Relations extérieures


Je ne puis répondre individuellement à l’avalanche de courriels qui me sont arrivés aujourd’hui (voir commentaires), suite à mon message à la communauté universitaire ce matin concernant l’hébergement de « sans-papiers » à l’ULg. Néanmoins, je souhaite témoigner ma gratitude toutes celles et tous ceux qui m’ont adressé leurs félicitations pour cette action et leurs remerciements pour l’information argumentée que j’ai diffusée. Cela réchauffe le cœur de constater l’élan d’enthousiasme que suscite cette opération humanitaire auprès des membres de notre Institution.
Je tiens aussi à remercier tous ceux qui, extrêmement rapidement, se sont mis au travail pour veiller à ce que cet accueil se fasse dans les meilleures conditions. Je pense à MM. Christian Evens, directeur de l’ARI, Mouhazab Sahloul (ARI), le Doyen de la Faculté de Médecine Gustave Moonen et les médecins du CHU, les professeurs Christian Mormont et Benoit Dardenne de la Faculté de Psychologie qui se tiennent prêts à intervenir en cas de besoin, les corps de métiers qui sont rapidement intervenus ainsi que notre département des Relations extérieures, Relations publiques, Presse et Communication.

Encore une fois, cette opération est exclusivement humanitaire et n’engage en aucun cas l’Université ni son recteur sur le fond de la question de la régularisation des sans-papiers. Il me semble cependant que notre Institution peut se prononcer sur le souhait de voir s’accélérer les procédures de décision sur le sort à réserver à ces personnes, à ces familles, afin d’éviter que des années s’écoulent avant qu’une décision ne soit prise à leur sujet.

En attendant, il est bien dans l’esprit de notre université d’offrir, dans la mesure où elle peut se le permettre et moyennant des conditions strictes convenues avec les représentants des sans-papiers, un gîte décent, minimalement équipé pour la durée de leur manifestation. C’est la conception que nous avons des engagements que doit assumer une université publique et pluraliste.

L’actualité nous rappelle la précarité de la situation des « sans-papiers » dans notre pays. En région liégeoise, l’église Notre-Dame des Lumières à Glain est occupée depuis plusieurs jours par quelques dizaines d’étrangers vivant dans l’attente d’une reconnaissance officielle, et souhaitant, par cette action, exposer publiquement leurs problèmes et
manifester leurs revendications.

L’église de Glain devenant trop petite pour accueillir les sans-papiers et devant être partiellement libérée, un appel a été lancé pour trouver d’autres lieux d’hébergement. Sollicité personnellement à ce propos, j’ai décidé, après diverses consultations en interne, de répondre favorablement à cette demande, plaçant ainsi l’Université de Liège dans la continuité de l’accueil qu’elle avait déjà réservé aux sans-papiers en 1999 dans les anciens locaux de Pharmacie et de Botanique de la rue Fusch.

Il doit être clair que cette décision ne signifie nullement un soutien politique de l’Université de Liège à la cause des sans-papiers. Ce n’est pas là le rôle de l’université. Elle n’a pas à prendre position dans ce débat. Ce sont seulement des raisons humanitaires qui nous poussent à accueillir dans nos locaux ces personnes et ces familles. En effet, leur angoisse, leur détresse morale parfois mais aussi leur détermination sont bien réelles et ne peuvent manquer de nous interpeller.

Plus généralement, il faut certainement s’interroger sur le fait que, dans l’esprit collectif, les universités apparaissent comme des lieux de refuge potentiel dès lors que des hommes veulent se protéger ou s’élever publiquement contre des situations qu’ils estiment injustes. J’y vois la traduction tangible de la réputation de l’ULg en tant que lieu de tolérance et d’écoute, d’espace de multiculturalité favorable au respect, aux échanges et au dialogue.

Ce week-end, une trentaine de sans-papiers viendront s’installer dans d’anciens locaux du génie civil au Val Benoît. L’Université de Liège a pris des dispositions pour les accueillir dans des conditions acceptables et sécurisées. En outre, elle s’est proposée d’assurer un suivi médical et psychologique auprès des personnes qui en auraient besoin. Enfin, les locaux sont mis à la disposition des sans-papiers pour une durée limitée, jusqu’à la fin juin.

Voilà la signification de l’acte posé aujourd’hui par l’Université de Liège.

