Pour la deuxième des Grandes Conférences Liégeoises (GCLg) organisées conjointement par le Ville et l’Université de Liège, le succès de foule est encore au rendez-vous !

Après la conférence remarquable de Pierre Harmel que j’ai commentée précédemment, et qui s’était soldée par la nécessité regrettable de refuser du monde, celle d’André Comte-Sponville, le 24 novembre, « A-t-on encore besoin d’une religion ? » s’annonce très difficile à gérer. En effet, notre Salle Académique — à laquelle nous tenons beaucoup pour le prestige des lieux et la participation active de l’ULg dans les GCLg — peut accueillir environ 350 personnes et nous en sommes déjà à plus de 850 préinscriptions !

A ce stade de l’évolution des choses, l’utilisation de la salle académique n’est plus possible. Sachons le reconnaître: nous sommes victimes de notre succès.
Toutefois nous tenons à respecter notre public et à lui offrir des conditions d’écoute décentes. La Salle Académique surchargée ne sera pas un endroit confortable et d’autre part, refuser autant de monde serait vraiment dommageable à l’image des GCLg.

Aussi avons-nous opté pour une solution raisonnable qui consiste à déplacer l’événement vers le Palais des Congrès, mieux adapté à un tel nombre d’auditeurs. Nous veillerons à ce que chacun soit bien informé du changement de lieu pour cette conférence. Merci de le faire savoir autour de vous.

Nous présentons toutes nos excuses à notre public pour les inconvénients qu’entraînera ce changement. Ils seront, je pense, moindres que ceux qui découleraient de notre entêtement à vouloir rester dans notre salle.

Le décidément surprenant magazine Trends-Tendances semble avoir décidé de nous en sortir une bien bonne chaque semaine…!
Et dans le style douche écossaise.

Après avoir fait du Recteur de l’ULg un « superhéros », voici qu’il fustige notre Institution pour avoir osé décider d’offrir aux membres de son personnel des conditions avantageuses lors de l’inscription de leurs enfants à l’université de Liège (p7, Les Confidentiels). Malheureusement, le journaliste non identifié qui rédige ce billet est terriblement mal renseigné, de toute évidence parce qu’il a bâclé son travail alors qu’une rapide enquête lui eût donné toutes les informations nécessaires pour écrire un article très positif.
Mais voilà. Soit il était trop pressé, ce qui est regrettable, soit il tenait à être négatif a priori, ce qui est pire encore.

Jugez-en vous-mêmes, je reprends ici le texte in extenso:

« L’ULg cajole son personnel
L’Université de Liège offre, à partir de cette année académique, des conditions d’inscription imbattables aux enfants de son personnel: €65 par an de frais administratifs,
punt aan de lijn. Face aux €759 de minerval que les parents doivent normalement produire pour inscrire leurs rejetons, l’écart fait bien entendu jaser. « Toute entreprise consent des conditions particulières aux membres de son personnel, c’est normal » rétorque un assistant. Reste à lui rappeler que le fisc s’intéresse de près aux ristournes consenties par l’employeur à son personnel. Reste aussi à voir ce que la Fédération des étudiant(e)s francophones (FEF) et le monde politique pensent de cette condition différenciée d’accès à l’enseignement public, qui, de surcroît, ne tient pas du tout compte du niveau de revenus des parents. »

Tout d’abord, d’autres universités telles que l’ULB et l’UCL appliquent ce principe depuis longtemps sans que cela heurte quiconque. Pour tout dire, notre programme est d’ailleurs inspiré de celui que l’UCL a mis en œuvre depuis des années et j’en profite pour féliciter nos collègues louvanistes pour leur excellente initiative.

D’autre part, l’ULg est une institution respectueuse des lois, contrairement à ce que l’article insinue en faisant apparaître cette nouveauté comme un coup d’audace vis-à-vis du fisc, du genre « ça passe ou ça casse ». Seulement voilà, une institution de cette ampleur et de cette réputation ne saurait envisager un comportement aussi irresponsable. Elle est parfaitement au fait de la législation en matière d’avantages en nature. Les décisions de son Conseil d’Administration sont examinées attentivement par un Commissaire du Gouvernement et par un Délégué du Ministre du Budget. Elle ne prend donc pas ses décisions à la légère.

