mar 26 août 2008
Et bien, ce ne fut pas long. J’avais prédit des recours, celui-ci a été ultra-rapide.
Comme je vous le disais, le système du numerus clausus est générateur de recours sans fin. J’ajoute qu’il l’est non seulement par lui-même mais encore plus lorsque l’on change les règles du jeu en cours de route ou même après coup.
Avant que le jury ne puisse proclamer ses décisions de ce matin, nous recevions la notification d’un recours auprès du Conseil d’etat introduit à l’extrème urgence par un étudiant en 1er Bac Médecine, M. Xavier GIET, assignant l’Université de Liège, le Recteur et le jury de 1er Bac. Au motif qu’un examen n’aurait pas été pondéré de manière correcte. Je n’entre pas dans les détails. M. Giet avait déjà introduit ce recours précédemment et le Conseil d’Etat, le 14 août, lui avait donné raison, à charge de l’ULg de mieux motiver sa décision. Le jury a maintenu sa décision et constitué un dossier qui en expose clairement les raisons. Ce dossier devait être défendu prochainement devant le Conseil d’Etat.
Le recours d’aujourd’hui, traité dès 14 heures par le Conseil, suspend donc toute proclamation puisque, si M. Giet se voit donner raison, il faudra recalculer ses points selon la pondération qu’il réclame, mais il faudra aussi, bien entendu, revoir les points de tous les étudiants, y compris ceux qui ont été délibérés précédemment. Il est évident que cette révision, que conteste catégoriquement le jury, changerait assez largement le classement des étudiants, voire même le fait qu’ils aient ou non une note en dessous de 10/20 (condition d’éligibilité du numerus clausus!). Certains vont « remonter dans le canot de sauvetage » (les 16 attestations encore disponibles car prélevées sur 2009), d’autres vont tomber à l’eau. Ce résultat serait profondément injuste et achèverait de créer le capharnaüm.
J’ai déjà dit que le numerus clausus faisait régner au sein du 1er Bac en Médecine une ambiance d’extrême compétition très déplorable, surtout chez de futurs médecins qu’on devrait former à la collaboration et à l’entraide. Il est clair que ce recours, s’il est reçu, ne contribuera pas à améliorer les choses…
Le Conseil d’Etat statuera le vendredi 29 août prochain. D’ici-là, les étudiants resteront dans la plus totale incertitude, ce que le jury voulait éviter en délibérant et proclamant aujourd’hui.
Lamentable.
Lamentable? Il me paraît, admirable qu’un simple particulier consacre autant d’énergie et d’efficacité face aux pouvoirs établis, et démontre par l’absurde l’ineptie des règles du numerus clausus.
En principe, le plus facile et le plus logique est d’obtenir de ceux qui ont conçu une règle contraire à une liberté fondamentale, qu’ils annulent ou modifient cette règle.
En pratique, nul ne peut être contraint d’appliquer une règle inférieure contraire à une loi supérieure qu’il connaît.
Entretemps, les étudiants en appellent au pouvoir facultaire et au pouvoir judiciaire, le pouvoir facultaire en appelle au pouvoir politique, le pouvoir politique en appelle aux autres pouvoirs politiques, administratifs (Inami) et judiciaires…
Plutôt que de prolonger l’agonie du numerus clausus et la souffrance des étudiants, délibérons, en âme et conscience et libertés fondamentales, et excluons les règles du numerus clausus! Nous serons attaqués, mais ce sera pour une bonne cause !
Commentaire de Charles de Selliers, le 27 août 2008 à 17:29Décidément, tous les moyens sont bons pour « mettre la pression » sur celui qui a eu le culot de s’opposer à une décision discutable de la sacro-sainte université.
Commentaire de Claude Verday, le 12 sept 2008 à 23:58Je trouve non seulement machiavélique, mais surtout lamentable et déontologiquement indigne le fait de citer le nom de cet étudiant, et de le rendre ainsi responsable de l’incertitude et de l’angoisse des autres reçus-collés.
Pour se conduire ainsi, l’université et son recteur montrent qu’ils sont aux abois devant la contestation, présentée comme un abus.
Cher Monsieur,
Vous manquez malheureusement un peu d’informations.
Celui « qui a eu le culot de s’opposer à une décision » ne s’opposait pas à une décision de quotas de numerus clausus, enfin, pas directement. Pour le faire, il eût fallu qu’il ait « réussi », au sens « Simonet » du terme (pas de note en dessous de 10/20). Or ce n’était pas le cas. Donc la première chose qu’il ait attaquée, c’est sa note en dessous de 10. Pour cela, il n’a pas hésité à remettre en question une pondération à l’intérieur d’un examen, alors que de l’avis du jury, cette pondération était claire et amplement justifiée, et n’avait aucune raison d’être remise en cause.
Et le Conseil d’Etat lui a donné raison, très étonnamment.
Cette décision stupéfiante le faisait remonter parmi les « reçus-collés Simonet », donc sauvables. Mais en éliminant l’un d’eux! (en fait plus d’un car il n’y aurait pas eu de raison de le faire remonter, lui, et non tous les autres dans le même cas mais qui n’ont pas introduit un recours).
Les arrêts du Conseil d’Etat sont publics, lisibles in extenso sur le site du C.E. et le nom du plaignant était ainsi clairement diffusé. Pas de faute déontologique donc.
Nous ne sommes aux abois devant rien. Nous pourrions très simplement obéir à toute injonction et ne faire aucun remous.
Commentaire de Bernard Rentier, le 13 sept 2008 à 0:19Comprenez que si je ne m’étais autant indigné publiquement contre toutes les ingérences dans notre fonctionnement et contre les atteinte à notre parfaite indépendance (pas sacro-sainte, mais élémentaire, pour le bien des étudiants), le numerus clausus n’aurait en rien été le feuilleton de l’été et tout se serait passé sans bruit… jusqu’à l’an prochain. Dans une injustice et une discrimination totales.