Dans une société où le profit règne en maître, le financement public de l’enseignement en général et celui de l’Université en particulier laisse de plus en plus à désirer, à tel point que la qualité-même de la formation des jeunes est gravement menacée, de même que la formation permanente des adultes tout au long de leur vie (formation non subventionnée !), ce qui nous place dans une position peu enviable par rapport à la majorité des autres pays européens et nord-américains, voire même des pays dits « émergents » ou « en développement ».

Il s’agit de choix et d’options politiques de gouvernance publique. J’en resterai là.

Quoi qu’il en soit, cette carence a obligé les universités à revoir leur propre politique d’acquisition de moyens de fonctionnement afin de ne pas voir décliner la qualité de leurs missions.
Auparavant, les découvertes issues de la recherche universitaire étaient tout simplement rendues publiques par les articles que publiaient les chercheurs. Ceci permettait une bonne diffusion de l’information et des progrès du savoir.
Aujourd’hui, si ceci reste vrai pour ce qui concerne les recherches dont on voit mal les champs immédiats d’application, les choses ont changé pour ce qui est des recherches applicables ou potentiellement applicables. De plus en plus, ces recherches sont « valorisées » et rapportent, dans une mesure très variable, des moyens à l’Université et au département ou au centre, ainsi qu’aux chercheurs qui ont pris les mesures adéquates.

On aime ou on n’aime pas ce mode de fonctionnement, mais on ne peut nier qu’il soit juste que la propriété intellectuelle des découvertes et inventions puisse être affirmée, réclamée, protégée et défendue. Cette évidence est encore renforcée dans un contexte où la recherche publique est notoirement sous-financée. Au sein de l’Université, peu de chercheurs ont les moyens et/ou le savoir-faire nécessaires pour assurer seuls ces démarches. Moins encore sont disposés à y consacrer du temps et nous parlons ici de beaucoup de temps.

Les universités ont donc mis sur pied des dispositifs permettant de soulager les chercheurs de ces tâches — en bonne partie du moins, leur expertise restant indispensable — et de professionnaliser cette fonction. C’est ainsi que sont nés à l’ULg ses « outils » de valorisation: l’Interface Entreprises-Université il y a quinze ans, Gesval puis SpinVenture, Science Park Service, SPS, WSL, GIGA et Aquapôle plus récemment et dernièrement CIDE.

• L’Interface a pour tâche d’identifier au sein de l’Université les recherches valorisables, de construire un réseau de relations avec les entreprises et d’établir le contact entre les chercheurs et les entreprises afin de trouver les meilleures voies de valorisation de la recherche universitaire. Ceci implique une activité prospective, mais également une activité pédagogique et d’animation technologique, l’organisation de conférences, colloques, séances de travail permettant d’augmenter les chances de rencontre et de collaboration entre l’ULg et le monde des entreprises, privées ou publiques.

• Gesval est une s.a. dont l’ULg est l’actionnaire principal, à 99,9%. Son rôle est l’évaluation technico-économique des développements universitaires, l’aide à la prise de décision en matière de brevets, la recherche de partenaires pour la valorisation, la négociation et la rédaction de contrats de transfert et enfin, l’aide à la décision avant la création et le suivi d’entreprises « spin-off ».

• SpinVenture est une s.a. dont l’ULg et Meusinvest sont actionnaires paritaires et dont le but est d’aider les chercheurs à trouver le capital d’amorçage pour la création d’une spin-off au cas où cette voie de valorisation a été considérée comme la plus adéquate.

• SPS est également une s.a. de l’ULg et de Meusinvest qui a pour mission d’offrir des espaces immobiliers pour les entreprises de haute technologie qui souhaitent une proximité étroite avec l’Université.

• WSL, GIGA et Aquapôle sont des incubateurs de haute technologie pour les entreprises naissantes dans les domaines de l’ingeniérie, de la biotechnologie et de l’eau, qui favorisent l’interaction permanente et étroite entre entreprises et centres de recherche universitaires.

• CIDE est une asbl créée par l’ULg et Meusinvest en vue de soutenir activement l’innovation et la création d’entreprises dans notre région. Au sein de CIDE sont regroupées les compétences de SEED-ULg, qui fut créé par le Prof. B. Surlemont au Centre d’entreprenariat de HEC-ULg, et celles de PI2, ou centre Patlib, lui-même intégré à l’Interface.