J’ai toujours considéré Trends-Tendances comme un journal d’un grand professionnalisme. C’est pourquoi je suis sidéré d’y lire un article aussi bâclé et dont même le style dénote avec la qualité du journal. S’il s’était bien renseigné, l’auteur de ce billet aurait appris qu’en l’occurrence, ce n’est pas l’ULg qui octroie un avantage en nature à son personnel mais que cet avantage est offert par une ASBL, PromULg, constituée par décision du Conseil d’Administration de l’ULg et dont l’objet social consiste à « soutenir l’ULg dans ses missions de promotion de la recherche et de l’enseignement universitaires grâce à des subsides et dons ; assurer la promotion du bien-être moral, matériel, social, culturel et sportif de l’ensemble des membres de la communauté universitaire ; procurer un soutien aux efforts des personnes, groupes, associations et organismes officiels ou privés qui poursuivent un objet semblable. Ainsi, notamment, elle a pour objectif de faire bénéficier l’ULg d’un outil lui permettant d’obtenir des subsides (européens, fédéraux, etc.) qui requièrent ce type de structure juridique, ainsi que de recevoir des dons et des subsides en vue notamment d’accorder des bourses, moyens d’encouragement ou facilités diverses à des étudiants, chercheurs, membres du personnel ou de la communauté universitaire au sens large ».

L’initiative de la réduction de minerval pour les enfants du personnel entre donc parfaitement dans le cadre des objectifs de cette association. Les fonds de l’ASBL « PromULg » proviennent pour une large part, de dons extérieurs à l’Institution, et pour le reste, du rassemblement des moyens de diverses fondations dédiées aux œuvres sociales de l’ULg.
Il ne s’agit donc nullement de « ristournes consenties par l’employeur à son personnel ».

Mais peu importe. Ce ne sont ni ces imprécisions, ni cette partialité qui m’agacent, c’est cette façon déplaisante de prendre notre université pour cible sur base de renseignements glanés de manière aussi superficielle, en consultant un « assistant » au lieu de prendre tout simplement contact avec les autorités académiques responsables, toujours disponibles pour un entretien, fût-il téléphonique, et qui auraient pu exposer l’ensemble de ces considérations. Cette négligence est le signe d’une grande légèreté sur le plan professionnel.

Comme il faut toujours considérer le côté positif des choses, j’espère que ceux de nos étudiants qui se destinent au métier de journaliste et qui me lisent aujourd’hui sauront tirer la leçon de cet incident pour éviter un des principaux et plus dangereux écueils de leur future profession.

Nous allons réagir officiellement, en tant qu’institution nommément citée, par une lettre que j’adresserai lundi au rédacteur en chef de Trends-Tendances avec une demande d’utilisation de notre droit de réponse, justifiée par le préjudice qu’a pu causer ce billet à l’image et à la réputation de l’ULg. Toutefois en raison du nombre de réactions des membres de la communauté universitaire que j’ai reçues dès jeudi, je tenais à exprimer immédiatement mon indignation sur mon blog.

Le classement 2005 des 200 « meilleures » universités mondiales par le Times Higher Education Supplement (T.H.E.S.) vient de sortir.
Une fois encore, l’ULg n’apparaît pas dans ce classement, alors que l’ULB (76è), l’UCL (88è) et la KUL (95è) sont bien classées.
Ce n’est pas une surprise… Après tout, nous nous trouvions à la 344è place l’an dernier et réagissant à cette nouvelle en janvier, il eût tenu du miracle que nous nous hissions dans les 200 premiers en 6 mois (l’enquête a été réalisée au mois de juillet-août).
Toutefois, il serait intéressant de savoir si, au moins, nous avons progressé dans le classement.

J’ai donc contacté directement les auteurs de l’enquête pour qu’ils me communiquent des informations plus complètes : où nous situons-nous dans le classement général ? où nous situons-nous pour chacun des critères ?
Ce n’est qu’en présence de ces informations que nous pourrons tirer les conclusions qui s’imposent. Je rappelle que, dans l’enquête de l’Université de Shanghaï réalisée l’an dernier et basée sur des critères plus convaincants, nous nous classions 263è mondial et 97è européen — une information qui ne pourrait ressortir du classement du T.H.E.S. — et les trois mêmes universités belges (ULB, UCL et KUL) figuraient dans le top-200 mondial et le top 50 (52 pour l’UCL) européen.

