Généralités


Avec la rentrée, l’ULg va faire peau neuve.

Tout d’abord, nous utiliserons dorénavant un nouveau logo alliant tradition et modernité.
Une porte entr’ouverte sur le monde, un livre ouvert sur la connaissance, chacun y verra ce qu’il voudra. Le blason pourra s’y loger dans les documents officiels et il apparaîtra alors comme dans l’illustration ci-dessous, mais il pourra être remplacé par le logo propre de l’utilisateur dans des documents spécifiques.
Ainsi, le concept offre une grande souplesse et, en particulier, il résout une difficulté rencontrée depuis longtemps: imaginer un logo signifiant et symbolique, n’excluant pas l’usage du blason mais, au contraire, s’accordant avec lui, tout en permettant en outre une personnalisation par chaque membre de l’Université, sans verser dans la surcharge par l’abondance de logos juxtaposés. De nombreuses déclinaisons seront possibles. Cette formule assure à l’Université de Liège sa représentation homogène dans les logos utilisés par tous ses membres, ce qui est essentiel pour sa visibilité. Et chacun sait aujourd’hui à quel point une visibilité claire et unique compte pour une université.

Mais ce n’est pas tout. Lundi prochain, nous publierons sur le site internet de l’ULg l’analyse des résultats de l’enquête réalisée auprès de ses membres. Ce document (en PDF) est, comme promis, accessible à tous, même en externe.

Le 13 septembre, nous lancerons le site REFLEXIONS, magazine scientifique en ligne d’une très grande qualité, qui mettra nos équipes de recherche en évidence et procurera au grand public, comme à un public averti, une information imagée, vivante et complète sur des thèmes nombreux et variés, touchant à tous les domaines du savoir.

Le 18 septembre, à l’occasion de la rentrée académique, nous honorerons six écrivains de dimension internationale. Certains, comme Paul Auster, Nancy Huston ou Haruki Murakami, sont bien connus du grand public, leurs œuvres ayant été couronnées de nombreux prix littéraires prestigieux. Les autres, Alberto Manguel, Antonio Tabucchi ou Bahiyyih Nakhjavani méritent amplement de le devenir. Je ne cacherai pas mon admiration pour cette dernière qui ne manquera pas, surtout après la sortie prochaine de son troisième roman, La femme qui lisait trop, de faire acquérir à son nom difficilement prononçable la réputation d’un tout grand écrivain. A côté de la remise officielle des insignes de Docteur honoris causa à ces six personnalités mondiales très représentatives de la fertilisation croisée des cultures, le débat sur la littérature qui sera organisé le matin même à la Salle académique, et auquel plusieurs d’entre eux participeront, promet également de constituer un moment historique privilégié pour notre Institution.

Le 1er octobre, nous organiserons une grande célébration du 80è anniversaire du discours du Roi Albert I à Seraing — le discours qui sera à l’origine de la création du FNRS quelques mois plus tard — à l’endroit même où il a été prononcé. Cette cérémonie, en présence de S.M. le Roi Albert II, rappellera à tous, scientifiques et industriels, que les paroles du souverain en 1927 gardent des accents frappants d’actualité aujourd’hui et incitent le monde politique clairvoyant à un soutien inconditionnel de la recherche fondamentale, clé de l’innovation et de l’essor économique.

Le 18 octobre, notre université aura l’honneur d’accueillir les Recteurs des universités européennes signataires de la Convention de Berlin sur l’Open Access et de la pétition adressée à la Commission Européenne sur l’ouverture de l’acces libre des résultats de la Recherche. Nous rédigerons la « Déclaration de Liège », manifestant aux yeux du monde la volonté des universités de voir changer radicalement les normes de la communication scientifique. Nous pensons que cette déclaration constituera un tournant important dans l’évolution des idées en matière de diffusion du savoir au profit de tous.

Enfin, ces évènements seront couronnés par le lancement d’un site web de l’ULg entièrement neuf, beaucoup plus moderne, ergonomique et orienté « utilisateur », riche en nouvelles fonctionnalités. Entre autres, ce nouveau site résoudra les problèmes d’encombrement des communications ‘Intranet’ institutionnelles. Il constituera une vitrine à la hauteur des ambitions de notre Université.

Bonne rentrée 2007 !

L’été se termine…
J’ai reçu quelques sarcasmes à propos de mon message ‘intranet’ de fin juillet annonçant à la communauté universitaire qu’en cas de canicule officiellement reconnue, l’horaire habituel de travail pouvait être aménagé… (l’an dernier, on nous a reproché de ne prendre cette décision qu’après deux jours!). Comme quoi, même en étant proactif et non réactif, on a toujours tort…!
Il est vrai qu’avec la saison que la Belgique nous a réservé… nous n’avons pas perçu d’ouverture (sur le plan du climat, pas plus que sur celui de la formation d’un gouvernement!).
Enfin, mieux vaut une mesure préventive inutile qu’une mesure tardive ou négligée!

Les français auront donc pour 5 ans un président de la République dont un des objectifs est de « ne laisser aucun enfant sortir du système scolaire sans qualifications ».
Interrogé par le magazine 20 Minutes.fr, le candidat disait ceci:

20 minutes.fr : Vous vous fixez comme objectif de ne laisser aucun enfant sortir du système scolaire sans qualifications. Comment comptez-vous parvenir à cet objectif?
N.S. : Par exemple dans les universités, chacun choisira sa filière, mais l’Etat n’est pas obligé de financer les filières qui conduisent au chômage. L’Etat financera davantage de places dans les filières qui proposent des emplois, que dans des filières où on a 5000 étudiants pour 250 places.

20 minutes.fr : Si je veux faire littérature ancienne, je devrais financer mes études?
N.S. : Vous avez le droit de faire littérature ancienne, mais le contribuable n’a pas forcément à payer vos études de littérature ancienne si au bout il y a 1000 étudiants pour deux places. Les universités auront davantage d’argent pour créer des filières dans l’informatique, dans les mathématiques, dans les sciences économiques. Le plaisir de la connaissance est formidable mais l’Etat doit se préoccuper d’abord de la réussite professionnelle des jeunes.

Une perspective certes incollable économiquement parlant, tout au moins à très court terme, inquiétante cependant pour l’ensemble des formations qui forment des universitaires qui sont moins directement « employables » par le marché du travail dans sa configuration actuelle.
Espérons que cette vision un peu étroite ne fera pas — comme c’est souvent le cas de la France vers la Belgique — tache d’huile…
Et espérons, pour nos voisins, que ces déclarations évolueront vers une conception plus nuancée de cette question fondamentale pour l’enseignement universitaire.

Trois interventions prononcées le 29 mars 2007 lors de la cérémonie officielle de remise des insignes de Docteur honoris causa.