L’ULg encourage tous ceux qui, parmi ses chercheurs s’interrogent sur le caractère nouveau d’une technologie, ou sur la liberté qu’ils ont de l’exploiter, à recourir à l’instrument PI2 (Propriété Intellectuelle et Innovation), extrêmement performant à cet égard. Intégré dans un réseau européen de plus de 300 centres du même type, PI2 est officiellement reconnu par l’Office européen des brevets (OEB) et par l’office national belge des brevets: l’Office de la Propriété Intellectuelle (OPRI).
PI2 étant maintenant incorporé dans CIDE, c’est là qu’il convient de s’adresser lorsque l’on veut répondre de la meilleure manière aux appels à projets de la Région Wallonne, par exemple, qui pose clairement, dans ses formulaires, la question de la nouveauté et de la liberté d’exploitation. Cette opportunité existe également pour les chercheurs des autres universités, centres de recherche ou entreprises qui ont le loisir de profiter des performances de PI2. L’ULg a pris un abonnement à PI2 pour ses membres et d’autres peuvent évidemment en faire de même.

Mais il est important de savoir que la gestion de la propriété intellectuelle de l’ULg n’est pas l’affaire de PI2, pas plus que le suivi des procédures liées à la prise et au maintien de brevets. Cette gestion est prise en charge par l’ULg qui la confie à Gesval car c’est là qu’est accompagné tout le processus de valorisation, depuis le recueil des annonces d’invention jusqu’au suivi des licences d’exploitation. Gesval aura alors éventuellement recours à PI2 pour la recherche des informations liées au marché.

http://www.cide.be/


Looking for seed funding!
(Photo Grant Heffernan, www.photoslave.com/ journal/2002/09.html)

J’écris ce message d’Equateur où je suis venu signer un accord-cadre de coopération avec l’Universidad Central del Ecuador (UCE; http://www.ucentral.edu.ec/). Nous avons déjà avec l’UCE des programmes communs dans les domaines du transport fluvial et intermodal (Sciences appliquées) et de la médecine vétérinaire, mais nous pourrons étendre notre collaboration à diverses autres disciplines, telles que la biotechnologie, la biodiversité et la protection de l’environnement, la pharmacologie des plantes médicinales, l’archéologie, la littérature hispano-américaine, pour en citer quelques-unes qui viennent immédiatement à l’esprit parmi d’autres encore. Cet éventail de collaborations dépendra directement de l’intérêt que nos collègues y porteront. Pour ma part, je vois plusieurs avantages à interagir avec cette institution: elle est dynamique et enthousiaste, bien équipée et performante dans plusieurs domaines, a fait ses preuves dans la collaboration avec l’ULg depuis 18 ans et bénéficie d’une situation géographique idéale. En effet, l’Équateur, en dehors de sa latitude particulière que chacun peut aisément deviner, présente la caractéristique d’héberger une vaste gamme de configurations topologiques et climatiques: océan Pacifique, plaine océane, cordillière des Andes culminant à plus de 5.000 mètres, nombreux volcans et plaine amazonienne typique s’étalant à l’Est jusqu´à la Colombie et le Pérou. En termes de géographie, de biologie et d’environnement, entre autres, l’Equateur constitue donc un réservoir immense de recherches et nos liens avec l’UCE nous donnent accès à ces ressources scientifiques. En outre, la tradition des études universitaires à l’ULg est bien éprouvée à l’UCE.
Notre collaboration, qui nous donne déjà accès à la station biologique d’Arajuno à la limite entre les Andes et la plaine amazonienne, pourra même mener à l’établissement d’une station scientifique sur le fleuve Napo, près du Pérou, station qui sera co-gérée par l’UCE et l’ULg.
Par ailleurs, l’UCE peut être pour nous une véritable plaque tournante vers de nombreuses universités d’Amérique latine avec lesquelles elle entretient des liens actifs.

