International


Hier était inauguré, à la Cité Internationale située à l’ULg, en présence des ministres Arena et Marcourt, le programme EXPLORT financé par le Plan Marshall de la Région Wallonne, qui vise à donner aux demandeurs d’emploi, diplômés universitaires ou autres, jeunes ou moins jeunes, une formation rapide et efficace en matière de langues étrangères (en priorité l’anglais et les deux autres langues nationales belges, mais également l’espagnol, l’arabe, le chinois, etc) et de commerce international. Celle-ci se donnera sous les auspices de l’AWEX et du FOREM-Formations, à Liège et à Charleroi. Huit stages seront déjà dispensés en 2006.

Bien qu’à ce stade, l’ULg n’intervienne que très marginalement dans ces programmes, on peut concevoir qu’elle s’y implique de plus en plus à l’avenir. L’hébergement de la partie liégeoise du projet par la Cité Internationale à l’ULg (pour rappel, une initiative conjointe avec l’AWEX), donc la proximité, dans des locaux voisins, des formations en Français langue seconde de l’Institut Supérieur des Langues Vivantes (ISLV) de l’ULg d’une part et de l’Institut Confucius de la Communauté Française Wallonie-Bruxelles d’autre part, permettra des synergies fructueuses et porteuses de développement.

Ce programme, comme tous ceux qui seront développés à la Cité Internationale, allie astucieusement les aspects linguistiques, culturels et commerciaux, donnant ainsi à l’ensemble de ces formations une connotation pragmatique et moderne qui ne manquera pas d’intéresser, outre les demandeurs d’emploi, les entreprises désireuses de conquérir des marchés en Flandre ou à l’étranger.

Une trentaine d’inscrits, déjà, indiquent l’intérêt réel pour ces formations. De quoi répondre aux idées préconçues de certains démagogues nombrilistes qui se persuadent qu’il faut être doté de circonvolutions cérébrales particulièrement développées pour apprendre leur langue…

Un nouveau commentaire est arrivé pour l’article “Nancy-Université” du 18 juin dernier.

Le 19 avril dernier, j’ai eu l’occasion, avec une petite délégation de responsables administratifs de l’ULg, de rendre visite aux universités de Nancy à l’invitation des trois présidents: Jean-Pierre Finance (Université Henri Poincaré), François Le Poultier (Université Nancy 2) et Louis Schuffenecker (Institut National Polytechnique de Lorraine).
Ces trois institutions viennent de s’associer en une fédération appelée « Nancy-Université »
(http://www.uhp-nancy.fr/universite/index.php?id_rub=1&id_t=1&id_st=132&inc=s/). Je salue cette initiative qui vise à donner une cohérence et une meilleure visibilité au paysage universitaire nancéen. Le principe qui gouverne ce regroupement tout en préservant les spécificités de chacune des institutions fédérées est en ligne parfaite avec ma conception de ce que devrait devenir le paysage universitaire francophone belge.
Je suis en effet convaincu qu’une structure fédérative constituera un jour, bientôt j’espère, la véritable solution à une bonne partie des soucis que rencontrent nos universités.

Par ailleurs, je sais gré à mes collègues présidents d’avoir voulu, au sortir de cette période complexe de l’établissement de leur Fédération, resserrer les liens avec nous. Je parle de resserrer les liens car ceux-ci existent bien, au travers de très nombreuses collaborations de recherche. Là également, il s’agit d’un positionnement sur le plan eurégional qui pourrait prendre une signification importante dans les mois et années qui viennent.

Lors de la visite de retour que nous ont rendu les trois présidents ce 9 juin dernier, il est apparu clairement que nous allons étoffer nos relations, tant au plan de la recherche en facilitant les échanges de chercheurs, qu’au plan de l’enseignement en analysant les possibilités de mise sur pied de masters communs, sanctionnés par des diplômes conjoints, tels que le nouveau décret de la CFWB le permet depuis mardi dernier. Nous examinerons également les possibilités de créer des masters complémentaires ainsi que des formations de troisième cycle voire même des écoles doctorales communes en jouant, là aussi, l’atout de la « codiplômation », comme disent nos amis québécois.
Il nous reste à lancer les groupes de travails adéquats, ce qui sera fait dans les prochaines semaines.