Les dix personnalités que nous honorons ce jour ont toutes quelque chose en commun, quelque chose que nous souhaitons mettre en évidence en cette occasion, c’est cette force qui consiste à aller jusqu’au bout de ses idées, jusqu’au bout de ses opinions, lorsqu’on y croit fermement et quoi qu’il en coûte. Les huit premières ont su accomplir un parcours exemplaire dans leur domaine de recherche et y atteindre des sommets du haut desquels elles ont été remarquées par nos collègues, distinguées, proposées et enfin élues par une écrasante majorité du corps académique tout entier. Nul ne peut accéder à ce niveau de reconnaissance s’il n’a développé une opiniâtreté, voire une obstination sans limites pour atteindre le but fixé. Une telle réussite n’est jamais le fruit du hasard, même si celui-ci peut apporter son clin d’œil dans le parcours de chacun d’entre nous. Vous l’entendrez dans les présentations, cette persévérance se retrouve chez chacun d’eux.
Chez deux d’entre eux, cette qualité est poussée à l’extrême, jusqu’au mépris de leur liberté si elle doit être le prix à payer pour l’expression de leurs convictions. Comme l’écrivait Alessandro Baricco dans son roman « City » en 2000, « C’est un élément constitutif du génie que cette obstination sans limites qui le pousse à poursuivre ses propres objectifs avec un souci hypertrophié de perfection ».

Nous ferons connaissance aujourd’hui de caractères bien trempés qui, au delà des mérites scientifiques dont on vous fera part, ont su aller au bout de leur idéal et joindre à leurs talents de chercheurs, une grande générosité d’âme. C’est ainsi que nous rencontrerons notamment une juriste qui a su appréhender les grands débats sur la crise du domaine public, sur les partenariats public-privé, sur les questions d’environnement, sur les services publics, un physicien qui a pris fait et cause pour le développement d’institutions universitaires renommées dans le pays dont il est originaire, un spécialiste des greffes qui a su entrer dans le combat politique comme Député de son département, un généticien qui a pris son bâton de pèlerin pour participer à d’innombrables débats éthiques sur les biotechnologies, le clonage humain ou l’assistance médicale à la procréation.
Tous ont su donner à leur métier, à leur passion, un relief particulier et nous sommes fiers de les avoir avec nous, à l’Université de Liège aujourd’hui.
En outre, ils sont tous la démonstration de ce que la formation en recherche permet de développer comme personnalités exceptionnelles. Ils sont la preuve du bien-fondé de l’investissement que leur pays a fait en soutenant leurs travaux.

Il y a bientôt 80 ans, le 1er octobre 1927, non loin d’ici, dans une halle industrielle de la société John Cockerill à Seraing, le Roi Albert I prononçait devant un parterre nombreux prestigieux un discours devenu immédiatement célèbre et qui allait immédiatement influencer la totalité de la vie universitaire et de la recherche de Belgique. Il y disait: « La science moderne ouvre des perspectives nouvelles et presque infinies à la technique. C’est dans les laboratoires de recherches que s’élaborent les rudiments de l’industrie future, et cependant l’on ne peut se défendre de quelque inquiétude lorsque l’on constate la pénurie des moyens matériels dont les hommes de science disposent aujourd’hui chez nous pour poursuivre leurs études et leurs travaux. […] Le public ne comprend pas assez, chez nous, que la science pure est la condition indispensable de la science appliquée et que le sort des nations qui négligeront la science et les savants est marqué pour la décadence. […] Il faut que nous trouvions tous ensemble les moyens pratiques de promouvoir la science et d’encourager les chercheurs et les savants ».
Dans ce discours dont on ressent terriblement l’actualité aujourd’hui encore, le Roi mettait le doigt sur l’ensemble des problématiques liées à la recherche et à son financement, en précisant avec une acuité étonnante, au cœur d’une entreprise à l’époque florissante, les liens séquentiels entre la recherche pure et la recherche appliquée et l’impossibilité pour la seconde de se développer sans l’insémination par la première. Que cet appel ait abouti, dans les mois qui suivirent, à la création du FNRS, de la Fondation universitaire et de la Fondation Franqui, avec ses chaires et ses prix, des institutions qui ont soutenu depuis lors l’ensemble de la recherche fondamentale belge.
Nous aurons à cœur, avec le FNRS, de célébrer ce quatre-vingtième anniversaire le premier octobre prochain, sur les lieux-mêmes de cet événement, afin de rappeler à chacun la portée de ces paroles visionnaires.

Dans d’autres domaines que celui de la recherche, cette persévérance au service d’un but est parfaitement illustrée avec deux de nos lauréats qui l’ont menée au plus loin qui soit, dans l’exercice de leur métier d’avocat, d’écrivain et de responsable politique.
Ce courage d’aller jusqu’au bout de soi-même que nous célébrons aujourd’hui se reflétait par ailleurs dans la devise de John Cockerill: « Courage to the last ».
C’est Jules Renard qui, dans son journal, en 1901, écrivait « L’homme libre est celui qui ne craint pas d’aller jusqu’au bout de sa raison ».

C’est ce message-là que nous nous efforçons de transmettre à nos étudiants. Notre université se veut une institution prioritairement de recherche. Cette primauté se vérifie par les ressources qu’elle est capable de générer et qui dépassent celles qu’elle reçoit comme allocation en tant qu’institution d’enseignement. Cette qualité de recherche retentit évidemment sur la qualité de ses enseignements en leur apportant la modernité mais aussi la rigueur, et explique le degré d’exigence imposé à nos élèves et l’excellence de leur formation.
D’aucuns prétendent que la vertu de l’exemple n’est plus ce qu’elle était. Je n’en crois rien. L’important est de présenter l’excellence sous un jour attractif et motivant et veiller à ce que chacun puisse comprendre la relation entre l’effort et le résultat et mesurer la satisfaction du résultat. La satisfaction intellectuelle de la découverte ou de l’invention est incomparable mais elle ne peut être atteinte que par ceux qui savent aller jusqu’au bout de leurs idées, qui ont le courage de leurs opinions et qui assument leurs actes et leurs paroles.

Je suis très heureux de pouvoir honorer aujourd’hui, au nom de l’université tout entière, des personnalités qui illustrent ce propos à merveille.

