octobre 2005


La semaine dernière, la réforme de l’Administration centrale mise en place dès les conseils d’administration du 3 et du 19 octobre, s’est prolongée et complétée par un séminaire de réflexion réunissant, le 26 octobre, les directeurs et coordinateurs de l’administration avec les Autorités académiques. Afin d’améliorer la communication interne, accélérer les flux d’information entre les services et accroître leur efficacité, diverses procédures et améliorations techniques ont été mises au point. Le mode de prise en charge, de traitement et de suivi des dossiers a été entièrement revu. Une concertation permanente sera mise en place au sein de ce groupe pour faire face à tous les problèmes rencontrés, assurer l’adaptation constante de l’Institution aux exigences administratives souvent imposées de l’extérieur et organiser une circulation plus fluide des informations.

Composé du Recteur, du Vice-Recteur, de l’Administrateur, du Directeur général ainsi que des directeurs ou coordinateurs des grandes divisions de l’Administration centrale — Enseignement et Etudiants, Affaires académiques, Recherche, Interface, Ressources financières, Ressources humaines, Ressources immobilières, Service juridique, Relations Extérieures (publiques, internationales, communication), SEGI — ce groupe doit devenir une entité fonctionnelle permanente. Il constituera dorénavant le nouveau Collège des Directeurs. Le Collège se réunira régulièrement pour assurer à ces améliorations un suivi adéquat. Il examinera les aspects complexes liés à l’exécution des décisions du Conseil. Il coordonnera les différents aspects de la prise en charge des dossiers impliquant plusieurs administrations différentes. Sa mise en place s’imposait, suite aux modifications instaurées dans l’ensemble des mécanismes de fonctionnement de l’Administration centrale.

Comme le Collège rectoral en amont, le Collège des directeurs consitue donc en aval du C.A. une nouveauté qui devrait s’avérer très efficace et très positive pour l’ensemble de l’Institution.

Fort flatteuse attention du magazine économique Trends-Tendances cette semaine, de me classer parmi “les 20 superhéros qui sauveront la Wallonie” !

Mais gardons la tête froide. Je n’ai rien d’un superhéros — si tant est qu’un tel phénomène existe — et je n’ai nullement la prétention d’un jour sauver la Wallonie ! J’ai déjà assez fort à faire avec l’avenir de l’ULg ! Toutefois il est significatif que, dans ce contexte et parmi la variété fort hétéroclite de lauréats (de Justine Henin à Jean-Pierre Berghmans, en passant par Girls in Hawaï !), on ait voulu choisir un recteur d’université. Il fut un temps où cela ne serait venu à l’idée de personne !

Au delà du côté fantaisiste de ce hit-parade et grand-guignol de cette appellation non contrôlée, j’en retire que l’Université commence à être considérée comme un élément majeur de la relève économique — un discours que nous tenons depuis longtemps — mais qui commence à apparaître de plus en plus souvent dans la bouche des politiques et sous la plume des journalistes. Que ce soit le recteur de l’ULg en particulier qui ait été choisi honore notre institution. Sans doute mon style et mon ton habituels sont-ils à l’origine du choix, de même que mes considérations quelque peu audacieuses sur l’avenir du paysage universitaire francophone en Belgique, mais c’est surtout la position d’avant garde de l’ULg dans le domaine de l’interaction avec les milieux extérieurs qui justifie, je pense, cette sélection.

Pour ce qui est du titre : “L’Université devient une entreprise”, il s’agit là d’une opinion journalistique qui n’est pas la mienne et certainement d’une expression que je n’ai jamais utilisée. En effet, je ne pense pas que l’Université devienne une entreprise, précisément. Pour moi, elle est, à tout le moins, une entreprise pas comme les autres. Si l’on accepte cette nuance, je suis d’accord avec le titre, qui signifie alors que l’Université doit être gérée comme une sorte d’entreprise, entreprise scientifique et culturelle hors normes, avec des outils de gestion qui sont ceux des entreprises. Là, je n’ai pas de problème et j’acquiesce. Mais ce ne serait pas suffisant pour faire l’objet d’un article dans Trends.

