mer 14 mar 2007
Les commentaires abondent sur le billet du 25 février et sur celui du 10 mars !
Lecture recommandée: une étude d’Alma Swan sur les comportements des universitaires face au dépôt institutionnel obligatoire.
Egalement intéressant: une analyse de l’échec relatif du dépôt institutionnel non obligatoire de Cornell University.
Recommandation: un outil précieux en harmonie avec la philosophie de l’Open Access et développé par Nature: Connotea, un système gratuit de référençage bibliographique en ligne extrêmement simple et pratique, partageable et universel, accessible de partout.
Monsieur le Recteur,
Je suis bien content d’apprendre votre souhait de rendre le dépôt d’articles acceptés pour publication dans une Digithèque institutionnelle.
Je présume que vous avez des contacts avec des informaticiens pour le développement d’une infrastructure informatique supportant cette idée, mais je tenais simplement à vous informer de l’existence d’un outil gratuit et « libre » (« open source ») pour l’archivage de publications. J’avais assez facilement installé ce système il y a deux ans pour l’unité du Prof. Louis Wehenkel et il est toujours utilisé.
Voici l’adresse de l’outil et un exemple, l’adresse du point d’accès aux publications de l’unité.
Vous verrez que ses fonctionnalités sont nombreuses et permettent notamment l’ajout des références des publications via une interface web.
Moyennant quelques modifications (pour l’ »optional access », le « request e-print », …), cet outil très modulable serait peut-être intéressant à considérer pour une mise en place à court-terme de la Digithèque.
Remarquez aussi la possibilité de générer des listes de publications selon divers critères (année, auteur, mots-clés, …). Bien que cela ne soit pas le but initial de votre démarche, la digithèque pourrait ansi devenir un outil pratique pour les chercheurs ou unités lorsqu’ils doivent générer une liste de publications.
Je pense enfin que la démarche de l’ULg serait encore plus encourageante au niveau mondial si l’outil informatique développé pour notre digithèque était lui-même « open source » et gratuitement distribué aux Institutions qui le souhaitent.
Bien à vous,
Raphaël Marée.
Commentaire de Marée Raphaël sur le blog interne, le 20 mars 2007
Commentaire de Bernard Rentier, le 20 mar 2007 à 17:20Nous entrons là dans un domaine purement technique qui me dépasse quelque peu. Voici donc la réponse du directeur du Réseau des Bibliothèques de l’ULg, Paul Thirion:
« Le logiciel sur lequel nous nous basons est DSpace, open source bien entendu et sans doute un des plus (sinon le plus) largement utilisé de par le monde pour le développement de répertoires institutionnels. Il respecte l’ensemble des standards internationaux permettant l’interopérabilité .
Nous développons un certain nombre de fonctionnalités supplémentaires pour répondre spécifiquement à notre projet qui est beaucoup plus ambitieux que la plupart des projets similaires. Ces développements se font en Java. Ils seront évidemment mis à disposition de tous ceux qui le souhaitent (en particulier, la fonctionnalité de « request a print » n’est pas disponible à l’origine sur DSpace. Elle se trouve sur un autre soft « Eprint » que nous n’avons pas retenu suite à l’analyse technique que nous avons réalisée, mais aussi les interfaçages avec des bases externes telles que LDAP, répertoires de titres de périodiques internationaux, liste d’éditeurs, outils de contrôle internes par co-auteurs, outil de vérification Sherpa/Roméo, etc.) ».
Commentaire de Bernard Rentier, le 20 mar 2007 à 17:24Monsieur le Recteur,
Dans nos bibliothèques, et c’est bien naturel, nous suivons avec beaucoup d’intérêt vos prises de position en faveur de l’Open Access et les commentaires qu’elles suscitent sur votre blog. En écho à ceux qui concernent l’aspect financier de la publication scientifique, je voudrais relayer auprès de vous les interrogations de certains chercheurs qui, au moment de soumettre les résultats de leur recherche dans les revues de leur discipline, s’étonnent des conditions parfois inégales de la publication en OA.
Beaucoup de scientifiques semblent prêts à changer leurs habitudes pour mettre définitivement un terme à l’absurdité du circuit éditorial scientifique actuel et accroître la visibilité de leurs travaux. Mais au moment de mettre en application cette bonne résolution, l’auteur peut se trouver confronté à un problème de coût de publication que la notion d’”Open Access” ne lui avait pas laissé envisager.