Les 8 premiers lauréats sont présentés par les facultés:

Sur proposition de la Faculté de Droit: Mme Jacqueline MORAND-DEVILLER, Université Paris 1 (Panthéon – Sorbonne)

Sur proposition de la Faculté des Sciences: M. Girish Saran AGARWAL, Oklahoma State University; M. Christopher Martin DOBSON, University of Cambridge

Sur proposition de la Faculté de Médecine: Mme Nancy Lee HARRIS, Harvard Medical School; M. Jean-Michel DUBERNARD, Université de Lyon 1; M. Axel KAHN, Institut Cochin, Paris

Sur proposition de la Faculté des Sciences appliquées: M. Sanford A. KLEIN, University of Wisconsin-Madison

Sur proposition de la Faculté de Médecine vétérinaire: M. Moshe SOLLER, The Hebrew University of Jerusalem

Les deux suivants sont présentés par les Autorités universitaires:

M. Roger LALLEMAND, Ministre d’Etat, Président honoraire du Sénat de Belgique
M. Václav HAVEL, Président de la Tchécoslovaquie (1989-1992) et de la République Tchèque (1993-2003)

Roger Lallemand

Il est des personnages qui inspirent à la fois le respect et la sympathie. Parfois, ils ont en plus cette caractéristique de ne guère devoir être présentés. Roger Lallemand est de ceux-là. Ceux qui n’ont pas eu la chance de le rencontrer ont entendu parler de lui. Ses actions d’éclat, ses prises de position sans concessions sont au cœur du débat éthique et moral en Belgique et au delà de nos frontières depuis un demi-siècle.
Né en 1932 à Quevaucamps, petit bourg hennuyer proche de Belœil, il décroche une licence en philologie romane à l’Université Libre de Bruxelles ainsi qu’un doctorat en droit. A 20 ans, il accède à la Présidence du Cercle du Libre examen de l’ULB (le Librex). A 23 ans, dans l’éditorial d’un numéro des Cahiers du Cercle, il écrit : « Le sujet de ce Cahier est de ceux qui provoquent les réactions violentes et déchaînent les passions. Disons le net: nous cherchons la contradiction et les échanges de vue. Nous pensons qu’ainsi pourront vivre davantage un cercle et un principe qui veulent toujours affirmer leur présence et leur opportunité ». Dans ce numéro où il écrit un texte sur le racisme et un autre sur la colonisation, il invite Jean-Paul Sartre avec qui il se liera d’amitié ainsi qu’avec Simone de Beauvoir. C’est à leur exhortation qu’il partira en Bolivie en 1967 comme avocat défendre Régis Debray, détenu pour avoir soutenu Che Guevara. Et on le retrouve dans bien des causes délicates, voir dangereuses, auprès de syndicalistes et de résistants marocains, plus tard,auprès de partisans de Solidarnosc en Pologne. Il entre au Sénat en 1979 et y reste 20 ans. Il en deviendra le président.

Sur le plan des engagements éthiques, Roger Lallemand est omniprésent tout au long de sa carrière: membre du Comité Consultatif de bioéthique de Belgique, membre du Comité d’honneur de l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD), président de Présence et Action Culturelle (PAC) Bruxelles. Après avoir été aux côtés du Dr. Willy Peers dans l’affaire qui porte son nom, il est, avec Lucienne Herman-Michielsens, à l’origine de la loi dépénalisant partiellement l’interruption volontaire de grossesse votée dans les conditions dont on se souvient, en 1990. C’est encore lui qu’on retrouve au premier rang des protagonistes du débat sur l’euthanasie et les problèmes de fin de vie, au Sénat. Il est co-auteur de la loi qui bannit les mines antipersonnelles et qui a servi de modèle pour la communauté internationale dans le traité d’Ottawa. Comme parlementaire, il s’implique dans la répression du négationnisme, conduit une réforme de la législation sur les droits d’auteur et contribue à la reconnaissance officielle de la laïcité, Il a également représenté la Belgique au sein de la Convention Européenne qui a rédigé la Charte des droits fondamentaux. Depuis 2004, il préside la Commission du Dialogue interculturel.

Elevé au rang de Ministre d’État, Roger Lallemand est un homme qui n’a jamais abandonné la culture du doute comme valeur fondamentale. On retrouve cette préoccupation dans son analyse de la vision changeante que notre société a de ses mœurs, sa fascination pour le fait que ce qui est répréhensible aujourd’hui ne le sera plus demain. Cette relativité ne peut qu’inspirer le doute dans chaque jugement que nous portons sur les autres et sur nous-mêmes. Ami d’Edgard Morin, d’Alain Badiou, d’Alain Robbe-Grillet, il est un véritable humaniste qui a consacré sa vie à combattre nationalismes, intégrismes et intolérance, ardent défenseur de la démocratie, du pluralisme, de la justice et des libertés fondamentales et, par dessus tout, de « l’altérité de l’autre », c’est-à-dire du respect de la différence. « Il faut respecter » dit-il « l’autonomie de la personne dans les choix fondamentaux qu’elle doit faire, fussent-ils difficiles ou contestables. Une société démocratique est celle qui est capable de faire cohabiter le maximum de divergences ». Ce respect fondamental des choix autonomes des autres est réellement le fil qui sous-tend toute la vie et l’action de Roger Lallemand.
Membre du Haut Conseil de la Francophonie, co-fondateur avec Lucien Goldmann du Centre de sociologie de la littérature de l’ULB, membre du Conseil d’administration du Théâtre Royal de la Monnaie, Roger Lallemand est un personnage éclectique, féru de littérature, de poésie et d’opéra. On retrouve ce parcours dans son livre “Le songe du politique », mélange d’articles personnels, de textes inédits et de poèmes. Philosophe, poète, écrivain, érudit, grand amateur d’art et de bonne chère, Roger Lallemand ajoute encore une palette de qualités à toutes celles qui ont tout naturellement amené les autorités de l’Université de Liège à lui conférer les insignes de Docteur Honoris Causa.

Václav Havel

Ce que j’ai dit à propos de Roger Lallemand sur les personnages qui inspirent à la fois le respect et la sympathie s’applique parfaitement à Václav Havel, de même que sur le peu de nécessité de le présenter.
Vous reconnaîtrez les traits communs entre ces deux grands hommes à la simple lecture d’un texte de Havel parlant de lui-même: « Je suis un écrivain qui qui n’a jamais su rester en place et qui s’est toujours engagé comme un citoyen. Je suis un homme qui a toujours placé les intérêts de la société avant ses intérêts personnels ».

Né en 1936 à Prague dans une famille bourgeoise d’entrepreneurs tchèques, il voit très jeune son entourage proche subir de plein fouet la nationalisation des biens par le régime installé à la sortie de la guerre. Montré du doigt comme un privilégié à humilier en raison de la lutte des classes, il souffre terriblement de cette discrimination. Son père est un petit employé dans sa propre entreprise et sa mère vend des cartes postales. C’est pour lui ce qu’il appelle « l’expérience de l’absurde », une vision d’en bas, de l’extérieur. A 15 ans, en représailles contre ses origines, on l’oblige à cesser ses études et à travailler comme ouvrier. Il suit des cours du soir et obtient son bac. Très tôt, il se lance dans une vie artistique très active, écrit, fonde un club littéraire, fréquente poètes et écrivains. Il publie son premier ouvrage à 20 ans. Très vite, il s’oriente vers une écriture pour le théâtre, faisant preuve d’une excellente verve satyrique et s’amuse à décortiquer le langage idéologique dominant de la Tchécoslovaquie des années ’60, apportant une réelle fraîcheur sur la scène théâtrale de son pays. Il publie des recueils de poèmes et devient membre du comité de rédaction d’un mensuel consacré à la jeune littérature. En devant se battre pour la survie de cette revue non conventionnelle face à l’Union des Ecrivains très en ligne avec le régime, il est amené à adopter une attitude politique militante qui, comme il le dira lui-même, l’amènera « sur les chemins de la dissidence ».