Attendons-nous donc à assister à une recomposition de l’enseignement universitaire dans lequel nous évoluons, avec nos voisins belges et frontaliers.

Il est parfois amusant de suivre le parcours des idées qu’on développe sur un blog. Elles prennent leur indépendance et vivent leur vie propre au travers des commentaires que d’autres en font. C’est exactement ce qui se passe avec nos publications scientifiques, mais la magie de l’internet, c’est précisément qu’il est plus simple d’accompagner ses écrits et d’en analyser le devenir, car des outils pratiques permettent de le faire (ce sera bientôt le cas également pour les publications et ce l’est déjà pour certaines, accessibles et/ou répertoriées sur internet).

C’est ainsi que mes commentaires du 6 novembre dernier sur les classements des universités ont contribué à nourrir une discussion dont je vous rapporte ici quelques éléments que l’on peut trouver sur :
http://www.expertsrt.net/forum/viewtopic.php?t=454&start=75&sid=a8fd83ca8ccd05f33f8bd5a62a9c2c46/

Commentaire de « Esopo » :

The Times Higher Education Sumplement is a UK based respectable publication.
You may be able to come up with a different list, but you can’t take credit away from the one
the THES publishes. it is widely recognized.

http://www.thes.co.uk/site_information/about_the_thes/

Réponse de « VGR Mentor Editor » :

Not really. It is widely accepted in the anglo-saxon world, but it brings up a lot of negative reactions in the rest of the world.

You can find reactions from a big Belgian university , ULg (ranked 196th) here : http://recteur.blogs.ulg.ac.be/
Quoting (and translating) :
« Rien ne fait de ce classement un passage obligé. Les critères qu’il utilise sont très contestables et particulièrement biaisés. Le succès des universités australiennes est très suspect (13 dans les 161 premiers !), de même que celui des universités de Hong Kong ou de Singapour. Il se trouve que je connais personnellement quelque peu l’Université de Novosibirsk, sa 169è position laisse rêveur… (Nothing makes this classement an obliged passage. Criteria it does use are very contestable and particularly biased. The success of australian universities (13 in the first 161 ! ) is very suspect, as are the one of universities from Hong Kong or Singapour. It happens that I know personally the university of Novosibirsk. its 169th position leaves me wondering…) »

The recteur from that liegean university details how the T.H.E.S. ranking is built, and points out that it is composed : (2004 study, the 2005 doesn’t ask for the Nobel or Fields stuff).
First it has been conducted by a London-based private firm called QS on behalf of the T.H.E.S.
That company begun by collecting data about each institution :
1. A « Peer review score », ie a notoriety study. It is conducted by asking a panel of 1300 scholars of 88 countries on all continents which were the most prestigious universities in their field. This amounts for 50% in the final calculation.
2. A measure of the impact of research, calculated on the basis of the number of quotes of the members of those institutions in « Essential Science Indicators » (published by Thomson Scientific, ex-ISI). A criterium favorishing indiscutably anglo-saxon and « hard » sciences. This amounts for 20%.

On the basis of those two elements, QS made a selection of the first 300 after elmiminating specialized institutions that made less than 5000 publications over the year (a fast search with « Scholar Google » detects 27.778 for l’ULg in 2004, but by counting 2.530 publications for the CHU de Liège which « forget » to mention the ULg, 658 attached to the Centre hospitalier universitaire de Liège and 2.600 of the l’University Hospital of Liège !).

Then, QS searched an information complement in the databases like the one from ISI, on the web sites, and by email or phone to the institutions themselves. The questions asked :

3. Le rapport d’encadrement (20 %) (staffing report?)
4. La proportion d’encadrants étrangers (5 %) (foreign staffing)
5. La proportion d’étudiants étrangers (5 %) (foreign students)

Also taken into account :

6. Number of laureates from Prix Nobel or Médaille Fields
7. Number and ratio of personnel belgian and internationals
8. Number and ratio of students belgian and internationals
(excepted-Erasmus)
9. student mobility in exchange networks
10. number of students in 2nd and 3rd cycle
11. Le montant moyen du minerval pour les étudiants internationaux de 2è cycle et de 3è cycle [that's typically Belgian IMHO]
12. total of spendings for libraries.

