Après la Rentrée académique, la séance de remise des insignes de Docteur honoris causa est « l’autre » grand événement solennel de l’année universitaire.
Traditionnellement, cette cérémonie est strictement consacrée à la célébration de l’excellence. Elle constitue, plus que toute autre occasion, un hommage à toutes les valeurs que revendique le monde universitaire.
Paradoxalement, la grandeur de cette symbolique est généralement mieux comprise en dehors de l’université qu’à l’intérieur. Force est de constater que, pour éviter que cette fête de l’esprit se déroule devant un auditoire clairsemé, on a été amené ces dernières années, à l’instar de ce qui se fait dans d’autres institutions, à s’assurer de l’intérêt du public et de la presse, mais aussi des universitaires eux-mêmes, par la présence, parmi les lauréats, de vedettes des media : des scientifiques largement vulgarisés ou vulgarisateurs eux-mêmes, des personnalités politiques belges ou étrangères, des stars du monde économique ou de grandes figures humanitaires. Sans diminuer les mérites de ces « faire-valoir », on ne peut s’empêcher de penser qu’ils sont là pour l’impact médiatique de la cérémonie et que leur présence obscurcit la gloire qu’on réserve aux autres personnalités moins populaires ou même peu connues, mais de grand mérite.
Or ce sont celles-ci qu’il importe de glorifier lors de la séance de remise des insignes de docteur honoris causa, en ce qu’elles représentent très exactement l’idéal universitaire. C’est à leur parcours et leurs accomplissements qu’il faut consacrer du temps. Les honorer nous honore, mais permet aussi de faire comprendre clairement au monde qui nous entoure, comme à nous-mêmes, à quoi sert l’Université, son enseignement, sa recherche, par une description attentive de modèles à suivre.
C’est aussi le moment de l’accueil, par l’Institution, de nouveaux membres de sa communauté académique, faits, sur proposition des Facultés et élection par le Conseil académique, docteurs de notre université. Ces nouveaux membres, d’où qu’ils viennent, doivent être reçus avec les fastes dus à leur distinction et retourner chez eux avec un sentiment d’appartenance à l’ULg dont ils deviendront de prestigieux ambassadeurs par les seuls commentaires qu’ils feront sur nous à l’avenir.
Souvent, on me parle d’un certain égarement des objectifs universitaires, du souci de plaire aux media et d’y paraître, de la perte du sens de l’excellence au bénéfice de la facilité, du superficiel, de la dérive populiste et de tous les amalgames. Bien des collègues me disent qu’aujourd’hui — mais est-ce bien neuf ? — la qualité scientifique n’est plus connue de personne et, partant, n’est plus reconnue à sa juste valeur, et que la notoriété ne se gagne que par des coups de bluff et des effets d’annonces, bien éloignés de la vraie qualité de fond.
J’espère que ceux-là même qui prononcent ces critiques trouveront ici une manifestation plus conforme à leur vision: la célébration la plus pure des idéaux universitaires.