dim 7 jan 2007
Avec l’année nouvelle vient le temps des bilans.
Celui de 2006 pour l’ULg ayant été tiré à suffisance en décembre, chacun voyant aujourd’hui les progrès accomplis, les deux conseils d’administration de décembre dernier, fort chargés, ayant permis de dégager des pistes pour 2007 et le « Projet de l’ULg » ainsi que les perspectives à long terme qu’il laissera entrevoir nous demandant encore quelques semaines de patience, je resterai, en ce début janvier, sur un ton léger.
Et c’est donc du blog lui-même que je vais tirer le bilan pour 2006.
Il s’agit d’un mode d’expression inhabituel, pour un recteur. Que je sache, je n’ai fait école qu’auprès de celui de l’Université du Cap Vert, qui a eu l’amabilité de me prévenir et de m’attribuer la paternité de l’idée. On retrouve une telle initiative à Edimbourg et à l’Université Högskolan Boras en Suède.
Ecrire un blog est aussi un travail important et surtout relativement contraignant, bien que je m’octroie des congés de temps en temps ! Mais je lis régulièrement dans la presse ou sur l’internet divers commentaires et notes sur ma manière de communiquer.
Exercice délicat aussi car, bien que j’eusse annoncé d’emblée qu’il s’agirait d’une expression libre et que je ne me sentirais pas lié par le contenu comme par un PV de Conseil, il s’avère que ce que j’y écris est quand même compris comme parole définitive, ce qui m’incite à la prudence. Si je peux me permettre d’y insérer subtilement des ballons-sondes, je ne puis abuser du procédé.
Est-ce utile ? Il me semble que oui, au vu des réactions provoquées. Bien peu cependant, me direz-vous car en effet, le nombre de commentaires reçus directement sur le blog est fort réduit, beaucoup plus faible que je ne l’imaginais au départ. Je m’étais même préparé à constituer une petite équipe pour répondre aux sollicitations que j’attendais nombreuses. Ce fut inutile. Je peux fort bien gérer seul cet instrument et c’est sans doute ce qui lui donne son caractère personnel. Toutefois, je reçois beaucoup de commentaires verbalement ou par courriel. C’est donc avant tout la mesure objective du lectorat — facile à réaliser en l’occurrence — qui me convainc de continuer.
Cette mesure est en effet fort intéressante. Au fil de l’année, le nombre de visites du blog interne s’est maintenu constant : entre 2.000 et 3.000 par mois (soit 60 à 100 par jour). Par contre, le lectorat du blog externe s’est, lui, développé considérablement et est passé de 2.000 visites environ en février à environ 9.000 en décembre (soit plus de 300 par jour !), la croissance étant régulière, à l’exception d’un infléchissement naturel en été. Et ceci se reflète également par le nombre de personnes extérieures à l’ULg qui me parlent du blog, m’en citent des extraits, m’en commentent les idées et, souvent, me félicitent de l’initiative qu’ils trouvent heureuse, utile et originale.
Le blog externe devait a priori être moins complet que l’interne, il n’en a rien été, là non plus. Je n’ai pas rencontré de circonstance justifiant que je ne puisse communiquer vers l’extérieur ce que je déclare en interne.
Quelles sont ces deux populations de lecteurs ? Les « internes » sont ceux qui se connectent à partir d’un serveur ulg.ac.be. Parmi les autres, il en est certainement qui font également partie de l’ULg, mais qui appellent, régulièrement ou occasionnellement, d’un serveur extérieur, Skynet, Yahoo, etc. Je ne puis donc distinguer clairement une population d’internes et une population d’externes. Tout ce que me donnent les statistiques est que, sur le blog externe, les visites sont pour un bon tiers (36 %) originaires de Belgique (.be), 20 % d’un serveur .com, 11 % de France, 3 % de Tchéquie et, pour le reste, dans l’ordre, du Canada, du Maroc, de Suisse, d’Allemagne, du Japon, des Etats-Unis, des Pays-Bas, d’Israël, des Emirats, d’Italie, du Luxembourg, du Royaume Uni, de serveurs .org, d’Australie, de Slovaquie, de Thaïlande, du Portugal, de Norvège, du Brésil, de Pologne, de Grèce, de Lituanie et enfin du Vietnam. Compte tenu que le blog est rédigé en français, le profil de diffusion n’est pas sans intérêt.