Clearly, if you want my opinion, this states why I think this T.H.E.S. isn’t serious at all.

Also, take into account that the Jiao Tong University of Shanghai also produces a classement, with very different results from T.H.E.S. and this is a clear text about why it doesn’t apply to us fairly : http://www.boivigny.com/index.php?action=article&id_article=225084

Quoting (and translating) :

Les médias anglais se sont réjouis de voir Cambridge se positionner au deuxième rang
mondial, juste derrière Harvard. Le quotidien « Guardian » parle ainsi de la « respected
Shanghai Jia Tong » qui a su classer 11 universités britanniques dans le top 100 mondial, alors
même que les établissements anglais travaillent avec « des moyens considérablement
inférieurs à ceux des universités américaines », qui dominent le classement.
En Italie, le quotidien « La Repubblica » a salué la performance de « La Sapienza » de Rome qui s’est classée 97ème, devant toutes les autres universités italiennes. Le journal s’interroge toutefois sur la pertinence du classement alors que « La Bocconi » de Milan, considérée comme l’un des meilleurs établissements transalpins, ne trouve même pas sa place dans le classement chinois.
Les résultats obtenus par les universités françaises sont mauvais – 22 universités classées, dont quatre seulement parmi les cent premières : Paris VI est 46ème, Paris IX, 61ème, Strasbourg I 92ème. Ce palmarès ne correspond pas aux logiques hexagonales: les grandes écoles sont quasiment oubliées (hormis l’ENS Ulm en 93ème position). Il est vrai qu’il donne une prime aux très grands établissements (en terme quantitatif) à forte composante scientifique. Les grandes écoles françaises sont donc trop petites pour y figurer en bonne place.
(English media rejoyced from seeing Cambridge ranked 2nd in the world, just behind Harvard. The quotidian « Guardian » thus writes about the « respected Shanghai Jia Tong » that managed to rank 11 britannic universities in the world’s top 100, while they have « considerable less means than american universities », which dominate the classement. In Italy, the quotidian « La Repubblica » saluted the performance of « La Sapienza » of Rome which ranked 97th, ahead of all italian universities. The newspaper wonders nevertheless on the pertinence of the classement as the « La Bocconi » of Milan, considered as one of the best transalpine institutions, is not even ranked in the chinese classement.
Results obtained by French universities are bad – 22 universités ranked, with only 4 in the best 100 : Paris VI is 46th, Paris IX 61th, Strasbourg I 92th. This palmares doesn’t correspond to hexagonal [France's] logics : « les grandes écoles » are almost completely forgotten (except the ENS Ulm in 93th position). It’s true that it advantages a lot big institutions (in quantitative terms) with a strong scientific component. the french « grandes écoles » are thus too small to enter the ranking).

Quality hasn’t anything to do with quantity…

Also, in the Financial Times there is an other classement which ranks the « écoles de commerce » (the 25 best MBAs, masters in management, in Europe). Those French « grandes écoles » rank respectively 1st (HEC), ESCP-EAP (2nd), Essec (7th), Grenoble EM (8th), EM Lyon (9th), Edhec (12th) and Audencia (16th).

So you see, « international ranking » doesn’t summarize in T.H.E.S. and T.H.E.S. only.

Réponse de « COBOLdinosaur – ERT.com Admin – Site Builder – Mentor » :

All such rankings are automaticlly biased as soon as you determine the selection criteria. It is not possible to determine a set of factors, and weighting without bias. The best you can expect to do is get some rating of how things rank for a narrow definition of « quality ».
Expecting a rating system for universities to be acceptable accross all cultures and systems of education is no different than expecting culturally different groups to act the same way and agree on the same things when setting priorities.

It is called diversity, and we should be glad we have it. It would be boring if we all did things the same way, thought the same way and agreed on what is important in the world.

