A l’occasion de la préparation des budgets 2007 de l’ULg, il est utile de définir en quoi les objectifs stratégiques que nous sommes en train de dégager auront un impact budgétaire dès cette année.

Il est clair que notre stratégie à long terme ne peut être dictée par des prévisions budgétaires, nous avons eu trop longtemps à souffrir de telles contraintes. C’est en effet l’inverse qui doit prévaloir : notre profil budgétaire doit servir nos axes stratégiques.

Enfin, il faut distinguer stratégie à long terme et stratégie à court terme, la seconde devant s’inscrire dans la première, sous peine de lourdes pertes de temps. Toutefois, la stratégie à long terme n’est pas encore clairement définie. La tradition universitaire elle-même n’a jamais été, contrairement à ce qu’ont appris les entreprises, de se projeter à 10 ou 20 ans et de se définir dans de tels délais. C’est là le côté immuable des universités, sûres de leur passé, donc de leur avenir.
Aujourd’hui, on se rend de mieux en mieux compte que l’avenir des universités est lié à la définition qu’elles peuvent donner d’elles-mêmes maintenant et surtout dans les décennies à venir.

Nous avons entrepris ce travail de définition. Il est basé sur un certain nombre de supports tels que ce blog et d’autres écrits, les divers discours et déclarations que j’ai eu l’occasion de faire, les discussions nourries du Collège Rectoral et du Conseil des Doyens, le considérable rapport d’auto-évaluation que la commission EvalULg a produit au printemps dernier , le rapport d’évaluation externe des experts de l’EUA, qui sera bientôt disponible sur notre site web, et enfin le « Projet de l’ULg » actuellement en cours de finalisation et qui sera basé sur tout ce qui précède, à quoi s’ajouteront les résultats et conclusions des 8 tables rondes organisées d’avril à juin dernier et ceux de l’enquête par Internet auprès de l’ensemble de la Communauté universitaire.

Bien que ces derniers éléments n’aient pas encore été publiés, et que la définition à proposer pour l’ULg dans un futur plus lointain ne soit pas encore prête — je l’ai promise durant l’année académique en cours — on peut déjà dégager certaines lignes à mettre en œuvre immédiatement (certaines le sont déjà) et qui auront un impact prévisible sur le budget de 2007.

En premier lieu, nous devons assurer la pérennité de l’ULg. Si ce n’est évidemment pas un but en soi, c’est néanmoins une préoccupation que j’ai évoquée et illustrée précédemment . Cette pérennité est indispensable pour la ville et la région de Liège.
Mais si l’ULg doit être pérenne, elle doit l’être dans des conditions et avec une qualité irréprochables.

Le premier souci est de maintenir et de renforcer sa notoriété et, partant, son attractivité tant nationale qu’internationale, afin de garantir la fréquentation étudiante et l’adhésion de chercheurs de valeur. Il est essentiel de renforcer et garantir la qualité de l’enseignement. Mais il est crucial également de renforcer et garantir la qualité de la recherche. Parler de qualité implique automatiquement la mesure de celle-ci grâce à des méthodes d’évaluation éprouvées.

Le deuxième souci est de préserver les spécificités et les valeurs de l’université en tant que telle, celles qu’elle s’arroge et auxquelles elle tient : le fait qu’elle soit publique, complète et pluraliste. Ces trois caractéristiques apparaissent clairement comme des atouts auxquels la communauté, lorsqu’elle est consultée, tient particulièrement. Pour leur part, les experts de l’EUA, s’ils comprennent notre fierté d’être une université pluraliste et s’ils nous y encouragent, comprennent également notre désir de rester une institution complète et pluridisciplinaire, mais confirment qu’il est possible de l’être sans vouloir s’épuiser à tout faire et en prenant des accords avec d’autres institutions, en Belgique et dans les pays voisins, en fonction des expertises. Ils ont par contre beaucoup de mal à comprendre l’intérêt d’être une université publique, synonyme de qualité secondaire aux USA par exemple, et ne voient pas en quoi cette qualité constitue un atout. Etre un service public n’a de sens que pour nous, apparemment, mais il en a un, à condition que notre pouvoir organisateur, qui est aussi notre pouvoir subsidiant (ceci est spécifique à Liège, Gembloux et Mons-Hainaut) en tienne compte, ce qui n’est plus guère le cas.

Le troisième et dernier souci, mais non le moindre, est de donner à notre université un impetus nouveau, une dynamique nouvelle. Nous y arriverons en renforçant les structures d’enseignement et en mettant en œuvre des méthodes pédagogiques nouvelles, modernes et adaptées au cas par cas, en accordant à la recherche tous les moyens disponibles actuellement pour soutenir sa logistique et son administration, y compris sa valorisation et enfin en accordant au personnel des avantages que nous pouvons légalement lui octroyer, dans le cadre d’une évaluation rigoureuse et impartiale des mérites de chacun.

Qu’allons-nous pouvoir mettre en œuvre pour rencontre ces trois préoccupations ?

1. Renforcer l’attractivité pour les étudiants par le soutien des spécificités : identifier Liège à certaines formations en particulier.

2. Renforcer l’attractivité pour les chercheurs et enseignants en augmentant la notoriété internationale.

3. Renforcer l’image institutionnelle.

4. Stimuler la motivation du personnel à tous les niveaux.

Comme la première mesure, les trois autres ne doivent être d’application que quand c’est nécessaire et justifié.