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Dear Mr Ince,

I have just read the new Times H E Supplement on the World University Rankings.
Of course, it is not easy for me to acknowledge once again that my university does not belong in the top 200.
However, making such a leap forward in less than a year would have been simply prodigious and I was not exactly expecting this.
My purpose here is to ask you in which position the University of Liège is actually ranking, according to your criteria.
This will tell me how far we are lagging behind our fellow Belgian universities.
It is important for me to know because we all admit that there are no such considerable differences between Liege, Louvain and Brussels in terms of most of the criteria. I admit that Liege itself is less notorious than Brussels as a city and than Louvain which is a university of almost millenary tradition in Europe. Considering that notoriousness is a key factor in the THEWU Ranking, I understand the results to some extent, but I would like to evaluate how far we are.
I would be delighted if you could send me any information on our results in the various criteria as well as on our overall ranking.
It would be very fruitful to us, in order to improve our position in the next few years, which is, I believe, one of the aims of the THEWU Rankings to start with.

Thanking you very much in advance, I remain,
Sincerely Yours.

Professor Bernard Rentier
Rector
University of Liege
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Dear Dr Rentier

Thank you very much for this email.
In our final analysis, your institution was 296 in the world, 48 places higher than in 2004.
You are right that Liege itself is less familiar than Brussels or Leuven as an academic centre, both in the opinion of academics and of employers. It seems from our results that you have a fairly staff body, but do not generate a large amount of citations
The scores were :
Peer review 12
Employer 3
International staff 9
International students 34
Staff/student 14
Citations 4
Total 16 cf Harvard 100

Best regards

Martin Ince
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Le classement 2004

Avant de tirer des conclusions hâtives, il convient de revenir sur la manière dont cette analyse a été faite. Examinons celle de 2004.

Elle a été confiée par le T.H.E.S. à une firme privée : QS, de Londres.
Celle-ci a commencé par collationner deux données pour chaque institution :
1. Un « Peer review score », c’est-à-dire une enquête de notoriété. Elle consistait à demander à un échantillon de 1.300 universitaires de 88 pays sur tous les continents quelles sont les universités qu’ils considèrent comme les plus prestigieuses dans leur domaine d’activité, un critère exclusivement basé sur la notoriété. Cet élément d’enquête compte pour 50 % dans le calcul final.
2. Une mesure de l’impact de la recherche, calculé sur base des citations des membres des institutions répertoriées dans « Essential Science Indicators » (publié par Thomson Scientific, ex-ISI). Un critère favorisant indiscutablement les anglo-saxons et les sciences dites « dures ». Cette mesure intervient pour 20%.

Sur base de ces deux éléments, QS a opéré une sélection des 300 premiers classés après élimination d’un petit nombre d’institutions spécialisées qui ont produit moins de 5.000 publications sur l’année (une rapide enquête sur « Scholar Google » en détecte 27.778 pour l’ULg en 2004, mais en comptant 2.530 publications pour le CHU de Liège qui « omettent » de mentionner l’ULg, 658 qui se déclarent du Centre hospitalier universitaire de Liège et 2.600 de l’University Hospital of Liège !)

Ensuite, QS a recherché un complément d’informations dans les bases de données telles que celles de l’ISI, sur les sites web, ainsi que par courriel ou téléphone aux institutions elles-mêmes. Les questions posées :

3. Le rapport d’encadrement (20 %)
4. La proportion d’encadrants étrangers (5 %)
5. La proportion d’étudiants étrangers (5 %)

Interviennent également dans le classement :

6. Le nombre de lauréats du Prix Nobel ou de la Médaille Fields
7. Le nombre et le rapport d’encadrants belges et internationaux
8. Le nombre et le rapport d’étudiants belges et internationaux normalement inscrits (hors-Erasmus)
9. L’ampleur de la mobilité étudiante dans des réseaux d’échange (entrants et sortants)
10. Le nombre d’étudiants de 2è et de 3è cycles
11. Le montant moyen du minerval pour les étudiants internationaux de 2è cycle et de 3è cycle
12. Les dépenses totales pour les bibliothèques

Le classement 2005

Cette année, on ne nous demandait plus les lauréats de prix Nobel ou de médaille Fields et surtout l’enquête de notoriété ne comptait plus que pour 40 %. Néanmoins, l’esprit de cette évaluation n’était pas fondamentalement modifié.

De quoi paniquer ?