Réponse de « VGR – Mentor – Editor »

Yes… but if I compare North-America’s culture with a fictive, idealized and average low-denominator « european culture », It could be said we share a reasonably-broad basis ; from that common ground, the current differences of culture are difficult to understand (by me, at least)
For example, don’t we share a society governed by a formal Law based on the formal Decalogue (Ten Commandments) ? Civil Rights derived from the universal declaration of human rights etc ?

In both, murder is evil, jealousy and greed are sins, charity is a virtue and your neighbour is your brother… no ?
I like diversity ; I only want to understand.

Réponse de « nicholassolutions – ERT.net Admin – Site Builder – Mentor »

The whole idea of ranking schools is in general silly.

On le voit ici encore, à moins que l’on accorde une confiance inconditionnelle au THES sur base de la solide réputation du Times, il est assez naturel de mettre en cause la validité de tels classements et peut-être surtout leur réelle raison d’être. En effet, peut-on comparer valablement des universités qui appartiennent à des cultures et à des systèmes éducationnels différents ?

Ce vendredi, Réseau ULG, l’association des amis de l’Université de Liège, invitait les anciens de l’ULg vivant en France à des retrouvailles à Paris. William Ancion, diplômé de l’ULg, ancien Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche de la Communauté Wallonie-Bruxelles et actuel Délégué général de cette même Communauté en France, nous y a accueillis avec chaleur, l’Administrateur François Ronday, la Directrice générale Monique Marcourt et moi-même, ainsi qu’une centaine d’anciens de l’Université résidant actuellement en France.
Illuminée par une conférence de Robert Halleux en harmonie avec l’exposition de Marly sur les Maîtres de l’Eau où Liège tient la vedette, cette rencontre fut un moment privilégié, comme nous devrions en revivre dans tous les pays où notre institution a essaimé ses diplômés, et comme nous l’avions fait il y a deux ans à Montréal.
L’esprit d’appartenance passe par ces opportunités d’interaction et de partage de souvenirs, mais aussi et surtout par cette reprise de contact.
Les prochaines fois, nous essaierons de venir plus nombreux pour ne pas seulement enrichir les échanges entre diplômés de l’ULg à l’étranger, mais également entre eux et les universitaires liégeois.

A l’occasion de la signature d’un accord entre l’AWEX (Agence Wallonne à l’Exportation) et la TAMU (Texas A&M University) à Houston hier, j’ai eu la chance, en tant que représentant des universités wallonnes, de rencontrer nos homologues et d’établir de nombreux contacts avec eux, avec divers départements de recherche de cette université sur ses campus de Houston et de College Station ainsi qu’avec des entreprises spin-off de cette institution.

Il m’arrive souvent d’établir ce genre de contact, mais ici, la similitude entre nos institutions est frappante.
Bien que quatrième ville des USA en nombre d’habitants, Houston est marquée par une spécialisation obsessionnelle dans une seule industrie (chez eux, le pétrole, chez nous, devinez…) mais cherche à se diversifier. Depuis pas mal d’années, elle s’est également spécialisée dans les recherches spatiales et l’industrie correspondante (le centre de contrôle des missions habitées de la NASA est installé ici ainsi qu’un centre de développement technologique de l’Agence auquel la TAMU collabore très activement) et elle se lance maintenant résolument dans le domaine des biotechnologies.

La TAMU est une université complète, qui comprend comme l’ULg, une Ecole de Médecine vétérinaire réputée. Son implication dans les mécanismes de valorisation de la recherche est grande et les systèmes mis en place à cet effet ne manquent pas de ressemblances avec les nôtres. De nombreuses possibilités de collaboration sont envisageables et nous veillerons à donner à leurs suggestions de collaboration la meilleure suite possible.

Le Roi a pris l’habitude d’emmener avec lui les recteurs des « grandes » universités lors de ses visites d’Etat.
L’expérience en Chine l’an dernier avait eu un retentissement et des conséquences considérables. La création de l’Institut Confucius de la Communauté française à Liège en avait été fortement accélérée : l’Institut est aujourd’hui installé et dispense déjà ses cours depuis près de deux mois à 34 étudiants! Septante préinscriptions ont déjà été enregistrées pour l’année académique prochaine.