L’échec du Printemps de Prague et la répression brutale qui s’ensuit font de Václav Havel un auteur interdit, poursuivi et condamné. Dès lors, ses écrits deviennent très critiques de la société et du régime en place mais heureusement il est primé aux Etats-Unis et ce début de gloire internationale l’immunise quelque peu et l’enhardit. La lettre ouverte qu’il adresse en 1975 au président tchécoslovaque, dans laquelle il dénonce la situation critique de la société et la responsabilité du régime politique, connaît un large retentissement et le fait connaître sur la scène internationale comme un représentant de l’opposition intellectuelle tchécoslovaque. Il rédige avec deux amis la fameuse « Charte 77″ qui deviendra le symbole de la résistance tchèque jusqu’au renversement du régime, de nombreuses années plus tard.

Il connaît plusieurs emprisonnements successifs entrecoupés de périodes de liberté surveillée durant lesquelles il est victime de poursuites incessantes et de tracasseries policières permanentes, peur, humiliations, délation, insultes. Et cependant, il continue à écrire, ses œuvres illustrant parfaitement l’inanité et l’absurdité du monde dans lequel lui et ses concitoyens sont obligés de vivre. Son leitmotiv, qui le soutiendra tout au long de ces épreuves, est « ne pas céder sur la vérité, même et surtout dans les petites choses qui paraissent insignifiantes, en ne perdant ni patience, ni humour ». En 1978, il publie « Le pouvoir des sans-pouvoir », un essai remarquable dans lequel il analyse l’essence de l’oppression totalitaire communiste, qui engendre une société résignée composée d’individus craintifs et moralement corrompus, et démontre au contraire la force de la résistance morale et de la vie. Cet essai a un impact important chez les dissidents tchécoslovaques mais aussi auprès de mouvements d’opposition d’autres pays communistes.

En 1989, la Révolution de Velours renverse le régime communiste et Václav Havel, qui conduit un mouvement populaire, le « Forum civique » est élu Président de la République Tchécoslovaque le 29 décembre. En juin 1990, le premier gouvernement démocratique et donc entièrement non-communiste en plus de 40 ans est mis en place. Jouissant d’une grande autorité morale, le Président Havel rétablira les relations de son pays avec les grandes puissances mondiales et conduira, sur le plan interne, la démocratisation des structures de l’Etat et de la société civile. Il démissionne de ses fonctions en juillet 1992 lorsque la partition de la Tchécoslovaquie devient inéluctable. Mais en janvier 1993, il revient à l’avant-plan et est élu premier Président de la République tchèque par le Parlement. Il est réélu en 1998. Il se retire de la vie politique au terme de son mandat en 2003.

Václav Havel est incontestablement l’écrivain et dramaturge tchèque le plus original de l’après-guerre, une grande figure intellectuelle dont l’aura a dépassé son pays d’origine pour s’imposer à toute la communauté internationale comme un symbole de la défense des libertés et de la démocratie.

L’Université de Liège est fière de pouvoir accueillir en son sein Václav Havel comme Docteur Honoris Causa.

Avec l’année nouvelle vient le temps des bilans.
Celui de 2006 pour l’ULg ayant été tiré à suffisance en décembre, chacun voyant aujourd’hui les progrès accomplis, les deux conseils d’administration de décembre dernier, fort chargés, ayant permis de dégager des pistes pour 2007 et le « Projet de l’ULg » ainsi que les perspectives à long terme qu’il laissera entrevoir nous demandant encore quelques semaines de patience, je resterai, en ce début janvier, sur un ton léger.

Et c’est donc du blog lui-même que je vais tirer le bilan pour 2006.
Il s’agit d’un mode d’expression inhabituel, pour un recteur. Que je sache, je n’ai fait école qu’auprès de celui de l’Université du Cap Vert, qui a eu l’amabilité de me prévenir et de m’attribuer la paternité de l’idée. On retrouve une telle initiative à Edimbourg et à l’Université Högskolan Boras en Suède.

Ecrire un blog est aussi un travail important et surtout relativement contraignant, bien que je m’octroie des congés de temps en temps ! Mais je lis régulièrement dans la presse ou sur l’internet divers commentaires et notes sur ma manière de communiquer.

Exercice délicat aussi car, bien que j’eusse annoncé d’emblée qu’il s’agirait d’une expression libre et que je ne me sentirais pas lié par le contenu comme par un PV de Conseil, il s’avère que ce que j’y écris est quand même compris comme parole définitive, ce qui m’incite à la prudence. Si je peux me permettre d’y insérer subtilement des ballons-sondes, je ne puis abuser du procédé.

Est-ce utile ? Il me semble que oui, au vu des réactions provoquées. Bien peu cependant, me direz-vous car en effet, le nombre de commentaires reçus directement sur le blog est fort réduit, beaucoup plus faible que je ne l’imaginais au départ. Je m’étais même préparé à constituer une petite équipe pour répondre aux sollicitations que j’attendais nombreuses. Ce fut inutile. Je peux fort bien gérer seul cet instrument et c’est sans doute ce qui lui donne son caractère personnel. Toutefois, je reçois beaucoup de commentaires verbalement ou par courriel. C’est donc avant tout la mesure objective du lectorat — facile à réaliser en l’occurrence — qui me convainc de continuer.

Cette mesure est en effet fort intéressante. Au fil de l’année, le nombre de visites du blog interne s’est maintenu constant : entre 2.000 et 3.000 par mois (soit 60 à 100 par jour). Par contre, le lectorat du blog externe s’est, lui, développé considérablement et est passé de 2.000 visites environ en février à environ 9.000 en décembre (soit plus de 300 par jour !), la croissance étant régulière, à l’exception d’un infléchissement naturel en été. Et ceci se reflète également par le nombre de personnes extérieures à l’ULg qui me parlent du blog, m’en citent des extraits, m’en commentent les idées et, souvent, me félicitent de l’initiative qu’ils trouvent heureuse, utile et originale.

Le blog externe devait a priori être moins complet que l’interne, il n’en a rien été, là non plus. Je n’ai pas rencontré de circonstance justifiant que je ne puisse communiquer vers l’extérieur ce que je déclare en interne.

Quelles sont ces deux populations de lecteurs ? Les « internes » sont ceux qui se connectent à partir d’un serveur ulg.ac.be. Parmi les autres, il en est certainement qui font également partie de l’ULg, mais qui appellent, régulièrement ou occasionnellement, d’un serveur extérieur, Skynet, Yahoo, etc. Je ne puis donc distinguer clairement une population d’internes et une population d’externes. Tout ce que me donnent les statistiques est que, sur le blog externe, les visites sont pour un bon tiers (36 %) originaires de Belgique (.be), 20 % d’un serveur .com, 11 % de France, 3 % de Tchéquie et, pour le reste, dans l’ordre, du Canada, du Maroc, de Suisse, d’Allemagne, du Japon, des Etats-Unis, des Pays-Bas, d’Israël, des Emirats, d’Italie, du Luxembourg, du Royaume Uni, de serveurs .org, d’Australie, de Slovaquie, de Thaïlande, du Portugal, de Norvège, du Brésil, de Pologne, de Grèce, de Lituanie et enfin du Vietnam. Compte tenu que le blog est rédigé en français, le profil de diffusion n’est pas sans intérêt.