Sans doute n’est-il pas nécessaire de s’inquiéter particulièrement. Rien ne fait de ce classement un passage obligé. Les critères qu’il utilise sont très contestables et particulièrement biaisés. Le succès des universités australiennes est très suspect (13 dans les 161 premiers !), de même que celui des universités de Hong Kong ou de Singapour. Il se trouve que je connais personnellement quelque peu l’Université de Novosibirsk et son président. Sa 169è position laisse rêveur… Mais mon propos n’est certainement pas de dénigrer quiconque. Qu’on apprécie le choix des critères ou non, leur pondération et les inévitables biais qu’ils induisent sont les mêmes pour toutes les institutions francophones belges et les écarts que nous constatons avec nos universités-sœurs de Bruxelles et de Louvain doivent nous amener à nous poser des questions. Questions auxquelles nous devons répondre rapidement si nous voulons combler ce retard, non pas en une année pour la prochaine édition, mais dans les 4 ou 5 années à venir.

Nous avons donc significativement progressé, puisque nous sommes entrés dans le top 300, ce qui nous a valu d’être interrogés plus avant et d’être inclus dans la seconde phase de l’enquête. Nous étions 344è en 2004. Pas de quoi pavoiser, mais en position honorable quand même, eu égard au grand nombre d’universités qui existent dans le monde et au solide biais de l’enquête en faveur de la notoriété.

A quoi pouvons-nous attribuer notre progression ?

1. A l’importance moindre accordée à la simple notoriété en 2005 (40% au lieu de 50%).
2. Aux efforts que nous avons fait pour donner une meilleure estimation de notre production scientifique, grâce à une enquête réalisée auprès des départements cet été.
3. A une évaluation plus précise des informations demandées par les enquêteurs grâce à la mise sur pied d’une coordination des réponses à ce genre d’enquête par les administrations de l’Enseignement et de la Recherche au sein du service des Relations extérieures de l’ULg, ainsi que grâce à l’enquête réalisée cet été auprès des départements de l’ULg en matière de publications. Cette coordination permet de mieux faire face à ces demandes extérieures qui arrivent souvent sans crier gare.
Le mouvement entamé est donc le bon. Il nous reste à le perfectionner.

Comment progresser ?

Comme je l’ai annoncé, nous allons entamer une réflexion de fond sur la question de notoriété, en examinant en particulier les moyens à notre disposition pour améliorer notre image auprès de nos diplômés actuellement répandus à la surface de la planète. Ils assurent une partie importante de notre réputation dans le monde. Les étudiants étrangers qui ont étudié chez nous peuvent, s’ils sont heureux de leur séjour ici, contribuer à notre aura internationale. Accueillons-en beaucoup et accueillons les bien.

En termes de publications, de toute évidence notre second point faible (trop peu de citations), certaines mesures s’imposent.
Une cellule de veille (mixte Réseau des Bibliothèques-Relations extérieures-ARD) examinera dorénavant les publications de l’ULg et vérifiera que l’appellation Université de Liège ou University of Liege est toujours bien employée, y compris par nos collègues qui travaillent partiellement au CHU ou dans un organisme qui nous est associé. Pour tout dire, certains membres de centres de recherche de l’ULg omettent de mentionner celle-ci dans leurs publications! Je signalerai personnellement ces manquements aux intéressés et leur rappellerai cette obligation qui s’applique à tout membre à temps plein ou à temps partiel de l’Institution.
Cette cellule vérifiera également les calculs du THES et les maintiendra à jour.

Je compte demander au Réseau des Bibliothèques de me fournir des informations plus précises sur la production scientifique des membres de l’Institution. Il s’agit là d’un projet que je caresse de longue date, cette opportunité va nous permettre de lancer une grande opération de mise à jour permanente des publications de l’ULg. Nous pourrons ainsi être plus précis et fournir une estimation plus réaliste de notre production scientifique.

Notre projet « Répertoire institutionnel » qui a l’ambition de répertorier toutes les publications de l’ULg va être accéléré et se voir accorder des moyens adéquats. Il devra comprendre toutes les publications récentes des membres de l’Institution.
Afin d’assurer à ce projet la meilleure exaustivité, dorénavant les évaluations des curricula vitae des membres de l’ULg pour quelque propos que ce soit (nomination, promotion, demande de crédit, etc) se baseront exclusivement sur les données introduites dans la « bibliographie institutionnelle ». Chacun aura donc à cœur de participer systématiquement à l’établissement de cette base de données. Même si, dans un premier temps, cette mesure va paraître contraignante, elle deviendra rapidement un soutien apprécié des chercheurs, j’en suis sûr. En effet, toute répétition de cet encodage deviendra inutile. La seule contrainte sera de maintenir cette base à jour. Nous tâcherons de rendre cet accès aussi convivial que possible.
Cette mesure aura également pour effet de donner à notre institution un outil qui lui manque depuis longtemps : un répertoire de sa production scientifique, vitrine de sa recherche.

