Clairement annoncé en bonne place parmi les grands chantiers qui nous attendent se trouvent les négociations avec les Hautes Ecoles, et en particulier l’aboutissement du grand projet du Pôle Mosan. Il s’agit d’un projet ambitieux, qui tend à regrouper tous les établissements d’enseignement supérieur dans une large zone s’étendant sur les provinces de Liège, du Luxembourg et, pour partie, de Namur, par delà les clivages qui les séparent.
Il ne s’agit nullement de fondre les enseignements supérieurs en une rationalisation des filières qui serait néfaste tant aux Hautes Ecoles qu’aux Universités du Pôle.
Les grands principes sont: sauvegarde des spécificités utiles, regroupement des doublons vrais, mise en commun de la charge administrative, des infrastructures et d’un certain nombre de ressources (documentaires, informatiques, etc) lorsque c’est possible, et surtout recherche des possibilités de réorientation des étudiants d’un système vers l’autre, dans les deux sens, en cours d’études si nécessaire.
Ce grand projet s’est créé, le premier de cette ampleur en Communauté française de Belgique, il y a quelques années déjà, mais il n’a que partiellement abouti, l’adhésion de plusieurs Hautes Ecoles n’étant pas acquise. Ce ralentissement est apparemment dû à la frilosité de certains pouvoirs organisateurs face à ce qu’ils considèrent comme un danger de voir leurs établissements “phagocytés”, donc absorbés par l’Université, de perdre leur spécificité, de prendre des risques quant aux statuts des enseignants et de l’ensemble du personnel, sans parler d’une perte d’autonomie ou de la disparition d’écoles à juste titre réputées… Du côté des Universités, on partage parfois ces craintes et on a surtout celle de voir une telle association niveler vers le bas la qualité de la formation.
Je pense qu’il n’en est rien, si l’on veille attentivement à créer un ensemble associatif et à rassurer chacun en affirmant qu’il n’existe, dans ce projet, aucune velléité de fusion ou d’absorption si ce n’est pas là clairement la demande des institutions (certaines le souhaitant par ailleurs). Il s’agit plutôt d’un vaste ensemble, une sorte de “coupole” constituant un grand pôle de formations dans lequel l’étudiant trouvera ce qu’il souhaite ainsi que toutes les facilités pour s’orienter facilement et avancer à sa guise en fonction de ses aspirations et de ses capacités, seul moyen de donner aux jeunes de réelles opportunités de trouver des motivations profondes pour leurs études. Car c’est là l’essentiel: élargir l’éventail des ressources de formation à la disposition des jeunes, sans qu’ils doivent faire des choix définitifs préalables en devant aller pêcher de nombreux côtés les informations qui parfois restent incomplètes. Sans parler des réorientations qui, aujourd’hui, suivent inévitablement l’échec au lieu de le devancer et le prévenir.
C’est dans un grand ensemble coordonné que l’on trouvera les ressources et la souplesse nécessaires pour mieux définir le parcours des étudiants, éviter l’engorgement de filières qui sont souvent attractives par défaut lorsque la pression sociale (parents, entourage) pousse les jeunes à choisir une voie qui ne leur convient nullement et qui leur réserve échecs et désillusions. L’élargissement du Pôle Mosan aux formations artistiques et culturelles est précisément dans cette logique.
Certes, on peut voir l’Université comme le lieu de formations très ardues, très pointues et élitistes, au bon sens du terme, d’autres écoles se chargeant de ceux qui ne peuvent ou croient ne pouvoir se permettre l’effort de s’y frotter.
On peut aussi la concevoir comme un ensemble très vaste d’enseignement plus à la carte, mieux adapté.
Les deux options existent de par le monde.
Notre vision est une combinaison de ces deux options, où l’Université garde ses spécificités et ses exigences mais où sa collaboration avec les Hautes Ecoles lui permet de faire partie d’un ensemble plus large (un Pôle, comme pour l’association en grand ensembles interactifs d’universités et d’entreprises) où coexistent, en bonne entente, de nombreuses filières de formations qui ont toutes leur raison d’être et leur dignité, qui se complémentent à merveille et offrent aux étudiants des variantes de parcours bien organisées. Voilà, à mon sens, l’objectif que doit se réattribuer le Pôle Mosan, afin de profiter au mieux de l’avance qu’il possède et des atouts immenses qu’il recèle.