Il faut beaucoup méconnaître la structure de l’Université, ses traditions, sa spécificité et ses finalités pour imaginer qu’on puisse y transposer le modèle de fonctionnement d’une entreprise. La notion de produit, comme celle de profit, y sont fondamentalement différentes. Les fonctions de chefs de service ou de département n’y ont rien à voir, pas plus que la structure hiérarchique. Bref, on pourrait s’étendre beaucoup sur cette comparaison impossible, aussi limitons nous à affirmer que les principes de gestion doivent y être ceux d’une entreprise et restons-en là.

J’eusse préféré un titre comme “L’Université devient un acteur économique qui compte” mais voilà, on ne m’a pas demandé mon avis, ni sur le titre, ni sur la teneur de l’article, ni sur l’honneur redoutable de devenir un superhéros wallon !

Rudi Cloots m’a écrit ceci le 22/10:

Monsieur le Recteur,

je suis bien de votre avis (même si je n’ai expérimenté l’étranger que très partiellement, en raison d’un début de parcours professionnel plutôt atypique). J’ai toujours approuvé et même incité “mes” chercheurs à franchir nos frontières. Je leur donne toute l’aide souhaitée et nécessaire dans la résolution de leurs démarches administratives. Notre rôle, et le rôle de l’Université, est bien de donner à (c)ses chercheurs l’envie du dépaysement. Pour y arriver, pour que cela devienne pratique courante, il serait bon de disposer en nos murs d’une “cellule” d’accompagnement qui apporte les réponses aux nombreuses questions que se posent les chercheurs (aide financière, bourses d’études, visa, …). Peut-être cette cellule existe-t’elle au sein de notre Institution? Si tel est le cas il est bon de le rappeler et d’en faire toute la publicité qui s’impose dans l’accompagnement de votre démarche, que je cautionne. Si non, il serait peut-être opportun de trouver des acteurs locaux, scientifiques et administratifs prêts à donner de leur temps dans la promotion et la “gestion” des séjours de nos chercheurs à l’étranger.
Bel outil finalement que ce blog qui nous permet d’exposer sans souci de forme, les idées, les témoignages de chacun dans un but constructif, et par une bien belle après-midi pluvieuse d’octobre. Bravo et à très bientôt

Merci !
Je préciserai qu’il ne s’agit pas que de chercher un dépaysement… Mais qu’il s’agit de bien d’autres choses. Cela me semble tellement important que je vais écrire un article distinct dans ce blog: Pourquoi partir ?
En ce qui concerne la cellule d’accompagnement au départ, nous sommes en train de la mettre sur pied. Beaucoup de choses ont déjà été faites par l’Aministration de la recherche à ce propos. Ce que nous voulons faire, c’est créer un “guichet” bien visible, simple, de mobilité. En fait, nous en créerons deux: un pour les étudiants et les enseignants dans le cadre d’échanges, et un pour les chercheurs. Ce dernier sera mis au point conjointement par l’Administration de la recherche et la Cellule des relations internationales et facilitera grandement les démarches du chercheur qui veut partir. Elle aura aussi pour but d’aider les chercheurs qui arrivent chez nous. Bien évidemment, toutes les bonnes volontés, comme le suggère Rudi Cloots, seront les bienvenues pour renforcer l’efficacité et le réalisme de ce “guichet de mobilité”.

D’Edwin De Pauw, le 23/10:

Monsieur le Recteur,

Les échanges internationaux de longue durée sont, comme vous le soulignez avec raison, essentiels pour non seulement pour la formation des chercheurs et de nos futurs cadres mais plus globalement pour le positionnement de notre institution. Techniquement, partir est de moins en moins difficile, il existe souvent plus de bourses que de candidats. Cela implique, c’est vrai, un effort personnel qui bien vite oublié une fois sur place. Il ne suffit cependant pas de rendre nos chercheurs mobiles, il faut construire une tradition d’accueil de doctorants et surtout de post-doctorants étrangers de haut niveau. Notre pouvoir d’attraction basé sur nos compétences et une infrastructure de qualité (scientifique et administrative) sera amplifié par la visibilité que donnent nos chercheurs à l’étranger.
Le conseil de la recherche (infrastructure scientifique, visibilité des thèmes de recherche…), le guichet mobilité et les relations internationales (bourses, administration, logement, promotion…), l’ISLV (cours de langue intensifs) et le réseau Ulg (suivi de nos anciens postdocs), pourraient élaborer, dans le sens de vos préoccupations, les grandes lignes d’une culture d’accueil en recherche, comme c’est déja le cas avec succès pour les étudiants.

