Le « repêchage » des « reçus-collés » a donc bien eu lieu.
Qu’on ne s’y méprenne pas: j’en suis ravi.

Suite à mon intervention sur ce blog le 13 juillet dernier, dont la presse n’avait, assez logiquement, repris que des extraits, en particulier les phrases-choc, j’ai reçu des messages indignés de plusieurs personnes, dont certaines personnalités politiques de premier plan, qui n’avaient pas lu le blog mais plutôt la presse, et qui m’exhortaient à jouer mon rôle de recteur et à abandonner la défense du numerus clausus.

Je le dis une fois encore: je déteste le numerus clausus. Il heurte chacune de mes fibres d’universitaire. Nous sommes là pour accueillir à l’université tous ceux qui ont la capacité d’y accomplir les études de leur choix et les y aider.

Nous mettons en application les mesures qui nous sont imposées par notre gouvernement, qu’elles nous plaisent ou non. Ma réaction un peu vive tenait, non pas à mon approbation d’un contingentement en médecine, mais à ma désapprobation de décisions prises sous l’emprise d’une émotion curieusement tardive et contrastant violemment avec les directives qui nous étaient données jusqu’alors. Mon message était: « les professeurs d’université et tout le personnel d’encadrement des étudiants sont des gens sérieux et respectables, pas des marionnettes. Leur demander d’expliquer et de mettre en application des mesures qui n’ont pas leur entière approbation n’est déjà pas drôle. Leur faire faire marche arrière ensuite et leur demander de changer les règles du « jeu » en cours de route n’est pas décent ». Voilà tout.

Maintenant, comme annoncé, les règles ont effectivement été changées en cours de route. Après la délibération et la proclamation. Après le choc.

Il est certes normal qu’on s’y conforme. Cependant, pour la première fois de notre vie d’enseignants universitaires, nous devons re-délibérer et re-proclamer. Au passage, je fais remarquer le caractère historique et, pour tout dire choquant, de la mesure. Depuis toujours et jusqu’aujourd’hui, la chose délibérée était comme la chose jugée. Définitive. Et elle était indépendante de toute influence, même politique.
Maintenant, elle ne l’est plus. Dont acte.

Il a donc été décidé (Arrêté du 22 juillet, paru au moniteur ce 25 juillet) que 100 attestations supplémentaires seraient accordées cette année et 100 autres en 2009. Tant mieux. Personnellement, je m’en réjouis. Je crois que c’est une bonne chose, à condition que les présidents de partis et le gouvernement de la CFB continuent, comme promis dans l’Arrêté, à faire pression sur le gouvernement fédéral pour défendre l’idée que la médecine est actuellement en grave état de pénurie. Et qu’on ouvre les vannes en aval, à savoir lors de l’accession à la profession. Alors le lâchage des vannes en amont (fin de premier bac) prendra du sens.

L’Arrêté prévoit que les universités peuvent se partager les 100 attestations. Pour l’ULg, il y en aura 22 (et 22 l’an prochain). Le jury de 1er Bac en Médecine a donc, ce vendredi, re-délibéré, et attribué les attestations aux 22 suivants dans la liste des « reçus-collés », par ordre de résultats. Malheureusement, cette procédure en laisse encore une quinzaine « sur le carreau », sans compter ceux qui réussiront leurs examens en septembre et qui seront dans les conditions pour être « reçus » mais néanmoins « collés ».

L’Arrêté laissait une ouverture à cet égard, sans toutefois l’imposer: attribuer en 2008 un maximum de 15% des attestations disponibles en 2009. Etrange suggestion qui laisserait supposer qu’un étudiant de 2008 vaut plus qu’un étudiant de 2009… Pour l’ULg: 112 x 0,15 = 16,8, soit 16 ou 17 attestations (selon l’arrondi) à prélever sur les 112 de 2009. Il en resterait donc 96 ou 95 à attribuer l’an prochain. Cette solution, pour tentante qu’elle soit dans l’instant, serait inexplicable dans un an. S’en servir serait irresponsable par rapport aux étudiants de l’an prochain. C’est exactement le raisonnement qu’a judicieusement tenu le jury de 1er Bac en médecine à l’ULg, avec mon plein accord et celui du Doyen.

Envisageons le côté franchement positif des choses et réjouissons-nous: 22 « reçus-collés » viennent d’échapper à un couperet de l’utilité duquel on ne finira jamais de débattre. C’est une excellente nouvelle.

A chaque année suffit sa peine…