Cette semaine, ce furent Vilnius et la Lituanie qui virent débarquer l’escorte royale et sa représentation académique, pour un échange d’idées fructueux entre recteurs belges et lituaniens. Fructueux car les parallèles sont nombreux entre nos pays sur divers plans : plusieurs langues, des hautes écoles, pléthore d’universités complètes ou spécialisées, etc. La confrontation des expériences respectives fut très enrichissante et le contact devra être maintenu activement. L’accueil également, fut très chaleureux et très ouvert.

Le Vice-Recteur Albert Corhay, a pour sa part accompagné une mission du Prince Philippe en Afrique du Sud et signé des accords avec l’Université du Kwazulu-Natal.

Mais au delà de tout cela, ce qui me paraît le plus remarquable, c’est cette évolution des esprits, qui amène aujourd’hui le Palais à considérer que, pour un pays comme le nôtre, aux côtés des industriels qui accompagnent généralement les missions royales ou princières, un des fleurons dont l’image est exportable, ce sont ses universités. Cette idée-là, à elle-seule, est révélatrice d’un temps nouveau, ce temps-là même où l’on admet que l’Université joue un rôle prépondérant dans le redressement économique régional et constitue une valeur que le pays peut être fier de présenter aux étrangers. Evolution considérable, lorsqu’on réfléchit bien.

Espérons que ce soit là un signe avant-coureur d’une évolution des mentalités qui fera qu’un jour, les gouvernements comprendront qu’une valeur sûre et représentative de la grandeur d’une nation doit s’entretenir, donc se financer décemment. Tout bon fleuriste sait que s’il veut être fier d’exposer et vendre ses fleurs, il doit avant tout les arroser.

Discours prononcé lors du colloque « La coopération universitaire avec le sud. Pour quoi faire ? » qui s’est tenu à la salle académique de l’ULg le 14 mars 2006.

Pour quoi faire ?

Face aux risques de la mondialisation, de la dominance d’un marché mondial, qui profite aux pays du nord et marginalise les pays du Sud, dont la compétitivité est moindre, il est clair aujourd’hui que l’ordre économique doit se baser sur une plus grande équité et sur une véritable démocratie économique mondiale.

Consciente de la nécessité de sa participation, même modeste, à ce processus, notre Université tient à mettre l’accent sur sa coopération nord-sud.
Les étudiants venus du sud qui repartent après avoir acquis chez nous une formation de qualité qui leur donne accès dans leur pays à des postes convoités. C’est ainsi qu’ils deviennent chez eux et partout dans le monde d’excellents ambassadeurs de l’ULg.
Par ailleurs, ces échanges exposent nos étudiants belges aux cultures étrangères, leur donnent le sens de l’accueil.
Toute université moderne, bien dans son siècle, se doit de contribuer au développement durable.

Pour un partenariat contractuel

Notre vision des relations nord-sud implique l’établissement de contrats dont les objectifs sont clairs et bien définis. Il s’agit en effet de tirer les leçons d’une utilisation inefficace, voire un détournement systématique de l’aide, notamment financière, des pays du nord à ceux du sud. Le contrat est un véritable outil d’appui au développement de régions vulnérables. L’évolution des relations universitaires nord-sud est aujourd’hui telle qu’au lieu d’une aide à proprement parler, nous devons cherche à procurer un accompagnement aux régions en difficulté. C’est pourquoi nous devons envisager le processus de développement au cas par cas et faire participer activement les population à ce processus.

Pour une décentralisation de l’aide

Nous ne pouvons établir de coopération utile et durable que si l’intervention de l’état, dans le pays où nous intervenons, demeure discrète. Elle est, bien sûr, nécessaire mais elle ne doit pas être omniprésente ni directive. Le domaine d’intervention de l’Etat doit rester limité et permettre l’émergence d’initiatives locales. La participation de la population, voire même son implication, reste une condition essentielle d’un développement harmonieux. Il faut donc décentraliser la coopération. Mais pour que notre aide soit efficace, la démocratie doit être en place dans les pays concernés. Il est indispensable que les populations locales puissent s’adapter aux situations nouvelles, tant en milieu urbain que dans les zones rurales, afin de permettre leur auto-développement.

