Reçu le 3/2, à propos du livre de Jacques Balthazart, sorti le 4 février 2010, « La biologie de l’homosexualité »:
[J'ai été choqué par un] article du Vif parlant des recherches du Dr. Balthazart appuyant ses « arguments » grâce à son nom de professeur de l’ULg.
Je ne suis pas convaincu qu’il ait estimé l’impact que peut avoir le titre de « professeur à l’ULg » dans un article de journal surtout quand celui-ci présente des HYPOTHESES et que celui-ci est destiné au grand public. L’impact qu’il a déjà dans les conversations autour de moi est effrayant… et dangereux, à mon sens.
Tout le monde émet des hypothèses sur l’homosexualité mais sa capacité à repérer les homosexuels grâce à des statistiques est hallucinante! Son « truc » des doigts de la main est proche de la mystification et de la Morphopsychologie et de ces autres fumisteries!!! Je suis homosexuel et mes doigts 2 et 4 ont la même taille… les statistiques ne font pas la Science!!!
Je m’emporte mais je suis sidéré de voir comme cette personne fait revenir une idée reçue que tous le monde essaye d’effacer, comme si l’homosexualité était une « tare génétique »… sans vouloir abuser du point Godwin, nous savons tous où ce genre d’idée peut mener à partir du moment où on identifiera un gène supposé responsable (ce qui devrait arriver grâce à ce genre de méthode scientifique douteuse).
Cordialement,
(Le message n’est pas anonyme pour ce qui me concerne, mais l’auteur ne l’ayant pas mentionné dans le texte, j’ai préféré ne pas le dévoiler, vu le côté délicat de ses affirmations. B.R.)
Monsieur,
Je voudrais tout d’abord vous suggérer de lire le livre plutôt que deux pages d’un magazine qui résument de façon schématique et partielle la thèse qui y est défendue. Par ailleurs, j’ai consulté M. Balthazart qui me dit ceci:
1) il ne s’appuie nullement sur un titre de professeur pour défendre les idées exposées dans le livre mais sur des résultats scientifiques largement admis par la communauté scientifique internationale;
2) le livre ne présente pas des hypothèses mais un faisceau d’arguments scientifiques qui conduisent logiquement à une conclusion, c’est ainsi que la Science avance;
3) le livre n’est pas centré sur des différences génétiques qui expliqueraient l’homosexualité mais sur des effets hormonaux prénataux, ce qui est très différent: en effet, cela veut dire que les homosexuels ne sont pas responsables de leur orientation sexuelle et une analyse génétique aussi poussée qu’elle soit ne peut permettre de le détecter, pas plus qu’aucune autre technique d’analyse;
4) contrairement à ce que vous dites, les statistiques font la Science! Elles seules démontrent l’existence d’un fait d’observation. Ceci dit, des écarts à la moyenne ne permettent aucune prédiction quant aux cas individuels, il ne s’agit donc pas ici de « repérage »;
5) pour faire bref, l’association d’un changement du rapport des longueurs des doigts 2 et 4 avec l’homosexualité ne se retrouve que chez les femmes homosexuelles, pas chez les hommes (comme indiqué correctement dans le Vif). Il n’est donc pas inattendu que vous ne retrouvez rien d’anormal au niveau de vos doigts (voir aussi point 4).
Quant aux conséquences sociales des recherches scientifiques et de leur divulgation, l’auteur s’en est clairement expliqué dans le Soir du 4 février. Vous trouverez des éléments d’information objectifs sur le blog de Luc Roger ou dans la discussion en cours sur le forum Yagg. En outre, le professeur Balthazart accepte d’être consulté par mail: jbalthazart@ulg.ac.be
B. Rentier