Quoi qu’il en soit, cette progression régulière du nombre de lecteurs m’incite à penser que ce blog présente une utilité, qu’il peut continuer à refléter mes idées vers l’extérieur de l’ULg et que cela intéresse un certain nombre de personnes. Même si l’intérêt est moins clairement démontré en interne, je continue à penser que le blog est considéré par certains comme une source d’information transparente et, je l’espère, utile. Je dois à la vérité de dire que si le lectorat du blog interne oscille en général autour d’une moyenne de 100 visites par jour, il présente des pics de l’ordre du millier de visites lorsque l’intranet de l’ULg annonce spécifiquement une intervention de ma part sur un sujet particulier. Et le jour du lancement, le 3 octobre 2005, on a atteint le chiffre record de 3.229 visites !
Mon seul regret, à ce stade, est le manque d’une vraie interactivité, pourtant permise par la technique. Qui sait, peut-être un jour le dialogue s’installera-t-il réellement…
En tout cas, après la publication du « Projet », j’espère !
Bonjour Monsieur le Recteur!
Commentaire de Agnès Flémal, le 10 jan 2007 à 17:35Nul n’est prophète en son pays, mais en tant que carolo exilée à Liège, je réclame l’indulgence pour découvrir seulement ce jour (grâce au ‘soir’) votre blog …
Je ne peux que souscrire à l’initiative tout en comprenant le manque d’interactivité, la parole est tellement plus vivante!
Néanmoins, pour entretenir ma réputation, je ne manquerai pas de vous revenir sur des sujets qui me sont chers.
Que 2007 vous apporte joie et bonheur!
Commentaire sur le blog interne.
Monsieur le Recteur,
Merci de ces données qui, outre leur caractère informatif, interpellent quant au rapport consultations/réactions…
Puis je suggérer deux pistes.
La première pourrait être formulée sous la forme d’une question : pourriez vous nous préciser les conditions d’apparitions sur le blog d’un commentaire se rapportant à un article. En effet, l’on peut aisément imaginer que le désir de réagir par écrit, soit freiné par une éventuelle mise en ligne automatique du texte alors que dans certains cas, l’auteur souhaite vous interpeller plus personnellement, sans vouloir y ajouter un caractère public immédiat.
Je doute que parmi les 3000 consultations mensuelles, il ne se trouve que 2 ou 3 de vos lecteurs qui souhaitent commenter, réagir, vous interpeller.
Peut on imaginer que la « réaction » à un de vos textes ne soit pas mise en ligne immédiatement après appui sur la case « soumettre votre commentaire » ? (ce qui est par ailleurs en contradiction avec la finalité d’un blog…)
Le doute qui plane peut être à ce propos pour certains explique alors le recours à un mail qui lui est plus confidentiel et que vous recevez sans doute peu après la publication d’un texte sur le blog…
La seconde est sans doute liée à cette contradiction qui veut que lorsque nous n’avons pas la parole, nous nous en plaignons, et lorsqu’on nous la donne (via un blog par exemple), l’on n’ose l’utiliser… : le regard des autres quant au contenu de l’écrit lui même, les vieux démons qui consistent à croire que toute critique sera forcément « poursuivie »…, que les «sujets» doivent se contenter de lire les prescrits de l’«élu» sans pouvoir y réagir…, que certaines réactions qui se voudraient encourageantes par rapport au travail accompli seront logiquement considérées par les autres lecteurs comme viles flatteries…, que pour certains, le début de carrière rime obligatoirement avec incapacité à émettre des propositions judicieuses…, que la place sur l’échelle impose logiquement une réserve obligatoire…, etc etc
« Nous avons tous quelque chose à dire, alors pourquoi ne pas le dire » lit-on sur la plupart des sites qui définissent un « blog ».