Pour un respect des traditions socio-culturelles

Notre attitude face aux pays du sud en termes de coopération institutionnelle doit donc rester essentiellement variable et adaptée à chaque situation.
Nous devons chercher une harmonie entre la modernité, au sens où nous, pays du nord, l’entendons, et les traditions, pilier de la culture dans le sud, en gérant au mieux le choc des cultures que cela engendre.
Il faut également réintégrer dans la pratique du développement et de la coopération les dimensions non marchandes, c’est-à-dire sociales et culturelles. L’économie est essentiellement informelle dans le sud, où l’on observe des formes spécifiques d’échange basées sur la solidarité. C’est cette économie-là que nous devons privilégier avant tout. Il est essentiel que nous observions attentivement comment les populations développent de nouveaux réseaux, de nouvelles pratiques, à l’échelle locale, pour se financer, telles que des caisses de solidarité, des coopératives d’épargne, etc.). Notre action doit viser à resserrer les liens entre les paysans au savoir-faire ancestral et les chercheurs, experts en techniques innovatrices.

En clair, notre objectif doit rester celui du développement local. Il ne doit pas viser à identifier les obstacles au développement, ni à tenter de les lever. Il doit nous interpeller quant aux voies de l’émergence et au renforcement des initiatives lancées par les populations elles-mêmes. Nous nous devons d’intégrer les dimensions sociales à nos projets d’aide dans les pays du sud.

Pour une coopération coopérative

Mais il est bien certain que nous ne pouvons, en tant qu’université soucieuse de son action dans le sud, nous attaquer à tous les problèmes dans toutes les régions. Nous devons avoir une stratégie ciblée. En outre, nous ne pouvons qu’occasionnellement arriver seuls à des résultats probants. Une approche en réseau de la coopération me semble devoir émerger de plus en plus.
Dans ce contexte, un exemple intéressant est celui que nous vivons aujourd’hui dans notre effort d’aide au redressement de l’Université de Lubumbashi en République Démocratique du Congo. Nous avons entrepris une action synergique avec nos partenaires de l’Université du Kwazulu Natal, en Afrique du Sud, avec lesquels nous avons un accord formel de collaboration depuis près de deux ans. C’est ensemble que nous allons nous préoccuper des actions à mener à Lubumbashi, dans le cadre d’une convention que le vice-recteur Albert Corhay a signée la semaine dernière à Durban lors d’une mission à laquelle participait également notre conseiller aux relations internationales, le professeur Jean Marchal.
Ainsi apparaît donc ce concept de la coopération en réseau, une coopération conjointe, synergique et complémentaire.

Pour une motivation de chacun

Si nous plaçons la coopération avec le sud parmi nos priorités stratégiques institutionnelles, nous devons trouver les incitant qui encourageront nos collègues à s’impliquer plus encore dans cette voie. En effet, malgré une action précoce de l’ULg (le CEDEV fut créé en 1964 et est devenu depuis le CECODEL) soutenue aujourd’hui par l’existence active d’une ONG qui nous est propre, il nous reste à combler un retard par rapport à bien des institutions voisines. Et je pense que ce retard s’est accumulé en raison du fait que nos collègues n’ont plus ressenti, depuis longtemps, les initiatives en faveur d’une coopération nord-sud, comme une réelle volonté institutionnelle.

Pour restaurer cet esprit, il nous faut donner un signal fort. Tout d’abord un encouragement officiel des autorités de l’ULg, afin de donner une plus grande légitimité à cette activité dans l’Institution. Mais cela ne suffit pas. Il faut proposer également des incitants concrets, tels que la prise en compte des activités de coopération de manière claire dans les curricula vitæ en vue de nominations ou de promotions. Je vais faire une proposition en ce sens dans une version révisée des CV-types que nous demandons à chacun de rédiger.
Il faut également veiller çà ce que des moyens soient dégagés pour encourager ces activités, aux côtés des aides à la recherche et à l’enseignement au sein de l’ULg.