Liège ne doit pas qu’être une Université d’où l’on part, ce doit être aussi une Université où l’on vient et dont on se souvient.

Je ne puis qu’être d’accord avec Ewin de Pauw, nous devons transformer notre habitude de recevoir des doctorants et post-doctorants étrangers de haut niveau en une tradition institutionnelle. Donner à nos jeunes l’envie et les moyens de partir, c’est favoriser le terrain de l’accueil des étrangers qui peuvent enrichir notre institution.

L’excellent commentaire de Rudi Cloots à mon affichage précédent, Partir…, m’amène à m’expliquer avec un peu plus de précision sur ce que j’attends d’un séjour de longue durée à l’étranger. En effet, cela ne peut se résumer à chercher un dépaysement.

Il s’agit en fait:

- d’exercer son métier dans un autre environnement, de cesser de ronronner dans les mêmes idées, de discuter autrement de son travail, de ses recherches;

- de changer éventuellement d’axe de recherche, d’aborder les problèmes autrement, voire de changer de sujet et de réaliser qu’il y a éventuellement mieux à faire que ce qu’on fait;

- de bénéficier d’autres approches méthodologiques ou techniques, de discuter au quotidien avec d’autres chercheurs que ceux de son environnement d’origine;

- de vivre ailleurs, d’être confronté aux difficultés que rencontrent nos visiteurs lorqu’ils viennent chez nous (visas, problèmes de langue, logement, etc…);

- d’améliorer sa connaissance des langues étrangères pour autant que le séjour ne se fasse pas en francophonie;

- de créer des liens souvent très solides avec des chercheurs étrangers, infiniment mieux que dans des colloques et congrès, ou même lors de courts séjours, forcément trop brefs, d’entrer ainsi dans la grande famille des chercheurs migrateurs au sein de laquelle existe une solidarité et une reconnaissance mutuelle inimitables;

- de se grandir et retrouver éventuellement son université avec un regard différent et pouvoir ainsi contribuer utilement à son évolution, en connaissance de cause;

- de transmettre, après son retour s’il a lieu, à ses étudiants, le sens du voyage et de la mobilité, en ayant montré l’exemple.

Certes, je ne prétends pas qu’on ne peut être un bon universitaire sans cela, mais je prétends qu’une université comme la nôtre se doit de vérifier l’acquis de cette expérience chez toute personne qui va faire partie de la Maison pour longtemps et donner l’exemple aux jeunes. C’est un critère, sinon obligatoire, en tout cas prépondérant parmi ceux qui prévalent lors du choix d’un membre définitif de l’Institution.

Le sage est bel et bien revenu !

Très ému de se retrouver dans la Salle Académique où il a enseigné longtemps aux étudiants en droit, et devant une salle archi-comble (toutes nos excuses aux personnes auxquelles on a dû, pour des raisons de sécurité, refuser l’accès), Pierre Harmel nous a donné une triple leçon de rhétorique, de sagesse et de jeunesse de pensée absolument bouleversante. Il nous a rappelé combien il est agréable et raffraîchissant de rencontrer un homme au dessus de la mêlée, un homme qui pense sans relâche, qui, à 95 ans, reste quotidiennement en contact avec la réalité du monde. Avec un dynamisme époustouflant, il a su nous communiquer son enthousiasme, ses inquiétudes et ses espoirs pour la jeunesse qui nous suit. Un moment exceptionnel comme on n’en vit pas beaucoup.

J’épinglerai en particulier son plaidoyer pour le dialogue entre les peuples, entre les gens et sa proposition que chacun d’entre nous accueuille dans sa famille un jeune étranger car c’est comme cela que la compréhension et l’estime mutuelle peuvent naître et durer.

Une grande leçon, un grand homme, un grand moment.

