septembre 2009


La conférence de presse sur le podcasting de cours à l’ULg (UniCast) que nous avons donnée vendredi a eu un succès très large, comme on pouvait s’y attendre pour une première en Belgique.
L’analyse qu’en font les media est suffisamment complète pour que je doive y revenir ici. Je tiens toutefois à insister sur certains aspects. Le principal est qu’il ne s’agit nullement d’un simple gadget.

Une technologie de pointe, conviviale et efficace

L’utilité pour un étudiant de se repasser le « film » du cours, assorti des insertions de dias de présentation en haute qualité (réellement intégrés électroniquement dans le podcast et non pas simplement inclus dans le champ de la caméra), en vue de mieux comprendre, est incontestable. Pouvoir en profiter aussi facilement (grâce au génial portail « myULg ») que des résumés, des syllabi ou des présentations de type PowerPoint qui étaient déjà accessibles de la même manière depuis plusieurs années, constitue une incroyable facilité. Peu de gens savent que le système actuel en est arrivé à la visualisation de 120 millions de pages par an et au téléchargement de 10 Teraoctets (dix mille milliards) par les étudiants de l’ULg. Il ne faut donc pas craindre que cette nouveauté s’avère inutile!

Par ailleurs, l’extrême facilité d’utilisation pour l’enseignant (enregistrement, traitement et diffusion sont automatiques) efface toutes les contraintes (si ce n’est, dans un premier temps, celle de trouver une salle équipée pour l’ensemble de ses cours tout au long de l’année, mais nous allons nous y employer!). La convivialité est le maître mot.

Ces deux caractéristiques principales font d’UniCast une petite merveille de technologie, loin des systèmes bricolés qui règnent dans beaucoup d’universités dans le monde, loin des improvisations d’enregistrement de médiocre qualité réalisés (clandestinement ou non) par certains étudiants eux-mêmes. Je rends hommage aux qualités de l’équipe en charge de ce développement au SeGI et, en particulier à son inventivité et à son perfectionnisme. Une université doit pouvoir faire usage des technologies les plus avancées mais elle doit aussi pouvoir innover et ajouter sa note personnelle de créativité dans le développement d’un concept aussi porteur de progrès.

Inquiétudes

Il est vrai que des dérives sont possibles et que les enseignants pourraient perdre une partie de leur spontanéité dans la crainte de voir leurs lapsus transformés en gags sur le web. C’est évidemment un risque, mais il ne contre-balance pas les avantages de la technique en termes d’aide à la réussite.

Une autre crainte est de voir les étudiants déserter les cours. Ce serait, de leur part, une erreur, pour une multitude de raisons que tout le monde peut comprendre. Dans ce cas, ce ne serait pas une aide à la réussite, mais un instrument de l’échec. Le risque existe donc. Mais on a dit la même chose de la mise à disposition de syllabi il y a 40 ans ou de celle des transparents il y a 20 ans. Les auditoriums ne se sont cependant jamais vidés…

Troisième inquiétude: cette technologie est-elle abordable pour tout le monde? Une enquête menée dans le cadre de l’opération « ULg-université numérique » en 2008 a montré qu’à l’époque, 80% des étudiants possédaient ou avaient accès personnellement à un ordinateur. D’autre part, les baladeurs MP3 ou vidéo abondent et sont devenus très accessibles, rares sont les étudiants qui n’en disposent pas. Pour ceux-ci, un accès à des ordinateurs est organisé dans des dizaines de salles informatisées à l’ULg.

Engouement

Dès à présent (et pourtant l’information est sortie dans la presse avant de faire vraiment l’objet d’une diffusion en interne), nombreux sont les enseignants qui se disent désireux d’expérimenter ce système. L’intérêt est beaucoup plus grand que ce que nous pouvons gérer actuellement. Il faudra donc nous adapter rapidement. Après tout, ce fut aussi le cas avec les projecteurs de dias il y a quarante ans et les projecteurs data il y a dix ans… On s’en est sortis!

Dans son blog The Occasional Pamphlet on scholarly communication, Stuart Shieber, le directeur de l’Office for Scholarly Communication de l’Université Harvard, artisan du dépôt bibliographique institutionnel obligatoire de la prestigieuse université, pose la question: « Allons-nous maintenir le statu quo qui implique le soutien exclusif à un modèle économique connu pour ses spirales inflationnistes incontrôlées, ou allons-nous expérimenter de nouveaux modèles potentiellement beaucoup plus raisonnables sur le plan économique et plus ouverts au développement? » Sa réponse:
The answer is simple: The only reason the uncontrolled inflation of journal subscription costs is a problem at all (and also the reason the upward spiral continues uncontrolled) is the planet’s universities’ inelastic demand and need for access to the journal articles.
Hence the solution is for universities — the universal providers of all those journal articles — to provide Open Access (free online access) to them by mandating that their peer-reviewed final drafts be deposited in their institutional repositories immediately upon acceptance for publication.
Universal OA self-archiving moots the problem of uncontrolled subscription-cost inflation by putting an end to the inelasticity of the demand: If your university cannot afford the subscription price for journal X, your users will still have access to the OA version.
There is no need for universities to try to reform journal economics directly now. What is urgently needed, universally reachable, and already long overdue is universal OA self-archiving mandates from universities. Focusing instead on reforming journal business models is simply distracting from and hence delaying the fulfillment of this pressing need.
Harvard should focus all its energy and prestige on universalizing OA self-archiving mandates rather than dissipating it superfluously on journal economics and OA funds.
Once OA self-archiving is universal, journal economics will take care of itself.

Sans vouloir lancer de cocorico, ces affirmations sont un agréable écho aux propos que je tiens depuis quelques années dans les lignes de ce blog.

Et à ce propos, si vous n’êtes pas passés récemment au site d’ORBi, faites-le, son évolution visuelle et informative vaut le détour.

On me signale que l’inénarrable Harun Yahya fait référence dans son blog au billet que j’avais affiché dans le mien, consacré à une critique de son livre « L’Atlas de la Création » distribué gratuitement à tous les établissements d’enseignement du monde.

J’y relève essentiellement trois malhonnêtetés évidentes:

1. l’absence de guillemets, qui jette la confusion sur qui parle. Quand j’écris « L’auteur explique », on peut croire que l’auteur c’est moi et ainsi m’attribuer des propos que je me contente de citer;
2. l’hyper-lien apparent vers mon blog mais inactif, qui empêche une vérification aisée de mes propos;
3. la reprise exclusive de mon introduction, hors contexte, en évitant soigneusement d’évoquer mes critiques.

En fait, il s’agit là d’une parfaite démonstration en réduction du procédé général utilisé par ce personnage, dans cet entrefilet comme dans ses livres : tronquer les faits et éluder l’évidence.
Que pouvait-on attendre d’autre…?

Le but, ce n’est pas le bout du chemin, c’est le cheminement.

(Eric-Emmanuel Schmitt, Le sumo qui ne pouvait pas grossir, Albin Michel, 2009)

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