Pour une formation réaliste, contemporaine, ouverte et généreuse

Ces initiatives nouvelles contribueront à augmenter l’aura de notre université dans le monde. Elles, apporteront à nos étudiants des contacts inestimables, permettront de créer un réseau international d’anciens et feront comprendre que nous ne pouvons évoluer sur notre petit bout de planète privilégié et à l’abri de tout, qu’il est temps de relativiser nos problèmes et nos questionnements, et d’apprendre enfin à nos étudiants à vivre dans et avec le vrai monde tel qu’il est.

J’écris ce message d’Equateur où je suis venu signer un accord-cadre de coopération avec l’Universidad Central del Ecuador (UCE; http://www.ucentral.edu.ec/). Nous avons déjà avec l’UCE des programmes communs dans les domaines du transport fluvial et intermodal (Sciences appliquées) et de la médecine vétérinaire, mais nous pourrons étendre notre collaboration à diverses autres disciplines, telles que la biotechnologie, la biodiversité et la protection de l’environnement, la pharmacologie des plantes médicinales, l’archéologie, la littérature hispano-américaine, pour en citer quelques-unes qui viennent immédiatement à l’esprit parmi d’autres encore. Cet éventail de collaborations dépendra directement de l’intérêt que nos collègues y porteront. Pour ma part, je vois plusieurs avantages à interagir avec cette institution: elle est dynamique et enthousiaste, bien équipée et performante dans plusieurs domaines, a fait ses preuves dans la collaboration avec l’ULg depuis 18 ans et bénéficie d’une situation géographique idéale. En effet, l’Équateur, en dehors de sa latitude particulière que chacun peut aisément deviner, présente la caractéristique d’héberger une vaste gamme de configurations topologiques et climatiques: océan Pacifique, plaine océane, cordillière des Andes culminant à plus de 5.000 mètres, nombreux volcans et plaine amazonienne typique s’étalant à l’Est jusqu´à la Colombie et le Pérou. En termes de géographie, de biologie et d’environnement, entre autres, l’Equateur constitue donc un réservoir immense de recherches et nos liens avec l’UCE nous donnent accès à ces ressources scientifiques. En outre, la tradition des études universitaires à l’ULg est bien éprouvée à l’UCE.
Notre collaboration, qui nous donne déjà accès à la station biologique d’Arajuno à la limite entre les Andes et la plaine amazonienne, pourra même mener à l’établissement d’une station scientifique sur le fleuve Napo, près du Pérou, station qui sera co-gérée par l’UCE et l’ULg.
Par ailleurs, l’UCE peut être pour nous une véritable plaque tournante vers de nombreuses universités d’Amérique latine avec lesquelles elle entretient des liens actifs.

Ce séjour fructueux, au cours duquel j’ai pu sillonner très largement le pays, me confirme dans une conviction déjà solidement ancrée chez moi après de nombreux voyages au quatre coins de la planète : l’Université du 21è siècle sera celle de la coopération internationale où les partenaires joueront à armes non pas forcément égales, mais équivalentes, se complétant harmonieusement et trouvant dans ces interactions les fondements d’une recherche qui, en quelque domaine que ce soit, sera profondément humaine et utile à l’ensemble de l’humanité. Cette largeur de vues, c’est dans la coopération internationale que nous la trouverons, par la connaissance intime des peuples et l’amitié qui en dérive. Elle implique un profond respect des autres et de leurs particularités, sans s’arrêter à leurs faiblesses mais en tâchant de toujours repérer et comprendre leurs forces, leurs atouts, leur savoir et leur savoir-faire.

J’aurai bientôt l’occasion de revenir plus en profondeur sur ce sujet général dans ce blog et lors de diverses interventions que je ferai dans les semaines et mois qui viennent.

En attendant, je souhaite à tous les lecteurs de ce blog une excellente année 2006. Qu’elle apporte à chacun de vous tout ce que vous pouvez souhaiter et qu’elle apporte en particulier à notre Université toute l’aura qu’elle mérite.