Recevez, Monsieur le Recteur, mes sentiments respectueux.
Pierre Drion
Commentaire de Bernard Rentier, le 11 jan 2007 à 10:31Excellente analyse. Je la partage complètement.
Commentaire de Bernard Rentier, le 11 jan 2007 à 10:32Comme annoncé dès le premier article, j’ai la haute main sur ce qui est affiché dans le blog et cela inclut les commentaires. C’est moi qui décide si je publie ou non.
Je dois bien reconnaître que j’ai toujours tout publié, sauf (mais ça ne se produit que sur le blog externe) les publicités et autres spams. Je n’ai jamais été confronté à des commentaires grossiers ou orduriers, je n’ai donc jamais eu à censurer quoi que ce soit.
Mais il est vrai que soumettre un commentaire qui sera publié, c’est un peu comme se lever dans un vaste auditorium et poser une question: c’est toujours la première question qui est difficile. Quand, en plus, c’est écrit, on a tendance à hésiter.
Je suis donc bien conscient de la difficulté d’affronter le regard des autres, la crainte de représailles (j’espère quand même que tout le monde a compris que j’écris un blog pour communiquer de manière interctive, je ne tends pas de pièges !), la peur de se voir traiter de frotte-manche, etc.
J’espère seulement qu’à la longue, avec ce mode d’interaction, ces appréhensions vont s’atténuer et la communication deviendra plus fluide.
Merci pour cette réflexion.
Article publié dans Le Soir, le 10 janvier 2007
Quel blogueur, ce recteur !
Bernard Rentier, le recteur de l’Université de Liège, se livre
régulièrement, en toute pudeur et en toute rigueur, sur son blog, cette sorte de journal personnel accessible sur internet
(http://recteur.blogs.ulg.ac.be). Une manière moderne et originale de communiquer, fréquente chez les jeunes et les professionnels de l’expression (notamment les artistes), de plus en plus familière dans le monde politique mais qui reste rare chez les «institutionnels».
Dernier exercice en date : il fait le bilan de son blog. Et, on n’en attend pas moins de lui, en tire quelques leçons. D’abord, à sa connaissance, les recteurs blogueurs sont assez rares : celui de l’Université du Cap-Vert a reconnu avoir copié l’initiative du Liégeois et deux autres confrères partagent son habitude à Edimbourg (Ecosse) et à Boras (Suède).
Autre constat que bien des auteurs de docu-fiction devraient méditer : «Exercice délicat car, bien que j’eusse annoncé d’emblée qu’il s’agirait d’une expression libre (…), il s’avère que ce que j’y écris est quand même compris comme parole définitive, ce qui m’incite à la prudence. Si je peux me permettre d’y insérer subtilement des ballons-sondes, je ne puis abuser du procédé. »
Si le recteur-blogueur est content des réactions suscitées par son exercice quasi hebdomadaire, via les commentaires reçus verbalement ou par courriel, il regrette le peu de réactions envoyées directement sur le blog dont il espérait pourtant l’interactivité.
Satisfaction garantie, par contre, de la fréquentation mensuelle, tant en version «interne» (le personnel ULg) qu’en version «grand public». En interne, le blog compte plus de 2.000 visites par mois et de 5.000 à 9.000 (décembre) en externe, avec des connexions repérées en Belgique (36 %), France (11 %), mais aussi Tchéquie (3 %), Japon, Australie, Thaïlande, Brésil… « Compte tenu que le blog est rédigé en français, le profil de diffusion n’est pas sans intérêt », en conclut ce sacré blogueur de recteur, vecteur de la francophonie.
É. R.
Commentaire de Bernard Rentier, le 11 jan 2007 à 10:32