Quoi qu’il en soit, cette progression régulière du nombre de lecteurs m’incite à penser que ce blog présente une utilité, qu’il peut continuer à refléter mes idées vers l’extérieur de l’ULg et que cela intéresse un certain nombre de personnes. Même si l’intérêt est moins clairement démontré en interne, je continue à penser que le blog est considéré par certains comme une source d’information transparente et, je l’espère, utile. Je dois à la vérité de dire que si le lectorat du blog interne oscille en général autour d’une moyenne de 100 visites par jour, il présente des pics de l’ordre du millier de visites lorsque l’intranet de l’ULg annonce spécifiquement une intervention de ma part sur un sujet particulier. Et le jour du lancement, le 3 octobre 2005, on a atteint le chiffre record de 3.229 visites !

Mon seul regret, à ce stade, est le manque d’une vraie interactivité, pourtant permise par la technique. Qui sait, peut-être un jour le dialogue s’installera-t-il réellement…
En tout cas, après la publication du « Projet », j’espère !

A l’occasion de la préparation des budgets 2007 de l’ULg, il est utile de définir en quoi les objectifs stratégiques que nous sommes en train de dégager auront un impact budgétaire dès cette année.

Il est clair que notre stratégie à long terme ne peut être dictée par des prévisions budgétaires, nous avons eu trop longtemps à souffrir de telles contraintes. C’est en effet l’inverse qui doit prévaloir : notre profil budgétaire doit servir nos axes stratégiques.

Enfin, il faut distinguer stratégie à long terme et stratégie à court terme, la seconde devant s’inscrire dans la première, sous peine de lourdes pertes de temps. Toutefois, la stratégie à long terme n’est pas encore clairement définie. La tradition universitaire elle-même n’a jamais été, contrairement à ce qu’ont appris les entreprises, de se projeter à 10 ou 20 ans et de se définir dans de tels délais. C’est là le côté immuable des universités, sûres de leur passé, donc de leur avenir.
Aujourd’hui, on se rend de mieux en mieux compte que l’avenir des universités est lié à la définition qu’elles peuvent donner d’elles-mêmes maintenant et surtout dans les décennies à venir.

Nous avons entrepris ce travail de définition. Il est basé sur un certain nombre de supports tels que ce blog et d’autres écrits, les divers discours et déclarations que j’ai eu l’occasion de faire, les discussions nourries du Collège Rectoral et du Conseil des Doyens, le considérable rapport d’auto-évaluation que la commission EvalULg a produit au printemps dernier , le rapport d’évaluation externe des experts de l’EUA, qui sera bientôt disponible sur notre site web, et enfin le « Projet de l’ULg » actuellement en cours de finalisation et qui sera basé sur tout ce qui précède, à quoi s’ajouteront les résultats et conclusions des 8 tables rondes organisées d’avril à juin dernier et ceux de l’enquête par Internet auprès de l’ensemble de la Communauté universitaire.

Bien que ces derniers éléments n’aient pas encore été publiés, et que la définition à proposer pour l’ULg dans un futur plus lointain ne soit pas encore prête — je l’ai promise durant l’année académique en cours — on peut déjà dégager certaines lignes à mettre en œuvre immédiatement (certaines le sont déjà) et qui auront un impact prévisible sur le budget de 2007.

En premier lieu, nous devons assurer la pérennité de l’ULg. Si ce n’est évidemment pas un but en soi, c’est néanmoins une préoccupation que j’ai évoquée et illustrée précédemment . Cette pérennité est indispensable pour la ville et la région de Liège.
Mais si l’ULg doit être pérenne, elle doit l’être dans des conditions et avec une qualité irréprochables.

Le premier souci est de maintenir et de renforcer sa notoriété et, partant, son attractivité tant nationale qu’internationale, afin de garantir la fréquentation étudiante et l’adhésion de chercheurs de valeur. Il est essentiel de renforcer et garantir la qualité de l’enseignement. Mais il est crucial également de renforcer et garantir la qualité de la recherche. Parler de qualité implique automatiquement la mesure de celle-ci grâce à des méthodes d’évaluation éprouvées.

Le deuxième souci est de préserver les spécificités et les valeurs de l’université en tant que telle, celles qu’elle s’arroge et auxquelles elle tient : le fait qu’elle soit publique, complète et pluraliste. Ces trois caractéristiques apparaissent clairement comme des atouts auxquels la communauté, lorsqu’elle est consultée, tient particulièrement. Pour leur part, les experts de l’EUA, s’ils comprennent notre fierté d’être une université pluraliste et s’ils nous y encouragent, comprennent également notre désir de rester une institution complète et pluridisciplinaire, mais confirment qu’il est possible de l’être sans vouloir s’épuiser à tout faire et en prenant des accords avec d’autres institutions, en Belgique et dans les pays voisins, en fonction des expertises. Ils ont par contre beaucoup de mal à comprendre l’intérêt d’être une université publique, synonyme de qualité secondaire aux USA par exemple, et ne voient pas en quoi cette qualité constitue un atout. Etre un service public n’a de sens que pour nous, apparemment, mais il en a un, à condition que notre pouvoir organisateur, qui est aussi notre pouvoir subsidiant (ceci est spécifique à Liège, Gembloux et Mons-Hainaut) en tienne compte, ce qui n’est plus guère le cas.

Le troisième et dernier souci, mais non le moindre, est de donner à notre université un impetus nouveau, une dynamique nouvelle. Nous y arriverons en renforçant les structures d’enseignement et en mettant en œuvre des méthodes pédagogiques nouvelles, modernes et adaptées au cas par cas, en accordant à la recherche tous les moyens disponibles actuellement pour soutenir sa logistique et son administration, y compris sa valorisation et enfin en accordant au personnel des avantages que nous pouvons légalement lui octroyer, dans le cadre d’une évaluation rigoureuse et impartiale des mérites de chacun.

Qu’allons-nous pouvoir mettre en œuvre pour rencontre ces trois préoccupations ?

1. Renforcer l’attractivité pour les étudiants par le soutien des spécificités : identifier Liège à certaines formations en particulier.

2. Renforcer l’attractivité pour les chercheurs et enseignants en augmentant la notoriété internationale.

3. Renforcer l’image institutionnelle.

4. Stimuler la motivation du personnel à tous les niveaux.

Comme la première mesure, les trois autres ne doivent être d’application que quand c’est nécessaire et justifié.

