lun 15 juil 2013
FNRS: l’impact « sociétal » de la Recherche… Un simple malentendu ?
Posté par Bernard Rentier dans Recherche1 Commentaire
Ce matin, dans le Soir (p.12), on trouve une carte blanche de Philippe Busquin, ancien Commissaire européen à la Recherche et de Philippe Maystadt, ancien Ministre de la Politique scientifique, avec le titre: « M. Nollet, nous ne comprenons pas votre obstination ».
Ces deux personnalités volent ainsi à la recousse du Conseil d’administration du FRS-FNRS qui avait manifesté publiquement son inquiétude, des Prix Francqui qui ont également publié une carte blanche le 11 juillet dernier ainsi que des chercheurs qui ont émis un communiqué soutenu par 3.200 signatures.
MM. Busquin et Maystadt, tout en appréciant divers aspects du décret et en particulier la pérennisation de la subvention du FNRS par la Communauté française et la Région wallonne, demandent au ministre de corriger son tir et d’abroger la mention de l’impact « sociétal » de la recherche en tant que critère de sélection. Ils reconnaissent, comme nous tous, la nécessité pour le chercheur de se préoccuper des conséquences que pourrait avoir sa recherche sur l’évolution de la société, et en particulier des conséquences néfastes. Mais la façon dont le projet de décret est libellé laisse planer un doute qui fait bondir tous ceux qui considèrent la recherche comme une valeur essentielle de notre société ainsi que tous ceux qui en ont fait un métier et pour qui c’est une passion.
Le futur décret prévoit, en effet, que « La sélection des projets à financer est effectuée sur la base du classement réalisé par des commissions scientifiques, lesquelles évaluent notamment les qualités du candidat (le parcours académique, l’expérience professionnelle et les publications), les qualités du projet (l’originalité, la faisabilité, la méthodologie et les impacts sociaux potentiels de la recherche) et l’environnement de recherche. »
Formulé de la sorte, il est évident pour tout chercheur en science fondamentale, quelle qu’elle soit, que cette condition préalable est inacceptable. Tout d’abord parce que, dans l’absolu, elle bride la recherche de base mais aussi parce qu’elle oblige le chercheur, dans beaucoup de cas, à inventer une justification utilitaire à son projet, un exercice inutile et pernicieux.
Par contre, si la volonté du ministre, comme je crois l’avoir perçue lors de nos discussions sur le sujet, est d’amener le chercheur à se poser des questions sur l’impact potentiel de ses recherches et qu’il puisse faire part de sa réflexion, le cas échéant, lors de ses rapports périodiques, la préoccupation devient assez normale et de bon sens. Une simple adaptation du texte permettrait alors de lever l’ambiguïté.
Il n’en reste pas moins vrai que, s’il est normal et nécessaire que le pouvoir politique vérifie l’usage qui est fait des moyens qu’il accorde, il est impératif, dans le domaine de la Recherche, que les conditions d’octroi restent la prérogative des commissions d’experts et du Conseil d’administration du Fonds.
Dernière minute:
Le Ministre de la Recherche et les chercheurs s’entendent pour un décret « 100% recherche »
Jean-Marc Nollet, Ministre de la Recherche en Fédération Wallonie-Bruxelles a rencontré ce matin les chercheurs représentants des Comités de contact F.R.S-FNRS (FNRS) et des corps scientifiques des universités. Ensemble, ils se sont accordés sur le projet de décret relatif à la pérennisation du financement de la recherche par le FNRS.
A la veille du passage du texte en séance plénière du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, le Ministre de la recherche et les représentants des Comités de contact du FNRS et des corps scientifiques des universités se réjouissent ensemble de la pérennisation dans un décret de la subvention du FNRS à hauteur de 103.815.950 millions d’euros (indexés chaque année). Cette pérennisation assure le maintien des ressources humaines, mais également du fonctionnement et de l’équipement. Le Fonds bénéficiera désormais, quelles que soient les contraintes budgétaires, d’une garantie de financement synonyme pour les chercheurs d’une plus grande indépendance par rapport aux aléas de la situation économique de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Par ailleurs, le Ministre de la Recherche a pu exposer aux chercheurs les résultats du conclave budgétaire de la nuit qui épargne le FNRS de tout effort budgétaire. Confirmant ainsi le choix du Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles de faire de la recherche fondamentale une priorité de sa politique à long terme.
Autre changement important amené par le décret : l’entrée au Conseil d’administration de deux chercheurs du FNRS. En 85 ans d’existence du FNRS, c’est la première fois qu’ils disposeront d’une présence au sein des organes décisionnels du Fonds.
Troisième avancée : la prolongation automatique des bourses en cas de congé pour maladie de longue durée. Les chercheurs ne devront plus s’inquiéter pour leur recherche en cas de problème de santé. Ils seront désormais assurés de disposer du temps nécessaire, une fois la santé retrouvée, pour achever leurs travaux sereinement. Ceci est également le cas lors d’un heureux événement puisque le Décret prévoit aussi la prolongation du mandat en cas de congé de maternité ou de paternité.
A l’occasion de leur rencontre, le Ministre et les chercheurs ont échangé en profondeur sur le différend qui s’était installé concernant le sous-critère d’impact social potentiel introduit à la suite de l’avis du Conseil d’Etat. Convenant ensemble que là n’était pas l’essentiel de ce texte historique pour le monde de la recherche, le Ministre et les chercheurs ont décidé de lever toute ambigüité sur un décret qu’ils veulent ensemble « 100% recherche » et dès lors de supprimer les trois mots querellés pour ne pas entacher le vote de cet important décret par une polémique inutile au regard de l’objectif recherché.
Jean-Marc Nollet, Vice-Président, Ministre de la Recherche en Fédération Wallonie-Bruxelles
Commentaire de Bernard Rentier, le 16 juil 2013 à 14:58Arnaud Deraemaeker, pour le Comité de contact FNRS de l’ULB
Mickael Randour, pour le Comité de contact FNRS et le Corps Scientifique de l’UMONS
Vinciane Pirenne, pour le Comité de contact FNRS de l’ULg
Grégory Cormann, pour le Conseil Universitaire du Personnel Scientifique de l’ULg
Nicolas Tajeddine, pour le Corps Scientifique de l’UCL