Enfin, je tiens à encourager tous nos chercheurs, quel que soit leur domaine de recherche, à publier le résultat de leurs travaux dans des revues à diffusion internationale reprises dans les sources d’information pour l’évaluation du nombre de citations. Que l’on m’épargne les réserves d’usage concernant le biais anglo-saxon de ces mesures, ainsi que le biais en faveur des sciences dites dures ou exactes et des sciences bio-médicales, je les connais et je les comprends. Néanmoins, je constate que ce n’est guère dans ces domaines que nous sommes à la traîne de nos universités-sœurs de la Communauté française, mais plutôt dans des domaines qui touchent aux sciences humaines où nos collègues des autres institutions se placent mieux à cet égard. J’insiste donc pour que chacun réfléchisse aux opportunités qu’il ou elle peut avoir de publier ses recherches dans des revues à grand lectorat qui lui donnent plus de chances d’être cité(e).

Et, bien évidemment, j’en profite pour rompre encore une lance en faveur d’un de mes « dadas »: la publication en accès libre qui est en train de devenir, comme je l’avais annoncé il y a deux ans, un des vecteurs de lecture démontrant la plus forte croissance aujourd’hui, en termes de citations et de facteur d’impact. Je rappelle, à cet égard, que l’Institution aide et encourage concrètement ses chercheurs à choisir cette voie.

Je compte enfin demander à 4 de mes conseillers (Recherche, Enseignement, Image et Relations internationales) de plancher sur la question et de soumettre dans les prochains mois un rapport sur la stratégie à mettre en œuvre pour répondre efficacement à ce que je considère malheureusement comme un manque global de notoriété de notre université. Certes, je sais que beaucoup d’entre nous sont mondialement connus, mais force nous est de constater que ceci ne retombe pas de manière efficace sur l’ensemble de l’Institution.

Deux commentaires à l’article ci-dessus ont été déposéés sur le blog interne, je les reproduis ici.

Merci pour votre commentaire éclairé de ce classement : le rappel des critères sur la base desquels certaines universités sont distinguées commes les “meilleures” est une chose essentielle, méconnue du grand public… et parfois des membres de l’université eux-mêmes. Ce rappel des critères impliqués nous indiquent au moins dans quelle direction travailler, et nous épargnent le triste sentiment de mésestime que l’on rencontre parfois dans les petites et moyennes universités, où certains font cependant un travail remarquable.

Que la notoriété constitue un critère déterminant (majeur) dans un classement dont les conclusions s’énoncent dans un terme (”meilleur”) qui désigne généralement une “qualité” (ce qui donne à penser qu’il s’agit de la qualité de la recherche et de l’enseignement des universités), nous pouvons toutefois légitimement nous en étonner, puisque ces phénomènes (notoriété-qualité) ne sont pas de même nature. Même si l’on voit bien les corrélations plus ou moins fortes qui peuvent lier la notoriété et la qualité de la recherche, ne devons-nous pas prendre également en considération le fait que la notoriété croît ou décroît naturellement en proportion de la taille des universités (nombre de membres du personnel et des étudiants) ? D’autres éléments n’entrent-ils pas en ligne de compte, qui sont, eux, en corrélation de plus en plus floue avec la “qualité”, tels que la notoriété acquise dans le passé, la présence de centres de recherche anciens et bien connus, etc. ?

Merci pour cette réflexion.

Florence Caeymaex
Collaborateur scientifique FNRS
Philosophie morale et politique

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Merci pour ces commentaires fort éclairants sur la méthodologie utilisée lors de la réalisation de ce genre de classements. Si la méthodologie est évidemment discutable, comme sans doute le principe même d’établir ce type de classements, force est pourtant de constater qu’ils ont une importance, et qu’il serait vain d’essayer de nous y soustraire. Ces classements ont un écho dans la presse, ont un impact sur la réputation de notre université (et donc de nos travaux), déterminent sans doute le choix de certains étudiants, et en particulier des étudiants étrangers… Je me réjouis donc de lire qu’un effort va être fait pour que nous progressions dans ce classement !