Détaillons un peu :

1. Renforcer l’attractivité pour les étudiants et les diplômés.
- Adapter les programmes de cours aux nécessités actuelles.
- Profiter des restructurations académiques (successions) pour s’interroger sur le bien fondé de la perpétuation des spécialités et créer des filières nouvelles, introduire de la transdisciplinarité ainsi que de nouvelles méthodes pédagogiques si — et seulement si — cela s’indique.
- Accroître le pragmatisme des formations en réservant des moyens accrus pour les travaux pratiques et de « terrain ».
- Soutenir et consolider les spécificités, les formations que l’on n’enseigne qu’à l’ULg.
- Pallier les déficiences au niveau des sites : domaine du Sart Tilman (nouveau restaurant, rafraîchissement des homes, création d’auditoriums supplémentaires, remise en état du Foyer Culturel, ouverture d’une librairie, de salles d’étude et de salles d’informatique, rénovation des installations sportives, amélioration de la mobilité vers et sur le domaine. En ville, au Bâtiment central (modernisation de la cafeteria, regroupement des bibliothèques) et sur le Campus St Gilles (rénovation de l’ancien Institut Montefiore, achat de l’hôtel de l’AIM rue St Gilles)
- Maintenir une offre complète d’enseignement, en procédant néanmoins à un choix de filières, ce qui permettra une meilleure allocation des charges de cours, une meilleure allocation des postes d’assistance pédagogique et une meilleure allocation des moyens pédagogiques.
- Etablir des partenariats avec d’autres institutions belges et étrangères et organiser un partage des filières, conférer des co-diplômes et des diplômes conjoints.
- Amplifier le programme des actions-santé entreprises durant cette année.
- Amplifier et compléter les programmes de formation continuée comportant des filières diplômantes ou certifiantes et les partenariats avec le FOREM. Créer l’IFC (Institut de Formation Continuée)
- Instaurer une politique de contrôle de la qualité, notamment par la mise en œuvre d’OSE (Observatoire Stratégique de l’Enseignement), un outil d’aide à la perspective et à la gestion de la qualité dans le domaine de l’enseignement par le suivi des formations, des enquêtes d’adéquation, le suivi des diplômés, l’aide à la recherche d’emploi.
- Tirer avantage de notre positionnement géographique, en particulier sur le site d’Arlon où nous envisageons le développement d’une filière « énergie » spécifique, où nous comptons investir de moyens nouveaux pour contrebalancer le « cadre d’extinction » du personnel prévu par le décret de fusion avec l’ULg. Par ailleurs, nous avons entrepris des coopérations avec les Hautes Ecoles de la Province de Luxembourg et avec les universités de la Grande Région. Faire d’Arlon une antenne Sud de formation continuée.
Utiliser le site de Cureghem comme antenne de formation continuée, en particulier pour l’Institut Confucius et en vue d’assurer une présence notamment culturelle de l’ULg à Bruxelles (réceptions, colloques, réunions internationales, expositions).

2. Renforcer l’attractivité pour les chercheurs et enseignants en augmentant la notoriété internationale.
- Allouer au CRI (Conseil des Relations Internationales) des moyens correspondant à sa politique qui comporte des actions ciblées avec les universités étrangères, un programme de prospection des coopérations les plus appropriées et de renforcement des liens.
- Mettre en œuvre le Plan Langues adopté par le CRI et qui comporte différents niveaux (support global à l’enseignement des langues, cours du soir de courte durée ou approfondis, cours préparatoires) et s’adressent à différents publics

3. Renforcer l’image institutionnelle.
- Prolonger nos premiers efforts de restructuration et d’amélioration de la communication institutionnelle.
- Rénover les publications et le site institutionnels.
- Revoir complètement le répertoire électronique et lui donner les fonctionnalités de l’information électronique.
- Réexaminer notre politique énergétique (audit, contrôle, investissement) pour tenir notre rang en matière d’économies d’énergie et de développement durable.
- Développer notre politique d’intégration au sein de l’Académie Wallonie-Europe.
- Développer notre politique vis-à-vis des Hautes Ecoles.
- Continuer à appliquer notre nouvelle politique culturelle et l’amplifier considérablement.
- Accroître notre notoriété par la recherche en renforçant les structures d’appui à la recherche, en profitant au mieux du subside fédéral pour la recherche. Soutenir en particulier l’ARD (Gestion stratégique, Conseil de la recherche, statistiques, inventaires, service chercheurs, Interreg et FSE), lancer le site « Réflexions » de promotion de la recherche à l’ULg, veiller à maintenir notre présence dans les Pôles de Compétitivité. Intégrer progressivement l’Interface à l’ULg par la création de postes au cadre

4. Stimuler la motivation du personnel à tous les niveaux.
- Procéder à la « statutarisation » du personnel « Patrimoine » lorsque c’est possible (c’est autorisé par la loi de 1971 et le CA a approuvé le principe en juin 1995) et si les diverses conditions exigées sont remplies.
- Donner largement accès à la formation professionnelle (y compris dans le cadre du plan langues).
- Renforcer la sécurité à l’ULg (optimaliser le Poste central de commande 24 h sur 24).
- Améliorer la qualité de vie (actions-santé).
- Instaurer une politique d’avantages pour le personnel rémunéré par le budget ordinaire (chèques-repas, etc) sur base de critères objectifs. Relancer la procédure d’octroi de primes dans le cadre des prestations extérieures, également en récompense des mérites objectifs.
- Réajuster le cadre académique et le cadre scientifique : augmenter le cadre académique progressivement avec la réduction du cadre scientifique définitif mais continuer les nominations, de manière modérée, de scientifiques définitifs tant que le cadre unique n’est pas fixé par décret. Créer des postes d’académiques temporaires permettant de soutenir spécifiquement des domaines d’excellence ou en émergence.
- Renforcer, par des agents de niveau élevé, les structures administratives dans le cadre du PATO.

Tous ces objectifs cadrent parfaitement dans une stratégie à long terme telle que nous la proposerons dans quelques mois. Par ailleurs, ils permettent de dégager des axes forts dont nous tenons compte pour l’élaboration du budget 2007.

L’heure des choix arrive.
Bien sûr, l’heure sera longue, une université ne fait pas ses choix en un instant, ni dans la précipitation, mais l’annonce faite lors de ma deuxième rentrée académique : « se définir » doit s’accomplir durant cette année, partout où nous pouvons le faire.

Durant l’année académique 2005-2006, certaines options avaient été prises d’emblée, certains principes avaient été acquis, tels que celui de rendre à l’ULg son rôle moteur dans le domaine culturel, celui de prendre des mesures significatives au plan social, de renforcer les structures de recherche et d’aide à la recherche, de mieux doter les supports pédagogiques et de simplifier les mesures administratives.
On pouvait, en effet, prendre de telles mesures d’emblée, sans recourir à une vaste consultation ni à une évaluation, interne ou externe.
J’ai eu l’occasion, dans mon discours de rentrée, de faire le point sur tous les accomplissements déjà réalisés ou en cours de réalisation (http://recteur.blogs.ulg.ac.be/?page_id=82).