Un long débat s’est installé dans l’Institution ces dernières années concernant les séjours à l’étranger que nous imposons — avec une fermeté toute relative — avant toute nomination à un poste permanent (premier assistant, chercheur qualifié et, a fortiori, chargé de cours) et une clarification s’impose.
Certes, il s’agit là d’un beau cas de discussion au sein du Collège rectoral, mais je désire dès à présent faire part de mon avis sur le sujet.

Tout d’abord, je ne parle ici que de séjours de longue durée : 6 mois au moins, mais de préférence un an, d’un seul tenant, et non d’une accumulation de petits séjours ou visites étalés dans le temps. Je ne parle que de séjours consacrés majoritairement à une activité de recherche, conduisant à une ou des publications, que l’intéressé(e) a rédigé seul(e) ou en collaboration, attestant de son activité scientifique (au sens large).

Pourquoi de tels séjours ? Parce qu’ils sont l’occasion d’une réelle sortie de son milieu professionnel et d’une adaptation à un autre environnement et une autre culture, dans bien des cas. Une université qui se veut internationale ne peut faire moins que de s’assurer que ses enseignants et ses membres permanents aient fait l’expérience d’un dépaysement professionnel important. En effet, comment demander de manière crédible aux étudiants d’aller étudier ailleurs (on me pardonnera de ne pas encore redire pourquoi c’est souhaitable !) si on n’a, soi-même, fait l’expérience d’un séjour dans un autre pays ?
Et, bien sûr, s’il est souhaitable d’avoir fait la preuve de sa capacité de collaborer avec des collègues étrangers, d’avoir même, si possible, un renom international, de s’être intégré dans un réseau international de recherche, cela n’enlève rien à l’intérêt d’avoir vécu et significativement travaillé ailleurs.

Je pense donc qu’il est bon que le critère ’séjour à l’étranger’ ait une bonne place parmi ceux qui sont pris en compte pour une nomination à titre définitif à l’ULg.

Il est clair que cette exigence peut, dans certains cas, ne pas être rencontrée, à condition qu’une argumentation sérieuse justifie cette carence et que de telles exceptions soient et restent rares et ne risquent donc pas de devenir la règle.

Le mauvais argument est de dire qu’on n’a jamais été prévenu de cette exigence. Il y a suffisamment longtemps que le Conseil d’Administration a annoncé cette règle. Malheureusement, il ne l’a pas toujours appliquée avec la même rigueur.

Je souhaite qu’elle soit dorénavant clairement réaffirmée et que chaque chercheur débutant à l’ULg en soit averti et ne puisse ultérieurement arguer du fait qu’il ignorait cette obligation.

Pour être complet, il faut préciser que le Conseil a également établi que, si des exceptions pouvaient être retenues et des nominations comme chargé de cours acceptées malgré l’absence d’un séjour à l’étranger, cette déficience serait prise en considération dans les éventuelles demandes de promotion. Là aussi, il convient d’être ferme mais pas inébranlable. Toutefois, une argumentation convaincante est alors nécessaire pour justifier des mérites d’une promotion dans ces conditions.

On comprendra donc que l’intention n’est pas d’être ‘intégriste’ mais de faire en sorte que la très grande majorité de nos collègues soient à l’avenir forts d’une expérience solide de travail à l’étranger.

J’avais promis un retour en force de l’Ulg sur la scène culturelle liégeoise. J’ai le plaisir d’en voir la concrétisation dès cette semaine dans le cadre des Grandes Conférences Liégeoises, une organisation dans laquelle j’ai inscrit notre Institution depuis quelques mois, aux côtés de la Ville de Liège.

Les Grandes Conférences ont l’ambition de recevoir à Liège des orateurs prestigieux et de compléter ainsi un rôle assuré par le Grand Liège et par l’Emulation, sans toutefois entrer en compétition avec ceux-ci, le pari étant qu’il y a place, à Liège, pour une vie culturelle plus large que celle qui s’y déroule aujourd’hui et qui est bien fournie, mais insuffisante sur le plan des conférences pour un public large, dans une ville universitaire comme la nôtre.

Nous aurons 5 conférences dans ce cycle cette année, assurées respectivement par Pierre Harmel, André Comte-Sponville, Jacques Vergès, Axel Kahn et Jean-Claude Guillebaud, personnages prestigieux, controversés parfois et souvent provocateurs, dont la contribution ne peut être que stimulante pour la réflexion de chacun.

