Happy birthday, Mr PPt !
Voici déjà 20 ans que PowerPoint a envahi le monde de la recherche et de l’enseignement.
Beaucoup l’ont dit et plus encore le disent aujourd’hui: les présentations illustrées par ce mode de projection peuvent être la meilleure et la pire des choses.
En réalité, le logiciel n’y est pour rien. Même si son homologue plus jeune chez Apple, Keynote, est considérablement plus performant et plus convivial, PowerPoint a le mérite d’avoir été le premier à se développer — PowerPoint 1.0, par Robert Gaskins en 1987 pour Apple Macintosh, ça se reconnaît — et, après son acquisition par Microsoft la même année pour 14 millions de dollars, il est devenu rapidement le standard indétrônable pour les présentations illustrées. Et il renferme suffisamment de caractéristiques utiles pour remplir son rôle d’aide aux présentations.
Non, le logiciel n’y est pour rien. La faute est à l’utilisateur qui, trop souvent, s’en sert en dépit du bon sens, noyant l’auditeur sous une pléthore de textes ou projetant des textes différents de son discours, ou encore les deux à la fois!
PowerPoint a été pensé en tant qu’appui, remplaçant les bonnes vieilles diapositives, tant pour les images que pour le texte. Les dérapages datent donc déjà de cette époque-là. La facilité et la quasi-instantanéité de l’informatique n’ont fait qu’amplifier les choses. On peut même changer ses présentations juste avant de commencer, voire même pendant l’exposé!
Le maître-mot, en matière de communication scientifique ou d’enseignement, est la sobriété. Les projections visent à illustrer le propos par des images, schémas, photos ou même films, depuis que les mémoires des ordinateurs portables le permettent. Elles ne doivent pas trop servir d’aide-mémoire à l’orateur et encore moins être constituées de textes à lire in extenso.
Les écueils ont été souvent décrits (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7).
« Donner des gadgets aux professeurs sans formation adéquate peut faire plus de mal que de bien dans la classe! » disent les étudiants dans Chronicle of Higher Education.
Certes, d’aucuns diront que rien ne vaut la bonne vieille craie et le tableau noir. Et ils ont sans doute raison. Les schémas complexes passent trop vite en projection et ne sont pas vraiment retenus, même s’ils sont compris sur le moment. C’est dans la combinaison de tous les moyens, employés avec modération et habilement adaptés, que réside le secret de la bonne communication.
Tout s’apprend
L’exemple du PowerPoint, aussi universel soit-il, est anecdotique mais il illustre (sans jeu de mots!) parfaitement le souci que l’on doit garder présent à l’esprit lorsque l’on enseigne. De nombreux autres aspects de l’enseignement (cours oral, travaux pratiques, répétitions, séminaires, groupes de travail, évaluation des « enseignés » donc examens sous toutes leurs formes, etc.) sont trop souvent laissés à l’improvisation et, pire, à la certitude de savoir bien faire, de savoir tout faire bien. Tout s’apprend, et il n’y a pas de honte à cela. Les techniques évoluent, la réceptivité des étudiants et leur relation aux études aussi. On peut retirer ce que l’on veut des formations et informations aujourd’hui disponibles, mais on ne peut s’en désintéresser totalement. Celles qu’organise l’ULg, et l’IFRES (Institut de Formation et de Recherche en Enseignement Supérieur) en particulier, constituent une opportunité à saisir, un service rendu aux encadrants, de quelque niveau qu’ils soient.
C’est pourquoi notre Conseil d’Administration a, le 13 juin dernier, décidé à l’unanimité d’approuver l’organisation par l’IFRES d’un programme structuré visant à une meilleure formation des étudiants de l’Université de Liège à travers trois axes :
1. une offre de formation pédagogique diversifiée pour les encadrants;
2. le développement d’initiatives pédagogiques et de recherches dans le domaine de la pédagogie de l’enseignement supérieur en collaboration étroite avec les Facultés;
3. l’adoption par l’ULg du paradigme de la formation orientée vers le développement de compétences.
Dans la foulée, le C.A. a également décidé de s’inscrire immédiatement dans cette dynamique et pour cela, d’approuver les principes suivants:
1. les nouveaux assistants seront tenus de suivre une formation pédagogique de base (10 demi-journées) qui sera une des conditions de l’éventuel renouvellement de leur mandat;
2. cette formation de base et la poursuite de cette formation, seront vivement recommandées aux assistants en cours de deuxième ou de troisième mandat, aux didacticiens (logisticiens affectés à l’enseignement), ainsi qu’aux premiers assistants et chefs de travaux;
3. s’ils ne l’ont déjà suivie, les nouveaux chargés de cours seront également tenus de suivre la formation. S’ils l’ont déjà suivie, ils seront encouragés à la poursuivre.
Par ailleurs, l’expérience antérieure de chacun sera valorisée dans ce contexte.
De façon plus générale, il sera vivement recommandé à tous les enseignants en fonction de profiter de l’opportunité qui leur est offerte de pouvoir bénéficier de ces formations qui seront considérées comme un élément positif de leur curriculum et constitueront un atout lors des évaluations diverses auxquelles ils sont soumis au cours de leur carrière.
D’aucuns ne manqueront pas de s’offusquer du caractère coercitif de ces mesures, en tout cas à l’égard des nouveau-venus. Je pense au contraire que la formule utilisée, faisant appel à l’expérience et au vécu de chacun, donc très participative, trouvera un écho positif et que ceux qui y auront goûté reviendront, au-delà même de ce qui leur est demandé.
Les objectifs de l’IFRES, et du Centre de Didactique supérieure en particulier, sont très clairs:
- informer les encadrants de première année sur les structures d’aide à la réussite des étudiants et les cellules d’appui aux encadrants en matière de pédagogie universitaire,
- valoriser les initiatives innovantes prises en première année des différents cursus,
- favoriser une réflexion commune et un échange de bonnes pratiques entre les encadrants,
- aider ces derniers dans leurs réalisations concrètes.
En fait, nous sommes intimement convaincus que personne, dans une université moderne et dynamique, ne peut se satisfaire de la conviction qu’il ou elle peut avoir de bien faire son métier, sans l’avoir appris autrement que par l’exemple de ses maîtres et sans l’avoir fait vérifier. Le métier d’enseignant à l’université a beau être un métier unique, par sa nature même, combinant harmonieusement enseignement et recherche, il n’échappe cependant pas à la règle qui prévaut pour toutes les autres professions aujourd’hui: apprentissage et évaluation.