Aujourd’hui, nous devons nous définir et annoncer clairement qui nous voulons être, quelle sorte d’université, avec quels atouts, quels points forts. Je résumerai en une question : qu’est-ce qui, à l’ULg, est spécifique et original, au plan international ou au plan de la Communauté française de Belgique ?

Je sais que je devance, en prenant cette position, les conclusions à tirer des différentes phases du regard porté par l’Institution sur elle-même (autoévaluation, évaluation, tables rondes, enquête) mais, pour ce que nous en savons déjà, il n’y aura pas de surprise à cet égard.

Quels peuvent être les éléments qui confèrent à une université sa réputation et son attractivité, tant pour les étudiants que pour les chercheurs et les enseignants ?

- sa structuration : la localisation géographique; l’organisation du ou des campus; la mobilité et les transports entre les sites et entre l’université et la ville; la beauté et le confort du ou des sites; l’accessibilité des bâtiments; la disponibilité des locaux, des auditoriums, de salles d’étude pour étudiants; la convivialité des lieux de détente; l’accès à des magasins, des lieux de spectacle, des restaurants bon marché de qualité, des cafétarias, etc.; les possibilités de logement, même temporaire.
- sa recherche : une qualité de niveau international reconnue dans des domaines pointus, une originalité qui fait que l’on associe cette recherche à l’Institution, des capacités d’accueil de chercheurs internationaux dans des structures dotées de moyens significatifs et compétitifs compte tenu du domaine de recherche considéré, une dynamique et une masse critique de chercheurs qui identifient l’université comme un centre de compétence dans le domaine, de dimension suffisante pour pouvoir établir des relations efficaces avec le monde extérieur, le monde industriel, le monde des entreprises en général, qu’elles soient privées ou publiques, permettant ainsi un apport financier significatif aux recherches fondamentales sans déteriorer ou étouffer celles-ci.
- son enseignement : une qualité réputée, mesurée par des indicateurs structurés et modernes (sans tomber dans le travers du remplacement systématique des méthodes d’enseignement par des nouveautés à la mode), mesurée par une évaluation complète ne se limitant pas à l’avis des étudiants mais tenant compte, parmi d’autres éléments, de celui-ci; un éventail large de techniques pédagogiques venant en aide aux étudiants et chaque fois idéalement adaptées aux circonstances et aux objectifs; un lien direct avec la recherche, par conséquent un choix des orientations spécialisées basé sur l’excellence en recherche, ce qui implique une sélection des domaines enseignés basée sur les spécificités locales.

On le voit, se définir, c’est aussi décider ce que l’on garde et ce que l’on sacrifie.

D’aucuns me disent que mon affirmation : « on ne peut faire tout partout » est abusive et que, dans notre grand jardin, il faut savoir tout cultiver.
Ma réponse serait oui, si nous disposions de suffisamment de jardiniers. Mais hélas, ce n’est pas le cas et il faut se rendre à l’évidence, comme on aurait déjà dû le faire depuis longtemps (réalisme ne veut pas dire défaitisme), nous n’avons pas les moyens de tout enseigner dans notre université. Nous n’avons en tout cas pas les moyens de le faire bien, c’est-à-dire en faisant reposer notre enseignement sur une véritable expérience dans les domaines enseignés. Notre universalisme, valeur que je salue et que j’aimerais pouvoir entretenir, repose souvent pour partie sur des connaissances livresques ou de seconde main. Quoi de plus stupide que de maintenir une recherche de faible qualité pour assurer l’enseignement dans un domaine particulier, pour lequel les capacités, l’expérience, la compétence, l’excellence sont ailleurs ? Quoi de plus absurde que de vouloir maintenir des cursus d’études (je parle des seconds ou troisièmes cycles) dont la majorité des cours sont donnés par des enseignants qui n’y sont pas dans leur spécialité ?

Nous devons soutenir activement, chaque fois que nous en avons la possibilité, les domaines de recherche où nous excellons, où nous tenons notre rang au niveau international si nous n’en avons pas la stricte originalité, et ceci au détriment des recherches où nous tenons un rang moyen ou inférieur et pour lesquelles la justification de continuer ne tient que par le désir de laisser tout pousser, même ce qui est banal.
Nous devons soutenir activement les domaines de recherche où nous sommes les premiers, voire les seuls à détenir les compétences ainsi que le savoir-faire, et promouvoir ces domaines de toutes nos forces.
Nous devons proposer des filières d’enseignement, orientations, options, portant prioritairement sur ces domaines, afin d’en assurer la continuité et la primauté dans l’avenir.

Je sais que cette attitude fait bondir. Elle fait bondir ceux qui répugnent — et on les comprend — à admettre eux-mêmes que leur domaine de recherche est secondaire, voire de qualité moyenne. Aucun universitaire n’est spontanément prêt à admettre cet état de fait. Toute sa vie, il (ou elle) a été confronté(e) à des processus sévères qui ont sélectionné son tempérament de battant(e) et il (elle) n’est pas prêt(e) à reconnaître ce qu’il (elle) considérerait comme un échec. Et pourtant, c’est la réalité et il faut, dans l’intérêt collectif pour une fois, savoir l’admettre. Je suis de ceux qui admirent la conviction avec laquelle chaque universitaire défend son domaine individuel, son pré carré, mais j’ai clairement la vision que cet individualisme nous conduira à notre perte.

Plus difficile encore : certains parmi nous sont au sommet de leur carrière de recherche et apparaissent nettement comme des spécialistes internationaux de premier plan dans le domaine qu’ils ont développé. Nulle médiocrité chez eux, nulle banalité. Les spécialistes du monde entier les considèrent comme des maîtres. Mais ils n’ont pas développé ou pu développer, pour quelque raison que ce soit, une équipe forte, avec des successeurs du même acabit qu’eux-mêmes, susceptible de prendre la relève et d’assurer la pérennité du champ de recherche qu’ils ont développé. Là également, il faut savoir regarder les choses en face et s’interroger lucidement sur les chances de voir ce domaine continuer à fleurir richement ou sur le risque qu’il court de se flétrir au fil des ans après le départ du pilote.

Il est bien évident que toutes ces circonstances, pour tristes qu’elles soient, doivent nous inciter à mettre au point des procédures d’estimation et d’évaluation neutres et impartiales.
En aucun cas, les choix ne doivent émaner du recteur lui-même. Sa mission est de sauver le navire, de le faire croître et embellir et de lui amplifier son éclat et sa renommée. Le rôle du capitaine est d’encourager l’équipage à faire ses choix, en fonction de ses compétences, et souvent même d’exiger de l’équipage qu’il fasse ces choix, précisément.
Mais les choix eux-mêmes doivent émaner de la base, de là où le jugement peut le mieux être porté, pour autant que les inévitables querelles de voisinage ou d’influence soient neutralisées par l’intérêt général. Et la meilleure base aujourd’hui, c’est le département.
La décision d’entreprendre des choix peut s’orienter « top-down » mais le choix lui-même doit se faire « bottom-up ».

