Et bien, ce ne fut pas long. J’avais prédit des recours, celui-ci a été ultra-rapide.
Comme je vous le disais, le système du numerus clausus est générateur de recours sans fin. J’ajoute qu’il l’est non seulement par lui-même mais encore plus lorsque l’on change les règles du jeu en cours de route ou même après coup.
Avant que le jury ne puisse proclamer ses décisions de ce matin, nous recevions la notification d’un recours auprès du Conseil d’etat introduit à l’extrème urgence par un étudiant en 1er Bac Médecine, M. Xavier GIET, assignant l’Université de Liège, le Recteur et le jury de 1er Bac. Au motif qu’un examen n’aurait pas été pondéré de manière correcte. Je n’entre pas dans les détails. M. Giet avait déjà introduit ce recours précédemment et le Conseil d’Etat, le 14 août, lui avait donné raison, à charge de l’ULg de mieux motiver sa décision. Le jury a maintenu sa décision et constitué un dossier qui en expose clairement les raisons. Ce dossier devait être défendu prochainement devant le Conseil d’Etat.
Le recours d’aujourd’hui, traité dès 14 heures par le Conseil, suspend donc toute proclamation puisque, si M. Giet se voit donner raison, il faudra recalculer ses points selon la pondération qu’il réclame, mais il faudra aussi, bien entendu, revoir les points de tous les étudiants, y compris ceux qui ont été délibérés précédemment. Il est évident que cette révision, que conteste catégoriquement le jury, changerait assez largement le classement des étudiants, voire même le fait qu’ils aient ou non une note en dessous de 10/20 (condition d’éligibilité du numerus clausus!). Certains vont « remonter dans le canot de sauvetage » (les 16 attestations encore disponibles car prélevées sur 2009), d’autres vont tomber à l’eau. Ce résultat serait profondément injuste et achèverait de créer le capharnaüm.
J’ai déjà dit que le numerus clausus faisait régner au sein du 1er Bac en Médecine une ambiance d’extrême compétition très déplorable, surtout chez de futurs médecins qu’on devrait former à la collaboration et à l’entraide. Il est clair que ce recours, s’il est reçu, ne contribuera pas à améliorer les choses…
Le Conseil d’Etat statuera le vendredi 29 août prochain. D’ici-là, les étudiants resteront dans la plus totale incertitude, ce que le jury voulait éviter en délibérant et proclamant aujourd’hui.
Lamentable.
(pour bien comprendre, lire les épisodes précédents)
Le jury de 1er Bac en Médecine de l’ULg a repris et terminé ce midi sa troisième délibération de première session commencée samedi dernier.
Pour cela, il attendait d’obtenir, par mon intermédiaire, des gouvernements fédéral et communautaire, des informations complémentaires sur les tenants et aboutissants de l’arrêt du Conseil d’Etat concernant les étudiants « reçus-collés ». Je n’ai pu leur ramener aucune garantie, aucune certitude. Mais toutefois la nette impression que, suite à tous ces événements, suite à toutes ces actions où nous avons essayé de mettre en lumière les incohérences et l’inadéquation des mesures en vigueur, plus personne n’ignore le problème et que chacun, à son niveau respectif, est décidé à bouger, et que quelque chose se passera lorsqu’on disposera du cadastre des professions médicales, espérons-le, dans quelques mois.
Je rappelle que, contrairement à ce que clame partout l’avocat des plaignants, l’arrêt du Conseil d’Etat n’est nullement contraignant et si le jury améliore la motivation de sa décision, elle peut être maintenue. Mais ce n’est pas ce que le jury a décidé. Non pas qu’il admette avoir tort, mais parce que sa persévérance nuirait gravement aux intérêts des étudiants car la procédure entraînerait un délai incompatible avec la suite de leurs études.
Il n’a pas voulu non plus jouer les Robin-des-Bois et laisser passer les 18 étudiants concernés, conformément au pacte de New York (1966) évoqué par le Conseil d’Etat. Il aurait alors distribué plus d’attestations qu’il n’en possédait (16). En outre, l’équité prônée par ce pacte voudrait que tous ceux qui réussissent leurs examens en 2è session reçoivent aussi chacun une attestation. Sans compter l’illégalité de cette action de faux-monnayeur et les risques d’annulation qu’elle comporte, elle aurait aussi été profondément injuste vis-à-vis des ajournés de juillet qui, considérant à juste titre que présenter une 2è session eût été bien inutile (les reçus-collés peuvent recommencer leur 1er Bac mais sans aucune dispense), ont préféré prendre du repos.
Soucieux en tout premier lieu du sort des étudiants, le jury a décidé d’accorder toutes les attestations dont il dispose, y compris 15% de celles de l’an prochain. Il continue à penser que c’est injuste pour les étudiants de 2008-2009 mais se rend à l’évidence malgré le cynisme que cela comporte: ceux-là ne sont pas encore identifiés et ne le savent pas encore eux-mêmes… Ils n’ont donc pas encore, eux, un soutien émotionnel général. Le combat doit continuer pour ceux-là aussi!
Evidemment, les 16 attestations dont il dispose en les prélevant sur 2009 ne résolvent pas le vrai problème: l’existence des reçus-collés. D’autres recours en perspective? Sans doute, mais ceux-là ne pourront être dirigés contre l’ULg et contre son jury qui ont fait tout ce qu’ils pouvaient, et même, comme aujourd’hui, contre leur intime conviction.
Ne manquez pas l’épisode suivant, c’est sûrement pour bientôt, le système le veut.
Mais pour la fin de la série, je crains qu’il faille attendre la disparition du caractère insupportablement étroit du numerus clausus fédéral.