Ce séjour fructueux, au cours duquel j’ai pu sillonner très largement le pays, me confirme dans une conviction déjà solidement ancrée chez moi après de nombreux voyages au quatre coins de la planète : l’Université du 21è siècle sera celle de la coopération internationale où les partenaires joueront à armes non pas forcément égales, mais équivalentes, se complétant harmonieusement et trouvant dans ces interactions les fondements d’une recherche qui, en quelque domaine que ce soit, sera profondément humaine et utile à l’ensemble de l’humanité. Cette largeur de vues, c’est dans la coopération internationale que nous la trouverons, par la connaissance intime des peuples et l’amitié qui en dérive. Elle implique un profond respect des autres et de leurs particularités, sans s’arrêter à leurs faiblesses mais en tâchant de toujours repérer et comprendre leurs forces, leurs atouts, leur savoir et leur savoir-faire.

J’aurai bientôt l’occasion de revenir plus en profondeur sur ce sujet général dans ce blog et lors de diverses interventions que je ferai dans les semaines et mois qui viennent.

En attendant, je souhaite à tous les lecteurs de ce blog une excellente année 2006. Qu’elle apporte à chacun de vous tout ce que vous pouvez souhaiter et qu’elle apporte en particulier à notre Université toute l’aura qu’elle mérite.

San Francisco de Orellana, Amazonie équatorienne, le 31 décembre 2005

Enfants dans le village indien d’Arajuno, Equateur

Cette semaine s’est avérée riche en évènements révélateurs.

Lundi, conférence de presse sur la collaboration FN Herstal-ULg. J’en retire qu’au delà de collaborations technologiques que nous pouvons avoir avec des industries dans bien des domaines, il existe également des collaborations qui se révèlent très pluridisciplinaires. C’est le cas ici, avec le développement d’armes (fleuron du savoir-faire liégeois depuis des siècles) dont la dangerosité est réduite. Chacun s’accordera à dire que dans le maintien de l’ordre comme dans le maintien de la paix, nul ne souhaite voir utiliser des armes mortelles ou très dangereuses. La mise au point et la commercialisation d’armes à dangerosité réduite nécessite l’intervention d’ingénieurs, de physiciens, de chimistes, mais également de médecins légistes, de criminologues, de sociologues et de psychologues. Notre institution renferme toutes ces expertises et la collaboration paraît idéale.
C’est un superbe exemple de la complémentarité des spécialités, qui peut engendrer des développements très complets et intégrés.

Jeudi, conférence de presse sur la collaboration Arcelor-ULg. De celle-là, je retire essentiellement la mise en contact de chercheurs de l’entreprise et de l’Université, chercheurs de formation très différente. De la rencontre entre Biologistes, ingénieurs et physiciens de la recherche spatiale, chimistes d’une part et ingénieurs sidérurgistes d’autre part, sont nées une cinquantaine d’idées originales et totalement inattendues, qui elles-mêmes ont donné naissance à une cinquantaine de projets étonnants. Aucun d’entre eux ne serait arrivé à concevoir de tels projets sans ces rencontres fertilisantes.
C’est un superbe exemple du caractère indispensable du choc des cultures scientifiques pour la vraie innovation, celle qui ne se contente pas d’une amélioration de procédés mais qui fait naître des concepts totalement neufs, ceux-là même qui nous permettront de sauver l’avenir économique de notre région.

Il faut ajouter que, du côté de l’Université, les chercheurs impliqués dans ces programmes innovants ont derrière eux des années de travail acharné sur des sujets dont peu de gens ont jamais compris à quoi ils pourraient servir un jour. Ce sont les recherches fondamentales, qui semblent un luxe inutile de recherche pure de la connaissance pour elle-même, qui nourrissent le processus d’innovation, à condition d’être replacées dans un contexte inattendu.

Favoriser la rencontre de ces mondes apparemment distants est précisément notre rôle.

Le décidément surprenant magazine Trends-Tendances semble avoir décidé de nous en sortir une bien bonne chaque semaine…!
Et dans le style douche écossaise.

Après avoir fait du Recteur de l’ULg un « superhéros », voici qu’il fustige notre Institution pour avoir osé décider d’offrir aux membres de son personnel des conditions avantageuses lors de l’inscription de leurs enfants à l’université de Liège (p7, Les Confidentiels). Malheureusement, le journaliste non identifié qui rédige ce billet est terriblement mal renseigné, de toute évidence parce qu’il a bâclé son travail alors qu’une rapide enquête lui eût donné toutes les informations nécessaires pour écrire un article très positif.
Mais voilà. Soit il était trop pressé, ce qui est regrettable, soit il tenait à être négatif a priori, ce qui est pire encore.