Au moment de l’élaboration du budget 2007, mais aussi au moment où le virage important que nous avons pris depuis un an se termine, il est essentiel d’entamer aujourd’hui ce processus de sélection, de choix des options qui se présentent à nous. C’est dans l’imagination et la créativité que nous devons faire ces choix. Nous devons comprendre que, pour créer des filières à la fois utiles et attractives, nous devons revoir le bien fondé des cursus désormais classiques, nous devons tout remettre en question. Cela ne nous empêchera pas de décider qu’éventuellement on conserve des filières inchangées, voire même une majorité de filières inchangées, mais alors nous le ferons en connaissance de cause. Il ne faut rien maintenir « parce qu’on a toujours fait comme cela », mais parce qu’il existe d’excellentes raisons de continuer à le faire.

Pour moi, sacrifier certains axes ne se justifie que dans le but d’en renforcer ou d’en créer d’autres. Aucun sacrifice ne doit être consenti s’il ne permet d’apporter assurément un renfort aux axes où nous excellons et où la relève et la pérennité sont assurées, ou aux axes nouveaux qu’il est temps de mettre en place. C’est là que le jugement des départements est en première ligne face à la responsabilité de la décision.
Toute décision d’abandonner des orientations devra faire l’objet d’une évaluation sérieuse et s’accompagner du renforcement de l’existant ou de la création de nouveautés justifiées. En outre, tout abandon de filière devra faire l’objet d’une vérification de l’existence de cette filière ailleurs ou être examiné à la lumière des possibilité d’organiser les enseignements en inter-universitaire, au mieux des compétences respectives.

C’est ainsi que notre université pourra au mieux se définir par rapport à l’extérieur et tout particulièrement vis-à-vis des étudiants. Plus il existera de filières spécifiques à propos desquelles le futur étudiant se dira « pour faire cela, c’est à Liège qu’il faut aller » et plus cet étudiant viendra de loin, mieux l’université se sera définie et aura atteint ses objectifs de notoriété et d’attractivité.

Ce jeudi 21 septembre, j’ai présenté un exposé au « Grand Liège ».
Le texte est disponible dans la rubrique « Pages », à droite de l’écran.

Les évaluateurs de l’European University Association (EUA) sont revenus à l’ULg, du 25 au 28 juin derniers.

Il s’agit des personnalités suivantes :
- le professeur Luc Weber (Economiste, ancien recteur de l’Université de Genève, président);
- le professeur Lluis Ferrer (Vétérinaire, actuel recteur de l’Université Autonome de Barcelone);
- le professeur Eric Froment (Economiste, ancien président de l’Université de Lyon 2, ancien président de l’EUA);
- le docteur Andrée Sursock (Anthropologue, secrétaire exécutive de l’EUA, Secrétaire).

Après un premier passage en février, ils ont travaillé sur les dossiers que nous leur avions communiqués et sur les compléments d’information qu’ils nous ont demandés alors et depuis lors. Ils ont poursuivi leurs investigations par un nombre important d’entrevues durant ces trois jours. Enfin, ils ont rendu leur avis oral, à la salle académique, en face des Autorités universitaires, des doyens, des conseillers, des membres du Conseil d’Administration, des présidents de départements, des membres du comité d’autoévaluation EvalULg, des directeurs d’administration ainsi que de toutes les autres personnes qui ont été consultées à un moment ou à un autre.

Le rapport oral est très encourageant. Sans grande surprise, il entérine la politique suivie par l’ULg depuis un an et nous encourage à continuer dans le même sens. Il réclame quelques précisions et clarifications en matière d’organisation de la gouvernance et fait remarquer que ma tendance à consulter avant de décider à propos d’un certain nombre de matières stratégiques (on ne parle pas de décisions au quotidien, ici) ne peut avoir qu’un temps et doit faire place, une fois défini le Projet de l’ULg, à une mise en application énergique des grandes tendances qui se dégageront.

L’ouverture à l’international, la maîtrise des langues, les accords interuniversitaires au sein de la CFWB doivent être poursuivis. Le questionnement sur les rôles relatifs des Facultés, des Départements, des Conseils d’études doit être poursuivi également et rapidement mené à terme.

Le rapport écrit suivra, nous devrions l’obtenir fin-août et il sera rendu public, comme annoncé.

« L’Ulg a présenté son examen de passage et elle l’a réussi ». J’entends déjà les commentaires. Mais il n’en est rien. Il ne s’agit pas d’un examen de passage ni d’aptitude. Il s’agit d’une évaluation externe, un des nombreux éléments que l’Université doit accumuler dans le regard qu’elle porte sur elle-même. Le rapport final sera étudié avec soin, comme l’ensemble des informations récoltées tout au long de cette année : la visite dans les Facultés, l’autoévaluation, l’enquête qui va circuler dans les prochains jours, les tables rondes thématiques.

C’est cet ensemble d’informations qui va nous amener à définir ou probablement à valider une stratégie et de la rendre publique. Mais ceci, c’est pour l’automne 2006.

Plusieurs « sans-papiers » hébergés au Val Benoît sont en grève de la faim. Leur état s’aggrave, certains ont été hospitalisés.
La suite me semble claire : ils vont suivre, les uns après les autres, la même voie et cette triste histoire se terminera faute de combattants…

Une fois encore, notre position est d’offrir à ces gens des conditions acceptables le temps qu’il faudra sans nous immiscer dans le fond de la polémique. Nous n’avons pas à nous prononcer sur leur régularisation, même si on peut trouver que les décisions tardent à être prises à leur sujet. Nous n’avons évidemment pas non plus participé à leur décision d’entamer une grève de la faim. Nous tenons seulement à ce qu’ils passent cette période difficile dans de « bonnes » conditions, que, le moment venu, leur état soit évalué de manière appropriée et qu’ils soient conduits immédiatement si nécessaire vers des établissement de soins qui les prendront en charge. C’est ce qui est en train de se dérouler.

Par ailleurs, l’opération visait au départ à héberger des sans-papiers, non des grévistes de la faim. Pour les non-grévistes, les lieux mis à disposition leur permettent de se faire entendre sans incommoder qui que ce soit. Je pense qu’un combat comme le leur ne doit pas nécessairement être dérangeant pour la population voisine et qu’il y a d’autres façons de se faire entendre. La dignité peut aussi être un moyen efficace de pression et de conviction.

Enfin, je dois constater que cet hébergement à l’ULg a eu, auprès de beaucoup de gens, un certain retentissement, et les a amenés à se poser des questions. C’est surtout cet effet-là qui me semble avoir de l’importance et justifier, plus que toute autre chose, notre décision de mettre des locaux à disposition. Une université doit aussi contribuer à faire réfléchir chacun sur les problèmes de son temps.

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