imaginé que, puisque les universités allaient faire des économies en abandonnant les abonnements aux revues classiques, elle allaient pouvoir aider leurs chercheurs en prenant en charge les frais de publication dans les revues en OA. C’est ce que nous avons fait à l’ULg en couvrant les frais de publication dans les différentes revues de BMC qui étaient les revues en OA les plus demandées.

6. En faisant cela, on restaurait évidemment le principe du tiers payant, et on laissait se réinstaller une escalade inconsidérée des prix, qui apparaît ainsi comme un phénomène économique et sociétal inévitable (seule notre naïveté pouvait nous faire penser différemment!). En effet, on remettait ainsi en place une déconnexion entre le vendeur et l’utilisateur et on libérait les freins. Les choses ont vite basculé et nous avons dû abandonner l’initiative, à mon grand regret, car non seulement le nombre de publications de l’ULg dans BMC augmentait en flèche, ce qui pouvait peut-être rester gérable, mais l’ascension du coût par article rendait ingérable la prise en charge complète. Ceci invalide assez nettement le principe de COPE proposé et adopté par Harvard ainsi que les universités Cornell, Berkeley, Dartmouth et le M.I.T.

7. C’est pourquoi, aujourd’hui, force est de constater que le seul modèle qui puisse encore répondre à l’absolue nécessité du maintien de l’accès le plus large et le moins cher possible à la littérature de recherche est la constitution, par les institutions de recherche, de dépôts bibliographiques. Ces dépôts doivent être institutionnels pour être complets. D’autres initiatives comme les dépôts thématiques ont leur intérêt, mais elles doivent rester complémentaires. En effet, si les dépôts servent de répertoire aux institutions qui les organisent, ils ne se consultent pas de manière large par sujet. En effet, si l’accès à un article particulier impliquait que le lecteur doive penser à venir voir sur le site de l’Université de Liège, nous serons peu lus dans le monde. L’astuce, c’est que les moteurs de recherche « scannent » nos dépôts régulièrement et trouvent nos articles à la demande, sur base d’un ou de plusieurs mots-clés et peu importe si le lecteur arrive sans le savoir sur notre dépôt institutionnel. Ceci implique évidemment que les textes déposés le soient dans une version XML ou HTML.*

8. Cela donne donc au chercheur la visibilité maximale et au lecteur un maximum de chances de lire tout ce qui l’intéresse. En même temps, on ne tue pas le modèle de la publication de journaux car il restera toujours une demande pour feuilleter des revues, avec l’avantage de tomber par hasard sur un article qu’on n’aurait nullement cherché. Mais en même temps on maintient une pression en faveur du retour à des coûts mesurés et on offre un accès total à l’information.

9. A la limite, on pourrait imaginer qu’un jour, les publications se fassent exclusivement par cette voie et que les chercheurs reprennent enfin la maîtrise complète d’un processus tout au long duquel ils contribuent activement, en rédigeant, en révisant et en achetant. Il suffirait alors d’assurer la révision par les pairs (eux-mêmes des chercheurs) et de constituer des comités d’évaluation qui auraient un label de qualité et qui accorderaient leur feu vert aux articles de bonne tenue, les universités s’engageant à assortir de cette garantie les articles qui l’auraient méritée. On pourrait même envisager que seraient publiés conjointement les commentaires des réviseurs. Chacun saurait ainsi que tel ou tel article a été revu. Dire que ceci est impossible en se passant des éditeurs est, d’une part, absurde puisque les éditeurs vont chercher des chercheurs pour effectuer les révisions et, d’autre part, méprisant pour les chercheurs car l’insinuation est que seuls les éditeurs peuvent garantir le sérieux et l’impartialité.

Voilà donc l’objectif d’EOS: rassembler les universités et les institutions de recherche autour d’une action concrète à mener pour ramener à un niveau supportable les dépenses liées à la documentation scientifique au sens large. Et rendre la littérature scientifique accessible à tous, avec une référence particulière aux pays en développement pour lesquels le changement sera le plus radical: de pratiquement rien à tout.

* : j’ai amendé le texte sur base du commentaire reçu.

Trois mois après le lancement manqué d’EOS (Enabling Open Scholarship) en juin dernier, nous sommes finalement en mesure d’annoncer le démarrage de cette nouvelle organisation et l’ouverture de son site web.
Une présentation a été diffusée mondialement.
EOS vise à rassembler les responsables d’universités qui souhaitent rendre systématique le dépôt institutionnel des publications émanant de leurs institutions.

Nos approchons des 18.000 références dans ORBi, dont 72% en full text.

Plus encore que le nombre d’entrées, c’est le nombre de textes complets qui importe. En effet, on pourrait se satisfaire d’une liste bibliographique qui permettrait à l’Université de disposer des titres et métadonnées simples de la production scientifique de ses chercheurs, mais on manquerait alors une formidable occasion de rendre accessible la vraie matière à tous ceux que ça intéresse. En effet, il est indispensable pour cela que le contenu soit complet, voire même agrémenté de données complémentaires de toutes sortes (données brutes, photos, films, enregistrements sonores, etc). Il faut également que les moteurs de recherche viennent retrouver les mots-clés au sein même des textes qui doivent donc être entièrement lisibles.

Nous pouvons être fiers de la technologie qui a été mise au point pour ORBi et de la large compréhension dont chacun a fait preuve même si, au début, beaucoup rechignaient à se plier à l’exercice. Ceux qui l’ont fait savent aujourd’hui combien il leur sera facile de continuer à alimenter le dépôt au fur et à mesure de la sortie de leurs publications.

Nous pouvons être fiers également du travail d’expert qui a été accompli par l’équipe du Réseau des Bibliothèques car cette qualité se fait nettement sentir. Contrairement à beaucoup d’autres universités qui ont confié l’encodage à des employés temporaires, à des étudiants jobistes et aux bibliothécaires qui s’acquittent de cette tâche sur base d’informations fournies par les chercheurs en format papier sans réel souci d’harmonisation préalable, nous avons fait reposer la rigueur sur les personnes les plus concernées (dès qu’elle ont compris qu’elle l’étaient!). Ces institutions atteignent donc à peine 20% de documents en full text, elle dépensent de lourdes sommes dans ce contexte pour un résultat décevant avec le risque d’essouflement des équipes et de découragement des chercheurs. Notre approche est certes, au départ, moins populaire auprès de ceux-ci, mais elle se révèle en définitive payante pour tout le monde, et efficace.

Le registre des dépôts en accès libre (Registry of Open Access Repositories, ROAR) nous place en 54è position pour le nombre total de références parmi les 802 répertoires institutionnels connus (c’est là un ranking objectif, basé sur un seul critère, donc acceptable! ;-) ).

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« It is one of the noblest duties of a university to advance knowledge and to diffuse it, not merely among those who can attend the daily lectures, but far and wide ».
(Daniel Coit Gilman, first President, Johns Hopkins University, 1878)

« An institutional repository …
• fulfils a university’s mission to engender, encourage and disseminate scholarly work;
• gathers a complete record of its intellectual effort;
• provides a permanent record of all digital output;
• acts as a research management tool;
• is a marketing tool for universities;
• provides maximum Web impact for the institution ».

(Alma Swan, Key Perspectives, 2009)

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