François Gemenne.

Afin de répondre à une demande fréquente de la part de personnes extérieures à l’ULg qui regrettent que mon blog soit exclusivement réservé aux membres de la communauté universitaire, j’ai décidé d’en rendre publique une partie. J’y consignerai les articles qui s’adressent aussi bien aux milieux extérieurs qu’aux membres de l’ULg. J’y ai déja placé les articles publiés durant le mois d’octobre.

Les articles qui ne concernent que les membres de l’ULg ou ceux dont je souhaite réserver l’exclusivité à l’ULg se trouveront uniquement sur le blog Intranet
http://recteur.intranet.ulg.ac.be/

La semaine dernière, la réforme de l’Administration centrale mise en place dès les conseils d’administration du 3 et du 19 octobre, s’est prolongée et complétée par un séminaire de réflexion réunissant, le 26 octobre, les directeurs et coordinateurs de l’administration avec les Autorités académiques. Afin d’améliorer la communication interne, accélérer les flux d’information entre les services et accroître leur efficacité, diverses procédures et améliorations techniques ont été mises au point. Le mode de prise en charge, de traitement et de suivi des dossiers a été entièrement revu. Une concertation permanente sera mise en place au sein de ce groupe pour faire face à tous les problèmes rencontrés, assurer l’adaptation constante de l’Institution aux exigences administratives souvent imposées de l’extérieur et organiser une circulation plus fluide des informations.

Composé du Recteur, du Vice-Recteur, de l’Administrateur, du Directeur général ainsi que des directeurs ou coordinateurs des grandes divisions de l’Administration centrale — Enseignement et Etudiants, Affaires académiques, Recherche, Interface, Ressources financières, Ressources humaines, Ressources immobilières, Service juridique, Relations Extérieures (publiques, internationales, communication), SEGI — ce groupe doit devenir une entité fonctionnelle permanente. Il constituera dorénavant le nouveau Collège des Directeurs. Le Collège se réunira régulièrement pour assurer à ces améliorations un suivi adéquat. Il examinera les aspects complexes liés à l’exécution des décisions du Conseil. Il coordonnera les différents aspects de la prise en charge des dossiers impliquant plusieurs administrations différentes. Sa mise en place s’imposait, suite aux modifications instaurées dans l’ensemble des mécanismes de fonctionnement de l’Administration centrale.

Comme le Collège rectoral en amont, le Collège des directeurs consitue donc en aval du C.A. une nouveauté qui devrait s’avérer très efficace et très positive pour l’ensemble de l’Institution.

Fort flatteuse attention du magazine économique Trends-Tendances cette semaine, de me classer parmi “les 20 superhéros qui sauveront la Wallonie” !

Mais gardons la tête froide. Je n’ai rien d’un superhéros — si tant est qu’un tel phénomène existe — et je n’ai nullement la prétention d’un jour sauver la Wallonie ! J’ai déjà assez fort à faire avec l’avenir de l’ULg ! Toutefois il est significatif que, dans ce contexte et parmi la variété fort hétéroclite de lauréats (de Justine Henin à Jean-Pierre Berghmans, en passant par Girls in Hawaï !), on ait voulu choisir un recteur d’université. Il fut un temps où cela ne serait venu à l’idée de personne !

Au delà du côté fantaisiste de ce hit-parade et grand-guignol de cette appellation non contrôlée, j’en retire que l’Université commence à être considérée comme un élément majeur de la relève économique — un discours que nous tenons depuis longtemps — mais qui commence à apparaître de plus en plus souvent dans la bouche des politiques et sous la plume des journalistes. Que ce soit le recteur de l’ULg en particulier qui ait été choisi honore notre institution. Sans doute mon style et mon ton habituels sont-ils à l’origine du choix, de même que mes considérations quelque peu audacieuses sur l’avenir du paysage universitaire francophone en Belgique, mais c’est surtout la position d’avant garde de l’ULg dans le domaine de l’interaction avec les milieux extérieurs qui justifie, je pense, cette sélection.