San Francisco de Orellana, Amazonie équatorienne, le 31 décembre 2005

Enfants dans le village indien d’Arajuno, Equateur

Rudi Cloots m’a écrit ceci le 22/10:

Monsieur le Recteur,

je suis bien de votre avis (même si je n’ai expérimenté l’étranger que très partiellement, en raison d’un début de parcours professionnel plutôt atypique). J’ai toujours approuvé et même incité “mes” chercheurs à franchir nos frontières. Je leur donne toute l’aide souhaitée et nécessaire dans la résolution de leurs démarches administratives. Notre rôle, et le rôle de l’Université, est bien de donner à (c)ses chercheurs l’envie du dépaysement. Pour y arriver, pour que cela devienne pratique courante, il serait bon de disposer en nos murs d’une “cellule” d’accompagnement qui apporte les réponses aux nombreuses questions que se posent les chercheurs (aide financière, bourses d’études, visa, …). Peut-être cette cellule existe-t’elle au sein de notre Institution? Si tel est le cas il est bon de le rappeler et d’en faire toute la publicité qui s’impose dans l’accompagnement de votre démarche, que je cautionne. Si non, il serait peut-être opportun de trouver des acteurs locaux, scientifiques et administratifs prêts à donner de leur temps dans la promotion et la “gestion” des séjours de nos chercheurs à l’étranger.
Bel outil finalement que ce blog qui nous permet d’exposer sans souci de forme, les idées, les témoignages de chacun dans un but constructif, et par une bien belle après-midi pluvieuse d’octobre. Bravo et à très bientôt

Merci !
Je préciserai qu’il ne s’agit pas que de chercher un dépaysement… Mais qu’il s’agit de bien d’autres choses. Cela me semble tellement important que je vais écrire un article distinct dans ce blog: Pourquoi partir ?
En ce qui concerne la cellule d’accompagnement au départ, nous sommes en train de la mettre sur pied. Beaucoup de choses ont déjà été faites par l’Aministration de la recherche à ce propos. Ce que nous voulons faire, c’est créer un “guichet” bien visible, simple, de mobilité. En fait, nous en créerons deux: un pour les étudiants et les enseignants dans le cadre d’échanges, et un pour les chercheurs. Ce dernier sera mis au point conjointement par l’Administration de la recherche et la Cellule des relations internationales et facilitera grandement les démarches du chercheur qui veut partir. Elle aura aussi pour but d’aider les chercheurs qui arrivent chez nous. Bien évidemment, toutes les bonnes volontés, comme le suggère Rudi Cloots, seront les bienvenues pour renforcer l’efficacité et le réalisme de ce “guichet de mobilité”.

D’Edwin De Pauw, le 23/10:

Monsieur le Recteur,

Les échanges internationaux de longue durée sont, comme vous le soulignez avec raison, essentiels pour non seulement pour la formation des chercheurs et de nos futurs cadres mais plus globalement pour le positionnement de notre institution. Techniquement, partir est de moins en moins difficile, il existe souvent plus de bourses que de candidats. Cela implique, c’est vrai, un effort personnel qui bien vite oublié une fois sur place. Il ne suffit cependant pas de rendre nos chercheurs mobiles, il faut construire une tradition d’accueil de doctorants et surtout de post-doctorants étrangers de haut niveau. Notre pouvoir d’attraction basé sur nos compétences et une infrastructure de qualité (scientifique et administrative) sera amplifié par la visibilité que donnent nos chercheurs à l’étranger.
Le conseil de la recherche (infrastructure scientifique, visibilité des thèmes de recherche…), le guichet mobilité et les relations internationales (bourses, administration, logement, promotion…), l’ISLV (cours de langue intensifs) et le réseau Ulg (suivi de nos anciens postdocs), pourraient élaborer, dans le sens de vos préoccupations, les grandes lignes d’une culture d’accueil en recherche, comme c’est déja le cas avec succès pour les étudiants.

Liège ne doit pas qu’être une Université d’où l’on part, ce doit être aussi une Université où l’on vient et dont on se souvient.

Je ne puis qu’être d’accord avec Ewin de Pauw, nous devons transformer notre habitude de recevoir des doctorants et post-doctorants étrangers de haut niveau en une tradition institutionnelle. Donner à nos jeunes l’envie et les moyens de partir, c’est favoriser le terrain de l’accueil des étrangers qui peuvent enrichir notre institution.

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