Jugez-en vous-mêmes, je reprends ici le texte in extenso:

« L’ULg cajole son personnel
L’Université de Liège offre, à partir de cette année académique, des conditions d’inscription imbattables aux enfants de son personnel: €65 par an de frais administratifs,
punt aan de lijn. Face aux €759 de minerval que les parents doivent normalement produire pour inscrire leurs rejetons, l’écart fait bien entendu jaser. « Toute entreprise consent des conditions particulières aux membres de son personnel, c’est normal » rétorque un assistant. Reste à lui rappeler que le fisc s’intéresse de près aux ristournes consenties par l’employeur à son personnel. Reste aussi à voir ce que la Fédération des étudiant(e)s francophones (FEF) et le monde politique pensent de cette condition différenciée d’accès à l’enseignement public, qui, de surcroît, ne tient pas du tout compte du niveau de revenus des parents. »

Tout d’abord, d’autres universités telles que l’ULB et l’UCL appliquent ce principe depuis longtemps sans que cela heurte quiconque. Pour tout dire, notre programme est d’ailleurs inspiré de celui que l’UCL a mis en œuvre depuis des années et j’en profite pour féliciter nos collègues louvanistes pour leur excellente initiative.

D’autre part, l’ULg est une institution respectueuse des lois, contrairement à ce que l’article insinue en faisant apparaître cette nouveauté comme un coup d’audace vis-à-vis du fisc, du genre « ça passe ou ça casse ». Seulement voilà, une institution de cette ampleur et de cette réputation ne saurait envisager un comportement aussi irresponsable. Elle est parfaitement au fait de la législation en matière d’avantages en nature. Les décisions de son Conseil d’Administration sont examinées attentivement par un Commissaire du Gouvernement et par un Délégué du Ministre du Budget. Elle ne prend donc pas ses décisions à la légère.

J’ai toujours considéré Trends-Tendances comme un journal d’un grand professionnalisme. C’est pourquoi je suis sidéré d’y lire un article aussi bâclé et dont même le style dénote avec la qualité du journal. S’il s’était bien renseigné, l’auteur de ce billet aurait appris qu’en l’occurrence, ce n’est pas l’ULg qui octroie un avantage en nature à son personnel mais que cet avantage est offert par une ASBL, PromULg, constituée par décision du Conseil d’Administration de l’ULg et dont l’objet social consiste à « soutenir l’ULg dans ses missions de promotion de la recherche et de l’enseignement universitaires grâce à des subsides et dons ; assurer la promotion du bien-être moral, matériel, social, culturel et sportif de l’ensemble des membres de la communauté universitaire ; procurer un soutien aux efforts des personnes, groupes, associations et organismes officiels ou privés qui poursuivent un objet semblable. Ainsi, notamment, elle a pour objectif de faire bénéficier l’ULg d’un outil lui permettant d’obtenir des subsides (européens, fédéraux, etc.) qui requièrent ce type de structure juridique, ainsi que de recevoir des dons et des subsides en vue notamment d’accorder des bourses, moyens d’encouragement ou facilités diverses à des étudiants, chercheurs, membres du personnel ou de la communauté universitaire au sens large ».

L’initiative de la réduction de minerval pour les enfants du personnel entre donc parfaitement dans le cadre des objectifs de cette association. Les fonds de l’ASBL « PromULg » proviennent pour une large part, de dons extérieurs à l’Institution, et pour le reste, du rassemblement des moyens de diverses fondations dédiées aux œuvres sociales de l’ULg.
Il ne s’agit donc nullement de « ristournes consenties par l’employeur à son personnel ».

Mais peu importe. Ce ne sont ni ces imprécisions, ni cette partialité qui m’agacent, c’est cette façon déplaisante de prendre notre université pour cible sur base de renseignements glanés de manière aussi superficielle, en consultant un « assistant » au lieu de prendre tout simplement contact avec les autorités académiques responsables, toujours disponibles pour un entretien, fût-il téléphonique, et qui auraient pu exposer l’ensemble de ces considérations. Cette négligence est le signe d’une grande légèreté sur le plan professionnel.