Pour ce qui est du titre : “L’Université devient une entreprise”, il s’agit là d’une opinion journalistique qui n’est pas la mienne et certainement d’une expression que je n’ai jamais utilisée. En effet, je ne pense pas que l’Université devienne une entreprise, précisément. Pour moi, elle est, à tout le moins, une entreprise pas comme les autres. Si l’on accepte cette nuance, je suis d’accord avec le titre, qui signifie alors que l’Université doit être gérée comme une sorte d’entreprise, entreprise scientifique et culturelle hors normes, avec des outils de gestion qui sont ceux des entreprises. Là, je n’ai pas de problème et j’acquiesce. Mais ce ne serait pas suffisant pour faire l’objet d’un article dans Trends.

Il faut beaucoup méconnaître la structure de l’Université, ses traditions, sa spécificité et ses finalités pour imaginer qu’on puisse y transposer le modèle de fonctionnement d’une entreprise. La notion de produit, comme celle de profit, y sont fondamentalement différentes. Les fonctions de chefs de service ou de département n’y ont rien à voir, pas plus que la structure hiérarchique. Bref, on pourrait s’étendre beaucoup sur cette comparaison impossible, aussi limitons nous à affirmer que les principes de gestion doivent y être ceux d’une entreprise et restons-en là.

J’eusse préféré un titre comme “L’Université devient un acteur économique qui compte” mais voilà, on ne m’a pas demandé mon avis, ni sur le titre, ni sur la teneur de l’article, ni sur l’honneur redoutable de devenir un superhéros wallon !

Rudi Cloots m’a écrit ceci le 22/10:

Monsieur le Recteur,

je suis bien de votre avis (même si je n’ai expérimenté l’étranger que très partiellement, en raison d’un début de parcours professionnel plutôt atypique). J’ai toujours approuvé et même incité “mes” chercheurs à franchir nos frontières. Je leur donne toute l’aide souhaitée et nécessaire dans la résolution de leurs démarches administratives. Notre rôle, et le rôle de l’Université, est bien de donner à (c)ses chercheurs l’envie du dépaysement. Pour y arriver, pour que cela devienne pratique courante, il serait bon de disposer en nos murs d’une “cellule” d’accompagnement qui apporte les réponses aux nombreuses questions que se posent les chercheurs (aide financière, bourses d’études, visa, …). Peut-être cette cellule existe-t’elle au sein de notre Institution? Si tel est le cas il est bon de le rappeler et d’en faire toute la publicité qui s’impose dans l’accompagnement de votre démarche, que je cautionne. Si non, il serait peut-être opportun de trouver des acteurs locaux, scientifiques et administratifs prêts à donner de leur temps dans la promotion et la “gestion” des séjours de nos chercheurs à l’étranger.
Bel outil finalement que ce blog qui nous permet d’exposer sans souci de forme, les idées, les témoignages de chacun dans un but constructif, et par une bien belle après-midi pluvieuse d’octobre. Bravo et à très bientôt

Merci !
Je préciserai qu’il ne s’agit pas que de chercher un dépaysement… Mais qu’il s’agit de bien d’autres choses. Cela me semble tellement important que je vais écrire un article distinct dans ce blog: Pourquoi partir ?
En ce qui concerne la cellule d’accompagnement au départ, nous sommes en train de la mettre sur pied. Beaucoup de choses ont déjà été faites par l’Aministration de la recherche à ce propos. Ce que nous voulons faire, c’est créer un “guichet” bien visible, simple, de mobilité. En fait, nous en créerons deux: un pour les étudiants et les enseignants dans le cadre d’échanges, et un pour les chercheurs. Ce dernier sera mis au point conjointement par l’Administration de la recherche et la Cellule des relations internationales et facilitera grandement les démarches du chercheur qui veut partir. Elle aura aussi pour but d’aider les chercheurs qui arrivent chez nous. Bien évidemment, toutes les bonnes volontés, comme le suggère Rudi Cloots, seront les bienvenues pour renforcer l’efficacité et le réalisme de ce “guichet de mobilité”.