Il y a quelques semaines, un Professeur de l’Institut de Chimie a soumis un article à la revue PLoS Biology. Il lui a été répondu que la participation de l’auteur aux frais de publication dans ce journal était de 2.500 dollars par article, avec une possibilité de réduction si son institution était membre de PLoS, ce qui n’est pas encore le cas de l’ULg. La justification d’un montant aussi élevé, à l’adresse http://www.plos.org/about/faq.html#pubquest, laisse quelque peu perplexe : bien sûr, et vous le soulignez, cette forme de publication a elle aussi un coût, lié à la mise en forme des documents, au processus de peer-review, aux frais d’hébergement sur un serveur, etc. Mais l’éditeur semble considérer que les subsides, budgets ou bourses octroyés aux laboratoires de recherche doivent également couvrir ces coûts de publication. Ce qui, aux yeux de PLoS, autorise sans doute un tel montant. Avec la meilleure volonté du monde, ce professeur dont l’équipe publie une quinzaine d’articles par an pourra-t-il supporter une telle dépense s’il décide de soumettre ses publications dans des revues OA ? Par ailleurs, si l’on imagine que les frais de publication et d’hébergement doivent être sensiblement les mêmes quel que soit le domaine scientifique concerné, certaines disciplines ne vont-elles pas être encore plus pénalisées : dans des conditions identiques, un psychologue ou un romaniste pourront-ils jamais publier en Open Access ?
Je ne connais pas la décision finale de notre professeur. En se faisant l’avocat du diable, on pourrait dire que le choix pour lui était de participer à ce nouveau mode de diffusion en risquant de se mettre le couteau sous la gorge, ou de suivre la filière traditionnelle en publiant (souvent gratuitement) dans une revue ayant pignon sur rue depuis des années, possédant un facteur d’impact élevé et avec la garantie, sinon d’être lu par le monde entier, du moins de l’être par la majorité des scientifiques travaillant dans le même domaine de recherche.
A l’inverse, la publication chez un autre fournisseur OA, BioMed Central, est entièrement gratuite pour nos chercheurs car l’Université de Liège est membre de BMC. Les frais liés à la mise en ligne des articles scientifiques sont donc ici, semble-t-il, pris en charge par notre institution elle-même. Pour les non-membres, les coûts de publication varient de 365 euros à 1.750 euros par article chez cet éditeur qui publie plusieurs dizaines de revues dans le domaine biomédical.
Devant cette différence de traitement, nous sommes un peu perdus quand les scientifiques nous interrogent sur la meilleure façon de procéder. Ce qui semble ressortir de leurs réflexions, c’est que nous sommes dans une phase de l’Open Access qui peut encore évoluer, qu’il est important pour eux d’y participer et de consentir des sacrifices financiers qui, à terme, permettront peut-être à PLoS de pratiquer les mêmes conditions que BMC. Avec l’espoir que le stade prochain de l’édition en OA sera un financement global par les institutions elles-mêmes et les organismes subventionnant la recherche. Ainsi, l’Open Access représenterait non seulement l’ouverture, déjà effective, pour tous les lecteurs, mais aussi pour tous les auteurs.
Avec mes sentiments très respectueux,
Philippe Mottet
Bibliothèque des Sciences
Université de Liège
Institut de Chimie – Sart Tilman – B6b
Commentaire de Mottet Philippe sur le blog interne, le 23 mars 2007.
Commentaire de Bernard Rentier, le 24 mar 2007 à 7:43Nous sommes en effet dans une phase de l’Open Access qui peut encore évoluer et qui évolue tout le temps.
Alors que beaucoup d’entre nous ont pensé que la vraie voie de l’OA était la « voie dorée » (la publication en OA), on se rend compte aujourd’hui que le risque de changement de politique des éditeurs OA Gold (l’augmentation des prix) est réel et qu’en leur confiant notre avenir, nous sommes très imprudents.
La vraie politique des chercheurs doit être de confier l’avenir des publications aux chercheurs eux-mêmes.
On n’atteindra réellement l’OA que par l’auto-archivage.
La solution intermédiaire aujourd’hui, car il faut être pragmatique, c’est de publier dans une revue traditionnelle et d’auto-archiver dans un dépôt institutionnel, c’est le « chemin vert ».
Certes, les chances d’être lu sont plus grande dans un système organisé où le lecteur consulte un « journal » qui lui assure les conditions de sérieux (« peer reviewing ») et qui rassemble des articles sur un même sujet, avec des commentaires des reviewers, ou de lecteurs, etc. Mais avec un bon repérage par mots-clés ou par recherche sur texte intégral et une garantie institutionnelle de ne présenter que des articles « peer-reviewed ».
SI d’aventure la revue dans laquelle on publie n’accepte pas encore l’auto-archivage en OA, il faut déposer l’article en accès fermé. Dans ce cas, un bouton « DEMANDE DE TIRÉ-À-PART ÉLÉCTRONIQUE» que la Digithèque de l’université de Liège prévoira sur son site fournira l’article au demandeur jusqu’au moment où toutes les revues accepteront l’auto-archivage (comme le font déjà 65% des revues internationales).
Mais notre politique doit être concertée et organisée.
Commentaire de Bernard Rentier, le 24 mar 2007 à 7:44Lorsque nous aurons pu abandonner les abonnements coûteux auxquels une institution comme la nötre consacre près de deux millions d’€ par an, nous aurons des moyens à attribuer aux frais de publication de nos chercheurs.