juillet 2013


Ce matin, dans le Soir (p.12), on trouve une carte blanche de Philippe Busquin, ancien Commissaire européen à la Recherche et de Philippe Maystadt, ancien Ministre de la Politique scientifique, avec le titre: « M. Nollet, nous ne comprenons pas votre obstination ».

Ces deux personnalités volent ainsi à la recousse du Conseil d’administration du FRS-FNRS qui avait manifesté publiquement son inquiétude, des Prix Francqui qui ont également publié une carte blanche le 11 juillet dernier ainsi que des chercheurs qui ont émis un communiqué soutenu par 3.200 signatures.

MM. Busquin et Maystadt, tout en appréciant divers aspects du décret et en particulier la pérennisation de la subvention du FNRS par la Communauté française et la Région wallonne, demandent au ministre de corriger son tir et d’abroger la mention de l’impact « sociétal » de la recherche en tant que critère de sélection. Ils reconnaissent, comme nous tous, la nécessité pour le chercheur de se préoccuper des conséquences que pourrait avoir sa recherche sur l’évolution de la société, et en particulier des conséquences néfastes. Mais la façon dont le projet de décret est libellé laisse planer un doute qui fait bondir tous ceux qui considèrent la recherche comme une valeur essentielle de notre société ainsi que tous ceux qui en ont fait un métier et pour qui c’est une passion.

Le futur décret prévoit, en effet, que « La sélection des projets à financer est effectuée sur la base du classement réalisé par des commissions scientifiques, lesquelles évaluent notamment les qualités du candidat (le parcours académique, l’expérience professionnelle et les publications), les qualités du projet (l’originalité, la faisabilité, la méthodologie et les impacts sociaux potentiels de la recherche) et l’environnement de recherche. »

Formulé de la sorte, il est évident pour tout chercheur en science fondamentale, quelle qu’elle soit, que cette condition préalable est inacceptable. Tout d’abord parce que, dans l’absolu, elle bride la recherche de base mais aussi parce qu’elle oblige le chercheur, dans beaucoup de cas, à inventer une justification utilitaire à son projet, un exercice inutile et pernicieux.

Par contre, si la volonté du ministre, comme je crois l’avoir perçue lors de nos discussions sur le sujet, est d’amener le chercheur à se poser des questions sur l’impact potentiel de ses recherches et qu’il puisse faire part de sa réflexion, le cas échéant, lors de ses rapports périodiques, la préoccupation devient assez normale et de bon sens. Une simple adaptation du texte permettrait alors de lever l’ambiguïté.

Il n’en reste pas moins vrai que, s’il est normal et nécessaire que le pouvoir politique vérifie l’usage qui est fait des moyens qu’il accorde, il est impératif, dans le domaine de la Recherche, que les conditions d’octroi restent la prérogative des commissions d’experts et du Conseil d’administration du Fonds.

Ce 3 juillet 2013, pour la première fois, un test d’orientation en médecine a été mis en place dans les cinq universités de la Communauté française qui organisent des études en médecine.

Le test était obligatoire mais non contraignant. Autrement dit, il faut l’avoir présenté pour pouvoir s’inscrire, mais il ne faut pas l’avoir réussi.

On comprendra donc aisément qu’il s’agit bien d’un test que le futur étudiant peut effectuer pour vérifier ses connaissances préalables et sa capacité d’en faire usage. Il ne s’agit ainsi nullement d’un examen et encore moins d’un concours, comme cela se pratique à l’entrée en médecine dans la plupart des autres pays. L’enjeu est donc bien et seulement l’inscription en première année de médecine pour laquelle avoir présenté le test est obligatoire. Un deuxième test sera organisé le 2 septembre (inscriptions jusqu’au 23 août à 23h59) pour ceux qui n’ont pas présenté le premier. Il sera aussi immensément utile pour ceux qui ont échoué lors du premier et qui auront consacré une partie au moins de leur été à tenter de se mettre à niveau. Pour ceux-là, le test de septembre sera très informatif quant à leur capacité de progresser.

1065 candidats se sont inscrits et 92% d’entre eux sont effectivement venus. Dans chacune des universités où le test était pratiqué, on a pu constater un réel engagement des candidats qui ont pris cela très sérieusement et avec application. Les « touristes » dont certains annonçaient déjà la présence insouciante ne se sont pas montrés.

Certes, un millier de candidats représente assez peu par rapport au nombre total d’inscrits en 1ère médecine les années précédentes. On doit s’attendre à un afflux plus important au test de septembre, à moins qu’on ne constate un effet dissuasif. Ce n’était pas l’intention, mais si c’est le cas, on pourra se rassurer en mesurant ainsi le faible degré de motivation de ceux qui auront renoncé face à un test sans réelle conséquence.

Le taux global de réussite (>10/20) est de 21%. On ne manquera sûrement pas de crier à l’hécatombe mais il faut savoir que ce taux correspond au taux de réussite des examens réalisés à la fin du premier quadrimestre de 1ère médecine.

Contrairement à ce que d’aucuns prédisaient, la maîtrise du français n’est pas mauvaise (14,6/20 en moyenne) dans cette première cohorte. L’anglais laisse plus à désirer (7,7/20) et, tout particulièrement, la physique s’avère catastrophique (3,9/20). Moins gravissime mais très insuffisant quand même, en moyenne, la biologie (6,6/20). la chimie est à 8,5, les mathématiques à 8,7, ce qui amène la moyenne générale du test à 7,8/20.

C’est donc vers la physique et la biologie qu’il faut se tourner en premier lieu pour réduire les lacunes et combler l’immense fossé entre secondaire et supérieur.

Chaque candidat(e) ayant présenté le test a reçu par mail le détail des points qu’il (elle) a obtenus.

Les résultats du test pourront, dans un an, être comparés aux résultats du Bac1, ce qui apportera des éléments utiles pour l’ajustement du test lui-même et instructifs quant à sa valeur prédictive.

L’attitude des candidats, certes observée superficiellement, laisse penser qu’ils auront à cœur de l’utiliser comme un outil pédagogique de plus à leur disposition. C’est dans cette optique que, sous l’égide du CIUF, de nombreuses personnes se sont fortement impliquées dans la mise sur pied de ce test, que ce soit pour assurer sa validité et sa « relevance », son traitement informatique, son unicité pour l’ensemble des institutions, etc. Une belle et considérable performance dont il fait féliciter tous les acteurs et un effort général à ajouter aux très nombreux autres consentis en faveur de la lutte contre l’échec.

Renseignements : http://www.facmed.ulg.ac.be/cms/c_338212/fr/le-test-d-orientation

C’est avec joie que nous apprenons que le Gouvernement fédéral, lors de son bouclage budgétaire final, a finalement décidé d’octroyer à la Coopération Universitaire au Développement (CUD) le financement qu’il avait gardé en suspens.

Nos interlocuteurs au plus haut niveau s’étaient montrés réservés, voire pessimistes, quant à cette éventualité d’octroyer aux universités le tiers manquant, ce qui avait amené la DGD à suspendre les bourses accordées aux ressortissants des pays du Sud (pour pouvoir suivre les cours internationaux spécialisés) et jeté l’émoi auprès des acteurs de la coopération.

Bonne nouvelle donc, et merci aux autorités fédérales pour cette sage décision.