Il y a près de deux ans, j’avais exprimé tout mon malaise face à l’effet « reçu-collé » du concours organisé en fin de 1er bac en Médecine. L’expérience d’une année supplémentaire et l’approche d’une nouvelle session n’ont pas atténué ce malaise, au contraire.

Le sentiment d’injustice, voire d’absurdité, que ressentent les malheureux qui ont réussi mais qui restent sur le carreau parfois pour un dixième de point, ne fait que grandir, d’autant plus que chaque année, le nombre de bisseurs augmente et ce sont des bisseurs de qualité! L’impression, pour le nouvel arrivant, de voir ses chances diminuer de plus en plus, est décourageante, même pour ceux qui ont la vocation. En outre, l’ambiance parmi les « concurrents » que sont devenus les étudiants qui abordent l’université est détestable. Pour ceux-là, nous manquons complètement notre mission qui est de leur apprendre l’entraide, la solidarité, le travail collectif, l’échange de savoir et la collaboration. Au contraire, le système leur inculque l’inverse. A cet égard, c’est un désastre.

Si on peut se réjouir d’une formule qui est de loin préférable aux précédentes, on ne peut s’empêcher de penser qu’on n’est pas au bout de la réflexion.

Une nouvelle proposition émane aujourd’hui unanimement des Doyens des 5 institutions qui organisent les bacs en Médecine (ULB, UCL, ULg, FUNDP, UMH). Cette proposition, qui appelle l’organisation d’un examen d’entrée, a été déposée auprès du Conseil des Recteurs (CReF). C’est à ceux-ci qu’il appartiendra d’en soumettre les termes à la Ministre qui a l’Enseignement Supérieur en charge. Des fuites ont informé la presse de cette proposition, mais elles sont restées fragmentaires. Ces révélations étaient prématurées. Elles ont donc été mal comprises par tout le monde. A commencer par les associations d’étudiants, qui y ont vu une tentative ou, à tout le moins, un danger de voir se généraliser le principe de l’examen d’entrée à l’université. Ce n’est évidemment en aucun cas l’idée, ni des Doyens, ni des Recteurs. Le contingentement n’est nullement le fait des universités, qui ont pour mission d’accueillir tout ceux qui le désirent dans les orientations de leur choix.

Soyons bien clair: le contingentement est voulu par le Gouvernement fédéral. Je n’aborderai pas ici le fait, connu de chacun aujourd’hui, que le nombre maximum imposé ne reflète pas du tout la réalité des besoins en diplômés, pour me concentrer uniquement sur la méthode de sélection et sur son caractère plus ou moins supportable. Les Communautés doivent logiquement organiser les mesures qui permettent à cette limitation de devenir une réalité. Sans l’intervention des Communautés, le filtre serait appliqué lors de l’accession à la reconnaissance INAMI, donc à la fin des études… Très judicieusement, le Gouvernement communautaire a mis en place un filtre plus précoce, en fin de 1er bac. Pour rappel, ce barrage fut pendant quelques années mis en place en fin de 3è année! Il n’est donc pas saugrenu d’imaginer une sélection AVANT même l’entrée à l’université. La qualité et les modalités de cette sélection doivent encore être examinés, de même que les chances d’un examen (plutôt qu’un concours) de réaliser le contingentement. Mais tout ceci doit faire l’objet de discussions préalables avec des représentants de l’enseignement secondaire et des étudiants. En effet, il importe de comprendre exactement les buts recherchés et d’évacuer les procès d’intention erronés.

L’annonce récente dans la presse d’un « enterrement de première classe » du projet par les recteurs n’est donc pas le reflet de la réalité. Que les Recteurs souhaitent mettre toutes les chances du côté du projet en évitant de s’échouer sur les écueils les plus immédiats serait une appréciation plus correcte.