Comme il faut toujours considérer le côté positif des choses, j’espère que ceux de nos étudiants qui se destinent au métier de journaliste et qui me lisent aujourd’hui sauront tirer la leçon de cet incident pour éviter un des principaux et plus dangereux écueils de leur future profession.

Nous allons réagir officiellement, en tant qu’institution nommément citée, par une lettre que j’adresserai lundi au rédacteur en chef de Trends-Tendances avec une demande d’utilisation de notre droit de réponse, justifiée par le préjudice qu’a pu causer ce billet à l’image et à la réputation de l’ULg. Toutefois en raison du nombre de réactions des membres de la communauté universitaire que j’ai reçues dès jeudi, je tenais à exprimer immédiatement mon indignation sur mon blog.

Afin de répondre à une demande fréquente de la part de personnes extérieures à l’ULg qui regrettent que mon blog soit exclusivement réservé aux membres de la communauté universitaire, j’ai décidé d’en rendre publique une partie. J’y consignerai les articles qui s’adressent aussi bien aux milieux extérieurs qu’aux membres de l’ULg. J’y ai déja placé les articles publiés durant le mois d’octobre.

Les articles qui ne concernent que les membres de l’ULg ou ceux dont je souhaite réserver l’exclusivité à l’ULg se trouveront uniquement sur le blog Intranet
http://recteur.intranet.ulg.ac.be/

Fort flatteuse attention du magazine économique Trends-Tendances cette semaine, de me classer parmi “les 20 superhéros qui sauveront la Wallonie” !

Mais gardons la tête froide. Je n’ai rien d’un superhéros — si tant est qu’un tel phénomène existe — et je n’ai nullement la prétention d’un jour sauver la Wallonie ! J’ai déjà assez fort à faire avec l’avenir de l’ULg ! Toutefois il est significatif que, dans ce contexte et parmi la variété fort hétéroclite de lauréats (de Justine Henin à Jean-Pierre Berghmans, en passant par Girls in Hawaï !), on ait voulu choisir un recteur d’université. Il fut un temps où cela ne serait venu à l’idée de personne !

Au delà du côté fantaisiste de ce hit-parade et grand-guignol de cette appellation non contrôlée, j’en retire que l’Université commence à être considérée comme un élément majeur de la relève économique — un discours que nous tenons depuis longtemps — mais qui commence à apparaître de plus en plus souvent dans la bouche des politiques et sous la plume des journalistes. Que ce soit le recteur de l’ULg en particulier qui ait été choisi honore notre institution. Sans doute mon style et mon ton habituels sont-ils à l’origine du choix, de même que mes considérations quelque peu audacieuses sur l’avenir du paysage universitaire francophone en Belgique, mais c’est surtout la position d’avant garde de l’ULg dans le domaine de l’interaction avec les milieux extérieurs qui justifie, je pense, cette sélection.

Pour ce qui est du titre : “L’Université devient une entreprise”, il s’agit là d’une opinion journalistique qui n’est pas la mienne et certainement d’une expression que je n’ai jamais utilisée. En effet, je ne pense pas que l’Université devienne une entreprise, précisément. Pour moi, elle est, à tout le moins, une entreprise pas comme les autres. Si l’on accepte cette nuance, je suis d’accord avec le titre, qui signifie alors que l’Université doit être gérée comme une sorte d’entreprise, entreprise scientifique et culturelle hors normes, avec des outils de gestion qui sont ceux des entreprises. Là, je n’ai pas de problème et j’acquiesce. Mais ce ne serait pas suffisant pour faire l’objet d’un article dans Trends.

Il faut beaucoup méconnaître la structure de l’Université, ses traditions, sa spécificité et ses finalités pour imaginer qu’on puisse y transposer le modèle de fonctionnement d’une entreprise. La notion de produit, comme celle de profit, y sont fondamentalement différentes. Les fonctions de chefs de service ou de département n’y ont rien à voir, pas plus que la structure hiérarchique. Bref, on pourrait s’étendre beaucoup sur cette comparaison impossible, aussi limitons nous à affirmer que les principes de gestion doivent y être ceux d’une entreprise et restons-en là.

J’eusse préféré un titre comme “L’Université devient un acteur économique qui compte” mais voilà, on ne m’a pas demandé mon avis, ni sur le titre, ni sur la teneur de l’article, ni sur l’honneur redoutable de devenir un superhéros wallon !

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