D’Edwin De Pauw, le 23/10:

Monsieur le Recteur,

Les échanges internationaux de longue durée sont, comme vous le soulignez avec raison, essentiels pour non seulement pour la formation des chercheurs et de nos futurs cadres mais plus globalement pour le positionnement de notre institution. Techniquement, partir est de moins en moins difficile, il existe souvent plus de bourses que de candidats. Cela implique, c’est vrai, un effort personnel qui bien vite oublié une fois sur place. Il ne suffit cependant pas de rendre nos chercheurs mobiles, il faut construire une tradition d’accueil de doctorants et surtout de post-doctorants étrangers de haut niveau. Notre pouvoir d’attraction basé sur nos compétences et une infrastructure de qualité (scientifique et administrative) sera amplifié par la visibilité que donnent nos chercheurs à l’étranger.
Le conseil de la recherche (infrastructure scientifique, visibilité des thèmes de recherche…), le guichet mobilité et les relations internationales (bourses, administration, logement, promotion…), l’ISLV (cours de langue intensifs) et le réseau Ulg (suivi de nos anciens postdocs), pourraient élaborer, dans le sens de vos préoccupations, les grandes lignes d’une culture d’accueil en recherche, comme c’est déja le cas avec succès pour les étudiants.

Liège ne doit pas qu’être une Université d’où l’on part, ce doit être aussi une Université où l’on vient et dont on se souvient.

Je ne puis qu’être d’accord avec Ewin de Pauw, nous devons transformer notre habitude de recevoir des doctorants et post-doctorants étrangers de haut niveau en une tradition institutionnelle. Donner à nos jeunes l’envie et les moyens de partir, c’est favoriser le terrain de l’accueil des étrangers qui peuvent enrichir notre institution.

L’excellent commentaire de Rudi Cloots à mon affichage précédent, Partir…, m’amène à m’expliquer avec un peu plus de précision sur ce que j’attends d’un séjour de longue durée à l’étranger. En effet, cela ne peut se résumer à chercher un dépaysement.

Il s’agit en fait:

- d’exercer son métier dans un autre environnement, de cesser de ronronner dans les mêmes idées, de discuter autrement de son travail, de ses recherches;

- de changer éventuellement d’axe de recherche, d’aborder les problèmes autrement, voire de changer de sujet et de réaliser qu’il y a éventuellement mieux à faire que ce qu’on fait;

- de bénéficier d’autres approches méthodologiques ou techniques, de discuter au quotidien avec d’autres chercheurs que ceux de son environnement d’origine;

- de vivre ailleurs, d’être confronté aux difficultés que rencontrent nos visiteurs lorqu’ils viennent chez nous (visas, problèmes de langue, logement, etc…);

- d’améliorer sa connaissance des langues étrangères pour autant que le séjour ne se fasse pas en francophonie;

- de créer des liens souvent très solides avec des chercheurs étrangers, infiniment mieux que dans des colloques et congrès, ou même lors de courts séjours, forcément trop brefs, d’entrer ainsi dans la grande famille des chercheurs migrateurs au sein de laquelle existe une solidarité et une reconnaissance mutuelle inimitables;

- de se grandir et retrouver éventuellement son université avec un regard différent et pouvoir ainsi contribuer utilement à son évolution, en connaissance de cause;

- de transmettre, après son retour s’il a lieu, à ses étudiants, le sens du voyage et de la mobilité, en ayant montré l’exemple.

Certes, je ne prétends pas qu’on ne peut être un bon universitaire sans cela, mais je prétends qu’une université comme la nôtre se doit de vérifier l’acquis de cette expérience chez toute personne qui va faire partie de la Maison pour longtemps et donner l’exemple aux jeunes. C’est un critère, sinon obligatoire, en tout cas prépondérant parmi ceux qui prévalent lors du choix d’un membre définitif de l’Institution.

Le sage est bel et bien revenu !

Très ému de se retrouver dans la Salle Académique où il a enseigné longtemps aux étudiants en droit, et devant une salle archi-comble (toutes nos excuses aux personnes auxquelles on a dû, pour des raisons de sécurité, refuser l’accès), Pierre Harmel nous a donné une triple leçon de rhétorique, de sagesse et de jeunesse de pensée absolument bouleversante. Il nous a rappelé combien il est agréable et raffraîchissant de rencontrer un homme au dessus de la mêlée, un homme qui pense sans relâche, qui, à 95 ans, reste quotidiennement en contact avec la réalité du monde. Avec un dynamisme époustouflant, il a su nous communiquer son enthousiasme, ses inquiétudes et ses espoirs pour la jeunesse qui nous suit. Un moment exceptionnel comme on n’en vit pas beaucoup.

J’épinglerai en particulier son plaidoyer pour le dialogue entre les peuples, entre les gens et sa proposition que chacun d’entre nous accueuille dans sa famille un jeune étranger car c’est comme cela que la compréhension et l’estime mutuelle peuvent naître et durer.

Une grande leçon, un grand homme, un grand moment.

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