Quel plus beau lieu, et plus adéquat, que la Salle Académique de l’Université pour tenir ces Grandes Conférences ?

Pierre Harmel, ancien premier ministre (1965) et ministre belge des Affaires étrangères pendant 8 ans, un homme qui a profondément et durablement marqué la vie publique belge et internationale, est professeur ordinaire émérite de l’Université de Liège. Comment choisir un meilleur orateur pour inaugurer cette série ?

Souvenons-nous de son intervention dans le réglement de la question scolaire qui déchira notre pays il y a près de 50 ans.
Souvenons-nous qu’il a représenté la Belgique au plus haut niveau des relations internationales dans l’époque troublée des années 60, lors de la construction du mur de Berlin et de la la confrontation USA-URSS à Cuba.
Souvenons-nous du rôle qu’il a joué dans la politique de l’OTAN et dans la détente effective entre ce que l’on appelait alors les 2 blocs.
En 1967, ce que l’on avait appelé le “rapport Harmel” qui deviendra très vite une “Doctrine Harmel” contribuera considérablement à réduire les tentions entre l’Est et l’Ouest : la fermeté dans le dialogue, la détente sous haute sécurité, des principes devenus aujourd’hui très répandus.

A plus de 90 ans, Pierre Harmel reste d’une lucidité étonnante dans son analyse de la vie politique et de l’évolution de la société et de l’Europe. Avec un titre particulièrement visionnaire pour un homme de son âge, « Certitudes, probabilités et surtout espérances pour 2030 », le professeur émérite de l’ULg nous livrera son témoignage et son message lors d’un événement unique à ne pas manquer.

J’espère vous voir nombreux le 20 octobre prochain à 20h30 dans la Salle Académique de l’ULg pour la première des Grandes conférences Liégeoises et y partager le verre de l’amitié, offert par l’ULg.

www.grandesconferencesliegeoises.be

Comme vous le savez, au cours de l’année académique écoulée, HEC s’est intégré à l’ULg pour former la grande Ecole de Gestion de Liège, HEC-Ecole de Gestion de l’ULg.
Ce samedi, cette intégration a gravi un échelon supplémentaire: la fusion de l’association des anciens de HEC et de l’association des anciens de l’EAA en une seule organisation. Cette union fut suivie d’une soirée convivale et sympathique rassemblant les anciens des deux ex-institutions où tout le monde fut réuni.

Cette soirée, comme la fusion des associations qui l’a précédée, sont pour moi un signe clair de la réussite du lancement de la nouvelle Ecole et je m’en réjouis. Le succès se manifeste par ailleurs par le nombre de nouveaux inscrits à l’Ecole, qui équivaut au moins aujourd’hui à la somme des étudiants de HEC et du département des Sciences de Gestion de l’ULg en 2004-2005.

Clairement annoncé en bonne place parmi les grands chantiers qui nous attendent se trouvent les négociations avec les Hautes Ecoles, et en particulier l’aboutissement du grand projet du Pôle Mosan. Il s’agit d’un projet ambitieux, qui tend à regrouper tous les établissements d’enseignement supérieur dans une large zone s’étendant sur les provinces de Liège, du Luxembourg et, pour partie, de Namur, par delà les clivages qui les séparent.
Il ne s’agit nullement de fondre les enseignements supérieurs en une rationalisation des filières qui serait néfaste tant aux Hautes Ecoles qu’aux Universités du Pôle.
Les grands principes sont: sauvegarde des spécificités utiles, regroupement des doublons vrais, mise en commun de la charge administrative, des infrastructures et d’un certain nombre de ressources (documentaires, informatiques, etc) lorsque c’est possible, et surtout recherche des possibilités de réorientation des étudiants d’un système vers l’autre, dans les deux sens, en cours d’études si nécessaire.

Ce grand projet s’est créé, le premier de cette ampleur en Communauté française de Belgique, il y a quelques années déjà, mais il n’a que partiellement abouti, l’adhésion de plusieurs Hautes Ecoles n’étant pas acquise. Ce ralentissement est apparemment dû à la frilosité de certains pouvoirs organisateurs face à ce qu’ils considèrent comme un danger de voir leurs établissements “phagocytés”, donc absorbés par l’Université, de perdre leur spécificité, de prendre des risques quant aux statuts des enseignants et de l’ensemble du personnel, sans parler d’une perte d’autonomie ou de la disparition d’écoles à juste titre réputées… Du côté des Universités, on partage parfois ces craintes et on a surtout celle de voir une telle association niveler vers le bas la qualité de la formation.