Détaillons un peu :

1. Renforcer l’attractivité pour les étudiants et les diplômés.
- Adapter les programmes de cours aux nécessités actuelles.
- Profiter des restructurations académiques (successions) pour s’interroger sur le bien fondé de la perpétuation des spécialités et créer des filières nouvelles, introduire de la transdisciplinarité ainsi que de nouvelles méthodes pédagogiques si — et seulement si — cela s’indique.
- Accroître le pragmatisme des formations en réservant des moyens accrus pour les travaux pratiques et de « terrain ».
- Soutenir et consolider les spécificités, les formations que l’on n’enseigne qu’à l’ULg.
- Pallier les déficiences au niveau des sites : domaine du Sart Tilman (nouveau restaurant, rafraîchissement des homes, création d’auditoriums supplémentaires, remise en état du Foyer Culturel, ouverture d’une librairie, de salles d’étude et de salles d’informatique, rénovation des installations sportives, amélioration de la mobilité vers et sur le domaine. En ville, au Bâtiment central (modernisation de la cafeteria, regroupement des bibliothèques) et sur le Campus St Gilles (rénovation de l’ancien Institut Montefiore, achat de l’hôtel de l’AIM rue St Gilles)
- Maintenir une offre complète d’enseignement, en procédant néanmoins à un choix de filières, ce qui permettra une meilleure allocation des charges de cours, une meilleure allocation des postes d’assistance pédagogique et une meilleure allocation des moyens pédagogiques.
- Etablir des partenariats avec d’autres institutions belges et étrangères et organiser un partage des filières, conférer des co-diplômes et des diplômes conjoints.
- Amplifier le programme des actions-santé entreprises durant cette année.
- Amplifier et compléter les programmes de formation continuée comportant des filières diplômantes ou certifiantes et les partenariats avec le FOREM. Créer l’IFC (Institut de Formation Continuée)
- Instaurer une politique de contrôle de la qualité, notamment par la mise en œuvre d’OSE (Observatoire Stratégique de l’Enseignement), un outil d’aide à la perspective et à la gestion de la qualité dans le domaine de l’enseignement par le suivi des formations, des enquêtes d’adéquation, le suivi des diplômés, l’aide à la recherche d’emploi.
- Tirer avantage de notre positionnement géographique, en particulier sur le site d’Arlon où nous envisageons le développement d’une filière « énergie » spécifique, où nous comptons investir de moyens nouveaux pour contrebalancer le « cadre d’extinction » du personnel prévu par le décret de fusion avec l’ULg. Par ailleurs, nous avons entrepris des coopérations avec les Hautes Ecoles de la Province de Luxembourg et avec les universités de la Grande Région. Faire d’Arlon une antenne Sud de formation continuée.
Utiliser le site de Cureghem comme antenne de formation continuée, en particulier pour l’Institut Confucius et en vue d’assurer une présence notamment culturelle de l’ULg à Bruxelles (réceptions, colloques, réunions internationales, expositions).

2. Renforcer l’attractivité pour les chercheurs et enseignants en augmentant la notoriété internationale.
- Allouer au CRI (Conseil des Relations Internationales) des moyens correspondant à sa politique qui comporte des actions ciblées avec les universités étrangères, un programme de prospection des coopérations les plus appropriées et de renforcement des liens.
- Mettre en œuvre le Plan Langues adopté par le CRI et qui comporte différents niveaux (support global à l’enseignement des langues, cours du soir de courte durée ou approfondis, cours préparatoires) et s’adressent à différents publics

3. Renforcer l’image institutionnelle.
- Prolonger nos premiers efforts de restructuration et d’amélioration de la communication institutionnelle.
- Rénover les publications et le site institutionnels.
- Revoir complètement le répertoire électronique et lui donner les fonctionnalités de l’information électronique.
- Réexaminer notre politique énergétique (audit, contrôle, investissement) pour tenir notre rang en matière d’économies d’énergie et de développement durable.
- Développer notre politique d’intégration au sein de l’Académie Wallonie-Europe.
- Développer notre politique vis-à-vis des Hautes Ecoles.
- Continuer à appliquer notre nouvelle politique culturelle et l’amplifier considérablement.
- Accroître notre notoriété par la recherche en renforçant les structures d’appui à la recherche, en profitant au mieux du subside fédéral pour la recherche. Soutenir en particulier l’ARD (Gestion stratégique, Conseil de la recherche, statistiques, inventaires, service chercheurs, Interreg et FSE), lancer le site « Réflexions » de promotion de la recherche à l’ULg, veiller à maintenir notre présence dans les Pôles de Compétitivité. Intégrer progressivement l’Interface à l’ULg par la création de postes au cadre

4. Stimuler la motivation du personnel à tous les niveaux.
- Procéder à la « statutarisation » du personnel « Patrimoine » lorsque c’est possible (c’est autorisé par la loi de 1971 et le CA a approuvé le principe en juin 1995) et si les diverses conditions exigées sont remplies.
- Donner largement accès à la formation professionnelle (y compris dans le cadre du plan langues).
- Renforcer la sécurité à l’ULg (optimaliser le Poste central de commande 24 h sur 24).
- Améliorer la qualité de vie (actions-santé).
- Instaurer une politique d’avantages pour le personnel rémunéré par le budget ordinaire (chèques-repas, etc) sur base de critères objectifs. Relancer la procédure d’octroi de primes dans le cadre des prestations extérieures, également en récompense des mérites objectifs.
- Réajuster le cadre académique et le cadre scientifique : augmenter le cadre académique progressivement avec la réduction du cadre scientifique définitif mais continuer les nominations, de manière modérée, de scientifiques définitifs tant que le cadre unique n’est pas fixé par décret. Créer des postes d’académiques temporaires permettant de soutenir spécifiquement des domaines d’excellence ou en émergence.
- Renforcer, par des agents de niveau élevé, les structures administratives dans le cadre du PATO.

Tous ces objectifs cadrent parfaitement dans une stratégie à long terme telle que nous la proposerons dans quelques mois. Par ailleurs, ils permettent de dégager des axes forts dont nous tenons compte pour l’élaboration du budget 2007.