Je pense qu’il n’en est rien, si l’on veille attentivement à créer un ensemble associatif et à rassurer chacun en affirmant qu’il n’existe, dans ce projet, aucune velléité de fusion ou d’absorption si ce n’est pas là clairement la demande des institutions (certaines le souhaitant par ailleurs). Il s’agit plutôt d’un vaste ensemble, une sorte de “coupole” constituant un grand pôle de formations dans lequel l’étudiant trouvera ce qu’il souhaite ainsi que toutes les facilités pour s’orienter facilement et avancer à sa guise en fonction de ses aspirations et de ses capacités, seul moyen de donner aux jeunes de réelles opportunités de trouver des motivations profondes pour leurs études. Car c’est là l’essentiel: élargir l’éventail des ressources de formation à la disposition des jeunes, sans qu’ils doivent faire des choix définitifs préalables en devant aller pêcher de nombreux côtés les informations qui parfois restent incomplètes. Sans parler des réorientations qui, aujourd’hui, suivent inévitablement l’échec au lieu de le devancer et le prévenir.

C’est dans un grand ensemble coordonné que l’on trouvera les ressources et la souplesse nécessaires pour mieux définir le parcours des étudiants, éviter l’engorgement de filières qui sont souvent attractives par défaut lorsque la pression sociale (parents, entourage) pousse les jeunes à choisir une voie qui ne leur convient nullement et qui leur réserve échecs et désillusions. L’élargissement du Pôle Mosan aux formations artistiques et culturelles est précisément dans cette logique.

Certes, on peut voir l’Université comme le lieu de formations très ardues, très pointues et élitistes, au bon sens du terme, d’autres écoles se chargeant de ceux qui ne peuvent ou croient ne pouvoir se permettre l’effort de s’y frotter.
On peut aussi la concevoir comme un ensemble très vaste d’enseignement plus à la carte, mieux adapté.
Les deux options existent de par le monde.
Notre vision est une combinaison de ces deux options, où l’Université garde ses spécificités et ses exigences mais où sa collaboration avec les Hautes Ecoles lui permet de faire partie d’un ensemble plus large (un Pôle, comme pour l’association en grand ensembles interactifs d’universités et d’entreprises) où coexistent, en bonne entente, de nombreuses filières de formations qui ont toutes leur raison d’être et leur dignité, qui se complémentent à merveille et offrent aux étudiants des variantes de parcours bien organisées. Voilà, à mon sens, l’objectif que doit se réattribuer le Pôle Mosan, afin de profiter au mieux de l’avance qu’il possède et des atouts immenses qu’il recèle.

Suite à la publication du communiqué de presse sur l’ULg et l’UCL dans le Luxembourg, les journaux de la Province ont relayé l’information en première page. Depuis lors, j’ai eu l’occasion de donner des compléments d’explication vendredi lors du Comité stratégique du Département de Sciences et Gestion de l’Environnement sur le site de l’ULg à Arlon (ex-FUL) en présence des forces vives luxembourgeoises qui composent ce Comité. Je reviendrai plus en détail sur ce sujet lors d’une conférence-débat à laquelle je suis invité ce lundi en début de soirée à la Maison de la Culture d’Arlon, et qui sera organisée par la Haute Ecole Robert Schuman.
L’idée est bien d’entamer des discussions à quatre (ULg-Schuman; UCL-Pascal) et d’examiner les liens privilégiés que ce deux binômes peuvent établir entre eux, pour ensuite tenter de voir si des rapprochements des deux Hautes Ecoles, sous le “parrainage” des deux universités, sont envisageables et dans quelles conditions.
On peut donc considérer que les travaux entrepris se font en deux temps: les négociations entre l’ULg et Schuman étant déjà commencées et s’avérant très prometteuses dans plusieurs domaines, le colloque à quatre, lui, devant suivre bientôt.

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